PRETTY MAIDS – Undress Your Madness (2019)

Après l’excellent Kingmaker sorti en 2016, et alors que nous venons d’apprendre les soucis de santé de Ronnie Atkins, Pretty Maids sort son seizième album studio, le premier avec Chris Laney aux claviers et Allan Sørensen à la batterie. Dès les premières notes de « Serpentine », il ne fait aucun doute que nous avons affaire à un album des Danois. Le son reconnaissable entre tous, ce mélange unique de puissance et de mélodies, la voix inimitable de Ronnie Atkins et la qualité des compositions nous renvoient immédiatement aux meilleures années de Pretty Maids. D’ailleurs, il serait intéressant de se demander si le groupe a déjà connu un passage à vide. A mon avis, non.

Toujours est-il que les dix chansons de ce nouvel opus s’intègrent parfaitement à la discographie déjà riche du groupe. Chaque titre est une petite pépite qui sonne comme un classique. « Serpentine » frappe fort d’entrée avec son savant mélange de riffs écrasants, appuyés par une section rythmique inébranlable, de couplets qui donnent envie de secouer la tête et d’un refrain entêtant que l’on a envie de reprendre en hurlant. Il annonce le destructeur « Undress Your Madness », dont le rythme est assez similaire, mais la puissance est plus importante encore. Assurément un moment fort de cet album qui devrait tout écraser en concert, surtout que la construction en crescendo est typique de Pretty Maids. Dans la même lignée, en plus rapide, « If You Want Peace (Prepare For War) » s’inscrit comme une bombe au refrain immédiat, à l’ambiance très actuelle et aux références évidentes pour tout fan du groupe tant ce titre renvoie aux débuts de sa carrière. Il en va de même avec « Black Thunder », un morceau assez classique pour Pretty Maids. Son rythme médium et binaire conviendra sans doute aux fans allemands et à ceux qui ont envie de secouer la tête en cadence.

Mais ne nous y trompons pas, les Danois savent se renouveler. Autant ils sont capables d’offrir à leurs fans ce qu’ils attendent, autant ils peuvent explorer de nouvelles voies, comme sur le monstrueux « Slavedriver » dont les lignes vocales sont étonnantes, avant de nous conduire à un refrain mélodique qui tranche avec le pré-chorus écrasant. A l’opposé, la ballade « Will You Still Kiss Me (If I See You In Heaven) » propose un savant mélange de mélodies attendues et d’arrangements nuancées. Si on reste dans la lignée de ce qu’a déjà proposé le groupe, celui-ci parvient à innover grâce à de subtiles touches de claviers. Plus étonnante encore est la power ballad « Strength Of A Rose » qui rappelle les moments les plus commerciaux du groupe, avec ses passages acoustiques, son refrain très chantant et ses harmonies guitares/claviers. Ce côté Jump the Gun est également présent sur « Shadowlands », une chanson aux éclats hard FM qui ne sont pas déplaisants et qui nous rappellent que Pretty Maids est aussi à l’aise dans le heavy mélodique que dans le hard rock.

A mi-chemin entre ces temps anciens et les dernières réalisations des Danois, le mélodique et incontournable « Firesoul Fly » prouve une nouvelle fois toutes les qualités de compositeur du groupe et de musicien de Ken Hammer qui semble caresser sa guitare. Dans la même lignée, « Runaway World » ouvre des portes sur un monde mélodique au merveilleux refrain qui ne devrait pas laisser indifférent les amateurs de hard rock et de metal. Ces deux titres possèdent tous les atouts pour devenir des incontournables de Pretty Maids, mais la plupart des morceaux de cet album en ont les capacités.

Undress Your Madness est un excellent album qui réalise la synthèse entre toutes les époques du groupe, tout en parvenant à demeurer parfaitement ancré dans notre époque, sans jamais montrer la moindre baisse de qualité des morceaux proposés. Un véritable exploit.

