ANCIENT EMPIRE -Wings Of The Fallen (2019)

Avec une étonnante régularité de nos jours, Ancient Empire publie sont cinquième album en cinq ans, et tout juste un an après l’excellent Eternal Soldier. L’évolution perçue sur celui-ci se confirme d’ailleurs sur Wings Of The Fallen qui propose aussi bien des titres rapides comme sur les premiers albums que des morceaux plus progressifs. Attention, je ne dis pas que le groupe s’est assagi, la musique des Américains a juste mûri en s’appuyant sur ses points forts, notamment sa capacité à proposer de vrais récits et à composer des hymnes épiques. Ainsi, dans la même chanson, il nous offre une base puissante que viennent agrémenter plusieurs changements de rythmes et de riffs. On touche alors au remarquable avec des compositions telles que « On The Horizon » ou « Wings Of The Fallen », deux véritables hymnes contenant la quintessence du heavy metal, à la croisée de ce que peuvent nous offrir Iron Maiden, Blind Guardian et Iced Earth, la patte d’Ancient Empire en sus.

Ancient Empire a donc encore progressé, ajoutant de nouvelles ambiances à celles déjà entrevues par le passé. Si Eternal Soldier avait franchi les limites du metal progressif, Wings Of The Fallen réalise la synthèse entre le début de carrière des Américains et ses plus récentes expérimentations. Son heavy metal épique s’en trouve ragaillardi, comme sur « The Ghosts Remain » qui s’appuie sur un riff écrasant et sautillant, pour mieux alléger le propos grâce à des harmonies de guitares.  Il en va de même sur « Born In Fire », dont le refrain évoque la New Wave Of British Heavy Metal, tandis qu’une partie de la construction s’inscrit dans la lignée du metal américain. Les surprises sont donc nombreuses, même pour les fans qui connaissent la discographie d’Ancient Empire. L’instrumental « A Seraphs Requiem » présente ainsi le côté lyrique du groupe, tandis que « The Last Survivor » développe une narration pleine de nuances et de subtilité.

Le titre « A New Dawn » ne s’applique donc pas uniquement aux personnages de l’univers créé par Rich Pelletier, mais aussi au groupe lui-même qui paraît prendre un nouveau départ, auréolé des certitudes artistiques apportées par son précédent album. Pour la première fois depuis ses débuts, le groupe parvient d’ailleurs à effacer la plupart de ses influences. Le chant de Joe Liszt se fait plus personnel et souvent moins présent. Grâce à cela, les instruments prennent davantage d’importance, sans pour autant oublier les mélodies vocales. Il semblerait donc qu’Ancient Empire ait trouvé son point d’équilibre. Malgré cela, les Américains demeurent quasiment inconnus dans nos contrées, alors qu’un titre tel que l’excellent « Edge Of The Abyss » possède toutes les qualités requises pour intéresser les fans de heavy metal.

Une nouvelle fois, Ancient Empire accouche d’un superbe opus qu’il serait injuste de laisser dans l’ombre.

  • 1. A New Dawn
  • 2. Born In Fire
  • 3. Wings Of The Fallen
  • 4. On The Horizon
  • 5. A Seraphs Requiem
  • 6. The Last Survivor
  • 7. The Ghosts Remain
  • 8. Edge Of The Abyss
  • Rich Pelletier : Paroles
  • Steve Pelletier : Batterie 
  • Joe Liszt : Chant, Guitares, Basse, Paroles 

Labels : Stormspell Records

ANCIENT EMPIRE – Eternal Soldier (2018)

Ce quatrième album des Américains d’Ancient Empire sort un an après The Tower et reprend les choses là où le groupe les avaient laissées. Autant dire que le metal épique entendu sur les trois précédents opus est toujours présent, mais avec de subtils changements qui font de cet album une franche réussite. Les compositions explorent des chemins narratifs voisins de ce que les Américains nous ont déjà proposé, tout en ouvrant de nouveaux sentiers détournés. L’auditeur n’est donc pas surpris de retrouver ce heavy metal racé, dans la lignée de Virgin Steele, Pharaoh ou Jag Panzer, auquel les musiciens ont apporté de délicats aménagements qui tirent leur musique vers le progressif. Le propos est plus lumineux que sur The Tower et la construction des morceaux un peu plus complexe, avec de nombreuses harmonies de guitares, des refrains enjouées et les habituels changements de rythmes qui caractérisent cette formation.

