EXXPLORER – Vengeance Rides An Angry Horse (2011)

Quinze ans après leur troisième album, Exxplorer revient avec un line-up remanié. Lenny Rizzo est à nouveau au chant, mais LaVolpe et Moyer qui avaient porté le précédent opus ont quitté le navire. Etrangement, Rizzo conserve McCaffrey et Gorhau arrivés après son départ. Ces nouveaux changements, en plus de la longue période de silence, ne font rien pour arranger les affaires du groupe, d’autant plus que Rizzo semble avoir perdu sa voix si particulière, ce qui est compensé par des effets. Côté musique, si l’on retrouve la puissance et les mélodies présentes sur les deux premiers albums, le côté progressif a disparu, pour laisser place à du pur power metal à l’ancienne. La production est également à l’ancienne, notamment avec un horrible son de caisse claire qui massacre totalement le morceau « Chasing the High » par exemple.

Si l’album débute par le très beau et mélodique « Gypsy », ce n’est pas cette chanson qui donne le ton à l’album. En effet, la plupart des morceaux sont torturés. « Return of the Cycle » se développe sur un thème saccadé pour ensuite ouvrir sur de beaux échanges de guitares, mais on peine à retrouver l’étincelle du premier album. « Glory Hunter » et « Chasing the High » sont de bons morceaux, dont les riffs pulsent, en revanche « S.N.O.E » s’enlise, comme c’est le cas aussi de « Freight Train to Hell », bien trop bateau pour décoller. Même les lignes mélodiques ne parviennent pas à convaincre.

L’inventivité de LaVolpe manque donc cruellement sur ce nouvel opus. Cela se ressent notamment sur l’instrumental « The Vengeance » qui n’apporte pas grand-chose à l’édifice et semble là pour montrer les qualités des guitaristes. Malheureusement, ceci n’est pas très probant et le batteur gâche réellement la fête. Sur les moments plus calmes, comme sur « As the Crow Flies », on retrouve les qualités d’écriture de Lenny Rizzio, mais cela ne suffit pas pour faire de ce nouvel album une réussite. Meilleur que le précédent grâce au retour de Rizzio, il pêche par un manque d’ambition et par la disparition des éléments progressifs qui avaient faits l’authenticité du groupe en 1984. Un beau gâchis. Depuis cette sortie, le groupe se produit toujours, notamment en festival, et semble vivre sur sa légende, un peu galvaudée en fait.

  • 1. Gypsy
  • 2. Glory Hunter
  • 3. Chasing the High
  • 4. The Vengeance
  • 5. As the Crow Flies
  • 6. S.N.O.E
  • 7. Valley of Doom
  • 8. Spirits of the Wind
  • 9. Freight Train to Hell
  • 10. Return of the Cycle
  • Jay McCaffrey : Basse
  • Mike Sakowski : Batterie
  • Fred Gorhau : Guitares
  • Kevin Kennedy : Guitares
  • Lenny Rizzo : Chant

Label : Pure Steel Records

EXXPLORER – Coldblackugly (1996)

Alors que les trois cinquièmes du groupe ont changé, Exxplorer n’attend que deux ans pour livrer un successeur à A Recipe for Power. On le comprend assez rapidement, c’est Edward LaVolpe qui est aux commandes, tant cet album est axé sur les guitares qui prennent le pas sur le chant, alors qu’auparavant les deux étaient équilibrés. Il faut dire que B.W. Hocking Jr ne possède pas les mêmes qualités que son prédécesseur, loin de là. Sa voix est d’ailleurs passée à la moulinette d’effets souvent désagréables, ce qui est d’ailleurs plus intéressant que lorsqu’il parle. En effet, sur la majorité des morceaux, il déclame, murmure, raconte, et pousse parfois quelques cris. Malheureusement n’est pas Kory Clarke qui veut… Ainsi, « Disfigured » et « Erotopatic » qui ouvrent l’album apparaissent comme des tentatives manquées de faire évoluer la musique du groupe et cueille l’auditeur au foie, ce qui est vraiment désagréable.

