PEER GÜNT – Golden Greats (1997)

Peer Günt est un power trio finlandais, qui a vu le jour en 1976 sous l’égide du chanteur-guitariste Timo Nikki et qui œuvre dans un hard rock direct, épais et chaud, teinté de blues et de boogie. Si sa musique rappelle parfois Motörhead lorsque le tempo s’emballe, il est également capable de proposer des titres plus calmes. Ce best-of balaie la première moitié de la carrière du groupe, dans laquelle on compte leurs trois plus grands succès : Backseat (1986), Good Girls Don’t… (1987) et Fire Wire (1988), tous distribués en France par le label High Dragon Records. On retrouve d’ailleurs les meilleurs extraits de ces trois albums sur Golden Greats, tels que le superbe et entrainant « Backseat », le furieux « Midnight Train » capable de réveiller un mort, le très américain « T-Bone Steak And A Bottle Of Beer » nourri à ZZ Top ou encore le mid tempo « Bartender » au riff épais comme une gorgée de Jack Daniels.

Mais prenons un peu les choses dans l’ordre chronologique, puisque c’est presque ce que fait cette compilation. Ce florilège débute par l’étonnant « Woman On The Radio », extrait d’un 45 tours sorti en 1981. Ce titre, un peu daté, à la rythmique entêtante, fait découvrir les débuts du groupe. Il est suivi par trois extraits de leur premier album qui mettent déjà en place le style caractéristique du trio avec un heavy rock burné : « I Don’t Wanna Be A Rock’N’Roll Star » (sur lequel on peut entendre un clin d’œil à Motörhead), un rock bourré de slide : « Street 69 » et un boogie déjanté abreuvé au southern rock : « Fuck The Jazz ». Autant dire qu’il n’y a rien à jeter. Par la suite, on entre dans la meilleure période des Finlandais dont on peut notamment retenir, « Liquer And Drugs » un rock inspiré par les années 1950, mais boosté à l’adrénaline, l’entêtant « Bad Boys Are Here » qui fait décrocher les têtes ou encore le plus policé « Let The Fools Do The Running » à chanter à tue-tête, ainsi que le syncopé et furieux « Redhead ». Ces deux derniers morceaux, tirés du controversé Don’t Mess With The Countryboys passent pourtant très bien au milieu des autres morceaux de ce best-of.

Le fan ultime regrettera sans doute l’absence de quelques titres comme « Having A Party », « Girls Are Gonna Play The Game » ou « Homebound Train », mais c’est vraiment pour chipoter, car avec vingt morceaux, il y a de quoi satisfaire tout le monde. On lui répondra également que plusieurs inédits sont présents sur cet album, « Losin’ My Mind » déjà trouvable sur la compilation Years on the Road, le hard blues « Shotgun Wedding » qui débute par de l’harmonica et dont le son rappelle les premiers Ted Nugent, ainsi que le hard rock « Smalltown Maniacs » qui évoque The Angels. Autant dire qu’il ne faut pas se plaindre, car le groupe nous propose là une belle brochette de ses possibilités.

Une compilation quasiment introuvable en France, mais qu’il serait de bon ton de posséder.

  • 1. Woman On The Radio
  • 2. I Don’t Wanna Be A Rock’N’Roll Star
  • 3. Street 69
  • 4. Fuck The Jazz
  • 5. Losin’ My Mind
  • 6. Backseat
  • 7. Bad Boys Are Here
  • 8. Liquer And Drugs
  • 9. Midnight Train
  • 10. Bartender
  • 11. Years On The Road
  • 12. Fat Girls
  • 13. Wake Me Up
  • 14. T-Bone Steak And A Bottle Of Beer
  • 15. You Let A Good Man Go
  • 16. Let The Fools Do The Running
  • 17. Redhead
  • 18. Shotgun Wedding
  • 19. Smalltown Maniacs
  • 20. E4

JACK SLAMER – Jack Slamer (2019)