Développant une nouvelle fois des thématiques guerrières qui semblent être le prologue du deuxième album Other World sorti en 2016, Eternal Soldier nous entraîne dans un univers riche et cohérent, ce qui est rare de nos jours. Le récit débute donc par « Eternal Soldier » le titre éponyme, tout en nuances, qui fait la part belle aux guitares et aux mélodies vocales. L’ombre d’Iced Earth, une nouvelle fois, n’est pas loin, même si Ancient Empire s’en détache grâce à des arrangements subtils. Plus calme que ce que le groupe nous livre d’habitude, « Eternal Soldier » évoque parfois les chansons les plus progressives d’Iron Maiden. Le tempo s’accélère avec « War Without End » au riff irrésistible, sur lequel vient s’appuyer la voix déclamative de Joe Liszt qui raconte cette guerre sans fin. Cette belle réussite s’appuie sur un refrain épique. Moins évident, et très progressif, « For The One I Lost » peut mettre du temps à être apprivoisé. Sorte de pause mélancolique avant les déferlements qui vont suivre, ce morceau permet de mettre en valeur le mid-tempo « Shadow From The Past », dominé par une basse énorme et des harmonies de guitares du plus bel effet.

La seconde partie de l’album débute par la cavalcade « Time Itself », assez classique, et qui rattache cet album à Other World. La voix de Joe Liszt se fait plus agressive, même sur le refrain enlevé. Une belle pièce de la discographie d’Ancient Empire. Après ce heavy rapide, « Upon This Withered Earth » apparaît comme une ode progressive à la construction habile qui nous prouve que le heavy metal peut aussi se montrer intelligent. Chaque note est calculée afin de bâtir une pièce qui nous transporte à la manière d’un film ou d’un roman. Ancient Empire lorgne alors sur les terres de Blind Guardian ou de Demons & Wizards avec bonheur. C’est encore plus flagrant sur le superbe « I, Alone », dont les parties vocales sont soignées afin de calquer le mieux possible les délicates lignes de guitares. L’album s’achève sur le furieux « The Fifth Column », le titre le plus puissant de cet opus, et qui permet aux fans de retrouver la part la plus directe du groupe.

Sans doute moins accessible que les trois précédents disques des Américains, Eternal Soldier est sans doute leur œuvre la plus aboutie et la plus personnelle. Elle prouve, en tout cas, l’indéniable talent de ce groupe unique et confirme que l’underground sait se montrer riche et inventif.

  • 1. Eternal Soldier
  • 2. War Without End
  • 3. For The One I Lost
  • 4. Shadow From The Past
  • 5. Time Itself
  • 6. Upon This Withered Earth
  • 7. I, Alone
  • 8. The Fifth Column
  • Rich Pelletier : Paroles
  • Steve Pelletier : Batterie 
  • Joe Liszt : Chant, Guitares, Basse, Paroles 

Labels : Stormspell Records, Underground Power Records

Ancient Empire – The Tower (2017)

Un an après Other World, Ancient Empire poursuit son œuvre en nous offrant un nouvel album de power metal, enlevé, mélodique et puissant, qui fait la part belle aux envolées lyriques, sans pour autant délaisser les compositions mid-tempo capables de nous donner envie de secouer la tête en cadence. L’amateur de heavy metal sincère sait qu’il peut compter sur le groupe pour ne pas le décevoir. En effet, Ancient Empire varie assez peu ses motifs, même si The Tower est un peu plus sombre que le précédent opus.

Démarrant par « The Tower », une ode rapide et énergique qui nous met immédiatement dans l’ambiance, ce nouvel album ne déçoit pas. Les guitares sont toujours omniprésentes, tissant des riffs soignés auxquels on ne peut rien reprocher. Assez proche d’Iced Earth, ce morceau montre une facette assez noire qui se poursuit sur « Endless Curse », un beau mid-tempo dont le refrain, chanté à plusieurs voix, donne envie de se joindre à la fête. Un des meilleurs titres écrits par le groupe. Il n’en va pas de même avec « In the Land of the Damned », une longue pièce déclamée et un peu moins brillante qui se développe sur un tempo très lent et qui tranche avec le rapide et rythmé « View From Up Here » auquel il est enchaîné. Le contraste entre ces trois premiers morceaux de grande qualité et ce quatrième plutôt anodin accentue la déception, même si certains passages plus rapides lui donnent du relief.

