THE 69 EYES – West End (2019)

Pour ses trente ans, The 69 Eyes sort un nouvel album intitulé West End, qui nous balance en pleine face la décadence de notre société occidentale. Grâce à son savant mélange de gothic, de rock et de metal, les Finlandais nous livrent un opus sérieux, appliqué et dominé par des mélodies entrainantes. Rien de très novateur chez eux. Mais pourquoi changeraient-ils une recette qui fonctionne ? Toujours mené par le chant grave et hypnotique de Jyrki, le quintet aborde les thèmes sombres qui ont fait leur renommée : la mort « 27 & Done », les liens entre Eros et Thanatos « Death & Desire », le fantastique « Burn Witch Burn »…

Les mauvaises langues pourront arguer que le groupe ne prend aucun risque en nous proposant des titres aux tempos médiums et bourrés de groove : l’envoûtant « Black Orchid », aux riffs épais et aux refrains entêtants : les superbes « Cheyenna » et « 27 & Done ». Ce serait un peu simplifier l’analyse, car The 69 Eyes sait aussi accélérer le tempo comme sur l’excellent « The Last House On The Left » qui évoque la musique de Wednesday 13… qui est invité à pousser la chansonnette sur ce titre. La boucle est bouclée. Morceau phare de cet opus, pas seulement grâce à la présence de trois invités prestigieux (Dani Filth de Cradle Of Filth et Calico Cooper, la fille d’Alice Cooper s’ajoutant au précédent), « The Last House On The Left » est construit autour d’un riff énorme, purement metal. Une véritable réussite. Il en va de même pour « Outsiders », une composition au rythme binaire qui donne envie de secouer la tête en cadence.

La fin de l’album est néanmoins en demi-teinte, avec ce faux blues « Hell Has No Mercy » qui manque un peu d’émotion, et le passable « Be Here Now », plus dark wave que rock, qui est sauvé par quelques arrangements de guitares. C’est bien dommage, car les titres lents font aussi partie de l’ADN de The 69 Eyes, comme le prouve « Change », une power ballad mélancolique, sublimée par des guitares terriblement inspirées et des arrangements symphoniques de bon aloi. Un des grands moments de cet album qui s’inscrit dans la bonne moyenne des productions du groupe. Autant dire que les fans peuvent l’acheter les yeux fermés.

  • 1. Two Horns Up (Featuring Dani Filth)
  • 2. 27 & Done
  • 3. Black Orchid
  • 4. Change
  • 5. Burn Witch Burn
  • 6. Cheyenna
  • 7. The Last House On The Left (Featuring Calico Cooper, Dani Filth, Wednesday 13)
  • 8. Death & Desire
  • 9. Outsiders
  • 10. Be Here Now
  • 11. Hell Has No Mercy
  • Jyrki : chant
  • Bazie : guitare
  • Timo-Timo : guitare
  • Archzie : basse
  • Jussi69 : batterie

Label : Nuclear Blast

ANGEL – Helluva Band (1976)

Helluva Band sort juste un an après le premier album d’Angel. A l’époque, il faut battre le fer lorsqu’il est encore chaud. Malgré ce court laps de temps, le propos s’est légèrement durci et le son s’est épaissi, laissant un peu plus de place aux guitares. Certes, les influences progressives à la Emerson Lake & Palmer, déjà présentes sur le précédent disque, sont toujours là, mais plus diffuses. On sent une touche rock anglaise dans certains morceaux, avec des éléments proches des premiers Queen, voire des touches pop sur certains refrains. Autant dire que la variété de styles et de motifs est importante sur cette nouvelle livraison.

