MICHAEL SCHENKER FEST – Revelation (2019)

Depuis la formation de son Fest, Michael Schenker semble ragaillardi, comme s’il avait retrouvé une seconde jeunesse. Cette tendance s’était déjà sentie du temps de Temple of Rock, mais le retour au sein du groupe de ses trois chanteurs historiques et d’anciens musiciens permet au guitariste de revisiter sa carrière à travers de nouveaux morceaux « à la manière de ». On a donc l’impression de traverser un demi-siècle de rock et de hard rock, depuis « Rock Steady » qui évoque les premiers UFO et qui rassemble tous les chanteurs, jusqu’au metal actuel de « We Are The Voice », en passant par le sautillant « Silent Again » qui nous rapproche davantage de la période plus mélodique du McAuley Schenker Group. Chaque morceau est donc une pièce savoureuse qui agit telle une madeleine de Proust pour les fans du guitariste allemand. La présence de toutes ces voix caractéristiques est évidemment un point fort, mais n’oublions pas le talent de Michael Schenker qui nous délivre de magnifiques solos. Ceux du hard FM « Sleeping With The Light On » sont d’ailleurs des modèles de feeling dont devraient s’inspirer nombre de ses confrères.

Michael Schenker varie ses effets et ses ambiances, nous emportant au cœur de son univers si riche et si complexe. Le hard rock enlevé « The Beast In The Shadows » voisine avec l’excellent boogie « Lead You Astray » sur lequel la section rythmique s’en donne à cœur joie, propulsant également l’auditeur dans un état de transe. Le pied bat la mesure, tandis qu’il a envie de chanter à tue-tête. Du grand art qui rappelle le meilleur du hard rock des années 1970, avec un son actuel et une touche médiévale. Egalement nourri au blues boogie, le mid tempo « Old Man » transpire de tous ses pores les influences du guitariste et permet aux différents chanteurs de donner le meilleur d’eux-mêmes. Les arrangements de guitares sont superbes, les touches de claviers discrètes mais essentielles. Quant au solo, il est juste magnifique. Nous ne sommes pas loin du Scorpions de la grande époque et cela n’en est que plus délectable.  

Plus heavy, « We Are The Voice » installe le groupe dans notre siècle, sans pour autant oublier les mélodies vocales. Ça pulse de tous les côtés pour mieux nous entraîner dans la période la plus metal du groupe. On le savait, Michael est à l’aise dans tous les styles. Il l’est d’autant plus qu’il y prend plaisir et qu’il en donne à ses auditeurs. Cela est flagrant sur l’instrumental « Ascension », au rythme ultra rapide, dont les différents solos explorent des styles divers, comme si Michael souhaitait évoquer chacune de ses périodes. L’Allemand n’est pas le seul à se refaire une jeunesse, Graham Bonnet est lui aussi revigoré sur l’excellent « Still In The Fight ».

Il faut l’avouer, Revelation ne contient aucun titre faible. Le rapide « Under A Blood Red Sky » est un superbe hard rock bourré de groove bâti pour retourner les foules, alors que le tempo moyen « Behind The Smile » aurait pu inonder les ondes des radios si elles passaient encore de la vraie musique. Chaque chanson a donc été fignolée pour faire passer un excellent moment aux fans de toutes les époques et leur prouver que Michael Schenker et ses musiciens ont toujours leur mot à dire. « Crazy Daze » évoque cela dans un hymne à la musique et aux concerts qui inspire au partage.

Plus qu’une révélation, ce nouvel album est une confirmation et s’inscrit d’ores et déjà comme un des disques majeurs de cette année 2019.