Autant dire que cet album est parfois assez pénible à écouter, même si son mélange entre power prog et expérimentations à la Faith No More (cf « That One Hopeful Song ») possède d’indéniables qualités, comme sur « Seething in Oblivion », l’intéressant « My Noose » ou encore « Van Gogh’s Ear » qui sont des morceaux très bien écrits. Seulement, les fans du groupe ne s’y retrouvent pas. Un changement de nom aurait été le bienvenu. Si on retrouve des titres qui évoquent, par moments les débuts du groupe, comme sur « Snake and Scorpion » ou « Bloodletting » (gâché par un chant horripilant), les nouvelles influences sont multiples. On a ainsi droit à des passages jazz rock, des structures progressives, des bruitages à l’envers sur les « Acrostic » et même une reprise ratée du « Billion Dollar Babies » d’Alice Cooper. La basse est souvent omniprésente, comme sur « Poor Man », épaulant un batteur beaucoup plus démonstratif que sur les précédents albums : « That One Hopeful Song ». Seulement, il y a peu de mélodies auxquelles se raccrocher, peu de passages suffisamment mélodiques pour accrocher l’oreille et pas assez de puissance pour poser les bases d’un metal capable de nous retourner.

En résumé, cet album se révèle bien moyen et offre une douche froide aux fans du groupe. Peu de temps après la sortie de l’album, le groupe se sépare pour divergences musicales. Ce qui n’est pas étonnant. Moyer et LaVolpe retrouvent les musiciens originaux pour enregistrer quatre inédits.

  • 1. Intro
  • 2. Disfigured
  • 3. Erotopathic
  • 4. Fixed and Dilated
  • 5. Seething in Oblivion
  • 6. Acrostic 1
  • 7. Van Gogh’s Ear
  • 8. Snake and Scorpion
  • 9. Acrostic 2
  • 10. Billion Dollar Babies (Alice Cooper cover)
  • 11. Acrostic 3
  • 12. Bloodletting
  • 13. Poor Man
  • 14. My Noose
  • 15. That One Hopeful Song
  • 16. Outro
  • Mike Moyer : Drums
  • Jay McCaffrey : Bass
  • Fred Gorhau : Guitares
  • Edward LaVolpe : Guitares
  • B.W. Hocking Jr. : Vocals

Label : Massacre

EXXPLORER – A Recipe for Power (1993)

Il aura fallu attendre neuf ans pour que paraisse enfin la deuxième livraison d’Exxplorer. Pourtant, le groupe avait enregistré une démo trois titres en 1985, annonciatrice d’un album qui ne sortit jamais. La composition du groupe est inchangée, ce qui est assez étonnant. En revanche, la disparition du label français Black Dragons Records voit Exxplorer atterrir sur Chatterback Records, avant qu’une sortie chez Massacre l’année suivante permette au plus grand nombre d’y avoir accès.

Le groupe reprend là où il s’était arrêté en 1984, nous offrant un mélange des genres. Il propose ainsi des morceaux très heavy, comme le furieux « Bible Black » aux accents power metal, le plus mélodique et néanmoins puissant « Rockin’ Bound » qui ouvre cet album ou le speed « Beg, Borrow and Steel » sur lequel la section rythmique nous montre tout son talent. Exxplorer aime toujours changer de rythmes, développant des passages lents pour mieux accélérer dans la seconde partie du morceau, comme sur le très bon « Ride the Storm » au final étonnant ou « Just A Dream ». Pourtant, même si ces titres sont de bonne qualité, l’auditeur peine à retrouver l’élan du premier album. Aucune de ces chansons n’est mauvaise, il manque simplement de la fraîcheur et un supplément d’âme qui étaient pourtant présents une dizaine d’années auparavant.