On pense par moments à Yes, notamment sur le deuxième morceau, « The Fortune », avec sa longue introduction futuriste aux claviers. Déjà importante sur le premier album, la présence de Greg Giuffria se fait encore plus sentir sur cette composition, comme sur « Chicken Soup », un morceau progressif sur lequel les synthétiseurs sont tempérés par un énorme riff. Là encore, l’ombre de Yes s’invite en compagnie de celle d’Emerson Lake & Palmer. Toujours progressif, « Dr. Ice » s’appuie sur de nombreux changements de rythmes et de tonalités, pour nous servir un morceau expérimental comme les aimait le Genesis de Peter Gabriel sur Nursery Crime par exemple. Angel semble s’inscrire dans cette mouvance britannique, surtout lorsqu’on pose une oreille sur le délicat « Feelings » et son piano classique qui soutient une ballade rock proche de The Who. C’est magnifique, assez étonnant par rapport aux autres compositions, mais montre toutes les possibilités de ce groupe. Le rock pompeux de « Feelin’ Right » surprend, avec son clavier omniprésent, nous ramenant à Queen avec une touche de Deep Purple dans son utilisation d’un orgue épais. Le riff est distordu, tandis que le refrain est chanté d’une voix très aigue, typique du rock progressif.

Mais tout l’album ne s’inscrit pas dans ce genre. Ce sont davantage les guitares qui sont mises en évidence sur d’autres titres. « Mirrors » est un hard rock puissant, au riff bourré de groove, à la manière de Led Zeppelin. Frank Dimino y livre une performance de grande classe. Plus proche de Deep Purple, « Pressure Point » lâche les chevaux avec son orgue chaleureux, sa guitare acérée et ses lignes vocales hallucinées. Punky Meadows s’y fend de solos typiques du hard rock qui répondent à ceux de Greg Giuffria. Plus FM, « Anyway You Want It » fait la jonction entre le rock de Boston et le hard rock d’April Wine, mêlant belles mélodies et riffs inspirés, pour une chanson qui touche immédiatement.

Meilleur que le premier album, Helluva Band présente un groupe qui découvre réellement ses capacités et qui propose des morceaux taillés pour la scène.

  • 1. Feelin’ Right
  • 2. The Fortune
  • 3. Anyway You Want It
  • 4. Dr. Ice
  • 5. Mirrors,
  • 6. Feelings
  • 7. Pressure Point
  • 8. Chicken Soup
  • 9. Angel Theme
  • Frank Dimino : Chant
  • Punky Meadows : Guitares
  • Mickey Jones : Basse
  • Barry Brandt : Batterie
  • Greg Giuffria : Claviers, piano

Producteurs : Big Jim Sullivan, Derek Lawrence

Label : Casablanca

PRETTY MAIDS – Future World (1987)

Après le succès critique de leur premier album, Red, Hot & Heavy, les Danois de Pretty Maids remettent le couvert pour nous offrir Future World, une œuvre gorgée de riffs énormes, de mélodies savamment composées et de refrains fédérateurs. Mais pour en arriver là, de nombreux changements ont été effectués. Le groupe est, en effet, passé à un unique guitariste et a changé de bassiste. Sous une magnifique pochette, les neuf morceaux sont produits par Eddie Kramer et mixés par Flemming Rasmussen et Kevin Elson. De gros moyens ont donc été mis en œuvre. Malgré cela, la musique n’a pas changé et nous entraîne dans un univers coloré qui emprunte à la fois au heavy metal et au hard rock.

Ouvrant sur le puissant et rapide « Future World », ce nouvel opus s’inscrit dans la droite ligne de ce que le groupe a déjà écrit, un certain professionnalisme en plus. En effet, si le riff est énorme, on perçoit des arrangements de meilleur niveau, comme c’est le cas sur « Loud’n’Proud », une composition très heavy, sur laquelle les claviers, bien que discrets, permettent un habillage hard rock. Le refrain évoque Krokus et le heavy allemand. Dans un esprit assez proche, « Needles In The Dark » se développe sur une cavalcade purement metal, montrant une nouvelle fois le côté le plus puissant des Danois. Malgré cela, on perçoit des touches mélodiques, notamment dans les lignes vocales de Ronnie Atkins. Plus groovy, « We Came To Rock » est un tempo lent, destiné au grand public, sur lequel les claviers soutiennent un refrain à chanter à tue-tête. Assez classique, il propose un hommage aux influences du groupe et à la musique qu’il aime.

