SAMSON – Don’t Get Mad Get Even (1986)

Deux ans après Before the Storm, le premier album de l’ère Nicky Moore, Samson publie Don’t Get Mad Get Even, une œuvre plus heavy, mais également plus expérimentale, qui voit le son du groupe s’épaissir, tout en lorgnant parfois vers le marché américain comme sur l’étonnant « The Fight Goes On » au refrain et aux arrangements qui évoquent un hard FM puissant et racé ou l’ouverture « Are You Ready » aux chœurs léchés et dont les couplets ont droit à quelques saupoudrages de batterie électronique. Le résultat est étonnant mais ô combien réussi. On peut en dire autant de « Leaving Love (Behind) » sorte de fausse ballade à la structure complexe qui permet à Paul Samson de prouver ses talents de compositeur.

Les accords et les ambiances blues rock de l’album précédent semblent avoir été passés à la distorsion pour offrir des compositions plus puissantes comme l’énergique « Love Hungry » au riff énorme ou le brûlot « Burning Up » dont les changements de rythmes mettent en valeur la voix de Nicky Moore. Avec « Into The Valley », le groupe revient à ce qu’il produisait à l’époque de Bruce Bruce (Bruce Dickinson), avec un metal racé, sur lequel la guitare de Paul Samson s’exprime avec un indéniable talent.

Si la voix dominait sur Before the Storm, c’est bien la guitare qui est mise en avant sur cet opus. Il suffit pour s’en persuader d’écouter « Doctor Ice » qui s’inscrit à mi-chemin entre AC/DC et The Angels, avec un indéniable sens de la mélodie et un groove qui emporte tout sur son passage. Un des moments forts de cet album. Quant à « Front Page News », ce serait plutôt du côté américain qu’il faudrait trouver ses racines, avec une touche australienne pour parfaire le tableau. Cet étonnant mélange qui trouve son paroxysme sur le refrain et dans les soli de Paul Samson dévoile un groupe au sommet de son art qui ose explorer différents chemins.

Moins bien accueilli que le précédent album aussi bien par la critique que par les fans, Don’t Get Mad Get Even s’affirme, avec le temps, comme une œuvre de grande qualité, dont la production n’a pas pris une ride. Malheureusement, il marque aussi la fin d’une époque, puisque Paul Samson entreprendra une carrière en solo, avant de reformer le groupe à plusieurs reprises. Sa mort en 2002, puis celle de Chris Aylmer en 2007 mettra fin à l’aventure d’une des formations les plus douées de la New Wave Of British Heavy Metal, mais qui ne rencontra pas le succès mérité.

A noter que plusieurs versions de cet album sont sorties en CD. Certaines ne sont pas officielles. Un coffret couplé avec Before the Storm est encore trouvable. Il contient un disque bonus de 14 inédits et raretés, plus 6 autres répartis sur les deux autres CD, le tout dans un boitier cartonné accompagné d’un beau livret. L’achat est indispensable, ne serait-ce que pour la superbe version de « La Grange » que Samson s’accapare et sur laquelle le guitariste se fend de soli monstrueux.

  • 1 – Are You Ready
  • 2 – Love Hungry
  • 3 – Burning Up
  • 4 – The Fight Goes On
  • 5 – Don’t Get Mad – Get Even
  • 6 – Into The Valley
  • 7 – Bite On The Bullet
  • 8 – Doctor Ice
  • 9 – Front Page News
  • 10 – Leaving Love (Behind)
  • Paul Samson : Guitares
  • Chris Aylmer : Basse
  • Nicky Moore : Chant
  • Pete Jupp : Batterie

Label : Polydor

RAVEN – Screaming Murder Death From Above : Live in Aalborg (2019)

Ce concert de Raven, enregistré à Aalborg, au Danemark, témoigne de la vitalité d’un groupe qui venait de sombrer dans le drame après les problèmes cardiaques de leur batteur Joe Hasselvander, remplacé par Mike Heller (Fear Factory). On pouvait donc se demander si la folie habituelle du trio allait être conservée. Dès les premières notes de « Destroy All Monsters », l’auditeur n’est pas déçu. La section rythmique assure et permet à Mark Gallagher de déverser son déluge de notes. Les fans vont donc être ravis, d’autant plus que le chant de John Gallagher est un peu mieux en place que d’habitude. Certes, ce n’est pas un grand chanteur, et ne l’a jamais été, mais son énergie punk et ses hurlements d’écorché vif donnent une vraie dimension live à ces morceaux.

