BELOW – Across the Dark River (2014)

L’underground nous livre parfois des groupes intéressants et atypiques, qui explorent des contrées abandonnées par les groupes en vogue et, souvent, par les fans qui ne suivent que la masse aveugle. Le metal n’échappe à cette règle. L’amateur que je suis est donc heureux lorsqu’il déniche de petites pépites au gré de ses pérégrinations sur le web ou chez les disquaires. Avec Below, ce qui est étrange, c’est que ce groupe Suédois est signé chez Metal Blade, un gros label spécialisé qui ne lui a pourtant pas permis de percer après deux bons albums.

Adeptes d’un heavy lourd, épique, teinté parfois de doom à la Black Sabbath, et nourri aux récits fantastiques et aux motifs de fantasy, Below développe des titres longs et sombres, qui voisinent parfois avec l’univers de Nevermore ou de Candlemass. Dès « Trapped Under Ground », l’auditeur est entraîné dans une œuvre angoissante, adossée à une section rythmique efficace et des riffs écrasants. Le spectre de Black Sabbath n’est pas loin durant les sept minutes et demi que dure cette pièce lyrique. Car Below aime prendre son temps pour nous raconter des histoires. Plus épique, « Bid You Farewell » flirte avec un heavy proche des débuts de Savatage, tout en y incorporant des touches de doom mélodique qui apportent un registre dramatique à l’ensemble.

Avec « Ghost of a Shepherd », Below accélère le rythme comme le faisaient Mercyful Fate et King Diamond en leur temps, le chant en moins. La présence d’Andy LaRocque à la production n’est peut-être pas étrangère à cette impression. Le thème abordé permet au groupe de colorer son metal de teintes fantastiques de plus bel effet qui en font l’un des meilleurs titres de cet album. Les lignes vocales, complexes, sont doublées par des guitares accordées très bas et par une batterie qui abat un travail énorme. Très visuelle, cette musique nous transporte dans un univers cinématographique à la Hammer. Vient ensuite « Portal », un morceau un peu mineur au milieu des bons titres que composent cet album et qui n’apporte pas grand-chose à l’ensemble. Foncièrement doom, avec des apports mélodiques, il développe les mêmes riffs avec une lenteur lancinante qui trouve son acmé lors du refrain.

Il est éclipsé par « Mare Of The Night », une autre pièce lente, mais éclairée par un violon lancinant et par des voix doublées qui apportent une réelle originalité à ce titre. On pense à Sanctuary ou Nervermore, surtout lorsque le rythme s’accélère pour nous emporter dans un tourbillon inattendu. C’est plutôt vers Candlemass que nous conduit ensuite le superbe titre qu’est « The Whitechapel Murderer », ciselé avec soin, et qui fait la part belle à la basse, omniprésente et toute en nuances. Un beau titre, mélancolique et inquiétant, comme un classique du fantastique, et qui rend hommage à Jack l’éventreur avec talent.

L’album se clôt sur le morceau éponyme qui se développe sur près de huit minutes, à la manière des pièces épiques de Candlemass ou de Manilla Road. Privilégiant une ambiance sombre, teintée d’éléments orientaux, « Across The Dark River » synthétise tous les motifs développés par le groupe dans les morceaux précédents. Les apports de guitares claires en contrepoint d’une basse mélancolique font de ce titre une superbe conclusion à un album riche, mais dont on peut déplorer la pochette médiocre, que l’on croirait réalisée par un enfant de dix ans. Et dire que les bons illustrateurs sont légion…

  • 1. Trapped Under Ground 
  • 2. Bid You Farewell 
  • 3. Ghost of a Shepherd 
  • 4. Portal 
  • 5. In My Dreams 
  • 6. Mare of the Night 
  • 7. The Whitechapel Murderer 
  • 8. Across the Dark River
  • Hedman : Basse, Chœurs
  • Doc : Batterie 
  • Berg : Guitares 
  • Paud : Guitares 
  • Zeb : Chant 

