Galaktika (Галактика) – Galaxy (1990)

Après un premier album six titres chanté en russe et assez médiocre, Galaktika troque son heavy metal sombre pour un hard rock à tendances FM chanté en anglais. Cette profonde remise en question à peine un an après la chute du mur de Berlin n’est sans doute pas du goût des autorités soviétiques de l’époque. Il faut donc louer ce courage, mais également la qualité des compositions qui auraient pu percer en occident si le groupe avait pu s’expatrier. Même si tout n’est pas parfait, on peut reconnaître que Galaktika propose un bon hard FM soutenu par des claviers typiques de l’époque : « Love Me » à la construction très classique ou « You Run Away » qui ouvre les hostilités et qui semble tout droit sorti d’un album de Toto ou de Journey. C’est aussi flagrant sur « I Can’t Wait Anymore », dont le refrain est, certes simple, mais apparaît comme typique de l’AOR. Des touches pop apparaissent parfois sur certains titres, comme sur le refrain de « Lady Music », alors que le riff est purement hard rock. Cela donne un beau morceau de hard FM. Evidemment, les Russes nous ont concocté une bonne ballade avec « Sweet Rosanna », dont le titre renvoie quand même à Toto, même si les mélodies sont bien différentes.

A côté de ces titres mid-tempo ou lents, les Russes nous offrent quelques envolées qui donnent envie de taper du pied, comme l’excellent « I Wanna Make You Satisfied » qui est certainement le meilleur morceau de cet album, avec son riff alerte, son chant un peu éraillé et son refrain à chanter en chœur. « Julie » est aussi un bon titre rock dont le riff épais est adouci par des nappes de claviers, certes un peu kitsch, mais mixés avec intelligence. Les groupes américains ou européens se servaient des mêmes sonorités dans ces années-là. Quant à « We Say Goodbye » qui clôt cet album, il permet de constater qu’on peut aussi trouver des guitaristes doués de l’autre côté du rideau de fer à l’époque.

Cet album exotique, passé inaperçu en son temps dans nos contrées, mérite d’être découvert.

  • 1. You Run Away
  • 2. Standing In The Shadow
  • 3. Love Me
  • 4. I Wanna Make You Satisfied
  • 5. Sweet Rosanna
  • 6. Julie
  • 7. I Can’t Wait Anymore
  • 8. Superman
  • 9. Lady Music
  • 10. We Say Goodbye
  • Vyacheslav Sinchuk : Chant
  • Dmitriy Sharaev : guitare (3,6,8,10)
  • Gennadiy Sikushenko : guitare (1-2,4-5,7,9)
  • Vladimir Kazakov : basse (3,6,8,10)
  • Alexander Gritsinin : basse (1-2,4-5,7,9)
  • Valeriy Kazakov : Claviers
  • Oleg Khovrin : Batterie

Label : Мелодия

Black Alice – Sons of Steel (1988)

Cinq ans après le sombre et insidieux Endegered Species, les Australiens de Black Alice reviennent avec ce Sons of Steel totalement différent, aux sonorités plus léchées, qui tire plus vers le hard rock, voire le hard FM par moments, que vers le metal. L’incorporation d’un clavier n’est pas étrangère à ce changement de direction. Il faut dire que cet album est un peu particulier, puisque c’est la bande originale du film de science-fiction du même nom dans lequel le chanteur Rob Hartley joue le rôle de Black Alice. Autant dire que ce projet un peu étrange a de quoi intriguer.

L’album démarre par « Something in the Air », un titre hard FM aux chœurs soignés qui tranchent avec la voix éraillée et hystérique de Rob. La dimension visuelle de ce titre renvoie à Alice Cooper et, si l’on fait abstraction du premier album, contient d’excellents moments. « Sons Of Steel » est plus intéressant encore avec son hard rock carré, au refrain évoquant AC/DC alors que les riffs sont plus torturés. Evidemment, on se demande ce que sont devenues les pièces si sombres proposées précédemment par le groupe. Avec « There’s Hope », on les retrouve en partie. Ce titre lent, pathétique et angoissant, permet des développements proches des titres les plus noirs de Judas Priest. Mais « Hard Lover » glisse à nouveau vers un hard rock plus commercial, au refrain noyé sous les claviers. L’ensemble s’écoute, mais se rapproche plus de The Who ou de la période la plus commerciale d’Alice Cooper que du metal. Sympathique, mais un peu trop inoffensif. Cela se confirme sur la fausse ballade « Rock ‘n Roll Reck » qui se rapproche de ce qu’a pu nous pondre Doro après sa période Warlock. C’est loin d’être mauvais, et se laisse écouter avec intérêt, mais cela est sans danger.

