HEAVY PETTIN – Lettin Loose (1983)

Formée en 1981 à Glasgow, sur les cendres de Wheeper, par le batteur Gary Moat, Heavy Pettin doit son nom à l’album No Heavy Petting de UFO sorti en 1976. Les racines du groupe plongent donc dans le hard rock des années 1970 plutôt que dans le heavy metal comme la plupart des groupes de la New Wave Of British Heavy Metal. Rassemblant autour de lui le guitariste Gordon Bonnar et le bassiste Brian Waugh, Gary Moat se lance dans la production d’une démo trois titres : « Love Times Love », « Speed Kills » et « Hell Is Beautiful ». Avec elle, il va démarcher Neat Records qui publie le 45T « Roll The Dice »/« Love Times Love », mais ce sera finalement Polydor qui va signer le premier album des Ecossais. C’est Brian May, le guitariste de Queen et Reinhold Mack (producteur de Queen et Electric Light Orchestra) qui prennent en charge l’enregistrement de Lettin Loose. Difficile de commencer sous de meilleurs auspices. L’album se révèle évidemment très léché. Les arrangements sont soignés et le travail des guitaristes est au-dessus de la moyenne.

Œuvrant dans un style plus américain que britannique, Heavy Pettin évoque parfois Def Leppard, comme sur « In and out of Love » qui ouvre le bal avec un mid-tempo au refrain communicatif. Le chanteur Hamie, à la voix un peu éraillée, sied parfaitement à l’ensemble, tandis que les riffs, assez simples, permettent de mettre en avant les couplets et de magnifiques chœurs. Dans un esprit assez similaire, « Love Times Love » est un beau hard rock aux consonances FM auquel il est aisé de s’identifier. Ces influences américaines se retrouvent également sur le binaire « Rock Me » taillé pour faire chanter les fans et sur « Shout It Out » qui, par certains côtés, lorgnent également du côté de UFO, notamment grâce à un subtil travail des guitaristes qui multiplient les arrangements et les interventions. La patte de Brian May n’y est certainement pas étrangère. Tout aussi fignolé, « Devil in Her Eyes » se développe autour de couplets alertes qui conduisent à un refrain assez simple, à la manière américaine. A noter un beau solo, plein de finesse. C’est un peu moins le cas de « Broken Heart », un peu moins efficace et sans doute trop répétitif.

Un peu plus rock, « Love on the Run » s’appuie sur des guitares qui se répondent avant d’accélérer et d’emporter l’adhésion du public sur un refrain bien énergique. Plus rapide encore, « Victims of the Night » est une vraie réussite, grâce à une construction unique, qui fait la part belle à la section rythmique et à des riffs évoquant Krokus. Le travail sur les chœurs y est assez remarquable et élève cet album au-dessus de la masse des disques sortis à la même époque. L’album se clôt sur « Hell Is Beautiful », un heavy rock rapide, dominé par des guitares incisives qui nous délivrent plusieurs solos. L’ensemble se rapproche de ce que propose Tokyo Blade, c’est-à-dire une musique plus directe et plus simple que ce qui est livré sur le reste de Lettin’ Loose.  

L’album reçoit un bon accueil critique. Dans le même temps, le groupe participe au festival de Reading avec Black Sabbath, Marillion, Stevie Ray Vaughan, Suzi Quatro, Anvil, Magnum, Mama’s Boys et Lee Aaron. Puis, il s’embarque l’année suivante en support d’Ozzy Osbourne et de Kiss. La réédition en CD par Majestic Rock en 2008 s’accompagne de deux inédits « Roll The Dice » et « Shadows Of The Night ». Le premier est un heavy rock direct, déjà paru en 45T en 1983, tandis que le second est un hard rock bien léché et énergique qui apparaît en face B du single « Rock Me ». Cet album est à (re)découvrir et pose des questions sur les erreurs commises par la suite.

