MORE – Blood & Thunder (1982)

Après le départ des trois-cinquièmes de sa formation, More repart sous forme de quatuor, avec Mick Stratton au chant et Kenny Cox à la manœuvre. Plus heavy que le premier album, Blood & Thunder s’appuie aussi sur des lignes mélodiques moins sophistiquées et un chant plus éraillé et hurlé que sur le précédent album. C’est flagrant dès les premières mesures de « Killer On The Prowl » dont le riff est répétitif, lourd et sombre. Intéressant, ce morceau n’en est pas moins inférieur aux compositions antérieures. Et que dire de « Blood And Thunder » qui, malgré une énergie communicative, se perd en son milieu en un improbable solo de batterie ? Plus inquiétant encore est le chant de Mick Stratton qui en fait des tonnes et devient vite horripilant. Ses lignes vocales ne sont pas extraordinaires, si bien qu’un titre comme « Nightmare » est tout bonnement inintéressant.

C’est bien dommage, car les parties instrumentales des dix morceaux sont assez réussies, comme le montrent « Traitors Gate », le complexe « I’ve Been Waiting » ou le bon « I Wanna Take You » aux influences puisées chez Jimi Hendrix. Ainsi, lorsque Stratton ne pousse pas trop sa voix, les chansons tiennent la route, comme c’est le cas pour « Go Home ». Il n’est pourtant pas le seul à gâcher la fête. Sur l’instrumental « The Eye », Kenny Cox cherche à nous montrer qu’il est un grand guitariste. Malheureusement, s’il est assez bon, lui aussi dépasse ses limites et parvient à ruiner la fin du morceau.

S’inscrivant dans la moyenne des albums de l’époque, Blood & Thunder est néanmoins inférieur à Warhead et possède de nombreuses lacunes qu’une production extérieure aurait pu gommer. Comme le montre la pochette centrée sur un unique musicien, cet album ressemble plus à un projet solo qu’à un vrai travail de groupe. More sortira encore le 45 tours « Trickster/Hey Joe » avant de se séparer et de revenir plusieurs fois ou sous forme de cover band (sic)…

  • 1. Killer On The Prowl
  • 2. Blood And Thunder
  • 3. I Just Can’t Believe It
  • 4. I’ve Been Waiting
  • 5. Traitors Gate
  • 6. Rock And Roll
  • 7. I Wanna Take You
  • 8. Go Home
  • 9. The Eye
  • 10. Nightmare

  • Mick Stratton – vocals
  • Kenny Cox – guitar, producer
  • Brian Day – bass
  • Andy John Burton – drums

Producteurs : More, Vic Rush

Label : Atlantic records

MORE – Warhead (1981)

Le destin de certains groupes est très étrange et pour le moins obscur. Formé par Paul Mario Day, ancien chanteur d’Iron Maiden, More sort un premier album prometteur en 1981, distribué par Atlantic Records, un label important qui aurait dû leur permettre de percer. Surtout que cet album possède toutes les qualités nécessaires pour intéresser les amateurs de musiques extrêmes de l’époque. Œuvrant dans un mélange de metal et de hard-blues, More propose des morceaux efficaces, épais, au son chaud et aux refrains suffisamment fédérateurs pour attirer du monde.

Dès le rapide « Warhead », le ton est donné. Soutenu par une section rythmique carrée, ce titre pulse une énergie communicative qui donne envie de secouer la tête en cadence et de chanter avec le groupe. Il en va de même pour l’enjoué « Road Rocket » qui s’inscrit dans la lignée de certains groupes de la New Wave Of British Heavy Metal comme Vardis ou Samson, autant dire que More nous propose de la qualité, surtout que son chanteur possède une belle voix et que les guitaristes assurent. Dans la même lignée, « Way Of The World » s’avère une excellente chanson au riff tourbillonnant et au refrain mélodique. Les influences hard-blues sont évidentes, tandis que le refrain est typiquement metal. Plus heavy sont les cavalcades du titre « I Have No Answers » qui se rapproche d’Iron Maiden, avec une basse omniprésente, ou de Budgie pour ce rythme entraînant.