L’ambiance change avec « The Battle of Stirling Bridge » qui narre une bataille importante de la guerre d’indépendance de l’Ecosse en 1297. Menée tambour battant, cette chanson débute par une cavalcade, avant de laisser place à de belles plages de guitares. On retrouve le meilleur d’Ancient Empire, aussi bien dans la construction que dans les paroles. « Darker Side Of Midnight » poursuit dans une veine semblable, en nous proposant une nouvelle cavalcade jouissive qui conduit à un refrain de qualité à la manière de ce que pouvait faire W.A.S.P. La suite de l’album est d’ailleurs de ce même acabit. « Yesterday’s Hero » explore des thèmes du speed metal sur un rythme soutenu, alors que « Dawn of Forever » module un peu les ambiances, grâce à de longues plages instrumentales mélodiques et un superbe refrain.

L’album se clôt sur le spectaculaire « The Last Sunset », une longue pièce quasiment cinématographique qui évoque avec brio une nouvelle scène de bataille, à grands coups de riffs martiaux, de cavalcades et de refrains à reprendre en chœur.

Une nouvelle fois, Ancient Empire nous livre un superbe album de heavy metal racé, qui fait la part belle aux guitares et aux mélodies, avec un réel souci d’écriture.

  • 1. The Tower 
  • 2. Endless Curse 
  • 3. View From Up Here 
  • 4. In the Land of the Damned 
  • 5. The Battle of Stirling Bridge 
  • 6. Darker Side of Midnight 
  • 7. Yesterday’s Hero 
  • 8. Dawn of Forever 
  • 9. The Last Sunset 
  • Rich Pelletier : Paroles
  • Steve Pelletier : Batterie 
  • Joe Liszt : Chant, Guitares, Basse, Paroles 

Ancient Empire – Other Wolrds (2016)

Deux ans après leur premier album, Ancient Empire revient avec une deuxième offrande toujours aussi jouissive pour les amateurs de heavy metal traditionnel. On démarre donc avec la cavalcade « Fight Another Day », qui nous entraîne dans des motifs de speed metal, avant de ralentir le rythme pour mieux nous surprendre. C’est intelligent, efficace, porté par des guitares inspirées et un chant en place. On sent que Joe Liszt y met tout son cœur, nous proposant des morceaux qui, sans être novateurs, sont finement ciselés, nous entraînant dans leur ronde mélodique. C’est le cas du très beau « Dark Before the Dawn » qui laisse une place importante à la section rythmique sur laquelle viennent s’appuyer des harmonies et des solos que l’on sent écrits avec soin.

Alors que les deux premiers morceaux étaient plutôt lumineux, « Embrace the Horror », plus sombre, rappelle Iced Earth, jusque dans son chant déclamé et ses influences power metal. Ancient Empire nous y montre une maîtrise étonnante de la construction narrative qui alterne temps forts et temps plus faibles. Cela se confirme sur le nuancé « Resistance », plus lent et mélodique, qui crée un vrai contraste avec le titre précédent. Le groupe est d’ailleurs passé maître dans l’art d’alterner les ambiances et les rythmes afin de ne jamais lasser l’auditeur. Ainsi « The Forsaken » passe d’un mid-tempo binaire et pesant à des accélérations salvatrices pour mieux faire passer son message.

Chaque titre est donc un petit bijou taillé avec soin pour mettre en valeur les thèmes abordés et les motifs développés. « Empire of Man » se décline ainsi sur plus de sept minutes de riffs proches de ceux de Judas Priest, tandis que « Shadow of War » se révèle être une pièce pleine de nuances qui fait la part belle aux guitares, aussi bien pour son riff qui donne envie de secouer la tête que pour ses solos bourrés de feeling.

En deux albums, Ancient Empire s’installe comme un grand du heavy metal traditionnel, alors qu’il est quasiment inconnu dans nos contrées et qu’il reste cantonné à l’underground. Les mystères du business musical.