  • 1. In and out of Love
  • 2. Broken Heart
  • 3. Love on the Run
  • 4. Love Times Love
  • 5. Victims of the Night
  • 6. Rock Me
  • 7. Shout It Out
  • 8. Devil in Her Eyes
  • 9. Hell Is Beautiful
  • Hamie – Chant
  • Punky Mendoza – Guitares
  • Gordon Bonnar – Guitares
  • Brian Waugh – Basse
  • Gary Moat – Batterie

Producteurs : Brian May et Reinhold Mack

Label : Polydor records

STARFIGHTERS – Starfighters (1981)

Formé fin 1979 à Birmingham sous le nom de Savage par Stevie Young et Spencer Scrannage, le groupe change rapidement de chanteur et de patronyme pour enregistrer le 45T « Heaven and Hell »/« I’m Falling » sur le label Motor City Rhythm Records. Starfighters est ensuite signé par Jive Records et enregistre un premier album de hard rock chaud, teinté de boogie, dont les morceaux sont propulsés par des riffs épais. Durant cette période, le groupe ouvre pour AC/DC sur la tournée Back in Black. Le neveu Stevie Young y rejoint donc ses oncles Angus et Malcolm. Même si Starfighters semble plus proche de Rose Tattoo, la proximité musicale avec AC/DC est assez étroite.

Fort de cette expérience et de cette petite notoriété, l’album sort dans de bonnes conditions et reçoit un bon accueil critique et enthousiasme les amateurs de grosses guitares et de voix puissante. Dès « Alley Cat Blues », les Anglais donnent le ton en nous assénant un mid-tempo gorgé de feeling, porté par le chant de Steve Burton et par le riff très australien de Stevie Young. Plus rapide, « Devil’s Driving » est taillé pour la scène et pour conduire les fans à secouer la tête en cadence. Ce hard rock joue dans le jardin de Rose Tattoo, mais pas autant que le punk rock « Don’t Touch Me » qui emporte tout sur son passage grâce à sa fougue et à la gouaille de Steve Burton. Les influences australiennes sont nombreuses, car c’est du côté de The Angels que nous emmène le bouillant « Eyes Tellin’ You » et le plus fin « Silver Lady » dont la montée en puissance est savamment distillée par des guitares insidieuses. On retrouve même un mélange de ces trois grands sur « Killing Time » qui est un peu le « Ride On » ou le « The Butcher And Fast Eddy » de ces Anglais, avec son rythme lancinant, ses riffs blues et le chant narré de Burton.

Mais Starfighters lorgne également vers l’Amérique, avec ses touches de country dans « Trigger Happy », ses airs de southern rock et de proto-punk sur le superbe « Power Crazy » qui évoque par moments Molly Hatchet sur ses couplets et les MC5 sur le refrain. Etrange mélange qui fonctionne néanmoins. Le blues n’est d’ailleurs jamais loin, comme en atteste le poignant « Help Me » au beau refrain ou le nuancé « Night After Night » dont l’urgence conduit même la voix de Steve Burton à dérailler à plusieurs reprises. Les guitares y sont émouvantes, même si aucun des deux guitaristes n’est réellement un soliste accompli. La production de Tony Platt, parfaitement adaptée à ce style, porte l’album d’un bout à l’autre, avec suffisamment d’écho sur la voix de Steve Burton pour y apporter la profondeur nécessaire.

Cette très bonne mise en bouche sera suivie d’un second album deux ans plus tard. Placé sous de bons auspices, cet album fait parler de lui, notamment « Alley Cat Blues » qui passe même dans les émissions spécialisées à l’époque. Un EP trois titres sort à cette époque, contenant « Alley Cat Blues », « Don’t Touch Me » et l’inédit « Rock’ em Dead », un rock vitaminé à la Rose Tattoo.

  • 1. Alley Cat Blues
  • 2. Devil’s Driving
  • 3. Don’t Touch Me
  • 4. Eyes Tellin’ You
  • 5. Help Me
  • 6. Power Crazy
  • 7. Silver Lady
  • 8. Trigger Happy
  • 9. Night After Night
  • 10. Killing Time
  • Steve Burton – Chant
  • Pat Hambly – Guitares
  • Stevie Young – Guitares
  • Doug Denni – Basse
  • Spencer Scrannage – Batterie

Producteur : Tony Platt

Label : Jive Records

ALLY VENABLE – Texas Honey (2019)

Guitariste et chanteuse, Ally Venable sort déjà son troisième album à tout juste vingt ans. Autant dire que la valeur n’attend pas le poids des années avec elle. Car à l’écoute des onze titres qui composent cet excellent Texas Honey, on peut se rendre compte que la jeune femme maîtrise à la fois la guitare et le chant. Son blues rock, plus proche du british blues que du delta blues, puise dans les grands classiques de cette musique pour nous livrer une musique intemporelle et pourtant parfaitement inscrite dans notre époque. Sous forme de power trio, elle met en place un blues alerte, puissant, mélodique, pulsé par une guitare à la fois technique et gorgée de feeling, que soutient une section rythmique en béton et qu’éclaire une voix affirmée.