En effet, même si « One », la reprise de Hary Nilsson est sympathique, notamment dans son accélération finale, certaines chansons ne possèdent pas la magie des anciens titres. La torturée « Life’s Seduction » se trouve ainsi mal positionnée, tandis que « Smelling the Roses », très courte, et entièrement acoustique tranche avec le reste du disque. Il demeure néanmoins quelques chansons agréables, comme « Rock the Nation », au beau refrain et aux arrangements subtils, mais le soufflé retombe et les motifs progressifs sont moins présents. En pleine période grunge, ce disque n’est, en plus, pas dans l’air du temps, et comme il paraît trop longtemps après le premier, il passe relativement inaperçu. Peu de temps après, Lennie Rizzo, Jimmy Gardner, et Kevin Kennedy jettent l’éponge. On pourrait dire, « tout ça pour ça ! »

  • 1. Rockin’ Bound
  • 2. Life’s Seduction
  • 3. One (Hary Nilsson cover)
  • 4. Bible Black
  • 5. Smelling the Roses
  • 6. Rock the Nation
  • 7. Beg, Borrow and Steel
  • 8. Just a Dream
  • 9. Ride the Storm
  • Mike Moyer : Batterie
  • Jimmy « G. » Gardner : Basse, Chœurs
  • Kevin « Koncrete » Kennedy : Guitares
  • Lennie « Big Daddy » Rizzo : Vocals
  • Ed LaVolpe : Guitares, Guitares classiques

Labels : Chatterback Records et Massacre

EXXPLORER – Symphonie Of Steel (1984)

Voilà un groupe à la trajectoire étrange et au destin inversement proportionnel à son talent. Alors qu’à la sortie de son premier album Symphonie Of Steel, tous les observateurs lui prédisaient un avenir radieux, Exxplorer n’a jamais su confirmer. Pour quelles raisons ? Je n’en ai aucune idée. Pourtant les neufs morceaux de cet opus possèdent toutes les qualités requises pour en faire de vraies bombes : technique imparable, musicalité affirmée, arrangements de qualité, production largement supérieure à la moyenne de l’époque, chanteur à la voix unique et signature en France sur le label Black Dragon Records et en Europe sur Metal Blade ce qui offrit au groupe une réelle visibilité. Œuvrant dans un power metal à tendances progressives, Exxplorer luttait avec Queensrÿche pour devenir le chef de file du genre, en proposant une musique plus puissante et un son bien meilleur sur album.

En effet, le groupe du New Jersey n’hésite pas à asséner des morceaux lourds et rapides comme l’excellente cavalcade « Exxplorer » au refrain étonnant qui voit Lennie Rizzo monter dans les aigus tout en étant supporté par des chœurs proches du speed metal. Dans une veine assez similaire, l’irrésistible « Going to Hell » est basé sur un riff enivrant mené tambour battant, comme le ferait un groupe de hardcore, la technique en plus. Les solos illuminent l’ensemble, tandis que le chant, habité, montre un chanteur en pleine possession de ses moyens. Plus mélodique, tout en s’appuyant sur un riff puissant, « Run For Tomorrow » puise son inspiration dans la New Wave Of Heavy Metal, en y insufflant une bonne dose de progressif et de heavy américain. Cela donne un superbe résultat, notamment grâce à l’ajout d’un piano à la fin. Du grand art.

Mais Exxplorer a plus à offrir qu’un simple groupe de power metal, puisqu’il sait composer des morceaux plus intimistes, comme l’instrumental « Prelusion », interprété au piano, et dont les influences classiques sont évidentes. Tout aussi poignante est la chanson « World War III », accompagnée à la guitare acoustique sur sa première partie, avant de s’étoffer grâce à l’apport de guitares électriques. Avec ce titre, on saisit les ambitions progressives du groupe qui sait développer des thèmes musicaux techniques, mélodiques et pertinents. Cette tendance est développée de manière plus magistrale encore sur le diptyque composant « Objection Overruled » qui voit le groupe clairement annoncer ses intentions en multipliant les changements de rythmes et les ambiances. Sur sa première partie, la part belle est faite à la basse qui sert de soutien à une narration angoissante, avant que le ton se durcisse. Sur la seconde, c’est d’abord la guitare classique qui est mise en avant, pour mieux lancer une chevauchée purement metal. Cette tendance à la narration est aussi présente sur le tempo lent « Metal Detectors » ainsi que sur « X-Termination » une composition plus complexe, aux nombreux changements de rythmes.