Les amoureux de Raven vont retrouver sur cet album quelques-uns des classiques du groupe : « All For One » qui, placé en troisième position, assomme le public, le pesant « Rock Until You Drop » qui permet au groupe de faire chanter les fans, comme « Break The Chain » d’ailleurs, et le final « Crash Bang Wallop » qui déverse un déluge de notes et de cris sur le festival.

Le son d’ensemble est bon, ce qui permet d’apprécier le déferlement qu’est « Faster Than The Speed Of Light », le syncopé « Hell Patrol » ou le plus rare « Hung Drawn and Quartered ». A noter la présence de deux titres de leur dernier album studio en date : « Destroy All Monsters » et « Tank Treads (the blood runs red) » qui s’intègrent parfaitement à l’ensemble.  

Screaming Murder Death From Above : Live in Aalborg est un bon album live, sans doute inférieur au mythique Live At The Inferno (1984), mais qui nous offre un instantané d’un groupe présent sur la route depuis 45 ans. Et ça, c’est un exploit à souligner, surtout lorsqu’on pratique cet « athletic rock » exigeant en énergie.

  • 1. Destroy All Monsters
  • 2. Hell Patrol
  • 3. All For One
  • 4. Hung Drawn and Quartered
  • 5. Rock Until You Drop
  • 6. A.A.N.S.M.M.G.N.
  • 7. Tank Treads (the blood runs red)
  • 8. Faster than the speed of light
  • 9. On And On
  • 10. Break The Chain
  • 11. Crash Bang Wallop
  • John Gallagher : Basse, chant
  • Mark Gallagher : Guitares
  • Mike Heller : Batterie

Label : Steamhammer

JETBOY – Born to Fly (2019)

Jetboy est l’archétype du groupe passé à côté d’une grande carrière. Fondé en 1983 en plein cœur de la vague glam metal, il publie deux très bons albums en 1988 et 1990 qui leur permettent d’entrer dans les charts américains et de tourner de manière intensive. La vague grunge arrivant, le groupe se sépare en 1992. Paraissent alors des albums de compilations et de raretés, avant une reformation qui voit un EP sortir en 2010. Neuf ans plus tard, voilà enfin un vrai nouvel album.

Quid de la formation ? Eh bien, il reste le noyau dur : Mickey Finn au chant ainsi que Billy Rowe et Fernie Rod aux guitares. Autant dire qu’on pouvait s’attendre à un style dans la lignée de leurs deux premiers albums. Nous n’en sommes pas loin, en tout cas, ce disque s’inscrit à la suite de Damned Nation (1990), notamment grâce à cette alternance entre compositions hard rock qui ne sont pas sans rappelées AC/DC, Krokus ou Rhino Bucket et titres plus glam.

Pour le côté hard rock, notons tout d’abord l’entraînant « Beating The Odds » qui ouvre le bal avec un riff tourbillonnant lorgnant sur le boogie. Une belle entrée en matière qui nous montre que le groupe n’a rien perdu de sa hargne et que Mickey Finn possède toujours cette voix un peu voilée qui convient parfaitement à ce genre de morceaux. « Old Dog, New Tricks » poursuit sur cette lancée, avec une saveur très américaine, soulignée par des interventions d’harmonica qui colorent chaleureusement l’ensemble. Certainement l’un de mes titres préférés. On pense au meilleur d’AC/DC. Dans la même veine endiablée, avec un côté glam en plus, « All Over Again » attire aussi l’attention, grâce à un riff efficace, mais surtout des lignes mélodiques soignées qui mènent à un refrain imparable.  