Démarrant par un « Nowhere To Hide » bourré de groove, cet album donne immédiatement la pêche, entraînant l’auditeur à taper du pied et à secouer la tête. Les riffs sont sautillants et le solo plein de finesse. L’intérêt ne faiblit pas avec l’excellent « Broken », au superbe refrain et au riff entêtant. On touche au sublime dans la manière qu’a cette musicienne de jouer avec les intensités pour nous déposer ensuite un solo savamment dosé. L’ombre de Stevie Ray Vaughan plane sur certaines de ses parties, ce qui n’est pas étonnant puisqu’elle reprend « Love Struck Baby » avec une réelle maestria, en s’appropriant ce morceau pour en livrer une version toute personnelle. Ce rock qui puise aux racines du genre convient parfaitement au jeu d’Ally. Plus épais et plus sombre, « White Flag » flirte avec le hard rock grâce à un chant agressif, des guitares saturées, ainsi qu’une maîtrise des intensités. Ce désir de jouer avec les nerfs de ses fans est évident sur le lourd « Come And Take It » que vient animer Eric Gales, à la voix comme à la guitare. L’alliance de ces deux musiciens crée une magie qui transporte ce morceau vers les sommets.

Plus proche du southern rock, avec des touches dignes de Creedence Clearwater Revival, « Running After You » propose une composition mélodique, éclairée par la voix d’Ally et un refrain mélodique qui donne envie de chanter avec elle. Ce côté plus léger se retrouve sur le beau « One Sided Misunderstanding », aux nombreux changements de rythmes et d’intensité, qui permet aux riffs distordus d’être traversés par des arrangements plus clairs. Mike Zito vient y poser une jolie slide, tandis qu’un solo planant, aux ambiances psychédéliques, rappelle Jimi Hendrix. Aux confins des années 1970, « Long Way Home » s’appuie sur un douze mesures classiques, que ne renierait pas Joe Bonamassa, pour nous entraîner dans un boogie rock plein de nostalgie, un peu plus léger que le génial « Texas Honey », sur lequel Ally Venable montre aussi un talent certain pour l’écriture et la composition. Les riffs sont complexes, le chant est bien en place, et le solo est d’une pure beauté. Il est aisé de se laisser transporter par ce futur classique du blues rock.

Ally Venable est aussi capable d’alléger son propos en proposant une belle reprise du « Careless Love », un classique chanté notamment par Ray Charles, Bessie Smith, Fats Domino voire Johnny Cash, ainsi qu’un blues lent, avec le poignant « Blind To Bad Love » qui me rappelle l’excellent et éphémère groupe Jumpin’ the Gun, auteur d’un fabuleux Shades Of Blue en 1993. Porté par une section rythmique de qualité et une production fine et dynamique, Texas Honey sait varier les plaisirs pour le plus grand bien de nos oreilles.

En onze titres, Ally Venable nous propose un album majeur de cette année 2019 et s’inscrit déjà comme une valeur sûre du blues.

  • 1. Nowhere To Hide
  • 2. Broken
  • 3. Texas Honey
  • 4. Blind To Bad Love
  • 5. Come And Take It
  • 6. Love Struck Baby
  • 7. One Sided Misunderstanding
  • 8. White Flag
  • 9. Long Way Home
  • 10. Running After You
  • 11. Careless Love
  • Ally Venable – Chant, guitares
  • Bobby Wallace – Basse
  • Elijah Owings – Batterie, percussions
  • Eric Gales – Chant, guitares
  • Mike Zito – Guitares

Label : Ruf records

PRETTY MAIDS – Maid In Japan Back to the Future World (2020)

Enregistré lors de la tournée célébrant les trente ans de la sortie de Future Wolrd (1987), Maid in Japan Back to the Future Wolrd nous offre un superbe instantané sur un groupe qui n’a jamais démérité. Depuis 1984, les Danois nous régalent avec des albums qui oscillent entre le très bon et l’excellent, et qui peuvent donc s’enorgueillir de ne jamais avoir déçu leurs fans. Les quatorze chansons composant cet album live peuvent en témoigner puisqu’aucun titre ne fait baisser le rythme. Et pourtant, Pretty Maids a décidé de reprendre la totalité de la version américaine de Future World, y ajoutant cinq morceaux plus récents. Certes, cela donne un set qui oublie volontairement quelques classiques du groupe, mais l’ensemble est cohérent et irréprochable.

