MOLLY HATCHET – Take No Prisoners (1981)

Quatrième album du groupe, mais le second avec Jimmy Farrar au chant, Take No Prisoners se révèle plus rock que le précédent et assez différent. Les racines southern rock sont évidemment toujours présentes, mais le rock entre davantage dans les compositions, comme il est aisé de le constater sur « Respect Me in the Morning » chanté en duo avec Joyce Kennedy de Mother’s Finest. Très réussie, cette chanson teinte néanmoins l’album de manière différente des précédentes, comme c’est aussi le cas de la reprise de « Long Tall Sally », ralentie dans sa première partie pour ensuite filer à cent à l’heure. On sent le groupe en pleine réflexion sur son avenir et la direction musicale à emprunter. Ainsi « Lady Luck » est colorée par des cuivres et un piano, nous conduisant dans un rock très seventies, au refrain presque pop. Si les guitares sont bien en place, il est évident que ce titre est destiné aux radios et se révèle un peu répétitif sur la fin.

Quelques morceaux sont même plus anecdotiques, comme « Loss Of Control » dont le classicisme rock n’apporte rien au groupe ou « Power Play », assez banal, en dépit d’arrangements subtils et de beaux solos de guitares. Mais tout cela ne rend pas réellement hommage à la discographie du groupe et semble même montrer une formation en perte de vitesse.  

Pourtant, l’album contient quelques bons moments, comme l’excellent « Bloody Reunion » qui ouvre l’album avec un southern rock teinté de hard rock, ou « Don’t Mess Around », un boogie énergique, qui aurait mérité un autre traitement de la voix par la production. Le rythme est soutenu, les guitares efficaces et le refrain agréable. « Dead Giveaway » clôt également cet album de la plus belle des manières avec un rythme sautillant typique du genre et qui vient après le mid tempo « Don’t Leave Me Lonely », sur lequel Jimmy Farrar fait preuve d’indéniables talents de chanteur.

Au final, Take No Prisoners est un bon album, sans doute un peu à part dans la discographie du groupe, et qui marque aussi la fin d’une époque comme va le montrer No Guts No Glory.

  • 1. Bloody Reunion
  • 2. Respect Me in the Morning
  • 3. Long Tall Sally
  • 4. Loss of Control
  • 5. All Mine
  • 6. Lady Luck
  • 7. Power Play  
  • 8. Don’t Mess Around  
  • 9. Don’t Leave Me Lonely
  • 10. Dead Giveaway
  • Jimmy Farrar – Chant
  • Dave Hlubek – Guitares
  • Duane Rollard – Guitares
  • Steve Holland – Guitares
  • Banner Thomas – Basse
  • Bruce Crump – Batterie
  • Musiciens Additionnels
  • Jai Winding – Claviers
  • Tom Werman – Percussions
  • Joyce ‘Baby Jean’ Kennedy – Chant sur « Respect Me in the Morning »

Label : Epic

Produced By : Tom Werman

ROSE TATTOO – Outlaws (2020)

La nouvelle incarnation de Rose Tattoo, vue au Raismesfest en 2018, revisite toute l’histoire du rock des Antipodes. Outre Angry Anderson et Dai Pritchard, on retrouve Bob Spencer (ex-The Angels), Mark Evans (ex-AC/DC) et Jackie Barnes (le fils de Jimmy Barnes…), autant dire que ce n’est plus un groupe mais une page de l’histoire de notre musique préférée qui joue sur cet album un peu particulier. En effet, Outlaws n’est pas un nouvel opus comme les autres, puisqu’il reprend onze classiques de Rose Tattoo, arrangés à la sauce 2020, plus deux inédits qui s’inscrivent parfaitement dans cet univers. Quel intérêt de se réapproprier ces morceaux ? En général, il y a une question d’argent et de label derrière. En réenregistrant ces titres, le groupe les offre à son nouveau label. On peut ensuite comprendre que cette nouvelle mouture ait eu envie de nous proposer sa version de ces classiques tirés du premier album du groupe paru en 1978. Les versions sont d’ailleurs très différentes, moins folles, moins déjantées, plus carrées et à l’esprit moins punk. Il faut dire qu’à part Jackie Barnes, les autres musiciens ont plus de soixante ans, et même plus de soixante-dix pour Angry Anderson.

Débutant par « One of the Boys », dont le groupe accentue le côté boogie et sautillant, à la manière d’un Status Quo sous acide, Outlaws nous prend immédiatement à la gorge, surtout que l’inédit « Sweet Love (Rock ‘n’ Roll) » poursuit dans cette voie, avec son riff bourré de groove, son refrain idéal pour un tel groupe et sa slide qui nous arrache des frissons. Certes, la folie n’est plus là, mais la maturité et la voix d’Angry font mouche. Efficace, « Tramp » gagne en structure ce qu’il perd en démence, pour un superbe résultat. Moins connu, « Snow Queen » (écrit par Ian Riley comme « One Of the Boys » et « Stuck on You ») était disponible sur des face B et sur la version de 1990. Ce rock gras et lent permet d’apprécier le travail de Dai Pritchard. Il est suivi du hit « Rock ‘n’ Roll Outlaw », très remodelé, aussi bien dans ses lignes vocales que dans ses riffs. Plus sage, il devient certes moins méchant, mais accueille toute une partie blues qui nous le fait redécouvrir.