Production : Andy LaRocque

TOP ALBUMS 2019

1. Mary’s Blood – Confessions

2. Turilli/Lione Rhapsody – Zero Gravity

3. Pretty Maids – Undress Your Madness

4. Oomph ! – Ritual

5. Evergrey – The Atlantic

6. Soilwork – Verklingheten

7. Gloryhammer – Legends From Beyond The Galactic Terrorvortex

8. Majestica – Above the Sky

9. Baby Metal – Galaxy

10. Rival Sons – Feral Roots

11. Slipknot – We Are Not Your Kind

12. Wayward Sons – The Truth Ain’t What It Used To Be

13. Volbeat – Rewind, Replay, Rebound

14. Beasto Blanco – We Are

15. Death Angel – Humanicide

16. Magoyond – Krypshow

17. Spirits Of Fire – Spirits Of Fire

18. Tygers Of Pan Tang – Ritual

19. Concerto Moon – Ouroboros

20. Michael Schenker Fest – Revelation

SOILWORK – Verkligheten (2019)

Quatre années ont passé depuis The Ride Majestic, quatre années qui ont, semble-t-il, permis à Soilwork de composer de nouveaux titres de grande qualité et de nous revenir en pleine forme. Pour les fans, l’attente a dû être longue, mais elle a permis au groupe d’insuffler un groove étonnant à son death metal comme sur le surprenant « Stålfågel » aux influences pop qui se révèle irrésistible, notamment grâce à un superbe refrain et à des duels de guitares de grande qualité. Soilwork s’est surpassé et s’est renouvelé, ainsi qu’on peut le découvrir sur le chantant « The Wolves Are Back in Town » dont les mélodies restent dans la tête longtemps après la fin du morceau. Ces deux titres, vraiment représentatif du style novateur de Soilwork, offrent une bonne carte de visite de ce qu’est devenu Soilwork : un savant mélange entre le death et la pop, deux genres dans lequel les Suédois excellent. Sauf que dans leur cas, ils y ont intégré d’autres éléments…

Sans doute faudrait-il commencer par le début pour que vous compreniez mieux. Après l’instrumental éponyme, Verkligheten envoie du lourd avec « Arrival », un titre puissant, sur lequel le chant de Björn « Speed » Strid sait se faire agressif sur les couplets et plus ensorceleur sur le refrain. Un morceau assez classique pour Soilword, même si le pont en plein milieu apporte un regain de mélodies. Le travail des guitaristes est assez remarquable. S’ensuit une autre déflagration, avec « Bleeder Despoiler », lui aussi plutôt attendu, tout en étant réussi. On comprend que le groupe n’ait pas voulu dérouter l’auditeur en lui proposant ce qu’il attendait.

Les choses changent avec « Full Moon Shoals » dont le doublement des voix sur les couplets apporte une réelle originalité à ce titre, avant que le refrain, tout en nuances, ne vienne nous surprendre. Surtout que la chanson propose en son milieu une déferlante death/thrash du plus bel effet qui vient contraster avec la fin plus douce. On le comprend, Soilwork a décidé de pousser ses expérimentations dans plusieurs directions, alliant des éléments death à des riffs metal et des refrains pop. Cela lui permet de nous offrir ensuite « The Nurturing Glance » un superbe titre bourré de groove, de solos enfiévrés et d’arrangements de grande classe.

En fait, Soilwork semble avoir fait la jonction entre plusieurs genres musicaux, nous proposant une véritable déferlante post-death, comme sur « When the Universe Spoke », mélange d’un death furieux, de pop, de musique atmosphérique et de progressif, avec une touche électronique, réussissant là où Fear Factory a échoué. Cela se confirme sur « Stålfågel » que j’ai déjà évoqué au début ou sur « Witan » au riff monstrueux et aux arrangements vocaux que l’on n’a pas l’habitude d’entendre dans le death mélodique. Du grand art.

Pourtant, les trois derniers morceaux ont encore de quoi nous surprendre. Après une introduction pleine de groove et qui donne déjà envie de chanter, « The Ageless Whisper » nous entraîne dans un mix entre le death, le blues, le boogie et le rock, avec un refrain d’une rare justesse. Par contraste, « Needles and Kin » est un titre thrash/death au refrain hard rock sur un riff quasi black. Cela détonne, dépote et prend aux tripes, avec son rythme syncopé et ses nombreux changements de rythmes.

Pour clore ce chef d’œuvre qui nous prouve que Soilwork, non seulement n’est pas mort, mais est d’une étonnante vitalité, « You Aquiver » achève son entreprise de reconstruction avec, sur les couplets, ce qu’aurait pu nous offrir Mercyful Fate s’il avait voulu faire du heavy death, tant le duo de voix est étonnant. Quant au refrain, il renvoie aux anime japonais des années 80, avec des chœurs simples, mais efficace. Un excellent titre pour clore cet album qui s’annonce comme le meilleur du groupe et, déjà, comme un sérieux concurrent pour le meilleur album de l’année 2019.