La première partie du concert se penche sur les neuf compositions de l’album célébré. « Future Wolrd » ouvre les hostilités avec la puissance qu’on lui connaît, renversant tout sur son passage et permettant à l’auditeur de constater que Ronnie Atkins n’a pas perdu sa voix. « We Came To Rock », supporté par des claviers indispensables, comme le plus mélodique « Love Games », nous entraîne dans un mid-tempo qui donne envie de chante en chœur et de taper du pied. Ces deux morceaux se succèdent avec bonheur pour ouvrir sur l’étonnant « Yellow Rain », repris par le public que Ronnie Atkins tient dans la paume de la main. Retrouver ce morceau en concert est étonnant mais nous montre toute l’étendue du talent de ce groupe. Le rythme s’accélère avec l’épais et rapide « Loud’N’ Proud » dont l’équilibre entre guitares et claviers, puissance et mélodies, est à l’image de la musique de Pretty Maids.

Le quintet sait varier les plaisirs. Le subtil « Rodeo » est suivi de l’énorme « Needles In The Dark » sur lequel on peut apprécier le travail de la section rythmique et de la production. Je dois avouer que je redécouvre ces deux titres, pourtant maintes fois écoutés dans leur version studio. Adaptés à notre époque, ils semblent d’une étonnante modernité. La ballade « Eye Of The Storm », sur laquelle les claviers virevoltent et le public réagit, poursuit le concert avec beaucoup d’émotion et de classe tandis que « Long Way To Go » clôt cette première partie de set sur un rythme médium destiné à faire chanter tout le monde.

La seconde partie débute par « Mother Of All Lies » extrait de Motherland (2013) en faisant un peu baisser le rythme en raison d’une trop longue introduction et d’une interprétation (trop) fidèle à la version studio. Peut-être la seule baisse de régime de cet album. Suivent deux extraits de Kingmaker (2016). Tout d’abord, l’énorme morceau éponyme qui rend le précédent titre encore plus fade et qui est soutenu par une section rythmique une nouvelle fois irréprochable. Le superbe « Bull’s Eye », magnifié par son adaptation à la scène, fait encore monter la pression avant l’excellent « Little Drops Of Heaven » présent sur Pandemonium (2010). Le disque se clôt sur le classique « Sin-Decade » qui fait le lien entre le passé et le présent de Pretty Maids.

Maid In Japan Back to the Future World est un album indispensable pour tout fan de Pretty Maids et pour tous les amoureux de metal mélodique et puissant.

  • 1. Fw30 (Intro)
  • 2. Future World
  • 3. We Come To Rock
  • 4. Love Games
  • 5. Yellow Rain
  • 6. Loud ‘N’ Proud
  • 7. Rodeo
  • 8. Needles In The Dark
  • 9. Eye Of The Storm
  • 10. Long Way To Go
  • 11. Mother Of All Lies
  • 12. Kingmaker
  • 13. Bull’s Eye
  • 14. Little Drops Of Heaven Pandemoniuù
  • 15. Sin-Decade
  • Ken Hammer – Guitares
  • Ronnie Atkins – Chant
  • Chris Laney – Claviers/guitares
  • Rene Shades– Basse
  • Allan Sorensen – Batterie

CHASTAIN – We Bleed Metal (2015)

Il n’aura fallu que deux ans pour voir paraître un nouvel album de Chastain, qui plus est, avec le même line-up que pour le précédent, ce qui n’était pas arrivé depuis 1988. L’orientation musicale est toujours la même, comme le clame Leather Leone dès le premier morceau, « We Bleed Metal » qui donne d’ailleurs son titre à l’album. Le son est épais, les riffs toujours aussi carrés et originaux, et cela donne une belle envolée dès cette entame destinée à secouer la tête en cadence. S’inscrivant dans la lignée de Surrender To No One, avec cependant moins de morceaux rapides, ce nouvel opus propose une belle variété de chansons qui alternent les tempos et les ambiances.

Le speed « All Hail the King » montre la cohésion de la section rythmique qui coule une assise impressionnante sur laquelle vient s’appuyer le mur de riffs tissé par David T. Chastain qui mène à un refrain fédérateur. Leather Leone chante toujours d’une voix éraillée, mais semble moins la pousser, ce qui lui permet de moduler ses effets.  Sur l’oriental « Search Time for You », elle transmet ses émotions en calant une partie de ses lignes vocales sur les lignes de guitares. L’ensemble met en place une atmosphère mystérieuse qui nous transporte dans des pays écrasés de soleil. Ce jeu d’ambiances est également présent sur « Secrets » qui clôt l’album sur un titre plein de nuances et d’arrangements originaux. Les changements de rythmes et les apports orientaux sont complétés par des solos bourrés de feeling.