Suit l’histoire de « The Butcher and Fast Eddy », totalement remaniée et revue en version « Oncle Angry vous raconte… » et non plus l’écorché Angry vous prend à la gorge. Le résultat surprend, semble moins urgent, et contient une réelle nostalgie, comme si le chanteur se remémorait une époque révolue. La proximité avec les premiers albums d’AC/DC est plus évidente ici que sur l’album d’origine. L’enchaînement « Remedy » et « T.V. » relance la machine, grâce à ces deux rocks furieux qui, plus de quarante ans après, nous collent encore des claques monumentales. Ces nouvelles versions étonnent, surtout celle de « T.V. » qui métamorphose ce titre.

Moins surprenante, l’interprétation de « Stuck on You » possède toujours cette connotation exotique et sa folie douce. La slide de Dai Pritchard y fait des merveilles. On se dit que les rockers se sont assagis. Que nenni. « Astra Wally » déboule sur un mode sautillant et vrombissant qui nous montre qu’Angry est toujours un grand chanteur qui, certes crie moins, mais dont la voix est bien en place. C’est ce que confirme le moment de grâce qu’est « Bad Boy for Love » qui étend sur plus de 7 minutes sont blues rock gras et irrésistible, avec de nombreux ajouts de couplets et un break très AC/DC. Un grand moment. Même lifting pour « Nice Boys » dont la longueur est doublée pour le plus grand bonheur des fans. Le groupe le joue comme s’il était en concert, en y ajoutant des extraits de classiques du rock, comme il l’avait fait au Raismesfest. A vous en coller des frissons ! Cerise sur le gâteau, « Rosetta » est un blues inédit qui clôt cet album en douceur.

D’habitude, je n’apprécie pas trop ce genre de réenregistrement, pourtant cet Outlaws est indispensable, comme vous pourrez vous en rendre compte en l’achetant.

  • 1. One of the Boys (Re-Recorded)
  • 2. Sweet Love (Rock ‘n’ Roll)
  • 3. Tramp (Re-Recorded)
  • 4. Snow Queen (Re-Recorded)
  • 5. Rock ‘n’ Roll Outlaw (Re-Recorded)
  • 6. The Butcher and Fast Eddy (Re-Recorded)
  • 7. Remedy (Re-Recorded)
  • 8. T.V. (Re-Recorded)
  • 9. Stuck on You (Re-Recorded)
  • 10. Astra Wally (Re-Recorded)
  • 11. Bad Boy for Love (Re-Recorded)
  • 12. Nice Boys (Re-Recorded)
  • 13. Rosetta
  • Angry Anderson – Chant
  • Dai Pritchard – Slide guitare
  • Bob Spencer – Guitares
  • Mark Evans – Basse
  • Jackie Barnes – Batterie

Label : Deadline Music

MOLLY HATCHET – Beatin’ the Odds (1980)

Troisième album de Molly Hatchet, Beatin’ the Odds sort juste un après Flirtin’ With Disaster qui a été certifié double platine. Entretemps, le groupe a vu le départ de Danny Joe Brown, remplacé par Jimmy Farrar, qui possède une voix moins épaisse et moins agressive. Sous une pochette signée Frazetta et représentant Conan se cachent neuf titres pour un peu plus de 32 minutes d’une musique nourrie au rock et à la country.

L’album débute par le rapide « Beatin’ the Odds », un southern vitaminé qui nous prouve que le groupe n’est pas mort, et qu’il peut encore nous offrir de belles plages. Jimmy Farrar se révèle un chanteur efficace, à la voix, certes moins rock, mais sans doute au spectre plus large. Cela se remarque sur la ballade « The Rambler » qu’il a co-écrite et qui semble destinée aux radios, avec son mélange de country et de rock FM. Sur « Get Her Back », il prouve qu’il peut insuffler un vent nouveau au groupe en proposant des lignes de chant plus complexes. C’est d’ailleurs ce qu’il fait également sur « Penthouse Pauper », une reprise de Creedence Clearwater Revival qui est transfigurée à la sauce southern rock. Une belle réussite.

On pourrait ainsi croire que le groupe a adouci sa musique, mais il n’en est rien. « Double Talker » nous assène un morceau typiquement southern rock, avec son riff bourré de groove et son refrain qui renvoie aux années 1970. Il en va de même avec « Dead and Gone » dans lequel des chœurs féminins viennent colorer l’ensemble de belle manière. Les guitares, toujours aussi expressives, tissent des duels savoureux, pendant que la section rythmique soutient l’ensemble avec efficacité.

Molly Hatchet est aussi capable de composer des rocks furieux, comme le très réussi « Few and Far Between » aux racines blues ou le plus nuancé « Sailor » qui joue sur la complémentarité des guitaristes. Car Molly Hatchet est un groupe de scène qui écrit pour entraîner le public dans la fête. Ainsi, « Poison Pen » n’est qu’une invitation à croiser le fer qui fait la part belle aux solos, mais aussi aux mélodies vocales. Avec cet album Molly Hatchet assoie sa place de leader du southern rock et poursuit une carrière qui s’annonce exemplaire.

