
Inhepsie est un groupe français qui propose une musique atmosphérique sur laquelle vient se poser un chant féminin aux paroles poétiques. Cette direction musicale, déjà empruntée sur les trois précédents albums, se confirme avec brio sur cet Onirique qui porte bien son titre.
Avant toute chose, je dois avouer que je ne suis pas le cœur de cible de ce style musical. D’habitude, les groupes, sous couvert de metal atmosphérique, nous proposent une soupe indigeste, comme c’est le cas du blackgaze ou de toute cette vague shoegazing dont je ne préfère pas nommer les formations ou les one-man bands qui ne proposent que du easy listening insipide. Ce n’est absolument pas le cas avec Inhepsie qui s’appuie sur une assise instrumentale solide, notamment une section rythmique typiquement metal. Le travail de la batterie sur « L’autre réalité » est impressionnant par exemple. Il en va de même pour les guitares qui tissent des riffs ou des solos soignés : « Est-ce important ». Cela permet non seulement de supporter la voix mélodique, mais jamais sirupeuse, de Cathy Bontant et de soutenir des arrangements subtils, comme ces sonorités de piano sur « Ce sentiment », un morceau subtil, dont la construction touche au sublime.
Dès « Ode à la nuit », l’auditeur est capté par l’univers poétique d’Inhepsie et notamment par des paroles finement ciselées, qui jouent sur des répétitions de vers, des allitérations et des assonances littéraires. On sent que chaque mot a été soigneusement choisi, comme c’est aussi le cas pour les accords et les chœurs qui nous entraînent dans cette balade nocturne. Si les paroles sont importantes, les guitares ne sont pas laissées de côté. Sur « L’indifférence », ce sont elles qui ouvrent le bal pour une chanson pleine de nuances, où les changements de tonalités permettent de ne jamais laisser l’auditeur s’endormir.
Avec « Oublier qui je suis », Inhepsie brouille les pistes. Après un démarrage nuancé et léger, les guitares entrent en scène pour nous cueillir par surprise, avant que des arrangements grandioses n’épaississent ce morceau pour nous conduire vers un metal progressif de haute qualité. En effet, le groupe est capable de lâcher les chevaux sans jamais quitter son objectif de qualité, jouant les funambules entre ombre et lumière. Le sommet est, à mes yeux et à mes oreilles, atteint sur « Funambule » (eh oui, j’ai osé), dont l’équilibre atteint une réelle perfection. La fin du morceau donne des frissons dans le dos.
Pour les amateurs de titres plus calmes, « L’instant égaré » et « Onirique » proposent des plages subtiles et reposantes, sur lesquelles le chant développe des harmonies que viennent rehausser des chœurs savamment équilibrés. L’album se termine en apothéose sur « Regrets », dont il faut retenir le superbe solo et le bel équilibre entre douceur et puissance. En plus de cinquante minutes sans temps mort, Inhepsie nous prouve qu’il est possible de composer un metal de qualité, chanté dans un français soigné, poétique et recherché, sans jamais ennuyer l’auditeur. J’en suis moi-même étonné, et pour me surprendre, il faut réellement proposer quelque chose de novateur. Quant aux paroles, elles sont d’une qualité exceptionnelle pour un disque, bien loin de la médiocrité ambiante que l’on entend de nos jours, tous genres confondus. Chapeau bas.
Denis Labbé
- 1. Intro
- 2. Ode à la nuit
- 3. L’autre réalité
- 4. Est-ce important
- 5. L’indifférence
- 6. Ce sentiment
- 7. Oublier qui je suis
- 8. L’instant égaré
- 9. Funambule
- 10. Onirique
- 11. Regrets
- Adrien Rougé : guitare
- Cathy Bontant : chant, claviers
- Daniella Coulon : basse
- Dany Ladrat : batterie
- Jean Suire : guitare
Label : Dooweet agency








