ACCEPT – Restless And Wild (1982)

Il existe des albums qui marquent plus que d’autres. Je me souviens parfaitement du jour et des circonstances qui ont présidé à ma découverte de cet album incontournable d’Accept. Je ne m’étendrai pas dessus, mais cela prouve que ce disque, à l’instar d’une poignée d’autres, demeure une pierre angulaire de ma collection qui comporte plus de 10 000 CD et vinyles. A l’époque, la sortie de Restless And Wild fait l’effet d’une bombe, tant le heavy metal n’a jamais été repoussé dans ses derniers retranchements de la sorte. En effet, les Allemands ont tout mis de leur côté pour parvenir à enregistrer le disque parfait : un titre qui claque, une pochette qui symbolise son genre musical, une production efficace concoctée au studio de Dieter Dierks et dix titres qui balaient toutes les mouvances du genre.

Dès l’introduction folklorique Ein Heller und ein Batzen, le ton est donné. Le groupe a envie d’en découdre, en créant un contraste entre cette chanson à boire et le déferlement « Fast as a Shark », pur speed metal qui relègue à des années-lumière les autres formations de metal de l’époque. La section rythmique envoie du lourd en soutenant un riff implacable, joué sous adrénaline, pendant qu’Udo hurle comme si sa vie en dépendait. Ultra rapide, furieux, écrasant, ce morceau symbolise l’entrée du heavy metal dans les années 1980, en reléguant tous les autres groupes au rang de second couteau. Même Judas Priest attendra 1984 pour lui répondre avec son « Freewheel Burning ». Après ce déferlement de violence, n’importe quel autre titre aurait pu paraître fade. Pourtant, Accept nous prouve qu’il est capable de nous livrer des chansons aussi puissantes, à commencer par l’excellente « Ahead of the Pack » au refrain fédérateur, qui s’appuie sur un riff saccadé du plus bel effet. Plus rapide, « Flash Rockin’ Man » est porté par la voix hystérique d’Udo et des riffs qui donnent envie de secouer la tête en cadence.

Etrangement, Accept n’est jamais aussi bon que dans ses titres mid-tempos ou lents qui donnent envie de secouer la tête en cadence, comme sur le somptueux « Princess of the Dawn » qui joue avec différentes intensités, pour clore cet opus avec brio. Tout aussi fédérateur, l’incontournable « Restless and Wild » nous emporte dans sa ronde folle, en jouant avec nos nerfs, pour une promenade furieuse dont le point d’orgue est ce refrain aux chœurs martiaux. Autre hymne des Allemands, « Shake Your Heads » est typiquement un titre écrit pour les concerts. Destiné à faire se dresser les poings, cet hymne metal se construit sur une montée en intensité jusqu’au refrain, spécialement concocté pour ceux qui désirent chanter avec le groupe. Le rythme binaire fait mouche.

Parfois oublié, le superbe « Ahead of the Pack » se révèle plus subtil qu’il n’en a l’air, avec son riff subtil, ses lignes vocales ciselées qui permettent à Udo de prouver qu’il est capable de se montrer à la fois explosif et plus raffiné qu’on le pense. Oublié par beaucoup de critiques, le hard rock « Get Ready » dénote un peu dans cette atmosphère apocalyptique et nous montre un groupe un peu différent, capable de gorgée sa musique de groove. Plus insidieux, « Demon’s Night » est une composition pleine de nuances, qui alternent différentes intensités pour nous livrer un metal intelligent, assez éloigné de l’idée que les gens se font de ce groupe.

Plus étonnantes encore sont le subtil « Neon Nights » et le mélodique « Don’t Go Stealing My Soul Away ». Si le premier est un vrai morceau de heavy metal, lent, bourré de feeling, qui joue sur des ambiances angoissantes et montre déjà des influences classiques dans ses parties de guitares, le second lorgne plutôt vers le hard rock avec son refrain mélodique et son riff presque dansant. Ces deux chansons attestent de l’ouverture d’esprit d’un groupe prêt à exploser et qui le fera réellement avec Balls to the Walls, l’année suivante.

Plus de trois décennies après sa parution, Restless And Wild fait partie des dix albums de heavy metal à posséder dans sa discothèque. Imaginez alors le choc des fans de l’époque qui l’ont découvert.