  • 1. Beatin’ the Odds
  • 2. Double Talker
  • 3. The Rambler
  • 4. Sailor
  • 5. Dead and Gone
  • 6. Few and Far Between
  • 7. Penthouse Pauper
  • 8. Get Her Back
  • 9. Poison Pen
  • Jimmy Farrar – Chant
  • Dave Hlubek – Guitares
  • Duane Rolland – Guitares
  • Steve Holland – Guitares
  • Banner Thomas – Basse
  • Bruce Crump – Batterie
  • Jai Winding – Claviers

Label: Epic

Producteurs : Tom Werman & Pat Armstrong

QUIET RIOT – Metal Health (1983)

Après deux albums uniquement disponibles au Japon et sur lesquels on retrouve Randy Rhoads à la guitare, Quiet Riot revient avec un line-up totalement changé, puisqu’il ne reste plus que le chanteur Kevin DuBrow. Rudy Sarzo, bien que crédité sur Quiet Riot II n’a pas joué dessus. S’inscrivant dans l’air du temps, le groupe propose un heavy glam enjoué, dominé par des refrains aisément identifiables et des mélodies qui restent dans la tête. L’auditeur se laisse facilement emporter par cette musique positive, insouciante, qui puise à la fois dans le hard rock et le glam anglais, participant à l’émergence d’une nouvelle vague qui envahit les radios et inonde MTV.  

L’album démarre fort, par la chanson éponyme dont le refrain répète : « Bang Your Head ». Sur un rythme binaire, la voix de Kevin DuBrow porte à elle seule ce titre que n’auraient pas renié Kiss ou Def Leppard. Premier single extrait de cet album, il propulse le groupe dans les charts, aidé par une vidéo évoquant un asile. Ce morceau apparaîtra dans la BO du film Footloose (1984). « Cum On Feel The Noize », la reprise de Slade, s’inscrit parfaitement dans cette ambiance, avec son allant et ses chœurs. Elle permet à Quiet Riot d’atteindre les sommets et à l’album de se vendre à plus de dix millions d’exemplaires, ce qui est mérité. Repris de leur deuxième album et réarrangé, « Slick Black Cadillac » est un bon heavy glam rapide, au refrain fédérateur, comme c’est aussi le cas de « Let’s Get Crazy » qui donne envie de secouer la tête en cadence, avec son riff issu du blues.

Mais Quiet Riot propose également des morceaux différents, comme le speed « Run For Cover » qui fait la part belle aux guitares, tandis que le rapide « Breathless » nous assène un bon hard rock, gorgé de riffs sautillants. Ils tranchent avec la ballade « Thunderbird », qui clôt cet opus dans une ambiance années 1970, avec son piano omniprésent et ses guitares mises en arrière. Plus mélancolique, « Love’s A Bitch » est un mélange de power ballad et de hard rock, pour un résultat vraiment réussi. Carlos Cavazo y démontre un vrai talent lors de ses solos. Même s’il n’égale pas son prédécesseur, il fait preuve de finesse. Plus proche des anciens morceaux du groupe, « Don’t Wanna Let You Go » est un mid-tempo soigné, aux arrangements subtils qui mettent en valeur un joli refrain et un autre beau solo.

Metal Health est un album incontournable de cette époque et, même si le groupe a peiné à se remettre de son succès, il n’en demeure pas moins indispensable.

  • 1. Metal Health
  • 2. Cum On Feel The Noize
  • 3. Don’t Wanna Let You Go
  • 4. Slick Black Cadillac
  • 5. Love’s A Bitch
  • 6. Breathless
  • 7. Run For Cover
  • 8. Battle Axe
  • 9. Let’s Get Crazy
  • 10. Thunderbird
  • Kevin DuBrow – Chant
  • Carlos Cavazo – Guitares, chœurs
  • Rudy Sarzo – Basse, chœurs
  • Frankie Banali – Batterie, chœurs
  • Chuck Wright – Basse sur « Metal Health » et « Don’t Wanna Let You Go »

Labels : Pasha, Epic

DEMON EYES – Rites Of Chaos (1984)

Demon Eyes se forme à Sannois, dans la région parisienne en 1982 sous l’impulsion de Thierry et Philippe Masson, du guitariste Philippe Chastagnol et du bassiste Rémy Bertelle. Lorsque Philippe Masson se consacre uniquement au chant grâce à l’arrivée d’un batteur, le groupe commence son ascension, enregistre une démo cinq titres (« L’Invincible Force De La Mort », « Mal Divin », « Les Deux Maudites », « Ombre Du Malheur » et « Remords posthumes ») qui va leur ouvrir quelques portes de stations de radio. A noter que le son de cette cassette est assez bon, très clair, et que les versions des titres communs à cette démo et à l’album sont très différentes. Ils signent un contrat avec le label Ebony records qui leur permet d’apparaître sur la compilation Metal Plated en 1983. Dans la foulée, ils entrent en studio pour enregistrer leur premier album en compagnie de Bob Snake, le batteur de Sortilège. Comme souvent avec les productions Ebony, le son est sourd, distordu, écrasé et beaucoup d’effets sont ajoutés à la voix. Rites Of Chaos n’échappe pas à la règle et cela n’arrange pas les choses.