Les influences heavy thrash sont toujours présentes, comme sur le puissant « Against All the Gods » au rythme complexe ou sur le torturé « Don’t Trust Tomorrow » qui débute par plusieurs descentes de manche impressionnantes ou encore le puissant « Evolution of Terror » au rythme écrasant. Ces morceaux, construits sur de nombreux changement de rythmes, offrent, comme souvent de brillants solos de guitare qui viennent alléger l’ensemble et prouver que David T. Chastain sait se renouveler et construire des ambiances étonnantes. Les contrastes entre la voix éraillée et la fluidité des solos enrichissent chaque composition. « The Last Ones Alive » s’inscrit dans cette même veine de titres puissants, mais joue sur une opposition entre une introduction acoustique, soutenant un chant plein d’émotion et des couplets épais.

Sans doute un peu moins étincelant que Surrender To No One, We Bleed Metal s’avère néanmoins être un bon album, aux titres variés et puissants.

  • 1. We Bleed Metal 
  • 2. All Hail the King 
  • 3. Against All the Gods 
  • 4. Search Time for You 
  • 5. Don’t Trust Tomorrow 
  • 6. I Am a Warrior 
  • 7. Evolution of Terror 
  • 8. The Last Ones Alive 
  • 9. Secrets 
  • Stian Kristoffersen : Batterie 
  • Mike Skimmerhorn : Basse 
  • David T. Chastain : Guitares, Chœurs 
  • Leather Leone : Chant 

Label : Leviathan – Pure Steel records

Producteur : David T. Chastain

LOUDNESS – Spiritual Canoe (2001)

Treize ans après sa dernière apparition sur Jealousy et après son éviction au profit de Mike Vescera, Minoru Niihara revient au bercail en remplacement de Masaki Mayada qui avait chanté sur les cinq albums précédents. Les fans espéraient donc un retour au style des débuts. Malheureusement pour eux, Loudness évolue dans un heavy metal sous accordé, basé sur des lignes vocales angoissantes et des riffs épais. « The Winds of Victory » instaure une ambiance sombre, sorte de mélange entre le metal moderne américain et le post-grunge, qui fait la part belle à un chant hurlé. Les morceaux sont torturés, comme c’est le cas pour « How Many More Times », qui annonce les nouveaux groupes japonais tels MUCC ou Despair’s Ray. Il faudrait sans doute s’interroger sur cette vague de metal sombre qui envahit le Japon à l’époque. Toujours est-il que le retour de leur chanteur original ne correspond pas avec un retour aux sources. Dès « The Winds of Victory », les guitares mettent en place des riffs poignants que viennent appuyer une basse toujours aussi inspirée.

Les tempos sont souvent lents ou médiums, évoquant parfois des morceaux de Testament : « The Seven Deadly Sins », sans pour autant oublier le sens du groove qui est la marque de fabrique du metal contemporain comme c’est le cas sur « A Stroke of the Lightning », au refrain étrange. Loudness nous surprend à chaque piste, comme avec l’étonnant et mélodique « Never Forget You » qui rappelle leur période américaine. Chaque piste dérange, détonne, étonne.

Certains autres titres sortent également du lot comme le magnifique « The End of Earth », à la construction plus alerte et au refrain percutant ou encore le heavy « Stay Wild » dont le riff plonge au cœur d’un metal moderne enjoué. L’enchaînement de ces deux titres conduit l’auditeur dans un univers metal contemporain, plein de rage, mais dont la technicité permet de dépasser le simple coup de gueule. Toujours à la hauteur, Minoru Niihara délivre une prestation de premier plan, comme sur le puissant « Climaxxx » ou le psychotique « The Hate That Fills My Lonely Cells » qui glace le sang.

Déroutant, contemporain, sombre et novateur, avec le recul, Spiritual Canoe s’avère d’une richesse étonnante et mérite qu’on se repenche dessus.