  • 1. Fight Another Day 
  • 2. Dark Before the Dawn 
  • 3. Embrace the Horror 
  • 4. Resistance 
  • 5. Other World 
  • 6. Shadows of War 
  • 7. The Forsaken 
  • 8. Empire of Man 
  • Rich Pelletier : Paroles
  • Steve Pelletier : Batterie 
  • Joe Liszt : Chant, Guitares, Basse, Paroles 

Ancient Empire – When Empire Falls (2014)

Ancient Empire nous vient de San Francisco où il a vu le jour en 2012 sous la forme d’un duo auquel se greffe un parolier, autant dire que nous avons affaire à une formation un peu particulière. Œuvrant dans un heavy metal classique, dominé par des envolées lyriques et des cavalcades, Ancient Empire nous entraîne dans un univers guerrier particulièrement savoureux qui fait référence à l’histoire (Iwo Jima pour « Ghost Soldiers ») et qui démarre sur l’excellent « Wings of Steel », un speed metal rythmé, qui s’inscrit dans la lignée du metal américain (Jag Panzer, Wild Dogs, Holy Mother ou encore Pharaoh), mais qui renvoie surtout aux excellents Iced Earth avec lesquels il possède de nombreux points communs. Autant dire que ce heavy solide, aux riffs efficaces, emporte tout sur son passage. Il suffit d’écouter le furieux « Shadow of the Cross » au refrain fédérateur ou encore « The Killing Fields » qui ne cesse d’accélérer le rythme pour s’en persuader.

Certes, Sabaton œuvre dans le même genre en glorifiant les champs de bataille, mais Ancient Empire ne joue pas sur les effets scénaristiques, préférant s’appuyer sur une musique sincère, qui renvoie parfois à Metal Church, comme sur le superbe « Valley of Slaughter » ou l’énorme « Ghost Soldiers » aux couplets déclamés avec hargne pour s’en rendre compte. L’assise rythmique, solide, permet aux morceaux de se développer avec aisance, même lorsque le rythme ralentit comme sur le nuancé « Ancient Empire » qui passe de parties binaires au tempo médium à des cavalcades jouissives. On en redemande. Il suffit donc d’écouter tout l’album pour se rendre compte qu’il ne contient que de petites pépites. Ainsi, « Final Day » nous apporte une nouvelle pièce passionnante, avec son entrain propre à faire secouer la tête en cadence, son break syncopé et son refrain à hurler en chœur.

En plus de quarante-six minutes, Ancient Empire nous montre tout son talent, n’hésitant pas à développer des pièces plus complexes, comme l’épique « When the Empires Fall » qui nous conduit dans un univers coloré, au refrain simple mais efficace, et qui permet à la guitare de Joe Listz (également leader de Shadowkiller) de nous montrer tout son talent. Un groupe underground à découvrir et à soutenir absolument.

  • 1. Wings of Steel 
  • 2. The Final Day 
  • 3. In the Killing Fields 
  • 4. Shadow of the Cross 
  • 5. Valley of Slaughter 
  • 6. Prophecy Revealed 
  • 7. Ghost Soldiers 
  • 8. Ancient Empire 
  • 9. When Empires Fall 
  • Rich Pelletier : Paroles
  • Steve Pelletier : Batterie 
  • Joe Liszt : Chant, Guitares, Basse, Paroles 

Balls Out – Let Me In (I Know Someone Inside) 2019

Originaire de Nice, Balls Out est un quatuor qui propose un hard rock’n’roll épais, nourri aux riffs d’AC/DC, au groove de Black Label Society et à la puissance de Motörhead, autant dire une musique épaisse, qui donne envie de taper du pied et de secouer la tête. Dès les premières mesures de « Let Me In (I Know Someone Inside) », il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Le son est gras (et au passage, la production est parfaite pour ce type de musique), la voix grave et éraillée, et la section rythmique construit une assise efficace. La basse de Pat Gloan (qui s’occupe aussi du chant), omniprésente, donne un élan intéressant à ce mid-tempo lancinant qui ouvre ensuite sur un refrain construit pour la scène.

Après cette bonne entrée en matière, « Rock All Day » nous entraîne dans un univers typiquement australien, riffs et chœurs à l’appui. Ça pulse, ça déménage, jusqu’au refrain hurlé et au solo inspiré par Angus Young. Peu d’originalité, mais on s’en moque tant ce morceau est jouissif. « Moaning Hard » s’inscrit également dans la période Bon Scott d’AC/DC avec un titre que l’on croirait sorti de Dirty Deeds Done Dirt Cheap. Le son, les accords, les guitares, tout nous renvoie vers cet album, tandis que la voix grave apporte une touche de caractère qui n’est pas sans rappeler le groupe finlandais Peer Günt. La première partie de cet opus se clôt sur « Worship the Fallen », un titre lent, pesant, nourri au hard rock des années 1970, sur lequel la basse s’inscrit en maître d’œuvre, pour conduire l’auditeur sur un refrain aux résonances dramatiques. Sans doute pas le meilleur morceau de Balls Out, surtout qu’il donne l’impression d’avoir été coupé alors qu’il aurait pu se développer sur une jam blues psychédélique qui lui aurait apporté une réelle épaisseur.