Sous une pochette immédiatement reconnaissable, l’album accueille huit compositions d’un heavy metal gras, épais, aux paroles assez médiocres, à la syntaxe approximative, mais qui font mouche à l’époque. La mort est au cœur de leurs préoccupations, à tel point qu’en supprimant ce mot on élimine quasiment toutes les chansons. Techniquement, le groupe est à l’avenant. Les riffs sont directs, assez répétitifs, et les pains sont nombreux sur l’album. Pourtant, on se laisse porter par la naïveté du speed « Les Deux Maudites » (au mixage différent du reste de l’opus), les lignes vocales de l’énorme « L’Invincible Force De La Mort » et de la déferlante « La Revanche Des Dieux » aux riffs inspirés par Judas Priest. Musique et chant se calquent souvent, tandis que les breaks et les solos sont assez moyens, et souvent camouflés par des effets.

Quelques titres sortent donc du lot. Retenons aussi « L’Orgie Des Damnés » qui nous entraîne dans sa danse macabre grâce à des riffs bourrés de groove. Néanmoins, l’ensemble est en-dessous des leaders de la scène française de l’époque. « Ombre Du Malheur » est en partie pompé sur « Victim Of Changes » de Judas Priest, « Demon Eyes » n’a rien d’un hymne, ce qui est bien dommage puisqu’il porte le nom du groupe et surtout, le refrain est risible « z’yeux du démon » (sic). Quant à « Résurrection », ce titre est totalement dispensable, non seulement en raison de riffs passables, mais surtout de paroles totalement idiotes. Quant à l’instrumental « Hymne Au Seigneur De L’Orage », il prouve le médiocre niveau technique des musiciens.

Rites of Chaos est un album correct, réalisé par un groupe qui a sans doute présumé de ses moyens. Il demeure pourtant sympathique dans une collection de metal français. La suite confirmera cette impression.

  • 1. La Revanche Des Dieux
  • 2. L’Orgie Des Damnés
  • 3. L’Invincible Force De La Mort
  • 4. Les Deux Maudites
  • 5. Ombre Du Malheur
  • 6. Demon Eyes
  • 7. Résurrection
  • 8. Hymne Au Seigneur De L’Orage
  • Philippe Masson – Chant
  • Philippe Chastagnol – Guitares   
  • Thierry Masson – Guitares  
  • Remy « Serpent Glenn » Bertelle – Basse
  • Bob « Sortilege » Snake – Batterie

Label : Ebony recods

TEN YEARS AFTER – Undead (1968)

Enregistré sur la tournée qui a suivi la sortie de leur premier album, cet Undead a été capté le 14 mai 1968 sur la scène du Klooks Kleek à West Hampstead, dans le nord-ouest de Londres. A l’origine, l’album ne comprend que cinq morceaux (dans l’ordre 3, 6, 5, 4, 9), mais la sortie de 2002 en CD reprend l’intégralité du concert, en ajoutant, notamment, des extraits du premier album, dont aucun morceau n’apparaissait sur la version originale. Undead débute donc par « I May Be Wrong, But I Won’t Be Wrong » un inédit signé Alvin Lee. Ce blues rock rapide et groovy s’inscrit dans la lignée du premier album, en proposant des clins d’œil aux créateurs du rock. Développé sur plus de neuf minutes, il donne l’occasion à Alvin Lee de sortir de longs solos de guitares et à Chick Churchill de nous prouver qu’il est un organiste efficace. Comme c’était souvent le cas dans les années 1960/1970, l’ensemble est une longue jam qui part dans tous les sens. S’ensuit l’étonnant « At the Woodchopper’s Ball », qui est, à l’origine, un morceau de jazz de Woody Herman, joué par des clarinettes et des saxophones. Ten Years After le transforme en blues rock torride, propice à une longue jam de plus de sept minutes.

La deuxième face débute par le blues lent « Spider In My Web », inspiré par Chuck Berry, avec toujours cet orgue qui colore l’ensemble de superbe manière sur plus de sept minutes. Rien de novateur, mais une confirmation de la qualité d’écriture d’Alvin Lee et de la cohésion du groupe. S’ensuit une version très personnelle du « Summertime » de Gershwin, sur laquelle Ric Lee se taille la part du lion. Cette version pleine de swing inscrit le groupe dans les belles révélations de cette année 1968. L’album se termine sur l’excellent « I’m Going Home », un nouveau morceau composé par Alvin Lee qui pulse une énergie folle à la manière des vieux bluesmen, mais avec cette électricité toute britannique. En rendant hommage aux géniteurs du blues, tout en adaptant cette musique à son époque, Ten Years After démontre qu’il va changer quelque chose dans le panorama musical britannique.

Un peu étrange par son choix de titres et son montage, la version originale de ce live est heureusement revue et corrigée par la sortie de 2002 qui commence par leur 45 t puis par un extrait de leur premier album. Nous avons donc droit à la présentation du groupe par un speaker, avant que le groupe n’entame une belle version de « Rock Your Mama » qui a dû emballer les spectateurs. « Spoonful », déjà intéressant en studio, prend toute sa dimension en live, mais reste pourtant en deçà de la superbe reprise du « Cross Road Blues » rebaptisée « Standing at the Crossroads » de Robert Johnson qui éclabousse l’ensemble de cet album de toute sa classe. Dynamitée et accélérée, la légende du blues est remise aux goûts du british blues pour le plus grand plaisir du public et de l’auditeur. Enfin, dernier ajout, une version étendue de « I Can’t Keep from Crying Sometimes », dans laquelle est enchâssée la longue jam « Extension on One Chord » sur plus de douze minutes et qui rappelle la proximité de Ten Years After avec les Doors dont les albums sortaient à la même époque.

Un superbe album live qui semble un peu moins décousu que le premier album studio, mais qui ne rencontrera pas le succès mérité. Il faut dire que le choix des titres sur la version vinyle est un peu étrange.

  • 1. Rock Your Mama
  • 2. Spoonful
  • 3. I May Be Wrong, But I Won’t Be Wrong Always
  • 4. Summertime / Shantung Cabbage
  • 5. Spider in My Web
  • 6. At the Woodchopper’s Ball
  • 7. Standing at the Crossroads
  • 8. I Can’t Keep from Crying Sometimes
    • Extension on One Chord
    • I Can’t Keep from Crying Sometimes
  • 9. I’m Going Home
  • Alvin Lee – Guitare, chant
  • Leo Lyons – Basse
  • Chick Churchill – Claviers
  • Ric Lee – Batterie

Label : Deraim

TED NUGENT – Double Live Gonzo ! (1978)

S’il est de bon ton de nos jours de dénigrer Ted Nugent en raison de ses prises de position politiques, beaucoup oublient quel guitariste, quel compositeur et quel performeur il a été. Lorsque sort en 1978 ce double live, peu de musiciens sont capables de développer une telle puissance et une telle folie sur scène. Supporté par un groupe réduit au maximum, alors que sa formation accueillit jusqu’à quatre guitaristes sur scène, Ted nous offre un déferlement de riffs communicatifs qui ne laisse aucun moment de répit à l’auditeur. En onze titres, dont trois dépassent les dix minutes, le quatuor nous délivre un set imparable, composé de morceaux déjà incontournables, de reprises et d’inédits, un pari fou qui fonctionne parfaitement.

Le concert démarre par une version déjantée de « Just What The Doctor Ordered », extrait du premier album du groupe. Les guitares sont distordues à l’extrême, avec ce son immédiatement reconnaissable, nous proposant une immersion totale. Suivent les inédits « Yank Me, Crank Me » et « Gonzo », taillés pour la scène, sur lesquels Ted nous assènent des solos imparables, soutenus par une section rythmique carrée et efficace. Courts, incisifs, ces morceaux sont éclipsés par la reprise du « Baby, Please Don’t Go » de Big Joe Williams que Ted Nugent avait déjà joué avec The Amboy Dukes. Celle-ci est certainement l’une des meilleures adaptations disponibles, ce qui n’est pas rien étant donné le nombre d’artistes qui se sont emparés de ce titre.

La face B débute par le blues rock « Great White Buffalo » extrait de Tooth, Fang & Claw un album de The Amboy Dukes. Gras, épaissi par rapport à sa version originale, Ted Nugent tire vers ce morceau le hard rock, tout en se permettant des improvisations. Extrait du même album, l’instrumental « Hibernation », étendu sur plus de 14 minutes, donne lieu à des expérimentations à la guitare et des solos plus fous les uns que les autres, ainsi que de nombreux changements de rythmes. Symptomatique d’une époque, il montre tout le talent du guitariste et la cohésion d’un groupe dévolu à son leader.  

Le second vinyle ne contient également que deux titres issus du premier album, à savoir le beau « Stormtroopin’ » et le groovy « Stranglehold » qui sont de simples prétextes à de longs solos, certainement les plus puissants de l’époque. En effet, ce qui caractérise le son de Ted Nugent, c’est justement cette manière qu’il a de torturer ses cordes, comme s’il les frappait. Guitariste physique, il attaque littéralement ses accords et fait hurler ses guitares plus qu’il ne les fait pleurer.

La quatrième partie de ce double live est ma préférée, question de goûts, car elle propose trois énormes chansons. Tout d’abord la rapide « Wang Dang Sweet Poontang » qui enflamme le public de Nashville, puis l’énorme « Cat Scratch Fever » et son groove inimitable. Tirées du dernier album en date à l’époque, elles deviennent immédiatement des classiques, ce qui n’est pas étonnant. Enfin, « Motor City Madhouse » clôt ces ébats dans une longue version, portant à quatre les extraits du premier album pour le plus grand plaisir des fans. Il faut avouer que le riff de ce morceau est entraînant, tandis que les chœurs claquent avec folie.

Indispensable, ce Double Live Gonzo ! est une pierre angulaire du metal et sans doute un des dix meilleurs enregistrements live des années 1970, tous styles confondus.