  • 1. Fast as a Shark
  • 2. Restless and Wild
  • 3. Ahead of the Pack
  • 4. Shake Your Heads
  • 5. Neon Nights
  • 6. Get Ready
  • 7. Demon’s Night
  • 8. Flash Rockin’ Man
  • 9. Don’t Go Stealing My Soul Away
  • 10. Princess of the Dawn
  • Udo Dirkschneider – Chant
  • Wolf Hoffmann – Guitares   
  • Peter Baltes – Basse
  • Stefan Kaufmann – Batterie

Label : CBS, Columbia

NANOWAR OF STEEL – Stairway To Valhalla (2018)

Quatrième album pour les Italiens de Nanowar Of Steel qui pastichent une nouvelle fois les plus grands groupes de heavy metal de Rhapsody Of Fire à Helloween, en passant par Manowar ou Judas Priest, tout en s’emparant de thèmes et motifs qu’ils étirent en tous sens. Si vous n’avez pas le sens de l’humour, passez donc votre chemin, sinon admirez la qualité des compositions et la technique des musiciens qui parviennent à rendre cohérents leurs délires. Dès le titre qui évoque Led Zeppelin, on comprend que rien ne va nous être épargné… Et c’est tant mieux. Dans la lignée de GloryHammer, Powerwolf ou Ultra Vomit, Nanowar Of Steel a décidé de ne pas se prendre au sérieux et de se servir des stéréotypes du metal pour mieux les détourner, tout en y insufflant d’autres thèmes et motifs.

Pour commencer, le groupe imite ses compatriotes de Rhapsody Of Steel sur des paroles mêlant Barbie et la pornographie. C’est à la fois extrêmement bien fait et hilarant, avec ce clin d’œil à Aqua et les paroles en latin remplacées par des noms de fromages. Pas sûr que Mattel apprécie. Dans le même esprit, « L’opelatole ecologico » chanté en italien s’attaque à l’écologie, tandis que « Vegan Velociraptor » se moque de certains modes alimentaires. S’il faut prendre les paroles au second degré, les musiques sont parfaitement en place. Les rythmes sont rapides, les riffs intelligents et les arrangements passent du sérieux à l’humour sans transition. Dans un style néo-classique, « Tooth Fairy » s’attaque au monde de la finance sur un rythme alerte.

Plus sombre, « The Call of Cthulhu » mêle des références à Lovecraft à une musique évoquant Rammstein. On n’est parfois pas très loin de Kontrust. Après ce metal industriel, c’est au heavy speed que s’attaquent les Italiens pour un pastiche de Judas Priest extrêmement bien réalisé. Les voix sur « Heavy Metal Kibbles » sont hallucinantes, et l’on se retrouve entre « Painkiller » et « Freewheel Burning », avec des riffs incisifs et quelques arrangements amusants. Tout aussi réussi, « In the Sky » reprend les tics de Manowar pour un titre lourd, aux paroles délirantes, tant elles singent la pauvreté de celles des Américains. Pour résumer, le mot « sky » est mis à toutes les sauces jusqu’à plus soif. Autre évocation de Manowar avec une touche de Helloween, sur le titre « Ironmonger (The Copier of the Seven Keys) » qui donne envie de chanter en chœur avec le groupe. Il en va de même pour l’excellente « The Quest for Carrefour », aux clins d’œil appuyés à la France et à Blind Guardian. Une vraie pépite qui se permet de concurrencer les Allemands sur leurs terres, tout en parodiant des thèmes issus de la fantasy.

Presque tous les genres du metal sont abordés. Ainsi, « Uranus » marche sur les traces de Steel Panther, autre groupe qui fait du pastiche. Ce big rock teinté de glam se permet même de glisser un hommage aux Bee Gees et aux groupes hippies des années 1970. Plus délirante encore est la ballade « …and Then I Noticed That She Was a Gargoyle » qui emprunte des mesures du « Moonlight Shadow » de Mike Oldfield et du « Maniac » de Richard Sembello rendu célèbre par le film Flashdance, tout en s’appuyant sur des lignes mélodiques taillées pour MTV dans les années 1990. Quant à l’histoire, elle évoque un rendez-vous avec une gargouille. L’album se termine sur « Hail to Liechtenstein » qui croise Rhapsody et Manowar.

Vous l’aurez compris, Stairway To Valhalla est un superbe album rempli jusqu’à la gueule de morceaux incontournables, qui sont entrecoupés de petites pastilles délirantes qui rendent hommage à Star Trek, Dream Theater, Manowar…

  • 1. Declination
  • 2. Barbie, MILF Princess of the Twilight
  • 3. The Call of Cthulhu
  • 4. Heavy Metal Kibbles
  • 5. Il maestro Myagi di Pino
  • 6. L’opelatole ecologico
  • 7. Images and Swords
  • 8. In the Sky
  • 9. …and Then I Noticed That She Was a Gargoyle
  • 10. Tooth Fairy
  • 11. Vegan Velociraptor
  • 12. Another Drill in the Wall
  • 13. Ironmonger (The Copier of the Seven Keys)
  • 14. Bum Voyage
  • 15. Uranus
  • 16. The Crown and the Onion Ring
  • 17. The Quest for Carrefour
  • 18. Hail to Liechtenstein
  • Gatto Panceri 666 – Basse, chœurs  
  • Uinona Raider – Batterie, chœurs 
  • Mohammed Abdul – Guitarse, claviers, chœurs, chant sur 17
  • Potowotominimak – Chant
  • Baffo – Chant additionel