En revanche, la mauvaise expérimentation pop/rock « Mr System » qui ouvre la face B, avec ses apports reggae tourne rapidement au fiasco. En voulant trop imiter The Who, Rob Hartley rate totalement le coche en devenant même pénible pour tout amateur de metal et tout fan de The Who qui se respecte. Cela ne s’arrange pas avec « Fighting for You » aux accents new wave du plus mauvais effet. S’ensuit la ballade « With You », noyée sous des claviers insipides et des lignes de chant sirupeuses… On court à la catastrophe. L’instrumental « The Burn » arrange à peine les choses, avec ses expérimentations rock/metal sans doute destinées à illustrer certains plans du film. « Walk in the Blues » fait carrément sombrer le navire avec un jazz rock mille fois entendu qui n’apporte rien à l’ensemble et qui prouve que cet album n’en est pas vraiment un, en tout cas, pas celui d’un groupe.

Black Alice n’a, finalement, accouché que d’un unique album, et c’est ce qu’il vaut mieux retenir, en dépit de la réédition en CD, avec deux bonus, de cette bande originale insipide, dont on peut retenir les quatre premiers morceaux… et encore.

  • 1. Something in the Air
  • 2. Sons of Steel
  • 3. There’s Hope
  • 4. Hard Lover
  • 5. Rock ‘n Roll Reck
  • 6. Mr. System
  • 7. Fighting for You
  • 8. With You
  • 9. The Burn
  • 10. Walk in the Blues
  • Jamie Page : Guitares 
  • Rob Hartley : Chant 
  • Andy Cichon : Basse
  • Scott Johnson : Batterie 
  • Paul Radlciffe : Claviers

Black Alice – Endangered Species (1983)

Groupe de Perth, en Australie, Black Alice sort ce premier album en 1983, un an seulement après sa formation. En plus de quarante minutes, il nous offre un heavy metal sombre, méchant et parfois inquiétant comme le montre « Wings Of Leather, Wings Of Steel » qui ouvre les hostilités avec un riff puissant et des mélodies entêtantes. En pleine déferlante AC/DC, le groupe se tourne plutôt vers la New Wave Of British Heavy Metal et le metal allemand, en délivrant une musique atypique, dont certains magazines spécialisés de l’époque n’hésiteront pas à louer l’intérêt. Le morceau suivant nous prouve toutes les qualités de ce groupe qui lorgne vers Accept, tout en nous assénant des compositions démoniaques. Ainsi, « Psycho » donne envie de secouer la tête en cadence et de taper du pied, tandis que « No Warning », qui clôt la fête, nous entraîne dans un univers torturé, aux influences post Black Sabbath.

A une époque où de nombreux groupes expérimentent, Black Alice renverse des montagnes en se permettant de reprendre les bases d’AC/DC pour mieux les déconstruire en nous assénant un « Hell Has No Fury Like Rock ‘N’ Roll » qui déboule à deux cents à l’heure avant de calmer le jeu pour mieux nous surprendre. La voix de Rob Hartley, frotté au papier de verre, évoque celle du chanteur allemand de Bullet. Nous ne sommes d’ailleurs pas très loin en matière de metal. « Place of Slaughter » est un mid-tempo efficace, au refrain méchant qui pulse comme un serial killer en jouant avec des atmosphères inquiétantes. La face A se termine sur « In The Hall Of The Ancient Kings » une longue pièce torturée, qui démarre par une introduction atmosphérique avant de laisser Rob Hartley développer ses lignes de chant. Un beau moment de heavy metal angoissé.  

La face B se lance avec « Roll the Dice », une chanson groovy, aux riffs soignés, sorte de mélange entre le hard rock australien et le metal germanique. C’est efficace, carré, entraînant et bien produit. Un des grands moments de ce premier album qui nous montre déjà un groupe en pleine possession de ses moyens. Cela se confirme avec « Running Hot, Running Wild », un titre qui n’est pas sans rappeler Accept avec une touche de Samson dernière époque. Black Alice évolue alors sur un terrain passionnant qui, plus de trente-cinq plus tard, donne encore des frissons. On se demande alors comment ce groupe est passé à côté du succès. Surtout que le furieux « Power Crazy » fait éclater toute la classe d’un groupe capable de pondre un titre suffisamment insidieux pour jouer avec les limites du metal et du hard rock, en lui insufflant une fureur punk que n’auraient pas reniés les MC5.

Aucun titre n’est d’ailleurs à jeter sur ce disque, puisque même « Rat Catchers Eyes », sorte de hard rock dopé aux amphétamines parvient à attirer l’attention, alors qu’il est de loin le morceau le moins abouti de ce dix titres. Autant dire qu’avec ce premier album, Black Alice réussit un superbe coup qui ne trouvera une suite que cinq ans plus tard… Autant dire une éternité pour l’époque.

