CHASTAIN – Ruler of the Wasteland (1986)

Un an après Mystery Of Illusion, Chastain revient avec un album plus puissant, mieux produit et plus abouti. L’apport de Ken Mary à la batterie n’est sans doute pas étranger à cela, tant le musicien assure un socle impressionnant aux envolées lyriques du guitariste. Cela est évident sur l’excellent « One Day to Live » que le batteur éclabousse de toute sa classe. Sans faire injure à Fred Coury, il est évident que ce changement est profitable au groupe. Les autres musiciens sont au niveau d’ailleurs. Ainsi sur le pesant « The King Has the Power », c’est Mike Skimmehorn qui nous montre sa technique, formant de ce fait une paire impressionnante avec Ken Mary. Cela permet à David T. Chastain de partir dans des solos toujours aussi étonnants et variés.

Si le groupe œuvre toujours dans un metal puissant, certaines traces de mélodies apparaissent çà et là, ce qui n’était pas le cas sur le précédent opus. « Fighting to Stay Alive » s’appuie sur un beau refrain, tandis que les influences britanniques sont à nouveau présentes. Il en va de même sur le superbe « The Battle of Nevermore », plein de finesses et, aux solos bourrés de feeling. Avec « Angel of Mercy », le groupe parvient même à mettre en place des ambiances fantastiques, qu’accentuent les chœurs et l’introduction acoustique. David T. Chastain flirte même avec le néo-classique sur certaines parties de solos, avant de revenir à un metal plus épais. Sur le mid-tempo « Children of Eden », il insuffle un vent oriental, avant d’incorporer un narrateur en plein milieu du morceau. Etonnant et plutôt bien mené, même s’il est nécessaire de l’écouter plusieurs fois afin de tout saisir.

Evidemment, les morceaux rapides ne sont pas oubliés. « Living in a Dreamworld » et « There Will Be Justice » sont là pour nous apporter notre dose de folie contrôlée. Le premier est un pur hymne speed metal comme savent les composer les groupes américains, alors que le second est plus dans un esprit New Wave Of British Heavy Metal, avec des touches jazz fusion et néo-classiques mélangées. Autant dire que David T. Chastain s’amuse à parcourir de nombreux spectres musicaux.

Avec Ruler of the Wasteland, Chastain signe un album plus mature, mieux construit et mieux écrit. Pourtant, il marque la fin de la collaboration avec Shrapnel, car Chastain va créer son propre label afin de publier ses albums suivants.

  • 1. Ruler of the Wasteland
  • 2. One Day to Live
  • 3. The King Has the Power
  • 4. Fighting to Stay Alive
  • 5. Angel of Mercy
  • 6. There Will Be Justice
  • 7. The Battle of Nevermore
  • 8. Living in a Dreamworld
  • 9. Children of Eden

  • Leather Leone – chant
  • David T. Chastain – guitares
  • Mike Skimmerhorn – basse
  • Ken Mary – batterie

Producteurs : David Chastain, Steve Fontano

Labels : Shrapnel, Roadrunner

LOUDNESS – Hurricane Eyes (1987)

Toujours tourné vers le marché américain, Loudness enregistre son septième album studio sous la houlette d’Eddie Kramer, tandis que deux morceaux sont confiés à Andy Johns. Chanté en anglais par Minoru Niihara qui a fait quelques progrès dans cette langue, mais sans doute pas suffisamment aux yeux de certains responsables de leur label, il reçoit un accueil mitigé, même s’il entre dans le Bilboard pour y rester quatre semaines, ce qui est moins bien que les deux précédents. Il faut dire que « S.D.I. », son titre d’ouverture, n’a rien de très américain et sonne plutôt comme un hymne speed européen. Avec sa rythmique écrasante, son riff qui lamine tout sur son passage, il est étonnant de le voir arriver en premier. Il sera d’ailleurs repoussé à la fin sur la version japonaise.

La suite s’inscrit pourtant dans la droite ligne des productions américaines de l’époque, notamment avec le bon heavy rock « Rock ‘n’ Roll Gypsy » sur lequel Greg Giuffria vient poser des claviers, la ballade « In My Dreams », un peu mièvre ou le presque FM « Rock This Way » qui sont calibrés pour le marché américain. Même si le premier titre est excellent, on sent le groupe tout en retenue, ce qui est encore plus flagrant sur « Rock This Way » qui aurait pu être joué par Kick Axe ou Helix. Autant dire que cela manque de personnalité. Evidemment, les solos d’Akira rattrapent un peu cela, notamment sur « In This World Beyond », lui aussi destiné au marché américain, avec son refrain simpliste répété à l’envi.