  • 1. Just What The Doctor Ordered
  • 2. Yank Me, Crank Me
  • 3. Gonzo
  • 4. Baby, Please Don’t Go
  • 5. Great White Buffalo
  • 6. Hibernation
  • 7. Stormtroopin’
  • 8. Stranglehold
  • 9. Wang Dang Sweet Poontang
  • 10. Cat Scratch Fever
  • 11. Motor City Madhouse
  • Ted Nugent – Guitares, chant
  • Derek St. Holmes – Guitares, chant
  • Rob Grange – Basse
  • Cliff Davies – Batterie, percussions

Label : Epic

AC/DC – Ultimate Volts (2001)

Compilés par des fans du groupe pour des fans du groupe, ces trois CD rassemblent des inédits, des raretés et des versions alternatives de chansons d’AC/DC dans un coffret à tirage limité. A la manière de Volts, contenu dans le coffret Bonfire (1997), Ultimate Volts nous donne accès aux débuts des Australiens, en y ajoutant toute une partie consacrée à la période Brian Johnson. Cela permet de balayer presque tout l’univers d’AC/DC jusqu’en 2000, sans presque rien oublier.

Le premier CD s’intéresse aux débuts de Bon Scott dans le groupe, en regroupant tout d’abord les titres des versions australiennes des premiers albums, que l’on peut aussi retrouver sur ’74 Jailbreak ou sur certains singles. Il est agréable de réentendre les blues rock que sont « Show Business » ou « Soul Stripper » (deux chansons à la construction presque identique), la reprise du « Baby Please Don’t Go » de Big Joe Williams et celle du « School Days » de Chuck Berry qui nous montrent les racines du groupe. Plus rare, « Carry Me Home » se trouvait sur la face B du single « Dog Eat Dog » et nous propose un hard rock sale, simple, basé sur des riffs lents et implacables. Suit « Dirty Eyes », déjà paru sur Volts, qui a servi de base à « Whole Lotta Rosie », et « Crabsody in Blue » trouvable sur la version australienne de Let There Be Rock qui, comme son nom l’indique est un blues bien gras comme les adorait Bon Scott. Il est également agréable de réentendre « Cold Hearted Man » qui n’était disponible que sur la version européenne d’origine de Powerage. Pour les amateurs de versions alternatives, mais déjà présentes sur Volts, quatre titres de Highway To Hell ferment ce premier CD.

Plus intéressant peut-être, le deuxième CD se penche sur la période Brian Johnson, avec tout d’abord quatre chansons enregistrées à Los Angeles, et assez peu reprises depuis à savoir « Guns For Hire », « Flick Of The Switch », « Nervous Shakedown » et « Rising Power ». Issues de répétitions, elles ne bénéficient pas d’un son impeccable, mais permettent de se faire une idée de la manière dont elles sonnaient à l’époque. Meilleur est le son de la version maxi de « Shake Your Foundations » et de celle de « Who Made Who » qu’il est agréable de saisir dans ces versions longues qui laissent plus de place aux guitares. Plus rare, « Borrowed Time » se trouvait sur la face B du maxi européen « That’s the Way I Wanna Rock’n’Roll ». Ce bon mid-tempo donne envie de secouer la tête en cadence, comme le rare « Snake Eyes », au refrain un peu simple, alors que « Down On The Borderline » est bien meilleur avec son riff original et aurait mérité une plus large diffusion. Suivent des versions alternatives de quatre titres, plus dispensables, mais que les fans vont apprécier. Après l’excellent « Big Guns » tiré de la BO de Last Action Hero, quatre versions guitare/voix avec Brian et Bernie de Trust enregistrées sur une radio en France. Elles sont tellement déjantées que « Boogie Man » est intitulé « Rocker » sur le livret. Le CD se termine sur une belle version de « Cyberspace ».

Le troisième CD est plus hétéroclite puisqu’il débute par le premier 45 t avec Dave Evans au chant pour se terminer par des enregistrements TV de 2000. On a donc droit à « Can I Sit Next To You Girl » et « Rockin’ In The Parlour » avec Dave Evans, dans des versions plus pop rock que rock. L’instrumental « Fling Thing » est un hommage aux racines écossaises du groupe, mais on va retenir les versions live avec Bon Scott de « Dog Eat Dog », « Johnny B. Goode » et « Highway To Hell ». La version pour RTL de « Ride On » avec Bernie est connue, mais on en a deux versions, dont une plus courte et mieux mixée. On découvre aussi une version de « Lucille » enregistrée au Forest National de Bruxelles en 1980 avec Phil Carson, le vice-président d’Atlantic Records, à la basse. On a ensuite droit à des passages radio ou TV qui nous présentent plusieurs titres dont « You Shook Me All Night Long » à la guitare sèche, cinq titres enregistrés à Canal + en 2000, avec un son irréprochable. Retenons « Satelite Blues » pour sa rareté et une bonne version de « TNT ». Tout aussi indispensables sont « Stiff Upper Lip » et « You Shook Me All Night Long » captés lors du Saturday Night Live.

Assez rare, mais trouvable sur certains sites pour une centaine d’euros, ce coffret est indispensable aux fans d’AC/DC et complétera toute une série de raretés déjà disponibles.