  • 01. Intro
  • 02. Serpentine
  • 03. Firesoul Fly
  • 04. Undress Your Madness
  • 05. Will You Still Kiss Me (If I See You In Heaven)
  • 06. Runaway World
  • 07. If You Want Peace (Prepare For War)
  • 08. Slavedriver
  • 09. Shadowlands
  • 10. Black Thunder
  • 11. Strength Of A Rose

  • Ronnie Atkins : Chant
  • Ken Hammer : Guitares
  • Rene Shades : Basse
  • Chris Laney : Claviers
  • Allan Sørensen : Batterie

Producteur : Jacob Hansen

Label : Frontiers

MAJESTICA – Above The Sky (2019)

Avant d’entrer dans Sabaton, Tommy Johannson officiait dans Reinxeed, avec lesquels il publia six albums studio, mais dont le line-up était assez instable. Déjà adepte d’un power metal teinté de néo-classicisme, ce précédent groupe posait les bases d’une musique enjouée, mélodique et puissante. Après deux années passées au sein de Sabaton, Tommy décide finalement de réactiver Reinxeed en rappelant les mêmes membres que sur A New World (2013) avant d’opter pour un changement de patronyme lors de sa signature chez Nuclear Blast. La continuité entre les deux entités est donc évidente, le style musical également.

Dans la lignée de Mamsteen, Helloween et Rhapsody, Majestica propose un metal mélodique rapide, basée sur des structures techniques et des rythmes rapides, qui font la part belle aux guitares. Dès « Above The Sky », l’auditeur est emporté par le riff et les lignes vocales enjouées qui nous ramènent immanquablement à Helloween période Michael Kiske. L’ensemble est efficace, savamment composé et terriblement entraînant. Dans un style similaire, mais avec une touche moderne supplémentaire, « The Rat Pack » nous ramène à des groupes comme Time Requiem, Majestic (sic) ou la meilleure époque de Stratovarius. Plus axé power metal, le superbe « The Way To Redemption » se démarque par son refrain finement travaillé et ses nombreux changements de rythmes, qui permettent de prouver toute l’efficacité du duo basse/batterie et la technique des guitaristes. La cohésion du groupe, primordiale pour ce genre musical, permet à chaque titre de nous entraîner dans sa danse.

L’influence de Sabaton se fait parfois sentir dans la manière qu’a le groupe d’arranger ses morceaux, en y apportant une certaine grandiloquence, notamment sur l’excellent « The Legend », ce qui n’est pas pour me déplaire. Sans aucune pression, Majestica se lâche et fait même preuve d’humour : « Mötley True » ou l’étonnant « Father Time (Where Are You Now) » qui évoque un croisement entre Helloween et The Who, une touche de french cancan en plus. Bien loin d’être lisse et répétitif, Majestica propose de nombreuses ambiances et des thèmes bien différents les uns des autres. « Alliance Forever » s’appuie sur une structure narrative, pour mieux accélérer sur le refrain, tandis que « Night Call Girl » propose un côté plus pop/FM, avec un beau refrain et des lignes vocales complexes qui prouvent que Tommy Johannson est aussi bon chanteur que guitariste. Le rapide « Future Land » lui permet d’ailleurs de développer plusieurs types de voix et mettre en lumière l’excellent travail sur les chœurs.

Above The Sky est un album pétri de qualités, qui frappe par sa musicalité et son évidence, comme si le groupe avait accouché de dix (néo)classiques.

  • 1. Above The Sky
  • 2. Rising Tide
  • 3. The Rat Pack
  • 4. Mötley True
  • 5. The Way To Redemption
  • 6. Night Call Girl
  • 7. Future Land
  • 8. The Legend
  • 9. Father Time (Where Are You Now)
  • 10. Alliance Forever
  • Tommy Johannson – chant, guitare, claviers, orchestration
  • Alexander Oriz – guitare, chœurs
  • Chris David – basse
  • Alfred Fridhagen – batterie

Label : Nuclear Blast

STUBORA – Horizon Noir (2019)

Originaire de Bar-le-Duc, Stubora est un power trio qui roule sa bosse depuis plus de vingt ans et qui sort en cette fin d’année son cinquième album. Malgré sa longue carrière, il demeure relativement inconnu, la faute sans doute à plusieurs changements de directions musicales qui l’ont vu passer d’un chant en anglais à des paroles en français et du thrash old school à un metal teinté de rock. Sur ce nouvel opus, les morceaux puisent à la fois dans le rock français, le heavy traditionnel et le metal contemporain, pour un rendu étonnant qui nous renvoie aux groupes hexagonaux du début des années 1980 avec un réel ancrage dans notre époque. Les riffs sont épais, souvent issus du thrash : « A En Crever », « Inconditionnel » ou « Brune, Noire, Peur Et Feu », tout en étant assez édulcorés ou tempérés par des apports extérieurs. Car le propos de Stubora n’est pas de nous écraser, mais plutôt de nous fasciner, avec ses ambiances sombres et ses paroles revendicatives ou neurasthéniques. En effet, les thèmes abordés sont très sombres, souvent introspectifs : « A En Crever », « Au Plus Profond De Moi », dépeignant un mal de vivre profond : « Tout Peut Finir Demain ».