Heureusement, il demeure quelques bons titres sur cet opus, comme l’excellent « Take Me Home », avec son rythme enlevé, son riff tournoyant et son refrain qui claque et permet de chanter avec le groupe. Les chœurs, soignés, apportent une touche supplémentaire à ce morceau heavy. La face B débute par « Strike Of The Sword », une petite bombe déchaînée qui jure avec le reste de l’album en déboulant sans retenue. Si ce morceau ne restera pas comme l’un des meilleurs du groupe, il prouve néanmoins que Loudness en garde sous la pédale, un peu trop d’ailleurs. Car les musiciens veulent jouer du heavy metal alors que leur maison de disques désire les voir envahir les ondes. L’épais « Hungry Hunter » en apporte une nouvelle preuve avec ses références presque sabbathiennes, son rythme lent et son refrain hurlé. A l’opposé, le magique « So Lonely » démontre que les Japonais sont capables de faire preuve de lyrisme en nous proposant une ballade imparable, éclairée par la guitare d’Akira.

Dernier disque « américain » avec Minoru Niihara, Hurricane Eyes est un bon album, mais en deçà de ce que le groupe a proposé jusqu’alors.

  • 1. S.D.I.
  • 2. This Lonely Heart
  • 3. Rock ‘n’ Roll Gypsy
  • 4. In My Dreams
  • 5. Take Me Home
  • 6. Strike Of The Sword
  • 7. Rock This Way
  • 8. In This World Beyond
  • 9. Hungry Hunter
  • 10. So Lonely
  • Minoru Niihara : Chant
  • Akira Takasaki : Guitares 
  • Masayoshi Yamashita : Basse 
  • Munetaka Higuchi : Batterie

Producteur : Eddie Kramer et Andy Johns

Label : Atco Music

CJSS – World Gone Mad (1986)

Alors que son groupe, Chastain sort son deuxième album Ruler of the Wasteland, David T. Chastain publie ce premier opus de CJSS au sein duquel on retrouve son complice Mike Skimmerhorn, ainsi que le chanteur David Jinkens et le batteur Les Sharp. Si la musique proposée est toujours ancrée dans le metal, ce dernier est adouci par des mélodies plus accrocheuses que dans son autre groupe et par le timbre beaucoup plus accessible de David Jinkens. La reprise du « Communication Breakdown » de Led Zeppelin, auquel il n’est pourtant pas aisé de s’attaquer, en apporte une magnifique preuve.

Malgré cela, CJSS s’avère être un groupe de heavy metal, capable de nous asséner des titres rapides et imparables comme « Hell On Earth » dominé par un riff tourbillonnant qui emporte tout sur son passage. Comme à son habitude, David T. Chastain nous délivre des solos fluides et techniques qui le placent parmi les meilleures guitaristes du genre. Cela se confirme sur le furieux « The Gates To Eternity » qui est traversé par des interventions lumineuses ou sur le magnifique « Purgatory – Living In Exile », dont les arrangements basse/batterie et les harmonies permettent de magnifier un titre complexe sur lequel le guitariste laisse libre cours à son inspiration. Chaque titre est ainsi ciselé, écrit avec soin et non pas improvisé comme c’est parfois le cas pour certains musiciens doués. Ici, chaque note semble choisie avec soin et, si l’on peut percevoir des influences de la New Wave Of British Heavy Metal, CJSS les mélange à son metal typiquement américain.

Ce constat est aisé à faire sur le méchant « No-Mans-Land », à la construction torturée et au refrain à chanter en chœur. Mike Skimmerhorn épaule son leader avec brio, tandis que les parties lourdes alternent avec des passages plus légers. C’est justement cette alternance entre titres pesants (l’excellent et toujours d’actualité « Word Gone Mad » ou l’écrasant « Welcome To Damnation ») et chansons plus aérées (la fausse ballade « Run To Another Day » qui se transforme en cavalcade à la Iron Maiden) qui définit le style de CJSS.

Contrairement à ses albums solos, David T. Chastain laisse de côté ses influences jazz rock et lorgne plus du côté du néo-classique (l’introduction de « No-Mans-Land ») ou carrément classique comme sur « Run To Another Day ». Cela donne un côté plus accessible à sa musique et aurait dû propulser le groupe vers les sommets. Car ce premier album est une véritable réussite qui, plus de trente ans après, possède toujours un son énorme et des compositions envoûtantes.