En découvrant cet album de Jack Slamer, on ne se demande pas seulement d’où vient ce groupe, mais de quelle époque. Un son énorme, une voix qui déchire l’air, des compositions sorties tout droit des années 1970 et un groove à faire pâlir Led Zeppelin, Budgie ou The Answer. En dix titres, les Suisses revisitent le classic rock ou le hard rock, mettez dessus le nom que vous souhaitez, de toute manière le résultat sera le même. Le quintet nous offre un album intemporel, gorgé de blues et de rock : l’excellent « The Truth Is Not A Headline », nourri aussi bien aux grands anciens qu’à la vague actuelle. Du premier au dernier morceau, le groupe nous convie à une promenade dans le temps et la musique, en nous ramenant cinquante ans en arrière, sans pour autant nous couper de notre société actuelle. Ainsi, avec « Secret Land », Jack Slamer nous ramène à Woodstock, tout en ravivant la flamme zeppelinienne qui sommeille en chacun de nous, mais avec un son et une technique du troisième millénaire.

Ce constat est évident dès « Turn Down The Light » qui sautille, groove, et donne envie de secouer la tête. Son riff ne quitte plus l’oreille dès qu’il a été entendu une fois. Là-dessus vient se greffer la voix de Florian Ganz, au timbre si particulier et au feeling émouvant. Le début d’album est d’ailleurs magnifique, avec le poignant et complexe « Entire Force », ainsi que le hard/soul « The Wanted Man » qui s’appuie sur des effets de guitares comme on n’en entend plus depuis des décennies. Tout en ambiances, ce titre joue avec les motifs mis en place par Led Zeppelin dès 1969, sans pour autant les copier.

Car Jack Slamer ne se contente par de refaire ce que ses aînés ont inventé. Il joue sa propre musique en privilégiant les titres qui entraînent les auditeurs dans un furieux headbanging : le groovy « Biggest Mane ». On pense parfois à Kingdom Come, comme sur « Red Clouds » qui se développe autour d’un chant habité, mais aussi aux premiers albums d’Uriah Heep, dans la manière de mettre en place des atmosphères envoutantes dont on ne souhaite plus sortir : l’étrange « There’s No Way Back ». A côté de cela, le groupe nous assène quelques titres bien enlevés qui ne sont pas sans rappeler Budgie, notamment sur « I Want A Kiss » dont le riff tourbillonnant renvoie à celui de « Bredfan ». Autant dire que les musiciens de Jack Slamer connaissent parfaitement leurs classiques et savent puiser aux bonnes sources la sève de leurs chansons. Après une écoute, on a simplement envie de rappuyer sur la touche « play » et de repartir pour un nouveau voyage durant lequel on découvre de petits arrangements qui avaient échappé à l’écoute précédente.

Véritable coup de sœur, cet album de Jack Slamer donne la pêche, et c’est d’abord ce que l’on demande à un album de rock, qu’il soit classic ou hard. Un groupe à suivre !

  • Cyrill Vollenweider | guitare
  • Hendrik Ruhwinkel | basse
  • Florian Ganz | chant
  • Marco Hostettler | guitare
  • Adrian Böckli | batterie

Label : Nuclear Blast

DOG’N’STYLE – Only Stronger (2019)

Après un EP et un premier album en 2016, les Spinaliens de Dog N’Style sortent cet Only Stronger, qui porte bien son nom. Mélangeant riffs heavy rock, groove hard rock et énergie punk rock, le quatuor débute par « Gamble to Win », une petite bombe teintée de metal indépendant qui sonne comme la rencontre entre le hard rock européen et le metal moderne américain. Ce melting pot sympathique rend la musique du groupe facilement accessible, sans pour autant abandonner son âme au diable. Avec « No Escape », les mélodies vocales sont équilibrées par des riffs énormes qui lorgnent du côté du metal, tandis que des sonorités typiquement américaines évoquent des étendues désertiques. On pense alors à Skillet, notamment sur l’excellent « Feed Your Devil », mais avec ce supplément d’âme qui pousse les musiciens à injecter des breaks bien épais pour alourdir l’ensemble. Cette manière de composer se retrouve sur « Come On In » qui parvient à concilier metal alternatif, hard rock et stoner pour un titre sautillant aux nombreuses surprises.

