MERCYFUL FATE – Mercyful Fate (1982)

Formé à Copenhague sur les cendres de Brats par Hank Shermann et King Diamond, Mercyful Fate met en place un heavy metal original, dominé par la voix de King Diamond et par des constructions progressives. Le groupe subit de nombreux changements de musiciens qui ne l’empêchent pas d’enregistrer quatre démos. Celles-ci donneront naissance à leur premier EP, tandis que certains autres titres se retrouveront sur Return Of the Vampire (1992). Suivi par Brian Slagel, c’est finalement chez les Hollandais de Rave-On Records que signe Mercyful Fate, alors qu’on l’attendait sur la compilation Metal Massacre II. Enfin, stabilisé autour de sa paire de guitaristes et son chanteur, il entre au Stone Studio, à Roosendaal aux Pays-Bas, pour enregistrer et mixer quatre titres en deux jours durant septembre 1982.

Le premier titre démarre sur les chapeaux de roues avec des envolées de guitares, suivies d’un riff furieux. Lorsque la voix aigue de King Diamond cueille l’auditeur, ce dernier se dit qu’il a affaire à un tout nouveau style. Cela se confirme tout au long des presque sept minutes que dure « A Corpse Without Soul », une composition complexe, aux nombreux changements de rythmes, qui installe des ambiances angoissantes. Le travail sur les lignes vocales est hallucinant. Plus classique, « Nuns Have No Fun » et son thème transgressif nous plonge dans un univers pesant, qui doit autant à Black Sabbath qu’à la New Wave Of Heavy Metal. Malgré quelques imperfections dans les solos, l’ensemble est puissant, assez énigmatique et surprend par son inventivité.

Plus furieux, « Doomed by the Living Dead » est une pièce rapide qui emporte tout sur son passage. La section rythmique livre un travail efficace qui soutient des murs de riffs et des duels de guitares novateurs. Très différents, Hank Shermann et Michael Denner entretiennent un son unique qui permet aux paroles de King Diamond de développer ses thématiques occultes. Ancré dans les années 1970 avec ses harmonies de guitares, « Devil Eyes » s’appuie sur un rythme sautillant bourré de groove. En dépit du thème abordé, cette chanson est presque joyeuse et annonce par certains côtés le groove metal des années 2000.

Devenu presque immédiatement culte, sous une pochette d’assez mauvais goût, et pas très professionnelle, cet EP est une superbe entrée dans l’univers de Mercyful Fate et apparaît comme une avancée majeure du metal. Si certains y voient les prémices du black, en raison des thèmes abordés, ce groupe joue un pur heavy metal au carrefour de plusieurs genres.

  • 1. A Corpse Without Soul
  • 2. Nuns Have No Fun
  • 3. Doomed by the Living Dead
  • 4. Devil Eyes
  • King Diamond – Chant
  • Hank Shermann – Guitare
  • Michael Denner – Guitare
  • Timi Hansen – Basse
  • Kim Ruzz – Batterie

Label : Rave-On Records

FAITH NO MORE – Album Of The Year (1995)

Sixième album studio de Faith No More, Album of the Year est aussi le premier avec le guitariste Jon Hudson et le dernier avant la longue séparation du groupe. Il marque donc la fin d’une époque, une époque d’ailleurs très troublée étant donné les dissensions entre les musiciens. Le guitariste Dean Menta vient d’être viré parce que ses compositions ne correspondaient pas au style du groupe. L’enregistrement ne se passe d’ailleurs pas dans les meilleures conditions. Non seulement les musiciens sont occupés ailleurs (Mike Patton avec Mr Bungle notamment), mais le producteur Roli Mosimann veut absolument se servir de ProTools, ce qui ne plaît pas au groupe qui ne retrouve pas le son espéré. Tout cela donne un album moins inventif et moins complexe que les précédents. Sans doute moins bons également.