  • 1. Hell On Earth
  • 2. No-Mans-Land
  • 3. Communication Breakdown
  • 4. World Gone Mad
  • 5. Run To Another Day
  • 6. The Gates Of Eternity
  • 7. Destiny
  • 8. Welcome To Damnation
  • 9. Purgatory-Living In Exile
  • David T. Chastain – Guitares
  • Russell Jinkens – Chant
  • Mike Skimmerhorn – Basse
  • Les Sharp – Batterie

BLACK SABBATH – Paranoid (1970)

Sorti quelques mois après Black Sabbath, Paranoid pose définitivement les bases du heavy metal en évacuant presque toutes les influences psychédéliques qui couraient encore dans les tentures du premier opus. On en retrouve néanmoins sur certaines parties de « War Pigs », « Electric Funeral » ou encore « Planet Caravan », mais elles sont digérées et intégrées au creuset metal de l’ensemble afin de constituer un alliage unique. Alignant huit pépites, ce deuxième album ne souffre d’aucune faute de gout. Bénéficiant d’une excellente production pour l’époque, Paranoid frappe par son unité et sa direction artistique qui donne naissance à un nouveau style.

La bombe « War Pigs » cueille l’auditeur qui ne s’y attend pas, avec son introduction pesante, évoquant les jungles du Vietnam, avant que ce riff assassin ne vienne tendre l’atmosphère, soutenu par la voix hallucinée d’Ozzy. La machine est lancée. Aujourd’hui encore, on s’étonne de cette construction millimétrée qui tient du génie. Il en va de même pour le mythique « Paranoid », épais, méchant, quasiment dépourvu de refrain, mais qui emporte tout sur son passage. Le heavy metal dans toute sa splendeur, illuminé par ce solo distordu et inspiré. En moins de trois minutes la messe est dite et une composition majeure de la musique est livrée. Autre titre incontournable, l’écrasant « Iron Man » démontre que la section rythmique du quatuor est diablement efficace. Sur une construction assez simple, dans laquelle les mélodies de guitares et de voix sont calquées l’une sur l’autre, Black Sabbath parvient à nous proposer un morceau envoûtant qui s’accélère en son milieu pour laisser les instruments se livrer à une superbe démonstration bourrée de feeling. Dans un style assez proche, « Electric Funeral » évoque tout d’abord « Black Sabbath » par son ambiance angoissante, avant de se développer sur un rythme sautillant et de revenir aux riffs lourds des couplets.

Plus groovy, « Fairies Wear Boots » clôt les hostilités en nourrissant son heavy metal d’un rythme issu du blues rock et d’un solo plein de feeling. En effet, n’oublions pas que la musique de Black Sabbath n’explore pas qu’un unique chemin. Les musiciens possèdent des bases musicales variées. Ainsi, « Hand Of Doom » est une vraie alchimie entre les riffs lourds, le rythme lent et des ambiances planantes. Les influences issues du rock de la fin des années 1960 sont encore présentes et s’entendent aussi sur « Rat Salad », un instrumental qui permet à Bill Ward de nous proposer un court solo de batterie. Les nombreuses variations permettent à ce morceau de ne jamais être ennuyeux. Il en va de même pour « Planet Caravan », une chanson étonnante, qui emprunte son atmosphère et ses sonorités à la musique psychédélique, avec une fausse légèreté et des sonorités orientales. Etrange moment de calme au milieu du déferlement de riffs, elle est appréciée des fans et continue à faire parler d’elle, comme la totalité des morceaux de cet album mythique.

Cinquante ans après sa parution, Paranoid reste un des dix albums de metal à posséder et sans doute un des dix meilleurs albums de rock de tous les temps (mais c’est un jugement personnel). Si Black Sabbath avait creusé les fondations du genre, Paranoid en est la dalle sur laquelle repose le genre et ses nombreux dérivés comme le stoner ou le sludge. L’album a été réédité dans une version deluxe qui inclut des versions alternatives ou instrumentales des morceaux.

