DESTRUCTION – Born To Perish (2019)

Pilier de la scène thrash allemande, Destruction est né en 1982 et nous livre son quatorzième album studio, trois ans après Under Attack. En cinquante minutes, le power trio nous prouve qu’il appartient toujours au german big four et que le poids des ans n’a pas de prise sur lui. Autoproduit, sans pour autant quitter le giron de Nuclear Blast, ce nouvel opus démarre sur les chapeaux de roue avec « Born To Perish », un thrash syncopé, bourré de groove, qui possède tous les ingrédients pour devenir un classique du groupe et cartonner en concert. On comprend alors que Destruction se bonifie avec le temps. La voix de Schmier est agressive, tandis que les riffs vous cueillent au foie. C’est flagrant également sur « Betrayal », une furie heavy thrash, sur laquelle les lignes vocales touchent à la démence, en s’appuyant sur des motifs sombres et des riffs qui donnent envie de secouer la tête en cadence. « We Breed Evil » provoque la même envie avec ses intonations proches des premiers Exodus.

Destruction a envie de frapper fort, comme sur « Rotten » dont l’introduction est épaisse, ouvrant sur une construction étonnante pour un morceau de thrash, puisqu’il n’y a pas de guitare sur le premier couplet. Pourtant, l’auditeur n’est pas au bout de ses surprises, car les Allemands ont décidé de ne lui laisser aucun moment de répit. « Filthy Wealth » déboule alors, avec son thrash teinté de death et ses nombreux changements de rythmes qui peuvent déstabiliser au premier abord. Plus attendu, « Tyrants Of The Netherworld » s’appuie sur un rythme syncopé ultra rapide et un riff tourbillonnant. Classique mais efficace. Destruction nous rappelle qu’il est un des géniteurs de ce genre, et que les petits jeunes n’ont qu’à bien se tenir. Et ce n’est pas l’écrasant « Inspired By Death » au refrain fédérateur qui me fera dire le contraire.

L’album se clôt sur deux compositions directes, nourries au thrash allemand. « Fatal Flight 17 » est direct, un peu plus heavy que les autres morceaux par certains côtés, mais également plus torturé notamment lors de ses breaks. La voix de Schmier est énorme, passée au papier de verre. Enfin, « Ratcatcher » ferme la marche avec brio, pour une déferlante du plus bel effet, faisant de ce Born To Perish, un très bon album de thrash, certes, assez conventionnel (on passera sous silence la tentative ratée de l’empâté « Butchered For Life » avec ses apports jazz maladroits), mais qui fait le boulot exactement comme on s’y attendait. Et même mieux.

Certains diront que le groupe a du mal à se renouveler, ou que les solos ne sont pas d’un haut niveau technique, et ils auront raison. Je leur rétorquerai, qu’on écoute Destruction pour les uppercuts et les crochets que le groupe est capable de nous donner. Et là, on en a pour son argent.

  • 1. Born To Perish
  • 2. Inspired By Death
  • 3. Betrayal
  • 4. Rotten
  • 5. Filthy Wealth
  • 6. Butchered For Life
  • 7. Tyrants Of The Netherworld
  • 8. We Breed Evil
  • 9. Fatal Flight 17
  • 10. Ratcatcher
  • Mike Sifringer – guitare
  • Schmier – chant, basse
  • Wawrzyniec « Vaaver » Dramowicz – batterie, chœurs

Production : Destruction

Label : Nuclear Blast

HERETIC – Breaking Point (1988)

Lorsque Heretic arrive sur la scène de Los Angeles, en 1984, le thrash s’est solidement installé et les labels ont puisé dans ce vivier pour en extraire les meilleurs éléments. Metal Blade n’hésite pourtant pas à signer ce jeune groupe et à lui proposer d’ouvrir le volume 7 de ses fameuses compilations Metal Massacre. Avec « Impulse », Heretic propose un power metal carré, qui se démarque au milieu d’une concurrence un peu faible (hors Flotsam & Jetsam, et dans une moindre mesure, Sentinel Beast et Lost Horizon, dans un style vraiment différent). Si ce titre frappe par sa justesse, ce n’est pas le cas de la voix de Mike Torres, souvent à la limite de la tolérance.

Le premier album voit donc l’arrivée de Mike Howe (futur Metal Church) qui apporte une meilleure vitrine à ce power metal carré, dévastateur, et dont le titre « Heretic » parvient à recueillir tous les suffrages grâce à un refrain hypnotique et des riffs monstrueux. Cette excellente entrée en matière éclipse un peu la suite, même si « The Circle » se révèle être une chanson savamment construite, à la subtilité sans doute trop importante pour l’époque. Car Heretic ne construit pas ses morceaux comme tout le monde. Cela est évident sur « And Kingdoms Falls », une déferlante power thrash qui évoque… Metal Church avec un indéniable talent. « Enemy Within » s’inscrit dans cette même lignée, avec son metal saccadé, aux nombreux changements de rythmes qui amènent à un refrain réduit à sa plus simple expression, mais que viennent rehausser des guitares inspirées. En quatre titres, Heretic prouve tous son talent mais, aussi, une capacité à proposer des compositions en avance sur leur époque. En effet, « Time Runs Short » annonce ce qu’Iced Earth ou Kamelot vont nous pondre des années plus tard, à savoir un power metal jouant sur une atmosphère sombre plutôt que sur le déferlement de notes.

La face B débute par « Pale Shelter », un instrumental plein de nuances qui tranche avec le reste de l’album. Sa place à cet endroit surprend, surtout lorsque déboule le puissant « Shifting Fire » au riff thrash qui permet le développement de duels de guitares inspirés. Mais ce n’est rien à côté de la fureur de « Let’em Bleed », un speed metal emmené par des riffs tourbillonnants qui laissent peu de place au chant et vont en crescendo jusqu’à ce que la voix hallucinée de Mike Howe chante le refrain. A côté de ce déferlement, « Evil For Evil » apparaît comme un titre gentillet, alors qu’il fait la part belle aux solos de guitares et à un riff percutant. On saisit alors toute la subtilité d’un groupe qui peaufine ses compositions, les cisèle, afin d’en sortir le meilleur. « The Search » clôt alors cette œuvre nuancée en laissant un goût de trop peu. Son rythme lent, ses changements de rythmes et la voix de Mike Howe tourbillonnent encore dans nos oreilles alors que le vinyle ne tourne plus.

Avant même la parution de l’album, Metal Church arrache Mike Howe à Heretic qui, malgré l’arrivée d’un nouveau chanteur, doit jeter l’éponge. Korban et O’Hara rejoignent l’année suivante Reverend dont le chanteur n’est autre que David Wayne, ex-Metal Church. Heretic se reforme en 2011 sous l’instigation de Korban, avec de nouveaux musiciens et sort deux albums.

  • 1. Heretic
  • 2. And Kingdoms Falls
  • 3. The Circle
  • 4. Enemy Within
  • 5. Time Runs Short
  • 6. Pale Shelter
  • 7. Shifting Fire
  • 8. Let ’em Bleed
  • 9. Evil For Evil
  • 10. The Search
  • Mike Howe : Chant
  • Brian Korban : Guitares
  • Bobby Marquez : Guitares
  • Dennis O’Hara : Basse
  • Rick Merrick : Batterie

Label : Metal Blade

EXODUS – Bonded By Blood (1985)

Lorsque déboule, en cette année 1985, ce premier album d’Exodus, il fait l’effet d’une véritable bombe, non seulement en raison de sa pochette aussi laide que violente, mais aussi parce que tout le monde attend l’ancien groupe de Kirk Hammett au tournant. Retardé d’un an en raison de problèmes de pochette, parce que personne ne trouvait d’illustration allant avec A Lesson in Violence, le titre prévu, il bénéficie d’un buzz énorme avant même sa sortie.

Dès les premières mesures de « Bonded By Blood » et son rythme syncopé, l’auditeur est pris à la gorge, emporté par ce riff cinglant et la voix hallucinée de Paul Baloff. Les duels de guitares, le refrain original et hurlé, les changements de rythmes, tout concourt à emporter l’adhésion de celui qui a osé le placer sur sa platine. Pourtant, la déferlante ne fait que commencer, car le monstrueux « Exodus » vient nous cueillir. Plus puissant encore que le titre précédent et nettement plus violent, il surprend par la vélocité de ses riffs tourbillonnants et par les hurlements des chœurs qui viennent appuyer la voix d’écorché vif de Paul qui semble se faire exploser les poumons.

Dans le même esprit, « A Lesson in Violence » renverse tout sur son passage, en portant bien son nom. Conduit par un Paul toujours aussi explosif, ce morceau, construit intelligemment sur des changements de rythmes et des duels de guitares, affiche ses influences anglaises et punks. Ces dernières sont encore plus visibles sur « Metal Command », notamment dans l’accordage des guitares et la manière de répéter ce riff entêtant, ainsi que dans les lignes vocales. Le thrash d’Exodus apporte ainsi un réel vent de fraîcheur dans un genre en pleine ascension.

Car Exodus ne fait pas comme tout le monde. « And Then There Were None » nous propose un morceau mid tempo, au riff écrasant, qui permet une légère respiration dans cet ouragan, sans pour autant nous laisser le moindre répit. A l’instar de « Deliver Us To Evil », il développe sa violence dans ses vocaux tranchants et ses solos techniques et rapides qui cinglent les oreilles.

Si au milieu de l’album, « Piranha » et « No Love » sont moins accessibles, ils n’en demeurent pas moins bons, en raison de leur originalité. Plus punk et direct, le premier tient sur le chant de Paul Baloff, tandis que le second s’ouvre sur une étonnante introduction avant de nous asséner des riffs écrasants pour mieux accélérer le rythme en son milieu et laisser place à des duels de guitares auxquels le genre ne nous avait pas encore habitué.

L’album se termine sur le cinglant « Strike of the Beast » illuminé par le duo Holt/Hunolt qui l’éclabousse de toute sa classe et par le chant de Paul Baloff qui semble chanter pour se maintenir en vie, tant ses interventions sont empreintes d’une réelle urgence.

Bonded By Blood est devenu un classique du thrash, et l’unique album chanté par Paul Baloff. Ayant eu la chance de voir le groupe sur cette tournée en première partie de Venom, aucun des musiciens ne faisait semblant à l’époque et retranscrivait, sur scène, cette même violence contrôlée.

  • 1. Bonded By Blood
  • 2. Exodus
  • 3. And Then There Were None
  • 4. A Lesson In Violence
  • 5. Metal Command
  • 6. Piranha
  • 7. No Love
  • 8. Deliver Us To Evil
  • 9. Strike Of The Beast
  • Paul Baloff : chant
  • Gary Holt : guitares
  • Rick Hunolt : guitares
  • Rob McKillop : basse
  • Tom Hunting : batterie

Label :Torrid/Combat

Producteur : Mark Whitaker

METAL CHURCH – Damned If You Do (2018)

Deux ans après XI (2016) qui marque le retour du chanteur Mike Howe, Metal Church remet le couvert avec un nouveau batteur, l’ex-WASP Stet Howland. Le moins que l’on puisse dire c’est que les Américains ont toujours de l’énergie comme le prouve le furieux « Damned If You Do » qui nous renvoie aux meilleures années du groupe. Les guitares sont incisives, le chant toujours aussi halluciné et la section rythmique monstrueuse. Le groupe réitère cet exploit avec « Out Of Balance », une furie maîtrisée qui permet des envolées et des duels de guitares, inscrivant ce titre dans le panthéon des meilleures compositions de Metal Church. Cela donne l’impression d’une vraie cure de jouvence, comme si les musiciens avaient voulu se lâcher sans s’occuper ni de la mode ni des critiques.

Une partie de l’album s’inscrit dans la plus pure tradition Metal Church, avec des tempos énergiques aux refrains qui entrent dans la tête pour ne plus en sortir. « The Black Things » cueille l’auditeur au foie, tandis que « By The Numbers » l’achève avec sa cavalcade heavy et son chant entêtant. Avec un son énorme et très actuel, Metal Church renoue avec ses racines tout en se réinventant. Il flirte ainsi avec le thrash en y instillant un groove étonnant sur l’excellent « Guillotine », pour ensuite faire parler la poudre sur le heavy « Rot Away » et ses descentes de manche si caractéristiques du groupe.

Les amateurs de mid-tempos ne sont pas oubliés, cela aurait été étonnant avec Metal Church. Le savoureux et heavy « Monkey Finger » les ravira, notamment grâce à une montée en puissance juste avant un refrain pesant qui doit sans doute à certains titres d’Accept.

Pourtant, le tableau ne serait pas complet sans les touches novatrices distillées par le groupe tout au long de cet excellent Damned If You Do. Ainsi, l’album se clôt sur le mélodique et puissant « The War Electric », au riff entêtant et groovy, et sur lequel Mike Howe nous prouve qu’il n’a rien perdu de sa voix si reconnaissable en faisant exploser les compteurs. Mention spéciale également au nuancé « Revolution Underway », qui évoque Diamond Head époque Borrowed Time, le son en plus.

Cela nous donne un excellent album qui ravira les fans de Metal Church et qui devrait confirmer ce retour en forme. Un de mes albums de 2018.

  • 1. Damned If You Do
  • 2. The Black Things
  • 3. By The Numbers
  • 4. Revolution Underway
  • 5. Guillotine
  • 6. Rot Away
  • 7. Into The Fold
  • 8. Monkey Finger
  • 9. Out Of Balance
  • 10. The War Electric
  • Guitares : Kurdt Vanderhoof 
  • Chant : Mike Howe
  • Basse : Steve Unger
  • Guitares : Rick Van Zandt
  • Batterie : Stet Howland 

Label : Ratpak records

HELIX – Old School (2019)

Cinq ans après Bastards Of The Blues et deux compilations, nous avons enfin des nouvelles des Canadiens d’Helix, un groupe qui rencontra un certain succès dans les années 1980 avec les excellents No Rest for the Wicked (1983), Walkin’ the Razor’s Edge (1984), Long Way to Heaven (1985) et Wild in the Streets (1987), auxquels il faut ajouter Back for Another Taste (1990). Malheureusement, des dissensions internes, des changements de line-up, l’arrivée du grunge et surtout la mort du guitariste Paul Hackman dans un accident de la route au retour d’un concert en 1992 mirent fin à cette ascension. Depuis lors, l’existence du groupe est pour le moins chaotique.

Quelle est donc l’histoire d’Old School ? Selon Brian Vollmer, il s’agit de vieilles bandes retrouvées dans un placard que la nouvelle mouture du groupe a retravaillées. Parmi ces anciennes compositions, trois sont co-signées par Paul Hackman. Il n’est donc pas étonnant de saisir quelques réminiscences du passé, notamment dans la faculté d’Helix à écrire des refrains fédérateurs et des lignes vocales ciselées : le blues-hard « Whiskey Bent and Hell Bound » ou le très américain « Your Turn To Cry » qui aurait fait le bonheur de MTV à l’époque, mais aussi à nous proposer des titres bourrés de groove et de riffs efficaces qui donnent envie de taper du pied et de secouer la tête : le très bon « Coming Back With Bigger Guns » qui ouvre les hostilités ou le rock « Games Mother Never Taught You » qui nous renvoie à l’époque de Walkin’ the Razor’s Edge. Notons aussi le hard blues « Southern Confort » évoquant Aerosmith, dont le riff aurait pu être écrit par Joe Perry.

L’ensemble est bourré de feeling, comme sur « If Tears Could Talk » ou la ballade « Tie Me Down », notamment grâce à Brian Vollmer dont la voix ne s’est pas altérée avec le temps. Ainsi, il est toujours capable de faire passer ses émotions dans chaque phrasé, tout en ajoutant quelques arrangements çà et là. Cela se confirme sur « Cheers » où il est simplement accompagné d’un piano. Plongeant aux racines du blues, Helix se redessine en nous proposant une vision plus chaude et moins tournée vers la fabrication de hits comme c’était le cas à sa grande époque. Il faut dire que les temps ont changé et que le retour à ses racines est une tendance actuelle. Le clin d’œil « Hound Dog Howlin’ Blues » en apporte une preuve flagrante.

Old School est un bon album qui ne va pas ramener Helix vers les sommets, mais qui ravira les amateurs de hard blues bien écrit et bien interprété.

  • 1. Coming Back With Bigger Guns
  • 2. Whiskey Bent and Hell Bound
  • 3. If Tears Could Talk
  • 4. Your Turn To Cry
  • 5. Tie Me Down
  • 6. Closer To You
  • 7. Games Mother Never Taught You
  • 8. Southern Comfort
  • 9. Hound Dog Howlin’ Blues
  • 10. Cheers

  • Brian Vollmer : chant
  • Daryl Gray : basse & claviers
  • Greg “Fritz” Hinz : batterie
  • Kaleb Duck : guitare
  • Christopher Julke : guitare

Label : Perris Records

A KILLER’S CONFESSION – The Indifference of Good Men (2019)

Deuxième album pour A Killer’s Confession, le groupe de Waylon Reavis l’ancien chanteur de Mushroomhead. Mélangeant nu-metal et metal alternatif, il nous propose une œuvre assez contrastée qui s’aventure sur les terres de Disturbed, à savoir un métal moderne, puissant est efficace. Dès le monstrueux « It’s Not Too Late », on comprend que le groupe n’est pas là pour amuser la galerie. Le riff écrasant soutient des lignes vocales qui mêlent couplets mélodiques et screams. Autant dire que cela déménage et ne fait pas dans la dentelle, à la manière de Disturbed. « Trust Me » confirme cette première impression, en y ajoutant des éléments électroniques et des éléments rappelant Korn. « One Step » s’inscrit dans cette même mouvance, avec ses arrangements électroniques et ses ambiances orientales, des growls en plus. Le groupe n’est jamais aussi bon que lorsqu’il lâche les chevaux, comme sur « H.C. Tits », un déferlement de violence quelque part entre Slipknot et Korn.

A Killer’s Confession est même capable d’explorer de nouvelles pistes, notamment sur l’étonnant « Cocaine » à l’ambiance schizophrénique et aux lignes vocales qui mêlent growls, screams et passages plus mélodiques. Assurément une des découvertes de cet album. On retrouve même des réminiscences de la période Mushroomhead sur « Satisfied », avec un ancrage typiquement nu metal et des expérimentations de sonorités. Mais le groupe semble coupé entre deux tendances, ne sachant pas s’il doit se laisser aller au metal extrême ou caresser les médias américains dans le sens du poil.

En effet, lorsque le tempo ralentit ou s’allège, A Killer’s Confession lorgne réellement du côté du metal alternatif, avec des refrains mélodiques et des sonorités beaucoup plus légères. « Angel on the Outside » est un excellent exemple de cette tendance. Appuyée sur de grosses distorsions mixées en arrière-plan, la voix de Waylon Reavis se fait tour à tour enjôleuse et plus agressive. Un titre très américain. Coincés entre le metal alternatif en vogue actuellement outre-Atlantique et le nu metal, « Numb » et « The Shore » proposent des compositions accessibles, basées sur des refrains soignés et sur lesquelles les riffs sont allégés. Avec « Render », on a même droit à une ballade acoustique d’ambiance qui clôt cet opus.

Destiné au marché américain, cet album est néanmoins à découvrir, tant les qualités du groupe sont évidentes.

  • 1. It’s Not Too Late
  • 2. Numb
  • 3. Trust Me
  • 4. Angel on the Outside
  • 5. Cocaine
  • 6. The Shore
  • 7. One Step
  • 8. Satisfied
  • 9. I Wish
  • 10. Reanimated
  • 11. H.C. Tits
  • 12. Render
  • 13. Numb (Raw Demo)
  • Waylon Reavis – Chant
  • Brock Star – Guitares
  • Mark Alexander – Guitares
  • Morgan Bauer – Batterie
  • JP Cross – Basse

Label : EMP

ATROCITY – Work 80 II (Deluxe édition) (2008)

Groupe de thrash allemand mené par Alexander Krull, Atrocity publia quelques albums assez moyens tout en se lançant dans des reprises de morceaux de new wave et de pop des années 1980 afin de les mettre à la sauce metal. Après une première version de Work 80 parue en 1997, un second opus sort en 2008. Sa version deluxe inclut les deux albums plus des bonus. Une fois le décor planté, on peut s’interroger sur la pertinence de cette compilation de reprises. A l’époque, de nombreux groupes se lancent d’ailleurs dans ce type d’adaptations (Gamma Ray, SUP…), avec plus ou moins de réussite. Pour Atrocity, disons que le résultat est assez mitigé. On passe en effet du pire au meilleur.

Commençons par le meilleur. « Don’t You Forget About Me » de Simple Minds passe plutôt bien la frontière, tout d’abord parce que le groupe a respecté l’original en lui adjuvant des orchestrations et en évitant un chant trop guttural. Il en va de même pour « People Are People » de Depeche Mode qui trouve une nouvelle jeunesse en s’appuyant sur des riffs électriques. L’apport d’une voix féminine sur « The Sun Always Shines On TV » de A-Ha est également un excellent choix et magnifie ce titre. Dans un tout autre style, « Forever Young » devient une ballade de metal symphonique du plus bel effet, avec de superbes orchestrations et des chœurs classiques.

Certaines versions sont étonnantes. Ainsi, la chanson « Hey Little Girl » (Icehouse) est transformée en titre gothic metal du plus bel effet, alors que l’originale est d’un barbant, à la fois molle et pataude. Meilleure encore est la transformation du « Keine Heimat » d’Ideal, une bouse électro-pop allemande sans aucun intérêt au départ. Il en va de même pour « Feels Like Heaven » de Fiction Factory (un groupe anglais auteur de deux albums et de ce « hit » médiocre). Les arrangements symphoniques, le mélange de voix masculines et féminines, les touches de piano et les riffs de guitares lui donnent un vrai souffle. Pourquoi n’apparaît-il pas sur la version normale ? Les fans de David Bowie vont sans doute crier au scandale en écoutant la version de son « Let’s Dance » transformé en metal indus, mais elle possède un certain charme. Moins, en tout cas que « Das Letzte Mal » et « Verschwende Deine Jugend » de Deutsch Amerikanische Freundschaft ou encore « Die Deutschmaschine » (une reprise d’And One) qui sonnent réellement comme du Rammstein.

Tout n’est malheureusement pas à conserver. Si les versions de « Such A Shame » et « Here Comes The Rain » sont inintéressantes, sans être transcendantes, celle de « Relax » est une catastrophe. A vouloir y insuffler trop de growls, l’ensemble ne possède plus aucune tenue. On lui préférera la version de « Rage Hard » qui évoque Rammstein avant l’heure, sans aller jusqu’au bout de ses idées. La version de « Wild Boys » est massacrée par un chant punk incompréhensible, celle de « Tainted Love » souffre de la comparaison avec la version de Marilyn Manson pourtant plus tardive, celle de « Der Mussolini » ne peut être comprise que par des Allemands (mais se révèle amusante), tandis que les reprises du « Don’t Go » de Yazoo et du « Wild Boys » de Duran Duran semblent avoir été enregistrées par des pré-ados qui viennent d’acheter leurs instruments et qui découvrent le punk.

Work 80 n’est pas un album indispensable, mais propose quelques bonnes surprises qui raviront les métalleux désireux de cacher leur amour de la new wave et dont cette anthologie fera un beau masque derrière lequel le dissimuler.

  • CD1:
  • 1. People Are People (Depeche Mode cover)
  • 2. Smalltown Boy (Bronski Beat cover)
  • 3. Relax (Frankie Goes To Hollywood)
  • 4. Don’t You Forget About Me (Simple Minds cover)
  • 5. The Sun Always Shines On TV (A-ha cover)
  • 6. Hey Little Girl (Icehouse cover)
  • 7. Fade To Grey (Visage cover)
  • 8. Such A Shame (Talk Talk cover)
  • 9. Keine Heimat (Ideal cover)
  • 10. Here Comes The Rain (Eurythmics cover)
  • 11. Forever Young (Alphaville cover)
  • Bonus (limited edition):
  • 12. Feels Like Heaven (Fiction Factory cover)
  • CD2:
  • 1. Shout (Tears for Fears cover)
  • 2. Rage Hard (Frankie Goes To Hollywood cover)
  • 3. Wild Boys (Duran Duran cover)
  • 4. The Great Commandment (Camouflage cover)
  • 5. Send Me An Angel (Real Life cover)
  • 6. Tainted Love (Gloria Jones cover)
  • 7. Der Mussolini (D.A.F. cover)
  • 8. Being Boiled (Human League cover)
  • 9. Don’t Go (Yazoo cover)
  • 10. Let’s Dance (David Bowie cover)
  • 11. Maid Of Orleans (O.M.D. cover)
  • Bonustracks:
  • 12. Das Letzte Mal (D.A.F. cover)
  • 13. Die Deutschmaschine (And One cover)
  • 14. Verschwende Deine Jugend (D.A.F. cover)
  • 15. Tainted Love (Albrin-Mix)
  • 16. Shout (Edit) (Tears for Fears cover)

Label : Napalm records

DIAMOND HEAD – The Coffin Train (2019)

Trois ans après l’excellent Diamond Head qui marquait le retour du mythique groupe anglais et qui avait vu l’arrivée de Rasmus Bom Andersen au chant, voilà que déboule The Coffin Train, un album plus heavy, plus inscrit dans l’air du temps que son prédécesseur qui renouait avec le son et les compositions de Lightning to the Nations ou Borrowed Time. On comprend donc que le groupe a décidé d’avancer et de ne pas s’endormir sur ses lauriers. Certains fans vont crier au scandale, d’autres, comme moi, vont sans doute louer la prise de risques, surtout que certains morceaux, bien que plus lourds, possèdent le même feeling que les chansons des premiers albums du groupe.

Ce qui frappe au premier abord, c’est, en effet, le son énorme et les riffs meurtriers développés sur la cinquantaine de minutes que dure cet album. Dès le speed « Belly of the Beast », on a peine à reconnaître les créateurs d’« Am I Evil ». Le chant d’Andersen est halluciné, tandis que la section rythmique abat un travail colossal afin de soutenir un riff énorme qui fonce à deux cents à l’heure. Avec « Death by Design », le riff est plus syncopé, mais cela donne néanmoins un superbe résultat, grâce à l’inventivité des arrangements et au refrain à hurler en chœur. Diamond Head prouve qu’il est un vrai groupe et qu’il ne va pas s’en laisser compter par les jeunes formations. « The Phoenix » possède un groove impressionnant qui ouvre sur un refrain et des breaks mélodiques. Une belle surprise placée un peu loin à mon goût.  

Mais ne boudons pas notre plaisir, car le groupe sait toujours nous offrir des morceaux bourrés de feeling, comme le beau « The Coffin Train » sur lequel Andersen nous prouve une nouvelle fois qu’il possède une puissance phénoménale et un timbre de voix modulable. « Shades Of Black » s’inscrit dans la même veine que « Borrowed Time », avec ses ambiances sombres, ses passages lents, sa basse omniprésente et son riff en accords mineurs. Les fans de la première heure devraient être contents. Dans un style proche, l’émouvant « Until We Burn » propose un univers tout aussi poignant, mais développé sur un registre plus léger.

A l’opposé, le pesant « The Messenger » ressemble à un rouleau compresseur, tant le riff est épais et la section rythmique impressionnante. Le bassiste Dean Ashton, dont c’est le premier enregistrement avec le groupe, s’y montre efficace. Plus léger, grâce à l’apport de claviers, « The Sleeper » est un autre titre lent qui est introduit par la basse et par des voix doublées. Sur cet album, Diamond Head a d’ailleurs privilégié ce type de rythmes qui permettent au chant d’Andersen de se poser et à la guitare de Tatler de nous livrer des solos pertinents, sans être révolutionnaires.

Il en va de même pour cet excellent album qui ne réinvente pas le metal, comme le groupe l’avait fait dans les années 1980, mais qui a, au moins le mérite, de réinventer le son du groupe.

  • 1. Belly of the Beast 
  • 2. The Messenger 
  • 3. The Coffin Train 
  • 4. Shades of Black 
  • 5. The Sleeper (Prelude) 
  • 6. The Sleeper 
  • 7. Death by Design 
  • 8. Serrated Love 
  • 9. The Phoenix
  • 10. Until We Burn 
  • Brian Tatler : Guitares
  • Karl Wilcox : Batterie
  • Andy « Abbz » Abberley : Guitares
  • Rasmus Bom Andersen : Chant
  • Dean Ashton : Basse 

Label : Silver lining music

GIRLSCHOOL – Guilty As Sin (2015)

Le réenregistrement de Hit and Run semble avoir fait du bien à Girlschool qui s’est replongé dans ses anciens titres, ce qui se ressent sur les compositions de cet album. En effet, l’influence des trois premiers disques est évidente sur « Take It Like A Band », « Night Before » ou encore « Coming Your Way ». On retrouve donc un metal teinté de glam qui parvient à nous transporter dans un univers enthousiaste, bien loin des dérives de Believe. Avec le temps, les musiciennes ont finalement retrouvé l’inspiration puisqu’elles nous proposent onze compositions originales pour une seule reprise, et que cela faisait sept ans que cela n’était pas arrivé. Autre point important, la présence de Chris Tsangarides derrière les manettes qui parvient à les guider dans la bonne direction et à leur offrir un son digne de ce nom. Il apporte même un côté plus lisse à des titres comme « Everybody Loves (Saturday Night) » et « Coming Your Way » qui rappellent les grandes heures du glam rock.

Dès « Come the Revolution », l’auditeur perçoit un groupe en pleine forme, qui propose un mid-tempo au refrain fédérateur. C’est également le cas sur « Guilty as Sin », au riff gorgé de groove. Les influences hard rock et glam y sont omniprésentes et permettent à Girlschool de jouer avec les ambiances. Les lignes de chant sont mélodiques, appuyées en cela par des guitares parfois enjôleuses, comme sur « Painful », une chanson toute en nuances ou « Treasure » aux influences punk-rock-pop. Car Gilrschool innove et ne se laisse pas enfermer dans ses clichés. « Awkward Position » est un tempo lent très américain qui permet une réelle progression du groupe.

Mais Girlschool sait aussi faire parler la poudre, renouant avec ses racines punk-rock sur le très Motörhead « Night Before » qui déboule à deux cents à l’heure, ou le furieux « Tonight » au riff monstrueux qui renvoie aux meilleures heures de la New Wave Of British Heavy Metal. Et pour cause, c’était la face B du 45 tours « Hit and Run » en 1981. Girlschool nous assène des morceaux irrésistibles, avec une fureur et un enthousiasme qui nous ramènent trente ans en arrière, comme sur l’excellent « Take It Like a Band ». En revanche, passons sur la reprise du « Stayin’ Alive » qui est réellement ratée.

Excellente surprise, Guilty As Sin est un des meilleurs albums de Girlschool et doit donc agrémenter toute discothèque d’un amateur de metal.

  • 1. Come the Revolution
  • 2. Take It Like a Band
  • 3. Guilty as Sin
  • 4. Treasure
  • 5. Awkward Position
  • 6. Staying Alive » (Bee Gees cover)
  • 7. Perfect Storm
  • 8. Painful
  • 9. Night Before
  • 10. Everybody Loves (Saturday Night)
  • 11. Coming Your Way
  • 12. Tonight
  • Kim McAuliffe : Chant, guitares
  • Jackie Chambers : Guitares, chœurs
  • Enid Williams : Basse, chant, chœurs
  • Denise Dufort : Batterie

Production : Chris Tsangarides

Label : UDR

GIRLSCHOOL – Hit and Run – Revisited (2011)

Lorsqu’un groupe est en perte de vitesse et n’a plus aucune imagination, que fait-il ? Il réenregistre ses plus grands succès. Parfois, il le fait pour reprendre ses droits sur des chansons lorsque ceux-ci appartiennent à son ancienne maison de disques. Evidemment, pour que cela ne sonne ni trop commercial ni trop désespéré, le groupe et le label donnent des raisons risibles, foireuses ou légitimes (en apparence). Pour Girlschool, qui peine à quitter le niveau national dans lequel le groupe s’est lui-même fourré, ce regard nouveau posé sur Hit and Run vient fêter le trentième anniversaire de l’album. Pour lui rendre hommage, l’ordre des titres suit exactement celui de la version originale, ce qui n’est pas le cas des morceaux en eux-mêmes qui sont modifiés, pas en profondeur, mais dans leurs arrangements. On perçoit ainsi des ajouts de guitares çà et là : « Following the Crowd », d’importants changements dans les parties de batterie : « Tush », voire dans la durée du titre : « Future Flash ». A noter aussi que l’introduction de « C’mon Let’s Go » présente quelqu’un qui ronfle, ce qui n’est pas très heureux.

Pourtant, les modifications les plus notables tiennent essentiellement dans la puissance dégagée par les titres les plus rapides. « C’mon Let’s Go » est bien plus metal et sonne presque comme du speed, « Kick It Down » est aussi lourd qu’un rouleau compresseur et renvoie à Motörhead. Le côté punk de « Watch Your Step » est accentué par un son presque hardcore, ce qui le rapproche de GBH par certains côtés et de Motörhead par d’autres. Les lignes de chant de ce morceau sont également légèrement modifiées, mais pas autant que sur « Yeah Right », notamment lors des échanges en son milieu. Comme le son est largement supérieur aux versions de 1981, que les solos sont aussi différents, ces nouvelles versions valent le détour et permettent aux plus jeunes de découvrir un groupe qui n’a jamais eu de chance ou qui n’a pas su la saisir.

En bonus, nous avons droit à un nouvel enregistrement de « Demolition Boys » extrait du premier album du groupe et à une version de « Hit and Run » avec Doro au chant. Présente sous une nouvelle pochette qui rend hommage à l’originale, ce Hit and Run – Revisited est un bon achat, aussi bien pour les fans du groupe que pour ceux qui souhaitent le découvrir.

  • 1. C’mon Let’s Go
  • 2. The Hunter
  • 3. (I’m Your) Victim
  • 4. Kick It Down
  • 5. Following the Crowd
  • 6. Tush
  • 7. Hit and Run
  • 8. Watch Your Step
  • 9. Back to Start
  • 10. Yeah Right
  • 11. Future Flash
  • Bonus tracks
  • 12. Demolition Boys
  • 13. Hit and Run
  • Kim McAuliffe : Chant, guitares
  • Jackie Chambers : Guitares, chœurs
  • Enid Williams : Basse, chant, chœurs
  • Denise Dufort : Batterie

Producteur : Tim Hamill & Girlschool

Label : Wacken records/UDR

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