Les paroles en français peuvent d’ailleurs surprendre certains amateurs de metal, en dépit de la réelle qualité d’écriture des textes, comme sur l’étonnant « Malle Aux Crânes » et son jeu de mots. Stubora n’est donc pas à mettre entre toutes les oreilles. Malgré cela, il ne faudrait pas s’arrêter à ce genre de considérations et essayer de chercher plus loin que cette barrière de la langue qui peut rebuter. Car Stubora a beaucoup à apporter, notamment grâce à son énergie communicative et à ses refrains alliant puissance et mélodies : l’énorme « Ténèbres Eternelles » ou encore « Cerveau Limité ». L’ajout de chœurs ou la multiplication de la voix lead est un indéniable plus et permet de dynamiser les morceaux.

Carrée, puissante, efficace, la musique de Stubora s’inscrit résolument dans notre époque, en proposant des titres variés. De l’entraînant « Ténèbres Eternelles » au lent « Soleil Noir », le groupe explore de nombreux tempos, en privilégiant les rythmes médiums dans lesquels il insuffle un certain groove : « Malle Aux Crânes » ou l’inquiétant « Brune, Noire, Peur Et Feu », et souvent des nuances : le complexe « Au Pied Du Mur » aux faux airs de Metallica, ou le torturé : « Au Plus Profond De Moi ». Stubora nous propose donc un album riche en nuances de gris qui mérite plusieurs écoutes avant d’être totalement appréhendé.

  • 1. Ténèbres Eternelles
  • 2. A En Crever
  • 3. Identité
  • 4. Cerveau Limité
  • 5. Au Pied Du Mur
  • 6. Soleil Noir
  • 7. Malle Aux Crânes
  • 8. Nos Funérailles
  • 9. Hors De Lui
  • 10. Inconditionnel
  • 11. Au Plus Profond De Moi
  • 12. Brune, Noire, Peur Et Feu
  • 13. Tout Peut Finir Demain
  • Cyril : Chant, Guitares
  • Mick : Chant, Basse
  • Niala Sabel : Batterie

MARY’S BLOOD – Confessions (2019)

Cinquième album de Mary’s Blood, Confessions s’impose d’emblée comme l’un des meilleurs albums de metal de cette année 2019. Alliant technique, puissance, mélodie et inventivité, il parvient à la fois à rendre hommage aux maîtres du genre, tout en s’inscrivant dans la mouvance actuelle. S’appuyant sur une section rythmique impeccable, les onze compositions parviennent à mettre en place des ambiances variées, sans jamais lasser l’auditeur et sans céder aux miroirs aux alouettes de la facilité comme c’est en grande partie le cas pour leurs compatriotes de Band-Maid cette annnée. Au contraire, Mary’s Blood poursuit sa quête du riff parfait, du titre de heavy metal le plus efficace et des lignes vocales les plus séduisantes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le quatuor japonais y parvient avec brio.

Débutant par « Labyrinth of the Abyss « un heavy mélodique saccadé, Confessions annonce immédiatement la couleur. Si les mélodies seront bien présentes, elles ne vont pas s’effacer devant la puissance des riffs et la vélocité de la section rythmique, qui se montre impeccable d’un bout à l’autre de l’album. Quant à Saki, elle démontre, une fois de plus, qu’elle possède un jeu complet et une dextérité incroyable. Sur le superbe « アルカディア – arcadia », elle prouve qu’elle peut à la fois délivrer des riffs implacables et des solos de haute volée. Quant à Rio et Mari, elles soutiennent ce rythme thrash avec classe, pour mieux nous surprendre sur le dansant « Laylah » aux influences arabes, des motifs que l’on n’attendait pas chez ces Japonaises. Et pourtant, ça fonctionne à merveille.