  • 1. War Pigs
  • 2. Paranoid
  • 3. Planet Caravan
  • 4. Iron Man
  • 5. Electric Funeral
  • 6. Hand Of Doom
  • 7. Rat Salad
  • 8. Fairies Wear Boots
  • Ozzy Osbourne – Chant, harmonica sur « The Wizard »
  • Tony Iommi – Guitares
  • Geezer Butler – Basse
  • Bill Ward – Batterie

Label : Vertigo

ADX – Exécution (1985)

Formé dans l’Oise en 1981 par Didier Bouchard et Hervé Tasson, ADX œuvre dans un speed metal mélodique, fortement teinté de heavy metal. Après l’arrivée en 1982 de Pascal Collobert et Frédéric Deuchilly, puis de Philippe Grelaud, la formation prend réellement son envol. Pourtant, elle n’enregistre sa première démo « Le Fléau de Dieu » qu’en 1984. Composée de « Déesse du crime », « L’étranger », « Le fléau de Dieu » et « Caligula », elle annonce déjà le premier album. Mais, déçu par le son, le groupe décide de repartir en studio pour donner naissance à une vraie démo sur laquelle on retrouve alors une « Introduction », ainsi que l’instrumental « Exécution ». Cette cassette lui permet de se faire remarquer des fans ainsi que de la presse spécialisée et le conduit à signer pour Devil’s Records.

Malgré un son qui manque un peu d’épaisseur, mais qui se montre supérieur à bien des productions de ce label français, Exécution marque immédiatement les esprits. Il faut avouer que l’ouverture « Déesse du crime » emporte tous les suffrages, grâce à une énergie débordante, des riffs ultra rapides, un chant habité et une fraîcheur communicative. Passionné d’histoire, le groupe puise ses thèmes dans les grands personnages en évoquant Attila dans le furieux « Le fléau de Dieu » sur lequel les guitares sont énormes et la section rythmique écrasante ou « Caligula » pour un final dantesque, porté par la voix aigüe de Phil et les duels de guitares de Marquis et Betov. Plus mélodique, et s’inspirant du mythe fantastique, « Vampire » propose une construction plus complexe, ainsi que des envolées de guitares qui tranchent avec les autres groupes du même genre. Car ADX n’est pas une formation comme les autres. En effet, contrairement à la vague allemande, il explore différents horizons.

Ainsi, « L’étranger » est un mid tempo groovy qui donne envie de secouer la tête. Son heavy metal carré s’accélère dans la deuxième partie du morceau en se rapprochant de ce que pouvaient proposer Sortilège ou Blasphème à la même époque. Dans une ambiance plus noire encore « Prière de Satan » est un titre mélodique qui fait la part belle aux harmonies et à la basse. Contrairement à « L’étrange », il ralentit en son milieu pour mieux nous surprendre. C’est également la basse qui se taille la part du lion sur « Prisonnier de la nuit », grâce à un jeu riche et efficace. En s’appuyant dessus, la cavalcade des riffs entraîne l’auditeur dans sa course.

Si ce premier album n’est pas exempt de maladresses, notamment sur l’instrumental « Exécution », un peu décousu, il n’en demeure pas moins indispensable et va conduire ADX à devenir une des pierres angulaires du metal français.

  • 1. Déesse du crime
  • 2. Prisonnier de la nuit
  • 3. L’étranger
  • 4. Exécution (Instrumental)
  • 5. Le fléau de Dieu
  • 6. Prière de Satan
  • 7. Vampire
  • 8. Caligula
  • Philippe « Phil » Grelaud – Chant
  • Hervé « Marquis » Tasson – Guitare
  • Pascal « Betov » Collobert – Guitare
  • Frédéric « Deuch » Deuchilly – Basse
  • Didier « Dog » Bouchard – Batterie

Label : Devil’s Records

Y & T – Earthshaker (1981)

Troisième album des Américains de Y&T, et le premier sous ce patronyme qui est la contraction de Yesterday And Today, Earthshaker est aussi le premier pour A&M records. Proposant un hard rock puissant et mélodique, le quatuor se démarque immédiatement de la concurrence par un sens inné de la mélodie et du riff, un mélange détonnant qui fait de cet album un incontournable de son époque. Servi par une production pleine de dynamisme qui, aujourd’hui encore donne tout son potentiel, cet opus entre de plein fouet dans les années 1980 en se démarquant du son et des ambiances de la décennie précédente. Ainsi, les titres puissants sont plus concis, les riffs plus incisifs et les guitares, omniprésentes, soutiennent un chant habité, sans pour autant oublier d’y inclure un réel feeling.