More ne propose pas que des chansons rapides, il excelle aussi dans les chansons lentes comme le groovy « Fire » au refrain simple mais qui fait mouche. Le groupe sait aussi proposer des compositions plus complexes, comme « Depression » qui étonne pour l’époque, avec ses apports rock, ses chœurs chuchotés et ses solos bourrés de feeling. Dans un esprit assez proche, « We Are the Band » capte l’attention grâce à de belles lignes de chant et à un riff répétitif qui finit par nous prendre à la gorge. L’ombre des premiers Iron Maiden planent également ici et celle du blues sur « Soldier ».

Après des prestations réussies dans plusieurs festivals, quelques mois plus tard, Paul Mario Day quitte le navire pour monter Wildfire, ainsi que Frank Darch et Laurie Mansworth qui vont former Airrace. Un second album suivra.

  • 1. Road Rocket
  • 2. Fire
  • 3. Soldier
  • 4. Depression
  • 5. Warhead
  • 6. Way of the World
  • 7. We are the Band
  • 8. I Have No Answers
  • Paul Mario Day – Vocals
  • Kenny Cox – Guitar
  • Laurie Mansworth – Guitar
  • Brian Day – Bass
  • Frank Darch – Drums

Label : Atlantic Records

PECTORA – Untaken (2019)

Originaire du Danemark où il s’est formé en 2013, Pectora nous livre un premier album de metal mélodique et presque progressif, à la croisée de Morgana Lefay et Hammerfall, avec une dose de Metallica et Testament pour le chant et certaines parties thrash. Cette parenté est évidente sur des titres lents comme « Untaken », « The Fare » ou « Unkindled Flame » qui allient la puissance du thrash, les mélodies du heavy et les changements de rythmes propres aux deux genres. Autant dire que Pectora s’inscrit dans une lignée plutôt intéressante et moderne et qu’il se donne le temps de développer ses thèmes, puisque l’album dure 47 minutes pour huit morceaux.

« Untaken » ouvre d’ailleurs le bal sur plus de sept minutes pour nous conduire sur des sentes changeantes où se développent des tempos torturés. Il en va de même pour « The Arrival » qui aime mettre en œuvre des rythmes contrastés, passant de riffs écrasants, à d’autres plus rapides, avant de laisser place à des plages ciselées sur lesquelles les guitares se répondent à droite et à gauche. La fin du morceau est un long développement de « twin guitars ». Quant aux vocaux, ils bénéficient d’arrangements étonnants et de petites touches surprenantes, qui montrent que le groupe les a savamment pensés. A l’opposé, « Collide » accélère le tempo pour se démarquer de Metallica et nous offrir une belle cavalcade dont les riffs, bien choisis, renvoient plutôt à la New Wave Of British Heavy Metal, avec une bonne dose de heavy metal contemporain. On se laisse donc facilement convaincre par ce morceau qui ne cesse de nous surprendre

Le groupe affectionne plus particulièrement les tempos médiums, qui invitent l’auditeur à taper du pied en cadence ou à secouer la tête. C’est le cas sur l’excellent « Haunted Memory » au refrain fédérateur et aux guitares inspirées. « Running Out Of Day » s’appuie, quant à lui, sur une rythmique épaisse et des riffs écrasants menant à un refrain lent et mélodique. Le groove véhiculé par ce morceau et la qualité des arrangements sont parfaits pour passer un bon moment et apprécier les changements de rythmes initiés par une basse omniprésente. Avec « No Regrets », le groove est encore présent, avec une pointe de Metallica dans la construction du morceau et certaines parties vocales, tandis que le refrain, original, nous transporte dans un univers heavy du plus bel effet. Ce mélange, bien maîtrisé, démarque Pectora de la concurrence et apporte une réelle originalité à ce titre et à tout cet album.