A côté de ces titres puissants, Future World lorgne également du côté du marché américain, avec « Love Games », assez proche des Suédois d’Europe. Premier single extrait de cet album, cette chanson est une jolie carte de visite qui annonce d’autres compositions dans le même style, comme c’est le cas de l’excellent « Long Way To Go ». L’équilibre entre les guitares et la voix donne à ce titre un élan irrésistible.

Plus calmes, les ballades « Yellow Rain » et « Eye Of The Storm » font entrer le groupe dans un monde gorgé de feeling. Si les intentions plus commerciales sont évidentes, Pretty Maids s’en tire avec les honneurs en ne se montrant jamais mièvre. Ce grand écart entre le metal et les compositions plus mélodiques montre un groupe en pleine possession de ses moyens. S’il se révèle moins bon et moins original que son prédécesseur, les fans ne se trompent pas sur ses qualités puisque cet album se vend à plus de 300 000 exemplaires, propulsant les Danois vers les sommets, et même dans le Bilboard.

  • 1. Future World
  • 2. Loud’n’Proud
  • 3. Love Games
  • 4. Yellow Rain
  • 5. Rodeo
  • 6. We Came To Rock
  • 7. Needles In The Dark
  • 8. Eye Of The Storm
  • 9. Long Way To Go
  • Ronnie Atkins – chant
  • Ken Hammer – guitares
  • Phil Moorhead – batterie
  • Allan Delong – basse
  • Alan Owen – claviers

Production : Eddie Kramer

Label : CBS

LIVING DEATH – Metal Revolution (1985)

Ce deuxième album de Living Death voit le jour en 1985. Mieux produit et plus varié que le précédent, il offre toujours un condensé de speed metal furieux, auquel s’ajoutent des touches heavy plus nombreuses qu’auparavant. Ainsi, les brûlots que sont « Killing Machine » ou « Shadow of the Dawn » sont tempérés par des compositions moins rapides comme « Rulers Must Come » ou « Screaming from a Chamber ». Cela apporte une vraie plus-value à cet album qui paraît immédiatement plus réfléchi et mieux construit. Comme le son est meilleur, les compositions paraissent également meilleures.

La fougue des débuts n’ayant pas disparu, cette maturité des compositions rend l’écoute de cet album plus agréable. Les instruments, enfin sortis de la mélasse qu’était la production du premier album, montrent enfin toutes leurs possibilités. Même la voix est mieux maîtrisée. C’est évident sur « Rulers Must Come ». Moins criarde, elle module davantage, ce qui écorche un peu moins les oreilles de certains auditeurs. L’épais « Screaming from a Chamber » prouve que « Toto » peut aussi utiliser des tonalités graves et médiums.

La richesse de cet album réside également dans la variété d’influences. Certains titres se rapprochent du thrash, tels « Killing Machine » dont les changements de rythmes et les riffs renvoient au genre et « Panic & Hysteria » qui s’appuie sur rythme syncopé. On perçoit également les influences de Judas Priest sur un titre comme « Grippin’ a Heart » ou celles du heavy metal américain à la Savage Grace sur « Shadow of the Dawn ». Cela n’empêche pas Living Death de nous offrir un album original, violent et mélodique. Une belle réussite dans un genre qui a quasiment disparu de nos jours.

Une des récentes rééditions en CD a été agrémentée de cinq morceaux en public : « You & Me », « Living Death », « Bloody Dance » (un inédit présent uniquement sur une démo de 1984), « My Victim » et « Nightline ». Ceci n’a qu’un intérêt pour les fans, parce qu’on s’aperçoit des lacunes des musiciens, notamment des guitaristes et du chant.