Si elles ne sont pas mauvaises, les compositions apparaissent comme étant très linéaires : « Collision » et « Naked in Front of the Computer » sont construites sur des motifs assez simples par exemple, moins inventives que d’habitude, même si elles conservent toute leur agressivité : « Mouth to Mouth » et ses couplets déclamés. Malheureusement, la magie semble avoir disparu. « Ashes to Ashes » renvoie à des titres d’Angel Dust, sans parvenir à les égaler. Et même si Mike Patton se donne à fond sur ce titre, les riffs épais de John Hudson peinent à convaincre, en dépit des références à Led Zeppelin. La production y est certainement pour quelque chose. Les fans du groupe retrouvent évidemment le côté crooner de Patton sur « Helpless » et « She Loves Me Not », mais il manque un petit quelque chose à la recette. Le second titre n’aurait même pas dû apparaître sur l’album.  

Il demeure quelques inventions qui mettent le feu aux poudres, comme sur le puissant et torturé « Got That Feeling » ou le classique « Stripsearch » qui s’inclut dans ce que nous a déjà proposé Faith No More. Retenons aussi le beau « Pristina » qui clôt l’album sur une note mélancolique, après l’angoissant « Home Sick Home » au riff répétitif et au chant halluciné de Patton qui se montre plutôt sobre sur le reste de l’album, bien loin de ses démonstrations habituelles. L’ensemble manque donc d’imagination et d’investissement, ce qui ne surprend pas vraiment ceux qui suivent la vie de Faith No More. Trois singles en sont extraits dont « Last Cup of Sorrow » qui est certainement l’un des bons morceaux de l’album, tandis que le groupe part en tournée avec Limp Bizkit en première partie, ce qui n’a pas vraiment plu à Roddy Bottum. Faith No More se sépare avant la sortie du quatrième single.

  • 1. Collision
  • 2. Stripsearch
  • 3. Last Cup of Sorrow
  • 4. Naked in Front of the Computer
  • 5. Helpless
  • 6. Mouth to Mouth
  • 7. Ashes to Ashes
  • 8. She Loves Me Not
  • 9. Got That Feeling
  • 10. Paths of Glory
  • 11. Home Sick Home

12. Pristina

  • Mike Bordin – batterie
  • Roddy Bottum – claviers
  • Bill Gould – basse
  • Mike Patton – chant
  • Jon Hudson – guitare

Producteurs : Roli Mosimann, Bill Gould & Faith No More

Label : Slash Records

BOW WOW – Telephone (1980)

Sorti en septembre, Telephone est le second album des Japonais de Bow Wow de cette année 1980. Plus court que Glory Road, qui a bien marché au Japon, il propose une musique enjouée, basée sur des riffs et des rythmes rock, avec cette touche si particulière mise par le groupe dans sa musique. Dominées par les guitares, les compositions savent aussi faire de la place à des lignes vocales destinées à apporter de la joie et à faire chanter le public, en japonais, évidemment. Résolument ancré dans les années 1970, Telephone propose néanmoins des expérimentations intéressantes et des clins d’œil à la pop, comme savent si bien le faire les Japonais pour qui les frontières entre les genres sont assez poreuses.

L’album démarre par deux titres forts : l’enlevé « Hot Rod Tornado » au riff épais et sautillant, sorte de croisement entre Status Quo et le rock des années 1960 (on pense à The Crystals), avec une touche toute nippone dans les lignes de chant. Vient ensuite « Good Tim’s R & R », un hommage au rock au refrain fédérateur et au rythme alerte. On retrouve ces ambiances au début de la face B, avec « Keep On Rockin’ » qui évoque une nouvelle fois Status Quo, avec un côté pop rock. Ce mélange donne envie de taper du pied et de chanter avec le groupe. Kyoji Yamamoto semble aimer le rock, comme le prouve « Rolling Night », vibrant hommage à cette musique, avec ce mélange de thèmes des années 1960 et 1970.

Bow Wow a aussi d’autres ambiances à nous faire découvrir, notamment inspirées par le blues. « Lonesome Way » est ainsi un titre surprenant, qui respire l’ouest américain, avec son introduction lente, ses éléments acoustiques et son solo électrique. Une pièce étonnante, mais moins que « Carnival ». Démarrant comme un boogie rock, ce morceau possède un réel charme, avec son petit côté désuet, ses gammes majeures et son entrain pop. Plus nostalgiques, les deux pièces que sont les ballades « Lullaby Of Jenny » et « Tomorrow In Your Life », toutes deux joliment orchestrées, nous dévoilent des moments intimistes particulièrement réussis, avec de beaux refrains, des interventions de guitares soignées et une belle gestion des intensités.