  • 1 – Wings Of Leather, Wings Of Steel
  • 2 – Psycho
  • 3 – Hell Has No Fury Like Rock ‘N’ Roll
  • 4 – Place Of Slaughter
  • 5 – In The Hall Of The Ancient Kings
  • 6 – Roll The Dice
  • 7 – Running Hot, Running Wild
  • 8 – Rat Catchers Eyes
  • 9 – Power Crazy
  • 10 – No Warning
  • Vince Linardi : Basse 
  • Joe Demasi : Batterie 
  • Jamie Page : Guitares 
  • Rob Hartley : Chant 

Interview de Magoyond World War M

Pour commencer, je dois vous avouer que j’éprouve quelques difficultés à vous définir. Magoyond est-il une bande de geeks qui fait de la musique, ou un groupe de musiciens amateurs de culture populaire ?

Mago : Les deux mon capitaine. Certains d’entre-nous sont clairement bercés par la culture geek avant d’être musiciens, d’autres sont musiciens et ont été aspirés par la culture geek. On est tous un peu geek, que ça soit des jeux vidéos, du son, des instruments… Ce qui est certain, c’est que le groupe est né avec une volonté de faire de la musique sympa, en racontant des histoires faisant partie intégrante de la pop culture.

Est-ce bien raisonnable d’inviter vos auditeurs sous votre chapiteau des supplices en sachant que certains n’en sortiront jamais ?

Mago : Ce qu’on espère, c’est qu’ils n’en sortiront jamais ! Le chapiteau est une sorte de métaphore de notre univers : dès que tu rentres, t’es foutu, tu rejoins notre Horde et on est copain pour l’éternité.

Votre musique se situe entre Le Grand Orchestre du Splendid et Diablo Swing Orchestra. N’est-ce pas un grand écart dangereux pour la santé ?

Mago : Horreur, malheur. J’espère qu’on est plus du côté de Diablo Swing, Alice Cooper ou Lordi que du Splendid, mais oui, il y a une volonté de chanter des trucs festifs (ou pas), en français, sur fond de mort et de désolation. On a conscience qu’on est un peu un OVNI, qu’on rentre difficilement dans des cases… mais c’est justement ce grand écart-là qui nous plait.

Les paroles de vos chansons s’appuient sur de l’humour noir et des jeux de mots sans doute incompréhensibles aux auditeurs de RTL et de NRJ. Ne vont-elles pas vous couper d’un certain public ?

Mago : Tous les conseils que l’on a reçus (chanter en anglais, faire des chansons plus simples…) on ne les a jamais suivis. Sans dire que nous essayons de relever le niveau, quand on écrit des chansons, on essaye de le faire convenablement, en jouant avec ce que nous offre la langue française. Notre musique n’est pas intello, elle est juste un peu référencée comme beaucoup de chansons dans le Metal. Sauf que là on peut plus facilement comprendre les paroles, ce qui en rebute plus d’un(e) ! Du coup, si on se coupe de gens qui n’adhèrent pas à ça, on ne va pas en mourir. D’ailleurs, on est déjà mort, ce qui est assez pratique dans ce cas-là.

Dans « Respawn (Noob Special) », vous vous en prenez aux joueurs débutants de MMORPG à la manière de la série Noob. N’est-ce pas cruel de vous moquer d’eux ? Il faut bien commencer un jour, non ?

Mago : On l’avait déjà fait dans G33K, sur notre premier album, et on réitère avec Respawn. Il faut voir par là une sorte d’hommage à nos potes… et beaucoup d’auto-dérision ! Sur internet, les gens se charrient, parodient, balancent des conneries : ça fait rire avec un certain fond de vérité. On fait un peu pareil, on s’en prend à tout le monde dans nos chansons, on balance des petits tacles par-ci par-là. Plus que les geeks, on s’en prend à l’Humain, le terrain de jeu est encore plus vaste et ça laisse à réfléchir sur des sujets plus graves.

Dans le clip qui illustre ce titre, on voit votre guitariste imiter Yngwie Malmsteen (jeune) jusque dans ses vêtements et ses solos néo-classiques. Où se trouve votre originalité ?

Mago : Probablement au fond d’une fosse commune, là où ont été rangés les sous-cultures, le rock, le metal, les films de série B, les trucs de geeks et autres bizarreries de ces 50 dernières années ! Ce groupe est un rejeton de tous ces trucs-là, nourri à la SF, au fantastique et aux parcours (bien différents) des musiciens. Parfois on s’inspire, parfois on rend hommage ou on parodie… On n’a pas vraiment de limite. C’est peut-être ça notre originalité ?

Votre nouvel album, Kryptshow, évoque à la fois les Contes de la crypte et le grand-guignol. Magoyond est-il un groupe de shock rock amateur de littérature fantastique ?