Chaque nouvelle chanson est une découverte. Ainsi, l’excellente « Soulbrothers » déboule avec son rythme syncopé, ses mélodies vocales entêtante et ses riffs enivrants pour notre plus grand plaisir. L’ombre de Black Stone Cherry plane au-dessus de ce morceau, come sur « Only Stronger » qui voit même un banjo s’inviter pour mieux teinter l’ensemble de couleurs chaudes. Vous l’aurez compris, les arrangements sont soignés, même lorsque le rythme se ralentit comme sur « Rivals » aux ambiances changeantes ou sur le mid tempo « Do We Have a Deal » qui insuffle quelques motifs stoner dans son rock, tandis que la voix joue avec différentes nuances pour mieux capter l’attention de l’auditeur.

Si Dog N’ Style était né au pays de l’Oncle Sam, plusieurs de ses chansons seraient déjà présentes dans le Bilboard et passeraient en radio. Un titre comme « ‘Til the stars » pourrait toucher un maximum de fans, tant il sait allier des mélodies vocales irrésistibles à des riffs hard rock et des émotions communicatives. En dix morceaux, Dog N’ Style nous offre une jolie promenade à travers des paysages variés et aisément accessibles. Le CD est livré dans un beau cartonné, incluant un livret assez amusant. En revanche, la pochette est vraiment médiocre, alors que pour une centaine d’euros on peut trouver des artistes capables de livrer une magnifique illustration, c’est un peu dommage. Mais passons ce visuel raté pour nous plonger dans cette musique de qualité.

  • 1. Gamble to Win
  • 2 No Escape
  • 3 Feed Your Devil
  • 4 Do We Have a Deal
  • 5 Rivals
  • 6 Bad Man
  • 7 ‘Til the stars
  • 8 Come On In
  • 9 Soulbrothers
  • 10 Only Stronger
  • Greg Hal : Chant, Guitares
  • Yan Pierrat : Guitares, Chœurs
  • Robin Rob’s : Basse, Chant
  • Boub Tchak : Batterie

Producteur : Rudy Lenners

BLACK OAK COUNTY – Theatre Of The Mind (2019)

Deuxième album pour les Danois de Black Oak County dont le hard rock chaud et bourré de groove s’inscrit totalement dans notre époque. Œuvrant, à présent, sous forme de power trio, les musiciens nous livrent un album qui nous emporte grâce à des compositions qui ne sont pas sans rappeler Black Stone Cherry et toute cette vague de classic rock vraiment rafraîchissante. Puisant dans le blues et le hard rock des années 1970, Black Oak County joue la carte de la mélodie et du riff qui donne envie de taper du pied, tout en s’appuyant sur un son tout à fait actuel et une production dynamique. Ainsi, dès « Watch Your Back », le ton est donné. Les riffs sont épais pour mieux nous emporter dans ce mid-tempo destiné à secouer la tête et à chanter avec le groupe. La voix de René Helm s’accorde parfaitement à cette musique à la fois festive et teintée d’une forme de mélancolie perceptible dans les lignes vocales, mais qui sait aussi se faire plus mordante comme sur « Pretty Pistol » dont le riff énorme nous cueille dès les premières notes.

Sur un rythme voisin, l’addictif « Since You’ve Been Gone » se construit autour d’un refrain qui se retient facilement et une construction intelligente dans laquelle la basse tient une place prépondérante. Le groupe aime d’ailleurs composer des titres à la fois complexes et évidents. Complexes, parce que leurs arrangements permettent d’envoûter l’auditeur et évidents parce qu’ils sont basés sur des mélodies accessibles. L’excellent « Sycophanic » appartient à ce genre, si bien qu’il entre dans la tête sans pouvoir en sortir. Plus puissant, « Stick To My Guns » possède un côté contemporain qui tire vers le rock alternatif, sans oublier pour autant son ancrage dans le hard rock, grâce à ses distorsions et ses riffs épais. Si les paroles ne sont guère positives, le groupe appelle pourtant à faire la fête pour oublier nos soucis grâce à ses rythmes enjoués, comme sur le très bon « Theatre Of The Mind » qui clôt cet album de bien belle manière ou sur « Just Another Psycho » dont les couplets et les refrains nous entraînent dans la danse.