Album sympathique, Telephone n’est sans doute pas le meilleur de Bow Wow, mais reste agréable à écouter, tant il renferme des morceaux de qualité.

  • 1. Hot Rod Tornado
  • 2. Good Tim’s R & R
  • 3. Lullaby Of Jenny
  • 4. Carnival
  • 5. Keep On Rockin’
  • 6. Lonesome Way
  • 7. Rolling Night
  • 8. Tomorrow In Your Life
  • 9. Short Piece

  • Kyoji Yamamoto – Guitares, Chant
  • Mitsuhiro Saito – Guitares  
  • Kenji Sano – Basse
  • Toshihiro Niimi – Batterie

Label : Sounds Marketing System

ANGEL WITCH – AngelWitch (1980)

Formé en 1977 sous le nom de Lucifer, Angel Witch publie deux démos en 1978 et 1979. Son titre « Baphomet » apparaît l’année suivante sur la compilation Metal For Muthas aux côtés d’Iron Maiden, Samson et Praying Mantis. Quelques mois plus tard sort le 45 t « Sweet Danger »/« Flight Nineteen » sur EMI. Mais le label finit par rompre le contrat en raison des mauvais chiffres de vente du single. Bronze records récupère le groupe qui enregistre dix titres aux Roundhouse Studios avec Martin Smith. L’univers teinté d’occultisme du groupe évoque Black Sabbath, mais la musique est plus alerte, plus légère, et se base sur des rythmes en phase avec son époque. La formation en power trio accentue ces atmosphères étranges que la voix de Kevin Heybourne rend plus étrange encore et permet aux guitares d’être sur le devant de la scène.

Le premier titre, « Angel Witch » nous fait entrer dans le vif du sujet, avec cet hymne imparable, rapide, aux vocaux hallucinés et au refrain fédérateur. Les guitares tissent des riffs originaux que supporte une section rythmique efficace sans être géniale. L’univers occulte est développé à l’envi, comme sur le pendant « White Witch », sorte de cavalcade illuminée et fantastique, qui narre un étrange récit sur fond de changements de rythmes et de riffs épais. Plus lourd, « Gorgon » est un titre complexe, finement construit, avec ses changements de rythmes et sa gestion des intensités. Réenregistré, l’inquiétant et original « Sweet Danger » s’appuie sur des riffs dissonants qui concourent à donner une image troublante de ce groupe. Tout l’album s’inscrit dans ces climats noirs, que l’on dirait construits pour un film fantastique, comme sur le sombre « Angel of Death », porté par la voix de Kevin Heybourne qui évoque Manilla Road, dont le premier album sort la même année.

Si Angel Witch s’inscrit dans la New Wave Of British Heavy Metal, il est de loin son groupe le plus mystérieux et occulte, en donnant vraiment l’impression d’y croire. « Atlantis » plonge dans les mythes et légendes pour nous livrer un morceau de heavy metal rapide et puissant. Plus ancrés dans les années 1970, « Confused » et « Free Man » ouvrent des portes sur un ailleurs ténébreux. C’est le cas également du torturé « Devil’s Tower », un instrumental d’ambiance, qui était très apprécié à l’époque et qui clôt ce disque avec bonheur pour donner l’envie de remettre l’autre face. Il rappelle d’ailleurs « Sorcerers », une composition pleine de finesse, dont les nombreux changements de rythmes permettent d’installer un univers occulte, savamment distillé, qui est la marque de fabrique du groupe.

L’album reçoit des louanges dans la presse spécialisée, faisant d’Angel Witch l’un des grands espoirs de cette nouvelle vague. Malheureusement, les nombreuses dissensions dans le groupe ne lui permettent pas de confirmer ces attentes. Kevin Heybourne compose et écrit tous les titres, mais semble ne pas conserver longtemps ses musiciens. L’album a été réédité plusieurs fois. La version du 30ème anniversaire est composée de deux CD, contenant quatre morceaux issus de sessions à la BBC, sept démos, le titre « Baphomet », ainsi que huit chansons tirées des singles de l’époque. Une version indispensable.