A côté de ces brûlots, le groupe nous propose des tempi médiums qui permettent de secouer la tête en cadence ou de taper du pied. « Born To Fly » appartient à ces chansons qui restent en mémoire grâce à un riff carré et un refrain mémorisable. Mais c’est « Brokenhearted Daydream » qui attire un peu plus l’attention en raison de mélodies plus subtiles, appuyées sur des riffs plaqués et carrés.

Parfois, le groupe s’aventure sur les terres d’Aerosmith, comme sur le savoureux « A Little Bit Easy », qui mêle boogie, refrain mélodique et arrangements de grande classe. Fernie Rod se fend même d’un beau solo qui rehausse ce titre. Dans un style blues/boogie, retenons également le très roots « Smoky Ebony » qui voit l’intervention d’une slide et dont les chœurs sont magnifiques. Deux grands morceaux de cet excellent album.

Mais le panorama ne serait pas complet si on ne s’attardait pas sur ce moment plus calme, représenté par la ballade acoustique « The Way That You Move Me » qui, avec un réel plaisir, nous ramène trente ans en arrière. Il suffit de fermer les yeux et de savourer.

Born To Fly est donc un album réussi, qui voit le retour en pleine forme d’un groupe sympathique, capable de nous asséner des morceaux efficaces tels que « She » aux parfums punk-glam ou encore le délicieux « Party Time ! » qui clôt l’album dans la plus pure lignée du heavy glam. Souvenons-nous que Sami Yaffa (Hanoï Rocks, Jerusalem Slim, New York Dolls…) a tenu la basse durant plusieurs années dans ce groupe.

Un album à acquérir de toute urgence.


01. Beating The Odds
02. Born To Fly
03. Old Dog, New Tricks
04. The Way That You Move Me
05. Brokenhearted Daydream
06. Inspiration From Desperation
07. All Over Again
08. She
09. A Little Bit Easy
10. Every Time I Go
11. Smoky Ebony
12. Party Time !

  • Mickey Finn : chant, claviers
  • Billy Rowe : guitares
  • Fernie Rod : guitares
  • Al Serrato : batterie
  • Eric Stacy : basse

Label : Frontiers

ARTILLERY – The Face Of Fear (2018)

Quatrième album pour les Danois d’Artillery depuis leur reformation en 2007. Pour ceux qui n’ont pas suivi, le groupe, formé en 1982, avait sorti trois albums entre 1985 et 1990, avant un premier split, puis une reformation pour un opus sans lendemain en 1999 et une nouvelle séparation l’année suivante. Autant dire que leur parcours est loin d’être lisse, leurs changements de personnels étant à l’avenant.

Mais revenons à cet album qui renoue avec un heavy thrash mélodique, puissant, carré, dans la lignée de l’école scandinave des années 80/90, mais avec un son très actuel. Cela est évident dès le morceau d’ouverture éponyme qui joue sur les changements de rythmes, les envolées lyriques et les riffs meurtriers. Démarrant sur un rythme sautillant aux sonorités orientales, « The Face Of Fear » entraîne l’auditeur sur un chemin, somme toute assez classique, mais ô combien efficace. S’ensuit « Crossroads To Conspiracy », pesant et angoissant à souhait, avant un final à deux cents à l’heure comme savent si bien le faire les excellents groupes de thrash. Un titre assez entraînant qui n’est pas sans rappeler Testament.

Artillery oscille entre compositions furieuses, typiquement thrash, telles que les savoureuses « Sworn Utopia » au rythme syncopé et au refrain irrésistible, « Preaching to the Converted » dont le furieux riff principal est tempéré par des duels de guitares au milieu du morceau ainsi que « Mind of No Return » et « Doctor Evil » (deux morceaux initialement enregistrés en démo il y a… fort longtemps et qui retrouvent une nouvelle jeunesse). Ce pan typiquement thrash est revisité à la manière du nouveau Artillery, c’est-à-dire en y incluant des éléments heavy très prononcés, notamment grâce à un chant tour à tour mélodique et agressif, et des chœurs distillés avec soin.