  • 1. Rock Steady
  • 2. Under A Blood Red Sky
  • 3. Silent Again
  • 4. Sleeping With The Light On
  • 5. The Beast In The Shadows
  • 6. Behind The Smile
  • 7. Crazy Daze
  • 8. Lead You Astray
  • 9. We Are The Voice
  • 10. Headed For The Sun
  • 11. Old Man
  • 12. Still In The Fight
  • 13. Ascension
  • Michael Schenker : Guitares, chant
  • Gary Barden : Chant
  • Graham Bonnet : Chant
  • Robin McAuley : Chant
  • Doogie White : Chant
  • Steve Mann : Guitares, claviers
  • Chris Glen : Basse
  • Bodo Schopf : Batterie
  • Simon Phillips : Batterie

Producteur : Michael Voss, Michael Schencker

Label : Nuclear Blast

TUNGSTEN – Will Rise (2019)

Les groupes familiaux sont assez rares dans le metal, davantage encore lorsqu’ils accueillent un père et ses fils. Tungsten appartient pourtant à cette catégorie, puisqu’il a été formé par le batteur Anders Johansson (ex-Silver Mountain, ex-Yngwie Malmsteen’s Rising Force, ex-Hammerfall) et ses fils Nick et Karl, respectivement guitariste et batteur. C’est d’ailleurs en écoutant les démos de ces derniers qu’Anders décida de les soutenir. Le recrutement de Mike Andersson (Cloudscape, Fullforce, ex-Planet Alliance) acheva de mettre en place ce projet. Malgré ses engagements, on comprend aisément le choix de la famille Johansson, tant ce chanteur possède une voix puissante, capable de s’adapter aux différentes ambiances proposées par le groupe. Car Tungsten n’est pas un énième groupe de power metal, comme il en existe déjà des milliers. Les Suédois jouent une musique qui explore toutes les sphères du heavy metal, allant de titres enlevés et épiques, à des chansons plus mélodiques, en passant par des compositions expérimentales telles que l’étonnante et superbe « Animals » qui allie rythme syncopé, mélodies médiévales, riffs alertes et breaks heavy ou l’excellente « To The Bottom » et ses airs médiévaux.

On le comprend aisément, Tungsten ne s’inscrit pas dans un style unique, encore moins dans un genre passéiste. Désireux de nous proposer une musique actuelle, le quatuor allie les qualités mélodiques d’un Falconer à la puissance épique d’un Hammerfall sur « We Will Rise », son titre d’ouverture, sans pour autant copier l’un et l’autre. L’ensemble est entraînant, mais pas autant que « Misled » et son côté pop des années 1980 qui n’est pas sans rappeler Battle Beast, la grandiloquence en moins. Cette retenue est également présente sur le beau « Coming Home », un morceau sur lequel des claviers viennent colorer l’ensemble afin de mettre en avant la voix de Mike Andersson. Pourtant, lorsqu’il faut apporter du groove dans sa musique, Tungsten ne lésine pas sur les moyens. « Sweet Vendetta » s’appuie sur un rythme sautillant, des sons de cuivres qui lui apportent une touche jazz-funk et un refrain irrésistible. On peut d’ailleurs louer le travail des lignes vocales sur cet album, car elles sont placées au même niveau que celles des autres instruments. « Remember » en apporte une preuve flagrante avec ses influences pop posées sur une ossature heavy ou le doux « Wish Upon A Star » aux influences celtiques.

Le heavy est également présent tout au long de cet album, car Tungsten sait également lâcher les chevaux lorsque nécessaire. « It Ain’t Over » est un mid-tempo puissant qui donne envie de headbanger, tandis que le puissant « As I’m Falling » développe des couplets hurlés avant de proposer un refrain plus mélodique. Cette alliance, également présente sur « Impolite » est la marque de fabrique de ce jeune groupe, qui mise sur la qualité de ses morceaux pour emporter l’adhésion du public et se distinguer de la concurrence. En cela, il s’inscrit dans la nouvelle vague de groupes suédois qui replongent dans les racines mélodiques du pays en y insufflant une bonne dose de metal pour nous livrer des albums de grande qualité. « The Fairies Dance » incarne parfaitement cette exigence et possède tout pour devenir un classique du groupe.