Même lorsque Black Oak County ralentit le rythme, son propos reste ancré dans une musique puissante résolument rock. La ballade « I Know You’re Lonely » possède tous les atouts pour toucher les âmes sensibles, surtout que la guitare de Jack Svendsen y tisse un beau solo. Sans être une ballade, « My Change To Change » permet une pause au début de l’album en proposant une jolie chanson pleine feeling, comme le fait « Wasted Life », un titre emprunt de nostalgie. Cet équilibre entre puissance et douceur est une des marques de fabrique des Danois qui possèdent d’indéniables qualités qu’il faut absolument découvrir.

  • 1. Watch Your Back
  • 2. Just Another Psycho
  • 3. My Change To Change
  • 4. Since You’ve Been Gone
  • 5. Pretty Pistol
  • 6. Sycophanic
  • 7. Wasted Life
  • 8. I Know You’re Lonely
  • 9. Stick To My Guns
  • 10. Theatre Of The Mind
  • Jack Svendsen : Guitare
  • René Hjelm : Basse, chant
  • Mike Svendsen : Batterie

Label : Mighty Music

PYOGENESIS – A Kingdom To Disappear (2017)

Pyogenesis est un groupe à part. Depuis son retour en 2015, après treize ans d’absence, il ne cesse de surprendre et de sortir des sentiers battus. Cela s’était déjà senti sur l’excellent A Century in the Curse of Time (dont le coffret limité est une pièce à posséder, soit dit en passant), et se confirme sur ce superbe et toujours aussi déroutant A Kingdom of Disappear. Délaissant définitivement le death metal ou le gothic metal de ses débuts, enfin pas tout à fait, les Allemands semblent avoir trouvé leur véritable voie dans ce creuset de metal alternatif où l’on retrouve aussi bien des refrains mélodiques, des grosses guitares, des arrangements à la Faith No More et des envolées lyriques qui frisent la folie, pour mieux ensuite nous apaiser avec un titre acoustique.

Car avec Pyogenesis, il est impossible de connaître à l’avance le chemin que va emprunter un morceau. Dès l’introduction, l’auditeur pense se retrouver avec un album planant, un peu pompeux, ce que l’on retrouvera d’ailleurs sur « That’s When Everybody Gets Hurt », pour être cueilli par la fureur du premier couplet de « Every Man For Himself And God Against All » au chant death et aux riffs perforants. On se dit alors que le groupe a décidé de lâcher à nouveau les chevaux, mais c’est mal le connaître, car le refrain mélodique vient tout alléger et nous envouter. On comprend alors que nous allons être ballotés de tous côtés, ce que confirme le superbe « I Have Seen My Soul » à la rythmique écrasante et au refrain qui donne envie de chanter à tue-tête.

Les multiples influences se font alors sentir, nous conduisant sur les pentes d’un dark rock teinté de metal : « A Kingdom To Disappear (It’s Too Late) », pour nous entraîner ensuite dans un metal alternatif avec le mélodique et catchy « We (1848) », avant de jouer une nouvelle fois avec nous sur l’étonnant : « Blaze, My Northern Flame » qui rappelle à lui les growls et écrase tout sur son passage lors des couplets et nous élève pour le refrain.

Décidément, Pyogenesis ne fait rien comme les autres, mais le fait avec talent. Alors jetez-vous sur A Kingdom To Disappear, qui est, sans conteste, un disque majeur de ce début d’année.