  • 1. Killing Machine
  • 2. Grippin’ a Heart
  • 3. Rulers Must Come
  • 4. Screaming from a Chamber
  • 5. Intro
  • 6. Shadow of the Dawn
  • 7. Panic & Hysteria
  • 8. Road of Destiny
  • 9. Deep in Hell
  • Thorsten « Toto » Bergmann : Vocals
  • Frank Fricke : Guitars
  • Reiner Kelch : Guitars
  • Dieter Kelch : Bass

Andreas Oberhoff : Batterie

Label : Mausoleum records

LIVING DEATH – Vengeance of Hell (1984)

Formé en 1981 à Velbert en Allemagne par les frères Kelch et Franck Fricke, Living Death démarre réellement avec l’arrivée du chanteur Thorsten « Toto » Bergmann. Après l’enregistrement d’une démo trois titres en 1983, le groupe signe sur Mausoleum records en 1984. Vengeance of Hell surprend la critique et les fans de metal par le chant si particulier de « Toto » et le son assez sourd de l’ensemble. La production, il faut l’avouer, manque de dynamique, d’emphase et d’épaisseur. On peine parfois à distinguer chaque instrument. Néanmoins, le heavy à tendances speed metal du quatuor (c’est un musicien de session qui tient la batterie alors) ne manque pas d’intérêt. Plusieurs morceaux sont de véritables brûlots qui transportent l’auditeur, comme le furieux « You and Me » qui ouvre les hostilités, le déjanté « Living Death » sur lequel les cris de « Toto » sont hallucinés ou encore l’effrayant « My Victim » dont les riffs moulinent de plus en plus vite.  

Placés sous le sceau de la rapidité, beaucoup de titres se ressemblent et se servent de structures assez classiques, mais en accéléré. Malgré cela, on peut admirer la dextérité des guitaristes, notamment sur le bien nommé « Heavy Metal Hurricane ». L’album n’en est pas pour autant linéaire. Des variations apparaissent à plusieurs endroits, comme sur « Vengeance of Hell » qui s’appuie sur un tempo médium pour mieux accélérer l’allure lors des refrains. « Hellpike » démarre même lentement, avant de se développer en une irrésistible cavalcade débouchant sur un refrain chanté avec une voix moins aigue que le reste de l’album.

Ces changements de rythmes sont les bienvenus. Ainsi, « Night Light » est un pur moment de heavy metal, pesant et malsain, tandis que « Riding a Virgin » est une pièce plus complexe qui permet de beaux duels de guitares. On regrettera la présence de ce batteur invité qui massacre ses fûts plus qu’il ne les caresse et dont l’instrument ne bénéficie pas d’un mixage correct. Vengeance Of Hell se révèle être un bon album de speed metal, témoignage d’une époque révolue. La réédition en CD accueille l’inédit « Watch Out » extrait du EP sorti en 1985 qui ne dépare pas l’ensemble et paraît mieux produit.

  • 1. You and Me
  • 2. Living Death
  • 3. Night Light
  • 4. My Victim
  • 5. Labyrinth
  • 6. Heavy Metal Hurricane
  • 7. Hellpike
  • 8. Riding a Virgin
  • 9. Vengeance of Hell
  • Thorsten « Toto » Bergmann : Chant
  • Frank Fricke : Guitares
  • Reiner Kelch : Guitares
  • Dieter Kelch : Basse

Production : Axel Thubeauville

Label : Mausoleum records/Earthsake records

SLAYER – The Repentless Killogy (Live At The Forum In Inglewood, CA) (2019)

Afin de soutenir son album Repentless, Slayer a mis les bouchées doubles pour tourner à travers le monde, puis rendre compte de ses concerts grâce à ce double live (accompagné d’un DVD si vous le désirez). En 21 titres, Slayer revisite donc une partie de sa discographie, en alignant aussi bien des classiques que des morceaux plus récents, avec cette puissance et cette débauche d’énergie qui caractérisent les Américains. Après l’introduction « Delusions Of Saviour », « Repentless » ouvre les hostilités à grands renforts de riffs écrasants et de ce rythme thrash si caractéristique qui a fait de ce morceau une réussite. Si l’interprétation est impeccable, il n’en va pas de même pour le son qui manque un peu de dynamique et de profondeur. Cela s’arrange sur certains morceaux, mais on peut être un peu désorienté lorsqu’on est fan du groupe par le manque de puissance, alors qu’en live, le groupe écrase tout sur son passage. Il faut donc pousser le volume à fond pour bénéficier d’un déferlement digne de ce nom. En contrepartie, certains hurlements du public s’incrustent, notamment lorsque Tom Araya ne chante pas. Je dois avouer que ça m’a vite énervé. Je ne suis pas adepte des overdubs trop marquants, mais là, ça donne l’impression qu’on a payé trois allumés pour gueuler ou que ces cris ont été rajoutés au mixage…