  • 1. Angel Witch
  • 2. Atlantis
  • 3. White Witch
  • 4. Confused
  • 5. Sorcerers
  • 6. Gorgon
  • 7. Sweet Danger
  • 8. Free Man
  • 9. Angel of Death
  • 10. Devil’s Tower
  • Kevin Heybourne – Chant, guitares
  • Kevin « Skids » Riddles – Bbasse, claviers, chœurs
  • Dave Hoog – Batterie, percussions

Label : Bronze records

LOUDNESS – Soldier Of Fortune (1989)

Après le semi-échec commercial de Hurricane Eyes, le producteur Max Norman suggère à Loudness d’engager un chanteur maîtrisant la langue de Shakespeare. Minoru Niihara est donc remercié pour être remplacé par Mike Vescera qui faisait partie d’Obsession. Si les qualités vocales de ce dernier sont indéniables, la patte Loudness s’estompe pour faire entrer le groupe dans les cases imposées par le business américain. On peine donc à reconnaître Loudness tant les titres, plutôt bons au demeurant, ressemblent à tout ce qui se fait à l’époque et sonnent à la manière MTC. Seule la guitare d’Akira, en partie domestiquée, donne encore des envie de grands espaces.

Le heavy metal présent sur les précédents opus laisse place à un heavy rock américain calibré, aseptisé, lissé et poli à l’extrême. Ainsi, l’enlevé « You Shook Me », le FM « Danger Of Love » qui rappelle TNT, « 25 Days from Home » ou encore la ballade « Lost Without Your Love » sont bien écrits, superbement interprétés, produits avec finesse, mais ne laissent rien dépasser. Pourtant, comme à son habitude, Loudness débute son album avec un titre hargneux. Certes, « Soldier of Fortune » est étalonné pour ne pas choquer le public américain, malgré cela, il est entraînant, servi par un riff efficace et chanté avec talent. « Demon Disease », qui clôt cet opus, est bien plus heavy et méchant, avec son rythme rapide, ses descentes de manche et sa rythmique énergique, nous rappelant que Loudness aime lâcher les chevaux.

Entre ces deux morceaux, plusieurs titres sortent du lot, comme le mid tempo « Red Light Shooter » au refrain fédérateur, ou le très beau « Faces in the Fire » aux riffs complexes et aux changements de rythmes incessants. Ce titre étonnant, peu en accord avec le reste de l’album, propose des arrangements subtils qui font la part belle aux guitares et à la basse, tout en renvoyant à ce qui passait à la radio à l’époque. Ne comportant aucune mauvaise chanson, Soldier Of Fortune propose même de magnifiques compositions, comme « Long After Midnight » dont le refrain est finement travaillé ou « You Shook Me » qui donne envie de taper du pied et qui sortira en single.

Malgré cette indéniable réussite artistique, les fans boudent en grande partie cet album parce qu’il ne correspond pas à l’image du groupe. L’échec commercial est d’ailleurs plus important encore qu’avec le précédent, preuve, s’il en est, qu’il ne faut pas se moquer du public. Mike Vescera en fait des tonnes, aussi bien vocalement, que lorsqu’il apparaît dans les clips du groupe ou sur scène.

  • 1. Soldier of Fortune 
  • 2. You Shook Me 
  • 3. Danger of Love
  • 4. 25 Days from Home 
  • 5. Red Light Shooter 
  • 6. Running for Cover 
  • 7. Lost Without Your Love 
  • 8. Faces in the Fire
  • 9. Long After Midnight
  • 10. Demon Disease 
  • Mike Vescera : Chant
  • Akira Takasaki : Guitares 
  • Masayoshi Yamashita : Basse 
  • Munetaka Higuchi : Batterie

Label : Atco Records

TRUST – Trust (1979)