Label : Napalm records

RUSH – R30 : 30th Anniversary Wolrd Tour (2005)

Ce double DVD marque le trentième anniversaire des Canadiens de Rush, un groupe qui a marqué la scène rock. Depuis la mort de Neil Peart, revenir sur cette chronique est assez douloureux. Je me souviens encore du jour où j’ai reçu ce DVD et du choc que j’ai eu en le visionnant. Après trente ans d’une carrière bien remplie, force est de constater que le groupe était en pleine forme comme nous le montre le concert enregistré sur le premier DVD. Une performance admirable, sans aucun temps mort et qui touche plusieurs sens à la fois. Ce concert débute ainsi par une animation qui reprend toutes les pochettes d’album et de DVD du groupe, et se termine sur un film appelant le groupe sur scène. Les écrans vidéo sont d’ailleurs omniprésents dans ce concert qui passe en revue toute la carrière du groupe. Ils participent à l’atmosphère si particulière de ce concert.

Lorsqu’on étudie la liste des morceaux proposés, on se rend compte que Rush est allé puiser dans ses premiers disques afin d’en exhumer des classiques comme les superbes « Red Barchetta » et « Tom Sawyer » de Moving Picture (1981), l’incontournable « 2112 », l’excellent « Xanadu » d’A Farewell to Kings (1977) ou encore « Working Man » du premier album sorti en 1974. Chacune des interprétations est impeccable, montrant une cohésion qui n’étonne pas les fans du trio qui alignant des titres imparables comme « The Spirit of Radio » de Permanent Waves (1980), « Roll The Bone », « Resist » du moins évident Test For Echo (1996) qui prend ton son caractère sur scène, « Heart Full Of Soul » du plus récent Feedback (2004)… La liste est longue, tant ce DVD est bourré de pépites.

On y voit des images des musiciens plus jeunes projetées sur l’écran géant, puis le groupe qui joue live devant d’énormes machines à laver qui tournent sans fin. De temps à autre, des animations délirantes ponctuent les morceaux. Neil Peart nous gratifie d’un monstrueux et intéressant solo de batterie, Geddy Lee chante toujours aussi bien et Alex Lifeson est étonnant de précision dans son jeu de guitare. Une fois le concert terminé, le deuxième DVD nous offre un voyage dans le temps avec des interviews allant de 1979 à 2002, puis des vidéos et extraits de concerts qui retracent l’existence du groupe depuis ses origines jusqu’à maintenant de (« Fly By Fly ») à des images du Canada en 2005. On y découvre des reportages, mais aussi des extraits TV, des images de fans… En bonus, quelques images cachées (jouez avec les flèches de votre télécommande… vous tomberez dessus). Un double DVD INDISPENSABLE qui complète, sans jamais faire doublon, le superbe Rush In Rio. Ce concert existe aussi en CD, mais je vous conseille évidemment le DVD.

  • 1. R30 Overture – (versions instrumentales de Finding My Way, Anthem, Bastille Day, A Passage to Bangkok, Cygnus X-1 et Hemispheres)
  • 2. The Spirit of Radio
  • 3. Force Ten
  • 4. Animate
  • 5. Subdivisions
  • 6. Earthshine
  • 7. Red Barchetta
  • 8. Roll the Bones
  • 9. The Seeker
  • 10. Tom Sawyer
  • 11. Dreamline
  • 12. Running Time:
  • CD Disque 2
  • 1. Between the Wheels
  • 2. Mystic Rhythms
  • 3. Der Trommler (Neil Peart drum solo)
  • 4. Resist
  • 5. Heart Full of Soul
  • 6. 2112 Overture/Temples of Syrinx/Grand Finale
  • 7. Xanadu (version abrégée)
  • 8. Working Man
  • 9. Summertime Blues
  • 10. Crossroads
  • 11. Limelight
  • Geddy Lee – Basse, guitare rythmique, synthétiseurs, chant
  • Alex Lifeson – Guitares, synthétiseur pédale-basse
  • Neil Peart – Batterie, percussions

Label : Anthem/Sanctuary.