  • 1. Sleep Is Good (intro)
  • 2. Every Man For Himself And God
  • 3. I Have Seen My Soul
  • 4. A Kingdom To Disappear (it’s Too
  • 5. New Helvetia
  • 6. That’s When Everybody Gets Hurt
  • 7. We (1848)
  • 8. Blaze
  • 9. Northern Flame
  • 10. Everlasting Pain
  • Flo V. Schwarz : Chant, guitares, claviers
  • Gizz Butt : Guitares
  • Malte Brauer : Basse
  • Jan Räthje : Batterie

Label : AFM records

QUIET RIOT – Road Rage (2017)

Suite à la mort de Kevin DuBrow, Quiet Riot aurait pu se taire à jamais. C’est mal connaître Frankie Banali, le batteur et leader du groupe, qui maintient le bateau à flot depuis trente-quatre ans. Secondé par le bassiste Chuck Wright qui a effectué plusieurs allers et retours dans le groupe et le guitariste Alex Grossi, Frankie a déniché un nouveau chanteur en la personne de James Durbin, qui s’est fait connaître avec American Idol. Autant le dire immédiatement, il n’y a rien à redire du côté du chant. Pour un petit nouveau sur le circuit, James Durbin s’en sort avec brio. Sa voix, puissante, pleine de groove, sied parfaitement aux nouvelles compositions. On y retrouve d’ailleurs le même entrain que sur les premiers albums de Quiet Riot, comme si le groupe avait voulu effectuer à la fois un retour aux sources et une plongée dans les racines de leur hard rock.

Ainsi, dès « I Can’t Get Enough », le ton est donné. Quiet Riot nous entraîne dans une sarabande blues-hard, avec un côté un peu boogie pas désagréable. Les refrains entrent rapidement dans la tête et donnent envie de headbanger en cadence : le très sournois « Freak Flag » ou le mélodique « Renegades ». Les riffs sont épais, insidieux, et ne nous lâchent plus dès qu’ils nous ont attrapés : « Roll This Joint », « Wasted » et « Knock’em Down ». L’ensemble est donc de qualité, depuis la production jusqu’à l’interprétation. On pense parfois au Mötley Crüe de la période Dr Feelgood ou à My Little Funhouse.

Le seul problème provient de l’ajout de l’adverbe « parfois », car ce qu’il manque à Quiet Riot sur cet album, c’est la folie. C’est bon, mais pas aussi bon que ce qu’ils ont pu nous sortir par le passé. Il y a trop de morceaux lents ou mid-tempos, et pas assez de chevaux lâchés. On aurait aimé entendre Frankie accélérer le rythme et nous offrir davantage de compositions comme « I Can’t Get Enough ». Un bon album qui marque le retour en forme de Quiet Riot après les drames qui les ont frappés. Ils ont choisi d’aller de l’avant pour le plus grand plaisir de leurs fans.

  • 1. Can’t Get Enough
  • 2. Getaway
  • 3. Roll This Joint
  • 4. Freak Flag
  • 5. Wasted
  • 6. Still Wild
  • 7. Make A Way
  • 8. Renegades
  • 9. The Road
  • 10. Shame
  • 11. Knock Em Down
  • Alex Grossi : Guitares
  • Chuck Wright : Basse
  • James Durbin : Chant
  • Frankie Banali : Batterie

Label : Frontiers

DEAD ACID PEOPLE – Earth Weed & Fire (2019)

La scène underground stoner est riche, tentaculaire et talentueuse. Si de nombreux groupes sévissent aux Etats-Unis, la France possède également des formations en mal de reconnaissance qu’il serait bon de découvrir. Dead Acid People appartient à cette catégorie.

Originaire de Paris, Dead Acid people propose un stoner rock proche du « desert rock » avec d’importantes influences fuzz qui se ressentent dès l’introduction « Acid Dead People » aux ambiances angoissantes et psychédéliques générées par d’étranges chuchotements. Cela se confirme sur « Earth, Weed & Fire » (au clin d’œil amusant) qui nous renvoie à Kyuss et Electric Wizard. Le son est épais, appuyé par des distorsions poussées à fond, ce qui permet de développer un titre assez groovy sur lequel se détache une basse omniprésente. Plus rapide, « Never Ending » saupoudre quelques traces de Sleep sur ce stoner enlevé, aux lignes vocales répétitives qui nous plongent dans un monde pétri de groove. En effet, s’il faut retenir un élément marquant dans la musique de Dead Acid People, c’est bien cette volonté de faire bouger les foules ou de leur faire secouer la tête en cadence comme sur « Light A Fire »

Les amoureux des ambiances hallucinées seront heureux de découvrir des plages telles que « Cosmic Trails » ou « Beyond The Path » directement issues des années 1970 dans lesquelles on perçoit des thèmes psychédéliques. Les guitares se font aériennes et le rythme lent, ce qui permet à l’auditeur de se laisser aller et de s’évader vers d’autres cieux.  Ce n’est pas le cas sur le pesant et torturé « Wrong Faith » qui lorgne du côté de Hawkwind, avec ses clins d’œil space rock, et de Fu Manchu ou de Valley Of The Sun en raison de l’omniprésence de ces distorsions épaisses et écrasantes.

Earth Weed & Fire est un bon album de stoner, un peu court à mon goût, mais qui permet de passer d’agréables moments. Certes, Dead Acid People ne révolutionne pas le genre, mais il l’agrémente avec bonheur de références aux meilleurs groupes du genre et d’inspirateurs de cette scène, rendant l’ensemble vraiment agréable. En sus, une superbe pochette qui est un véritable clin d’oeil aux films de science-fiction des années 50.

  • 1. Acid Dead People (intro)
  • 2. Earth, Weed & Fire
  • 3. Never Ending
  • 4. Fuzz You
  • 5. Cosmic Trails
  • 6. Beyond The Path
  • 7. Light A Fire
  • 8. Wrong Faith
  • Guillaume : Batterie
  •  Al2 : Basse
  •  Steph : Guitares
  •  Math : Chant

TYKETTO – Reach (2016)

Qui se souvient de Tyketto, dont le single « Forever Young » extrait du premier album Don’t Come Easy (1991) avait tourné en heavy rotation sur les chaînes musicales de l’époque et dans les radios ? Après trois albums en studio et un live, le groupe avait jeté l’éponge en 1996, dans l’indifférence générale, éreinté par la vague grunge. Après un premier retour en 2007 pour un album et des concerts, ce n’est qu’en 2012 que les Américains se sont réellement reformés avec Dig In Deep, de très bonne facture. Quatre ans plus tard, les revoilà avec Reach qui propose de nouvelles facettes du groupe.

Portées par la voix de Danny Vaughn, les compositions renouent avec le heavy mélodique de leurs grandes années : le puissant « Big Money », le groovy « I Need It Now » au riff imparable ou la ballade « Letting Go ». Tyketto n’oublie pas de botter quelques culs : « Kick Like a Mule », idéal pour secouer une salle, le vicieux « Sparks Will Fly » au riff tourbillonnant et aux influences funky, ou « Reach » qui ouvre le bal avec beaucoup de talent. Les musiciens connaissent parfaitement leur boulot, puisant dans le rock des années ’70 : le superbe « The Fastest Man Alive » ou la culture américaine : l’excellent « Remember My Name » et son harmonica.

Si personne n’attendait le retour de ce groupe, force est de constater qu’il serait dommage de passer à côté de Reach qui nous montre toute la classe de musiciens n’ayant pas joué leur dernière note. A ce sujet, le line-up a été en partie renouvelé avec l’arrivée du guitariste Chris Glenn qui semble avoir apporté un souffle de fraîcheur au groupe. Tyketto n’est donc pas mort, et c’est tant mieux, surtout lorsqu’on découvre l’ambitieux « The Run » qui clôt magnifiquement l’album, avec son mélange des genres, en nous permettant de découvrir une facette plus « progressive » du groupe, dans un savant mélange de funk/soul à la Glenn Hughes, de pop à la Toto et de rock à la Bon Jovi, ce qui n’est pas une mince affaire. Sans aucun doute le morceau le plus étonnant et le mieux construit de cet album qu’il faut absolument découvrir.