Formé dans la région parisienne en 1977 par Bernie Bonvoisin et Norbert « Nono » Krief, en pleine période punk, le groupe publie un premier 45t « Prends pas ton flingue »/« Paris by night » quelques mois plus tard sur le label Pathé Marconi. Le groupe écume toutes les salles parisiennes de l’époque dont le Golf Drouot. Un contrat est ensuite signé avec CBS qui sort leur premier album en 1979. La direction musicale y est très variée, puisqu’on y trouve des morceaux hard rock, des influences rock 70, une énergie punk et des touches de variété et des arrangements que l’on retrouve habituellement dans le funk. L’alliance entre les guitares inspirées de Nono et les paroles revendicatrices de Bernie, en accord avec l’ambiance de l’époque, semble toucher les jeunes de l’époque, notamment dans les banlieues, tout en intéressant un plus large public.

L’album s’ouvre sur un hard rock carré, « Préfabriqué » qui dénonce certains travers de la société. Le riff est entraînant, annonciateur des années 1980. On comprend aisément qu’on tient là un grand guitariste, ce qui se vérifie sur le solo. En revanche, la voix est hurlée, punk, et renvoie plus à Paul DI’Anno qu’à Robert Plant. Cette dichotomie est sans doute ce qui a attiré des fans vers Trust. Bernie se veut le porte-parole d’un prolétariat exploité, comme dans « Toujours pas une tune », un titre peu marquant avec son ambiance 1970 et surtout « Bosser huit heures », un rock enlevé dont les paroles, simples, directes, sont crachées plutôt que chantées. Ces morceaux frappent par leurs revendications, mais sont dépassées par « L’Elite », un vrai hit en puissance, tenu à bout de cordes par Nono. La section rythmique assure, sans être de grande qualité. Les influences de Led Zeppelin et Black Sabbath sont évidentes dans la manière qu’a Nono de construire ce morceau en jouant sur les ambiances. Le solo, majestueux, éclaire l’ensemble. Après les patrons, Bernie s’en prend à la police dans « Police Milice ». Les paroles, comme pour les titres précédents, sont pleines de récriminations et finalement très basiques, ce qui permet aux auditeurs de comprendre ses messages. Plus proche du hard rock des années 1970, le riff de base est assez simple, les bruits de sirènes apportent un peu de réalisme à l’ensemble.

Le rock des années 1970 est omniprésent sur ce disque qui se trouve à une année charnière pour la musique. J’ai cité « Toujours pas une tune », on peut aussi évoquer « Le matteur », dont le saxophone allège l’ensemble avec ses ambiances funk, ou « Palace », avec son introduction assez proche du rock variété de cette époque et son rythme disco funk. Plus intéressant grâce à un riff digne de Frank Marino, « Comme un damné » propose un mix entre boogie et rock, un peu gâché par un son de batterie trop léger. On comprend que le groupe hésite entre plusieurs directions. Tiré vers le punk par son chanteur, vers le hard rock par son guitariste et freiné par une section rythmique poussive, ce qui est criant sur « H & D », un des meilleurs morceaux de l’album grâce à sa construction intelligente et ses riffs accomplis. Les effets sur le chant sont les bienvenus, ce qui rend la voix de Bernie moins directe. La reprise du « Ride On » d’AC/DC marque les esprits et attire au groupe des fans qui ne les auraient certainement pas remarqués, même si « Paris by Night », adaptation de « Love at First Feel ».

Symbole des années Giscard, comme Téléphone ou Renaud, Trust parle à une jeunesse populaire qui ne se retrouve pas dans cette société et qui va vouloir un changement de politique en 1981 (en se faisant royalement entuber). Il incarne une époque où le rock était la voix des banlieues et des laissés-pour-compte, place que lui a ravi le rap. Dans un sens, Trust préfigure Rage Against The Machine. Le succès de cet album qui va s’écouler à un million d’exemplaires surprend son label qui avait plutôt misé sur Téléphone.