Avec Will Rise, Tungsten nous livre un premier album remarquable, sans doute l’une des plus belles découvertes de cette années 2019.

  • 1. We Will Rise
  • 2. Misled
  • 3. The Fairies Dance
  • 4. Coming Home
  • 5. It Ain’t Over
  • 6. As I’m Falling
  • 7. Sweet Vendetta
  • 8. Animals
  • 9. Remember
  • 10. To The Bottom
  • 11. Impolite
  • 12. Wish Upon A Star
  • Mike Andersson :  Chant
  • Nick Johansson : Guitares
  • Karl Johansson : Basse, screams & claviers
  • Anders Johansson : Batterie

Production & mixage : Nick Johansson

Label : Arising Empire

Crobot – Motherbrain (2019)

Peu connu en France, ce qui est bien dommage, Crobot sort pourtant son quatrième album, gorgé jusqu’à la gueule de riffs épais, de mélodies puissantes et de rythmes lancinants. Car les Américains officient dans un heavy rock teinté de stoner et de blues, à la manière d’un Queen Of The Stone Age, avec des touches post-grunge à la Soundgarden et des envolées lyriques que ne renierait pas Wolfmother. Dès l’accroche de « Burn », l’auditeur se retrouve plongé dans un univers coloré, chaud et envoûtant, qui doit autant aux guitares de Chris Bishop qu’à la voix de Brandon Yeagley, sorte de croisement entre Chris Cornell et Chad Kroeger. Tous deux savent mettre en place des ambiances soignées qui ne peuvent laisser indifférent, comme c’est le cas sur l’excellent « Low Life », deuxième single extrait de cet album et qui s’est très bien classé dans les charts américains. Son refrain irrésistible et son rythme destiné à taper du pied et secouer la tête en cadence ne sont certainement pas étrangers à cette réussite. Véritable hymne de cet album, ce titre mérite toutes les attentions.

Malgré cela, Motherbain possède bien d’autres atouts à faire valoir, comme le lent « Stoning The Devil » qui rend autant hommage à Black Sabbath qu’à Soundgarden ou le lourd « Alpha Dawg » que n’aurait pas renié un Kyuss dans ses grandes années. Puisant aux sources du stoner et du sludge, pour nous délivrer des pièces mémorables, teintées de heavy metal, Crobot tisse des riffs énormes, comme sur le puissant « Drown » ou l’écrasant « Destroyer », pour mieux nous cueillir au foie et vous avoir sur la longueur, comme en atteste le lent « Blackout » qui s’insinue doucement en vous sans que vous vous en aperceviez.

Certes, les amateurs d’envolées lyriques et de chevauchées fantastiques ne trouveront sans doute pas leur compte sur ces quarante-deux minutes de riffs implacables, de mélodies ciselées et d’arrangements pertinents, en revanche les fans de groove se délecteront du superbe « After Life » qui donne envie de chanter à tue-tête et de marquer la cadence. Ces derniers apprécieront aussi le torturé « Gasoline » qui change plusieurs fois de rythmes pour mieux les prendre aux tripes avec un refrain imparable et des arrangements psychédéliques.

Après plusieurs écoutes, Motherbrain révèle de nombreuses couches qu’il faut découvrir avec patience. Faussement direct, cet album possède des chemins de traverse qu’il faut dénicher pour mieux appréhender ce groupe talentueux.