  • 1. The Winds of Victory 
  • 2. The Hate That Fills My Lonely Cells 
  • 3. The End of Earth 
  • 4. Stay Wild 
  • 5. The Seven Deadly Sins 
  • 6. Picture Your Life 
  • 7. How Many More Times 
  • 8. Touch My Heart 
  • 9. Climaxxx 
  • 10. A Stroke of the Lightning 
  • 11. Never Forget You 
  • 12. Spiritual Canoe 
  • 13. The Power of Love 
  • Minoru Niihara : Chant
  • Akira Takasaki : Guitares 
  • Masayoshi Yamashita : Basse 
  • Munetaka Higuchi : Batterie

Label : Nippon Columbia

CHEAP TRICK – At the Budokan (1979)

Lorsque Cheap Trick enregistre cet album live au Japon, le groupe n’a que deux albums studio à son actif, et un succès tout relatif aux Etats-Unis. Le pays du Soleil levant apparaît donc comme une sorte d’El Dorado. Pourtant, tout commence assez mal, puisque des protestations accueillent la venue des Américains dans cet ancien dojo consacré au Sumo. Est-ce pour cela que l’atmosphère y est si électrique ? La magie opère immédiatement dès les premières notes de « Hello There », un brûlot rock destiné à saluer le public présent, un public que l’on entend durant tout ce concert au son compact, aux harmonies soignées et aux interventions de Rick Nielsen si éclatantes. Il faut dire que les musiciens se donnent à fond et qu’ils transcendent des titres jugés parfois trop propres dans leur version originale.

Pour s’en convaincre, il suffit de placer l’énorme « Big Eyes » sur la platine. Issu de l’excellent In Color (1977), il est magnifié par la voix habitée de Robin Zander et taillé dans du rock par une section rythmique au sommet de son art. Il en va de même sur le puissant « Come On, Come On », aux accents punk rock qui ouvre de nouveaux horizons au quatuor. Trois autres titres sont issus du même album, de loin le mieux représenté sur ce concert. Il s’agit de « I Want You to Want Me », « Clock Strikes Ten » et « Hello There » déjà cité. Ils donnent une couleur toute particulière à l’ensemble, même si le mélodique et pop rock « I Want You to Want Me » aère cette performance grâce à ses lignes vocales entraînantes et son rythme sautillant, tandis que « Clock Strikes Ten » clôt ce show avec une fureur boogie glam rock détonante. On en redemande, notamment grâce à la frappe de Bun E. Carlos et aux interventions de Rick.

Le reste de l’album est évidemment lui aussi au top, puisque le groupe n’hésite pas à proposer trois inédits, dont le superbe « Surrender » à paraître sur Heaven Tonight quelques mois plus tard et qui sera le premier single du groupe à entrer dans le Bilboard. Une version de plus de neuf minutes de « Need Your Love » voit également le jour alors qu’elle ne sera posée sur album studio qu’avec Dream Police (1979). On le comprend aisément, le groupe est en pleine phase créatrice et prend des risques en proposant cet étonnant choix de chansons. L’autre morceau inédit, « Look Out », bien qu’enregistré en studio, ne verra pas le jour sur un album, même s’il en traîne une version sur des bootlegs ou des compilations.  

Les deux derniers morceaux sont déplacés sur l’album par rapport au show donné ce soir-là. Il faut dire que ce disque est amputé de neuf chansons que l’on retrouvera sur Budokan II. « Goodnight Now » avait l’habitude de clore les concerts du groupe, en étant une réponse à « Hello There » et était précédé de la reprise de Fars Domino : « Ain’t That a Shame ». Ces deux titres forment normalement un tout, ce qui n’est pas évident sur cette version de l’album. Malgré cela, At the Budokan est véritable réussite qui a marqué son époque et a fait exploser la popularité du groupe aux Etats-Unis. Plusieurs versions sont ensuite sorties en CD, avec les titres disparus entre temps, mais aussi avec : « Stiff Competition », « On Top of the World » et « How Are You ? » enregistrés en 1979. Pour les fans, At Budokan : The Complete Concert et la version 30th Anniversary avec un DVD capté par la télévision jponaise sont à favoriser.

