X-ROMANCE – Voices From The Past (2019)

Originaire de Suède, X-Romance a été formé par le bassiste Anders Rönnblom (Killer Bee) et le claviériste Thomas Widmark, tous deux issus de Romance dont ils ont voulu raviver la flamme. Pour cela, ils ont déterré de vieilles démos, et ont fait appel à des amis : les guitaristes Mikael Dahlin et Fredrik Tjerneld de Killer Bee, le chanteur Andreas Novak (House Of Shakira) et le batteur Kenta Karlbom (Goatess). Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont eu raison de le faire, car les amateurs d’AOR vont certainement trouver dans ces dix titres de quoi agrémenter quelques heures d’écoute. Si X-Romance n’invente pas la poudre, il nous livre-là un superbe album de rock mélodique « Over and Over », teinté de hard rock comme sur l’excellent et rythmé « Total Madness ». Même si les claviers sont omniprésents, ils n’encombrent jamais l’espace, laissant de la place aux guitares : le nerveux « Bad Connection », et surtout à la voix. Andreas Novak est, en effet, un atout majeur de cet opus. Epaulé par des chœurs savamment mixés et équilibrés lors des refrains, ses lignes vocales sont mises en avant avec bonheur.

Si le groupe ne cache pas ses influences : Bon Jovi et Toto sur « Lonely », les compositions de Desmond Child notamment sur « You and I », celles-ci ne sont jamais envahissantes et passent plutôt comme des hommages à ces grands compositeurs du genre. L’auditeur savoure donc sans aucune retenue ces petits bijoux que sont le sucré « Straight through your Heart » aux faux airs de Survivor, le superbe et entraînant « Pushing On » dont l’orgue chaud et le refrain nous collent longtemps à la peau ou le rock « Temporary Love » aux riffs très américains et sur lequel les guitaristes nous montrent à la fois leur technique et leur feeling. Un des grands moments de cet album. En dix titres, le groupe explore tous les courants de l’AOR et du hard FM, offrant une riche palette.

Avec « Somebody out there Loves You », nous avons évidemment droit à l’incontournable ballade. Si ses paroles sont assez attendues, l’équilibre trouvé entre les guitares incisives et le refrain en fait un bon moment. C’est également le cas de l’instrumental « Departure » aux accents presque néoclassiques qui clôt cet album. En trois minutes, les musiciens nous prouvent qu’ils sont capables de jouer de tous les styles, passant de duels fluides à des parties plus mélodiques, sans jamais perdre le fil.

Voices From The Past est une totale réussite qui devrait plaire aussi bien aux amateurs d’AOR et de hard FM qu’aux fans de hard rock et à ceux qui aiment les belles mélodies. Une découverte étonnante.

  • 1. Lonely
  • 2. Bad Connection
  • 3. Over and Over
  • 4. You and I
  • 5. Total Madness
  • 6. Straight through your Heart
  • 7. Temporary Love
  • 8. Pushing On
  • 9. Somebody out there Loves You
  • 10. Departure

  • Andreas Novak – Chant
  • Fredrik Tjerneld – Guitare rythmique et lead
  • Mikael Dahlin – Guitare rythmique et lead
  • Anders Rönnblom – Basse
  • Thomas Widmark – Claviers
  • Kenta Karlbom – Batterie

Label : AOR Heaven

HYPOCRISY – The Final Chapter (1997)

Annoncé comme le dernier album du groupe formé par le producteur et musicien Peter Tätgtren, The Final Chapter paraît en 1997, sans aucune pression. Cinquième album des Suédois, il propose un death metal carré, furieux, teinté de thrash et terriblement groovy. Dans un style différent du death suédois d’Entombed, Grave ou Dismember, Hypocrisy livre un album de death metal puissant et original, dont les racines heavy transpirent à travers des compositions telles que le pesant « Inquire Within », au refrain ciselé, l’inquiétant « A Coming Race » ou le caverneux « Lies ». Les riffs sont écrasants, malsains, tout en ne perdant jamais ce fil mélodique qui est la marque de fabrique du groupe.