Mago : Tu as tout dit. Les Contes de la Crypte, c’est cette invitation à rentrer dans des histoires étranges, avec ce conteur complètement farfelu. Ça m’a évidemment beaucoup inspiré. Ce qui est intéressant dans le théâtre grand-guignol, c’est cette capacité à faire vivre des histoires macabres au public… puis se faire applaudir à la fin. On a ajouté la dimension musicale à ces concepts. On joue beaucoup sur les ambiances, mais pour le coté shock, il nous manque encore les litres de sang déversés sur scène. À une époque on aurait pu, mais on laisse ça à GWAR. Nous, on dit des conneries, on incite à se massacrer, on contrepète (parfois) et on invite à copuler avec des zombies. C’est autre chose !

Vous vous permettez d’adapter en version rock « Le Pudding à l’Arsenic » (reprise de la chanson d’Astérix et Cléopâtre en 1968). Est-ce bien raisonnable de s’attaquer à un art mineur comme le dessin animé, surtout français ?

Mago : C’est vrai que ce n’est pas rendre service à cette petite production inconnue que de massacrer un de ses titres. Mais bon, on l’a fait car on est machiavélique et sans âme. Et aussi parce que la chanson collait parfaitement bien avec notre univers. Au passage, les ayants droit du morceau original ont apprécié notre travail, et ça, ça fait chaud au cœur. On fait très peu de reprises, mais là ça tombait sous le sens et ça permettait de rendre hommage à un autre aspect de la culture pop francophone.

Avec « Le Croque-Mitaine », vous vous en prenez aux comptines enfantines. Mais que vous ont fait les enfants ?

Mago : Rien. En vrai on s’en fiche des enfants. Nous, ce qui nous importe, c’est que le Croque-Mitaine ne crève pas la dalle. Vous savez que c’est une espèce en voie de disparition ? Ce genre de cause nous concerne.

Avec « Les Fossoyeurs », « L’Armée Damnée » ou encore l’instrumental « Krypshow », vous déversez des riffs épais et lourds à des auditeurs qui ont été bercés par « Vegas Zombie » ou « Le Magasin des suicides ». Ne craignez-vous pas de les effrayer ?

Mago : Disons que ça fait partie du processus de zombification. Il faut attendrir les oreilles et le cerveau, puis le broyer à coup de gros riffs. Avec ça, tu comprends qu’on ne se limite pas à faire des chansons dans un seul style : on fait varier l’intensité des morceaux, les instruments, les styles, l’ambiance ou l’accordage en fonction de ce qu’on a à raconter, histoire que ça soit cohérent.

Vous avez lancé ce nouvel album grâce à une campagne de crowdfunding. Existe-t-il réellement des gens pour soutenir une entreprise qui sort autant de l’ordinaire ?

Mago : Il faut croire qu’ils existent ! Depuis le début, nous rassemblons une horde qui grandit sans cesse et qui est hyper présente pour nous. Sans eux nous ne pourrions pas faire tout ça, ou du moins pas « comme ça ». Il y a une générosité et une fraternité incroyable chez les zombies. C’est pour ça qu’on a créé la Société Protectrice des Zombies, qui encadre le groupe !

Votre univers est adapté en livre illustré par Elian Black’Mor & Carine-M (encore des gens qui se cachent derrière des pseudonymes). Votre œuvre n’est-elle pas suffisamment visuelle pour que vous soyez obligés de faire appel à eux ?

Mago : Nous avons fait appel au studio Arsenic et Boule de Gomme car nous avons la passion des monstres en commun. On s’est tout de suite très bien entendu, et quand des gens qui ont des pseudos s’entendent bien, il en résulte souvent des choses sympa ! Ils ont donc travaillé sur les illustrations de KRYPTSHOW car nous voulions aller plus loin dans la représentation graphique de notre univers, chose qui est primordiale pour nous. Jusqu’à cet album, Nobru et moi faisions tout le graphisme. Mais un tel projet (un double album tout de même) oblige à se remettre en question et à évoluer. Et nous ne regrettons pas du tout notre choix ! Le visuel de MAGOYOND a pris une teinte plus noire, plus comics/cinématographique, en adéquation avec l’album et l’orientation du groupe.

Finalement, que pouvez-vous dire pour votre défense ? Vous n’allez quand même pas présenter ce spectacle sur la route ?

Mago : Non. Jamais. D’ailleurs nous ne jouerons pas du tout à Paris le 19 octobre 2019 lors du Festival Naheulbeuk, ni à Nantes le dimanche 17 novembre 2019 à la convention Art To Play. Vous vous rendez-compte, si des Maudits comme nous déversions le Virus Z sur une foule d’humains ? Qui sait ce qu’il se passerait… Quoi que, ça serait drôle ! Enfin… moi ça me ferait rire.