  • 1. Hello There
  • 2. Come On, Come On
  • 3. Lookout
  • 4. Big Eyes
  • 5. Need Your Love
  • 6. Ain’t That a Shame
  • 7. I Want You to Want Me
  • 8. Surrender
  • 9. Goodnight Now
  • 10. Clock Strikes Ten
  • Robin Zander – Chant, guitares
  • Rick Nielsen – Guitares, chœurs
  • Tom Petersson – Basse, chœurs
  • Bun E. Carlos – Batterie

Label : Epic

CHASTAIN – The 7th Of Never (1987)

Ce troisième album de Chastain marque un changement important dans la carrière du groupe. En effet, si les quatre musiciens sont toujours les mêmes, David T. Chastain a décidé de créer son propre label afin de rester libre de sa direction artistique. En France, c’est l’excellent label Black Dragon qui publie cet opus, avec une magnifique pochette, largement supérieure à celle, très médiocre, de la version américaine. Si le groupe manque de goûts picturaux, il se rattrape largement sur les deux faces de cet album en nous proposant neuf morceaux d’un metal mélodique, puissant, gorgé de guitares et servi par des musiciens de grande qualité : « Feel HIs Magic » qui porte bien son nom. Si David T. Chastain délivre des riffs très lourds et des solos fluides et techniques, il peut se le permettre grâce au travail énorme de sa section rythmique. C’est indéniable sur l’instrumental néo-classique et jazzy « 827 » qui voit les trois musiciens se livrer à une démonstration bluffante de fluidité et de mélodicité.

Cette nouvelle tendance, déjà bien entamée sur le précédent album, se confirme tout au long des 42 minutes que dure cet album. L’introduction de chaque titre est soignée : « We Must Carry On », « The Wicked Are Restless » ou encore « Forevermore », installant immédiatement des ambiances particulières proches du metal progressif : le magnifique et poignant « It’s Too Late For Yesterday ». Chastain a progressé dans l’écriture de ses morceaux. Ainsi, « Take Me Back In Time » parvient à faire la jonction entre le metal américain et le hard rock de Led Zeppelin, ne serait-ce qu’en proposant une atmosphère orientalisante et lancinante comme les affectionnait le quatuor anglais.

L’auditeur se laisse alors emporter part cette guitare enjôleuse avant de se faire cueillir par un riff puissant : l’excellent heavy thrash « The 7th of Never » sur lequel Ken Mary nous prouve une nouvelle fois qu’il est un des meilleurs batteurs du monde et que ce titre est un des meilleurs du groupe. Et pourtant, cet album en contient de nombreux très bons, notamment « We Must Carry On » qui ouvre les hostilités avec son speed metal porté par la voix éraillée de Leather Leone ou encore le furieux « Paradise » aux riffs écrasants, sans oublier « The Wicked Are Restless ».  

Pierre angulaire de la discographie de Chastain, The 7th Of Never est un album indispensable pour tout amateur de heavy metal.

  • 1. We Must Carry On
  • 2. Paradise
  • 3. It’s Too Late For Yesterday
  • 4. 827
  • 5. The Wicked Are Restless
  • 6. The 7th of Never
  • 7. Take me Back in Time
  • 8. Feel His Magic

9. Forevermore

  • Leather Leone – Chant
  • David T. Chastain – Guitare
  • Mike Skimmerhorn – Basse
  • Ken Mary – Batterie

Labels : Leviathan – Black Dragon Records

Producteur : David T. Chastain

LOUDNESS – 2-0-1-2 (2012)

Vingt-cinquième album studio de Loudness, 2-0-1-2 montre un groupe en pleine possession de ses moyens et désireux de faire évoluer sa musique, comme c’est le cas depuis ses débuts. L’auditeur se retrouve donc face à un mur de guitares heavy qui nous délivrent un metal racé, puissant, moins sombre qu’à l’époque de Spiritual Canoe, qui doit autant à la vague américaine qu’aux spécificités japonaises : le superbe « Behind the Scene » sur lequel Akira et Masayoshi abattent un travail phénoménal. Ainsi, « The Stronger » écrase tout sur son passage avec son riff meurtrier, sa section rythmique implacable et ce chant halluciné de Minoru Niihara qui n’a rien perdu de sa puissance. Le ton est donc mis. Arch Enemy n’est pas loin sur certains passages de « 2012 – End of the Age », tandis que l’ombre du néo métal plane sur « Driving Force », notamment grâce à la présence d’une basse vrombissante et d’un riff tourbillonnant. Si cela peut surprendre le fan du groupe, il est indéniable que ce morceau possède une vraie originalité et d’indéniables qualités.

C’est d’ailleurs ce qui prédomine sur cet album étonnant, car le groupe explore différents courants du metal, n’hésitant pas à nous proposer des morceaux de heavy thrash comme le puissant « Bang ‘Em Dead » dont on a envie de crier le refrain, ou de pur heavy metal comme sur le pesant « Who the Hell Cares », voire de metal progressif avec « Memento Mori » au riff complexe et aux arrangements qui flirtent avec le jazz rock. Chaque piste est un vrai voyage. Ainsi « Break New Ground » est un hymne déclamé, au refrain destiné à être chanté en concert, et sur lequel la guitare tisse des riffs assez classiques avant de nous offrir un nouveau solo d’une rare technicité.   