Après cette petite déception, « Out Of Control » lorgne du côté d’Angel City pour le refrain et d’AC/DC pour le riff. C’est binaire, énergique, gorgé de groove, avec un côté punk rock dans cette urgence qu’il développe. S’ensuit « Hurricane », une bombe au riff tourbillonnant (il fallait que je la fasse quand même), dont l’énergie emporte tout sur son passage. Habilement construit et arrangé, ce morceau est certainement le plus original de l’album, surtout qu’il permet de beaux duels de guitares. Mais en trois minutes, la messe est dite alors que l’auditeur aurait souhaité que cette débauche d’énergie se poursuivre. C’est d’ailleurs un reproche que l’on peut faire à Balls Out. Beaucoup de ses morceaux font l’impasse sur un couplet ou un refrain supplémentaires qui auraient permis de nous tenir un peu plus longtemps en haleine. On s’en rend compte au bout des vingt-huit minutes que dure ce disque, tant on aurait aimé avoir un peu de rabe. C’est flagrant sur le brûlot « Drumstick Sucker » qui déboule à cent à l’heure, nous emporte comme un mascaret et nous laisse dégoulinant sur la rive. Dommage, même si « It’s Only Rock’n’Roll » clôt l’ensemble avec une vraie passion et une énergie communicative qui nous plongent aux racines du rock et du hard rock.

Les quatre Niçois ont tout compris à cette musique et nous la livre avec un amour immodéré des riffs qui tachent et des compositions qui font battre la mesure. Que demander de plus ? Un concert et quelques bonus sur le prochain disque.

  • 1. Let Me In (I Know Someone Inside)
  • 2. Rock All Day
  • 3. Moaning Hard
  • 4. Worship the Fallen
  • 5. Out Of Control
  • 6. Hurricane
  • 7. Drumstick Sucker
  • 8. It’s Only Rock’n’Roll
  • Pat Gloan : Chant, Basse
  • Pierre Pizana : Batterie
  • Yann Vautrin : Guitares
  • Sonny Micucci : Guitares

Label : M&O Music

Anthrax – Fistfull of Metal (1984)

Alors que la scène thrash de la Bay Area a le vent en poupe, c’est de New York que surgit la nouvelle sensation du genre en la personne d’Anthrax, un quintet influencé par le New York hardcore et non par la New Wave of British Heavy Metal comme c’est le cas pour Metallica et Exodus notamment. Formé par Scott Ian et Dan Lilke en 1981, le groupe est assez peu stable. Repéré par Jon Zazula, il enregitre le 45 tours « Soldiers of Metal/Howling Furies », qui se vend à 3000 exemplaires en deux semaines, avant de sortir son premier album sur Megaforce records aux Etats-Unis et Music For Nations en Europe.

Produit par Carl Canedy, le batteur de The Rods, Fistfull of Metal présente un groupe déjà au point, mais qui cherche encore sa voie entre ses différentes influences et ses envies de tout écraser sur son passage. Ainsi, Anthrax nous assène des titres furieusement thrash, comme l’ouverture « Deathrider » qui déboule, pied au plancher, soutenue par une section rythmique affolante et des riffs utltra-rapides. On reconnaît immédiatement les influences du hardcore dans la puissance développée et l’omniprésence de la basse. En revanche, le chant de Neil Turbin, dont ce sera l’unique album avec le groupe, mêle voix aigues issues du heavy metal et hurlements venus du hardcore. Cette influence hardcore est notamment sensible sur les riffs de l’instrumental « Across the River ».

Ces différents ingrédients donnent un mélange détonant et original qui se concrétise sur « Metal Trashing Mad », aux riffs purement heavy, tandis que la section rythmique s’inscrit dans la mouvance thrash. C’est aussi le cas du furieux « Subjugator » qui emprunte sa rapidité au speed metal et sa noirceur au thrash. Avec « Anthrax », les riffs hachés, les changements de rythmes, l’épaisseur de la section rythmique, s’allient à une voix metal qui crée le style de ce premier album décrié par certains, adoré par d’autres.