  • 1. Untaken
  • 2. Collide
  • 3. Haunted Memory
  • 4. The Fare
  • 5. Running Out Of Days
  • 6. Unkindled Flame
  • 7. No Regrets
  • 8. The Arrival
  • Kenneth Steen Jacobsen : Chant
  • Morten S. Nielsen : Guitares
  • Søren Weiss Kristiansen : Guitares
  • Laurids Leo Münier : Basse
  • Nicolas Kraunsøe Frandsen : Batterie

Label : Mighty Music

PARASITE – Parasite (1984)

Sorti en 1984, cet unique EP du groupe suédois Parasite est évidemment d’une grande rareté et, pourtant, pas exempt de qualités. Formé en 1981, ce quatuor enregistre deux démos avant de se lancer dans la production de ce cinq titres, à la pochette assez naïve, mais qui rappelle ce qui nous était proposé à l’époque.  

L’introduction « In the Beginning » évoque indéniablement celle de « Crazy Train » d’Ozzy Osbourne, avant que « Burnin’ » ne lance réellement la machine pour un heavy metal classique au riff proche de celui du « Rapid Fire » de Judas Priest, et au refrain percutant. Si l’originalité n’est pas de mise, le groupe s’acquitte de sa tâche avec sérieux et un peu de maladresse dans les solos. « Nightwinds » propose une pièce épique, plus maîtrisée, aux nombreux changements de rythmes et au chant déclamé, qui ouvre sur un refrain hurlé. L’ensemble est bien en place, en dépit d’une production un peu sourde, et se laisse écouter avec intérêt.

La face B débute avec « Chalice of the Soul », une cavalcade heavy dans la lignée de certains groupes de la New Wave Of British Heavy Metal comme Holocaust, ou les premiers Judas Priest. Le chant, médium, évoque plutôt certains albums allemands, ce qui donne un mélange étonnant, mais pas désagréable. C’est un peu moins le cas pour « Lonely Eagle », un titre lourd, au riff de départ asséné avec ardeur, mais que la batterie, mal produite, gâche un peu. Construit comme une pièce épique, avec quelques changements de rythmes, ce titre montre un peu les limites du groupe, tout en demeurant sympathique, comme l’ensemble de cet EP qui apparaît comme un témoigne poignant de l’underground de l’époque.

  • 1. In the Beginning 
  • 2. Burnin’ 
  • 3. Nightwinds
  • 4. Chalice of the Soul
  • 5. Lonely Eagle
  • Johan Billerhag : Batterie
  • Bo Petersson : Guitares 
  • Anders Holmström : Guitares Paul Zanichell : Chant, Basse 

NORTHTALE – Welcome to Paradise (2019)

NorthTale se forme en 2017 sous l’instigation du guitariste Bill Hudson (Circle II Circle, Jon Oliva’s Pain, Doro…), du batteur Patrick Johansson (Clockwork Revolution, Yngwie J. Malmsteen, Takara, W.A.S.P., Stormwind…) et du chanteur Christian Erisksson (Twilight Force…), auxquels s’associent Jimmy Pitts et Mikael Planefeldt. Après deux ans de travail, le groupe publie son premier album chez Nuclear Blast. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est réussi. Œuvrant dans un metal néoclassique, comme leurs collègues de Majestica, signés eux aussi sur le même label, les musiciens nous livrent un album rempli de compositions mélodiques, puissantes, intelligentes et entraînantes. Portées par un chant clair, des chœurs grandioses et des riffs alertes, les chansons de Welcome to Paradise évoquent Helloween, Malmsteen ou les débuts de Sonata Arctica, ou pour les moins connus, Time Requiem. Autant dire que les rythmes sont rapides, les influences classiques nombreuses et la dextérité des musiciens omniprésente.

