DIR EN GREY – Tour of It Withers and Withers (2006)

Les fans européens de Dir en Grey, toujours plus nombreux, vont être ravis par cette sortie en DVD de la tournée 2005 du leader de la scène Japan Rock (ou Visual Kei, même si cela ne se voit pas vraiment sur cette tournée, prouvant l’évolution du groupe). En 24 morceaux, le groupe visite une partie de son essentielle et récente discographie. Evidemment, leur dernier album en date : Withering to death est privilégié puisqu’il est repris dans son intégralité (eh oui, les Japonais savent le faire contrairement aux groupes occidentaux), mais l’on retrouve aussi quelques titres de Vulgar : (« Audience Killer Loop », « The IIID Empire », « Marmelade Chainsaw », « New Age Culture », du mini Six Ugly : « Umbrella » plus les singles et clips « Child Prey », « G.D.S. » ou « Obscure ». Cette manière de procéder pourrait en dérouter certains, mais le groupe ayant déjà plusieurs DVD à son actif, l’idée est louable en soi de découvrir un nouvel album dans sa totalité plus quelques raretés (pour les Européens qui n’ont pas toujours accès aux clips et aux singles).

Autant le dire tout de suite, le concert est superbe, les images impeccables et le groupe se donne corps et âme, surtout le chanteur qui vit à fond sa musique jusqu’à s’ouvrir le nez à grands coups de poings sur « Kodoku Ni Shisu, Yueni Kodoku ». Tout respire la sincérité, comme nous le montre cette communion incessante avec le public qui débute dès « G.D.S. » avec une salle chauffée à blanc par le côté industriel de cette entrée en matière. Le mélange de metal occidental et de culture japonaise donne lieu à des titres déjantés, comme le furieux « Clever Sleazoid » ou l’étonnant « Garbage » qui associe des riffs distordus à des éléments plus légers et des lignes vocales hallucinées. Dir en Grey sait aussi jouer sur les sentiments en proposant des compositions plus nuancées comme « Jesus Christ R’n R » qui puise davantage dans le rock que dans le metal.

Une belle carte de visite pour ceux qui ne connaissent pas encore le groupe et pour ceux qui n’ont pas encore eu la chance de le voir sur scène. Quant aux fans, inutile de leur dire que c’est un DVD indispensable. Denis Labbé

  • 1. G.D.S.
  • 2. Clever Sleazoid
  • 3. Saku
  • 4. Beautiful Dirt
  • 5. Jesus Christ R’n R
  • 6. Machiavellism
  • 7. Garbage
  • 8. Obscure
  • 9. The Final
  • 10. Kodoku Ni Shisu, Yueni Kodoku
  • 11. Dead tree
  • 12. Merciless Cut
  • 13. Audience Killer Loop
  • 14. Spilled Milk
  • 15. C
  • 16. Kodou
  • 17. Itoshisa Ha Fuhai Nitsuki
  • 18. Higeki Ha Mabuta Wo Oroshita Yasashiki Utsu
  • 19. Marmelade Chainsaw
  • 20. New Age Culture
  • 21. Umbrella
  • 22. Child Prey
  • 23. Increase Blue
  • 24. The IIID Empire
  • Kyô – Chant
  • Kaoru – Guitare
  • Die – Guitare
  • Toshiya – Basse
  • Shinya – Batterie

Label : JVStore

CONSPIRACY – The Unknown (2003)

Le nom de Conspiracy ne dira sans doute rien à personne, mais si je cite Chris Squire et Billy Sherwood de Yes, cela ouvrira sans doute quelques souvenirs dans les mémoires des plus anciens. Car, Conspiracy est formé de ces deux icônes du rock progressif auxquels s’ajoute Jay Schellen à la batterie. Autant dire tout de suite que le style de cet album va nous ramener aux grandes heures de Yes, aux tubes que furent « Owner of a Lonely Heart », « The Calling » ou « Roundabout ».