ANNIHILATOR – Ballistic, Sadistic (2020)

L’air anglais semble avoir fait du bien à Jeff Waters, à moins ce que ne soit son mariage il y a deux ans. Dans tous les cas, ce Ballistic, Sadistic porte parfaitement bien son nom, tant le musicien canadien frappe fort. Pulsé par des riffs toujours aussi inventifs et agressifs, son heavy thrash alterne les passages mélodiques et les déferlements puissants, en nous laissant rarement le temps de respirer. Il renoue, en cela avec des motifs utilisés dans ses premiers albums le tempo lent « Lip Service », tout en faisant évoluer sa musique vers des sonorités plus modernes, comme en atteste « That’s Life » qui clôt ce nouvel opus. Entre ces deux marqueurs temporels, il explore tous les chemins du thrash, des passages les plus mélodiques aux déferlements les plus extrêmes, comme sur le très beau « The End Of The Lie ».

On retrouve le style d’Annihilator dès les premières mesures du remuant « Armed To The Teeth » qui nous renvoie à sa période King of the Kill/Refresh the Demon, avec sa section rythmique écrasante, ses riffs cinglants et ses lignes mélodiques tranchantes comme des lames de rasoir. C’est encore plus flagrant sur « Riot » dont le début rappelle « Refresh the Demon », tandis que le refrain donne envie de secouer la tête en cadence, à la manière d’un Slayer. Ce retour aux sources est salvateur et permet au fan de se retrouver en terrain connu, tout en découvrant de nouvelles pépites. Le riff saccadé de « One Wrong Move » emporte tout sur son passage, tandis que son refrain hurlé nous cueille, avant qu’une plage paisible ne nous surprenne.

Après plus de trente ans de carrière, Jeff Waters parvient encore à nous surprendre, notamment en mélangeant des motifs issus du speed metal des années 1980 et un refrain inspiré par le nu-metal sur « The Attitude », une déferlante irrésistible. Tout aussi terrible, « I Am Warfare » joue avec des dissonances pour flirter avec Testament, tout en nous rappelant « Phantasmagoria » ou « Syn. Kill 1 ». Annihilator parvient donc à se réinventer, sans pour autant se couper de ses origines. Les solos de guitares sont donc nombreux et les changements de rythmes toujours aussi surprenants. Il en vient même à pousser le thrash dans ses derniers retranchements, en rendant hommage à Slayer sur « Out With The Garbage », parfaitement secondé en cela par le batteur Fabio Alessandrini, quasiment inconnu et dont on peut retrouver la frappe sur Vendetta, l’unique album des Italiens de Nitehawks et sur le Beyond the Fight de Vescera.

Jeff Waters s’amuse aussi bien avec ses influences qu’avec ses anciennes réalisations. Il s’octroie des passages moins agressifs comme sur « Psycho Ward » qui aurait pu se retrouver sur Set the World on Fire ou « Dressed Up For Evil » qui marche sur les platebandes d’Anthrax, tout en sonnant comme du Annihilator.

Avec Ballistic, Sadistic, Jeff Water accouche d’un des meilleurs albums de ce début d’année et également l’un des meilleurs de sa carrière.

  • 1. Armed To The Teeth
  • 2. The Attitude
  • 3. Psycho Ward
  • 4. I Am Warfare
  • 5. Out With The Garbage
  • 6. Dressed Up For Evil
  • 7. Riot
  • 8. One Wrong Move
  • 9. Lip Service
  • 10. The End Of The Lie
  • 11. That’s Life
  • Jeff Waters – Chant, guitares, basse
  • Fabio Alessandrini – Batterie

Labels : Neverland music/Silver Lining Music

ALICE COOPER – Paranormal (2017)

Cinquante ans après ses débuts sur la scène rock et metal, Alice Cooper nous livre un nouvel album en retournant à ses racines, mouvement déjà entamé en 2011 pour Welcome 2 My Nightmare. Il revient donc à son hard rock chaud et coloré, composé pour la scène, dans lequel il insuffle des éléments fantastiques et grand-guignolesques. C’est évident sur le très seventies « Fireball », mais aussi sur les savoureux brûlots que sont le rock endiablé : « Rats » et l’excellent « Dynamite Road » aux consonnances rappelant Ted Nugent. Alice Cooper, le chanteur, est toujours aussi démonstratif et sa voix toujours aussi inimitable : « Pananoiac Personality », pour le plus grand bonheur de ses fans.

Pour ce vingt-septième album, de prestigieux invités viennent même prêter main forte au groupe. C’est le cas sur le superbe : « Fallen In Love », un boogie rock épais et gras, illuminé par la guitare de Billy Gibbons (ZZ Top). Sans aucun doute l’un des meilleurs morceaux de l’album. Quant au titre « Paranormal » qui ouvre les festivités, ce n’est rien moins que Roger Glover (Deep Purple) qui apporte sa pierre à l’édifice. Cette chanson insidieuse, à la construction complexe, se révèle finalement une belle surprise sortant de l’ordinaire, en nous rappelant le Scorpions des débuts, la démesure shock rock en plus.