Autre grand moment de cet album, le heavy mélodique « Karma » nous permet de nous retrouver en terrain connu pour un fan de Mary’s Blood. Même si les musiciennes ne prennent pas trop de risques avec ce morceau, elles le jouent avec une telle classe qu’il touche à l’excellence. Plus étonnant, mais tout aussi superbe, « Mermaid Serenade » flirte avec le metal néoclassique, tout en y insufflant des influences japonaises. Cela donne une chanson pleine de nuances et de changements de rythmes qui permettent à Eye de moduler sa voix et de nous charmer. Sur le puissant et rapide « Go Ahead & Laugh », elle nous saisit à la gorge pour ne plus nous lâcher, comme le fait chaque musicienne, tant ce speed proche de la New Wave Of British Heavy Metal se montre rapidement addictif.

Davantage surprenants, « High-5 » est un punk rock enjoué sur lequel le quatuor semble s’amuser et qui donne une vraie pêche, alors que « Go Ahead & Laugh » allie énergie punk, dextérité issue du metal et démesure toute japonaise. C’est avec une étonnante grandiloquence que se termine Confessions. « 贖罪の鐘~Requiem for the Victims~ » est en effet une pièce baroque qui n’est pas sans rappeler la musique de leurs compatriotes de Versailles et qui nous conduit de manière envoûtante jusqu’à la fin de ce superbe album qui, à coup sûr, s’inscrit dans mon top 10 de cette année.

  • 1. Labyrinth of the Abyss
  • 2. Karma
  • 3. アルカディア – arcadia
  • 4. Laylah
  • 5. エイム – emu
  • 6. Hello
  • 7. Mermaid Serenade
  • 8. High-5
  • 9. Go Ahead & Laugh
  • 10. VirtuaReaL
  • 11. 贖罪の鐘~Requiem for the Victims~
  • Eye – Chant
  • Saki – Guitares
  • Rio – Basse
  • Mari Kobayashi – Batterie

Label : Tokuma Japan Communication

JOE BONAMASSA – Live At The Disney Opera House (2019)

Guitariste surdoué et véritable stakhanoviste du blues et du rock, Joe Bonamassa nous livre un nouvel album live enregistré lors de la tournée Blues of Desperation à Sydney. Disponible en plusieurs versions, du CD au digital, en passant par de superbes vinyles bleus, ce concert explore différentes facettes du musicien. Débutant par deux morceaux incontournables de sa set-list, le rapide « This Train » qui permet d’admirer la technique du guitariste et le groovy « Mountain Climbing » sur lequel il démontre qu’il possède également une réelle maîtrise de l’intensité. Sur un rythme lancinant, cette chanson nous tient à la gorge du début à la fin. Il en va de même avec « Love Ain’t A Love Song », un titre rehaussé par la section de cuivres, des chœurs soul et un orgue chaud qui colorent l’ensemble d’un côté années 1970. Extrait de Different Shades of Blue (2014), il prend toute sa saveur dans cette version spécialement adaptée pour cet événement. Arrangé d’une manière assez semblable, « Mainline Florida » de George Terry (repris en son temps par Eric Clapton) trouve ici une atmosphère chaleureuse qui permet à Joe Bonamassa de rendre hommage à l’un de ses maîtres. En plus de 7 minutes, il échange avec ses musiciens, laissant une place importante à Reese Wynans sur l’orgue duquel il s’adosse pour mieux délivrer de superbes solos, pleins de finesse et de dextérité.

Sachant parfaitement varier les ambiances, Joe Bonamassa s’octroie des plages plus calmes, notamment avec le mélancolique « Drive », un de ses morceaux les plus récents, puisqu’il a été enregistré sur Blues Of Desperation. Son côté delta blues est parfaitement retranscrit sur scène, avec le même feeling, qu’agrémentent des chœurs tout en retenue et la trompette de Lee Thornburg. Plus ancré dans la soul et les années 1960, « The Valley Runs Low » se développe avec une rare tempérance en montrant un côté du guitariste parfois occulté par ses titres les plus rock, voire hard rock. Autre extrait du même album, « Blues Of Desperation » se montre un peu plus puissant, mais en laissant la place aux instruments et à cette guitare saturée qu’équilibrent l’orgue et les cuivres. Prétexte à un long solo, cette composition est intéressante, mais se trouve assez mal placée en fin d’album.