Dès « Hungry for Rock », un mid-tempo destiné à secouer la tête en cadence, Y&T marque les esprits. Les riffs claquent, le chant de David Meniketti oscille entre envoutement et puissance, avec ce tremolo caractéristique qui en fait tout le charme. Les solos ne sont pas en reste, et c’est d’ailleurs une des forces de cet album, comme on peut le constater sur le furieux « Shake It Loose », un rock réactualisé, qui déboule avec ardeur pour mieux entraîner l’auditeur dans une gigue folle. Le rythme saccadé qui épouse les paroles est une vraie réussite. Plus rapide encore, le superbe « Squeeze » évoque Ted Nugent, avec ses riffs énormes, ce chant déjanté et la puissance qui se dégage de l’ensemble. On comprend alors que Y&T n’invente sans doute rien, mais sait parfaitement faire progresser le hard rock en puisant dans ses racines. Ce constat est évident sur l’excellent « Knock You Out » qui revisite le hard rock des années 1970 pour l’adapter à son époque, en alliant mélodies, rythme endiablé et énergie.

Véritable petite bombe, « Hurricane » met tout le monde d’accord, grâce à une construction intelligente, des couplets qui montent en puissance jusqu’à un refrain pas aussi simple qu’il n’y paraît. Une fois encore, les guitares sont impeccables et nous emportent, tandis que Leonard Haze soutient l’ensemble. Avec « Young and Tough », le groupe dresse un pont entre le hard rock et le hard FM, en construisant un titre autour d’un refrain mélodique qu’il adosse à des riffs entraînants. Sans doute moins remarquable, car plus simple que les autres morceaux, « Let Me Go » est pourtant un beau titre, gorgé de mélodies, aussi bien vocales qu’instrumentales.

Y&T sait également jouer la carte de la finesse, comme sur « Dirty Girl », une chanson pleine de nuances, qui débute lentement pour mieux nous conduire au refrain, grâce à une montée en puissance et des riffs bourrés de groove. Se basant sur une construction semblable, « Rescue Me » débute par une partie lente, avant d’accélérer le tempo jusqu’au refrain plein d’émotion. Une des pierres angulaires de cet album et de la carrière du groupe. L’album se clôt sur la magnifique ballade « I Believe in You » qui s’étire sur plus de sept minutes sans jamais lasser l’auditeur. Symbole d’une époque où les groupes de hard rock composaient les plus beaux slows, elle offre des moments d’intimité qui équilibrent parfaitement l’énergie dépensée sur cet opus.

Considéré comme un chef d’œuvre, cet album n’a pas pris une ride et s’écoute toujours avec bonheur.

  • 1. Hungry for Rock
  • 2. Dirty Girl
  • 3. Shake It Loose
  • 4. Squeeze
  • 5. Rescue Me
  • 6. Young and Tough
  • 7. Hurricane
  • 8. Let Me Go
  • 9. Knock You Out
  • 10. I Believe in You
  • Dave Meniketti : Guitars, chant (sauf 4)
  • Joey Alves : Guitares, chœurs
  • Phil Kennemore : Basse, chœurs, chant (sur 4)
  • Leonard Haze : Batterie, chœurs

Label : A&M records

AC/DC – Flick Of The Switch (1983)

Sorti à une époque où il est de bon ton de descendre AC/DC pour mieux mettre en avant les nouveaux groupes, Flick Of The Switch ne reçoit pas de bonnes critiques et reste, de nos jours, souvent décriés par beaucoup. Pourtant, à son écoute, il est évident qu’il possède d’excellents titres et que son côté « brut de décoffrage » est une vraie réussite. Arrivant après les gros succès de l’époque Brian Johnson que sont Back in Black et For Those About To Rock, cet album est aussi enregistré dans une période difficile pour le groupe. En effet, Phil Rudd et Macolm Young entrent en conflits ce qui conduit à l’éviction du second, en partie remplacé par B.J. Wilson (Procol Harum). Meme si, officiellement, les parties de batterie de ce dernier n’ont pas été utilisées, certains doutes persistent. Cela conduit certains fans à s’éloigner d’AC/DC pour se tourner vers la nouvelle vague.