Tout cela débute d’ailleurs sur un rythme ultra rapide avec l’excellent « Welcome To Paradise » dont les arrangements et les lignes mélodiques évoquent Helloween. L’ensemble est frais, alerte, d’une rare efficacité, et donne un bon coup de fouet, tout en nous donnant envie de secouer la tête en cadence. « Higher » s’inscrit dans un schéma semblable, une bonne dose de groove en plus. En deux titres, NorthTale a conquis l’auditeur. Et le reste de l’album est du même acabit. « Shape Your Reality » renvoie à Helloween et Sonata Arctica, avec son refrain enjoué, ses claviers qui soutiennent une guitare alerte et une section rythmique efficace. Plus grave, « Sirens’ Fall » puise dans le metal néoclassique ses harmonies et ses motifs pour mieux nous enchanter. La voix de Christian Erisksson s’adapte parfaitement à ce style, comme c’est aussi le cas sur le bouillant « Time To Rise » au magnifique refrain et sur l’excellent « If Angels Are Real » au rythme syncopé.

NorthTale est également capable de nous offrir de superbes mid-tempos, comme le très beau « Everyone’s A Star » aux riffs plaqués que viennent supporter de belles nappes de claviers. On se rend alors compte que ce groupe est vraiment doué pour écrire des titres immersifs. Avec « The Rhythm Of Life », on tient même un hymne capable de remuer les foules, tant son riff et ses mélodies possèdent de qualités. Lorsqu’il faut devenir plus mélancoliques, NorthTale sait calmer le jeu et nous offrir des chansons pleines de lyrisme, comme « Way Of The Light », une power ballad qui débute par un accompagnement au piano avant de nous offrir des chœurs majestueux. L’album se clôt sur « Even When » un titre acoustique, tout en nuances, qui ferme calmement cet album de toute beauté.

Pour un premier album, NorthTale réussit un coup de maître et signe le retour en force du metal néoclassique, ce dont je ne vais pas me plaindre. « Bring Down The Mountain » montre à la perfection toutes les capacités de ce groupe aux musiciens talentueux.

  • 1. Welcome To Paradise
  • 2. Higher
  • 3. Follow Me
  • 4. The Rhythm Of Life
  • 5. Time To Rise
  • 6. Way Of The Light
  • 7. Shape Your Reality
  • 8. Everyone’s A Star
  • 9. Sirens’ Fall
  • 10. Bring Down The Mountain
  • 11. Playing With Fire
  • 12. If Angels Are Real
  • 13. Even When
  • Mikael Planefeldt : Basse
  • Patrick Johansson : Drums
  • Bill Hudson : Guitares
  • Jimmy Pitts : Claviers
  • Christian Eriksson : Chant

Label : Nuclear Blast

GRIP Inc – Solidify (1999)

Deux ans après Nemesis qui avait vu le groupe réellement éclater au grand jour, Solidify affirme la direction prise par Grip Inc, à savoir un thrash moderne teinté de death et d’éléments indus. L’apport de Dave Lombardo à la batterie, ainsi que les guitares de Wladimir Sorytcha permettent une nouvelle fois de repousser les limites de la violence comme en atteste la déflagration que représente « Amped », certainement le titre le plus emblématique de cet opus. Le groupe se montre d’une rare violence et écrase tout sur son passage. Cela se perçoit dès « Isolation » dont le riff tranchant est tempéré par un break situé en milieu de morceau, avant que la folie ne reprenne.

La voix d’écorché vif de Gus Chambers fait merveille sur le thrash mélodique de « Lockdown » au riff hypnotique ou le torturé « Foresight » qui présente un groupe bien plus complexe qu’il ne le laisse percevoir au premier abord. C’est notamment le cas sur les petites pépites que sont « Vindicate » à l’introduction parlée et aux refrains chantés ou encore « Griefless » qui explore un heavy torturé, sur lequel le jeu de Dave Lombardo fait merveille et les riffs de Sorytcha donnent envie de secouer la tête en cadence. On touche à la grâce avec une composition que l’on n’attendait pas d’un tel groupe. Il en va de même pour « Human ? », un morceau d’ambiance, angoissant et nuancé.