Sinon, on retrouve les bombes que sont « The Antichrist », « Mandatory Suicide » et « War Ensemble » qui nous scotchent dès le premier CD, en plus du final composé des énormes « Seasons In The Abyss », « Hell Awaits », « South Of Heaven », « Raining Blood », « Chemical Warfare » et « Angel Of Death ». D’ailleurs ce n’est pas un final, mais une apocalypse, tant l’association de ces morceaux ne peut qu’écraser l’auditeur et lui faire comprendre que Slayer est toujours une machine de guerre. Mais qui pouvait en douter ? La paire de guitaristes Gary Holt/Kerry King mouline à s’en brûler les mains, nous assénant des riffs corrosifs, avant de passer à des solos qui ressortent de ce maelstrom comme par miracle. L’ensemble est violent, ancré dans un thrash sans concessions et joué avec une ferveur digne de leur jeunesse.

Côté nouveautés, en plus de « Repentless » et de son introduction, Slayer extraie trois autres morceaux de son dernier album studio, à savoir l’énorme « You Against You », le plus nuancé « When The Stillness Comes » qui marque une pause salutaire au milieu de cet enfer et le lourd et un peu brouillon « Cast The First Stone » qui tient bien la route avant « Bloodline », mais souffre de la comparaison avec le final. En revanche, le groupe délaisse quasiment World Painted Blood dont il ne joue que « Hate Worldwide » dont la déferlante emporte tout sur son passage. Autre surprise, Slayer oublie totalement Christ Illusion, Divine Intervention et Diabolus in Musica. Tout cela se discute, évidemment, surtout qu’aucun album live officiel n’était sorti depuis Undisputed Attitude (1991), mais un regard plus large porté sur sa discographie aurait rendu ce double live indispensable.

The Repentless Killogy (Live At The Forum In Inglewood, CA) est un bon album, incontournable pour tout fan de Slayer, mais qui ne rend pas réellement hommage au talent hors norme de ce groupe.

  • 1. Delusions Of Saviour
  • 2. Repentless
  • 3. The Antichrist
  • 4. Disciple
  • 5. Post Mortem
  • 6. Hate Worldwide
  • 7. War Ensemble
  • 8. When The Stillness Comes
  • 9. You Against You
  • 10. Mandatory Suicide
  • 11. Hallowed Point
  • 12. Dead Skin Mask
  • 13. Born Of Fire
  • 14. Cast The First Stone
  • 15. Bloodline
  • 16. Seasons In The Abyss
  • 17. Hell Awaits
  • 18. South Of Heaven
  • 19. Raining Blood
  • 20. Chemical Warfare
  • 21. Angel Of Death
  • Tom Araya : Basse, chant
  • Paul Bostaph : Batterie
  • Gary Holt : Guitares
  • Kerry King : Guitares

Label : Nuclear Blast

ANGEL – Risen (2019)

Vingt ans après In the Beginning, passé totalement inaperçu chez nous, Angel revient avec Risen, dans une formation bien différente de celle de ses débuts. En effet, il ne demeure que Punky Meadows et Frank Dimino qui sont secondés par quatre autres musiciens, faisant d’Angel un sextet. La musique, également, a évolué, s’adaptant à notre époque, notamment grâce à un son énorme qui met en avant les riffs de Punky Meadows et le caractère méthodique de la section rythmique. Cette énergie propulse les titres et les dynamise, ce qui permet à Angel de ne pas paraître dépassé par les groupes contemporains. D’ailleurs, de ce côté-là, il n’y a rien à craindre, car le groupe s’est surpassé afin de nous livrer des compositions soignées, dont les lignes vocales, à la fois ancrées dans le passé et le présent, deviennent vite addictives. Il en va de même pour les structures musicales qui s’appuient sur des motifs propres au hard FM et à l’AOR, avec quelques incursions plus agressives dans le hard rock. Cela donne un album varié, qui n’oublie pas les racines du groupe, tout en se projetant vers l’avenir.