  • 1. Burn
  • 2. Keep Me Down
  • 3. Drown
  • 4. Low Life
  • 5. Alpha Dawg
  • 6. Stoning The Devil
  • 7. Gasoline
  • 8. Destroyer
  • 9. Blackout
  • 10. Afterlife
  • 11. The Hive
  • Brandon Yeagley : Chant, Harmonica
  • Chris Bishop : Guitares, Chant
  • Dan Ryan : Batterie
  • Eddie Collins : Basse

Label : Mascot records

CROBOT – Welcome to Fat City (2016)

Alors que sort Motherbrain, le nouvel album de Crobot, Nuclear Blast réédite le précédent, intitulé Welcome to Fat City et pourtant daté de 2016. Si Motherbrain est supérieur à ce deuxième opus, avec le recul, il paraît néanmoins nécessaire à la bonne compréhension de la musique des Américains. En effet, on trouve déjà sur celui-ci le heavy épais et puissant, teinté de southern rock, qui plonge ses racines dans les Etats-Unis profonds, tout en s’inscrivant dans la lignée de Black Label Society ou Queen Of The Stone Age. Sur ces onze morceaux, le propos est lourd, sombre, sans pour autant oublier le groove et une bonne dose de feeling, que vient soutenir une section rythmique énorme. Après des tournées en compagnie de Motörhead, Anthrax, Volbeat, Cluctch ou The Sword et plusieurs festivals, on sent que le quatuor a durci le ton et que des influences stoner apparaissent çà et là. Dans le même temps, les ombres de Black Sabbath et de Led Zeppelin se pointent de temps en temps, comme sur l’excellent « Hold On For Dear Life ».

En ouvrant cet opus avec l’entraînant « Welcome To Fat City », le groupe ne s’est, en tout cas, pas trompé. Cette chanson possède un groove irrésistible et un refrain qui donne envie de hurler à tue-tête. Même le break psychédélique ne parvient pas à calmer l’auditeur qui se jette ensuite sur plus complexe « Play It Cool » aux touches soul. Ces apports sont également présents sur « Not For Sale » qui nous plonge au cœur des années 1970, là où les frontières entre les genres étaient encore poreuses et où le rock offrait un large éventail de nuances auxquelles chacun pouvait s’intéresser. Dans un esprit similaire, « Blood On The Snow » surprend par son rythme funky, ses touches de groove et son ossature metal. Ce mélange, savamment dosé, porte ce titre vers des sommets et installe Crobot parmi les formations les plus intéressantes du moment.

Car Crobot sait faire du neuf avec de l’ancien, comme nous le prouvent des titres aussi étonnants que l’entêtant « Steal The Show » et son harmonica, le puissant et mélodique « Easy Money » ou les mélancoliques « Moment Of Truth » et « Temple In The Sky », sur lesquels la musique du groupe se fait insidieuse, mais ô combien séductrice. Car Crobot n’est pas un groupe comme les autres. Non seulement il est capable de nous asséner des titres épais et écrasants, mais aussi de nous saisir délicatement pour mieux nous enserrer dans ses riffs et ses mélodies vocales. En s’appropriant différents genres pour mieux les marier, il bâtit une œuvre atemporelle capable de fédérer tous les amateurs de musique de qualité. Tout au long de ces onze titres, inscrits à la fois dans le rock des années 1970 et dans le metal contemporain, Crobot nous propose un voyage riche et coloré, qui en fait un des grands espoirs de la scène actuelle.

  • 1. Welcome To Fat City
  • 2. Play It Cool
  • 3. Easy Money
  • 4. Not For Sale
  • 5. Hold On For Dear Life
  • 6. Temple In The Sky
  • 7. Right Between The Eyes
  • 8. Blood On The Snow
  • 9. Steal The Show
  • 10. Moment Of Truth
  • 11. Plague Of The Mammoth
  • Brandon Yeagley : chant, harmonica
  • Chris Bishop : guitares, chant
  • Jake Figueroa : basse
  • Paul Figueroa : batterie

Producteur : Alan Moulder

Label : Nuclear Blast

Powerflo – Powerflo (2017)

Rage Against The Machine jouant au chat et à la souris avec les ombres, l’appel d’air nous envoie Powerflo, un super groupe de crossover qui envoie du lourd, ce qui n’est pas étonnant étant donné le pedigree de ses membres :  Sendog (Cypress Hil) Billy Graziadei (Biohazard) Roy Lozano (Downset) Christian Oldewolbers (ex-Fear Factory) Fernando Schaefer (Worst)… On fait difficilement mieux dans le genre. Evidemment, une telle carte de visite n’augure pas obligatoirement d’un bon album. Avec Powerflo, il ne fait aucun doute que nous tenons là les pendants de Prophets Of Rage, et un sérieux enfant de Suicidal Tendencies ou d’Infectious Groove, une pointe rap en plus.