Le CD se termine sur « No Good Place For The Lonely », un blues lent, gorgé de feeling, et qu’habillent les cuivres et l’orgue afin de l’épaissir. Mélancolique et plutôt groovy, il permet aussi à Joe de montrer qu’il est un bon chanteur, à l’aise dans ce style. Il clôt ainsi l’album de manière assez intimiste, à l’image de ce que ce concert nous a offert dans l’ensemble. Live At The Disney Opera House est plutôt à réserver aux amateurs de delta blues ou de blues lent et moins à ceux qui s’attendent à trouver le guitariste amateur de hard blues ou de hard rock. A noter que la version vinyle contient un titre bonus.

  • 1. This Train
  • 2. Mountain Climbing
  • 3. Drive
  • 4. Love Ain’t A Love Song
  • 5. How Deep This River Runs
  • 6. Mainline Florida
  • 7. The Valley Runs Low
  • 8. Blues Of Desperation
  • 9. No Good Place For The Lonely
  • Joe Bonamassa : Guitares, chant
  • Michael Rhodes : Basse
  • Anton Fig : Batterie, percussion
  • Reese Wynans : Claviers
  • Lee Thornburg : Trompette
  • Paulie Cerra : Saxophone
  • Mahalia Barnes, Juanita Tippins et Gary Pinto : Chœurs

Producteur – Kevin Shirley

Label : Mascot records

MESHIAAK – Mask Of All Misery (2019)

Originaire de Melbourne en Australie, Meshiaak nous livre son deuxième album, trois ans après Alliance of Thieves qui posait déjà les bases d’un thrash progressif teinté de metal moderne. Quasiment inconnu par chez nous, Meshiaak mérite pourtant qu’on s’attarde sur sa musique, à la fois puissante, technique et mélodique, qui doit autant à Metallica : le bouillonnant « City of Ghosts », qu’à Lamb Of God : le puissant « Mask of All Misery », Avenged Sevenfold : le mélodique « Face of Stone » voire Godsmack lorsque le tempo se ralentit : le nuancé « Bury The Bodies » aux superbes lignes vocales. Autant dire que ce groupe possède une base intéressante sur laquelle il développe un univers riche et passionnant, aux atmosphères variées, capable de tenir en haleine l’auditeur tout au long de ses dix morceaux.

Totalement inscrit dans notre époque, Mashiaak joue avec les ambiances pour mieux nous entraîner sur des chemins auxquels on ne s’attendait pas. « Mask of All Misery » varie les rythmes, tout en passant d’un thrash puissant à un metal mélodique sur lequel les guitares viennent tisser des solos soignés. Car le duo composé de Danny Camilleri (également membre de Terramaze) et Dean Wells assure un travail formidable, aussi bien en rythmique qu’en solos. Les riffs sont d’une grande efficacité, tout en tissant des constructions parfois complexes, comme sur « Miasma » qui ouvre cet opus ou le très beau « Tears That Burn The Son », plein de mélancolie et de finesse.

Meshiaak est, en effet, capable de souffler le chaud et le froid, d’opposer une composition en partie acoustique emprunte de nostalgie comme « Dove » à un morceau foncièrement thrash tel que « In The Final Hour » sans que cela ne choque. Car l’intelligence de Meshiaak est justement de lier ses différents morceaux grâce à un goût (et un réel talent) pour la mélodie. Même lorsque le propos se fait écrasant, comme sur le furieux « Adrena » qui n’a rien à envier à Testament, il demeure toujours une ligne vocale ou une harmonie de guitares pour maintenir l’auditeur en alerte. Cela se confirme avec le magnifique « Godless » qui clôt cet album en beauté et qui donne envie de reprendre l’écoute complète de ce très bon album.

A vous d’ôter le masque de Meshiaak afin de découvrir ce qui se dissimule dessous.