A une époque où le revival est à la mode, les amateurs de hard rock des années 1970 vont être ravis. En effet, Alice Cooper demeure le mieux placé pour nous faire revivre la musique de cette époque, qui ne se refusait aucun métissage. « Holy Water » est ainsi un mélange de metal, de rock et de funk, avec ces cuivres omniprésents, cette guitare incisive et ce refrain à chanter en chœur. Il nous renvoie même à Woodstock avec « The Sound Of A », voire à ses premiers albums grâce à « Genuine American » et « You and All of Your Friends » co-écrits avec trois des membres originaux de son groupe.

En bonus, six classiques enregistrés en concert nous permettent de retrouver le groupe au meilleur de sa forme, comme sur cet album, ce qui permet de nous rendre compte que les douze nouvelles compositions s’intègrent parfaitement à la discographie d’Alice Cooper. Paranormal est une nouvelle pépite à intégrer à l’exceptionnelle discographie du groupe.

  • 1. Paranormal
  • 2. Dead Flies
  • 3. Fireball
  • 4. Paranoiac Personality
  • 5. Fallen in Love
  • 6. Dynamite Road
  • 7. Private Public Breakdown
  • 8. Holy Water
  • 9. Rats
  • 10. The Sound of A
  • 11. Genuine American Girl
  • 12. You and All of Your Friends
  • 13. No More Mr. Nice Guy (Live)
  • 14. Under My Wheels (Live)
  • 15. Billion Dollar Babies (Live)
  • 16. Feed My Frankenstein (Live)
  • 17. Only Women Bleed (Live)
  • 18. School’s Out (Live)

Label : earMUSIC

KROKUS – Stampede (1990)

Deux ans après son départ de Krokus, Fernando Von Arb engage de nouveaux musiciens pour relancer le groupe dans un style très heavy metal, proche d’Accept. Le recrutement du chanteur Peter Tanner (ancien de The Heavy’s le groupe de Von Arb et Von Rohr) n’est pas étranger à l’affaire, étant donné qu’il a une voix éraillée comme Udo Dirkschneider. Le mimétisme est tel qu’on a l’impression d’entendre un inédit du groupe allemand en mettant « Stampede » (chose amusante, Accept écrira un morceau intitulé « Stampede » en 2014). Ce titre heavy speed déboule à deux cents à l’heure et emporte tout sur son passage. Ce nouveau virage, résolument metal, se poursuit avec « Electric Man » dont la mélodie des couplets et les paroles sont profondément inspirées par le « Kings of Metal » de Manowar sorti juste deux ans auparavant. Comme lui, il glorifie la vie de groupe et sa construction est vraiment similaire jusqu’au refrain plus rock. Autre morceau très metal, « Wasteland » qui clôt l’album sur un rythme rapide, à la manière de certains morceaux de Saxon.

Le reste de l’album ne renie pas les influences blues et hard rock des Suisses. Ainsi, « Rock Roll Gypsy » s’appuie sur un riff à la AC/DC, comme le très bon « Street Love » qui est un rock puissant et rapide, sur lequel les guitaristes s’en donnent à cœur joie. Krokus a l’air heureux de jouer, mais montre davantage d’influences australiennes que sur ses précédentes réalisations. « She Drives Me Crazy » aurait pu paraître sur un album avec Brian Johnson, tout comme « Rhythm of Love », au riff plaqué et au rythme caractéristique des chansons composées par Malcolm Young. La voix éraillée de Tanner achève de créer la confusion. Surtout que Krokus puise aussi dans ses influences boogies, avec le bien nommé « Shotgun Boogie », au rythme effréné et irrésistible.

Quelques morceaux paraissent plus originaux, comme l’étrange « Nova-Zano », sorte de blues lent et épais, au refrain binaire qui évoque par moments Led Zeppelin, ou la ballade « In the Heat of the Night » dont le refrain très chantant est plus rapide que les couplets et sur laquelle les arrangements hispanisants apportent un réel intérêt.

Stampede marque le retour de Krokus, dans des registres un peu différents de ce à quoi il nous avait habitué et avec une formation remaniée. A part dans la discographie du groupe, il ne rencontre pas le succès escompté. Pourtant, Stampede est un bon album, possédant de réelles qualités, mais aussi certains défauts inhérents au groupe, notamment ses innombrables emprunts à d’autres groupes.

