
L’underground nous livre parfois des groupes intéressants et atypiques, qui explorent des contrées abandonnées par les groupes en vogue et, souvent, par les fans qui ne suivent que la masse aveugle. Le metal n’échappe à cette règle. L’amateur que je suis est donc heureux lorsqu’il déniche de petites pépites au gré de ses pérégrinations sur le web ou chez les disquaires. Avec Below, ce qui est étrange, c’est que ce groupe Suédois est signé chez Metal Blade, un gros label spécialisé qui ne lui a pourtant pas permis de percer après deux bons albums.
Adeptes d’un heavy lourd, épique, teinté parfois de doom à la Black Sabbath, et nourri aux récits fantastiques et aux motifs de fantasy, Below développe des titres longs et sombres, qui voisinent parfois avec l’univers de Nevermore ou de Candlemass. Dès « Trapped Under Ground », l’auditeur est entraîné dans une œuvre angoissante, adossée à une section rythmique efficace et des riffs écrasants. Le spectre de Black Sabbath n’est pas loin durant les sept minutes et demi que dure cette pièce lyrique. Car Below aime prendre son temps pour nous raconter des histoires. Plus épique, « Bid You Farewell » flirte avec un heavy proche des débuts de Savatage, tout en y incorporant des touches de doom mélodique qui apportent un registre dramatique à l’ensemble.
Avec « Ghost of a Shepherd », Below accélère le rythme comme le faisaient Mercyful Fate et King Diamond en leur temps, le chant en moins. La présence d’Andy LaRocque à la production n’est peut-être pas étrangère à cette impression. Le thème abordé permet au groupe de colorer son metal de teintes fantastiques de plus bel effet qui en font l’un des meilleurs titres de cet album. Les lignes vocales, complexes, sont doublées par des guitares accordées très bas et par une batterie qui abat un travail énorme. Très visuelle, cette musique nous transporte dans un univers cinématographique à la Hammer. Vient ensuite « Portal », un morceau un peu mineur au milieu des bons titres que composent cet album et qui n’apporte pas grand-chose à l’ensemble. Foncièrement doom, avec des apports mélodiques, il développe les mêmes riffs avec une lenteur lancinante qui trouve son acmé lors du refrain.
Il est éclipsé par « Mare Of The Night », une autre pièce lente, mais éclairée par un violon lancinant et par des voix doublées qui apportent une réelle originalité à ce titre. On pense à Sanctuary ou Nervermore, surtout lorsque le rythme s’accélère pour nous emporter dans un tourbillon inattendu. C’est plutôt vers Candlemass que nous conduit ensuite le superbe titre qu’est « The Whitechapel Murderer », ciselé avec soin, et qui fait la part belle à la basse, omniprésente et toute en nuances. Un beau titre, mélancolique et inquiétant, comme un classique du fantastique, et qui rend hommage à Jack l’éventreur avec talent.
L’album se clôt sur le morceau éponyme qui se développe sur près de huit minutes, à la manière des pièces épiques de Candlemass ou de Manilla Road. Privilégiant une ambiance sombre, teintée d’éléments orientaux, « Across The Dark River » synthétise tous les motifs développés par le groupe dans les morceaux précédents. Les apports de guitares claires en contrepoint d’une basse mélancolique font de ce titre une superbe conclusion à un album riche, mais dont on peut déplorer la pochette médiocre, que l’on croirait réalisée par un enfant de dix ans. Et dire que les bons illustrateurs sont légion…
- 1. Trapped Under Ground
- 2. Bid You Farewell
- 3. Ghost of a Shepherd
- 4. Portal
- 5. In My Dreams
- 6. Mare of the Night
- 7. The Whitechapel Murderer
- 8. Across the Dark River
- Hedman : Basse, Chœurs
- Doc : Batterie
- Berg : Guitares
- Paud : Guitares
- Zeb : Chant
Production : Andy LaRocque






