L’album débute par « Rising Power », un mid-tempo bourré de groove qui donne envie de secouer la tête en cadence et de taper du pied. Rythmé, binaire, et tout à fait dans l’esprit des premiers morceaux du groupe, ce titre est une bonne surprise, sans sortir de la norme. Plus complexe, « This House Is On Fire » renvoie au meilleur du groupe, avec ce riff caractéristique, ces sonorités héritées du blues et ce refrain simple et efficace. Le solo d’Angus est sans doute trop simple, tout en s’inscrivant dans l’esprit. Sur un rythme en douze mesures, « Flick Of The Switch » est un boogie chaud et entraînant qui est sorti en single. Dominé par son riff et son solo, il voit aussi Brian Johnson livrer une belle prestation avec sa voix éraillée si caractéristique. Excellent blues rock lent, « Nervous Shakedown » s’appuie sur un refrain mélodique appuyé par des chœurs typiques d’AC/DC. On y retrouve l’enthousiasme des débuts, sans aucune recherche mercantile. Le quintet se fait plaisir et donne envie aux fans de chanter à tue-tête. Moins connu, « Landslide » est un boogie furieux, teinté de hard rock, qui aurait dû avoir le même parcours que « Rocker ». Le riff est superbe, le chant est déjanté et les changements de rythmes judicieux. Une des chansons d’AC/DC injustement sous cotée, surtout qu’Angus Young se prend pour Ted Nugent sur ses interventions.

La seconde face débute par le single « Guns For Hire », sans doute le morceau le plus connu de cet album. Construit sur une base classique pour les Australiens, il évoque les titres de Highway To Hell, en s’appuyant sur un riff carré, un refrain soutenu par des chœurs hurlés et un solo de grande tenue. Véritable hymne à hurler en concert, il a malheureusement disparu des listings du groupe avant d’être en partie réhabilité sur la BO Iron Man 2. Plus dispensable, parce que répétitif, « Deep In The Hole » est un morceau lent au riff déjà entendu qui pêche par son manque de puissance et d’énergie. Ce n’est pas le cas de « Bedlam In Belgium », qui donne envie de taper du pied, avec sa construction aboutie, ses riffs bourrés de groove. Apprécié par les tribute bands, ce titre est une belle réussite, grâce aussi à son refrain et à ses lignes de chant. Comme beaucoup d’autres morceaux de cet album, « Badlands » est assez méconnu et mérite une réhabilitation. Hérité des blues rock de Chuck Berry, il est construit sur un riff classique, assez lent, qui permet au refrain de donner toute sa puissance. Plus enjoué, « Brain Shake » propose un riff original sur un rythme rapide, qu’un refrain trop simpliste dessert un peu, ce qui est bien dommage. Néanmoins, on se laisse aisément emporté par son groove et charmé par son riff.

Si Flick Of The Switch n’est pas le meilleur album du groupe, il est loin d’être la catastrophe évoquée par nombre de magazines de l’époque. Plusieurs de ses morceaux méritent une nouvelle écoute et pourraient réintégrer la set-list d’AC/DC en concert, si celui-ci était prêt à prendre un peu de risques.

  • 1. Rising Power
  • 2. This House Is On Fire
  • 3. Flick Of The Switch
  • 4. Nervous Shakedown
  • 5. Landslide
  • 6. Guns For Hire
  • 7. Deep In The Hole
  • 8. Bedlam In Belgium
  • 9. Badlands
  • 10. Brain Shake
  • Brian Johnson – Chant
  • Angus Young – Guitares
  • Malcolm Young – Guitares
  • Cliff Williams – Basse
  • Phil Rudd – Batterie
  • B.J. Wilson – Batterie

Label : Atlantic records

HELIX – Walkin’ The Razor’s Edge (1984)

Quatrième album des Canadiens d’Helix, Walkin’ The Razor’s Edge marque une réelle percée du groupe dans les charts. Proposant une musique calibrée pour les médias de l’époque, et notamment pour MTV, cet album contient deux reprises « Gimme Gimme Good Lovin’ » du groupe de pop Crazy Elephant et « (Make Me Do) Anything You Want » d’A Foot In Coldwater, ainsi que « Rock You », un morceau signé Bob Halligan Jr qui a déjà écrit à l’époque pour Judas Priest ou Kix (et qui le fera pour Kiss, Blue Öyster Cult ou Bonfire). En dix titres, Helix nous invite dans un univers coloré, chaud, enthousiasmant et entraînant. Chacunrésume parfaitement l’insouciance de cette époque, avec des paroles simples, évoquant le rock, les filles et la fête.

La partie commence avec « Rock You », une chanson de big rock capable de faire se soulever un stade avec son refrain fédérateur, ses chœurs énormes et cette introduction typiquement américaine à la manière des cheerleaders qui épellent les lettres de leur équipe. Suivent plusieurs titres irrésistibles, comme le groovy « Animal House », au riff sautillant hérité du boogie et au refrain à chanter à tue-tête. Plus rapide, « When The Hammer Falls » mêle un riff très australien à un refrain glam qui emportent tout sur leur passage. Les influences glam sont également présentes sur « Six Strings, Nine Lives » qui est portée par la voix éraillée de Brian Vollmer. Dans un registre plus hard rock « You Keep Me Rockin’ » renvoie plutôt à Def Leppard, aussi bien dans ses riffs que son refrain.