Site du groupe : Magoyond

MAGOYOND -Kryptshow (2019)

Contrairement à ce que pense la majorité des amateurs de rock et de metal, nos musiques préférées peuvent et doivent nous proposer de véritables œuvres artistiques, qui mêlent musique, paroles et illustrations. De nombreux groupes l’ont compris, et notamment les Français de Magoyond qui publient un double album, gorgé de petites pépites musicales insérées dans un ensemble cohérent. En effet, Kryptshow développe tout un univers de zombies, joliment illustré et encarté dans une pochette en carton qui forme un triptyque. Le quatuor nous convie donc à un voyage fantastique, teinté de grand-guignol, à la manière du théâtre du XIXème siècle. C’est d’ailleurs ce que chante El Mago dès « Le Chapiteau des Supplices », en prenant la place de Monsieur Loyal.

Se plaçant dans la lignée de Diabla Swing Orchestra, Magoyond propose un metal avant-gardiste, teinté de jazz, de variété et de metal (et de plein d’autres choses), qui évoque parfois Le Grand Orchestre du Splendid « Vegas Zombie », « Le Pudding à l’Arsenic » (reprise de la chanson d’Astérix et Cléopâtre en 1968) ou « Le Magasin des Suicides », avec ses cuivres, son saxophone et ses paroles abreuvées à l’humour noir. Un soin tout particulier a été apporté à l’écriture des paroles. Il suffit d’écouter la fausse comptine « Le Croque-Mitaine » pour s’en persuader ou les délirants « Zombitch » et « Respawn (Noob Special) » aux petits airs de Jethro Tull, teinté de Maigance et de metal néo-classique. (Je dois avouer que j’ai un faible pour cette chanson qui me fait hurler de rire). Ce mélange des genres est inhérent à cet album qui ne craint pas de déposer dans le même creuset des genres antagonistes ou improbables. Le sombre et amusant « Le Jour des Vivants » évoque Mass Hysteria, avec une touche punk-rock dans le refrain et un intermède variété-rock à la guitare classique.   

Pour autant, le quatuor n’oublie pas de nous fournir des riffs épais et lourds en nous prouvant qu’il est aussi un vrai groupe de metal. « Les Fossoyeurs » déverse une musique violente et rapide, sur laquelle les guitaristes s’en donnent à cœur joie. Il en va de même sur « Six Pieds Sous Terre » qui revendique ses racines hard rock. Avec « Le Manoir de Zack Trash » et le heavy « L’Armée Damnée » dont l’orchestration ne déplairait pas à un groupe de black symphonique, nous plongeons en plein univers extrême, sans jamais perdre de vue la mélodie. C’est également flagrant sur l’instrumental « Kryptshow », dont l’atmosphère fait penser à King Diamond. Ce n’est pas étonnant, puisque le groupe propose un shock rock intelligent et mélodique. La présence de paroles en français donne à l’ensemble un côté original, surtout qu’El Mago aime déclamer ses vers, plutôt qu’hurler. « La Rumeur – MONSTER » est un excellent exemple de cette manière de procéder, notamment grâce à la présence de chœurs énormes et d’une seconde voix qui interroge tandis que la voix principale lui répond.

Kryptshow est un album indispensable à tout amateur de musique intelligente, car il nous offre un univers original qui balaie tout le spectre des genres. Un grand bravo, pour un disque qui devrait faire date, si les gens possèdent un peu d’intelligence artistique. Indubitablement, mon coup de cœur de cette année !

Interview dans ces pages

  • CD 1 – Kryptshow
  • 1. Le Chapiteau des Supplices
  • 2. Vegas Zombie (feat. Norieh)
  • 3. Le Manoir de Zack Trash
  • 4. Zone Zero
  • 5. Syndrome
  • 6. Le Magasin des Suicides
  • 7. L’Armée Damnée
  • 8. Le Jour des Vivants
  • 9. Le Croque-Mitaine
  • 10. Kryptshow (Instrumental)
  • 11. Les Fossoyeurs
  • CD 2 – Les Chroniques de la Crypte
  • 1. Chimera
  • 2. Six Pieds Sous Terre
  • 3. Vegas Zombie
  • 4. Chronique du Magasin #1
  • 5. Le Pudding à l’Arsenic
  • 6. Chronique du Magasin #2
  • 7. Murmures
  • 8. La Rumeur – MONSTER
  • 9. Zombitch
  • 10. Les Zombies
  • 11. Respawn (Noob Special)
  • 12-21. Versions instrumentales des morceaux du CD1.
  • Julien « El Mago » Escalas — Chant, guitare rythmique
  • Arnaud « Aspic » Condé — Basse, claviers, instruments additionnels
  • Victor « Vito » Bruzzi — Guitare soliste
  • Bruno « Nobru » Guerzoni — Batterie

Fast Kutz – Burnin’ (1987)