  • 1. Verkligheten (instrumental)
  • 2. Arrival
  • 3. Bleeder Despoiler
  • 4. Full Moon Shoals
  • 5. The Nurturing Glance
  • 6. When the Universe Spoke
  • 7.  Stålfågel (featuring Alissa White-Gluz)
  • 8. The Wolves Are Back in Town
  • 9. Witan
  • 10. The Ageless Whisper
  • 11. Needles and Kin (featuring Tomi Joutsen)
  • 12. You Aquiver (featuring Dave Sheldon)
  • Björn « Speed » Strid – chant
  • Sylvain Coudret – guitares
  • David Andersson – guitares
  • Sven Karlsson – claviers
  • Bastian Thusgaard – batterie

Production : Thomas « PLEC » Johansson

Label : Nuclear Blast

EVERGREY – The Atlantic (2019)

Evergrey a toujours été un groupe à part, évoluant dans un univers qui lui est propre. Sans doute est-ce une raison pour laquelle il n’a pas toujours été reconnu du grand public, alors que son talent est indéniable. En dépit de la qualité de ses albums, dont certains sont de véritables chefs-d’œuvre, il demeure un groupe assez méconnu et mécompris. Pourtant, il suffit de poser les oreilles sur la moindre de ses compositions pour en saisir la beauté mélancolique. Trois ans après l’excellent The Storm Within, le groupe de Tom S. Englund revient avec un opus ambitieux qui prend la forme d’un concept-album. Puisant à la fois dans le power metal, le rock progressif, le rock, le thrash ou la musique électronique, Evergrey a érigé une véritable œuvre artistique, à la fois subtile et abordable, qui touche par sa puissance et sa richesse. Un morceau comme « End Of Silence » apparaît comme une belle entrée dans cet univers, tant il allie toutes ces qualités : riffs énormes, structure complexe, mélodies vocales soignées et arrangements de grande classe. Comme Queensrÿche à son époque avec Operation Mindcrime ou Pink Floyd avec The Wall, Evergrey atteint les sommets du genre, en repoussant même les limites, dans un style différent de Symphony X ou Dream Theater, mais avec des compétences semblables.

Pour en arriver là, Evergrey a mis toutes les chances de son côté. Tout d’abord, la production est superbe et le mixage très dynamique. Chaque instrument trouve sa place sans empiéter sur les autres. En premier lieu, la batterie bénéficie d’une puissance jamais vue chez les Suédois, ce qui permet à Jonas Ekdahl de développer son jeu plein de nuances et de soutenir des architectures très variées. A ses côtés, la basse de Johan Niemann allie finesse et vigueur, comme sur l’étonnant « Departure » sur lequel la voix de Tom S. Englund se fait mélancolique. Mésestimé en tant que chanteur, ce dernier nous prouve qu’il sait varier les intensités et les nuances, passant de passages emphatiques : « A Secret Atlantis » à d’autres plus intimistes « End Of Silence ».

Il en va de même pour la musique qui explore toutes les nuances du rock et du metal, passant de moments dévastateurs comme sur le puissant « A Silent Arc » aux riffs flirtant avec le thrash ou le heavy « Weightless » que viennent colorer des claviers surprenants, jusqu’à des chansons plus mélodiques telle que « The Beacon » aux lignes vocales raffinées, en passant par des titres plus complexes comme « This Ocean » aux rythmes changeant et aux arrangements torturés. L’ensemble est d’ailleurs tellement riche qu’il nécessite de nombreuses écoutes afin de saisir les subtilités de chaque chanson.

The Atlantic se révèle davantage à chaque écoute pour mieux nous apparaître comme une œuvre incontournable de 2019. Placé dans le superbe écrin que représente la pochette de Giannis Nakos, cet album est d’autant plus mis en valeur.