  • 1. Stampede
  • 2. Electric Man
  • 3. Rock Roll Gypsy
  • 4. Shotgun Boogie
  • 5. Nova-Zano
  • 6. Street Love
  • 7. Good Times
  • 8. She Drives Me Crazy
  • 9. In the Heat of the Night
  • 10. Rhythm of Love
  • 11. Wasteland
  • Fernando Von Arb : basse, guitare acoustique
  • Peter Tanner : chant
  • Many Maurer : guitare solo
  • Tony Castell : guitare rythmique, chœurs
  • Peter Haas : batterie, percussions

Production : Fernando Von Arb

Label : Phonag Records

BLÜE ÖYSTER CULT – Club Ninja (1985)

Faire la chronique de Club Ninja, l’album le plus controversé de Blüe Öyster Cult sans s’occuper de tout ce qui a été déversé dessus depuis sa sortie n’est pas chose aisée. Enregistré deux ans après l’échec commercial de The Revölution by Night, il devait redorer l’image d’un groupe un peu à la dérive. Premier note négative, l’absence temporaire d’Allen Lanier suppléé par Tommy Zvoncheck (Aldo Nova) et le remplacement de Rick Dowey par Jimmy Wilcox (Rick Derringer) apparemment secondé par Thommy Price sur plusieurs morceaux. Le son de batterie n’est d’ailleurs pas au mieux, paraissant souvent très artificiel et manquant de puissance. C’est criant sur « Perfect Water », par exemple, sur lequel la section rythmique est quasiment aux abonnés absents, sans compter cet horrible son de caisse claire. Deuxième constat étonnant, le groupe a fait appel à des compositeurs extérieurs, aussi bien pour se faire aider sur certaines chansons que pour s’offrir des titres entiers.

Voulant gagner le marché de l’AOR, le groupe s’offre ainsi Bob Halligan Jr qui a fourni des hits à Kiss, Kix, Judas Priest, Icon ou Bonfire. On reconnaît d’ailleurs sa patte sur « Beat ‘Em Up », un bon single potentiel mais qui ne correspond absolument pas au style de Blüe Öyster Cult et qui est en partie pompé sur le « Can’t Happen Here » de Rainbow. « Make Rock Not War » est aussi une chanson destinée à MTV et qui aurait été parfaite pour Bonfire, mais qui dénote ici, en dépit d’un bon riff et des guitares toujours incisives d’Eric Bloom et Buck Dharma. Plus étonnante est la présence de « Dancin’ in the Ruins », une bluette AOR, plus pop que rock, signée par Larry Gottlieb qui a composé pour Laura Branigan, The Manhattans ou les Four Tops, des artistes à mille lieues du rock. Seule reprise correcte, celle de « White Flags » du groupe canadien Leggatt Bros dans une version presque identique à l’originale, la puissance en moins.

Que reste-t-il pour les fans du Blüe Öyster Cult ? Peu de choses. On retrouve l’esprit du groupe sur le beau « Perfect Water », dont les paroles ont été écrites par le poète Jim Carroll et qu’éclairent de beaux solos de guitares. Moins réussi, « Spy in the House of the Night » passe assez inaperçu, en dépit de beaux passages de claviers, mixés trop en arrière, et de la plume de Richard Meltzer qui a pourtant écrit entre autres titres pour le groupe « Burning For You » ou « Stairway to the Stars ». Mais cette chanson est pourtant supérieure au naufrage « When the War Comes » dont on ne saisit ni la direction artistique ni les arrangements.

Enfin, réhabilitons « Shadow Warrior », écrit avec l’écrivain Eric Van Lustbader, l’auteur du cycle « Ninja » qui a inspiré le titre de cet album, et également futur auteur de la série « Jason Bourne » adaptée au cinéma. Ce bon titre, plein de nuances, de changements de rythmes, jure avec le reste de l’album et propose de beaux passages. Il en va de même pour le complexe, « Madness to the Method », au refrain entraînant et original. Ces deux morceaux, de loin les meilleurs de cet album, sont pourtant relégués à la fin de celui-ci, ce qui est incompréhensible.

Avec le recul, Club Ninja n’est pas une catastrophe, et propose quelques belles plages, mais il est loin d’être au niveau du reste de la discographie des Américains.