Ecrit et produit de main de maître, The Final Chapter semble tout donner dès le départ. « Inseminated Adoption » repousse les limites du genre en le métissant au thrash, tandis que les riffs, épais et corrosifs, saisissent l’auditeur à la gorge.  La voix de Peter n’a jamais été aussi bonne. Il le prouve sur « Dominion », une ode furieuse qui déferle sur la scène metal avec rage et envie. La guitare délivre des riffs qui déchirent le voile entre le death et le heavy, s’imprégnant même d’une folie quasi black sur « Last Vanguard ». Le propos devient plus enragé encore sur « Adjusting the Sun », qui entraîne l’auditeur dans un périple aux multiples changements de rythmes et aux riffs tourbillonnants ou écrasants inspirés du power metal. Les growls achèvent de transporter l’ensemble dans le death, tandis que l’intensité grandit jusqu’au solo. Pourtant, ce n’est rien à côté du démentiel « Through the Window of Time » qui apparaît comme la parfaite alchimie entre tous les genres extrêmes. Malsain comme un film de SF des années 50, pesant comme un album de Grave et vrombissant comme du Mayhem, ce titre possède une telle énergie thrash qu’il est difficile d’y résister.

Hypocrisy est au sommet de son art et ose tout. Sur « Shamateur », le trio flirte avec le black, aussi bien dans les ambiances mises en place que dans l’utilisation de riffs angoissants. Pourtant, le son épais, les growls et la section rythmique inscrivent ce morceau dans un death sombre aux influences orientales. C’est également vers une musique d’ambiance que tend le complexe « The Final Chapter » qui clôt cet album, après l’étonnante reprise du « Evil Invaders » de thrashers canadien de Razor. Prouvant l’amour de Peter pour le genre, ce morceau est dopé à l’adrénaline et à l’EPO pour lui donner un coup de jeune et le propulser vers des sphères inaccessibles aux créateurs de cette chanson.

Considéré par beaucoup comme le meilleur album du groupe, The Final Chapter est une œuvre complexe, habile, sans aucun complexe, que nous livre un groupe au sommet de son art. Après l’excellente réception des fans, le groupe décide de poursuivre et sort deux ans plus tard le live Hypocrisy Destroys Wacken, une nouvelle réussite.

  • 1. Inseminated Adoption
  • 2. A Coming Race
  • 3. Dominion
  • 4. Inquire Within
  • 5. Last Vanguard
  • 6. Request Denied
  • 7. Through the Window of Time
  • 8. Shamateur
  • 9. Adjusting the Sun
  • 10. Lies
  • 11. Evil Invaders (Razor cover)
  • 12. The Final Chapter
  • Peter Tägtgren − vocals, electric guitar, keyboards
  • Mikael Hedlund − bass guitar
  • Lars Szöke – drums

Production et mixage : Peter Tägtgren

Label : Nuclear Blast

RAZORMAID – First Cutt (1987)

Originaire de Reno dans le Nevada, Razormaid publie un unique album en 1987, dans un style varié qui oscille entre hard rock et de heavy metal, avec parfois des touches de glam, le tout emmené par des guitares puissantes et techniques et un chant bien en place. En onze morceaux, tous d’une évidente qualité, ce quintet nous prouve qu’il était au moins à la hauteur de la plupart des formations qui avaient pignon sur rue à l’époque. Il suffit de jeter une oreille sur l’excellent « Blue Thunder » pour s’en convaincre. Appuyé sur un riff enlevé, ce titre nous entraîne dans un heavy rock soigné, que viennent rehausser des solos techniques et fluides. C’est d’ailleurs ce qui frappe sur cet album, la qualité des musiciens. Chaque intervention des guitares transpire la classe, comme c’est le cas aussi pour le chant de Jamie Lee qui montre toute sa classe sur « Sooner or Later », un hit en puissance qui aurait dû atterrir sur toutes les chaînes de télévision de l’époque si le groupe avait eu les moyens de tourner un clip. Son refrain entre dans la tête pour ne plus en sortir. On n’est pas loin d’un Poison en plus puissant, comme nous le montre « Fight for Your Love », un autre morceau qui aurait dû tout renverser en radio ou de Nigthranger sur « Obsession » dont les claviers apportent une touche plus mélodique. Sur ce dernier titre, le groupe mélange les styles, apportant une touche rock FM à son hard rock. Le résultat est vraiment réussi tant les arrangements sont subtils.