Avec « Stresscase », Grip Inc. propose une nouvelle ode à la violence. Sur une base technothrash, le groupe se montre renversant, grâce à un sens certain de la mélodie furieuse et des arrangements. Ainsi, le saupoudrage indus sur les couplets permet de capter l’attention de l’auditeur tandis que les guitares déchirent l’espace occupé par une section rythmique monstrueuse. On sent le chant impliqué dans une dénonciation d’un système inhumain. Ces impressions se confirment sur « Challenge », une composition ambitieuse à la construction torturée, dans laquelle on retrouve un riff tournoyant et répétitif qui sert de point de repère à un chant furieux mais totalement maîtrisé. Entre Fear Factory et Despair (dont Waldemar Sorychta fut le producteur), avec une touche de Slayer, Grip Inc. fait indéniablement progresser le metal, même s’il ne plaît pas à tout le monde.  

Avant l’instrumental « Bug Juice » qui clôt l’album, « Verräter (Betrayer) » propose la quintessence de tous les éléments découverts jusqu’alors : mélodies, arrangements technothrash, riffs puissants, section rythmique énorme et chant halluciné placés au service d’un metal bourré de groove. Méritant plusieurs écoutes, cet album livre de nouveaux secrets à chaque fois, nous prouvant que c’est une œuvre importante. Le solo de Sorytcha sur cet avant-dernier titre est aussi lumineux qu’il est bref.

En raison de l’emploi du temps chargé de Dave Lombardo de retour au sein de Slayer et des productions de Waldemar Sorytcha, Grip Inc. ne peut se développer normalement et il faudra attendre cinq ans pour obtenir un ultime album.

  • 1. Isolation
  •  2. Amped
  •  3. Lockdown
  •  4. Griefless
  •  5. Foresight
  •  6. Human?
  •  7. Vindicate
  •  8. Stresscase
  •  9. Challenge
  • 10. Verräter (Betrayer)
  • 11. Bug Juice
  • Gus Chambers : chant
  • Waldemar Sorytcha : guitares, claviers
  • Dave Lombardo : batterie
  • Stuart Carruthers : basse

Producteur : Waldemar Sorytcha

Label : SPV

DEAD LORD – In Ignorance We Trust (2017)

Originaire de Suède, Dead Lord sort son troisième album en 2017 avant de s’engager dans une longue tournée européenne qui passera notamment par le Raismesfest. Plongeant ses racines dans le blues, la soul et le hard rock à la Thin Lizzy, les quatre Suédois nous proposent dix titres colorés, aux ambiances variées, qui nous ramènent trente ans en arrière. La voix d’Hakim Crimea évoque d’ailleurs parfois celle du regretté Phil Lynott, ce qui donne à l’ensemble des airs nostalgiques. IL serait pourtant réducteur de ne voir en Dead Lord qu’un clone de Thin Lizzy, d’autres se sont chargés de le faire. Ce qui transpire de cet opus, c’est surtout l’amour des riffs chauds, de la mélodie et de la mixité musicale, comme c’est évident sur « The Glitch », une composition pleine de nuances et de trouvailles ou l’enjoué « Darker Times » sur lequel la basse sert de catalyseur.

Evidemment, on ne peut nier la proximité de Dead Lord avec le groupe irlandais. L’excellent « Kill Them All » nous renvoie directement à l’époque Black Rose, tandis qu’« Ignorance » se rapproche plus de Jailbreak ou que le superbe « Too Late » trouverait sa place sur Chinatown. Mais qu’à cela ne tienne, Dead Lord a le sens du riff et de la mélodie. Sur « Reruns », les lignes vocales d’Hakim puisent aux mêmes sources que Phil Lynott, en se gorgeant d’un feeling communicatif qu’accentuent les riffs et les solos. Les Suédois se montrent d’ailleurs vraiment efficaces sur leurs titres lents. La ballade bluesy « Leave Me Be » est pleine de nuances et active avec beaucoup de bonheur nos fibres mélancoliques. Il en va de même pour « Part Of Me », un blues plein de finesse, qui démarre par de l’harmonica et permet aux guitares de s’en donner à cœur joie, puisque la fin du morceau est entièrement instrumentale.