La palette des Canadiens est donc assez variée, le glam enlevé de « Young & Wreckless » côtoie le big rock lent de « My Kind Of Rock ». Pourtant, on reconnaît immédiatement le groupe grâce à une production très dynamique, des effets sur les chœurs, des guitares saturées mixées un peu en retrait de la voix et des arrangements assez fins. Dans ces conditions, « Feel The Fire », bien qu’assez convenue, permet de passer un bon moment, tandis que « Gimme Gimme Good Lovin’ » devient un véritable hymne boogie-rock, certes, un peu répétitif à la fin, mais qui marque les esprits. Deux clips seront tournés pour cette chanson, dont un interdit aux mineurs. La ballade « (Make Me Do) Anything You Want » offre une plage plus calme au milieu de ce déferlement, avec ses instruments acoustiques et son solo plein de finesse.

Walkin’ The Razor’s Edge est un superbe album de hard rock, avec des touches de FM et de glam. Représentatif d’une époque enjouée qu’il rappelle avec nostalgie, il s’écoute toujours avec plaisir.

  • 1. Rock You
  • 2. Young & Wreckless
  • 3. Animal House
  • 4. Feel The Fire
  • 5. When The Hammer Falls
  • 6. Gimme Gimme Good Lovin’
  • 7. My Kind Of Rock
  • 8. (Make Me Do) Anything You Want
  • 9. Six Strings, Nine Lives
  • 10. You Keep Me Rockin’
  • Brian Vollmer – Chant
  • Brent « The Doctor » Doerner – Guitares, chœurs
  • Paul Hackman – Guitares, chœurs
  • Daryl Gray – Basse, chœurs
  • Greg « Fritz » Hinz – Batterie

Label : Capitol Records

PANZER – Al Pie Del Cañón (1982)

Premier album des Espagnols de Panzer, Al Pie Del Cañón propose une sympathique carte de visite influencée par le hard rock des années 70, comme le montrent les claviers de José Segura qui seront remplacés par une seconde guitare dès l’album suivant. L’ombre d’Uriah Heep plane sur des morceaux tels que l’hymne « El Rock Es Tu Guerra » qui ouvre le bal de belle manière ou le rock « Tú Te Rebelarás » qui emporte tout sur son passage. L’équilibre guitare/orgue est intéressant, même si l’ensemble sonne un peu daté pour l’époque, en raison notamment des claquements de mains au milieu ou de la montée en puissance de la fin. Avec « Gedeón », le groupe lorgne sur les groupes hard rock américains, avec un côté FM plutôt bien senti et un refrain assez simple à chanter à tue-tête.

Changement d’ambiance avec « Los Grilletes De La Represión » qui annonce l’album suivant en offrant un heavy metal racé, basé sur une cavalcade qui voit les claviers et la guitare soutenir ensemble le rythme. Un beau titre, assez original, par son mélange des genres. Il en va de même pour l’étonnant « Al Pie Del Cañón » qui semble vouloir marier Black Sabbath et Deep Purple à la New Wave Of British Heavy Metal pour un rendu complexe, haut en couleur et pour le moins inhabituel.

Suit « Panzer », sans doute l’un des premiers titres écrits par le groupe, ce qui se ressent malheureusement tant ce pseudo hymne est plat, pauvre et finalement vite oublié. Il est à noter que le groupe l’a toujours joué en concert, mais en accélérant le rythme et en modifiant quelques passages pour le moderniser. « Solitario », qui suit, est assez amusant, avec une construction plus rock/pop que metal, renouant avec les influences des années 70. On passe ensuite à « Buenas Noches Míster Rock », sur un rythme quasi identique, mais avec une ambiance plus bluesy. En grande partie instrumental, ce morceau permet de longs duels guitare/claviers par toujours réussis.

Les deux derniers tirs oscillent entre hard rock rapide « Rata De Alquitrán » à la mode Deep Purple, inondé par des nappes de claviers peu inspirées qui gâchent l’ensemble et metal : « Perro Viejo », ce qui permet de mieux comprendre les changements qui vont intervenir l’année suivante. Car sur cet album, il ne fait aucun doute que Panzer se cherchait. Quelques chansons sortent du lot, mais certaines s’oublient assez vite. Il n’en demeure pas moins que ce premier opus est symptomatique d’une époque.