Afin de contrebalancer ce moment un peu plus calme, Razormaid propose « Livin’ on the Run », un hard rock mid-tempo au riff énorme qui conduit à un refrain un peu convenu. Mais les changements de tonalités, les interventions des guitares et les chœurs donnent envie de chanter à tue-tête. La face A se termine par « Victim of the Night », un pur morceau heavy, bien gras, qui lorgne un peu du côté de Judas Priest, ce qui étonne après les précédents titres. Mais cette attirance pour les riffs puissants se confirme dès « Rock ‘n’ Roll Invasion » qui s’appuie sur une structure clairement metal pour ensuite alléger le propos grâce à un refrain aux chœurs aigus, plus proche du glam que du heavy metal. Razormaid ne se cantonne donc pas à un style unique ce qui, peut-être, est une explication quant à sa non signature sur un gros label. Dommage.

« The Drifter » poursuit son exploration de la veine la plus sombre du groupe, avec un mid-tempo énorme, aux guitares grasses, au chant hurlé et au refrain épique. L’ensemble est lourd et se rapproche des groupes européens, ce qui n’est pas le cas de la ballade « Second Time Around » qui parvient à faire le lien entre les deux côtés de l’Atlantique en proposant une chanson jamais mièvre qui joue avec des ambiances mélancoliques et permet aux guitaristes d’éclabousser cette chanson de leur talent. L’album se poursuit avec le heavy rock « Too Late » qui parvient à faire la jonction entre Survivor et Van Halen. Une belle preuve de l’éclectisme de ce groupe qui termine son album sur « Racing with Time » aux solos néo-classiques du plus bel effet.

En finissant l’écoute de cet album, on se dit que ce groupe a raté le coche. Il se sépare assez rapidement. John Kirk and Curtis Mitchell forment alors Bangalore Choir qui voit débouler la vague grunge au moment où le succès aurait pu arriver. Certains artistes n’ont décidément pas de chance. Reste cette petite pépite qui a été rééditée en CD en 2000.

  • 1. Sooner or Later
  • 2. Fight for Your Love
  • 3. Blue Thunder
  • 4. Obsession
  • 5. Livin’ on the Run
  • 6. Victim of the Night
  • 7. Rock ‘n’ Roll Invasion
  • 8. The Drifter
  • 9. Second Time Around 
  • 10. Too Late
  • 11. Racing with Time
  • Jamie Lee :  Chant
  • Curt Mitchell : Guitares, Claviers 
  • John Kirk : Guitares 
  • Dave Wix : Basse 
  • Dean Clarkson : Batterie

KENNY WAYNE SHEPHERD – The Traveler (2019)

Ce huitième album du guitariste Kenny Wayne Shepherd sort deux ans seulement après Lay It On Down, et poursuit le cheminement de cet artiste dont plusieurs opus ont été certifiés multiplatines aux Etats-Unis. Entouré d’un groupe solide, dont on peut ressortir Chris Layton, l’ancien batteur de Stevie Ray Vaughn et l’excellent chanteur Noah Hunt, le guitariste nous propose un superbe disque de blues, composé de morceaux originaux et de reprises triées sur le volet.

Dès les premières mesures de « Woman Like You », sa guitare sait se faire à la fois énergique et enjôleuse, en mêlant puissance et feeling, dans un soyeux mélange qui se situe entre le texas blues blanc et le southern rock, avec cet apport d’orgue caractéristique et la voix de Noah Hunt. Placé en début d’album, ce morceau est irrésistible et donne le ton à la suite. Nourri au rock, à la manière de ce que pouvait offrir Point Blank, « Long Time Running » poursuit ce travail en étant soutenu par des claviers qui permettent de donner du relief à la guitare.  

Dans un style plus torturé et lyrique, « Tailwind » permet au guitariste de nous offrir de superbes solos colorés par des sons de cuivres. Le rythme lancinant et les nappes d’orgues font de cette chanson un pur moment de blues à l’ancienne, inspiré par le west side blues. Kenny Wayne Shepherd connaît parfaitement son affaire et le genre, en insufflant des éléments country dans « Take it Home » qu’il développe dans cette ballade qui fleure bon le sud des Etats-Unis. Il sait également se faire ensorceleur sur le mid tempo « I Want You », servi par une rythmique hachée, sur laquelle la construction en douze mesures vient s’appuyer pour mieux cueillir l’auditeur.