  • 1. Miasma
  • 2. Mask of All Misery
  • 3. Bury The Bodies
  • 4. City of Ghosts
  • 5. Face of Stone
  • 6. Tears That Burn The Son
  • 7. Doves
  • 8. In The Final Hour
  • 9. Adrena
  • 10. Godless
  • Danny Camilleri – Guitares, chant
  • Dean Wells – Guitares, chant
  • David Godfrey – Batterie
  • Andrew Cameron – Basse

Label : Mascot Records

KICKIN VALENTINA – Chaos in Copenhagen (2019)

Kickin Valentina est un groupe de sleaze originaire d’Atlanta. Après deux albums, Super Atomic (2015) et Imaginary Creatures (2017), ainsi qu’un changement de chanteur, le groupe nous propose un EP 4 titres, composé de trois inédits et d’un live. Destinées à faire patienter les fans avant la sortie du prochain album, ces nouveautés présentent également DK Revelle, dont la voix grave et éraillée sort réellement de l’ordinaire, surtout dans le genre. Ne cherchez donc pas les cris hystériques ni les voix de tête, DK Revelle fait dans le rock épais. Cela se ressent dès le groovy « Sweat », dont le riff entraînant permet de lancer la machine de fort belle manière. Le refrain soutenu par de gros chœurs est destiné à faire chanter la foule en chœur. Plus épais, le mid-tempo « Easy Rider » s’appuie lui aussi sur des lignes vocales soignées et donne envie de taper du pied. On y retrouve tous les ingrédients du genre, avec des changements de rythmes, des riffs méchants et une volonté d’entraîner l’auditeur au cœur de la fête.

Plus hard rock, le riff principal de « Shakedown » lorgne du côté d’AC/DC, tandis que le refrain, plus complexe que les deux précédents, nous cueille de manière insidieuse. Si ce titre est le moins direct, il est sans doute le mieux écrit avec ses influences glam du meilleur effet. Accolé à « Get Ready », un des classiques du groupe extrait du premier album, il montre une facette bien différente de Kickin Valentine, et pour tout dire, bien meilleure. Car sans être mauvais, « Get Ready » fait dans l’attendu, sans grande originalité et n’est destiné qu’à faire chanter le public, ce qu’il réussit parfaitement.

Chaos in Copenhagen semble annoncer quelques changements dans la musique de Kickin Valentina, une progression qui n’est pas pour me déplaire. A suivre donc avec intérêt.

  • 1. Sweat
  • 2. Easy Rider
  • 3. Shakedown
  • 4. Get Ready (Live at Bang Your Head 2019)

DK Revelle – Chant

Heber Pampillon – Guitares

Chris Taylor – Basse

Jimmy Berdine – Batterie

Label : Mighty Music

GLORYHAMMER – Legends From Beyond The Galactic Terrorvortex (2019)

Il aura fallu attendre quatre longues années pour enfin pouvoir poser les oreilles sur ce troisième album de Gloryhammer. Il faut dire que le succès de Space 1992 : Rise of the Chaos Wizards a entraîné le groupe sur les routes, notamment en soutien d’Hammerfall en 2017 et que Christopher Bowes a été occupé avec le cinquième album d’Alestorm. L’attente en valait la peine, tant ce nouvel opus est complet, original, frais et toujours écrit à l’aulne du pastiche. Tout au long de ces dix titres, Gloryhammer explore les thèmes du space opera et de la fantasy avec humour et talent, nous transportant dans de délectables séries B dont les titres eux-mêmes donnent à sourire. A l’instar de Powerwolf, les Anglais puisent dans les stéréotypes du metal pour mieux les détourner, sans pour autant s’en moquer. Ainsi, l’autodérision dont fait preuve le quintet est aussi importante que leur talent est immense. Chaque morceau nous offre un voyage dépaysant et divertissant qui ravit à la fois par la qualité des riffs que par celle des lignes vocales.

On sent d’ailleurs que Christopher Bowes et son groupe s’amusent autant que nous. Il suffit d’écouter les arrangements de claviers sur « Gloryhammer » ou les chœurs à la Therion de « The Siege of Dunkeld (In Hoots We Trust) » pour s’en convaincre, voire se pencher sur les paroles pour hurler de rire. Evidemment, on perçoit la patte créatrice du claviériste sur cet album, tant certaines structures évoquent celles d’Alestorm, même s’il cherche à s’en démarquer. C’est flagrant sur le rafraichissant « Hootsforce » qui s’appuie sur un rythme sautillant à boire, alors que le refrain s’inspire du heavy metal allemand. Un des grands moments de cet album… qui en compte de très nombreux. Plusieurs titres sont d’ailleurs de véritables petites perles capables d’emporter l’adhésion des foules, comme l’excellent « Masters of the Galaxy » au refrain énorme, l’entraînant « The Land of Unicorns » au riff entraînant ou encore le désopilant « Legendary Enchanted Jetpack » et ses cuivres à la péplum.