Dès le morceau « Conspiracy », la voix est reconnaissable entre toutes, les arrangements sont de grande classe et le refrain nous entraîne vers des paysages futuristes, alliance de dystopie et de critique de notre système actuel. Tout l’album, dès la pochette d’ailleurs, nous ramène à une vision à la fois utopique et dystopique du monde que mettent en avant des morceaux imparables, aux refrains immédiatement identifiables. « Confess » en est un parfait exemple. Sur une base simple, portée par des guitares claires, le groupe pose une mélodie éthérée qui pénètre en vous de manière indicible. On se rapproche de Yes sur « New World », dont la structure et la rythmique nous transportent des années en arrière au temps de 90125, le son en plus.

Tout cela est donc parfaitement soigné, délicatement ouvragé et arrangé avec art. Les fans de rock progressif ne seront pas déçus, les amateurs de belles mélodies non plus. Et pour les autres, je ne peux que les inviter à glisser une oreille (ou deux) sur ce disque qui sort de l’ordinaire dans notre paysage musical actuel où le minimalisme est de règle. Quel monde nous propose Conspiracy ? En face de quels travers de notre société ont-ils choisi de nous placer ? Il faut absolument vous plonger dans « There is no end » pour saisir toute la portée de leur message. The Unknown est un superbe album, ouvrant à la fois sur des interrogations essentielles et sur des compositions intelligentes, adultes et élégantes dont on peut retenir « The Wheel », « Conspiracy » ou encore l’épique « The Unknown » qui dure plus de 11 minutes.

Malheureusement, cet album n’aura pas de suite. Il demeure néanmoins un beau témoignage de rock progressif soigné, plein de classe et d’une justesse rare.

  • 1. Conspiracy
  • 2. Confess
  • 3. New World
  • 4. ½ a World Away
  • 5. There is No End
  • 6. The Wheel
  • 7. Premonitions
  • 8. The Unknown
  • 9. I Could (Bonus Track)
  • – Billy Sherwood – Chant, guitares, claviers
  • – Chris Squire – Chant, basse
  • – Jay Schellen – Batterie, percussions
  • – Jordan Berliant – Guitares (4)
  • – Jimi Haun – Guitares (8)
  • – Michael Sherwood – Claviers (3,8)

Label : Inside Out

DEAD SOUL TRIBE – A Murder of Crows (2003)

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est difficile de placer une étiquette sur cet étrange Dead Soul Tribe dont le nom, déjà, est énigmatique. Mélange de mélodies pop, d’atmosphères gothiques et de constructions progressives posées sur une structure métal, ce deuxième album ouvre sur des horizons à la fois poétiques et inquiétants. On ne va pas s’en plaindre. Si ce massacre de corbeaux n’est pas immédiatement accessible, il pénètre petit à petit en vous, s’insinuant au plus profond de votre esprit afin d’y laisser une marque indélébile. Unique et talentueux, ce groupe ne fait rien comme les autres et nous propose un univers personnel, riche et en même temps très visuel, qui cueille l’auditeur pour ne plus le lâcher.

« In a Garden Made of Stone » en est un excellent exemple de cette magie qui opère au fur et à mesure de son écoute. Sur une introduction qui n’est pas sans rappeler l’esprit des premiers Black Sabbath ou de Psychotic Waltz (l’ancien groupe de Devon Graves), le morceau tisse avec talents une lente progression vers l’enfer. Les rythmiques sont lancinantes, répétitives sans être lassantes, appuyant des solos mélancoliques. Tout l’album est de cet acabit, plongeant au cœur d’un fantastique poétique où l’on peut rencontrer des motifs et des thèmes classiques squelettes sur « Stone by Stone », maisons hantées pour « Some Things You Cant Return », ange sur « Angels in Vertigo », tout en développant des références symbolistes que n’aurait pas renié Baudelaire comme dans « Crows on the Wire », « The Messenger » et « Time ». Tout cela laisse une impression de malaise, non seulement en raison des ambiances développées, mais surtout parce que tout cela frappe juste et touche là où ça fait mal.