Groupe de la New Wave Of British Heavy Metal, Fast Kutz naît à Cleveland (la ville anglaise, pas l’américaine), en 1984. Il est assez vite repéré par le label Ebony qui le signe et lui permet d’enregistrer cet unique album de heavy metal épais, assez basique, mais ô combien efficace. Influencé par les premiers albums de Saxon comme le montre le riff de « Looking for Love », le groupe s’en démarque par un chant plus grave et une agressivité un peu désordonnée qui évoque parfois Raven comme sur la furie « Burnin’ » qui ouvre les hostilités. Les amateurs de metal y trouveront peut-être aussi une proximité avec les Américains de Manilla Road. Il faut dire que Fast Kutz propose une lecture assez fidèle des stéréotypes du genre, parfois avec un peu de maladresse comme sur le torturé « Dead or Alive » qui se perd dans une complexité que le groupe n’est pas en mesure d’assurer. « Midnight Love » est plus réussi, notamment grâce à un bon refrain, à des ambiances mélancoliques et à un riff carré. Ce morceau sera repris sur la compilation The Metal Collection vol 2 publiée par Ebony.

La seconde face débute par un heavy speed direct à la Raven, sur lequel la guitare tisse un mur un peu brouillon. Pourtant, « Driving Me Crazy » touche son but en empêchant l’auditeur de s’endormir. On lui préférera sans doute « Play with Fire », un mid-tempo au refrain simple et efficace et au riff tourbillonnant du plus bel effet. Malheureusement, comme sur l’ensemble de l’album (et d’une bonne partie des signatures d’Ebony à l’époque), le son manque de relief et de richesse. Les distorsions, poussées au maximum, sont mal équilibrées. Cela donne une touche assez roots à l’ensemble, comme sur le rock « Girls Gone Bad » que l’on dirait sorti d’une jam entre AC/DC et Motörhead. Direct, efficace, répétitif, mais jouissif, ce titre fait bouger la tête et taper du pied à la manière des Finlandais de Peer Gûnt. L’album se clôt sur « Fight to Be Free », un titre sympathique dominé par son refrain répétitif et ses changements de rythmes. On sent néanmoins que le groupe ne maîtrise pas vraiment toutes ses compositions qui manquent un peu d’arrangements et laissent paraître quelques imperfections.

Album agréable qui propose quelques titres intéressants, Burnin’ présente un groupe encore immature dont les chansons partent un peu dans toutes les directions. Il donne néanmoins une image assez juste du foisonnement de la scène britannique de l’époque.

  • 1. Burnin’ 
  • 2. Midnight Love 
  • 3. Looking for Love 
  • 4. Dead or Alive 
  • 5. Driving Me Crazy 
  • 6. Play with Fire 
  • 7. Girls Gone Bad
  • 8. Fight to Be Free 
  • Ian McLaughlin : Basse 
  • Paul Fowler : Batterie 
  • Ian Gillson : Guitares 
  • Keith Davison : Chant 

Label : Ebony

Carrie – Secrets (1985)

Originaire de Münster en Allemagne, Carrie n’eut qu’une courte existence de 1983 à 1986 et n’enregistra qu’un unique album de heavy metal classique, qui n’est pas sans évoquer Warlock, en raison notamment de la voix d’Annelen qui évoque fortement celle de Doro sur plusieurs chansons. Formé par Wilfried Schneider et Uwe Starck, deux anciens Mad Max, Carrie nous offre un album sympathique, dont quelques morceaux sortent du lot, mais qui n’a pas bénéficié de suffisamment de support d’Earthshaker records, le label de Living Death et de Steeler.

Œuvrant dans un style en vogue à l’époque, Carrie explore différents motifs du metal en se basant notamment sur des riffs efficaces, comme le montrent le rythmé « The Show is Over », une petite bombe qui ouvre cet album ou le speed « The Assassin », un brûlot détonant qui emporte tout sur son passage sans nous laisser le moindre temps de répit. La section rythmique abat un travail remarquable, permettant aux guitares de soutenir la voix éraillée d’Annelen. Il en va de même pour la cavalcade « In My Own Way », une petite pépite qui donne envie de secouer la tête en cadence, mais qui souffre d’une production un peu plate. Dommage, parce que les interventions des guitaristes renvoient à Mercyful Fate plus qu’au metal allemand. Cela est évident sur l’instrumental « Dance the Wire » qui leur permet de se lâcher.

Mais le groupe est aussi capable de nous délivrer des tempos médiums qui donnent envie de secouer la tête, comme l’original « Secret Place to Hide » dont les couplets déclamés annoncent en fait le metal américain des années 1990. Annelen possède une voix puissante qui sied parfaitement au genre, tandis que les guitaristes se montrent efficients. Il en va de même avec l’hymne « We Rock The Nation » qui clôt cet opus et dont les mélodies nous entraînent. On se rend compte que ce groupe possédait un réel talent d’écriture, comme c’est le cas sur le beau « Just For One Night », agrémenté de claviers discrets mais colorés, ou sur « Heroes Never Return » qui parvient à nous tenir en haleine jusqu’au refrain. Nous avons même droit à une ballade, sur laquelle Annelen fait vibrer un peu trop sa voix et qui, à mon avis, manque sa cible.