Reach nous montre toute la classe de musiciens n’ayant pas joué leur dernière note.

  • 1. Reach
  • 2. Big Money
  • 3. Kick Like A Mule
  • 4. Circle The Wagons
  • 5. I Need It Now
  • 6. Tearing Down The Sky
  • 7. Letting Go
  • 8. The Fastest Man Alive
  • 9. Remember My Name
  • 10. Sparks Will Fly
  • 11. Scream
  • 12. The Run
  • Danny Vaughn : Chant, guitare acoustique
  • Chris Green : Guitares
  • Chris Childs – Basse, chœurs
  • Michael Clayton : Batterie
  • Ged Rylands : Claviers

Label : Frontiers

TYGERS OF PAN TANG – Tygers of Pan Tang (2016)

Alors que cet album éponyme sort aux Etats-Unis, il nous est paru indispensable d’évoquer le renouveau de l’un des groupes les plus prometteurs de la New Wave Of British Heavy Metal qui, en dépit des méandres de sa carrière et d’un réel succès qui l’a fui, poursuit son chemin pour le plus grand bonheur de ses fans.  

Car quatre ans après Ambush, Tygers of Pan Tang revient avec son meilleur album depuis Spellbound (1981), en faisant évoluer son heavy metal vers un hard rock, bourré de groove, de funk et de blues, dont on trouvait déjà les prémices sur son œuvre précédente. Oui, mais voilà, après le coup d’essai de 2012, ce groupe de vieux briscards transforme tout cela en véritable chef d’œuvre. Toujours mené par l’infatigable guitariste Robb Weir, ultime rescapé des débuts, les Anglais nous délivrent onze petites pépites qui raviront les fans du groupe et ceux de metal racé.

Dès « Only The Brave » qui ouvre les hostilités, l’auditeur est entraîné par les riffs tourbillonnants qui annoncent le chant de Jacopo Meille. Avouons-le immédiatement, depuis John Deverill, le groupe n’avait pas vraiment eu de chanteur à la hauteur, lorsque ce n’était pas une catastrophe, comme lorsque je les avais vus au Raismesfest en septembre 2004. Enfin mené par une voix capable d’enchanter l’auditeur : l’émouvante ballade « The Reason Why », de donner du groove aux chansons : « Glad Rags » qui donne envie de taper du pied, ou de leur apporter une indéniable puissance : le speed « Never Give In » et le heavy « Do It Again » qui nous ramènent trente ans en arrière mais avec un son actuel, Tygers Of Pan Tang peut enfin donner toute la mesure de son talent.

Sûr de son talent et appuyé sur des certitudes qui font plaisir à entendre, le groupe se fend même d’une reprise totalement réussie du « I Got The Music In Me » de Kiki Dee, à qui il donne une cure de jeunesse et une puissance que le morceau ne possédait pas à l’origine. A l’opposé de ce funk metal entraînant, Tygers of Pan Tang délivre également des titres plus lourds comme le superbe « The Devil You Know » ou le sombre « The Blood Red Sky » qui puisent dans l’histoire du groupe en nous rappelant le magnifique et dangereux Spellbound, et qui se conclut sur un hurlement de tigre.