Ce côté mélodique, plus metal que thrash, se retrouve dans des morceaux comme l’excellent « Through The Age Of Atrocity » qui s’appuie sur des guitares incisives et des mélodies vocales soignées ou « Pain » et ses ambiances américaines qui sort Artillery de sa zone de confort pour un résultat pour le moins étonnant. Le groupe allie ces deux côtés sur « Thirst For The Worst » en proposant un compromis vraiment intéressant entre puissance et mélodie.

The Face Of Fear se révèle être un très bon album de heavy thrash à la production soignée, aux compositions variées, et qui nous offre un mélange entre saveurs du passé et parfums très modernes.

  •  1. The Face of Fear
  •  2. Crossroads To Conspiracy
  •  3. New Rage
  •  4. Sworn Utopia
  •  5. Through The Ages Of Atrocity
  •  6. Thirst For The Worst
  •  7. Pain
  •  8. Under Water (instumental)
  •  9. Preaching to the converted
  •  10. Mind Of No Return  
  • 11. Doctor Evil (ltd. 1st ed. bonus track / 2018 version)
  • Michael Bastholm Dahl : Chant
  • Michael Stützer : Guitares
  • Morten Stützer : Guitares
  • Peter Thorslund : Basse
  • Josua Madsen : Batterie

Label : Metal Blade

HOLLIS BROWN – Ozone Park (2019)

La passion de chroniqueur est parfois difficile, voire étrange. Il sort tellement d’albums en ce moment, qu’il est impossible de tout écouter, encore moins de tout chroniquer. Cet album des Américains d’Hollis Brown végétait sur une pile de CD lorsqu’il est enfin parvenu jusqu’à moi. Pour je ne sais quelle raison, j’ai jeté une oreille à cet album qui, pourtant, n’entre pas, en général dans le spectre de mes écoutes habituelles. Adepte d’un rock, teinté de blues et de pop, ce quintet dispense une musique agréable, ancrée dans les années 1970, qui nous renvoie à The Cars, mais aussi Simply Red, voire Rod Stewart. L’ensemble est joliment composé, savamment arrangé et propose d’agréables mélodies qui entraîne l’auditeur dans un univers coloré.

L’album est varié et explore de nombreux rivages. Il nous propose de bons titres rock, comme l’excellent « Do Me Right » qui sonne comme de l’AOR des années 1970, soutenu par un clavier en arrière-plan et une basse omniprésente ou l’entêtant « Blood From A Stone » qui renvoie à Rod Stewart avec son refrain étoffé par de beaux chœurs et un orgue qui apporte un peu de chaleur. Lorsque le tempo s’accélère, les guitares se font étonnamment plus envoûtantes, notamment sur le léger « Someday Soon » que n’aurait pas renié Tom Petty ou le plus pop « The Way She Does It », tout en finesse.

Malgré toutes les qualités de ces titres, je dois avouer que c’est « Bad Mistakes » qui m’a davantage touché, grâce à son riff vrombissant et ses sonorités rappelant The Dictators. Autre chanson qui sort du lot, l’excellente « Go For It » aux influences blues/funk, sorte de mélange entre Prince pour le phrasé et du blues-rock à la John Butler Trio pour la musique. Notons également la belle reprise du « She Don’t Love Me Now » de Jesse Malin que le groupe adapte à son univers en y ajoutant un piano et en changeant le rythme.

Ozone Park est un bon album de rock teinté de pop qui vous fera passer un excellent moment. Dommage qu’il soit un peu court.

  • 1. Blood From A Stone
  • 2. Stubborn Man
  • 3. She Don’t Love Me Now
  • 4. Do Me Right
  • 5. After The Fire
  • 6. Forever In Me
  • 7. Someday Soon
  • 8. The Way She Does It
  • 9. Bad Mistakes
  • 10. Go For It
  • Mike Montali – Guitares, Chant
  • Jonathan Bonilla – Guitares
  • Andrew Zehnal – Batterie
  • Adam Bock – Claviers, Chant
  • Chris Urriola – Basse.