J’évoque ces trois chansons, mais toutes les autres méritent qu’on s’attarde dessus. L’hymne « Gloryhammer » apparaît comme un titre incontournable grâce à son travail sur les voix, tandis que « Power of the Laser Dragon Fire » emporte tout sur son passage, avec son rythme déjanté et ses lignes vocales profondément narratives qui évoquent les premiers Gamma Ray. Le travail sur les voix est superbe et varié. « Battle for Eternity » propose ainsi des couplets chantants et un refrain entêtant que viennent appuyer des riffs soignés et des nappes de claviers particulièrement recherchées. Pourtant, la pièce maîtresse demeure « The Fires of Ancient Cosmic Destiny » qui flirte avec le progressif, en développant plusieurs thèmes sur plus de douze minutes, tout en multipliant les influences musicales qui vont du metal à la pop, en passant par le rock. C’est ambitieux et réussi

Avec Legends From Beyond The Galactic Terrorvortex, Gloryhammer accouche de son œuvre la plus aboutie et certainement d’un des meilleurs albums de cette année.

  • 1. Into the Terrorvortex of Kor-Virliath
  • 2. The Siege of Dunkeld (In Hoots We Trust)
  • 3. Masters of the Galaxy
  • 4. The Land of Unicorns
  • 5. Power of the Laser Dragon Fire
  • 6. Legendary Enchanted Jetpack
  • 7. Gloryhammer
  • 8. Hootsforce
  • 9. Battle for Eternity
  • 10. The Fires of Ancient Cosmic Destiny
  • Christopher Bowes : claviers
  • Thomas Winkler : chant
  • Paul Templing : guitares
  • James Cartwright : basse
  • Ben Turk : batterie

Label : Napalm Records

ENTOMBED – Left Hand Path (1990)

Lorsque paraît Left Hand Path en 1990, l’album fait l’effet d’une bombe, non seulement parce qu’il braque les lumières sur la scène death metal suédois encore à ses balbutiements, mais également parce qu’il introduit un nouveau son de guitares, tout en posant les bases d’un style agressif lorgnant sur le black, tout en empruntant au heavy metal et au thrash. Le propos est transgressif, aussi bien dans les thèmes abordés (Left Hand Path se réfère aux écrits d’Anton LaVey) que dans son jusqu’auboutisme musical. Adepte d’un death complexe, appuyé sur une section rythmique sèche, la musique du quatuor n’accepte aucune frontière. Dès « Left Hand Path », elle mêle death metal furieux, aux growls effrayants, incursions black et break heavy. L’ensemble est malsain, pesant, tourbillonnant, comme sur le death-thrash : « Drowned », au rythme syncopé ou le destructeur : « Supposed to Rot » qui doit autant à Death qu’aux premiers Venom. Lars Göran Petrov hurle comme si sa vie en dépendait, tandis que la paire de guitaristes innove en créant un son inimitable qui va influencer Dismembre, Grave ou encore Unleashed.

Entombed veut faire mal et nous le prouve avec la déferlante « But Life Goes On » ou le puissant « When Life Has Ceased ». Rien ne semble pouvoir résister à ce rouleau-compresseur qui ne laisse aucun moment de répit à l’auditeur. Même lorsque le rythme ralentit, les riffs sont énormes. « The Truth Beyond » donne envie de secouer la tête, tandis que nos oreilles sont laminées par cette extrême pesanteur. La cloche ponctuant le break semble sonner le glas de ceux qui n’ont pas reconnu en cette œuvre novatrice un élément fondateur du death metal et du metal extrême en général. Le propos étant résolument noir, chaque titre enfonce davantage le clou. « Revel In Flesh » complexifie l’ensemble, sans pour autant perdre le fil d’un death syncopé, sur lequel le chant devient fou et les guitares écrasantes.

Rien ne vient contrecarrer les plans du quatuor qui construit petit à petit son œuvre, ajoutant plusieurs strates de guitares avant que le chant ne pose des lignes déchaînées et gutturales. « Bitter Loss » annonce une seconde partie d’album plus noire encore que la première. Le rythme se ralentit sur « Morbid Devourment », pour mieux repartir avec un riff vrombissant. Le morceau est intense, brutal, capable de déchirer les membranes de n’importe quel haut-parleur et de faire péter un plomb à vos voisins. Pourtant, ce n’est rien à côté de la folie furieuse qu’est « Abnormally Deceased », une sorte d’acmé avant le morceau final.