  • 1. Only The Brave
  • 2. Dust
  • 3. Glad Rags
  • 4. Never Give In
  • 5. The Reason Why
  • 6. Do It Again
  • 7. I Got The Music In Me
  • 8. Praying For A Miracle
  • 9. Blood Red Sky
  • 10. Angel In Disguise
  • 11. Devil You Know
  • Robb Weir – guitares
  • Jacobo Meille – chant
  • Michael McCrystal – guitares
  • Gavin Gray – basse
  • Craig Ellis – batterie, percussions

Label : Mighty Music

EDGUY – Monuments (2017)

Voilà vingt-cinq ans qu’Edguy sillonne les routes du monde, foule les planches des plus grands festivals et nous sort des albums de qualité. Après un quart de siècle, il était temps de faire le point et de relancer la machine. Pour cela, le groupe nous offre un best-of agrémenté de cinq nouveaux titres, d’un inédit et de titres issus de tous ses albums, ou presque, ainsi que d’EP, afin de nous faire patienter jusqu’à son prochain véritable opus. En règle générale, je n’apprécie pas trop les compilations, surtout lorsque je possède toute la discographie du groupe. Mais là, avec ces inédits, la présence d’un concert bonus (non fourni aux chroniqueurs) et de vidéos, force est de constater qu’il était intéressant de jeter une oreille sur ce Monuments.

Je vais rapidement passer sur les chansons déjà connues, pour louer la présence d’hymnes tels que « Tears Of Mandrake » (où sont les autres pépites de l’album Mandrake ?), « Lavatory Love Machine », « Defenders Of The Crown », « King Of Fools », « Mysteria » ou le très Helloween « Babylon », et m’étonner de l’absence de « Down To The Devil », « Robin Hood », « All The Clowns » ou « Golden Dawn », mais ce sont des goûts personnels. Avec vingt-huit titres, moins les six inédits, il était évident que tout le monde ne serait pas content. Chose étrange, certains albums sont favorisés Hellfire et Space Police avec quatre titres chacun, ce que je trouve étrange pour le second et un autre oublié : Kingdom Of Madness. Louons également la présence de titres issus Superheroes EP : « Judas at the Opera » et « Spooks in the Attic » et King of Fools EP : « Holy Water ».

Mais le plus important demeure quand même les cinq nouveaux morceaux. Evacuons l’inédit « Reborn In The Waste » issu des sessions de Savage Poetry qui aurait pu rester dans les cartons tant il n’est pas abouti et immature, pour nous intéresser aux nouveautés. Et de ce côté, pas de déceptions. Le groupe a favorisé les morceaux enlevés, pour revenir à un style plus proche de Hellfire Club que des derniers albums. Ainsi l’excellent « Open Sesame » et les cavalcades de « Landmarks » nous entraînent dans la danse, tandis que « Ravenblack » est un titre de pur heavy, qui s’appuie sur un riff énorme pour nous conduire à un refrain à chanter en chœur. Reste « Wrestle The Devil », un mid-tempo aux arrangements rythmiques originaux et au refrain soigné, ainsi que le très Helloween « The Mountainer » qui débute par des harmonies de guitares pour monter peu à peu en intensité jusqu’au refrain. Cinq titres qui s’inscrivent parmi les meilleures réalisations du groupe et qui nous rassurent quant à son avenir.              

  •  Disc 1
  • 1. Ravenblack
  • 2. Wrestle the Devil
  • 3. Open Sesame
  • 4. Landmarks
  • 5. The Mountaineer
  • 6. 9-2-9
  • 7. Defenders of the Crown
  • 8. Save Me
  • 9. The Piper Never Dies
  • 10. Lavatory Love Machine
  • 11. King of Fools
  • 12. Superheroes
  • 13. Love Tyger
  • 14. Ministry of Saints
  • 15. Tears of a Mandrake
  • Disc 2
  • 1. Mysteria
  • 2. Vain Glory Opera
  • 3. Rock of Cashel
  • 4. Judas at the Opera
  • 5. Holy Water
  • 6. Spooks in the Attic
  • 7. Babylon
  • 8. The Eternal Wayfarer
  • 9. Out of Control
  • 10. Land of the Miracle
  • 11. Key to My Fate
  • 12. Space Police
  • 13. Reborn in the Waste    
  • Tobias Sammet – chant
  • Dirk Sauer – guitares
  • Jens Ludwig – guitares
  • Tobias Exxel – basse
  • Felix Bohnke – batterie

Label : Nuclear Blast

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