Cela déménage à tous les étages, notamment grâce à un savant mélange de hip hop et de metal : le superbe « Resistance » emporte tout sur son passage, le furieux « Crushing That » nous écrase avec sa rythmique puissante, l’énorme « Victim Of Circonstance » nous explose à la figure et surtout le génial « My MO » possède tous les ingrédients pour devenir un classique à la manière de « Killing In The Name Of » de Rage Against The Machine. Ces morceaux frappent là où ça fait mal tout en développant des thématiques révolutionnaires dans l’air du temps, sans jamais oublier une ligne directrice mêlant puissance et mélodie. Mais le groupe ne s’arrêta pas là et sait se montrer plus sournois, notamment avec l’excellent « Where I Say » dont le refrain, faussement pop, accentue la méchanceté des couplets ou « The Grind » qui propose une alliance de hardcore mélodique et de hip hop assez savoureuse.   

En trente-quatre minutes, Powerflo nettoie les oreilles, détartre les dents et vous débarrasse de vos voisins agglutinés autour de leur barbecue. Trente-quatre minutes et puis s’en vont, ce qui vous oblige à remettre le couvert, notamment avec « Made It This Way » qui évoque un mélange entre System Of A Down et Suicidal Tendencies, excusez du peu. Bien entendu, on n’a pas envie de « Finish The Game », et même lorsqu’on se rapproche de Body Count avec « Start A War », on se dit que tout cela est tellement bien écrit, que même un pur métalleux va y trouver son compte.

Powerflo signe un album majeur dès son premier essai !

  • 1. My M.O.
  • 2. Resistance
  • 3. Where I Stay
  • 4. Crushing That
  • 5. The Grind
  • 6. Less Than A Human
  • 7. Victim Of Circumstance
  • 8. Made It This Way
  • 9. Finish The Game
  • 10. Up And Out Of Me
  • 11. Start A War
  • Christian Olde Wolbers : Basse
  • Fernando Schaefer : Batterie
  • Rogelio Lozano : Guitares
  • Billy Graziadei : Guitares, chant
  • Sen Dog : Chant

Production : Billy Graziadei, Josh Lynch

Mixage : Jay Baumgardner

Label : New Damage Records

Three Lane Road – Three Lane Road (2016)

Au détour des albums que nous recevons à la chronique, il est agréable de découvrir de nouveaux groupes qui ne s’occupent pas des tendances actuelles et qui préfèrent se donner à un genre qui leur tient à chœur plutôt que de surfer sur l’air du temps. Three Lane Road appartient à cette catégorie. Originaire de Dallas, ce groupe œuvre dans un AOR léché, teinté de rock et de hard rock, qui fait la part belle aux mélodies, sans pour autant oublier la technique et la puissance.

En six titres qui évoquent tour à tour Bon Jovi, Journey voire le Sunstorm de Joe Lynn Turner, cet EP nous renvoie à la musique des années 1980 et du début des années 1990, lorsque les radios américaines étaient bercées par des chansons savamment écrites et interprétées, extraites d’albums qui se vendaient par millions. Un morceau comme « I’ll Fly With You » aurait tout à fait trouvé sa place auprès des titres des groupes précités, tant il possède toutes les qualités pour attirer l’oreille de l’auditeur et lui faire passer un bon moment. Le refrain, joliment tourné, s’appuie sur une rythmique carrée, tandis qu’un riff efficace lance le morceau avec brio. Car il ne faut pas se tromper, Three Lane Road ne fait pas dans la guimauve, comme le prouve le puissant et rapide « I Want » qui lance les hostilités en jouant sur de savants contrastes entre des ouvertures et des ponts heavy, des couplets aux riffs plaqués et un refrain mélodique. Une vraie réussite.