En ce qui concerne les surprises, « Never Die » se démarque du lot avec ses influences plus rock, ses chœurs typés années 1970 et les arrangements de batterie. Ce mélange de rock proche des Rolling Stones, de riffs hard rock et de soul joue clairement la carte de la nostalgie, mais cela fonctionne. Si Dead Lord n’invente rien, il nous propose des chansons efficaces et mélodiques, comme « They ! » qui nous entraîne dans sa narration sans nous laisser respirer.  

In Ignorance We Trust est un bon album pour les nostalgiques des années 1970, les amoureux des riffs chauds, des mélodies envoutantes et des groupes authentiques.

  • 1. Ignorance
  • 2. Too Late
  • 3. Reruns
  • 4. Leave Me Be
  • 5. The Glitch
  • 6. Kill Them All
  • 7. Never Die
  • 8. Part Of Me
  • 9. They!
  • 10. Darker Times
  • Hakim Crimea : Guitares, Chant
  • Adam Lindmark : Batterie
  • Olle Hendenstrom : Guitares
  • Martin Nordin : Basse

Label : Century Media

BLACK ROADS – II (2017)

Black Roads nous vient de la région lyonnaise et nous livre un deuxième album de hard rock carré, chaud, mélodique, gorgé de blues et nourri au classic rock, qui ravira les amateurs de belles voix, de riffs efficaces ainsi que nous le prouve l’excellent : « Dancing Withe The Devil », et de vraies chansons. Tout au long des dix titres composant ce II, l’auditeur est fasciné par la voix de Sylvaine Deschamps-Garcia, à la fois puissante et d’une rare justesse, qui apporte à chaque titre ce petit plus indispensable à ce genre de musique. On se laisse facilement envoûter par ses performances sur l’original : « Duel to the Death » ou le bluesy : « Free Fall ». Dans un style moins psychédélique qu’Elin Larson, la chanteuse de Blues Pills, Sylvaine nous prouve que la France possède aussi de grandes voix. La comparaison n’est pas fortuite, car Black Roads affiche tous les atouts pour plaire aux mêmes amateurs de bonne musique que ce groupe adulé par la critique et le public.

Surtout que les guitaristes abattent un travail énorme, tant dans la recherche de riffs inattendus que de soli. Si « Frenetic Trafic » emporte tout sur son passage, grâce à une envie communicative et un rythme soutenu, « Put You On Hold » affiche un groove imparable qui donne envie de secouer la tête, tandis que l’excellent « Into The Swamp » fleure bon l’Australie. Nous sommes, en effet, à la croisée de ce que joue The Answer pour le côté classic rock et des chansons de The Angels. Autant dire, que des références. Lorsqu’on sait que le groupe a commencé par reprendre des titres de Led Zeppelin ou Gov’t Mule, on ne s’étonne pas de la capacité de ces musiciens pour nous offrir un album imparable.

Seul petit reproche, mais peut-être dû au mp3, le son manque parfois de profondeur, ce qui fait perdre une partie de son charme à « Free For All » par exemple, dont le riff évoque The Amboy Dukes. Cela amène sur le tapis la question de la non signature de ce groupe sur un label plus important, à la manière des Blues Pills précités, car, ne nous y trompons pas, nous sommes dans la même veine, non pas seulement pour les influences musicales, mais pour le talent. Avec davantage de moyens, Black Roads pourrait atteindre une réelle notoriété. Est-ce que la France va encore passer à côté de l’un de ses joyaux ? Ce serait dommage !