A Murder of Crows est un album juste, plein de talents, de trouvailles et d’intelligence. La production est parfaite, sans fioritures, mettant parfaitement en valeur la poésie de l’ensemble. Il suffit d’entendre les premières mesures de « Crows on the Wire » pour s’en convaincre, avec ce mélange de piano et de guitares qui soutient une voix posée comme sur un écrin. Un grand moment, que j’ai d’autant plus apprécié que ce n’est pas souvent que je me tourne vers ce genre de musique. Le groupe est capable de jouer avec les intensités, « Stone by Stone », ciselant des mélodies atemporelles qui nous envoûtent : « The Awakening » pour mieux nous cueillir avec des riffs plus puissants : le torturé « Flies ». En douze titres, nous passons derrière le miroir pour mieux être déroutés. Un grand album.

  • I. Stone by Stone
  • II. The Awakening
  • III. The Messenger
  • IV. In a Garden Made of Stones
  • V. Some Things You Cant Return
  • VI. Angels in Vertigo
  • VII. Regret
  • VIII. Crows on the Wire
  • IX. I’m Not Waving
  • X. Flies
  • XI. Black Smoke and Mirrors
  • XII. Time (Bonus Track)
  • Devon Graves − Guitares, chant, basse, flûte, claviers
  • Roland Ivenz − Basse
  • Adel Moustafa − Batterie
  • Roland Kerschbaumer − Guitares
  • lorenna faucher – Guitares

Label : Inside out

X CARNATION – Grounded (2005)

X Carnation est le projet de Cenk Eroglu, illustre inconnu par chez nous, mais producteur et musicien reconnu en Turquie, son pays d’origine. On le comprend ! Quelle claque ! Son mélange de metal, de rock, de progressif, d’électronique, de musique orientale a de quoi renverser des montagnes. Ecoutez « Personnal Antichrist » pour vous rendre compte de ce qu’il nous offre. Du pur bonheur ! Un torrent de riffs, d’arrangements, de refrains entêtants et de puissance ! Si l’antéchrist américain aux lentilles bleues avait écouté ce disque, son prochain guitariste serait sans doute Turc « Desperatelly Sad ». Ça déménage, tout en restant mélodique et inventif, comme sur le superbe « Everlasting ».

Même lorsqu’il calme le jeu sur « Without You », X Carnation parvient à nous émouvoir, battant les Américains sur leur propre terrain de la mélodie AOR avant de repartir de plus belle vers des expérimentations qui transcendent les genres : le surprenant « Lucky Day ». Pas un seul faux pas sur cet album, aucun temps mort, des innovations à chaque coin de riff comme sur « Reason To Believe » qui mêle influences orientales, soul et groove. Ajoutons que Cenk Eroglu chante et joue de tous les instruments, compose et écrit ses textes, et va même produire cet album. Certes, il s’est fait aider par quelques invités de luxe tels que Kip Winger, Reb Beach, Rod Morgenstern (tous trois de Winger entre autres), Pat Mastelotto (King Crimson) ainsi que des musiciens turcs.

Chaque morceau est une vraie découverte. « Take A Deep Breath » est une pépite envoûtante, « Coma White » inquiète l’auditeur, l’emmenant dans un univers proche d’Eurythmics, des motifs metal en plus. Du début à la fin, le musicien nous entraîne dans un monde qui nous émerveille. L’album se termine en beauté sur « Willing To Wait », véritable creuset d’influences et le nuancé « Pictures », un titre tout en ambiances. Cenk Eroglu est un esthète de la musique, un compositeur accompli, sans doute à ranger aux côtés d’un Devin Townsend, dans un genre différent, mais tout aussi inventif, capable de réinventer la musique. Si le world metal avait besoin d’être inventé, X Carnation l’a fait avec cet excellent et génial Grounded. Les thèmes explorent à la fois le fantastique : « Personnal Antichrist » et les désordres intérieurs, ce qui s’adapte parfaitement à la musique.