  • 1. Préfabriqués
  • 2. Palace
  • 3. Le matteur
  • 4. Bosser huit heures
  • 5. Comme un damné
  • 6. Dialogue de sourds
  • 7. L’élite
  • 8. Police-milice
  • 9. H & D
  • 10. Ride On
  • 11. Toujours pas une tune
  • Bernie Bonvoisin – Chant
  • Norbert Krief – Guitare
  • Raymond Manna – Basse
  • Jean-Emile Hanela – Batterie

Label : CBS

IMPELLITTERI – Eye Of The Hurricane (1997)

Un mois après l’EP Fuel For The Fire sort Eye Of The Hurricane qui démarre par son titre éponyme, dont le riff heavy et le chant mélodique nous montrent qu’Impellitteri a définitivement trouvé son style. Toujours aussi techniques, les morceaux se développent autour de riffs efficaces, de solos toujours aussi inventifs et de refrains soignés, le tout soutenu par la paire Pulli/Mary qui assure une assise impeccable. L’auditeur a donc droit à ses titres de metal mélodique de haute volée comme l’excellent « Shed Your Blood » au groove imparable, l’excellent « Fuel For The Fire » déjà entendu sur l’EP et dont le riff irrésistible emporte tout sur son passage ou encore le contrasté « Master Of Disguise » qui démarre lentement avant de lâcher les chevaux. Ces trois morceaux prouvent toute la diversité des ambiances proposées par le groupe qui ne se contente pas des lauriers amassés sur ses albums précédents.

Une nouvelle fois, le groupe explore différents univers, mêlant le metal à la Dio à un refrain néo-classique sur « Bleed In Silence », jouant avec des thèmes hard rock sur la power ballade « Paradise » ou s’essayant à la ballade acoustique à la Mr Big avec l’étonnante « One And On » que l’on n’attendait pas sur un album d’Impelliterri. Par contraste, le riff pesant du heavy rock « Everything Is You » nous emporte dans un monde étrange coincé entre Mötley Crüe, Enuff Z’Nuff et Van Halen avec le son d’un groupe de heavy metal à la Holy Mother. Avec Impellitteri, on sait qu’on peut s’attendre à tout, et pourtant, à chaque fois, le groupe parvient à nous surprendre. C’est encore le cas sur « Kingdom Fighter » qui démarre comme un morceau de heavy metal assez classique pour le groupe, avant de nous offrir un refrain savoureux.

Evidemment, ce ne sont pas les deux instrumentaux qui pourraient nous étonner. « Race Into The Light » est une pure envolée néo-classique sur laquelle le shred est à l’honneur, tandis que « Halloween » est une incursion dans le heavy metal qui offre de nouvelles possibilités à Chris Impellitteri de nous montrer tout son talent, comme c’est le cas sur tout cet album d’excellente facture.

  • 1. Eye Of The Hurricane
  • 2. Shed Your Blood
  • 3. Fuel For The Fire
  • 4. Race Into The Light (Instrumental)
  • 5. Bleed In Silence
  • 6. Master Of Disguise
  • 7. On And On
  • 8. Everything Is You
  • 9. Kingdom Fighter
  • 10. Halloween (Instrumental)
  • 11. Paradise
  • Ed Roth : Claviers 
  • James Amelio Pulli : Basse 
  • Rob Rock : Chant 
  • Chris Impellitteri : Guitares 
  • Ken Mary : Batterie

Label : Victor

CHASTAIN – For Those Who Dare (1990)

Après quatre albums qui ont inscrit Chastain comme une valeur sure du heavy metal américain, For Those Who Dare semble, pour la première fois, marquer le pas. Tout d’abord, la section rythmique a été changée, ce qui marque un indéniable changement dans le son et la dynamique des morceaux. John Luke Hebert manque d’une réelle classe à la batterie et son jeu, sans relief, ne convient pas à ce metal torturé. Quant à David Harbour, il n’a pas encore trouvé sa place, même s’il nous montre de belles choses notamment sur « For Those Who Dare » ou « Night of Anger », mais ce n’est rien comparé à ce qu’il propose sur les albums solos de David T. Chastain. Le manque de cohésion est donc criant.

Malheureusement, le principal problème ne vient pas de là, mais de la qualité des morceaux. En pleine vague grunge, Chastain s’accroche à un heavy metal classique, dont il a enlevé le côté mélodique si plaisant sur The 7th Of Never. Evidemment, il demeure des titres sympathiques, comme « Please Set Us Free », la reprise de Heart « Barracuda » ou encore « Light in the Dark », mais cela fait assez peu par rapport à d’habitude. L’ensemble est assez plat et fade. Même le furieux « Secrets of the Damned » pêche par des maladresses dans la mise en place des arrangements vocaux.