Plus proche des groupes de la Bay Area, avec son rythme syncopé, « Panic » ouvre un autre chemin sur cet album, en proposant un titre assez sombre en dépit de sa rapidité. Son break mélodique et ses solos lui apportent une touche mélodique qui l’allège durant un instant. Cette envie d’apporter des moments de respiration apparaît sur « Soldier of Metal » et « Howling Furies », deux morceaux qui plongent leurs racines dans le heavy metal, mais surtout dans « I’m Eighteen », une reprise d’Alice Cooper qui est épaissie, mais surprend au milieu de ce déluge de riffs.

Ce premier album, bien que manquant d’homogénéité, est un témoignage indispensable des débuts du thrash. Peu de temps après la sortie de l’album, Dan Lilker est viré, soi-disant pour son manque de technicité et, peu de temps après, ce sera au tour de Neil Turbin d’être forcé de partir parce que Scott Ian et Charlie Benante désirent avoir davantage de contrôle sur les paroles. La valse des musiciens ne fait que commencer.

  • 1. Deathrider
  • 2. Metal Thrashing Mad
  • 3. I’m Eighteen
  • 4. Panic
  • 5. Subjugator
  • 6. Soldiers of Metal
  • 7. Death from Above
  • 8. Anthrax
  • 9. Across the River
  • 10. Howling Furies
  • Neil Turbin : chant
  • Dan Spitz : guitare solo
  • Scott Ian : guitare rythmique
  • Dan Lilker : basse
  • Charlie Benante : batterie

Label : Megaforce et Music For Nations.

Enregistré au Pyramid Sound Studios d’Ithaca, New York

Producteur : Carl Canedy

Avenger – Blood Sports (1984)

Formé en 1982 par Brian Ross et Mick Moore après le split de Blitzkrieg, Avenger sort le 45 tours « Too Wild to Tame/On the Rocks » avant que Brian Ross ne quitte le navire pour rejoindre Satan et remplacer Ian Swift qui fait le chemin inverse. Bénéficiant d’une bonne réputation sur la scène britannique, le quatuor enregistre alors son premier album : Blood Sports pour Neat Records. Plus puissant que la plupart des groupes de la New Wave Of British Heavy Metal, Avenger œuvre dans un heavy metal à tendances speed, comme l’annonce le premier morceau, « Enforcer », au rythme rapide, soutenu par une batterie énorme qui écrase tout sur son passage. Le voisinage avec Blitzkrieg est évident, même si Avenger propose une musique plus lourde. Les titres rapides sont d’ailleurs nombreux sur cet album, mais en variant les motifs. Si « On the Rocks » semble posséder des accointances avec le thrash débutant (on sait que beaucoup de groupes américains ont puisé dans la vague anglaise), grâce à sa rythmique, « You’ll Never Take Me (Alive) » s’appuie sur une diction étonnante de Ian Swift qui porte cette chanson. Il en va de même pour « Rough Ride » et « Death Race 2000 », dont les mélodies vocales ultra rapides pourraient laisser croire que deux chanteurs se répondent. Les guitares assènent des riffs meurtriers et techniques qui font d’Avenger un groupe en avance sur son temps.

Blood Sports a aussi d’autres choses à nous proposer, notamment une étonnante reprise du « Matriarch » de Montrose, accélérée, épaissie, tout en restant fidèle à l’originale. Gary Young y abat un travail phénoménal. Même si le côté rock disparaît sous les arrangements metal, on perçoit, chez les musiciens, une réelle culture musicale. Ainsi, « Victims of Force » puise aux sources du heavy metal des années 1970, pour nous offrir un titre aux nombreux changements de rythmes. Quant à « Warfare », il marque une pause bienvenue dans ce déferlement de guitares, en développant des thèmes mélancoliques. Ian Swift prouve qu’il est un chanteur plus que convenable, même si beaucoup d’effets modifient sa voix tout au long de l’album. Enfin, cet opus se termine sur « N.O.T.J. », une chanson torturée, marquée par de nombreux changements de rythmes et d’ambiances, dont le riff central est destiné à secouer la tête en cadence.