  • 1.El Rock Es Tu Guerra
  • 2. Tú Te Rebelarás
  • 3. Gedeón
  • 4. Los Grilletes De La Represión
  • 5. Al Pie Del Cañón
  • 6. Panzer
  • 7. Solitario
  • 8. Buenas Noches Míster Rock
  • 9. Rata De Alquitrán
  • 10. Perro Viejo
  • Juan Leal – Guitares   
  • Carlos Pina – Chant 
  • Fernando Díaz-Valdés – Basse 
  • José Segura – Claviers 
  • Rafael Ramos – Batterie 

LOUDNESS – Early Singles (1989)

Le fonctionnement du marché du disque japonais est très différent du nôtre. Tous les artistes sortent des singles ou des EP et ce, depuis des décennies, conduisant souvent ces morceaux à ne pas paraître sur album. Le fan européen, désespéré, doit fouiller Internet pour faire venir à prix d’or ces deux titres ou s’arracher les cheveux de ne pas les posséder. Dans les années 1980, Loudness n’échappait pas à la règle. Quelle n’était pas la surprise du non-initié de découvrir alors des inédits sur ses albums live en se demandant d’où ils pouvaient sortir. C’est notamment le cas pour « Road Racer » ou « Burning Love » apparus sur Live Loud Alive Loudness in Tokyo. Avec cette compilation Early Singles, il est donc enfin possible d’avoir accès à ces titres en version studio.

Le voyage débute par le rapide « Burning Love » sorti en 1982 entre les deux premiers albums. Ce rock énervé au refrain à hurler en concert, voit Akira Takasaki sortir un riff plein de pêche, avant un refrain d’une grande technicité. Issu du même single, « Bad News » est un mid-tempo mélodique qui met un peu de temps à entrer dans la tête, mais qui se révèle une surprise teintée de hard rock des années 1970 un peu à la manière du groupe japonais Bow Wow avec ses apports dissonants issus du jazz rock.

Viennent ensuite les excellents « Geraldine », sans doute l’un des meilleurs singles du groupe avec son refrain soigné et enlevé qui nous entraîne sur un terrain très américain et « In the Mirror », une petite pépite qui prend toute sa saveur en concert. Sorti en 1983, comme le single suivant, ce 45 tours est une vraie merveille qui montre toutes les facettes d’un groupe en pleine explosion après le superbe album The Law Of Devil’s Land qui a vu sa musique évoluer vers un metal moins sombre. Le second morceau est d’ailleurs issu de cet opus. Avec « Roadracer » on perçoit davantage encore cette évolution qui va conduire à Disillusion. Sur un rythme de cavalcade, le groupe construit une pièce épique de grande valeur au refrain original magnifié par le chant de Minoru Niihara. « Shinkiro » est un autre titre rapide, au son plus heavy qui renvoie aux premiers albums, mais que le refrain mélodique qui suit la guitare éclaire avec brio.

« Crazy Night » et « No Way Out », issus de l’album Thunder in the East (1984) sont deux excellents titres, mais absolument pas inédits pour le fan européen. Avec un mid-tempo lourd qui donne envie de secouer la tête en cadence, « Crazy Night » s’attaque aux marchés occidentaux. Plus torturé, « No Way Out » nous montre tout le talent d’Akira qui se livre à un solo magnifique, tandis que le refrain jazz rock peu surprendre.

« Gotta Fight » sorti en 1985, propose une chanson enjouée, agréable, extraite d’un trois titres dont font partie les deux morceaux suivants. « Odin », une power ballade typée années 1980, avec quelques touches 1970, assez anecdotique pour nous, mais qui doit plaire aux Japonais et l’instrumental « Flash Out » qui prouve une nouvelle fois quel extraordinaire guitariste est Akira Takasaki.

L’album est paru en CD et a même été inclus dans une box. A se procurer pour tout fan de Loudness.

  • 1. Burning Love 
  • 2. Bad News 
  • 3. Geraldine 
  • 4. In the Mirror 
  • 5. Roadracer 
  • 6. 蜃気楼 (Shinkiro)
  • 7. Crazy Night 
  • 8. No Way Out
  • 9. Gotta Fight 
  • 10. Odin 
  • 11. Flash Out
  • Minoru Niihara – Chant
  • Akira Takasaki – Guitares
  • Masayoshi Yamashita – Basse
  • Munetaka Higuchi – Batterie

Label : Nippon Columbia

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