Label : Mascot records

CHROMES WAVES – A Grief Observed (2019)

Formé à Chicago par de vieux routiers de la scène extrême, Chrome Waves nous propose son premier album de post-black mélodique composé de six longs morceaux jouant plus sur les ambiances que sur la violence. Ce mélange d’influences se découvre dès les premières notes mélancoliques de « Burdened » dont l’introduction d’une minute trente donne le ton à cet album avant qu’une voix black ne vienne déchirer le voile et lancer une rythmique carrée. Rapidement des voix claires tempèrent tout cela, un peu à la manière d’un Solstafir. Les lignes vocales, mixées en avant, donnent une touche inquiétante, ce qui semble être la marque de fabrique du groupe.

Avec « Past the Lights », c’est la voix black qui fait contrepoint aux voix claires, tandis que le rythme binaire conduit l’auditeur vers de sombres rivages aux ambiances presque religieuses. Mixées en arrière, les guitares et les claviers colorent l’ensemble, plutôt que d’initier le mouvement. Cette démarche, assez intéressante, apporte une note originale à l’ensemble.

Plus expérimental, avec des touches industrielles au départ, grâce aux claviers, « A Grief Observed » renvoie aux titres lents de Paradise Lost ou à certains morceaux d’Iced Earth, avec cette couleur black propre à la voix criée. Ce creuset de heavy, de black et de progressif donne également naissance à « Open Casket », le dernier titre de cet opus. Sauf que pour celui-ci, Chrome Waves pousse plus loin ses expérimentations en jouant avec des sons de claviers très années 70, nous ramenant à Pink Floyd et nous rappelant aussi les Français de SUP.   

Pour les amateurs de morceaux plus puissants, « Predatory Animals » nous montre davantage les racines black metal du groupe, avec des guitares plus en avant et des voix hurlées soutenues par des claviers mélancoliques. Cela donne une ambiance étonnante, surtout avec ce refrain sur une seule voix mixée d’abord à gauche, avant qu’une seconde vienne équilibrer le tout et que cela finisse sur des chœurs. Surprenant, comme ce solo très heavy.

Avant-dernier morceau, « Take Another Sip » est aussi le plus rapide. S’appuyant sur une grosse caisse hypnotique, ce titre s’emballe avant de proposer un break acoustique qui lance en fait une nouvelle direction musicale. Débutant comme du black, « Take Another Sip » se poursuit dans une veine progressive.

Au final, cela nous donne un album de 44 minutes, à la fois étonnant, étrangement prenant et furieusement calme. Si vous désirez vous ouvrir à des sonorités nouvelles, Chrome Waves est pour vous.

  • 1. Burdened  
  • 2. Past the Lights
  • 3. A Grief Observed  
  • 4. Predatory Animals  
  • 5. Take Another Sip   
  • 6. Open Casket 
  • James Benson : chant, guitares
  • Bob Fouts : batterie
  • Jeff Wilson : guitares, basse, claviers, chant

Label : Disorder recording

BEASTO BLANCO – Beasto Blanco (2016)

Formé en 2012, Beasto Blanco est un groupe américain désireux de remettre aux goûts du jour le shock rock cher à Alice Cooper ou, plus près de nous, Rob Zombie. Après un excellent premier album sorti en 2013, ce deuxième enfonce le clou en offrant une belle palette de titres accrocheurs. La qualité est donc toujours là. Sorte de mélange entre White Zombie (la voix de Chuck Garric), Alice Cooper (l’excellente et très personnelle reprise du « Feed My Frankenstein » en apporte la preuve) et Shaka Ponk (la voix féminine de Calico Cooper), Beasto Blanco déménage avec des titres énormes, au son gras et épais, et aux refrains qui donnent envie de taper du pied. Le morceau « Grind » dont le groupe a tiré un clip est représentatif de leur style. C’est sale, méchant et jouissif, avec une guitare qui marque un tempo binaire et groovy, si bien qu’on a envie de hurler avec le groupe, tout en tapant du pied.