Malgré cette petite erreur de parcours, Secrets est un album sympathique, qu’il est agréable de (re)découvrir.

  • 1. The Show Is Over
  • 2. The Assassin
  • 3. Heroes Never Return
  • 4. Dance the Wire
  • 5. Got to Sort Myself Out 
  • 6. My Own Way 
  • 7. Secret Place to Hide 
  • 8. Carrie 
  • 9. Just for One Night
  • 10. We Rock the Nation 
  • Annelen Middendorf  Vocals 
  • Oliver Hermanns  Guitars 
  • Wilfried Schneider  Guitars 
  • Jürgen Slavin  Bass 
  • Uwe Starck  Drums 
  • Steffi Melz  Keyboards 

Ashbury – Endless Skies (1983)

Ashbury est un duo de Tucson en Arizona, composé de Randy et Rob Davies, qui voit le jour en 1980 avant de s’adjoindre les services de quelques musiciens pour publier Endless Skies en 1983, un petit bijou de hard rock teinté de southern rock. Basé sur les guitares et les mélodies vocales, Ashbury apparaît comme le parfait compromis entre Wishbone Ash et The Outlaws, avec une petite dose de folk rock assez étonnante, comme sur « Twilight » ou « Madman ». En effet, Ashbury aime brouiller les pistes, entraînant l’auditeur sur des chemins non balisés qui proposent de nouveaux panoramas à chaque étape. Il suffit pour cela d’écouter le magnifique « Mystery Man » qui débute comme une ode médiévale acoustique pour s’emballer en un folk rock épique saupoudré de soli issus du southern rock. On pense à Point Blank, et parfois à Dire Strait, avec un soupçon de country, ce qui donne un mélange étonnant, mais diablement enivrant.

L’album propose un bon équilibre entre des envolées de guitares : le southern hard rock « The Warning » et des lignes vocales soigneusement écrites : le rock acoustique « Madman », pour notre plus grand plaisir. L’auditeur se retrouve donc emporté par des riffs issus du southern rock, comme sur le superbe « Take Your Love Away » qu’enrichit le chant à plusieurs voix, pour ensuite être intelligemment mené sur des sentes plus nuancées avec l’excellent « Endless Skies », un hymne prog rock nourri au rock sudiste qui démarre de manière acoustique pour mieux laisser parler la poudre. Un grand moment qui prouve tout le talent d’un groupe qui a préféré conserver son âme plutôt que de la vendre à l’industrie musicale.  

On touche aussi parfois au heavy metal, comme sur « Vengeance » qui annonce Manilla Road, avec ses gros riffs et ses paroles déclamées. Ashbury se montre alors redoutable en nous conviant à une étrange partie qui accélère le rythme pour laisser les guitares s’en donner à cœur joie. C’est exactement ce que fait le groupe sur l’instrumental « No Mourning » qui s’inscrit parmi les plus belles plages proposées à l’époque

En moins de quarante minutes, Ashbury nous propose un album culte, sorte de météore qui a traversé le ciel du rock en y laissant une magnifique traînée qui n’est pas près de s’éteindre.

  • 01.   The Warning
  • 02.   Take Your Love Away
  • 03.   Twilight
  • 04.   Vengeance
  • 05.   Madman
  • 06.   Hard Fight
  • 07.   No Mourning
  • 08.   Mystery Man
  • 09.   Endless Skies
  • Randy Davis : Chant, Guitares, Claviers
  • Rob Davis : Chant, Guitares, Claviers
  • Johnny Ray : Batterie
  • John Watts : Percussions

Label : Enjoy Music

Beverly Killz – Gasoline & Broken Hearts (2012)

Originaire d’Italie, Beverly Killz publie un EP avant de signer avec Perris Records pour ce premier album. Evoluant dans un hard rock mélodique teinté de glam, le groupe transalpin sait écrire des chansons gorgées de groove : « Dark Lady » dont les riffs pulsent une joie de vivre et les refrains emportent l’adhésion de l’auditeur. Puisant dans les motifs classiques du glam, il nous livre des morceaux qui évoquent les débuts de Guns n’ Roses : « Never Back Down » qui ouvre le bal ou encore « Sin City ». L’ensemble est plaisant, porté par un chanteur plein de gouaille.

On sent que le groupe possède des goûts musicaux assez larges, comme le prouve leur rock « Away From Danger » au refrain tirant sur la pop américaine et le rock indépendant. On retrouve cette attirance pour les mélodies un peu bavardes sur « Livin’ and Dyin’ » ou encore « Riding Alone », qui évolue à mi-chemin entre le rock FM de Dominoe et le hard rock. L’ensemble est bien écrit, mais manque parfois un peu de pêche sur certaines parties, ce qui est sans doute dû à la production pas assez dynamique.  