  • 1. Personnal Antichrist
  • 2. Everlasting
  • 3. Without You
  • 4. Desperatelly Sad
  • 5. Reason To Believe
  • 6. Lucky Day
  • 7. Take A Deep Breath
  • 8. Coma White
  • 9. Willing To Wait
  • 10. Pictures

Label : Frontiers

ABBYGAIL – Gun Control (2019)

Originaire de la région lilloise, Abbygail nous livre un deuxième album plus épais que son premier, Electric Lady qui était bien plus ancré dans le blues rock. Les compositions sont épaisses, carrées, basées sur des riffs efficaces et des lignes vocales simples, à la manière de certains groupes français des années 1980. Les influences du quintet proviennent d’ailleurs de cette époque et des années 1970, depuis AC/DC jusqu’au southern rock. Autant dire qu’Abbygail ne s’encombre pas de fioritures et va droit à l’essentiel, en déployant une énergie communicative que j’ai pu constater au Raismesfest en 2017. La plupart des titres semblent d’ailleurs destinés à la scène, et cela se ressent dans la manière qu’a le groupe de les jouer sur cet album. On pourrait d’ailleurs leur reprocher de ne pas avoir profité de cet enregistrement pour peaufiner certaines chansons, mais il paraît évident que ce n’était pas là le propos. Le son est compact, comme si l’album avait été enregistré dans des conditions live. Là aussi, on peut pointer le manque de dynamique de la production qui est trop plate et ne permet pas toujours de relief. C’est un peu dommage, mais le groupe n’a pas bénéficié de gros moyens pour le produire.

Résolument tourné vers un hard rock classique, Abbygail puise ses riffs aux mêmes sources qu’AC/DC notamment sur le médium « It’s All Good » au refrain entêtant, ou sur le carré « Headbanger » dont le titre seul annonce la couleur. A ce sujet, les paroles sont assez simplistes et développent tous les clichés du rock. Mais pour ceux qui ne s’attardent pas dessus, cela ne revêt pas une grande importance, surtout que le groupe sait parler à ses fans : « Nordman », en les emmenant là où ils le désirent. Attaché à ses racines, le groupe explore les routes du blues-rock dont il est issu : « Die Young », en insufflant une bonne dose de groove dans leurs morceaux, comme sur « Boots On The Ground », l’unique composition un peu enlevée de l’album. Et c’est justement l’un des points noirs de cet album qui manque de folie avec le sautillant « Plenty More Fish » qui bénéficie d’un bon solo bourré de feeling. Cela fait peu sur douze titres.

En effet, le reste de l’album est surtout composé de blues et de tempos lents. « Scum », clairement écrit pour faire chanter le public, est un peu pesant, alors que le beau « I Feel So Bad » renvoie irrémédiablement au « Ride On » d’AC/DC. Dans un style évoquant certains groupes de la New Wave Of British Heavy Metal, notamment Diamond Head, « You Lost Your Shoe » se révèle riche et, finalement, bien plus intéressant que la plupart des autres chansons. Il en va de même pour « Head In The Sand » à l’ambiance orientale qui tranche avec le reste de l’album en évoquant Led Zeppelin.

Gun Control est un album qui ravira les amateurs de hard rock carré et efficace.

  • 1. Nordman
  • 2. Gun Control
  • 3. Scum
  • 4. It’s All Good
  • 5. I Feel So Bad
  • 6. Head In The Sand
  • 7. You Lost Your Shoe
  • 8. Headbanger
  • 9. Big Bad Wolf
  • 10. Die Young
  • 11. Boots On The Ground
  • 12. Plenty More Fish
  • Bertrand Roussel : Chant
  • Luke Debruyne : Guitares, chœurs
  • Guillaume Rue : Guitares, chœurs
  • Pascal Roszyk : Basse, chœurs
  • Anthony Deron : Batterie

Label : M&O music

ZUUL FX – By The Cross (2005)

En matière de métal extrême, original et à la pointe, la France possède d’indéniables valeurs (Eths par exemple) et des espoirs qui sortent les crocs, dont Zuul Fx fait partie. Quelle claque ! Impossible de rester insensible à ce déferlement de puissance, de violence et de rage qui emporte tout sur son passage. Les morceaux puisent dans tous les styles : métal, thrash, death, black, grind : (le furieux « Hypochrist »), distillant même quelques éléments néo : (les étonnants « Punisher »et « Blessed ») voire gothiques : (l’inquiétant « Cabal ») afin de créer un style propre à Zuul Fx, une patte, ou plutôt une griffe.