Et que dire de titres dispensables comme « The Mountain Whispers », « One Before » que l’on ne sait pas par quel bout prendre ou « I Am the Rain » au refrain totalement raté. Le problème avec Chastain, c’est sa chanteuse Leather Leone qui, sur de bons morceaux, est enrobée dans l’ensemble mais qui, sur des titres médiocres, accentue la noyade en raison d’une voix criarde et sans relief. Sur « I Am the Rain », elle semble moins inspirée que d’habitude.

Même si David T. Chastain nous livre de beaux solos, force est de constater que For Those Who Dare se présente comme le moins bon album du début de carrière du groupe. Il faudra attendre cinq ans pour en avoir un nouveau.

  • 1. The Mountain Whispers
  • 2. For Those Who Dare
  • 3. Please Set Us Free
  • 4. I Am the Rain
  • 5. Night of Anger
  • 6. Barracuda (Heart cover)
  • 7. Light in the Dark
  • 8. Secrets of the Damned
  • 9. Not Much Breathing
  • 10. Once Before
  • Leather Leone – chant
  • David T. Chastain – guitares, claviers, chœurs
  • David Harbour – basse
  • John Luke Hebert – batterie

Label : Leviathan

Producteur : David T. Chastain

UDO – Animal House (1987)

Suite à Metal Heart et Russian Roulette, qu’Udo Dirkschneider juge trop mélodiques pour son style, le chanteur quitte Accept afin de poursuivre une carrière solo. Wolf Hoffmann et sa femme Deaffy qui écrit les paroles pour le groupe lui offrent tout un album. Selon le guitariste, Udo étant incapable de composer, c’était un remerciement pour les années passées dans Accept. Ces titres, qui sonnent comme les anciens morceaux du groupe, ont été composés assez rapidement par les membres d’Accept. Ce retour aux sources permet au chanteur de trouver aisément une maison de disques. Il rassemble donc des musiciens pour aller enregistrer cet album aux Dierks studios de Cologne sous la direction de Mark Dodson.

Dès les premiers accords, les fans d’Accept se retrouvent en terrain connu. « Animal House » aurait pu, en effet, atterrir sur Balls to the Wall, tant les recettes utilisées par Wolf Hoffman sont éprouvées. Cet hymne, mené par des cavalcades de guitares, conduit à un refrain fédérateur, et reprend des sonorités propres à Accept. Ces procédés se retrouvent tout au long de l’album. Ainsi « Black Widow » s’appuie sur des riffs classiques, dont une partie est plaquée, et renvoie à « Love Child » en plus simple. Udo y met toute son âme, comme sur « Lay Down the Law », à l’esprit plus rock’n’roll, mais dont les chœurs graves sont du pur Accept.

Le groupe propose des morceaux plus enlevés, comme le heavy « Go Back to Hell » sur lequel Udo module sa voix comme jamais. Le refrain est classique, avec la phrase titre répétée deux fois pour mieux l’appuyer. Presque speed, « We Want It Loud » explore des sphères plus en phase avec l’époque et la nouvelle vague de groupes allemands. Les deux guitaristes, efficaces sans être géniaux, délivrent une bonne prestation, mais usent un peu trop du vibrato. Néanmoins, la chanson claque et entraîne l’auditeur dans sa gigue. Pourtant, on peut lui préférer le rapide et mélodique « Coming Home », au clin d’œil évident à Scorpions, qui associe des riffs rapides à des ponts plus affinés.

Tous les titres ne sont pas aussi bons. « Warrior » s’enlise dans un tempo lent qui plaît sans doute aux fans germaniques, mais qui paraît très daté, comme le pesant « Run for Cover », très binaire et, finalement assez bateau. Plus subtil, « They Want War » joue avec les intensités sur un rythme un peu plus sautillant et nous montre qu’il est possible d’écrire de beaux morceaux lents. Il en va de même pour le surprenant « In the Darkness », sorte de fausse ballade comme Accept en composait dans la première partie de sa carrière.