Mais les musiciens ne se cantonnent pas au blues et explorent un rock teinté de soul sur « Gravity » ou de pop sur « Better With Time ». Sincèrement, ce sont les deux titres qui m’ont le moins intéressé, tant ils semblent manquer de corps. En revanche, on louera la reprise du « Turn To Stone » de Joe Walsh, extrait de son premier album solo à sa sortie du James Gang et avant son entrée chez les Eagles. La rendant plus énergique, tout en respectant la version d’origine, Kenny Wayne Shepherd parvient à lui insuffler une vraie personnalité.  Autre reprise réussie, « Mr Soul » extrait du deuxième album de Buffalo Springfield se paie une cure de jouvence tout en conservant son riff typique des années 1970 qui n’est pas sans rappeler les Rolling Stones. Les apports de blues dans cette nouvelle version en font un morceau imparable.

Au final, Kenny Wayne Shepherd nous offre un album solide, toujours aussi inspiré, et qui devrait plaire au plus grand nombre grâce à ses deux titres plus rock. Pour ma part, c’est le reste de cet opus qui m’a interpellé.

  • 1. Woman Like You
  • 2. Long Time Running
  • 3. I Want You
  • 4. Tailwind
  • 5. Gravity
  • 6. We All Alright
  • 7. Take It On Home
  • 8. Mr. Soul
  • 9. Better With Time
  • 10. Turn To Stone
  • Kenny Wayne Shepherd : Guitares
  • Noah Hunt : Chant
  • Chris “Whipper” Layton : Batterie
  • Kevin McCormick : Basse
  • Jimmy McGorman : Claviers
  • Joe Krown : Claviers

Label : Provogue/Mascot Records

ADAGIO – Life (2017)

Il aura fallu attendre huit ans pour qu’Adagio nous propose son cinquième album. Huit années de latence dues à de profonds désaccords entre Stéphane Forté et sa maison de disques notamment. Huit années perdues pour les fans qui attendaient avec impatience cette nouvelle œuvre. Cela me permet de pousser un coup de gueule. Que ces décideurs, qui croient toujours en savoir plus que les autres et ne pensent souvent qu’à l’argent, laissent un peu s’exprimer les artistes. Parce que de telles décisions pénalisent tout le monde. On ne compte plus les cas de groupes s’étant perdus à cause de telles décisions.

Mais revenons à l’œuvre en elle-même, parce qu’il s’agit réellement d’une œuvre et pas uniquement d’un disque de metal. Car Adagio s’est surpassé tout au long de ces neuf tires qui puisent à la fois dans le power metal, le progressif, le néo-classique et le jazz rock. Dès les neuf minutes de « Life » qui ouvre le bal, on comprend que le groupe s’est éloigné du style néo-classique de ses débuts pour aborder des motifs plus complexes, parfois plus sombres : « Subrahmanya » et sa rythmique d’une rare complexité. Les apports classiques et symphoniques sont nombreux (le bouillonnant « Darkness Machine », « Secluded Within Myself » et son piano omniprésent) et entraînent la musique du groupe vers des sphères plus extrêmes. Leur nouveau chanteur Kelly Sundown (Darkology, Epysode, ex-Beyond Twilight, ex-Firewind…) apporte sa voix puissante qui s’adapte à de nombreux registres. Une excellente recrue pour Adagio.

Autre arrivée notable, celle du batteur Guillaume Bergiron dont la technique permet de mettre en place une rythmique complexe et efficace qui s’accorde parfaitement à la basse de Franck Hermanny : « The Ladder » qui évoque parfois Mekong Delta ou « Secluded Within Myself » à l’ambiance oppressante. Car il fallait bien cela pour digérer ces compositions torturées, riches en changements de rythmes, en mélodies et en techniques, comme l’excellent « Torn » qui n’a rien à envier aux meilleures formations du genre. En effet, Stéphane Forté et Adagio ont accouché de leur œuvre la plus aboutie, certainement aussi la moins accessible, mais dont il faut une multitude d’écoutes pour en saisir toutes les subtilités. « Trippin’ away » développe ainsi des motifs pleins de finesse qui dépassent les limites du metal pour nous offrir un vrai moment d’émotion.

A la manière de Symphony X, Adagio atteint des sommets inaccessibles au commun des mortels. On comprend mieux les craintes des pseudos connaisseurs du milieu musical, il faut un minimum de connaissances et d’oreille pour appréhender une telle richesse.

  • 1. Life
  • 2. The Ladder
  • 3. Subrahmanya
  • 4. The Grand Spirit Voyage
  • 5. Darkness Machine
  • 6. I’ll Possess You
  • 7. Secluded Within Myself
  • 8. Trippin’ away
  • 9. Torn
  • Stéphan Forté – Guitare
  • Franck Hermanny – Basse
  • Kevin Codfert – Claviers
  • Mayline – Violon
  • Jelly Cardarelli – Batterie
  • Kelly Sundown Carpenter – Chant   

Label : Klonosphère

ADRENALINE MOB – We The People (2017)

Un troisième album n’est jamais chose facile pour un groupe, surtout lorsqu’on s’appelle Adrenaline Mob et que la fatalité vient de vous frapper en pleine tournée avec la mort de votre batteur A.J. Pero et que la géométrie de votre section rythmique est très variable. Après le retour sporadique de Mike Portnoy, présent sur le premier album, c’est Jordan Cannata qui tient les baguettes à présent. Ce mélange de drames et de péripéties diverses semble avoir augmenté la détermination du chanteur Russell Allen (Symphony X) et du guitariste Mike Orlando qui délivrent une œuvre puissante, dont le morceau éponyme « We The People » lorgne du côté du nu-metal, comme c’est le cas aussi du monstrueux « King Of The Ring » que ne renierait pas Disturbed ou du rapide « Ignorance & Greed » qui voit Russel Allen pousser sa voix dans les graves tandis que Mike Orlando tisse des riffs d’une rare complexité.

Pourtant, Adrenaline Mob ne peut se résumer à ces incursions dans le metal moderne, puisque le groupe nous offre une large palette d’atmosphères qui le voit jouer avec des ambiances plus calmes, comme sur le mélodique « Bleeding Hands » qui mêle passages acoustiques et envolées de guitares lors des soli. Le groupe se permet également des incursions presque progressives notamment sur le complexe « Lords Of Thunder » qui alterne passages très lourds et couplets mélodiques à la manière d’un Dio. C’est d’ailleurs cette influence que l’on retrouve sur « Blind Leading The Blind » aux mélodies hypnotiques et qui nous prouve, s’il le fallait encore, que Russell Allen est l’un des meilleurs chanteurs actuels.

Tout au long de cette heure de musique intense, intelligente, Adrenaline Mob nous offre un voyage passionnant qui nous fait passer par toutes les émotions possibles. Il suffit d’écouter le beau « Chasing Dragons » aux ponts hérités du jazz rock et au refrain soigné pour s’en persuader. On se dit également qu’un morceau comme « Raise ‘Em Up » devrait donner en concert avec son riff destiné au headbanging, tandis que l’appropriation du « Rebell Yell » de Billy Idol prouve que le groupe est au sommet de son art.

N’en déplaise à ceux qui attendaient autre chose de cet album, We The People est une œuvre importante de ce début d’année 2017 qui propose des chansons subtiles aux arrangements disposés par couches successives et une rage indéniable.

  • 1. King of the Ring
  • 2. We the People
  • 3. The Killer’s Inside
  • 4. Bleeding Hands
  • 5. Chasing Dragons
  • 6. Til the Head Explodes
  • 7. What You’re Made Of
  • 8. Raise ‘Em Up
  • 9. Ignorance & Greed
  • 10. Blind Leading the Blind
  • 11. Violent State of Mind
  • 12. Lords of Thunder
  • 13.Rebel Yell
  • Russell Allen – Chant
  • Mike Orlando – Guitares, chœurs
  • David Zablidowsky – Basse
  • Jordan Cannata – Batterie
  • A. J. Pero – Batterie sur « Rebel Yell »

ANGEL – On Earth As It Is In Heaven (1977)

Troisième album d’Angel, On Earth As It Is In Heaven est produit par Eddie Kramer, qui a travaillé avec Jimi Hendrix, Spooky Tooth et April Wine, mais surtout Kiss dont il a durci le son sur Alive et Rock and Roll Over. Il fait de même avec Angel, qu’il dote d’une puissance jusqu’alors jamais atteinte. Punky Meadows est d’ailleurs celui qui bénéficie le plus de cet apport, tant ses guitares paraissent plus épaisses et incisives. L’équilibre entre les instruments est également meilleur, même lorsque le propos est un peu plus glam, comme sur « She’s A Mover ». Car c’est justement l’un des principaux changements dans la musique du groupe. Le rock progressif omniprésent sur le premier album s’efface pour laisser place à des compositions plus directes, plus en phase avec leur temps. Le rock, le hard rock et le glam se taillent la part du lion sur ce nouvel opus bien plus incisif que les précédents.