  • 1. A Silent Arc
  • 2. Weightless
  • 3. All I Have
  • 4. A Secret Atlantis
  • 5. The Tidal
  • 6. End Of Silence
  • 7. Currents
  • 8. Departure
  • 9. The Beacon
  • 10. This Ocean
  • Tom S. Englund : Chant, guitares
  • Henrik Danhage : Guitares
  • Johan Niemann :  Basse
  • Jonas Ekdahl : Batterie
  • Rikard Zander : Claviers

Label : AFM

BULLET – Execution (1981)

Créé à Bochum en 1980 sur les cendres de Teaser, Bullet signe un joli contrat chez Polydor et sort l’année suivant Execution. En dix titres qui mêlent hard rock carré et groovy proche de Krokus et AC/DC et metal mélodique, ce premier opus prend immédiatement à la gorge, notamment grâce à la voix haut perchée et éraillée de Klaus Thiel. Sorte de croisement entre Brian Johnson et Udo Dirkschneider, ce chanteur porte le groupe sur ses épaules et donne un cachet particulier à cet album. A l’époque, le titre éponyme passait sur les radios spécialisées, notamment en Belgique. Débutant par un coup de feu, « Execution » est un mid-tempo qui allie riffs hard rock et son metal, pour offrir un croisement entre AC/DC et Scorpions. La production est énorme et le rythme irrésistible, ce qui donne envie de secouer la tête en cadence.

Après cette entrée en matière, le boogie rock « Cold Hearted Woman » surprend par son groove qui nous entraine sur les chemins parcourus par un Status Quo sous acide. Une nouvelle fois, la voix de Klaus nous saisit, tandis que le riff en douze mesures donne envie de taper du pied et de secouer la tête. Le headbanging est d’ailleurs le mot d’ordre de cet album qui possède un sens du rythme assez rare. « Dancer on a Rope » est un rock endiablé, gorgé de hard rock et de metal, dont on ne peut se détacher. Dans un esprit similaire, « Locked in a Cage » nous cueille dès les premières mesures sans nous lâcher jusqu’à la fin de ce boogie-hard déjanté, sur lesquelles les guitares se taillent la part du lion. Avec « You Know How to Love Me », c’est vers Krokus que tendent les riffs et les lignes vocales. L’ombre de Marc Storace n’est pas loin dans les lignes vocales. C’est également le cas sur « Breakfast in Heaven » qui clôt les hostilités avec bonheur grâce à des riffs carrés, mais habilement exécutés.

Plus heavy, l’endiablé et puissant « Gimme Some Power » lorgne du côté des premiers Accept, et se révèle une des pièces maîtresses de cet opus. « Burn on the Flame » est également une chanson plus metal que le reste de l’album, avec ses envolées de guitares, ses couplets hurlés et son refrain hystérique. Bullet sait manier les riffs et faire sonner ses chansons comme peu de groupes à l’époque. Même lorsqu’il s’attaque au blues, avec « The Devil’s Got You », Bullet y insuffle une vraie tension qui n’est pas sans rappeler le « Sin City » d’AC/DC, autant dire que la qualité est bien présente.

Réédité à plusieurs reprises, cet album est à redécouvrir absolument.

  • 1. Execution
  • 2. Cold Hearted Woman
  • 3. Dancer on a Rope
  • 4. The Devil’s Got You
  • 5. Gimme Some Power
  • 6. You Know How to Love Me
  • 7. Locked in a Cage
  • 8. Mr. Death
  • 9. Burn on the Flame
  • 10. Breakfast in Heaven
  • Mike Lichtenberg : Batterie
  • Klaus Thiel : Chant, Guitares
  • Volker Pechtold : Basse
  • Paul Psilias : Guitares

Label : Polydor

BLONZ – Blonz (1990)

Formé en 1986 à Atlanta en Géorgie, Blonz semble sortir de nulle part lorsque paraît son premier et unique album sur le label Epic. En pleine vague grunge, ce n’est pas le meilleur moment pour un tel groupe de hard glam, gorgé de groove et de blues, de se faire connaître. Assez favorablement accueilli par une certaine partie de la critique qui n’a pas succombé aux mirages des chemises à carreaux et des jeans déchirés, Blonz ne peut néanmoins pas défendre honorablement sa chance. Presque trente ans après, cet album se révèle pourtant agréable à écouter et contient quelques titres qui ont passé la barrière du temps.

L’album s’ouvre sur « Miracles », une chanson enlevée, au rythme changeant, qui évoque les débuts de Bon Jovi, aussi bien dans sa construction que sa production. Les chœurs sont très propres, les guitares servent des riffs efficaces et des solos d’une belle technicité. Le côté hard FM s’accentue avec « Hand Of Love », une chanson au tempo médium, supportée par un clavier chaleureux, des riffs sympathiques et un refrain coloré à la Bon Jovi qui donne envie d’être chanté à tue-tête. Les tonalités changent avec le hard blues « It’s the Same », qui démarre de manière acoustique, pour mener à un refrain bourré de groove et de feeling. Le riff tourbillonnant est classique, mais efficace. Si ce n’est pas original, l’ensemble est parfaitement en place et permet de passer du bon temps. Avec « Trouble Child », le groupe nous entraîne plutôt vers les débuts de Ratt, grâce à un refrain un peu glam, des chœurs typiques des années 1980 et un riff sautillant. L’énergie retombe avec la ballade « What’s on Your Mind » qui se révèle un peu faible, même si elle est bien écrite. Le problème vient du fait qu’elle soit trop lisse. C’est d’ailleurs le reproche que l’on peut faire à cet album. Tout est propre et rien ne dépasse. On ne s’en étonne pas lorsqu’on sait qu’il a été produit par Steve Walsh et Phil Ehart de Kansas.

« One And Only » ne déroge pas à la règle. En dépit d’un bon riff, d’arrangements pleins de classe, de solos techniques et soignées, et d’un refrain qui donne envie de chanter, l’ensemble peine à convaincre par manque d’épaisseur. Pourtant, nous avons vraiment affaire à un bon titre. Il en va de même pour « Rainbow » une power ballad agrémentée de claviers, qui se voudrait un croisement entre White Lion et Skid Row, le côté crade en moins. Le refrain est beau, les guitaristes sont vraiment excellents, mais cela est surproduit. Dommage, car Nathan Utz possède une belle voix. « Skintight » nous offre d’ailleurs un rendu bien meilleur, avec ce morceau à la Ratt/Poison qui nous rappelle les grandes heures du glam metal, avec tout ce que cela comporte de moments entraînants et jubilatoires. Pourtant « Sexy Ride » le dépasse grâce à un riff vrombissant, un refrain supporté par de beaux chœurs et des couplets qu’aurait pu chanter David Lee Roth. Un des meilleurs moments de cet album qui se termine sur l’enlevé « Last Call (For Alchohol) » qui vaut notamment pour ses solos de guitare et qui n’est pas sans rappeler Mötley Crüe.

Au final, Blonz livre un bon album, classique, de hard FM, mais qui arrive trop tard pour trouver son public. Avec le recul, son écoute se révèle toujours agréable et permet de passer un bon moment.

  • 1. Miracles
  • 2. Hands of Love
  • 3. It’s the Same
  • 4. Trouble Child
  • 5. What’s on Your Mind
  • 6. One and Only
  • 7. Rainbow
  • 8. Skintight
  • 9. Sexy Ride
  • 10. Last Call (for Alcohol)
  • Nathan Utz – chant
  • Steve Taylor – guitares
  • Dennis Ogle – guitares, claviers
  • Michael Fandino – basse
  • Aaron Tate – batterie, percussion

Label : Epic

AXE WITCH – Visions of the Past (1984)

Après un premier album de bonne facture, Axe Witch remet le couvert un an plus tard, en proposant ce huit titres au son assez différent du précédent. Ce changement de couleurs entraîne malheureusement un certain manque d’originalité. En se coulant dans le moule des productions de l’époque, Axe Witch perd une partie de son âme. Ajouté à cela, une voix mixée un peu trop en arrière, et vous obtenez un opus qui manque profondément de magie. Cela se confirme dès le titre éponyme, passe-partout, dont on se demande encore pourquoi il ouvre les hostilités, tant il est répétitif et anecdotique. Les arrangements complexes du premier album ont disparu et l’auditeur peine à entrer dans ce nouvel univers. « Give’ Em Hell » rattrape légèrement le tir avec son entrain communicatif, la puissance de ses riffs et ce, en dépit d’un refrain maladroit. Mais cela n’a jamais été le fort des Suédois d’Axe Witch. Avec « Tonight », on retrouve enfin la qualité des compositions qui faisait la force de The Lord of Flies. Complexe, alternant les rythmes, entraînant l’auditeur sur des chemins avant de l’en détourner, ce titre brille par une vraie recherche. Mais une fois de plus, le soufflé retombe avec « Hot Lady », une tentative maladroite d’offrir un heavy mélodique qui finalement tourne court. Même les guitares s’empêtrent dans des harmonies ridicules destinées à rendre l’ensemble poignant. On ne reconnaît plus le groupe aimé sur le précédent disque.

La face B démarre de bien meilleure façon avec « Stand Up », un titre rapide dans la lignée de ce qu’Axe Witch avait composé auparavant. Même le refrain est plus soigné (ce qui n’est pas le cas des chœurs qui sonnent vraiment mal). Néanmoins, on se demande où sont passées les influences Thin Lizzy, surtout qu’avec « Heading for a Storm », le groupe se perd à nouveau dans un titre fade jusque dans son chant. Sorte de fausse ballade qui cherche ensuite à étaler une pseudo puissance, cette chanson ne tient même pas à ses interventions de guitares dont certaines parties sont insupportables. A croire que le groupe a perdu toute inspiration. C’est pire encore avec « Born to Hell » qui se révèle être un fouillis inextricable dont il est difficile de retirer quoi que ce soit de positif. « Time to Live » clôt ce qui pourrait ressembler à un naufrage sur une note à peine plus positive. Si le riff principal est original, on se demande pour quelle raison le groupe accélère soudain sur le refrain avant de s’offrir une plage lente sur laquelle les guitares se perdent en voulant développer un feeling dont elles sont incapables.

Visions of the Past est un album raté qui n’annonce pas un avenir radieux. Le groupe sera remanié sur l’album suivant. Pourtant, la sortie sur Roadrunner et Banzai records de cet album aurait dû lancer la carrière du groupe. C’était sans compter sur la médiocrité de la plupart des morceaux.

  • 1. Visions of the Past
  • 2. Give ‘Em Hell 
  • 3. Tonight 
  • 4. Hot Lady 
  • 5. Stand Up 
  • 6. Heading for a Storm 
  • 7. Born in Hell 
  • 8. Time to Live 
  • Mats Johansson : Batterie 
  • Mikael Johansson : Guitares 
  • Magnus Jarl : Guitares 
  • Anders Wallentoft : Chant 
  • Tommy Brage : Basse 

AXE WITCH – The Lord Of Flies (1983)

Après un EP 4 titres sorti l’année précédente, les Suédois d’Axe Witch reviennent avec un premier album étonnant et original qui se démarque de la New Wave of British Heavy Metal en vogue à l’époque et de la scène scandinave en plein essor. En optant pour un metal épais, chaud et mélodique, aux lignes de chant soignées, ils ne marchent sur aucun sentier balisé. Loin des lumières trompeuses du show business, ils choisissent tout d’abord de n’apparaître que sous leur prénom ou surnom, coproduisent leur disque et le font paraître sur de petits labels, dont Megaton pour l’Europe, un label très actif dans le metal à cette période, mais qui disparaîtra assez vite.

Le son de ce neuf titres est assez sourd, mais cela donne une couleur particulière à chaque morceau qui s’allie bien à la voix grave et déclamative de Wallen. Cette personnalité mène le bal dès « Axe Victim », un morceau ambitieux, enjoué, en dépit des gammes mineures employées par les guitaristes et du thème abordé. L’auditeur se retrouve immédiatement embarqué dans un univers nuancé, aux nombreux changements de rythmes, et au refrain simple mais efficace. Vient ensuite « Just Another Lunatic », un titre speed, qui fait la part belle aux duels de guitares, une des caractéristiques du groupe. Le charme de ce morceau tient dans ses ambiances étranges qui se développent en touches progressives et qui conduisent à « High Power », une chanson au refrain mélodique, mais aux riffs furieux. Comme tout au long de l’album, la section rythmique assure une assise impeccable, même si on peut se dire qu’avec davantage de moyens, la caisse claire aurait pu sonner un peu mieux. Après un court instrumental d’ambiance, « Sinner » s’annonce comme l’un des titres les plus ambitieux et les moins immédiatement accessibles du groupe. A la manière d’un Diamond Head, Axe Wicth développe un récit déclamé par Wallen, dans lequel les nombreux changements de rythmes déconcertent et envoûtent. Pour 1983, c’était assez osé et pour le moins déroutant, mais avec le recul, on se rend compte que c’est un titre d’une grande qualité.

La seconde face débute par une introduction à l’orgue qui conduit à la chanson éponyme et qui joue avec des atmosphères sombres sur un rythme de cavalcade entraînant, coupé par des breaks que l’on retrouvait chez les Japonais de Loudness à cette même période. Complexe, habilement construit, aussi bien dans ses passages instrumentaux que dans ses lignes vocales, « The Lord Of Flies » propose une belle synthèse des premiers Judas Priest et de Thin Lizzy, auxquels s’ajoutent les éléments déjà évoqués. De Thin Lizzy, il en est encore question sur « Down Town », un morceau bien plus chaud que le reste de l’album et qui s’appuie sur un riff plein de groove et des interventions de guitares étonnantes. L’album se termine sur « Seven Angels », une chanson moins évidente que les précédentes, mais qui propose une construction intéressante avec cette montée en puissance jusqu’au refrain. Encore une composition qui fait la part belle aux guitares dont les riffs, les duels et les solos se révèlent étonnants.

Un disque atypique pour l’époque et qui, comme le groupe, n’a pas bénéficié d’un grand soutien. Dommage, parce que sous une pochette simple et attirante, se cache un des meilleurs albums de cette année 1983.

  • 1. Axe Victim 
  • 2. Just Another Lunatic 
  • 3. High Power 
  • 4. Let the Strings Cry Out 
  • 5. Sinner 
  • 6. The Arrival of the Flies (Part 1) 
  • 7. The Lord of Flies
  • 8. Down Town 
  • 9. Seven Angels
  • Matte :  Batterie 
  • Micke : Guitares 
  • Mange : Guitares 
  • Wallen : Chant 
  • Tommy : Basse 

Label : Megaton

BEASTO BLANCO – We Are (2019)

Si les Américains de Beasto Blanco sont méconnus dans nos contrées, c’est une injustice qu’il serait bon de réparer, tant leur metal teinté de sleaze et d’industriel sort de l’ordinaire et possède toutes les qualités pour intéresser un large public. Sorte de chaînon manquant entre L.A. Guns et White Zombie, avec une bonne dose de groove et de démesure, Beasto Blanco sait prendre l’auditeur aux tripes pour ne plus le lâcher. Dès les premières mesures de « The Seeker », on est frappé par cette musique crade, épaisse, aux riffs distordus, sur lesquels vient se greffer la voix de Chuck Garric, souvent secondé par celle de la chanteuse Calico Cooper. Par certains côtés, cela pourrait aussi évoquer Shaka Ponk, comme sur le sautillant « Perception Of Me », un peu plus funky que les autres morceaux ou sur le superbe et groovy « Solitary Rave » qui donne envie de sauter en tous sens et de chanter à tue-tête. Autant dire que Beasto Blanco est un groupe aux multiples facettes, capable de nous entrainer dans des univers très différents les uns des autres, mais toujours colorés et originaux.

Chaque titre possède sa propre dynamique, susceptible de pousser l’auditeur à chanter, taper du pied ou secouer la tête. « Ready To Go » est une ode à faire la fête, dans la lignée d’Andrew WK, autant dire que le groupe ne se prend pas au sérieux et se donne à fond pour contenter son auditoire. Plus déjanté encore, le rapide « We Got This » s’apparente à une gigue moderne sur laquelle le batteur Tim Husung s’en donne à cœur joie, tandis que Chuck et Calico plaquent leurs chants sur un riff démoniaque et diablement saturé. Aussi addictif, le bouillant « Let’s Rip » s’appuie sur un riff hard rock évoquant les premiers AC/DC et des lignes vocales entraînantes. Ce tempo médium bourré de groove est une véritable cure de bien-être puisée aux sources du glam rock.

Même lorsque le rythme se ralentit, Beasto Blanco parvient à insuffler suffisamment de folie pour capter notre attention. Ainsi « I See You In It » est une bombe glam metal au tempo médium, alors que « Follow The Bleed » joue la carte du feeling à la mode américaine pour une power ballad sur laquelle les guitares développent de belles harmonies et nous prouvent que ce groupe possède un talent fou. En bonus, « Halcyon » dévaste tout sur un rythme ultra rapide et sautillant, dans la plus pure tradition du hard rock, mais avec des sonorités modernes et un superbe refrain.

We Are est un album enthousiasmant qui mérite d’appartenir à votre discothèque et Beasto Blanco un groupe à découvrir.

  • 1. The Seeker
  • 2. Solitary Rave
  • 3. Ready To Go
  • 4. Down
  • 5. Perception Of Me
  • 6. Let’s Rip
  • 7. Half Life
  • 8. We Got This
  • 9. Follow The Bleed
  • 10. I See You In It
  • 11. Halcyon (Bonus Track)
  • Chuck Garric : Chant, Guitares
  • Calico Cooper : Chant
  • Brother Latham : Guitares
  • Jan LeGrow : Basse, Chœurs
  • Tim Husung : Batterie, Chœurs

Label : Rat Pak records

OOMPH ! – Ritual (2019)

Quatre ans après XXV qui marquait le quart de siècle du groupe, Oomph ! revient avec une véritable bombe de metal industriel, gorgée jusqu’à plus soif de riffs énormes et de mélodies comme seuls les Allemands savent en pondre. Ce mélange de metal industriel, de rock et de pop est ici porté jusqu’aux sommets pour s’inscrire comme l’une des meilleures réalisations du trio. Portée par une production énorme et dynamique chaque chanson devient une petite pépite qui brille de mille feux, faisant de Ritual une œuvre riche et addictive. Toujours adepte de textes revendicatifs, Dero Goi se présente une nouvelle fois comme un maître de cérémonie à la fois envoûtant et inquiétant qui distille ses lignes vocales avec soin, alternant différentes voix pour mieux nous surprendre, tandis que la musique explore de nombreuses ambiances.

Comme à l’accoutumé, les hymnes guerriers sont évidemment présents, et ce dès « Tausend Mann und ein Befehl », le premier titre, qui nous cueille par sa puissance et son refrain fédérateur capable de faire se dresser les foules, sans leur laisser le temps de respirer. Les riffs sont épais et les claviers suffisamment insidieux pour colorer le tout. Une belle entrée en matière, moins musclée pourtant que le binaire « Trümmerkinder » destiné à faire se lever les poings et secouer les têtes. Moins simple qu’il n’y paraît, il fait office de véritable blindé. Que dire alors de l’énorme « Im Namen des Vaters » dont le rythme, les claviers et les riffs vous emportent jusqu’à un refrain irrésistible ?

Oomph ! est en colère et nous le montre grâce à des paroles répétitives et facilement compréhensibles, comme sur l’excellent « Achtung! Achtung! » dont on ne peut se défaire en raison d’un refrain irrésistible. Les hymnes sont d’ailleurs nombreux sur Ritual. Alors que leurs compatriotes de Rammstein dénoncent les dérives de l’Allemagne, Oomph ! s’en prend à celles de l’Europe sur le superbe « Europa ». Dans la même lignée, l’inquiétant « TRRR – FCKN – HTLR » plonge aux sources du mal pour s’attaquer au nazisme avec ce titre dominé par des arrangements électroniques et un refrain carré et ternaire. A la manière de l’expressionisme de Fritz Lang, Oomph ! s’appuie sur des images industrielles pour susciter l’inquiétude et dénoncer nos travers. Cette fusion de grosses guitares, de lignes vocales soignées et d’atmosphères variées permet de mieux saisir les propos du groupe et de se laisser envoûter, comme sur le très beau « Lass’ die Beute frei » ou le plus classique « Kein Liebeslied » qui porte bien son titre : « pas une chanson d’amour ».

Tout au long de ces onze compositions, Oomph ! renouvelle sa musique en trouvant le bon équilibre entre l’énergie du metal industriel, les riffs du metal et les mélodies de la pop. Si c’est la recette employée depuis les débuts du groupe, avec Ritual, les Allemands parviennent à tirer le meilleur de chaque genre. Même les titres les moins évidents comme « Das Schweigen der Lämmer » ou « Phönix aus der Asche » possèdent une indéniable beauté, alors que « Seine Seele » prouve qu’une ballade peut aussi se révéler profonde.

Ritual est une franche réussite et sans doute l’un des albums de cette année 2019.

  • 1. Tausend Mann und ein Befehl
  • 2. Achtung! Achtung!
  • 3. Kein Liebeslied
  • 4. Trümmerkinder
  • 5. Europa (feat. Chris Harms / Lord Of The Lost)
  • 6. Im Namen des Vaters
  • 7. Das Schweigen der Lämmer
  • 8. TRRR – FCKN – HTLR
  • 9. Phönix aus der Asche
  • 10. Lass’ die Beute frei
  • 11. Seine Seele
  • Dero Goi : Chant, batterie
  • Andreas Crap : Guitares, claviers
  • Robert Flux : Guitares, claviers

Label: Napalm Records

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