Le reste de cet EP est à l’avenant : un mélange de titres que l’on a envie de chanter : « Strange Way » et « Lift Me Up », et d’autres plus enlevés, comme le méchant « Time of our Lives » qui montre une facette plus complexe du groupe qui n’est pas sans rappeler UFO période Lights Out. Bénéficiant d’une bonne production, qui équilibre les différents instruments, Three Lane Road possède tous les atouts pour faire passer un bon moment à l’auditeur. Dommage qu’il soit si court, même s’il offre une belle carte de visite à ce groupe talentueux.

  • 1. I Want
  • 2. I’ll Fly With You
  • 3. Strange Way
  • 4. Time Of Our Lives
  • 5. Dreams
  • 6. Lift Me Up

Label : TLR Records

Witchwood – Handful Of Stars (2016)

Les voies de la critique sont parfois étranges. Voilà que m’arrive un album de novembre 2016 d’un groupe italien, connu d’une poignée de spécialistes et dont on ne trouve que de rares traces sur les réseaux sociaux spécialisés. Déjà auteurs de deux albums : From The Solitary Woods en 2010 et le double CD Litanies From The Woods en 2015, coupés par une séparation, les Italiens reviennent avec ce qu’ils appellent un EP, mais qui affiche pourtant une durée de 45 minutes. Dès les premières notes du court instrumental « Presentation (Under The Willow) », il est aisé de comprendre que nous avons affaire à des amoureux des années 1970. Les influences sont nombreuses, prestigieuses et savamment digérées. Ainsi, on retrouve la flûte et les éléments progressifs d’un Jethro Tull, mêlés à l’orgue et aux constructions propres au Deep Purple Mark II : « Like A Giant In A Cage ». L’ensemble est agréable, bien interprété, et nous entraîne dans un univers coloré, chaud et mélodique.

Pourtant, Witchwood ne se contente pas d’une unique ambiance, puisqu’il joue avec des riffs plus sombres sur « A Grave Is The River », sorte de creuset dans lequel se seraient mêlés Deep Purple, Jethro Tull, Black Sabbath et Uriah Heep, pour nous donner une magnifique chanson, à la fois envoûtante et inquiétante. Ce côté sombre est également présent sur l’excellent « Rainbow Demon », au rythme lent et pesant, qui n’est pas sans rappeler la période Fireball de Deep Purple, une touche de Black Sabbath en plus.

L’album se clôt sur « Handful Of Stars », un long morceau de plus de douze minutes qui montre le côté le plus progressif de Witchwood, dans la plus pure tradition des titres d’Uriah Heep. Sur des nappes de claviers, le riff lancinant permet aux couplets de nous entraîner dans une communion avec la nature, avant d’accélérer le tempo pour donner la place à un orgue chaleureux et une flûte sautillante. Le troisième mouvement de ce titre démarre sur de la guitare acoustique afin d’apaiser les esprits. Ce final en douceur permet de quitter l’album sur la pointe des pieds, après avoir passé un excellent moment.

  • 1.Presentation: Under The Willow
  • 2. Like A Giant In A Cage
  • 3. A Grave Is The River
  • 4. Mother
  • 5. Flaming Telepaths
  • 6. Rainbow Demon
  • 7. Handful Of Stars

Label : Jolly Rogers records

World Trade – Unify (2017)

World Trade est un groupe américain d’AOR et de rock progressif qui nous propose son troisième album, dans la lignée de Toto, Asia, Yes, avec une prédominance de mélodies soignées et de refrains agréables. Leur rock aérien, aux harmonies vocales dues à Billy Sherwood (célèbre producteur et bassiste de Yes et d’Asia), possède toutes les qualités pour attirer les amateurs du genre. Il faut dire que les quatre musiciens ne sont pas des novices, puisque le guitariste Bruce Gowdy et le claviériste Guy Allison ont fait partie des excellents Unruly Child, et que le batteur Mark T. Williams n’est autre que le fils du compositeur John Williams (Star Wars, Harry Potter, Indiana Jones…) et le frère de Joseph, le chanteur de Toto. Une fois le décor planté, il est aisé de comprendre que nous avons affaire à la crème des musiciens américains.