Débutant par « Angel Theme », celui-là même qu’on peut trouver à la fin du premier album, Risen nous rappelle les origines du groupe, ce qui est confirmé par la chanson « 1975 », une ode un peu nostalgique, soutenue par un beau refrain et des chœurs pop/AOR. Dans un esprit assez proche, la ballade « I.O.U » présente une promenade acoustique du plus bel effet, tandis que « Tell Me Why » s’inscrit dans un AOR coloré aux années 1970, qui se rapproche de certaines compositions de Cheap Trick. C’est frais, léger et nous ramène à ce qu’Angel faisait sur ses deuxième et troisième albums. Toujours ancré dans les années 1970, « Stand Up » s’appuie sur de jolies mélodies vocales, pour un titre un peu plus enlevé et diablement efficace. Autre référence aux débuts du groupe, la reprise de leur tube « Tower » qui, je dois le reconnaître est très bien faite, mais n’apporte rien par rapport à l’originale. La magie de l’introduction jouée par Greg Giuffria a par ailleurs disparu, n’en déplaise au groupe.

Mais ne nous arrêtons pas à ça, car il existe bien des pépites sur cet album, à commencer par les petites bombes hard FM que sont l’excellente « Shot Of Your Love » qui nous prouve que Frank Dimino n’a rien perdu de ses capacités vocales et le puissant « We Were The Wild » porté par un énorme riff et des nappes de claviers inspirées. Ces deux titres donnent la pêche, mais moins que l’entêtant « Our Revolution » qui possède toutes les qualités pour devenir un classique, non seulement grâce à son refrain évident, mais aussi par son riff épais. Une vraie merveille. « My Sanctuary » est également une réussite, tant cette chanson donne envie de chanter à tue-tête. Punky Meadows s’y fend également d’un joli solo bourré de feeling.

Il faut dire que l’auditeur est gâté par les guitares. Le groovy « (Punky’s Couch Blues) Locked Cocked Ready To Rock » en apporte une preuve irréfutable avec ses touches blues et ses riffs très américains. Porté par un riff saturé, « Under The Gun » est un bon titre hard rock mélodique, alors que « Slow Down » nous emporte dans sa ronde infernale sans jamais nous lâcher.

Risen est un album indispensable de cette année 2019 et marque le retour réussi d’un groupe légendaire. Ne boudons pas notre plaisir pour le remettre encore et encore sur la platine.

  • 1. Angel Theme
  • 2. Under The Gun
  • 3. Shot Of Your Love
  • 4. Slow Down
  • 5. Over My Head
  • 6. 1975
  • 7. We Were The Wild
  • 8. I.O.U
  • 9. (Punky’s Couch Blues) Locked Cocked Ready To Rock
  • 10. Turn Around
  • 11. Desire
  • 12. Our Revolution
  • 13. Tell Me Why
  • 14. Don’t Want You To Go
  • 15. Stand Up
  • 16. My Sanctuary
  • 17. Tower (2019)
  • Frank Dimino : Chant
  • Punky Meadows : Guitares
  • Danny Farrow : Guitares
  • Steve Ojane : Basse
  • Billy Orrico : Batterie
  • Charlie Calv : Claviers

Label : Cleopatra Records

ANGEL – Angel (1975)

Formé à Washington DC par Punky Meadows et Mickey Jones, Angel est rapidement repéré dans un club par Gene Simmons, le bassiste chanteur de Kiss qui les fait signer sur le label Casablanca. Leur premier album sort quelques mois plus tard et propose un rock à tendances progressives sur lequel dominent à la fois les arrangements de claviers de Greg Giuffria et la voix aérienne de Frank Dimino. L’introduction de « The Tower » est d’ailleurs représentative de cette première période du groupe, tant elle est reconnaissable. Propulsé par le thème futuriste joué au synthétiseur, « The Tower » inscrit immédiatement Angel parmi les espoirs du rock de ce milieu des années 1970. Jouant avec différentes intensités, ce titre flirte avec le rock et l’AOR, notamment boosté par un riff répétitif et un refrain fédérateur. Plus planant, « Long Time » s’inscrit entre les morceaux lents de Led Zeppelin ou d’Aerosmith et le rock progressif de Jethro Tull. S’il est représentatif d’une époque, il se remarque par son riff répétitif et son beau solo de guitares.

Plus puissants, « Rock & Rollers » et « On & On » montrent la face hard rock du groupe, grâce à des riffs distordus et une section rythmique puissante. Si une certaine proximité avec Kiss apparaît sur le premier cité, les touches progressives sont notables et inscrivent ces morceaux dans la lignée des deux premiers albums de Rush. Les guitares de Punky Meadows sont incisives et ses solos inspirés, mais l’ensemble est modéré par des lignes vocales recherchées. Sombre et épais, « Broken Dreams » associe des riffs de guitares à un orgue chaud dont le thème récursif envoûte l’auditeur à la manière d’un morceau de Black Sabbath. La comparaison pourrait paraître osée, mais ce titre est le plus noir d’Angel et peut-être l’un des plus aboutis de cette époque. La preuve, le groupe le joue toujours sur scène de nos jours.

L’ensemble est finement produit par Big Jim Sullivan et Derek Lawrence qui parviennent à trouver un juste équilibre entre les différents instruments, conférant à cet album un son qui, aujourd’hui encore, est pertinent. Cela se ressent notamment sur les titres les plus progressifs, comme « Mariner », qui évoque Emerson, Lake & Palmer par certains côtés, voire les Who, et qui permet au groupe de montrer un réel feeling. Encore plus planant, l’instrumental « Angel (Theme) » est particulièrement bien ancré dans son époque avec ses nappes de claviers qui se développent pour clore cet album. Si le groupe a été critiqué pour ses tenues immaculées, certains critiques de l’époque sont passés à côté des qualités de compositeurs du quintet, car Angel est un bon album, inventif et bourré de trouvailles, même si le groupe se cherche encore une réelle identité.

  • 1. Tower
  • 2. Long Time
  • 3. Rock & Rollers
  • 4. Broken Dreams
  • 5. Mariner
  • 6. Sunday Morning
  • 7. On & On
  • 8. Angel (Theme)
  • Frank Dimino : Chant
  • Punky Meadows : Guitares
  • Mickey Jones : Basse
  • Barry Brandt : Batterie
  • Greg Giuffria : Claviers, piano

Producteurs : Big Jim Sullivan, Derek Lawrence

Label : Casablanca

GAME OVER – Blessed Are The Herectics (2017)

Après trois albums inscrits dans la mouvance néo-thrash, les Italiens de Game Over reviennent avec un cadeau pour leurs fans : un EP 6 titres contenant un inédit : « Blessed Are The Heretics », longue plage de thrash inspiré par la vague de la Bay Area avec des éléments plus contemporains, notamment dans ses nombreux changements de rythmes. Ensuite, vient « Mai Piu », une version en italien de leur titre « No More », issu de leur deuxième album. Cela lui apporte un côté exotique assez amusant. L’ensemble est compact, furieux, avec un refrain direct.

La suite est encore plus étonnante, avec une reprise déjantée du titre « You Spin Me Round (Like A Record) » de Dead Or Alive, que Game Over dynamite du début à la fin en accélérant le rythme jusqu’à en réduire la durée de vingt secondes. Autant dire qu’ils parviennent à faire quelque chose de cette daube intégrale, y insérant même de jolis solos de guitares. Excellent travail du batteur qui explose tout sur son passage.

Il s’ensuit trois morceaux en concert : « Mountains of Madness », « Fix Your Brain » et « C.H.U.C.K. ». Le son est excellent, le mixage également, puisqu’on peut entendre distinctement chaque instrument, même la basse, souvent oubliée sur ce genre de disques. Le choix des trois titres est intéressant, car cela nous permet de saisir la puissance du groupe en concert. Aucune faute de goût. L’ensemble est bien écrit, bien interprété et gorgé d’une fureur contrôlée qui fait plaisir à entendre.

En cinq titres, ce jeune groupe nous envoûte grâce à son univers multicolore qui puise à différentes sources.

  • 1. Blessed Are The Heretics
  • 2. Mai Più
  • 3. You Spin Me Round (like A Record) (cover)
  • 4. Mountains Of Madness (live)
  • 5. Fix Your Brain (live)
  • 6. C.h.u.c.k. (live)
  • Renato ‘reno’ Chiccoli : Chant, basse
  • Luca ‘ziro’ Zironi : Guitares, chœurs
  • Alessandro ‘sanso’ Sansone : Guitares
  • Anthony ‘vender’ Dantone : Batterie

Label : Scarlet Records

FAS IV – Rat Trap (2016)

Déboulant de San Francisco, ce trio nous claque un premier album percutant, nourri aux sonorités de Led Zeppelin, des Who, de Thin Lizzy, voire de Queen ou des premiers Genesis version Peter Gabriel. Autant dire que FAS IV a puisé son inspiration dans les années 1970 pour nous offrir un album atemporel qui frappe dès son entame avec un « Witchcraft » possédé qui devrait devenir un classique, et qui renvoie autant à Led Zeppelin qu’aux White Stripes. Le son est aussi granuleux qu’une râpe à bois et permet à la voix de Frank Abreau Salazar de nous montrer toute l’étendue de son talent. Il y a du Robert Plant ou du Lenny Wolf (Kindgom Come) en lui.

Après cette mise en bouche démesurée, le groupe passe d’un hard rock très seventies : « Double Lie » au riff virevoltant et au refrain entêtant ou le déjanté « I’m On Drugs », à un rock mélodique éclairé par un orgue chaud : « Everybody Knows » ou la ballade groovy : « Mind’s Eyes », pour s’égayer ensuite sur des pièces plus progressives comme « Tightropes » qui puise autant chez Queen que chez Genesis. Les styles sont si différents d’un morceau à l’autre que l’on croirait écouter un album de Faith No More passé à la moulinette de années ’70. Autant dire que rien n’est à jeter et qu’il est impossible de résister à la folie d’un « Drive » ou à la musicalité d’un « All The World Is A Stranger Hotel », éclairé par une guitare psychédélique du plus bel effet.

Une nouvelle fois, le label Bad Reputation a eu le nez creux pour aller dénicher cette perle, non pas aux Antipodes, mais outre-Atlantique. Et il ne fait aucun doute, qu’à l’instar d’un Blues Pills qui défraie la chronique depuis quelques années, FAS IV possède tous les atouts et tout le talent nécessaire pour faire une grande carrière en surfant sur la vague d’un revival salutaire qui sait mettre en avant les compositions avant l’image. Ces Américains ont tout compris à la musique et je vous invite à jeter plus qu’une oreille sur cette petite bombe de feeling, de mélodies et puissance.

Rien n’est à jeter, mais il manque ce petit grain de folie qui ferait passer Cry Of Dawn du rang de groupe studieux à celui d’espoir du genre.

  • 1. Witchcraft
  • 2. Double Life
  • 3. Dead In My Tracks
  • 4. Everybody Knows
  • 5. Rat Trap
  • 6. All The World Is A Strange Hotel
  • 7. Voices
  • 8. Tightrope
  • 9. Mind’s Eye
  • 10. Police
  • 11. Drive
  • 12. I’m On Drugs
  • Frank Abreau Salazar : Chant, guitares
  • Miles Delaco, basse
  • Tim Aristil : Batterie

Label : Bad reputation

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