  • 1-2. Baby Please Don’t Go
  • 1-2. Show Business
  • 1-3. Love Song
  • 1-4. Soul Stripper
  • 1-5. Stick Around
  • 1-6. You Ain’t Got A Hold On Me
  • 1-7. School Days
  • 1-8. Jailbreak
  • 1-9. Rock In Peace (R.I.P.)
  • 1-10. Carry Me Home
  • 1-11. Dirty Eyes
  • 1-12. Crabsody In Blue
  • 1-13. Cold Hearted Man
  • 1-14. Get It Hot
  • 1-15. If You Want Blood
  • 1-16. Back Seat Confidental
  • 1-17. Touch Too Much
  • 2-1. Guns For Hire
  • 2-2. Flick Of The Switch
  • 2-3. Nervous Shakedown
  • 2-4. Rising Power
  • 2-5. Shake Your Foundations
  • 2-6. Who Made Who
  • 2-7. Borrowed Time
  • 2-8. Snake Eye
  • 2-9. Down On The Borderline
  • 2-10. That’s The Way I Wanna Rock ‘N’ Roll
  • 2-11. Heatseeker
  • 2-12. Let It Loose
  • 2-13. Alright Tonight
  • 2-14. Big Gun
  • 2-15. Highway To Hell
  • 2-16. Boogie Man
  • 2-17. Rocker
  • 2-18. Boom Boom Boom
  • 2-19. Cyberspace (1999)
  • 3-1. Can I Sit Next To You Girl
  • 3-2. Rockin’ In The Parlour
  • 3-3. Fling Thing
  • 3-4. Dog Eat Dog
  • 3-5. Johnny B. Goode
  • 3-6. Highway To Hell
  • 3-7. Ride On
  • 3-8. Ride On
  • 3-9. Lucille
  • 3-10. A Little Background Music
  • 3-11. Fling Thing
  • 3-12. Back In Black
  • 3-13. You Shook Me All Night Long
  • 3-14. Stiff Upper Lip
  • 3-15. Back In Black
  • 3-16. Stiff Upper Lip
  • 3-17. Highway To Hell
  • 3-18. Back In Black
  • 3-19. Satelite Blues
  • 3-20. T.N.T.
  • 3-21. Stiff Upper Lip
  • 3-22. You Shook Me All Night Long

SATAN JOKERS – Les Fils du métal (1983)

Créé en 1981 à Paris par Renaud Hantson, Satan Jokers publie une démo trois titres en 1982, contenant « Quand Les Héros Se Meurent », « Les Fils Du Métal » et « Vices » qui permet au groupe de se faire connaître. Vendue dans une cassette ayant la forme d’une boîte de sardines, elle attire immédiatement l’attention. Il faut avouer que Satan Jokers est un groupe atypique, bâti autour de deux chanteurs, dont l’un est aussi batteur, et qui propose une musique puissante et mélodique, ainsi que des paroles plus intelligentes et transgressives que la moyenne. Si les fans de l’époque ne saisissent pas tout, ils se laissent porter par les riffs incisifs, les solos de grande classe assénés par Stéphane Bonneau et la section rythmique capable de s’adapter à différents motifs.

Le premier titre frappe immédiatement les esprits. En effet, « Les Fils du Métal », qui passe en boucle sur Wango Tango, devient immédiatement l’hymne d’une génération, tant les fans se reconnaissent dans ses paroles. Porté par un riff entraînant et un refrain fédérateur, il trouve son pendant sur la face B avec « En Partance pour l’enfer », un brûlot speed, entraîné par une basse vrombissante et la voix de Pierre Guiraud, soutenue par celle de Renaud Hantson, qui donne la chair de poule. Les solos de Stéphane Bonneau transcendent l’ensemble, tandis que les différents changements de rythmes font déjà de ce groupe une valeur sûre, aux influences multiples. Seul Sortilège, en France, est capable de rivaliser techniquement et artistiquement avec lui. Cela est évident sur le mélancolique « Tokyo Geisha », bien plus complexe qu’il n’y paraît, qui s’élève au-dessus de la masse des chansons de l’époque, grâce à des accords vocaux d’une grande finesse et des arrangements de guitares inspirés par le rock progressif et le jazz fusion.

Capable de tout renverser sur son passage, Satan Jokers délivre des titres heavy, comme le furieux « Samouraï » ou l’instrumental « Les Forces Maléfiques » qui n’ont rien à envier à Judas Priest ou Accept. Le son est énorme et les riffs particulièrement fins. On est loin de riffs plaqués en vogue dans de nombreuses formations. Tout aussi implacable, mais avec un humour bien gras, « Le Fouet » fait découvrir le sado-masochisme à de nombreux jeunes fans de l’époque. Sur un rythme médium, gorgé de groove, que magnifie la basse de Laurent Bernat et qu’illuminent les interventions de Stéphane Bonneau, le chant de Pierre et Renaud conduit l’auditeur dans un trip jouissif jusqu’à la fin en apothéose. Dans un style proche et tout aussi transgressif, « Derrière Les Portes Closes » donne accès à la chambre parentale, avec un contraste savamment construit entre les couplets qui donnent envie de taper du pied et le refrain pop à deux voix. Les arrangements sont intelligents, comme les paroles à double sens.