Ce premier album est devenu culte, d’autant plus avec la magnifique pochette française. A noter sa réédition en 2002 sur Underground Symphony avec quatre inédits plutôt intéressants enregistrés spécialement pour cette réédition par la formation originale.

  • 1. Exxplorer
  • 2. Prelusion
  • 3. Run for Tomorrow
  • 4. City Streets
  • 5. World War III
  • 6. Going to Hell
  • 7. Objection Overruled :
  • a) Guilty as Charged
  • b) Phantasmagoria
  • 8. Metal Detectors
  • 9. X-Termination
  • Mike Moyer : Batterie
  • Jimmy « G. » Gardner : Basse, Chœurs
  • Kevin « Koncrete » Kennedy : Guitares
  • Lennie « Big Daddy » Rizzo : Vocals
  • Ed LaVolpe : Guitares, Guitares classiques

Labels : Black Dragon Records, Metal Blade

EVIL HUNTER – Evil Hunter (2018)

Créé en 2017, Evil Hunter est un groupe espagnol composé de vieux briscards de la scène hispanique. Quelques mois après sa formation, il nous livre un album de heavy metal classique, influencé par la New Wave Of British Heavy Metal et la scène allemande, tout en s’inscrivant dans la nouvelle vague de groupes de heavy metal comme Wolf ou Cage. Cela nous donne un album varié qui explore différents chemins pour mieux dérouter l’auditeur et l’entraîner dans sa ronde.

Ainsi, l’album débute par « Surf the Waves », une bombe speed, au riff assassin, qui renverse tout sur son passage, tout en mettant en place un refrain très mélodique qui pourrait rappeler Rainbow. C’est efficace, maîtrisé d’un bout à l’autre, et permet de découvrir un chanteur à la voix éraillée, sorte de mélange entre Udo et Sebastian Bach, capable de hurler des couplets heavy comme sur « Heartbeat » pour ensuite se prendre pour Bon Jovi sur le refrain de « Hold Me Tight ». Evil Hunter est ainsi capable de souffler le chaud et le froid, passant de morceaux rapides et dévastateur comme l’excellent « Go » sur lequel les guitares abattent un travail phénoménal à des chansons plus mélodiques, aux limites du hard rock FM, comme sur « By Your Side », une power ballad comme on en faisait dans les années 1990 et sur laquelle les guitares tissent de belles interventions.

Mais les Espagnols ne se contentent pas de ça, puisqu’ils explorent différents sentiers pour mieux surprendre l’auditeur. Ils œuvrent ainsi dans un heavy metal qui n’est pas sans rappeler celui d’Accept dans sa maîtrise des riffs avec « Evil Hunter », ou des chœurs masculins : « Hot Leather ». On sent d’ailleurs qu’un travail colossal a été abattu pour que ces chœurs paraissent naturels. « Evil Hunter » semble en avoir bénéficié, puisque ce titre propose un heavy plein de nuances qui dévoile un refrain fédérateur. A l’opposé, « Open Up Your Eyes » joue davantage la carte d’un heavy thrash efficace, dont les rythmes saccadés et la puissance permettent de terminer cet album de 35 minutes en beauté.

Sans être novateurs, les Espagnols d’Evil Hunter nous convient donc à une belle fête du heavy metal, sans aucune faute de goût et avec un entrain certain.

  • 1. Surf the Waves
  • 2. Evil Hunter
  • 3. Heartbeat
  • 4. Hot Leather
  • 5. Hold Me Tight
  • 6. Go
  • 7. By Your Side
  • 8. Open Up Your Eyes 
  • Alberto Garrido : Basse 
  • Gustavo Segura : Batterie 
  • Víctor Durán : Guitares 
  • José Rubio : Guitares 
  • Damián Chicano : Chant 

Label : Fighters records

THE DICTATORS – Bloodbrothers (1978)

Troisième album des Dictators, Bloodbrothers est sans doute le plus hard rock du groupe, même si les racines punk rock transpirent encore çà et là notamment sur l’énergique « Faster and Louder » qui ouvre le bal avec son riff répétitif et son urgence. Dick Manitoba y montre toute sa verve, tandis que Ross Friedman (futur Manowar) nous assène un solo bien rock. Le ton est donné. L’auditeur sait à quoi s’attendre et n’est donc pas trompé par la marchandise. Cette verve qui n’est pas sans annoncer les titres les plus punk-rock des débuts de Blondie se retrouve sur l’entraînant « Stay With Me ». Lorsque le groupe parvient à mêler du rock à son énergie punk, il devient irrésistible comme le prouve le sautillant « What It Is » qui parvient à incorporer des accents southern rock à sa musique, tandis que le chant conserve des accents punks.

Nourris aux MC5, The Dictators explorent également des pistes plus rock comme sur l’amusant « Baby, Let’s Twist » qui nous replonge dans les années 1960 ou sur « Borneo Jimmy » qui semble être une réponse à « Johnny B. Good » en raison de son refrain et de sa narration. La musique se fait plus britannique qu’américaine, comme le confirme « I Stand Tall » aux accents des Who, avec son refrain rythmé, ses claviers et son solo incisif. Un grand moment de cet album. Il en va de même pour la reprise du « Slow Death » des Flamin Groovies qui trouve une nouvelle énergie avec cette version vitaminée propulsée par des guitares inspirées.

Mais que dire des deux meilleurs morceaux que sont le hard pop « No Tomorrow » au riff bourré de groove qui amène à un refrain mélodique, puis à un solo heavy de Ross « The Boss » ? The Dictators parviennent à repousser les limites de leur propre musique en se plaçant au carrefour de plusieurs genres. Pourtant, c’est avec « The Minnesota Strip » qu’ils atteignent les sommets en proposant un riff énorme, très metal, ainsi qu’un refrain étonnant, plutôt hard rock. D’ailleurs certains groupes ne s’y sont pas trompés en s’en inspirant fortement. Il suffit d’écouter le groupe anglais Girl, mais surtout Kiss qui a fortement pompé ce riff pour son « War Machine », à moins que les grands esprits se rencontrent…

Bloodbrothers est un album indispensable à tout amateur de hard rock, de punk rock et de rock.

  • 1. Faster and Louder
  • 2. Baby, Let’s Twist
  • 3. No Tomorrow
  • 4. The Minnesota Strip
  • 5. Stay with Me
  • 6. I Stand Tall
  • 7. Borneo Jimmy
  • 8. What It Is
  • 9. Slow Death
  • Handsome Dick Manitoba : chant
  • Ross « The Boss » Friedman : guitares
  • Scott « Top Ten » Kempner : guitares rythmiques
  • Andy Shernoff : basse, claviers, chant et chœurs
  • Ritchie Teeter :  batterie, chœurs

ELECTRIC BOYS – The Ghost Ward Diaries (2018)

Depuis leur premier album en 1989, les Suédois d’Electric Boys n’ont jamais fait les choses comme les autres. Mélangeant groove funk, esthétique 70’s, mélodies pop et puissance hard rock, ils ont sorti quelques albums marquants, dont le cultissime Funk-O-Metal Carpet Ride dont on retrouve l’esprit dès le riff de l’entraînant « Hangover in Hannover » qui emporte tout sur son passage. Jouant à la fois sur une rythmique enlevée et une énergie punk rock, il agit comme une déferlante qui devrait tout emporter sur son passage en concert.

Suit le mélodique et surprenant « There She Goes Again » qui s’inscrit comme un croisement entre un boogie blues américain (quel riff !), un brûlot punkoïde à la Hanoi Rocks et les Beatles. C’est étonnant, détonant et d’une rare fraîcheur. On a l’impression d’assister au mariage de Cheap Trick ou Enuff Z’nuff et d’Aerosmith, avec un final chanté en chœur qui donne des frissons dans le dos.

Après cette double entrée en matière, le groupe décide de se la jouer pop-rock, avec « You Spark My Heart » qu’on aurait pu trouver sur un album de R.E.M., la puissance en plus. Le chant de Conny Bloom est sublime. Il parvient à rendre cette fausse ballade envoutante, sans pour autant lâcher l’attention de l’auditeur qui est à nouveau surpris par un titre novateur dans la discographie du groupe.

Mais c’est souvent le cas avec Electric Boys qui part ensuite sur un vrai funk rock, garni de cordes, avec « Love Is A Funny Feeling » dont l’introduction nous entraîne sur une agréable fausse piste avant que le riff ne nous cueille. Glenn Hughes n’est pas loin ou Trapeze, pour les plus anciens. Les guitares se font tour à tour catchy ou enjôleuses. Elles le demeurent sur la ballade « Gone Gone Gone », véritable morceau teinté aux sables du désert, avec des influences blues et southern rock, sur lequel les guitaristes se donnent à fond, pour ensuite emporter le fan dans un univers presque psychédélique avec ces chœurs hippies, tandis que le final s’accélère pour lorgner du côté de Point Blank ou du Creedance Clearwater Revival. Un grand moment.

Après ces moments plus calmes, il fallait repartir de plus belle. C’est le cas avec le brûlot « Swampmotofrog », un instrumental boogie southern rock qui nous montre toute la maîtrise de ces musiciens. S’ensuit « First The Money, Then The Honey » un titre entraînant dans la lignée des premiers Aerosmith, bâti sur un riff tournoyant qui fait taper du pied et un refrain à reprendre à gorge déployée. Frais, faussement direct, car en même temps insidieux. Un titre qui pourrait se sublimer en concert.

Vous en voulez encore ? Eh bien, le final ne va pas vous déplaire. Bien au contraire. Car « Rich Man Poor Man » est certainement l’un des meilleurs morceaux de cet album. Sur une assise blues rock, au riff monstrueux, Electric Boys nous conduit dans un univers blues rock dont le refrain est juste monstrueux, tant il agite les pieds et la tête. L’ombre d’Aerosmith plane une nouvelle fois, avec cette slide qui vient colorer l’ensemble sans en faire trop. Une chanson énorme.

Pourtant tout n’est pas dit, car le groupe sait aussi faire preuve d’humour avec ce mid-tempo intitulé « Knocked Out By Tyson » qui fait se rencontrer les Beatles, le glam et le southern rock pour le plus grand bonheur des fans. Ça prend aux tripes tout en arrachant des sourires. Que demander de plus ?

Un dernier titre pour la route ? Il survient avec « One Of The Fallen Angel », qui débute comme une ballade poignante pour se poursuivre sur un mid-tempo mélodique, dont le refrain est si immédiat qu’on est saisi par sa justesse. Un autre grand moment de cet album qui ne contient aucune faute de goût. Assurément l’une de mes plus grandes surprises de cette année 2018 et une indéniable réussite.

  • 1. Hangover In Hannover
  • 2. There She Goes Again
  • 3. You Spark My Heart
  • 4. Love Is A Funny Feeling
  • 5. Gone Gone Gone
  • 6. Swampmotofrog
  • 7. First The Money, Then The Honey
  • 8. Rich Man, Poor Man
  • 9. Knocked Out By Tyson
  • 10. One Of The Fallen Angels

  • Guitariste/chanteur : Conny Bloom
  • Bassiste : Andy Christell
  • Guitariste : Franco Santunione
  • Batteur : Niclas Sigevall
  • Batteur : Jolle Atlagic

Label : Mighty Music

CRY OF DAWN – Cry Of Dawn (2016)

Avec Cry Of Dawn, Frontiers offre une carte blanche au chanteur suédois Goran Edman, au curriculum vitae dont l’énumération pourrait durer jusqu’à la nuit (Madison, John Norum, Malmsteen, Glory ou Headless…) Pour cela, le label lui a dépêché les compositeurs Michael Palace, Steve Newman, Alessandro Del Vecchio, Sören Kronkvist, Daniel Palmqvist et Robert Säll qui ont écrit des chansons spécialement pour lui. Si les qualités de ce vocaliste hors pair ne sont plus à démontrer, il est impossible d’écouter ce disque sans se dire que ce projet a été monté afin d’essayer de capitaliser autour de sa notoriété (le nom du groupe est sous-titré « featuring Goran Edman). Rien que cette idée est perturbante, même si cela n’enlève rien aux qualités des compositions et de l’interprétation. Aussi vaut-il mieux écarter tout cela et simplement se pencher sur les onze chansons de cet album, soigneusement produit, qui lorgnent sur l’AOR scandinave et le hard FM à l’américaine. Evidemment, ces références ne sont pas mauvaises. Frontiers s’est d’ailleurs assuré de bien entouré le chanteur puisqu’on retrouve à ses côtés, le guitariste Michael Palace (Palace, First Signal) et le batteur Daniel Flores (The Murder of my Sweet, First Signal), des musiciens accomplis.

Vous l’aurez compris, il est difficile de chroniquer un tel disque, tant il est exempt d’erreurs, puisqu’il sait parfaitement jouer sur nos cordes sensibles : les ballades « Building Towers » et « Hands Around Me » qui, étonnamment se suivent, sont prêtes à faire chavirer les cœurs, sans jamais nous permettre de décrocher. A l’opposé, les titres plus rapides comme « Tell It To My Heart », « Light a Lie » et « Life After Love » savent entraîner l’auditeur sans lui laisser le moindre répit, tout en lui offrant des mélodies imparables comme sur le superbe « Chance » qui ouvre les hostilités.

Chaque chanson est calibrée : le refrain et les chœurs de « Listen to Me » sont un excellent exemple de ce que l’AOR peut proposer de mieux. On sent le métier des musiciens, le talent des compositeurs et l’application du producteur, à tel point que cela en devient même perturbant, tant l’ensemble est parfait. En effet, aucune faute de goût sur cet album. « When Right Is Wrong » est un pur moment de FM au refrain dosé avec soin pour que rien ne dépasse, tandis que « Yearn » lorgne du côté de la pop avec son refrain léger et ses arrangements de claviers.

Cry Of Dawn propose un album comme les aime le patron de Frontiers : léché, efficace, mélodique. Tout cela est excellent, mais pourrait paraître trop lisse à ceux qui n’apprécient pas le genre ou qui cherchent davantage de gros riffs. On pense alors aux disques de feu Dominoe, voire à Norway ou America, période Perspective, la démesure en moins. Rien n’est à jeter, mais il manque ce petit grain de folie qui ferait passer Cry Of Dawn du rang de groupe studieux à celui d’espoir du genre. On est donc tenté de lui donner une excellente note, tout en se demandant si tout cela va rester dans les mémoires. Dans le doute, il est impossible de trancher.

Avec trois ans de recul par rapport à la première version de cette chronique, Cry Of Dawn apparaît comme un très bon album, un peu trop léger, mais qu’il est plaisant de remettre sur sa platine pour passer du bon temps. Et puis, il y a la voix de Goran Edman, toujours aussi impeccable.

  • 1. Chance
  • 2. Listen To Me
  • 3. When Right Is Wrong
  • 4. Tell It To My Heart
  • 5. Light A Light
  • 6. Can’t Go On
  • 7. Building Towers
  • 8. Hands Around My Heart
  • 9. Life After Love
  • 10. Yearn
  • 11. Tell Me I’m Not Dreaming
  • Goran Edman : Chant
  • Michael Palace : Guitares et basse
  • Daniel Flores : Batterie et claviers
  • Sören Kronqvis : Claviers

Producteur : Daniel Flores

Label : Frontiers

CYHRA – No Halos In Hell (2019)

Deuxième album pour ce supergroupe suédois, formé par le chanteur Jack E (ex Amaranthe) et le guitariste Jesper Strömblad (ex In Flames), rejoints par le guitariste Euge Valovirta (ex Shining) et par Alex Landenburg, le batteur de Kamelot. Après Letters To Myself, paru en 2017, qui posait les bases d’un metal mélodique teinté d’électronique et de pop, No Halos In Hell poursuit dans la même voie, en durcissant quelque peu le ton. En effet, si les mélodies popisantes proches de celles d’Amaranthe sont toujours présentes, elles sont supportées par des riffs mieux mixés et davantage mis en avant, comme sur « No Halos In Hell » qui donne son nom à l’album ou sur le puissant « Hit Me » qui parvient à équilibrer riffs metal et lignes vocales harmonieuses avec une vraie réussite.

Cyhra propose donc une musique assez étonnante qui parvient à concilier la passion des Suédois pour la pop et pour le metal. Certes, Amaranthe, Battle Beast ou Beast in Black œuvrent déjà dans des styles voisins, mais Cyhra joue sur un registre un peu différent, en étant moins épique que les deux derniers et plus puissant que le premier. Il suffit d’écouter « I Am The One » pour comprendre que le groupe fait la synthèse des deux genres avec une vraie réussite. Il marche même sur les platebandes des meilleurs groupes de pop avec l’étonnant « Bye Bye Forever », aux arrangements vocaux soignés qui ne déplairaient pas à Katy Perry ou grâce à « I Had Your Back », un mid-tempo dominé par un chant exceptionnel et des arrangements de guitares d’une rare subtilité. Soulignons également le travail d’Alex Landenburg qui alterne jeu sobre et démonstrations techniques lorsque c’est nécessaire.

Chaque titre est une petite pépite qui se déguste avec plaisir. « Out Of My Life », qui ouvre le bal, est construit sur un crescendo savamment distalisé qui nous conduit jusqu’à un refrain irrésistible, tandis que le superbe « Dreams Gone Wrong » nous prend immédiatement à la gorge grâce à des couplets enjoués soutenus par un rythme alerte et des claviers omniprésents. Assurément un des grands moments de cet album. Dans une veine assez proche, le rapide « Kings Tonight » ne laisse pas non plus une seule seconde de répits à l’auditeur qui est emporté par son flots enthousiaste en mode majeur. Les breaks électroniques tempèrent les riffs metal avant que le refrain ne renverse tout sur son passage. Sur la plupart des titres, Jake E se révèle être un grand compositeur de mélodies vocales qui joue avec les rythmes et les sonorités, ainsi qu’avec les registres. Ce qu’il réalise sur « Man Of Eternal Rain » et « Blood Brothers » est assez exceptionnel pour le souligner, tant il est capable de partager des émotions différentes, sans jamais faire perdre le fil à son auditoire. On comprend alors qu’il était sous-employé dans son groupe précédent et qu’il a eu raison de s’émanciper.

Même les morceaux les plus calmes tels que « Battle From Within » et « Lost In Time » suscitent des réactions positives. Le premier allie arrangements symphoniques et refrain imparable, alors que le second est une vraie ballade au piano bourrée de feeling.

No Halos In Hell est une bien agréable surprise qui devrait éveiller le fan de pop music qui sommeille en chaque métalleux et lui donner une jolie excuse pour chanter ces mélodies sucrées à tue-tête.

  • 1. Out Of My Life
  • 2. No Halos In Hell
  • 3. Battle From Within
  • 4. I Am The One
  • 5. Bye Bye Forever
  • 6. Dreams Gone Wrong
  • 7. Lost In Time
  • 8. Kings Tonight
  • 9. I Had Your Back
  • 10. Blood Brothers
  • 11. Hit Me
  • 12. Man Of Eternal Rain

  • Jake E : Chant
  • Jesper Strömblad : Guitare rythmique
  • Euge Valovirta : Guitare
  • Alex Landenburg : Batterie

Producteur : Jacob Hansen

Label : Nuclear Blast

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