2-0-1-2 est un excellent album qui montre un groupe capable d’évoluer et de se renouveler, et qui possède de superbes morceaux, même s’ils diffèrent de ce que Loudness proposait vingt ans auparavant. Si cela peut dérouter les fans de la première heure, force est de constater que les Japonais savent se réinventer, ce qui n’est pas le cas de la majorité des groupes. A noter l’hommage à Ronnie James Dio sur « The Voice of Metal », à la fois mélodique et poignant.

  • 1. The Stronger 
  • 2. 2012 ~ End of the Age
  • 3. Break New Ground 
  • 4. Driving Force 
  • 5. Behind the Scene 
  • 6. Bang ‘Em Dead 
  • 7. The Voice of Metal (Song for RJD) 
  • 8. Who the Hell Cares 
  • 9. Spirit from the East 
  • 10. Memento Mori 
  • 11. Out of the Space

  • Masayoshi Yamashita : Bass 
  • Akira Takasaki : Guitars, Vocals (additional) (track 6) 
  • Minoru Niihara : Vocals, Lyrics 
  • Masayuki Suzuki : Drums 

Label : Tokuma Japan

TEN YEARS AFTER – Ssssh (1969)

Quelques mois à peine après Stonedhenge, Ten Years After publie Ssssh, un album enregistré dans des conditions quasiment live. Il sort en juin, alors que le groupe s’apprête à jouer à Woodstock deux mois plus tard. Les retombées de ce concert donné le 17 août seront énormes pour le groupe, puisque cela va le propulse dans les premières places du Bilboard et lui permettre d’être enfin connu par le grand public. Il faut dire que Ssssh est un vrai chef-d’œuvre, composé de petits brûlots de blues-rock épais, tels que l’excellent « Bad Scene » qui ouvre le bal avec énergie et classe, ou le furieux « Stoned Woman » qui possède des accents southern rock avec sa basse énorme et son groove irrésistible. Le quatuor est plus proche de Jimi Hendrix que des Doors sur cet album, ce qui est évident « Good Morning Little Schoolgirl », la reprise vitaminée de Sonny Boy Williamson que ne renieraient pas des groupes de stoner actuels. Aussi puissant et groovy est l’excellent « The Stomp » qui puise aux mêmes racines du douze mesures qu’un « La Grange » de ZZ Top. Autant dire que cet album pulse dans tous les coins et qu’aucun temps mort n’est laissé à l’auditeur.

Même lorsque le tempo ralentit, comme sur « Two Time Woman », on sent l’âme blues emplir l’atmosphère afin de capter celle de l’auditeur. La voix d’Alvin Lee se fait captivante, tandis qu’elle est émouvante sur « If You Should Love Me », un rock tirant sur la pop, et bien plus chantant que ce que le groupe nous avait proposé jusqu’alors. Un beau moment qui nous fait découvrir une nouvelle facette du groupe. Il en va de même sur « I Don’t Know That You Don’t Know My Name » nourri de folk et de blues, joué entièrement en acoustique, avec des percussions et des instruments qui épousent les lignes vocales. L’album se clôt sur l’épais blues rock « I Woke Up This Morning », à la guitare distordue et au chant halluciné, soutenus par un orgue judicieux qui se fond dans le rythme pour ensuite se transformer en piano sur le solo. Un des meilleurs titres de cet album, même si on perçoit quelques pains qui n’ont pas été corrigés. La magie du live.

Avec le recul, Ssssh est vraiment un incontournable du rock que chacun doit posséder dans sa discothèque et qui, cinquante ans après, n’a pas pris une ride. A l’époque déjà, il marque le public puisqu’il reste une trentaine de semaines dans le Hit Parade français.  

  • 1. Bad Scene
  • 2. Two Time Mama
  • 3. Stoned Woman
  • 4. Good Morning Little Schoolgirl (Sonny Boy Williamson I)
  • 5. If You Should Love Me
  • 6. I Don’t Know That You Don’t Know My Name
  • 7. The Stomp
  • 8. I Woke Up This Morning

  • Alvin Lee – guitare, chant
  • Leo Lyons – basse
  • Chick Churchill – claviers
  • Ric Lee – batterie

Producteur : Ten Years After

Label : Deraim

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