Le blues à la sauce Satan Jokers qu’est « Quand Les Héros Se Meurent » flirte avec intelligence avec la pop et la variété, pour mieux se lâcher dans un heavy rock déjanté qui permet de comprendre que le groupe accueille deux excellents chanteurs et des paroliers de génie. Capable de jouer avec les motifs classiques du metal, dont le groupe s’amuse visiblement, Satan Jokers reprend le thème du vaudou sur « Offrandes », en délivrant un morceau lourd qu’allège un break permettant à Stéphane Bonneau de délivrer un solo lumineux.

Avec le recul, Les Fils du metal est un superbe album, bien plus complexe que ce qu’il pouvait paraître et qui livre encore des secrets plus de 35 ans après et des centaines d’écoutes plus tard.

  • 1. Prélude
  • 2. Les Fils Du Métal
  • 3. Samouraï
  • 4. Tokyo Geisha
  • 5. Offrande
  • 6. Derrière Les Portes Closes
  • 7. En Partance Pour L’enfer
  • 8. Âge De Confusion
  • 9. Les Forces Maléfiques
  • 10. Le Fouet
  • 11. Quand Les Héros Se Meurent
  • Pierre Guiraud – Chant
  • Renaud Hantson – Batterie, chant
  • Stéphane Bonneau – Guitare
  • Laurent Bernat – Basse

Label : Vertigo

TANK – Power Of The Hunter (1982)

Un peu plus de six mois après son premier album, Tank publie Power Of The Hunter en octobre 1982 en espérant capitaliser sur la bonne réception du précédent. Malheureusement, au lieu de reprendre la même recette, le trio fait appel à Nigel Gray pour le produire. Si cet homme a fait le son de The Police ou de Siouxsie And The Banshees, il affadit et police (sic) le son de Tank. Ce constat est étonnant lorsqu’on sait qu’il vient d’offrir un énorme son à Girlschool pour l’album Screaming Blue Murder.

Il suffit d’écouter les premières mesures de « Walking Barefoot Over Glass » pour se rendre compte que le groupe déjanté de Filth Hounds Of Hades a disparu sous des oripeaux rock. La démesure n’est plus de mise, pas plus que la fraîcheur punk. Le son des guitares est plat, pas suffisamment distordu, et sonne comme de la pop. « Pure Hatred » se traîne alors qu’il aurait dû nous sauter au visage. « Biting And Scratching » qui est un bon titre boogie blues à la Aerosmith, avec son riff enjoué et ses paroles déclamées, finit par s’enliser. Pire, « Some Came Running » paraît anodin et sonne comme du remplissage. Le premier mauvais morceau de Tank, à croire que ce disque paraît trop tôt.

Ce qui est certain, c’est que Nigel Gray n’est pas parvenu à capter la folie du trio qui, sur l’instrumental « T.A.N.K. » essaie pourtant de réinventer le speed metal. Mais tout cela sonne si propre, si léché, si édulcoré, qu’il est difficile de reconnaître ceux qui ont créé « Shellshock ». Heureusement, l’espoir revient avec « Used Leather (Hanging Loose) », un mid-tempo qui renoue avec les titres du premier opus. Le refrain, destiné à être repris en chœur, claque comme un mélange de Kiss et de Motörhead. La reprise des Osmond Brothers, « Crazy Horses », entretient cette flamme en parvenant à conserver la folie de ce titre tout en accélérant le tempo.

S’inscrivant dans la lignée de cette reprise, à tel point qu’on pourrait croire ces chansons sœurs, « Set Your Back On Fire » propose un beau mélange boogie metal avec une touche presque funk dans le riff pour une des belles réussites de cet album. Arrive enfin « Red Skull Rock », le titre furieux punk-boogie que l’on attendait avec impatience. Pourtant, on ne peut s’empêcher de se dire que le son n’est pas suffisamment épais. Les arrangements, plus soignés que sur le disque précédent, ne parviennent pas à faire oublier ce manque de puissance indéniable dû à la production. Dommage, parce que « Red Skull Rock » est une chanson proche de Motörhead capable de retourner les foules.

L’album se clôt sur le morceau éponyme « Power Of The Hunter » qui se développe dans un bordel sonore mal contrôlé, que l’affadissement de la production rend brouillon alors qu’on aurait tout accepté avec un son moins léché. Je sais que c’est paradoxal, mais cela donne l’impression que le groupe n’est pas présent dans la même pièce que nous lorsqu’il joue.

Si le disque n’est pas mauvais, loin de là, il apparaît en fort recul par rapport au premier album. Pour preuve, « Filth Bitch Boogie » la Face B du single « Crazy Horses » aurait pu trouver la place sur cet album alors que ce n’est qu’un bon morceau.

  • 1. Walking Barefoot Over Glass
  • 2. Pure Hatred
  • 3. Biting And Scratching
  • 4. Some Came Running
  • 5. T.A.N.K.
  • 6. Used Leather (Hanging Loose)
  • 7. Crazy Horses
  • 8. Set Your Back On Fire
  • 9. Red Skull Rock
  • 10. Power Of The Hunter
  • Algy Ward : basse & chant
  • Peter Brabbs : guitares
  • Mark Brabbs : batterie

Producteur : Nigel Gray

Label : Kamaflage

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