   Les riffs sont épais, saturés à l’envi, preuves manifestes des influences metal indus de nombreux titres tel « Carcosa » ou « Honey ». Tout cela sent bon l’Amérique profonde, le soleil brûlant du désert et les films de Wes Craven. Chaque chanson est soutenue par des refrains aux chœurs énormes et des mélodies soignés qui en font de réels moments de bonheur. Des titres tels que la bombe « I Rise », l’excellent « Buried Angels », le déjanté « Machine Girl » sur lequel Calico chante la majeure partie du temps, ou le catchy « Blind Drive » sont autant de morceaux qui doivent prendre toute leur dimension en concert. Car il ne fait autant doute que Beasto Blanco doit déménager sur scène, tant le groupe a taillé ses chansons pour retourner les foules. Les vidéos disponibles en apportent une preuve flagrante.

A côté de cette partie rentre-dedans, le quintet aime aussi jouer avec des atmosphères plus psychédéliques et industrielles, comme sur le surprenant « Damnation » aux ambiances mystiques qui s’appuie au début sur des claquements de mains et une batterie minimaliste avant d’ouvrir sur un riff envoûtant, ou sur « Dark Matter » qui nous transporte dans un univers de science-fiction, avec ses voix déformées qui renvoient évidemment au metal indus. Avec ce deuxième album, Beasto Blanco possède tous les atouts pour percer sur la scène metal, en proposant une musique puissante, mélodique et inscrite dans son époque.    

  • 1. Buried Angels
  • 2. Grind
  • 3. Feed My Frankenstein
  • 4. Carcosa
  • 5. Death Rattle
  • 6. Dark Matter
  • 7. Sadhana
  • 8. I Rise
  • 9. Machine Girl
  • 10. Honey
  • 11. Blind Drive
  • 12 Damnation
  • Chuck Garric : Chant, Guitares
  • Calico Cooper : Chant
  • Brother Latham : Guitares
  • Jan LeGrow : Basse, Chœurs
  • Tim Husung : Batterie, Chœurs

Label : RatPakRecords

BLACK STONE CHERRY – Back to Blues vol 2

Deux ans après un premier volume d’hommage aux racines blues de leur musique, Black Stone Cherry revient avec un nouvel EP de six titres qui le complète parfaitement. Cette fois, ce sont Freddie King, Robert Johnson, Otis Rush, Howlin’ Wolf, Elmore James et Son House qui sont rappelés dans un déluge de feeling, de technique et d’improvisations. Si tous les titres repris ne sont pas des classiques, le groupe ne se trompe pas en s’attaquant au superbe « Big Legged Woman » de Freddie King, une bombe de Chicago blues, gorgée d’électricité et qu’un piano vient magnifier dès l’introduction, lui donnant un côté southern rock de bon aloi. Suit le classique « Me & The Devil Blues » du démoniaque Robert Johnson que le groupe s’approprie en lui donnant une patte sudiste qui le rend encore plus méchant. Les guitaristes s’en donnent à cœur joie, aussi bien en solo qu’en rythmique, tandis qu’un orgue clôt l’ensemble sur une note intemporelle.

Malgré cette débauche d’énergie, les amateurs de blues vont certainement saluer la performance du quartet sur « All Your Love (I Miss Loving) » d’Otis Rush, tant le groupe parvient à en tirer la substantifique moelle, en lui donnant une atmosphère très années 1970 et un rendu live. Chris Robertson montre toutes ses capacités vocales, tandis que le piano, une nouvelle fois, teinte le tout de couleurs chaudes. Du grand art. Plus puissant, le superbe « Down In The Bottom » de Howlin’ Wolf, repris en son temps par The Rolling Stones, donne un coup de fouet à cet EP, en offrant un coup de projecteur sur le Chicago Blues, influence notable de Black Stone Cherry. Il n’y a rien à redire sur leur interprétation qui frise la perfection, avec cet orgue, cet harmonica en fond et ces guitares qui déménagent.