L’album débute d’ailleurs par « Can You Feel It », un titre hard rock qui est introduit, non par des claviers, mais par un solo de batterie. Le riff est plaqué, distordu, implacable, tandis que Frank Dimino pousse sa voix dans les aigus. On n’est pas loin de ce que propose Kiss à l’époque, des claviers en plus. Avec « On The Rocks », le quintet propose un vrai hard’n’roll sans concessions, dont le rythme effréné emporte tout sur son passage et donne envie de secouer la tête en cadence. Plus déjanté, « White Lightning » mêle rock, funk et glam pour mieux nous dérouter et nous entrainer sur des sentes jusqu’alors inexplorées par le groupe. Complexe et groovy, ce morceau semble encore attaché aux années 1970, tandis que le reste de l’album tend déjà vers la décennie suivante. Pourtant, aucun de ces morceaux n’égale la puissance de « Cast The First Stone ». Son riff énorme à la Deep Purple et ses claviers néo-classiques avant l’heure en font une étonnante surprise traversée par l’un des solos de guitares les plus heavy de Punky Meadows. A nouveau joué en concert, ce titre y prend une ampleur phénoménale.

L’auditeur perçoit parfaitement l’inflexion de la direction musicale qui lorgne parfois du côté de Mott The Hoople, en mêlant rock et glam comme sur « Big Boy (Let’s Do It Again) », au refrain typiquement anglais, mais qui ne renie pas les guitares, et « She’s A Mover » déjà cité. Angel met aussi en avant ses qualités mélodiques dont les influences anglaises sont indéniables. The Who, The Beatles voire Elton John sont appelés sur « That Magic Touch » et « Just A Dream » dont les refrains, ciselés, sont proche de la pop. Les contrastes entre les chansons hard rock et celles plus douces participent à la réussite de cet album.

On le comprend, Angel a évolué, le rock progressif a disparu, laissant place à une musique plus consistante, lorgnant sur le hard rock. La patte d’Eddie Kramer ne semble pas étrangère à cet état de fait.

  • 1. Can You Feel It
  • 2. She’s A Mover
  • 3. Big Boy (Let’s Do It Again)
  • 4. Telephone Exchange
  • 5. White Lightning
  • 6. On The Rocks
  • 7. You’re Not Fooling Me
  • 8. That Magic Touch
  • 9. Cast The First Stone
  • 10. Just A Dream
  • Frank Dimino : Chant
  • Punky Meadows : Guitares
  • Mickey Jones : Basse
  • Barry Brandt : Batterie
  • Greg Giuffria : Claviers, piano

Producteur : Eddie Kramer

Label : Casablanca

REBELHOT – rebelHot (2016)

Être critique possède d’indéniables atouts, dont l’un des plus intéressants est de pouvoir poser les oreilles sur de petites merveilles, comme ce premier album des Allemands de rebelHot qui puise allégrement dans les années 1970. On retrouve ainsi des influences allant de Free à Humble Pie, en passant par Bad Company ou plus proche de nous Cry Of Love, auxquelles le groupe n’hésite pas à ajouter quelques touches de funk afin d’y apporter davantage de vivacité comme le fait si bien Glenn Hughes. Avec de telles références qui s’inscrivent dans la mouvance de The Answer ou Blues Pills, le quatuor possède tous les atouts nécessaires pour réussir et toucher un public friand de riffs efficaces, de refrains accrocheurs et de groove. Pour se persuader du talent du groupe, il suffit d’écouter les titres « Shake It » et « Pray For The Rain » qui pourraient devenir des classiques du rock, grâce à la voix démoniaque de Husty, mais également aux riffs de Paul et à la basse vrombissante de Ze, appuyée par la batterie de Franck. Après une seule écoute, il est impossible de s’enlever ces deux chansons de la tête.

Pourtant, ce premier album ne se limite pas à cela, et l’on retrouve des titres hard funk, comme l’élégant « Love », d’autres qui plongent au cœur de ce qu’on appelle à présent le classic rock, tels le rythm’n blues « Lucky », les blues rock « Free » ou « Hands Up » qui auraient pu figurer sur les premiers ZZ Top ou Free ou l’hymne qu’est « rebelHot ». Rien que de l’excellent. Parce que c’est justement vers cela que tend cet album. Aucune faute de goût, ni dans le choix des morceaux, ni dans les arrangements, sobres, efficaces et savamment distillés. Une basse qui frémit ici. Un peu de bottleneck là. Un solo inspiré un peu plus loin.

En dix titres, plus une version acoustique de « Pray For The Rain » en duo avec Jason Patterson, le chanteur de Cry Of Love et Corrosion of Conformity, rebelHot revisite ses influences en les magnifiant : la bombe « Hot Stuff » pourrait mettre tout le monde d’accord, à moins que ce soit le pétillant « Holy is my Beer », à la fois entraînant et entêtant.

Pour un coup d’essai, rebelHot signe un coup de maître. Un album indispensable pour tout amateur de classic rock, de rock ou de hard rock.

  • 1. Shake it
  • 2. Free
  • 3. Holy is my beer
  • 4. Pray for the rain
  • 5. Everywhere you go
  • 6. Love
  • 7. Lucky
  • 8. Hands up
  • 9. Hot stuff
  • 10. rebelHot
  • 11. Pray for the rain (Acoustic version ft. Jason Patterson)
  • Husty – Chant
  • Paul – Guitares
  • Ze – Basse
  • Frank – Batterie

Label : Metalapolis records

PROPHETS OF RAGE – Prophets Of Rage (2017)

Lorsque des membres de Rage Against The Machine, de Public Enemy et de Cypress Hill se réunissent pour jouer de la fusion, cela donne Prophets Of Rage, une formation qui fait le buzz depuis sa création en 2016. Après un premier EP « The Party’s Over », la sortie de leur premier album était donc attendue avec impatience. Les fans ne vont pas être déçus. Dès « Radical Eyes », le mélange rap et metal prend avec bonheur. Les riffs de Tom Morello propulsent les deux chanteurs B-Real et Chuck D sur le devant de la scène, tandis que l’impeccable section rythmique assure un groove d’enfer. En douze chansons, qui sont autant d’hymnes destinés à être repris en concert, le sextet met tout le monde d’accord, non seulement en assénant des vérités qui dérangent : « Living On The 110 » et « Unfuck The World » évoquent la misère sociale et politique des Etats-Unis, mais également en appelant les fans à la communion, tout en se montrant fiers de ce qu’ils sont : « Hands Up ». Ce double langage est présent sur d’autres chansons comme « Strenght In Number ».

Pour que cela fonctionne, il faut que chaque titre devienne un hymne. Cela tombe bien parce que Prophets Of Rage nous en offre douze aux tonalités différentes. Que ce soit des bombes rap metal : la mélodique « Living On The 110 », le furieux « Unfuck The World » ou le dérangeant « Radical Eyes », des morceaux gorgés de groove comme l’excellent « Take Me Higher », l’entêtant « Who Owns Who » propulsé par des riffs dissonants et le très Rage Against the Machine « Smash It », sur lesquels on perçoit la patte de Tom Morello. Quelques compositions sont plus rock comme « Legalize Me » sur laquelle la voix principale est déformée, lui donnant un côté électronique ou « Fired a Shot » qui propose un bel équilibre entre rap et rock.

Les super groupes n’accouchent pas toujours de grands albums, eh bien, Prophets Of Rage nous prouve que de grands musiciens savent composer d’excellents morceaux. Après l’expérience Audioslave, les deux tiers de Rage Against The Machine nous démontrent qu’ils transforment tout en or. Il ne reste plus qu’à voir le groupe en concert pour saisir leur folie constructrice. Malheureusement, après cet unique album et uniquement trois ans d’existence, le groupe s’est séparé.

  • 1. Radical Eyes
  • 2. Unfuck the World
  • 3. Legalize Me
  • 4. Living on the 110
  • 5. The Counteroffensive
  • 6. Hail to the Chief
  • 7. Take Me Higher
  • 8. Strength in Numbers
  • 9. Fired a Shot
  • 10. Who Owns Who
  • 11. Hands Up
  • 12. Smashit
  • B-Real – Chant
  • Chuck D – Chant
  • Tom Morello – Guitares
  • Tim Commerford – basse, chœurs   
  • Brad Wilk – Batterie
  • DJ Lord – DJ, chœurs

Label : Fantasy records

WITNESS – Witness (1988)

D’abord signé sous le nom de Native, ce groupe d’Atlanta publie ce premier et unique album sur le label Arista. Co-écrit en grande partue par le claviériste Huffman et Neal Schon, le guitariste de Journey, cet album se fait remarquer par son professionnalisme. Son hard FM puissant et racé, dominé par la voix de la chanteuse Debbie Davies fait mouche dès le premier morceau : « Show Me What You Got », un véritable hymne hard rock au riff efficace et au refrain fédérateur. Cette entrée en matière vaut l’achat de l’album à lui tout seul. Néanmoins la suite confirme cette excellente première impression. « Do It Till We Drop » emporte l’adhésion de l’auditeur avec son blues épais et son refrain soul simplement appuyé par la section rythmique et quelques lignes de guitares. Une chanson étonnante sur laquelle la chaleur de l’orgue permet de mettre en valeur la voix de Debbie Davis. Il sort en single avec Brad Gillis au solo, comme sur deux autres titres de l’album : « Let Me Be the One» et « You’re Not My Lover ». Il semblerait d’ailleurs que Damon Johnson et Eddie Usher n’aient pas participé à l’enregistrement de l’album de Witness, ce serait Neal Schon, Brad Gillis et Danny Chauncey de 38 Special qui joueraient dessus

Avec « Am I Wrong », le groupe explore un hard FM plus classique, en montrant tout son talent pour un titre destiné aux radios. Ce mid-tempo possède toutes les qualités pour intéresser les amateurs du genre, grâce à des couplets enthousiastes et un refrain immédiatement assimilable. Il faut avouer qu’il a été écrit par Michael Bolton, un maître en la matière. Pourtant, « Desperate Love », la chanson suivante, l’éclipse par son caractère universel qui évoque un mélange entre Robin Beck et Bon Jovi. On touche au sublime.

Le groupe nous conduit ensuite vers des plages plus lyriques avec la ballade « Let Me Be the One » qui ne se montre jamais mièvre grâce aux arrangements subtils des claviers et la voix si chaleureuse de Debbie. L’ombre de Robin Beck plane à nouveau sur ce titre. C’est vers les rivages de Pat Benatar que nous entraîne alors « You’re Not My Lover », un titre rock FM enlevé dominé par le refrain aux voix multiples qui se répondent. A nouveau une pépite.

C’est également le cas avec « Jump Into the Fire », une ode FM du plus bel effet, au rythme pétillant et à l’atmosphère enjouée, comme c’est le cas tout au long de cet album. En effet, le premier atout de Witness vient de cette capacité à rendre l’auditeur heureux.  « When it Comes From the Heart » appartient aussi à cette catégorie avec son refrain entraînant et sa batterie omniprésente qui donne un groove indéniable à cette chanson.

L’album se clôt sur deux titres hard rock, le très Deep Purple « Borrowed Time », à la fois puissant et chaud, l’un des moments forts du disque et le superbe « Back To You » qui emporte tout sur son passage grâce un refrain irrésistible qui n’est pas sans rappeler le « Enough Is Enough » d’April Wine.

Malheureusement, le groupe se sépare peu de temps après la sortie de cet album. Damon Johnson fonde Brother Cane avant de rejoindre Alice Cooper et Thin Lizzy. Huffman joue avec Brother Cane puis Soul Asylum. Quant à Debbie Davis, elle va servir de choriste à Thin Lizzy…

  • 1. Show Me What You Got
  • 2. Do It Till We Drop
  • 3. Am I Wrong
  • 4. Desperate Love
  • 5. Let Me Be the One
  • 6. You’re Not My Lover
  • 7. Jump Into the Fire
  • 8. When it Comes From the Heart
  • 9. Borrowed Time
  • 10. Back to You
  • Debbie Davis : chant
  • Damon Johnson : guitares
  • Eddie Boyd : batterie
  • Joey Huffman : claviers, guitares
  • Eddie Usher : basse

Producteurs : Bill Drescher & Kevin Elson

Label : Arista

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