Les morceaux passent du speed : (le rapide « Behind The Light », le groovy et superbe « Devil Star », ou le non moins excellent : « Live Your Life (Shawn06) ») aux tempos lourds : (le génial « Nothing Is Real » au refrain clair), en passant par des chansons plus torturées : (« God Bless Them » aux ambiances black, « I8U ») ou des rythmes martiaux : (l’étonnant et inquiétant : « Cabal »). Si l’on y ajoute les références au mal : (« Cabal », « Devil Star », « Hypochrist »), au fantastique : (« Behind The Light », « Nothing Is Real »), à une certaine vision d’un monde tourmenté et tourmenteur, vous l’aurez compris, ce disque est indispensable aux amateurs de métal moderne !

Car Zuul FX a su combiner dans ce premier album la puissance des regrettés Pantera, les ambiances malsaines de Dimmu Borgir, l’esprit rock’n’roll de Motörhead et la folie communicative d’Anthrax. La pochette et le livret ont été particulièrement soignés, la production est bien épaisse, puissante et en même temps suffisamment claire pour distinguer tous les instruments. Les arrangements sont de qualité et les musiciens assurent. N’en jetez plus ! By The Cross de Zuul Fx est un disque à acheter en ce moment avec le dernier System Of A Down ! Vous n’êtes pas convaincus ? Ecoutez : (Get Away », « Nothing Is Real » ou encore « Live Your Life (Shawn06) ») et vous viendrez m’en parler !

  • 1. Behind The Light
  • 2. Punisher
  • 3. Nothing Is Real
  • 4. God Bless Them
  • 5. Cabal
  • 6. I8U
  • 7. Devil Star
  • 8. Blessed
  • 9. Live Your Life (Shawn06)
  • 10. Get Away
  • 11. Dependance
  • 12. Hypochrist
  • Steeve Petit : Chant
  • Shag : Basse
  • Blast : Guitares
  • Aurélien (Aurel) Ouzoulias : Batterie

Label : Equilibre Music.

EVERGREY – Recreation Day (2003)

Avec ce quatrième album, Evergrey se place comme l’un des groupes les plus originaux et les plus attachants du marché. N’hésitant pas à mêler diverses influences avec un certain brio, le groupe de Tom Englund nous entraîne dans un métal teinté de gothique du plus bel effet. « The Great Deceiver » annonce la couleur, car il faut bien parler de couleur musicale avec Evergrey, en superposant rythme heavy, mélodies poignantes et breaks inquiétants. Il faut le reconnaître, le résultat est magnifique. Si les trois précédents albums montraient une progression certaine, avec Recreation Day, le groupe est passé à la vitesse supérieure. « End Of Your Days » nous en montre une autre preuve éclatante. Ce morceau débute par un clavier dark wave que vient soutenir une rythmique très lourde. La voix s’y dépose alors avec finesse, rappelant les ascendances gothics du groupe.

Avec « As I Lie Here Bleeding », c’est un orgue qui ouvre le bal, repris par un piano qui joue en filigranes de la rythmique. Du grand art, tout en finesse et en force. Les guitares ouvrent le chemin à la voix qui tour à tour envoûte ou trouble. Et tout l’album est de cet acabit. On se laisse entraîner : « Recreation Day », charmer : « I’m Sorry », brutaliser avec plaisir « Blinded ». Construit autour du thème de la mort qui est développé à partir de différents points de vue, la parole est donnée à la mort elle-même (« The Great Deceiver », « End Of Your Days »), à un mourant (« As I Lie Here Bleeding »). L’album aborde également le rêve « Visions », « I’m Sorry » et la folie « Madness Caught Another Victim », autant de thème à la fois fantastiques et réels, que les paroles particulièrement soignées développent dans de nombreuses directions.