  • 1 – Frenetic Trafic
  • 2 – Lot Lizard
  • 3 – Dancing with the Devil
  • 4 – Put you on Hold
  • 5 – Trouble Hotel
  • 6 – Into the Swamp
  • 7 – Free Fall
  • 8 – Dual to the Death
  • 9 – Stop, blow hot and cold
  • 10 – Ship of Fools
  • Sylvaine Deschamps-Garcia : Chant
  • Christophe Oliveres : Guitare, chœurs
  • Fabrice Dutour : Guitare, chœurs
  • Franck Mortreux : Basse, chœurs
  • Nicolas Ammollo : Batterie

BROTHER FIRETRIBE – Sunbound (2017)

Les Finlandais de Brother Firetribe sont peu connus dans nos contrées, et ce, en dépit de trois précédents albums d’excellente facture, il serait peut-être temps que cela change. Surtout que Sunbound possède toutes les qualités nécessaires pour atteindre les sommets du genre. Œuvrant dans un hard FM racé et puissant, le groupe nous prouve qu’il sait écrire des chansons mélodiques, entraînantes et techniques, dont les refrains entrent immédiatement dans la tête pour ne plus en sortir : l’entêtant et génial « Give Me Tonight » sort du lot, mais également le superbe « Help On The Way » qui ouvre le bal, ainsi que le mid tempo « Heart Of A The Matter » aux mélodies soignées ou le tube en puissance qu’est « Taste Of A Champion »…

Je pourrais d’ailleurs citer quasiment tous les titres, tant il n’existe aucune faute de goût sur cet album. Chaque chanson a été fignolée dans les moindres détails, avec un goût certain et d’évidentes qualités de compositeur. On pense évidemment à Journey, mais aussi à Survivor ou Toto (en plus énergique), autant dire que de l’excellent. Et c’est justement cela le maître mot de Sunbound qui semble avoir été construit avec soin pour ne nous offrir que le meilleur du groupe. C’est flagrant sur « Shock », une chanson lente, sans être une ballade, au refrain subtil, qui sait parfaitement jouer avec des ambiances nuancées et touchantes. Ce titre est original, plein de classe et intelligent. Il en va de même pour « Indelible Heroes », plus enlevé, qui renvoie aux meilleurs moments de Rainbow version Joe Lynn Turner et qui permet à Emppu Vuorinen, par ailleurs guitariste de Nightwish, de nous montrer toute sa classe.

Aucune faute de goût pour cet album qui se clôt sur « Phantasmagoria », un morceau servi par de magnifiques orchestrations. Le groupe reprend même « Restless Heart » de Jon Parr, en y apportant de nouveaux arrangements plutôt réussis, ce qui prouve toute la classe de ces musiciens qui parviennent à s’approprier ce titre pour en faire l’un des siens. Produit aux Finnvox studio par Tomppa Nikulainen qui s’occupe également des claviers, Sundound bénéficie d’un son énorme, dynamique et coloré, qui met en valeur chaque titre.

Il ne vous reste plus qu’à vous jeter sur cet album qui, même s’il marche à contre-courant, s’inscrit parmi les meilleurs albums de hard FM sortis ces dernières années. A noter que la version japonaise contient deux titres en bonus : le hard FM « Don’t Cry For Yesterday » qui ne démérite pas et la version acoustique de « For Better Or For Worse » (présent sur Diamond In The Firepit), aux ambiances sud-américaines.

  • 01. Sunbound
  • 02. Help Is On The Way
  • 03. Indelible Heroes
  • 04. Taste Of A Champion (remastered)
  • 05. Last Forever
  • 06. Give Me Tonight
  • 07. Shock
  • 08. Strangled
  • 09. Heart Of The Matter
  • 10. Restless Heart
  • 11. Big City Dream
  • 12. Phantasmagoria
  • Pekka Ansio Heino : Chant
  • Erno “Emppu” Vuorinen : Guitares
  • Jason Flinck : Basse, chœurs
  • Tomppa Nikulainen : Claviers
  • Hannes Pirila : Batterie