Outsider de la NWOBHM, Avenger livre là un très bon album qui aurait dû le mener vers les sommets, surtout que le groupe tournait beaucoup. Dommage que ce disque ne contienne pas l’excellent « Too Wild to Tame » qui ne sera finalement disponible que sur des rééditions CD. Evidemment, la production a un peu vieilli et ressemble beaucoup à ce que proposaient les labels anglais de l’époque, comme Neat, évidemment, mais aussi Ebony Records.

  • 1. Enforcer
  • 2. You’ll Never Take Me (Alive)
  • 3. Matriach (Montrose cover)
  • 4. Warfare
  • 5. On the Rocks
  • 6. Rough Ride
  • 7. Victims of Force
  • 8. Death Race 2000
  • 9. N.O.T.J.
  • Gary Young : Batterie
  • Mick Moore : Basse
  • Les Cheetham : Guitares
  • Ian « Swifty » Swift : Chant

Label : Neat Records

Amulet – Amulet (1980)

Groupe obscur, auteur d’un unique album, Amulet semble ancré dans les années 1970, lorsqu’il publie ce neuf titres, teinté de metal et de psychédélique. L’ombre de Black Sabbath plane derrière des titres comme « Sea of Fear » ou « New Day », tandis qu’une veine space rock se dessine lors des envolées lyriques de « Do You Live Again » que l’on croirait avoir été écrit sous acide. Ce qui est probablement le cas.

Dès les premières notes de « Just Like a Woman », la qualité de ce groupe est indéniable. Le riff, les mélodies, le refrain, tout indique que les musiciens nous proposent une vraie pépite, avec ce mélange de hard rock et de blues rock proche des premiers April Wine. Les guitares sont épaisses, tout en sonnant un peu datée pour l’époque. Mais à quoi bon bouder notre plaisir ? « Sea of Fear » nous entraîne sur les terres des premiers Black Sabbath. On saisit un peu mieux le nom du groupe et les connotations ésotériques de sa pochette. Cela se confirme sur « Kings & Queens », aux relents heavy qui joue sur des changements de rythmes incessants et des ambiances angoissantes.

Si Amulet s’inscrit indéniablement dans une mouvance à contre-courant de ce qui sort à l’époque, il est étonnant de s’apercevoir que le son n’est pas daté et qu’il pourrait parfaitement convenir à des groupes comme Lucifer voire Rival Sons. « Person to Person » développe ainsi des mélodies complexes qui surprennent tant elles sont justes et originales. On se demande alors comment et pourquoi ce groupe est passé à côté du succès. C’est encore plus probant sur le groovy « Funk’N’Punk » que ne renierait pas Aerosmith. Le son, énorme pour l’époque, permet à un riff entêtant de nous entraîner dans une danse boogie metal du plus bel effet.

Amulet surprend à chaque titre, comme si les musiciens avaient simplement voulu se faire plaisir en développant des riffs efficaces, frais et intemporels. « Gemini » ouvre vers des espaces blues psychédéliques qui font la part belle aux guitares, nous renvoyant à un Woodstock metal au sein duquel on accepte de se perdre. Hendrix n’est pas loin, les pionniers du metal non plus, dans un creuset passionnant qui nous conduit jusqu’à des envolées contrôlées. Sachant que le groupe n’a bénéficié que d’un budget assez limité pour enregistrer cet album, on se demande pourquoi il n’a été repéré par un gros label tant la qualité de ses compositions est indéniable. « Life is Living » et « New Day » nous en apportent une nouvelle preuve, grâce à des riffs soignés et à des arrangements intelligents. « Life is Living » nous ramène aux années 1970, tandis que « New Day » pulse un riff tourbillonnant à la Black Sabbath qui fait ensuite la part belle aux duels de guitares.

Réédité en CD il y a quelques années, cet album devrait plaire à tous les amoureux du classic rock et à ceux qui, comme moi, ont envie de replonger aux sources du metal et du rock afin d’échapper aux pantalonnades actuelles auxquelles notre musique préférée n’échappe pas.

  • 1. Just Like a Woman
  • 2. Sea of Fear
  • 3. Do You Live Again
  • 4. Kings & Queens
  • 5. Person to Person
  • 6. Funk’N’Punk
  • 7. Gemini
  • 8. Life is Living
  • 9. New Day
  • Bob Becker – guitares
  • John Becker – batterie
  • Cliff Hill – chant, guitares
  • Paul Skelton – basse

Label : Monster records

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