Après ces titres, la présence du « Early One Morning » d’Elmore James ne surprend donc pas, tant elle paraît couler de source. Superbe titre de ce guitariste surdoué originaire du Mississipi comme Howlin’ Wolf qui évolutionna la guitare et le blues. Black Stone Cherry l’adapte à notre époque et à la distorsion, tout en restant proche de l’esprit de la version originale. Certes, le son est plus chaud, et les cuivres sont absents, mais le groupe du Kentucky sait parfaitement l’interpréter. Plus étonnante, et ô combien réjouissante, est la présence du « Death Letter Blues » de Son House, un bluesman un peu oublié, qui a pourtant influencé Robert Johnson et Muddy Waters. Black Stone Cherry en donne une version bien différente de celle des White Stripes, en collant plus à l’originale, tout en lui insufflant une énergie et un feeling très moderne. Une nouvelle fois, c’est une belle réussite.

En six titres, Black Stone Cherry parvient à rendre un fervent hommage au blues, sans aucune faute de goût, et en actualisant des morceaux datant de l’entre-deux guerres. Du grand art.

  • 1. Big Legged Woman
  • 2. Me & The Devil Blues
  • 3. All Your Love (I Miss Loving)
  • 4. Down In The Bottom
  • 5. Early One Morning
  • 6. Death Letter Blues
  • Chris Robertson : chant, guitares
  • Ben Wells : guitares, chœurs
  • Jon Lawhon : basse, chœurs
  • John Fred Young : batterie, percussions, chœurs, harmonica, piano

Label : Mascott Records

SAMMY HAGAR – Street Machine (1979)

Quatrième album solo du chanteur-guitariste après son départ de Montrose, Street Machine est un album pétri de qualités musicales et de mélodies, placé sous le sceau de la bonne humeur et de la mélancolie, les deux faces de l’existence. Ainsi, Sammy Hagar se lâche et propose une alternance de morceaux puissants et de chansons plus douces qui font la part belle aux guitares et à la voix, comme on peut s’en douter. Guitariste mésestimé, il sait proposer des riffs entraînants, comme sur l’excellent « Growing Pains » qui démarre cet album de la plus belle des manières, ou sur le déjanté « Trans Am (Highway Wonderland) » qui serait capable de retourner tout un cimetière. Et que dire du furieux « This Planet’s on Fire (Burn in Hell) » dont le riff principal n’a rien à envier au « Thunderstruck » d’AC/DC ? Accéléré en concert, il prouve que Sammy Hagar possède une réelle technique et une dextérité qui n’a rien à envier aux guitaristes de son époque. Ces trois morceaux, les plus rapides et les plus entraînants de cet album méritent à eux seuls l’achat de Street Machine. Epaulé par Gary Pihl (futur Boston), Sammy Hagar puise aux sources du blues et du rock afin de saisir l’auditeur aux tripes.

Il nous prend par les sentiments avec la ballade « Child to Man » qui préfigure le hard FM qui va inonder les radios quelques années plus tard, tout en se rapprochant de ce que propose déjà April Wine durant cette même période. Cette tendance à composer des chansons abordables pour le grand public se confirme avec « Feels Like Love » qui est un très bon morceau d’AOR aux guitares suffisamment agressives pour plaire aux amateurs de rock et aux mélodies travaillées pour brasser plus large. Car Sammy Hagar est capable d’écrire des chansons gorgées de feeling.

Autre morceau bourré de lyrisme, « Never Say Die » lorgne du côté de la country et du rock, en narrant une histoire poignante sur laquelle Sammy Hagar nous prouve qu’il est un des meilleurs chanteurs de son époque. Dans une veine assez proche, « Plain Jane » s’ancre dans les années 1970, avec ses parties acoustiques et son refrain soutenu par des chœurs et une guitare saturée. Cet ancrage dans les racines de la musique américaine est également frappant sur le blues « Falling in Love », aux arrangements fins et à la construction savamment orchestrée, ou sur le rock typé années 1950 qu’est « Straight to the Top ».