Après deux albums, World Trade (1989) et Euphoria (1995), les voici de retour. On peut dire qu’ils ont mis le temps pour peaufiner leur nouvel album. Et cela valait la peine d’attendre. Leurs compositions, ciselées, savamment construites, nous entraînent dans un univers nuancé, aux lignes de chant originales : « Pandora’s Box » et aux refrains aisément mémorisables : « The New Norm » qui nous rappellent les meilleures formations du genre.

Mais World Trade ne se limite pas à aligner de superbes chansons, il les agrémente de jolis soli de guitares ou de claviers : « On Target On Time », « Unify ». La patte Yes est présente, ce qui n’est pas une surprise, mais on peut également y saisir des influences puisées chez Genesis : « Life Force », « Again ». Cela nous donne un album d’excellente facture qui aurait peut-être mérité davantage de puissance sur certaines parties, et qui nous renvoie aux grands noms de la scène AOR progressive. Un vraie (re)découverte dont il ne faut pas se priver et qui ravira les fans du genre, voire les amateurs de musique rock.

  • 1. The New Norm
  • 2. Where We’re Going
  • 3. Pandora’s Box
  • 4. On Target On Time
  • 5. Gone All The Way
  • 6. Unify
  • 7. For The Fallen
  • 8. Lifeforce
  • 9. Same Old Song
  • 10. Again
  • Mark T. Williams : Batterie, chœurs
  • Bruce Gowdy : Guitare, claviers
  • Guy Allison : Claviers, orgues
  • Billy Sherwood : Chant, basse

Label : Frontiers

VIZION – Rock For Your Life (1980)

Vizion nous vient du Texas et n’a, semble-t-il, publié qu’un seul album en 1980. Nourri au hard rock et au blues, ce Rock For Your Life est mené par la voix puissante de la chanteuse Jan Houston et des riffs efficaces, et se place à la croisée des années 1970 et 1980.

On découvre ainsi des douze mesures endiablés, comme « Rock Star Queen », au refrain typé années 1970, mais que les guitares parviennent à rendre irrésistible, et des titres plus hard rock tels que « Cash » qui ouvre les hostilités avec une véritable énergie communicative que magnifie la voix de Jan Houston ou l’énervé « Rock For Your Life » au rythme syncopé et qui rappelle par certains côtés Janis Joplin en plus puissant. Toujours aussi rapide, mais avec moins d’apports blues, « Inside Light » est plutôt un hard FM bien produit, avec un refrain agréable.

A côté de cela, Vizion est aussi capable de nous livrer des morceaux plus calmes, comme le blues rock « Straigh Out », sur lequel guitares et voix s’en donnent à cœur joie pour nous envoûter. Le riff est classique, en revanche, le traitement du refrain est suffisamment mélodique et original pour attirer l’attention. Et surtout, le rythme permet aux guitares de nous livrer un beau solo blues. « Wheels of Fortune » clôt l’album avec un titre dans la même veine, nourri au hard blues des années 1970, comme le prouve le solo de guitare enjôleur et les claviers.

Dans une veine plus pop-rock, « Dreamer » explore même les sentes du funk-rock pour un break, tandis que son refrain très années 1970 lui apporte une touche plus légère. Dans une veine assez proche, « New Wave » semble idéal pour passer sur les radios de l’époque ou illustrer une série télévisée. C’est frais, bien construit, même si cela manque un peu d’originalité. Mais le groupe respire le talent et explore de nombreux univers. « Jo Jo High Jump » est ainsi un funk rock entraînant, au groove indéniable qui aurait pu devenir un tube.

Au final, cet unique album, difficilement trouvable, est un vrai bonheur pour les oreilles.

  • 1. Cash
  • 2. Straight Out
  • 3. Rock Star Queen
  • 4. No Reason Why
  • 5. Rock For Your Life
  • 6. Vizion
  • 7. Dreamer
  • 8. New Wave
  • 9. Inside Light
  • 10. Jo Jo High Jump
  • 11. Wheel Of Fortune
  • Jan Houston (vocals, percussion)
  • Mike Soria (guitar, vocals)
  • John Windle (bass, vocals)
  • Laine Bowser (keyboards, vocals)
  • Guy Houston (drums, percussion)

Lawlessness – On The Run (1982)

Il existe des albums qui marquent une jeunesse et qui, plus de trente ans après, demeurent encore dans l’oreille pour des raisons qu’on ignore. L’unique album des Français de Lawlessness appartient à cette catégorie. Menée par une paire de chanteuses aux timbres complémentaires, la musique de Lawlessness est un hard rock épais, aux refrains mélodiques et aux riffs efficaces. Pour la petite histoire, après une démo, le groupe décroche un contrat pour trois albums avec Saravah/RCA, mais c’est la participation de Nina Scott au film Invitation au voyage de Peter Del Monte qui permet au groupe de trouver des financements.

L’album débute par la tornade « Youth On The Run », un titre rapide propulsé par les deux voix qui se répondent et par un riff endiablé. Sorte de croisement entre du speed metal et du boogie, ce morceau bénéficie d’un groove énorme. Suit « I Get Pain » qui évoque tour à tour Girlschool et Pat Benatar, autant dire un mélange détonnant et étonnant qui laisse des traces indélébiles. Car Lawlessness est un vrai groupe de hard rock, capable d’explorer toutes les facettes du genre. « Take Your Bag » est ainsi un titre plus type années 1970, avec sa tension permanente, sa slide qui vient vous titiller les nerfs et cette basse expressive. Pat Benatar rencontrant le southern rock. La face A se clôt sur un rock énervé, le furieux « Don’t Follow Me » qui déborde d’énergie et de mélodies. Les duels de chants sont superbes.

La face B démarre sur le torturé « The Master », dont les couplets sont volontairement saccadés avant de lancer un refrain rapide. On sent un groupe déjà parfaitement en place, capable de prendre des risques et de réussir. Pourtant, « The Cats » est encore meilleur, notamment grâce au partage des lignes de chant et à l’humour qui se dégage de ce morceau. Le riff sautillant propulse également cette chanson parmi les meilleures du groupe. Plus sombre, « Rape Man » n’en demeure pas moins un bon titre speed rock qui se présente comme un récit dénonçant le viol. Le dernier morceau de cet excellent album sort aussi du lot. En effet, « The Grave » est un mid-tempo destiné à secouer la tête en cadence, appuyé sur une section rythmique énorme et des riffs à la AC/DC.

Alors que cet album est assurément l’un des meilleurs opus produits en France, le groupe ne bénéficie d’aucune promotion. Nina Scott quitte le groupe et ira rejoindre Klaxon qui avait le vent en poupe. Les autres musiciens abandonnent le milieu pour un des plus beaux gâchis de l’époque. Ailleurs, Lawlessness serait devenu énorme. Reste moins de trente minutes de pur bonheur pour l’amateur de hard rock et de rock.

  • 1. Youth On The Run
  • 2. I Get Pain
  • 3. Take Your Bag
  • 4. Don’t Follow Me
  • 5. The Master
  • 6. The Cats
  • 7. Rape Man
  • 8. The Grave
  • Nina Scott – chant
  • Jenny Jones – chant
  • Michel Pineda – guitare
  • Rene Martella – guitare
  • Serge Bertrand – basse
  • Alain Marie – batterie
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