Chaque nouveau morceau est une agréable surprise et le groupe semble prend un malin plaisir à nous emmener sur de nouvelles sentes, comme avec l’acoustique « Madness Caught Another Victime ». Guitares sèches et chant. Il n’en faut pas plus pour construire un grand morceau. Evergrey sait écrire de bonnes chansons, basées avant tout sur des mélodies que viennent soutenir des rythmiques impeccables et envelopper des arrangements finement ciselés, comme nous le montre par exemple « Unforgivable ». Chaque morceau apporte son lot de petites trouvailles : chœurs sombres, claviers en nappes ou en soutien des guitares, piano, voix féminines, guitares sèches, tout ceci parfaitement mis en valeur par une production irréprochable. Un grand album.

  • 1. The Great Deceiver
  • 2. End Of Your Days
  • 3. As I Lie Here Bleeding
  • 4. Recreation Day
  • 5. Visions
  • 6. I’m Sorry
  • 7. Blinded
  • 8. Fragments
  • 9. Madness Caught Another Victim
  • 10. Darkest Hour
  • 11. Unforgivable
  • Tom S. Englund – Chant, guitarrd
  • Henrik Danhage – Guitares
  • Michael Håkansson – Basse
  • Patrick Carlsson – Batterie, percussions
  • Rikard Zander – Claviers
  • Carina Kjellberg – Chœurs
  • Mercury Choir (Courtesy of the Swedish Catholic Church) – Chœurs

Label : NTS/Wagram.

THUNDERFIRE – Thunderfire (1983)

Avec le recul, il est amusant de se pencher sur des albums qui ont bénéficié d’un petit écho à l’époque de leur sortie. C’est le cas pour cet unique album des Belges de Thunderfire, qui étaient un peu présentés comme la réponse flamande à Motörhead. Il faut dire que le groupe œuvre dans un metal carré, inspiré par un rock punk direct, aux riffs cinglants, et que le chanteur est doté d’une voix grave et éraillée.

La parenté avec la bande de Lemmy est évidente sur « Crazy Cat », un mid-tempo un peu répétitif, mais agréable qui permet de secouer la tête en cadence. Par la suite le rythme s’accélère avec le réussi « Headbangers » qui se nourrit plutôt du côté des Anglais de Starfighters, alors que l’énervé « Gunman » s’inspire de Rose Tattoo avec un punk hard déjanté, propulsé par un riff hargneux et une batterie endiablée. L’ensemble est efficace, produit avec les moyens du bord, mais permet néanmoins d’apprécier « The Beast on the Run » qui apparaît comme un mélange entre Motörhead et Rose Tattoo, avec de nombreux changements de rythmes. C’est assez mal maîtrisé, mais ça faisait bien à l’époque. Malheureusement, cela a un peu vieilli.

La face B débute par « Power », un autre titre qui passe d’un riff rapide pour les couplets à un fort ralentissement sur le refrain. Ce n’est pas très bon et, surtout, le son est horrible. Quant au guitariste qui s’essaie au solo, il se prend les doigts dans les cordes à plusieurs reprises. Le pire, c’est que ça dure six minutes. « Happy to Live » retourne sur les traces de Motörhead pour un mid-tempo assez groovy, dont le refrain est plus rapide que les couplets. Le titre est sympathique, sans être excellent. En tout cas, il est moins bon que « Heavy Fire », dont le riff donne envie de taper du pied et qui n’est pas sans rappeler le groupe français Lawlessness. L’album se clôt sur « Money Taker », un titre un peu trop ambitieux pour ce groupe, qui essaie de croiser à nouveau Motörhead et Rose Tattoo, mais qui se vautre dans un bordel sans nom d’inspiration punk qui part dans tous les sens. Le riff qui soutient le solo est d’ailleurs typiquement punk.

Au final, Thunderfire est un album sympathique, qui contient quelques bons morceaux, mais qui ne possédait pas les atouts pour sortir le groupe de l’underground.

  • 1. Crazy Cat 
  • 2. Headbangers 
  • 3. Gunman 
  • 4. The Beast on the Run 
  • 5. Power 
  • 6. Happy to Live 
  • 7. Danger 
  • 8. Heavy Fire 
  • 9. Money Taker
  • Barry Wayste : Basse 
  • Rock O’Nelly : Batterie
  • Ion Toyton : Guitares 
  • Malcolm Murray : Guitares
  • Freddy Fiskens : Chant 

TIGERLEECH – The Edge of the End (2019)

Au milieu de la masse d’albums que nous recevons, achetons ou découvrons, il nous arrive parfois (souvent ?) de passer à côté de pépites sans que l’on sache réellement pourquoi. En près de trente années de chroniques, cela m’est arrivé plusieurs fois de remettre la main sur un album des mois, voire des années après, et je sais, qu’aujourd’hui encore, je ne suis pas à l’abri de ce genre de choses. Je fais donc attention à tout écouter, au moins une fois, à chercher des informations sur les groupes, à fureter un peu partout… Eh bien, malgré toutes ces précautions, je dois reconnaître qu’une fois de plus, j’étais passé à côté d’un album à découvrir sans plus attendre. Et cet album a été enregistré par des Parisiens qui, après deux EP, sortent enfin leur premier opus.

Mais qu’est-ce que Tigerleech ? Ou plutôt, quelle musique joue-t-il ? Excellente question. Le groupe le plus proche que je pourrais citer est Warrior Soul (ce qui me semble assez évident sur le narratif et déjanté « Jungle Punk » ou sur le dramatique « In My Veins »). Pourquoi Warrior Soul ? Parce que Tigerleech ne s’est placé aucune limite. Explorant aussi bien le sludge : l’entêtant « Sandstorm » et le lourd « Awkward », que le heavy : « An Experience Called Life » ou le stoner bourré de groove : « Burned Inside ». Le groupe parcourt différents univers avec, à chaque fois, la même réussite. Ainsi, il nous offre une introduction puisée dans les années 1970 sur « Sexe Dur », avant de nous asséner un énorme riff lancinant plus typé desert rock. On se laisse alors emporter par ce flot écrasant pour mieux se faire saisir par un nouveau changement de rythme.

Chaque morceau est donc une nouvelle découverte qui nous entraîne sur des sentes étonnantes. Ainsi, « Decline For Glory » est une vraie bombe heavy qui pulse ses riffs avec fureur, sans nous laisser le moindre répit. La section rythmique assure une assise d’enfer, tandis que le chant (qui mériterait un mixage un peu moins plat) prend l’auditeur à la gorge. Parfois, on pense à des groupes japonais comme MUCC qui n’hésitent pas à abattre les murs pour mieux respirer. Sur « The Edge Of The End », les influences sont, en effet, multiples, passant du metal au hardcore, du rock ou sludge, avec des éléments drones. On ne sait plus où donner de l’oreille, tant ces musiciens savent nous surprendre, sans jamais perdre le fil de leur œuvre. Et lorsque le hardcore heavy stoner « Acid Gang » ferme le bal, on se dit qu’il va falloir remettre l’album au début afin d’être certain de ne pas avoir oublier des choses en route… Et c’est justement ce qu’il s’est passé… Il faut donc rajouter des touches à cette chronique…

Tigerleech est un groupe bourré de talent. Comment se fait-il qu’aucun label n’ait mis la main dessus ? Les voix du music business sont décidément impénétrable.

  • 1. Sandstorm
  • 2. An Experience Called Life
  • 3. Burned Inside
  • 4. Jungle Punk
  • 5. Sexe Dur
  • 6. Awkward 
  • 7. Decline For Glory      
  • 8. In My Veins
  • 9. The Edge Of The End
  • 10. Acid Gang     

  • Sheby : Chant
  • Gabor : Basse
  • Oliv : Batterie
  • Fabien : Guitares

Producteur : Andrew Guillotin

WHITESNAKE – Live 84 – Back to the Bone (2014)

Enregistré durant la tournée Slide It In, ce live présente la dernière mouture « anglaise » de Whitesnake avant que le groupe ne se tourne vers le marché américain. Publié trente ans après son enregistrement, il peut surprendre les fans qui ne le connaissent que depuis Whitesnake (1987) tant la musique, le son et les compositions sont différentes de ce que la bande de Coverdale a proposé par la suite. Ancré dans un hard blues qui est développé depuis Lovehunter, cet enregistrement s’appuie sur leur dernier album en date en nous proposant quatre extraits « Gambler », « Slow An’ Easy » (en deux versions), « Love Ain’t No Stranger » et « Guilty Of Love », plus un medley « Gambler, Guilty Of Love, Love Ain’t No Stranger ». A cela s’ajoute un morceau de Saints & Sinner : l’excellent « Crying In The Rain », deux fois « Ready An’ Willing » de l’album éponyme, un extrait de Lovehunter : « Walking In The Shadow Of The Blues », plus la ballade « Soldier Of Fortune » que Coverdale a co-écrite avec Richie Blackmore pour le Stormbringer de Deep Purple. Le track-listing est donc un peu étrange. On s’étonne notamment de l’absence de titres de Come an’ Get It et de quelques classiques.

Du côté de l’interprétation, il n’y a aucune fausse note. Malgré l’unique guitariste, secondé par les claviers de Richard Bailey qui n’était pas visible des fans, les titres de Whitesnake conservent une vraie énergie, ainsi qu’un feeling inégalé. Sur « Guilty Of Love », on a parfois l’impression d’entendre Thin Lizzy, tant le jeu de Sykes renvoie à son ancien groupe. Néanmoins, les nouveaux morceaux passent l’examen de scène avec brio. Même s’ils sont bons, on leur préférera pourtant le puissant « Ready An’ Willing », le bluesy « Walking In The Shadow Of The Blues » et le superbe « Crying In The Rain » qui affichent une classe nettement supérieure. Décrié à sa sortie en raison d’une production manquant de relief, l’album Slide it in’ est quand même inférieur à ses prédécesseurs. Cet album live aussi.

S’il est un témoignage de cette époque, il semble fabriqué comme un patchwork, avec des bouts de concerts glanés çà et là, et choisis de manière incompréhensible, surtout qu’il existe de nombreux bootlegs de bonne qualité enregistrés sur cette tournée. En effet, il manque des chansons pourtant jouées, comme « Here I Go Again », « Ain’t No Love In The Heart Of The City », « Fool For Your Loving », « Don’t Break My Heart Again » ou « Blindman ». Ajoutons à cela ce medley dispensable au son très sourd par rapport au reste des morceaux et vous comprendrez qu’il n’est sans doute pas nécessaire de casser sa tirelire pour acquérir ce énième concert de Whitesnake. La liste des enregistrements officiels de meilleure qualité est suffisamment longue pour que vous en trouviez un à votre goût. On lui préférera d’ailleurs, le Live in Glasgow présent sur Slide It In (The Ultimate Special Edition), en raison d’un meilleur son et d’un track-listing bien meilleur.

  • 1. Gambler  
  • 2. Guilty Of Love  
  • 3. Love Ain’t No Stranger  
  • 4. Slow An’ Easy  
  • 5. Walking In The Shadow Of The Blues   
  • 6. Ready An’ Willing  
  • 7. Guitar Solo  
  • 8. Crying In The Rain  
  • 9. Soldier Of Fortune  
  • 10. Love Ain’t No Stranger  
  • 11. Ready An’ Willing  
  • 12. Slow An’ Easy  
  • 13. Gambler, Guilty Of Love, Love Ain’t No Stranger
  • David Coverdale : Chant
  • John Sykes : Guitares
  • Neil Murray : Basse
  • Cozy Powell : Batterie
  • Richar Bailey : Claviers (hors scène)

Label : Frontiers

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