Si Street Machine n’est pas le meilleur album de Sammy Hagar, je dois avouer éprouver un petit faible pour lui. Il permet en tout cas à Sammy Hagar de progresser puisqu’il entre dans le Bilboard en faisant mieux que ses prédécesseurs.

  • 1. Growing Pains
  • 2. Child to Man
  • 3. Trans Am (Highway Wonderland)
  • 4. Feels Like Love
  • 5. Plain Jane
  • 6. Never Say Die
  • 7. This Planet’s on Fire (Burn in Hell)
  • 8. Wounded in Love
  • 9. Falling in Love
  • 10. Straight to the Top
  • Sammy Hagar : guitares, chant
  • Bill Church : basse, chœurs
  • Gary Pihl : guitares, chœurs
  • Chuck Ruff : baterie, chœurs
  • Steve Douglas : saxophone
  • Mark Jordan : piano

Producteur : Sammy Hagar

Label : Capitol

ATTACK – Return of the Evil (1985)

Originaire d’Hannovre, Attack se crée en 1983 sous la houlette de Ricky van Helden et publie dès l’année suivant, Danger in the Air, un premier album de hard rock sur lequel les claviers tiennent une place importante. Lorsque paraît Return of the Evil, Ricky a viré tout le monde, les claviers ont disparu et la musique s’est orientée vers un heavy metal influencé par la New Wave Of Heavy Metal et notamment Iron Maiden, comme le montrent des titres tels que « Warriors in Pain », « Missing You » ou le très bon « Indian Lady » dont les riffs et les duels de guitares renvoient à ceux des Anglais. Mais ce serait réducteur de croire qu’Attack ne fait que copier, car les Allemands ont bien des choses à nous montrer, et notamment d’autres influences et quelques touches bien personnelles.

En effet, à l’écoute de ces neuf compositions, on perçoit des influences venues du speed allemand, notamment dans la manière d’agencer les riffs rapides sur « No Mercy » et « The End », deux titres qui emportent tout sur leur passage et montrent que les parties de guitares sont efficaces en rythmique. On perçoit chez Ricky van Helden un désir de rendre chaque morceau efficace, et donc d’emporter le fan sans lui laisser le temps de respirer. Cet allant, emprunté à Iron Maiden notamment, est louable, en revanche, tous les solos ne sont pas à la hauteur. Si des touches à la Loudness apparaissent sur « The End », c’est plus vers Blitzkrieg ou Jaguar que penche l’excellent « Hard Times ». Même si l’originalité n’est pas de mise, tout cela ne laisse apparaître que du bon. Et c’est cela qu’on demande à ce type d’album.

Le mélange de NWOBHM et de speed est d’ailleurs assez agréable, surtout que la voix de Ricky est suffisamment puissante et mélodique pour entraîner l’auditeur dans ses univers colorés, comme sur « Hateful and Damned », au riff lourd et à la construction complexe. Pourtant, c’est sans doute lorsque le groupe prend le plus de risques qu’il se montre davantage intéressant. En premier lieu, citons le mélodique « Dirty Mary » qui sort du lot, en nous renvoyant à ce que peut proposer Praying Mantis ou les Américains de Savage Grace lorsque le tempo s’accélère. Cette chanson est gorgée de mélodies, de riffs efficaces et de beaux arrangements. Dans le même ordre d’idée, la ballade « Mystery Night » surprend par sa maîtrise et tranche avec le reste de l’album, nous prouvant que le groupe est capable de sortir du lot.

Return of the Evil est un album sympathique qui est ressorti en CD, notamment chez Steel Legacy Records en version remasterisée. Il serait temps de portée attention à ce groupe.

  • 1. Warriors in Pain
  • 2. No Mercy
  • 3. Dirty Mary
  • 4. Hateful and Damned
  • 5. Indian Lady
  • 6. Mystery Night
  • 7. The End
  • 8. Missing You
  • 9. Hard Times
  • Ricky van Helden : Basse, Chant, Batterie, Guitares
  • Thomas Evermann : Batterie
  • Andy Niewidok : Guitares
  • Jörg Franz : Guitares

Label : Steel Legacy Records

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