Pourtant, le groupe ne manque pas d’énergie lorsqu’il le faut. En témoignent les hard rock « Baby You’re On Target » dont le riff claque, le complexe « For Love » à la belle construction ou encore « In Sorrow » qui s’appuie sur un énorme riff bien hard, tandis que le refrain est plus pop rock. Une belle réussite, comme c’est aussi le cas de la reprise du « What is Love » de Haddaway qui allie les jolies mélodies d’origine à des riffs épais qui remplacent les nappes électroniques.

Ce sympathique album est à découvrir. Le groupe en a sorti un second avant, visiblement, de se séparer fin 2018.

  • 1. Never Back Down
  • 2. Away From Danger
  • 3. Baby You’re On Target
  • 4. Dark Lady
  • 5. Livin’ and Dyin’
  • 6. Riding Alone
  • 7. For Love
  • 8. Power of Your Sex
  • 9. Sin City
  • 10. In Sorrow
  • 11. What is Love

Label : Perris Records

Bewarp – In Your Face (1995)

Deuxième album des Suédois de Bewarp, In Your Face est une petite pépite de hard rock mélodique, avec des touches glam, sur laquelle on retrouve outre le guitariste Dick Bewarp, l’excellent chanteur Pete Sandberg (Alien, Jade, Midnight Sun, Snake Charmer). Autant dire que cette œuvre s’annonce savoureuse dès le départ. Il suffit alors de tendre l’oreille pour s’en convaincre dès le riff groovy du brûlot « In Your Face » pour n’avoir aucun doute. Ce titre pulse à la manière d’un Mötley Crüe qui aurait trouvé un vrai chanteur, comme nous le prouvent ces lignes vocales soignées et ce refrain à répéter en chœur. « Wildside » s’inscrit dans la même veine, si ce n’est que le refrain est encore plus percutant. Quant à Dick Bewarp, il nous assène un solo efficace avant de relancer la machine pour nous entraîner dans une danse glam metal de haute tenue. Le groupe est d’ailleurs adepte de ces titres enlevés comme on le découvre plus tard avec l’irrésistible « Skin To Skin », au riff tourbillonnant, à la croisée de Mötley Crüe et d’AC/DC. Le niveau ne baisse pas avec « Free Love », au riff chaud, épais et entraînant, qui propulse ce mid-tempo au refrain mélodique parmi les meilleurs titres de cet excellent album. Vient ensuite la bombe funk metal « I Want It All », qui démarre tranquillement pour mieux nous entraîner dans une danse furieuse sur laquelle la section rythmique fait preuve d’un indéniable talent.

Après cette débauche d’énergie, le rythme s’apaise pour la ballade acoustique « Childs Play » qui aurait pu passer en boucle sur les chaînes musicales si le groupe avait bénéficié d’un meilleur soutien. A son écoute, on s’étonne de ne pas avoir pu avoir accès à un tel album et de le (re)découvrir plus de vingt ans après. Dans un registre plus puissant, une seconde ballade nous est offerte avec « Tonight » qui se révèle une autre bonne surprise.

On retourne vers un hard funk pour l’étonnant morceau « Love Me Or… » qui donne une pêche d’enfer et nous prouve, comme s’il le fallait d’ailleurs, que Pete Sandberg est un chanteur extraordinaire, capable de s’adapter à différents styles. Et des styles différents, autant dire qu’il y en a sur cet album. Ainsi, « Dance With Me », qui porte bien son nom, parvient à mélanger hard, rock, glam et funk dans un joyeux melting pot qui nous donne envie de secouer la tête et de taper du pied. Même constat pour « Do Ya, Do Ya » qu’aurait pu signer Extreme dans ses grandes années. Les arrangements sont subtils, l’entrain communicatif et le résultat jouissif. Quant à Dick Warp, il illumine ce morceau de toute sa classe. Que demander de plus ? Sans doute qu’il dure un peu plus longtemps, car les morceaux sont un peu courts. C’est aussi le cas pour le furieux « My Kind Of Woman » qui renverse tout sur son passage pour un déferlement maîtrisé sur lequel chaque musicien montre sa technique.

Au final, cela nous donne un album qu’on est obligé de remettre une nouvelle fois sur la platine afin de recommencer cet extraordinaire voyage, sans prise de tête et d’un entrain communicatif.

  • 1.   Conversion  
  • 2.   In Your Face   
  • 3.   Wildside
  • 4.   Free Love
  • 5.   I Want It All
  • 6.   Childs Play
  • 7.   Love Me Or…
  • 8.   Dance With Me
  • 9.   Trouble
  • 10.   Skin To Skin
  • 11.   Tonight
  • 12.   My Kind Of Woman
  • 13.   Do Ya, Do Ya
  • 14.   Warp Speed  
  • Pete Sandberg : chant
  • Dick Bewarp : guitares
  • Dan T. Ekfeldt : basse, claviers & percussions
  • Rikard Dahl : batterie
Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer