DISPERSE – Foreword (2017)

Season of Mist a toujours pris des risques artistiques en signant des groupes en avance sur leur temps ou en dehors des modes. Avec Disperse, le label ne déroge pas à la règle. Car avec ce troisième album, les Polonais repoussent un peu plus loin encore le metal progressif qu’ils proposaient auparavant. Délaissant certains plans attendus par les fans, ils explorent de nouveaux horizons, en lorgnant du côté du jazz fusion, du rock atmosphérique et de la musique progressive des années 70, sans jamais perdre leur côté technique hérité du djent. Cela nous donne une musique étrange, toujours mélodique, qui sonne comme un mélange des premiers Genesis, du Pink Floyd d’Animals et d’un Textures au meilleur de sa forme, ainsi que nous le prouve l’excellent « Surrender » qui cueille l’auditeur à chaque changement de rythme.

L’album nous propose ainsi un voyage surprenant à travers de nouvelles textures (je sais, elle était facile) qui nous ouvre les portes d’un univers colorés dont les pièces les plus savoureuses sont peut-être ces morceaux éthérés aux influences bien éloignées du metal, tel que « Bubbles » sur lequel les claviers réalisent un travail d’habillage de haute volée, ou le très planant « Sleeping Iv » qui est distillé à coups d’ambiances oniriques et de soli inspirés. Sur ces morceaux, le chant devient parfois presque secondaire, comme sur le quasi entièrement instrumental « Does It Matter How Far », qui laisse la part belle aux guitares auxquelles répondent des voix lointaines, bercées par l’écho.  

Mais que les amateurs de titres plus enlevés se rassurent, Disperse n’oublie pas de montrer sa fougue comme sur « Tomorrow » à la rythmique omniprésente et aux influences jazz rock remarquées, ou sur « Neon » au chant pop rock et dont les racines puisent dans le rock progressif des années 70.

Au final, Disperse nous livre un album étonnant, bien éloigné de ce qu’il avait fait jusqu’à présent, peut-être un peu trop pour les fans de metal. Mais en quittant la sphère du metal progressif pour s’aventurer dans celle d’une pop-rock planante que résume parfaitement le titre d’ouverture : « Say » ou sur leur single « Tether », le groupe polonais semble s’émanciper et ouvrir les portes d’un nouveau monde aux multiples couleurs.

En cinq titres, ce jeune groupe nous envoûte grâce à son univers multicolore qui puise à différentes sources.

  • 1. Stay
  • 2. Surrender
  • 3. Bubbles
  • 4. Tomorrow
  • 5. Tether
  • 6. Sleeping Ivy
  • 7. Does It Matter How Far?
  • 8. Foreword
  • 9. Neon
  • 10. Gabriel
  • 11. Kites
  • Rafal Biernacki : Chant, claviers
  • Jakub Zytecki : Guitares
  • Bartosz Wilk : Basse
  • Mike Malyan : Batterie

Label : Season Of Mist

FIND ME – Angels in Blue (2019)

Troisième album pour ce projet signé par Frontiers et qui, sur le papier, semblait ne pas pouvoir dépasser le stade du one-shot. Pourtant, force est de constater que ce groupe poursuit son chemin en nous offrant un nouvel album de grande qualité. Toujours mené par le chanteur Robbie LaBlanc et le batteur et producteur Daniel Flores, épaulés par des musiciens suédois, Find Me nous offre des chansons mélodiques, teintées d’AOR et de Hard FM, dans la lignée de Journey, W.E.T. ou Survivor, avec suffisamment d’influences années 80 pour réveiller notre nostalgie et d’arrangements modernes pour intéresser tout auditeur possédant des oreilles rock.

La fête débute par « No Tears In Paradise », un titre enjoué, à l’introduction originale et au refrain assez classique qui nous ramène à Journey, pour une belle entrée en matière. Suit « Chain Of Love », un peu plus sombre, mais au rythme soutenu, qui ouvre sur un refrain soigné, qui ne quitte pas l’esprit et possède tout pour devenir un titre majeur du répertoire de Find Me. On peut penser la même chose de « True Believer » qui évoque Giant, avec son mid tempo entêtant qui s’accélère sur le refrain et dont les claviers soulignent savoureusement les lignes mélodiques.

En fait, il n’existe aucune faute de goût sur cet album qui aligne les compositions de grande classe : « Straight For Eternity » aux parfums de Foreigner, sublimé par la voix de Robbie LaBlanc qui confirme son indéniable talent. Même constat avec « Can’t Let Go » dans la plus pure tradition de l’AOR américain avec ses claviers soignés, ses lignes mélodiques imparables et ce refrain qui donne envie de chanter à tue-tête.

Vient alors l’une des surprises de cet album. En effet, « One Last Kiss » débute comme une ballade assez classique, pour se révéler étonnante avec son refrain inspiré par la pop suédoise que les chœurs colorent avec talent. Ce mélange entre l’AOR américain et cette pop européenne séduit par son côté imparable.

On revient ensuite à un hard FM entre Journey et Survivor avec une succession de chansons qui donnent envie de taper du pied. « Living A Lie » s’inscrit comme une ode à la bonne humeur et aurait pu figurer dans la bande son d’un film des années 80. « Angels In Blue » aurait pu être signé par la réunion de Bon Jovi et Survivor, tant ce titre apporte le meilleur de ces deux groupes. Assurément l’une des réussites de cet opus. Mais il y en a tant. « You Are The Only One », à la construction plus complexe, ouvre d’autres perspectives dans l’univers de Find Me, tandis que « Desperate Dreams » tranche avec celui-ci en revenant à quelque chose de plus classique, comme « Only The Lonely » au refrain typiquement AOR teinté par des claviers qui s’invitent en nappes.

Au final, Angels in Blue est une vraie réussite qui ne souffre d’aucun temps mort ni d’aucun titre de remplissage. Un achat indispensable pour tout fan d’AOR et de hard FM. Une découverte à faire pour les autres.

  • 1.       No Tears In Paradise
  • 2.       Chain Of Love
  • 3.       True Believer
  • 4.       Straight For Eternity
  • 5.       Can’t Let Go
  • 6.       One Last Kiss
  • 7.       Living A Lie
  • 8.       Angels In Blue
  • 9.      Show Me What You’d Die For
  • 10.   Waiting For A Lifetime
  • 11.   You Are The Only One
  • 12.   Desperate Dreams
  • 13.   Only The Lonely

  • Robert Lablanc : Chant
  • Daniel Flores : Batterie, percussion et claviers
  • Sören Kronquist : Claviers
  • Philip Lindstrand : Guitares
  • Johnny Trobro : Basse
  • Michael Palace : Lead guitares et guitares rythmiques sur “Can’t Let Go” and “Only The Lonely”
  • Joan Thuresson (State of Salazar) : Guitare solo sur « Straight For Eternity »

Label : Frontiers

V. A. Heaven & Hell – A Tribute to Black Sabbath (2000)

Les tributes ou albums en hommage aux références d’un genre musical foisonnent. Souvent, cela permet à de petits labels de vendre quelques cartons de CD et à des groupes de se faire connaître. C’est le cas de ce Heaven & Hell – A Tribute to Black Sabbath paru en 2000 sur le label Zebra qui n’accueille aucun grand nom de la scène metal. Quelques groupes sortent du lot, comme Steel Prophet, Agent Steel, Vital Remains ou Vile, mais rien de bien transcendant. Mais ne nous arrêtons pas à l’emballage et plongeons-nous dans cette compilation regroupant aussi bien des groupes de heavy, de progressif, de death que de thrash.

C’est d’ailleurs par les poètes allemands de Debauchery que débute notre voyage. Autant dire que le classique « Paranoid » en prend pour son grade. Si la musique est efficace, le chant est toujours aussi médiocre. Mais on en a l’habitude avec ce groupe. C’est d’autant plus dommage que Steel Prophet déboule avec une superbe reprise de « Neon Knights », assez fidèle à l’originale et qui se révèle une des vraies réussites de cet album. On le comprend, comme souvent, nous allons alterner entre catastrophes et petites pépites, groupes qui s’approprient les morceaux et formations qui ne prennent pas de risques.

Côté plantage en règle, citons tout d’abord « Mob Rules » par Burning Inside, un groupe de death américain qui pêche par son chant sans relief. Dommage, parce que les passages instrumentaux sont d’un haut niveau. La version death de « Cornucopia » par les Américains d’Infamy n’est pas non plus exempte de reproches. Le chant est mal mixé, trop sourd, pas assez puissant, ce qui plombe l’ensemble du morceau. Même punition pour « War Pigs » par Vital Remain. Si la partie instrumentale est réussie, le chant n’est pas à la hauteur d’un tel classique. Dans un genre totalement différent, Tyrant ne réussit pas parfaitement son coup avec « Children Of The Grave », en raison d’un mixage un peu trop brut. Sans être ratée, leur version aurait pu sonner d’une bien meilleure façon.

Parmi les bonnes surprises, Evil Incarnate transforme « Symptom Of The Universe » en hymne death metal, en reprenant les codes du genre, notamment les growls, sans pour autant dénaturer la version de départ. Plus étonnant encore, Cephalic Carnage parvient à faire de « Hand Of Doom » une bande originale de film d’horreur, avant de jouer la carte du stoner puis du brutal death. C’est surprenant, osé, mais ça fonctionne. C’est également le cas de l’inattendu « Johnny Blade » (extrait de Never Say Die) d’Engrave, dont les sonorités black/death sont parfaitement maitrisées. Rise rend également une bonne copie avec « Into The Void », qui mêle death metal et envolées heavy teintées de psychédélisme.

Meilleure encore est la reprise de « Sweet Leaf » par Agent Steel. Les Américains dominent les débats, avec Steel Prophet, grâce à leur maîtrise technique et à un chanteur de qualité. On retrouve tous les ingrédients propres à Black Sabbath, mais cuisinés à la mode Agent Steel. Frisant également l’excellence, « Heaven & Hell » par Division est une bien agréable surprise. Ne connaissant pas le groupe, j’ai été scotché par la qualité des musiciens. Vile s’en tire aussi avec les honneurs, en délaissant son death metal habituel, pour se lancer dans une réappropriation très stoner rock de cette pépite qu’est « Lord Of This World ». Les années 1970 remontent à la surface.

Alors qu’il était difficile de parier, sur cette compilation, Heaven & Hell – A Tribute to Black Sabbath est un album de reprises assez sympathique, qui peut s’acquérir dans un bac à soldes. A noter que certains de ces morceaux se retrouvent sur d’autres compilations comme Awaken The Demon ou Holy Dio.

  • 1. Debauchery : Paranoid
  • 2. Steel Prophet : Neon Knights
  • 3. Evil Incarnate : Symptom Of The Universe
  • 4. Burning Inside : Mob Rules
  • 5. Cephalic Carnage : Hand Of Doom
  • 6. Agent Steel : Sweet Leaf
  • 7. Engrave : Johnny Blade
  • 8. Division : Heaven & Hell
  • 9. Acheron : Black Sabbath
  • 10. Hate Theory : Sabbath Bloody Sabbath
  • 11. Vile : Lord Of This World
  • 12. Infamy : Cornucopia
  • 13. Vital Remain : War Pigs
  • 14. Rise : Into The Void
  • 15. Tyrant : Children Of The Grave

Label : Zebra Records

MITHRIDATIC – Tétanos Mystique (2019)

Deuxième album studio pour les Stéphanois de Mithridatic, dont le death metal épais, sombre et torturé nous entraîne dans un univers à la fois angoissant et mouvant, dont on peut souligner à la fois l’excellent travail des guitaristes que celui du chanteur. En effet, dans les deux cas, les musiciens tissent des toiles étranges qui capturent l’auditeur pour ne plus le lâcher. Dès « Ghost Area », le ton est donné. Les riffs sont énormes, la section rythmique écrasante et le chant semble sortir d’outre-tombe. On est alors étonné par la cohésion de ce groupe qui est capable d’asséner des motifs classiques comme sur « Lotophagus (Lotus Eaters’ Dream) », pour mieux nous surprendre en changeant de rythmes à plusieurs reprises. Inspiré par un thème présent dans l’Odyssée, ce titre nous entraîne aux portes d’un monde cauchemardesque qui doit autant à Lovecraft qu’à Hate Eternal, tout en poussant bien plus loin que les Américains. Car les Français proposent une musique directe, puissante, énorme, mais intelligente. En plus des apports littéraires, ils puisent dans le cinéma pour alimenter leurs images, notamment Buffet froid de Bertrand Blier pour orner « Le Sevrage », un délire qui pousse le death jusqu’à ses limites.

Touchant parfois au techno-death sur un titre comme « The Dead Mountain of Life » qui joue avec des thèmes et des motifs complexes, tout en nous prouvant tout le talent de ces musiciens, la musique de Mithridatic explore des contrées nouvelles. On pense aux Aborigènes sur l’introduction de « Toothless Bite » qui s’appuie ensuite sur un riff hypnotique, avant de laisser les guitaristes s’en donner à cœur joie lors de solos joués en bas du manche. Pourtant, ce n’est rien à côté de « Tétanos Mystique » dont l’idée est puisée dans un essai évoquant les délires d’écrivain comme Céline et Bukowski. En évoquant avec ces idées, le groupe propose un morceau volontairement malsain, dont les lignes de chant flirtent avec la démence.

La musique de Mithridatic est extrême, d’une noirceur qui emprunte aussi bien à la littérature qu’au death metal le plus obscur : « Phospènes aura ». Pourtant, ce serait réducteur de ne voir en eux que des suiveurs. Le quintet explore de nouveaux chemins, propose des constructions intéressantes, sans oublier de nous asséner des riffs écrasants. Certes, cet album est à réserver aux amateurs d’une musique jusqu’au-boutiste, volontairement dérangeante parce qu’elle dénonce les travers de l’humanité, mais il serait pertinent d’y jeter une oreille, tant le résultat est de qualité.

  • 1. Ghost Area
  • 2. God’s Blindspot
  • 3. The Dead Mountain of Life
  • 4. Lotophagus (Lotus Eaters’ Dream)
  • 5. Le sevrage
  • 6. The Night Torn from Herself
  • 7. Toothless Bite
  • 8. Phospènes aura
  • 9. Tétanos Mystique
  • Guitou – Vocals
  • Alexandre BROSSE – Guitars
  • Romain SANCHEZ – Guitars
  • Remolow – Bass
  • Kevin PARADIS – Drums

Production : Francis Caste

Label : Xenokorp

MANOWAR – Battle Hymns (1982)

Lorsque déboule Battle Hymns, le premier opus de Manowar, le groupe semble sorti de nulle part. Pourtant, il est le fruit d’un travail acharné des deux fondateurs : le bassiste Joey DeMaio, qui fut technicien pour Black Sabbath, et le guitariste Ross-the-Boss, ancien membre des proto-punks The Dictators et des Français de Shakin’ Street qui ouvraient pour Black Sabbath sur une tournée américaine. Epaulés par le chanteur Eric Adams, ancien camarade de classe de Joey et Donnie Hamzik à la batterie, ils enregistrent les huit titres composant cet album aux Criteria Studios de Miami. Si le son est un peu cru et manque d’épaisseur, notamment pour la batterie, il installe un groupe déjà sûr de son fait comme en atteste l’ouverture « Death Tone » qui démarre par des vrombissements de motos. Ce mid-tempo au riff tournoyant s’appuie une basse alerte, dont l’utilisation originale annonce le son Manowar. A cela s’ajoute la voix puissante d’Eric Adams qui sait aussi bien monter dans les aigus qu’asséner des couplets ravageurs.

Pourtant, c’est avec la déflagration « Metal Daze » que le groupe nous montre tout son potentiel. Epais, racé, construit sur un groove imparable et des ponts étonnants, ce titre pose les bases de la carrière du groupe. Le duo basse/guitare est d’une rare efficacité, tandis que les chœurs enfantins et agressifs sur le refrain évoquent un Alice Cooper dopé aux hormones. On peut faire un constat similaire avec l’hymne « Manowar » qui prouve que les Américains sont capables de construire de véritables chansons. Mais avec eux, c’est une déferlante qu’on prend en pleine figure : basse vrombissante, riffs assassins, chant furieux et chœurs évoquant une armée fondant sur l’ennemi.

Avec « Fast Taker », on perçoit l’influence de Ross-The-Boss qui se fend d’un rock survitaminé qui n’est pas sans rappeler ce qu’il faisait déjà avec The Dictators. Assez direct et d’une construction simple, ce morceau permet au guitariste de nous prouver tout son talent lors d’un solo à la fois technique et plein de feeling. Cette petite pépite rend plus fade encore « Shell Shock » qui est, sans conteste, le point faible de cet album. Lent, presque englué dans un riff qui hésite entre tout écraser sur son passage et jouer avec des ambiances angoissantes, ce titre manque sa cible, en raison d’une production sans doute trop légère.

Mais tout cela est rattrapé par les deux pièces maîtresses que sont « Dark Avenger », magnifié par la voix inimitable d’Orson Welles et « Battle Hymn » qui clôt les débats. Basées sur des atmosphères guerrières, ces chansons développent l’univers épique de Manowar avec un réel talent. Il suffit de se passer la première pour éprouver des frissons tant le côté cinématographique est perceptible, surtout lorsque le tempo s’accélère, permettant à Eric Singer de se lâcher de manière quasi hystérique. Aussi épique, « Battle Hymn » fait souffler un vent guerrier sur près de 7 minutes, en faisant découvrir les multiples facettes d’un groupe en pleine construction. Cerise sur le gâteau, Joey DeMaio nous prouve sa technique en reprenant « William’s Tale » de Rossini à la basse, offrant à cet instrument, souvent le parent pauvre du rock, une visibilité méritée.

Il s’ensuivra une courte tournée européenne qui verra Donnie Hamzik jeter l’éponge pour être remplacé par Scott Columbus. Une nouvelle version de l’album sera enregistrée en 2010 avec les mêmes musiciens, mais Christopher Lee à la narration de « Dark Avenger ».

  1. Death Tone
  2. Metal Daze
  3. Fast Taker
  4. Shell Shock
  5. Manowar
  6. Dark Avenger
  7. William’s Tale
  8. Battle Hymn
  • Eric Adams : Chant
  • Karl Logan : guitare
  • Joey DeMaio : basse
  • Donnie Hamzik : batterie

Producteurs : Joey De Maio & Ross The Boss

Label : Liberty Records

GRAHAM BONNET BAND – Live… Here Comes The Night (2017)

Lorsqu’on a près de cinquante ans de carrière derrière soi, comme Graham Bonnet, et que cela fait plus d’une trentaine d’années que l’on n’a pas sorti de disque live, il est légitime de sortir un témoignage retraçant tout cela. C’est exactement ce que nous offre le chanteur australien à travers ces quinze titres qui piochent à la fois dans ses albums solos et dans ceux des groupes prestigieux dont il a fait partie. Débutant par deux titres de Rainbow : « Eyes Of The World » et « All Night Long » qui nous mettent immédiatement dans l’ambiance, Live… Here Comes The Night nous prouve que sa voix si caractéristique a conservé son timbre éraillé et sa puissance. Pourtant, il faut le reconnaître, et cela n’est pas nouveau, on peut noter certaines inflexions et passages à la limite de la justesse, qui piquent un peu l’oreille. C’est assez flagrant sur « Assault Attack » ou « Since You’ve Gone ».

Puisque nous sommes dans les petits reproches, je dois avouer que je n’ai pas aimé les prestations du guitariste Conrado Pesinato qui éprouve souvent des difficultés à reprendre certaines parties techniques de Steve Vai ou Yngwie Malmsteen, ce qui n’est pas étonnant, et qui peine à développer le feeling de Michael Schenker sur les reprises du MSG : « Desert Song » et « Assault Attack ». Il a, depuis, été remplacé par Joey Taffola, un shredder de l’école Shrapnel, guitariste notamment de Jag Panzer. Heureusement que le reste du groupe assure. La section rythmique constituée de Beth-Amy Heavenstone à la basse et Mark Zonder à la batterie assure un travail carré qui rend hommage à chaque titre. Etrangement, aucun claviériste n’est crédité alors qu’il est omniprésent, notamment sur « Will Be Home Tonight ». C’est Jimmy Waldo qui officiait lors de cette tournée.

En dépit de ces quelques défauts, ce live s’écoute agréablement, et nous fait passer un bon moment. Cela est dû à la qualité des titres choisis, qui puisent aussi bien dans les albums d’Alacatrazz (« Will You Be Home Tonight », « Jet To Jet », « Suffer Me », « Island In The Sun », « God Bless Video ») que dans sa carrière solo : « S.O.S. » et « Night Game » (sans doute les deux titres les plus faibles) ou dans celle avec Impelliterri : « Stand The Line », ainsi que dans Rainbow et MSG déjà cité. Evidemment cela permet d’avoir une set list solide. A noter que l’album se clôt sur « Lost In Hollywood », une chanson de Rainbow extraite du mésestimé Down On Earth. Un choix étonnant et osé, mais qui colle parfaitement à la voix de Graham Bonnet et nous permet de terminer sur une bonne note.

  • 1. Eyes Of The World
  • 2. All Night Long
  • 3. S.O.S.
  • 4. Stand In Line
  • 5. God Blessed Video
  • 6. Will You Be Home Tonight
  • 7. Jet To Jet
  • 8. Night Games
  • 9. Suffer Me
  • 10. Dancer
  • 11. Desert Song
  • 12. Island In The Sun
  • 13. Since You Been Gone
  • 14. Assault Attack
  • 15. Lost In Hollywood
  • Graham Bonnet : Chant
  • Conrado Pesinato : Guitare
  • Beth-Amy Heavenstone : Basse
  • Mark Zonder : Batterie
  • Jimmy Waldo : Claviers

Label : Frontiers

FATES WARNING – Awaken the Guardian Live (2017)

Afin de fêter le trentième anniversaire de son album emblématique, Awaken The Guardian, Fates Warning avait décidé d’en jouer l’intégralité sur scène, comme c’est devenu la mode depuis quelque temps. Mais pour une telle œuvre, ce n’est pas chose facile, puisque d’aucuns la considère comme l’une des pierres fondatrices du métal progressif. Enregistré lors de deux concerts, l’un en Allemagne et l’autre aux Etats-Unis, ce double CD, disponible également en DVD, Blue Ray et en vinyle, nous offre deux versions différentes du show, ce qui n’est pas très courant. Ainsi, le fan pourra se faire une idée plus précise de la manière dont le groupe a été capable d’interpréter chacun des morceaux.

La première chose qui saute aux oreilles, c’est le son des deux interprétations : un peu plus sombre pour la version allemande, avec davantage de dynamisme sur le concert américain. On pourrait également détailler les modifications d’un titre à l’autre, notamment en raison de longueurs variables, mais cela n’apporterait rien à la bonne compréhension de cette pièce maîtresse que représente, pour le groupe, la publication d’un tel album live. Car Awaken the Guardian live évoque pour Fates Warning à la fois le souvenir d’une époque révolue qui se rappelle à nous, ainsi que le témoignage d’un groupe au sommet de sa forme, ce qui, il faut l’avouer, n’est pas rien.

On retiendra au milieu de cet opus qu’il est nécessaire d’écouter d’une traite, l’incroyable pièce que représente « Epitaph » et ses douze minutes au compteur, ainsi que l’inquiétant « The Sorceress » et ses couplets délicats que s’approprie parfaitement Ray Adler. Pour les puristes, on peut noter que la rythmique est plus complexe et plus lourde que sur la version studio, et que les guitares sont accordées plus bas. Ces comparaisons entre les versions anciennes et modernes des titres nous montrent l’évolution d’un groupe qui possède certainement des musiciens plus techniques et aguerris à l’heure actuelle, ce qui s’entend sur « Valley Of The Dolls », un titre aux nombreux changements de rythmes ou l’excellent « Fata Morgana ».

Il serait fastidieux de se pencher sur chaque morceau, le mieux est d’apprécier ce témoignage incontournable d’un groupe qui a su marquer son époque, et qui prouve qu’il est toujours en pleine forme.

  • Live at Keep It True XIX
  • 01. The Sorceress
  • 02. Valley of the Dolls
  • 03. Fata Morgana
  • 04. Guardian
  • 05. Prelude to Ruin
  • 06. Giant’s Lore (Heart of Winter)
  • 07. Time Long Past
  • 08. Exodus
  • 09. The Apparition
  • 10. Damnation
  • 11. Night on Brocken
  • 12. Epitaph
  • Live at ProgPower XVII
  • 01. The Sorceress
  • 02. Valley of the Dolls
  • 03. Fata Morgana
  • 04. Guardian
  • 05. Prelude to Ruin
  • 06. Giant’s Lore (Heart of Winter)
  • 07. Time Long Past
  • 08. Exodus
  • 09. Damnation
  • 10. The Apparition
  • 11. Kyrie Eleison
  • 12. Epitaph
  • Ray Alder − chant
  • Jim Matheos − guitare
  • Frank Aresti − guitare
  • Joey Vera − basse
  • Bobby Jarzombek − batterie

Label : Metal Blade

DANKO JONES – Wild Cat (2017)

Pour ses deux précédents albums, Danko Jones avait misé davantage sur la mélodie et les tempos médiums que sur les rocks enlevés auquel le groupe nous avait habitué. Cela avait laissé penser à quelques observateurs que les Canadiens étaient finis et qu’ils avaient tout dit, alors qu’ils exploraient simplement de nouvelles facettes de leur talent. Avec ce Wild Cat très rentre-dedans, les pendules sont remises à l’heure et de la meilleure des manières. En onze titres, le trio nous prouve qu’il est toujours capable de botter le cul de n’importe qui avec des brûlots tels que le furieux « I Gotta Rock » et l’entraînant « My Little Rock’n’roll » qui ouvrent les hostilités sous forme de mise au point(g) (sur la gueule), ou le punkisant « Going Out Tonight » qui devrait tout retourner sur scène.

Si Danko Jones nous prouve qu’il est toujours le leader de cette scène hard rock’n’roll, il n’hésite pas à se faire plaisir, en rendant hommage à ses héros, comme le Thin Lizzy de Phil Lynott sur l’excellent « Are You My Woman » qui sonne comme un titre de Jailbreak, ou le furieux et superbe « Let’s Start Dancing » qui fait un clin d’œil à Motörhead lors du solo, tout en renvoyant aux meilleurs moments de Ted Nugent, notamment dans cet étonnant phrasé. On pense aussi aux premiers AC/DC sur « Wild Cat », avec cette rythmique saccadée et cette énergie sans faille. L’ombre des Amboy Dukes plane aussi sur le dernier titre : « Revolution (When We Make Love) », aux ambiances seventies. Que de l’excellent, quoi ! Car, ne nous y trompons pas, Danko Jones appartient à la catégorie des grands et nous le prouve une nouvelle fois avec cet album indispensable.

Le reste de l’album développe les mêmes motifs que d’habitude, à savoir une musique enjouée, basée sur des riffs tranchants, auxquels le groupe parvient toujours à apporter une touche originale comme sur « She Likes It » ou le boogie « Diamond Lady » qui déménage tout. En résumé, très peu de temps morts sur cette petite bombe qui dure, malheureusement, moins de quarante minutes, ce qui nous invite à la remettre illico sur la platine afin de se remettre une bonne dose de hard rock comme on les aime.

Danko Jones appartient à la catégorie des grands et nous le prouve une nouvelle fois avec cet album indispensable.

  • 1. I Gotta Rock
  • 2. My Little RnR
  • 3. Going Out Tonight
  • 4. You Are My Women
  • 5. Do This Every Night
  • 6. Let’s Start Dancing
  • 7. Wild Cat
  • 8. She Likes It
  • 9. Success in Bed
  • 10. Diamond Lady
  • 11. Revolution
  • Danko Jones : Guitares, chant
  • John Calabrese : Basse
  • Rich Knox : Batterie

Label : AFM

A NEW REVENGE – Enemies & Lover (2019)

Formé sur les cendres de Project Rock qui incluait Teddy Zig-Zag, A New Revenge est un groupe créé par Keri Kelli (Pretty Boy Floyd, Shameless, LA Guns, Alice Cooper…) et James Kottak (Kingdom Come, MSG, Scorpions…) auxquels se sont adjoints Tim « Ripper’ Owens (Judas Priest, Iced Earth, Yngwie Malmsteen, Spirit Of Fire…) et Rudy Sarzo (Quiet Riot, Ozzy Osbourne, Whitesnake…) Ce premier album nous arrive étrangement en import, alors qu’il possède tous les atouts pour intéresser un label européen. Non seulement la carte de visite de ses membres est longue comme le bras, mais, et c’est le principal, la musique est de grande qualité. Œuvrant dans un hard rock tirant parfois sur le heavy mélodique avec des touches de glam, A New Revenge nous livre dix titres à la hauteur du talent de ses musiciens.

Les deux singles que sont « The Way » et « Never Let You Go » nous proposent d’ailleurs de superbes exemples de ce dont le groupe est capable. Alliant les riffs bourrés de groove de Kelli aux lignes vocales puissantes d’Owens, ces chansons nous surprennent par leurs mélodies et leur capacité à fédérer. Tim Owens y chante de manière plus douce que sur ses projets metal, sans pourtant faire dans la mièvrerie. Il lorgne d’ailleurs du côté d’Alice Cooper sur la power ballad « Only the Pretty Ones » sur laquelle plusieurs voix se répondent et qui est agrémentée d’un beau solo plein de finesse.

Lorsque le propos le demande, le groupe sait aussi lâcher les chevaux. Le hard rock « The Distance Between » se construit autour d’un riff efficace en s’appuyant sur une section rythmique qui assure un travail impeccable… Mais qui en aurait douté ? Le rapide « Glorious », très chaud et teinté de glam, nous emporte dans sa danse enjouée jusqu’à un refrain qui donne envie de chanter avec le groupe. A New Revenge possède d’ailleurs cette grande qualité d’être capable de composer des refrains immédiats, presque classiques, comme sur l’excellent mid tempo « The Eyes » ou le génial « Fallen », deux titres qui font la jonction entre le heavy rock moderne et le glam metal des années 1980. Les chœurs et les arrangements y sont fignolés, tandis que les riffs nous assènent suffisamment d’énergie pour nous booster durant toute une journée. Et que dire du rock « Here’s to US » ? Construit sur un riff tourbillonnant, il file la pêche en nous donnant envie de taper du pied, jusqu’au refrain glam soutenu par des chœurs.

Comme il n’existe aucun temps mort sur cet opus, puisque le hard rock mélodique « Scars » clôt la fête avec bonheur, en faisant écho au beau « Enemies & Lovers », cet album possède toutes les qualités pour être classé dans mon top de l’année. Dommage que je le découvre un peu tard pour le faire. A noter que la version japonaise inclut un punk-glam rapide, l’excellent « Killing You » qui a toute sa place au milieu des autres titres.

  • 1. The Distance Between
  • 2. The Way
  • 3. Never Let You Go
  • 4. Glorious
  • 5. The Eyes
  • 6. Fallen
  • 7. Only the Pretty Ones
  • 8. Enemies & Lovers
  • 9. Here’s to Us
  • 10. Scars
  • Tim « Ripper’ Owens : Chant
  • Keri Kelli : Guitares
  • Rudy Sarzo : Basse
  • James Kottak : Batterie

Label : Golden Robot Records

ARKA’N – Zâ Keli (2019)

Si le metal semble avoir gagné toutes les régions de la planète, des steppes de Mongolie aux contreforts des Andes, des terres glacées des Iles Féroé à la lointaine Nouvelle-Zélande, en passant par le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, le reste du continent africain paraît moins sensible à ses riffs. Pourtant, des groupes existent bien, comme Arka’n qui vient de Lomé au Togo. Adepte d’une musique métissée, savant creuset de groove teinté de hardcore comme Suicidal Tendencies, de thrash mâtiné de death à l’instar de Sepultura, avec une pointe de rap et de metal alternatif, Arka’n n’hésite pas à y incorporer des sonorités africaines, notamment grâce à des percussions ou des chœurs. Cela nous donne une musique originale, addictive, qui frappe là où ça fait mal, tout en sachant nous saisir par les sentiments lorsque nécessaire.

Il aura, en tout cas, fallu du temps au groupe pour publier son premier album, puisque certains de ses titres sont déjà disponibles sur Youtube depuis 2011. Qu’à cela ne tienne, ce premier album est une vraie réussite, par son professionnalisme, son inventivité, et son mélange de puissance et de mélodies. « As I Can Breathe » en représente un excellent exemple avec son riff répétitif, son chant rap que vient contrebalancer un refrain de metal alternatif et son groove qui prend aux tripes. Plus étonnant encore est « Awala », avec ses percussions togolaises, son mélange de langue locale et d’anglais et son rythme endiablé. Le batteur et le percussionniste abattent d’ailleurs un travail remarquable. Ils font de même sur le déjanté « Tears of the Dead » qui évoque un Infectious Groove sous acide, les rythmes africains en plus. Chaque titre apporte d’ailleurs son lot de surprises. « Warrior Song » emporte tout sur son passage dans un style proche de Suicidal Tendencies, tandis que le progressif « Escape » s’appuie sur un riff fusion et de nombreux changements de rythmes.

Si le chant est en majorité en anglais, « Les Peuples de l’Ombre » se rattache au rock français avec un gros riff et un refrain étonnamment mélodique. Ce côté plus calme d’Arka’n est tout aussi intéressant que ses compositions les plus puissantes. « Prince of Fire » parvient à battre les Américains sur leur terrain du metal alternatif avec son refrain à chanter en chœur, son passage en chant rap et le jazz fusion des interventions de son guitariste qui m’évoquent Freak Kitchen. Avec « Got to Break It », c’est le funk qui prend ses quartiers au Togo, en compagnie de rythmes sud-américains et de riffs typiquement metal. Cet amalgame peut surprendre, et pourtant, cela s’intègre parfaitement à cet ensemble.

Evidemment, entre le monstrueux « Lost Zion » et l’acoustique « Welcome », le grand écart est total, mais, à l’instar des groupes japonais, Arka’n ne se donne aucune limite. J’espère que vous en ferez de même, et que vous donnerez sa chance à ce groupe hors du commun.

  • 1. Warrior Song
  • 2. Les Peuples de l’Ombre
  • 3. Lost Zion
  • 4. Awala
  • 5. Return of the Ancient Sword
  • 6. Tears of the Dead
  • 7. As I Can Breathe
  • 8. Viviti
  • 9. Escape
  • 10. Prince of Fire
  • 11. Got to Break It
  • 12. Welcome
  • Rock Ahavi : Guitares, chant
  • Richard Siko : Batterie
  • Francis Amevo : Basse
  • DJ Max : Percussions
  • Enrico Ahavi : Claviers, rap
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