  • 1. White Flags
  • 2. Dancin’ in the Ruins
  • 3. Make Rock Not War
  • 4. Perfect Water
  • 5. Spy in the House of the Night
  • 6. Beat ‘Em Up
  • 7. When the War Comes
  • 8. Shadow Warrior
  • 9. Madness to the Method
  • Eric Bloom – Guitares, chant (1, 3, 6, 8)
  • Buck Dharma – Guitares, claviers, chant (2, 4, 5, 7, 9)
  • Joe Bouchard – Basse, guitares, chant (7)
  • Tommy Zvoncheck – Claviers, piano, orgue
  • Jimmy Wilcox – Percussions, chœurs
  • Thommy Price – Batterie
  • Phil Grande – Guitares
  • Kenny Aaronson – Basse

Production : Sandy Pearlman

Label : Columbia

KROKUS – Heart Attack (1988)

Deux ans après le désastreux Change of Address et un an après Alive & Screaming, Krokus revient avec de nouvelles intentions, une nouvelle section rythmique (enfin, pas tout à fait, puisqu’on note le retour de Chris Von Rohr) et un nouveau label. Le son est plus brut, les compositions plus hard rock, les riffs plus épais, et cela ravit les fans. Le virage hard FM est définitivement tourné. Pour s’en convaincre, il suffit de porter une oreille sur « Wild Love », un mid-tempo binaire, sur lequel le riff est énorme, plus metal d’ailleurs que hard rock. La folie en moins, le groupe lorgne davantage sur Headhunter que sur One Vice at the Time, sans pour autant oublier d’écrire de bons refrains. Ainsi, « Let It Go » donne envie de chanter avec le groupe.

Les morceaux puissants et rapides sont donc de retour, comme l’excellent « Axx Attack » qui s’inscrit dans la lignée de « Headhunter », en proposant un riff metal et un chant halluciné, tout en conservant une réelle mélodicité. On pense à Accept, notamment sur les solos, et à Judas Priest pour le riff. « Speed Up » affiche également ses influences metal. Même si ce titre est moins rapide que le précédent, il s’appuie sur des motifs heavy et permet à Marc Storace de montrer toute sa puissance vocale. Dans l’ensemble, cet opus est néanmoins plutôt hard rock. Dès « Everybody Rocks », le retour au rythme en douze mesures, aux refrains bourrés de groove et aux influences américaines saute aux oreilles. Les riffs sont épais, gorgés de boogie et de blues, comme sur le southern rock « Rock ‘n’ Roll Tonight » qui semble provenir d’un groupe texan ou le furieux et australien « Shoot Down the Night » qui donne envie de taper du pied et de secouer la tête à s’en décrocher les vertèbres. Quant à « Flyin’ High », il est également australien dans l’âme, même si son refrain mélodique évoque à nouveau les groupes d’outre-Atlantique. Ce mélange des genres et des influences apporte une réelle plus-value à cet album très varié.

Comme à son habitude, Krokus propose également des chansons lentes, comme le blues « Bad, Bad Girl » qui permet à Fernando von Arb de se fendre d’un beau solo et à Marc Storace de se prendre pour Robert Plant ou encore « Winning Man » qui n’est autre qu’une nouvelle version de l’excellent titre présent sur Hardware. Si les fans sont heureux de retrouver leur groupe, les dissensions, toujours nombreuses chez les Suisses, se multiplient. Le groupe part néanmoins en support de la tournée américaine de Ted Nugent, mais à la fin Marc Storace quitte le navire, suivi de près par Fernando Von Arb. Le groupe continue avec un nouveau chanteur et un nouveau guitariste avant de splitter.

  • 1. Everybody Rocks
  • 2. Wild Love
  • 3. Let It Go
  • 4. Winning Man
  • 5. Axx Attack
  • 6. Rock ‘n’ Roll Tonight
  • 7. Flyin’ High
  • 8. Shoot Down the Night
  • 9. Bad, Bad Girl
  • 10. Speed Up
  • Marc Storace : chant
  • Fernando Von Arb : lead guitare
  • Chris Von Rohr : basse, percussions, chœurs
  • Mark Kohler : guitare rythmique
  • Dani Crivelli : batterie, percussions

Label : MCA

Production : Von Rohr & Von Arb.

KROKUS – Change of Address (1986)

Poussé par sa maison de disques, Krokus poursuit son évolution entamée sur son précédent disque deux ans auparavant. Sauf que ce n’est plus à un changement de style que se livre le groupe, mais à une émasculation. Du rock à la AC/DC, il ne reste vraiment plus aucune trace tout au long des neuf titres qui composent ce disque plat, gorgé d’AOR, qui fait la part belle aux refrains faciles, gavés jusqu’à la gorge de « eh eh » comme sur « Hot Shot City » et « Burning Up the Night », d’arrangements sirupeux (« Let This Love Begin ») et de nappes de claviers indigestes comme sur « Now (All Through the Night) » qui lance le massacre. Le groupe est tellement aux abois, qu’il va même jusqu’à se piller, vampirisant « Tokyo Nights » pour composer la chanson pour scouts qu’est « Say Goodbye ».