Label : Spinefarm records

MICHAEL SWEET – Ten (2019)

Comme son titre l’indique, Ten est le dixième album solo du chanteur guitariste de Stryper, et le moins que l’on puisse dire c’est que le musicien a décidé de frapper fort. Entouré d’invités prestigieux, il nous délivre un album de pur heavy metal sur lequel, on le comprend aisément, il s’est fait plaisir. Ce retour aux sources, qui nous renvoie aux premiers Stryper, souvent en plus puissant, s’inscrit parfaitement dans notre époque, tout en nous rappelant les meilleurs groupes du genre. On pense évidemment à Judas Priest sur « Better Part Of Me » ou « Son Of Man », tant les rythmiques et les ambiances jouent sur les mêmes sentiers que le groupe anglais. Les riffs sont puissants et irrésistibles, tandis que la section rythmique assure une assise parfaite. La présence de Jeff Loomis sur le premier et de Todd La Torre sur le second éclaire ces titres.

Chaque morceau explore des ambiances différentes. Ainsi, « Forget, Forgive », plus hard rock que les titres pré-cités et au riff possédant de faux airs de celui du « School’s Out » d’Alice Cooper, se développe sur un tempo médium et groovy. La présence de Howie Simon (Talisman, Jeff Scott Soto) lui apporte une chaleur indéniable. Egalement teinté de hard rock, « Ten » est un blues rock épais, proche de ce que pourrait proposer Glenn Hughes. Son rythme lancinant vous cueille sans jamais vous lâcher. Tout aussi mélodique, « Never Alone » voit Joel Hoekstra de Whitesnake y aller de son solo lumineux, tandis que le riff principal nous donne envie de taper du pied. On a même droit à une ballade avec « Let It Be Love » qui s’inscrit parfaitement dans cet ensemble en nous proposant une pause bien méritée.

Car, ne nous y trompons pas, même lorsque le tempo se ralentit, le propos demeure métallique. « Lay It Down » déboule à cent à l’heure, permettant au grand public de découvrir Marzi Montazeri, un guitariste doué, dont le solo se révèle fluide et technique. L’orientalisant et superbe « Shine » s’appuie sur un magnifique refrain, aux chœurs finement travaillés. Sans doute l’un des plus beaux morceaux de cet album, avec « Ricochet » sur lequel Tracii Guns de LA Guns vient déposer son solo. Ecrit autour d’un riff carré et distordu, ce morceau est une vraie réussite au refrain fédérateur. Evidemment, on retrouve la patte Michael Sweet, notamment sur « With You Till The End » qui aurait pu atterrir sur un album de Stryper.

En douze chansons, Michael Sweet signe l’un de ses meilleurs albums et prouve qu’il demeure un vrai compositeur et un chanteur talentueux. Ten est donc hautement recommandable et devrait illuminer le sapin des vrais amateurs de musique.

  • 1. Better Part of Me (featuring Jeff Loomis of Arch Enemy)
  • 2. Lay It Down (featuring Marzi Montazeri)
  • 3. Forget, Forgive (featuring Howie Simon)
  • 4. Now Or Never (featuring Gus G of Firewind)
  • 5. Ten featuring (Rich Ward of Fozzy)
  • 6. Shine (featuring Ethan Brosh)
  • 7. Let It Be Love
  • 8. Never Alone (featuring Joel Hoekstra of Whitesnake)
  • 9. When Love Is Hated (featuring Joel Hoekstra of Whitesnake)
  • 10. Ricochet (featuring Tracii Guns of LA Guns)
  • Bonus Tracks:
  • 11. With You Till The End (featuring Mike Kerr and Ian Raposa from Firstbourne)
  • 12. Son Of Man (featuring Todd La Torre of Queensryche and Andy James)
  • Michael Sweet : Chant, Guitares
  • Will Hunt : Batterie
  • John O’Boyle : Basse

Label : Rat Pak/Frontiers

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