Avec Left Hand Path, Entombed s’inscrit en créateur d’un sous-genre dévastateur qui va déferler sur l’Europe. A la fois spontané et construit, cet opus sert de fonds baptismaux dans lesquels tant de formations vont venir puiser. Un album indispensable pour tout amateur de musique extrême et une folie que le groupe n’atteindra plus jamais.

  • 1. Left Hand Path
  • 2. Drowned
  • 3. Revel in Flesh
  • 4. When Life Has Ceased
  • 5. Supposed to Rot
  • 6. But Life Goes On
  • 7. Bitter Loss
  • 8. Morbid Devourment
  • 9. Abnormally Deceased
  • 10. The Truth Beyond
  • Lars Göran Petrov – Chant
  • Uffe Cederlund – Guitare, Basse
  • Alex Hellid – Guitare
  • Nicke Andersson – Batterie, Basse

Label : Earache records

RUSTED – Live Wild & Free (2016)

Formé en 2007, et auteur d’un EP en 2010 et d’un album en 2013, Rusted nous vient de Montréal et œuvre dans un hard rock teinté de glam et, parfois, de metal mélodique, capable de retourner les salles. Et c’est justement avec un album live qu’il déboule en cette fin d’année pour nous offrir notre dose de chansons enlevées : « Two of a Time », « Rock Patrol », nourries aux riffs de Mötley Crüe ou Poison, sans oublier de nous charmer avec des chansons que n’aurait pas renié Cinderella : la power ballade « Last Stand ». Tous les ingrédients sont présents pour apporter à l’amateur de bonne musique sa dose de morceaux sur lesquels secouer la tête en cadence et hurler en chœur. Il suffit pour cela d’écouter un brûlot comme « Young, Wild & Free » pour s’en persuader. Ce titre, sorti en single en 2012, et pour lequel le groupe a tourné, à l’époque, une vidéo, est un bon exemple du talent des Canadiens. Certains diront qu’ils n’ont pas inventé la poudre, mais qu’ils savent diablement s’en servir !

En quatorze titres en public, plus un bonus studio, le groupe passe en revue son EP et son album, sans avoir recours à la moindre reprise ce qui, il faut l’avouer, montre tout le culot des musiciens qui n’hésite pas à explorer des motifs issus de la NWOBHM lorsque le tempo s’accélère : « Scream in the Night ». On pense alors à Iron Maiden ou à Samson et Vardis, pour le côté plus boogie sur le bien nommé : « Wanted Man Boogie ». Mais ne vous y trompez pas, Rusted ne copie personne et fait même preuve d’une forte personnalité lorsqu’il se fait plus enjôleur sur le mélancolique : « Traveller ». Seule faute de goût, à mon avis, la présence de « Tsunami » qui, malgré ses qualités en studio, passe mal en concert. On aurait préféré entendre le punk-glam : « F*** Off (We Wake the Dead) », présent sur leur EP et qui aurait mis le feu à l’une des salles dans laquelle cet album a été enregistré.

Edité grâce à une partition de leurs fans, Live Wild & Free est un album d’excellente facture qui nous montre un groupe talentueux qui, pour des raisons qui nous sont inconnues, n’a pas de contrat sur un label d’envergure. Et c’est bien dommage, tant Rusted possède tous les atouts nécessaires pour percer à l’international.

Tous les ingrédients sont présents pour apporter à l’amateur de bonne musique sa dose de morceaux sur lesquels secouer la tête en cadence et hurler en chœur.

  • 01. Partners In Crime
  • 02. Just A Dream
  • 03. Two At A Time
  • 04. Earthquake
  • 05. Rock Patrol
  • 06. Last Stand
  • 07. Scream In The Night
  • 08. Tsunami
  • 09. Traveler
  • 10. So Far So Strong
  • 11. Wanted Man Boogie
  • 12. Midnight Man
  • 13. Summer Day
  • 14. Young Wild & Free
  • 15. Hittin’ The Road
  • Tony Rust : Chant
  • ManiaK : Guitares
  • Tommy D. Eagle : Guitares
  • D. Izzy : Batterie
  • Mark Shark : Basse
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