On a beau tourner et retourner chaque chanson, il est vraiment difficile de tirer quoi que ce soit de transcendant, la faute à une production qui manque de dynamisme et qui noie tout sous des tonnes de maquillage. Même lorsque le morceau aurait pu casser la baraque, comme « Hard Luck Hero », on se retrouve finalement avec quelque chose d’inoffensif, dans lequel, même le solo de guitare essaie de ne déranger personne. Et ce n’est pas le solo d’Allan Holdsworth sur « Long Way From Home » qui sauve les meubles.

Etrangement, ce disque entre dans le Bilboard et semble toucher une partie du public américain qui n’est pas rancunier étant donné le massacre du « School’s Out » d’Alice Cooper (dont le clip est tout aussi pourri). Il faut dire que l’époque était vraiment aux guimauves élevées en montagnes du bon goût. Malheureusement pour les Suisses, les Européens n’étaient pas aussi accrocs au sucre. Le groupe comprendra son erreur et changera à nouveau de style et de label sur l’album suivant.

  • 1. Now (All Through the Night)
  • 2. Hot Shot City
  • 3. School’s Out
  • 4. Let This Love Begin
  • 5. Burning Up the Night
  • 6. Say Goodbye
  • 7. World on Fire
  • 8. Hard Luck Hero
  • 9. Long Way From Home
  • Fernando Von Arb : guitares
  • Marc Storace : chant
  • Jeff Klaven : batterie, percussions
  • Mark Kohler : guitare rythmique
  • Tommy Keiser : basse

Production : Tom Werman, Fernando Von Arb

Label : Arista

KROKUS – The Blitz (1984)

Après Headhunter, son album le plus heavy, Krokus change son fusil d’épaule pour livrer un disque de hard rock, avec quelques touches heavy rock très américaines, dues à la production de Bruce Fairbain qui essaie d’inscrire le groupe dans la vague en provenance d’outre-Atlantique. C’est assez évident sur « Midnite Maniac » dont le refrain possède d’indéniables influences glam, alors que les arrangements sont très hard FM. Ce titre, qui sort en single, est destiné au marché américain, comme le clip qui rend hommage aux films de gangsters. On n’est donc pas étonné de retrouver une reprise du « Ballroom Blitz » de The Sweet, un groupe dont le répertoire est allégrement déterré par des formations cherchant à refaire le coup de Quiet Riot avec le « Cum On Feel the Noize » de Slade. Le clip tourné pour ce titre est clairement américanisé avec ses cohortes de filles se jetant sur la voiture des musiciens.

Ces tentations américaines se traduisent aussi par la co-écriture de « Boys Nite Out » avec Bryan Adams et Jim Valance, mais aussi par l’apport de chœurs AOR sur « Our Love », un tempo médium qui s’inscrit dans la vague MTV et lorgne du côté de Def Leppard. Certaines chansons essaient de séduire ce marché juteux qui se nourrit de formation hard FM depuis quelques années. C’est notamment le cas de « Hot Stuff », aux arrangements typiques de l’AOR ou le très FM « Out to Lunch », dont les bases hard rock sont arrondies. Les ambitions étant clairement affichées, après la tournée américaine en première partie de Def Leppard (dont ils se sont fait virer), puis de Judas Priest et les concerts donnés dans des salles de moyenne capacité. Sans doute que le groupe avait pris conscience que son heavy metal était trop puissant pour ce public.

Certains morceaux restent néanmoins ancrés dans le hard rock proche d’AC/DC comme le rapide et groovy « Out Of Control » qui pulse bien et nous prouve que Krokus est toujours un groupe de hard rock. Il en va de même pour le binaire « Ready to Rock » qui affiche d’emblée ses ambitions. En revanche, l’alerte « Rock the Nation », dont on aurait pu attendre davantage de folie, est adouci par un refrain moins agressif que d’habitude et des chœurs heavy rock. On est loin de la puissance de titres comme « Eat The Rich » ou « Ready To Burn ». Les crocs de la bête semblent avoir été limés. Cela ne veut pas dire que ces chansons soient mauvaises, mais elles tranchent réellement avec ce que les Suisses nous ont livré quelques mois plus tôt.

The Blitz est un bon album, mais qui se situe à des années lumières de son prédécesseur et qui marque un net changement de direction musicale. A nouveau, le groupe va partir en tournée aux Etats-Unis, cette fois avec Accept et Rough Cutt, pour ensuite participer au Texxas Jam Festival.

  • 1. Midnite Maniac
  • 2. Out of Control
  • 3. Boys Nite Out
  • 4. Our Love
  • 5. Out to Lunch
  • 6. Ballroom Blitz
  • 7. Rock the Nation
  • 8. Hot Stuff
  • 9. Ready to Rock
  • Marc Storace : chant
  • Fernando Von Arb : guitares
  • Mark Kohler : basse
  • Jeff Klaven : batterie, percussions

Label : Arista

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