Comme on pouvait s’y attendre, Animal House est un bon album, mais qui ressemble à un worst of d’Accept. Il permet de lancer la carrière d’Udo qui, rapidement, change une bonne partie de ses musiciens que l’on ne sent pas tous très investis. Les solos sont, en effet, assez pauvres et l’on aurait pu s’attendre à davantage d’énergie sur certains titres. UDO fera bien mieux par la suite. L’album sort en CD avec le bonus « Hot Tonight » et ressort en 2013 avec des extraits de concerts.

  • 1. Animal House
  • 2. Go Back to Hell
  • 3. They Want War
  • 4. Black Widow
  • 5. In the Darkness
  • 6. Lay Down the Law
  • 7. We Want It Loud
  • 8. Warrior
  • 9. Coming Home
  • 10. Ru for Cover
  • Udo Dirkschneider – Chant
  • Mathias Dieth – Guitares
  • Peter Szigeti – Guitares
  • Frank Rittel – Basse
  • Thomas Franke – Batterie

Producteur : Mark Dodson

Label : RCA

KILLERS – …Fils de la haine (1985)

Formé à Bardos dans les Pyrénées Atlantiques, Killers enregistre subit plusieurs changements de personnel avant de se stabiliser en 1984. Œuvrant dans un heavy metal carré, direct, assez peu technique, le quintet lorgne parfois sur le speed metal, tout en proposant des plages plus calmes. Deux démos voient le jour en 1984. La première, de quatorze titres et la seconde de sept, montrant que les musiciens composent énormément. Lorsqu’ils entrent en studio en 1985 pour enregistrer leur premier album, il y a donc l’embarras du choix. Au final, dix titres sont gravés pour former Fils de la haine qui sort sur le label Devil’s Records. La réception critique est plutôt bonne au moment où la vague française arrive à son acmé, juste avant de sombrer.

Non exempt de défauts, ce premier album démarre sur les chapeaux de roue avec le rapide « Le Fils de la haine », marqué par une production mal équilibrée, une voix haut perchée et éraillée et un son de batterie assez catastrophique. Mais l’ensemble est frais, énergique, piochant à la fois dans le heavy et le speed. Cette tendance à pousser l’accélérateur au maximum est encore plus présent sur « Pense à ton suicide », sans doute l’un des titres les plus rapides de cette époque. La diction de Patrice Le Calvez est impressionnante, tandis que le son est bien meilleur que sur la première chanson. Si les paroles ne volent pas haut, Killers développe des thématiques guerrières, comme sur « Mercenaire », un bon titre rapide aux riffs inspirés par Judas Priest période « Rapid Fire ». Dans un style plus épique et nuancé, « Chevaliers du déshonneur » fait le pont avec les morceaux heavy, comme le très bon « Sacrifice » qui alterne couplets rapides et refrain fédérateur.

Cette attirance pour les hymnes metal se confirme sur « Killers », chanté d’une voix plus grave qui démarre lentement avant d’accélérer sur un refrain simple. Assez original, ce titre souffre sans doute de défauts de construction et d’interprétation. On sent que le groupe veut bien faire et s’enthousiasme, comme sur l’instrumental « Le Magicien d’Oz », exercice quasiment obligatoire à l’époque. Pourtant, on lui préférera « Heavy Metal », pas pour ses paroles mais plus pour sa volonté de faire soulever les poings. Même chose pour « Au nom du rock’n’roll », faux live, dont les paroles sont simplistes. Ces deux chansons devaient entraîner les fans dans la fête. Ce qui n’est pas du tout le cas du poignant « Rosalind » qui narre une perte sur fond de sorcellerie. Pour une fois, les paroles sont soignées et les arrangements de qualité.

Après sa sortie, le groupe donne des concerts avec Vulcain puis participe au France festival de Choisy-le-Roi en 1985. Son succès d’estime lui permet de conquérir de nouveaux fans, même si les ventes ne sont pas fabuleuses pour l’époque.

  • 1. Le fils de la haine
  • 2. Sacrifice
  • 3. Rosalind
  • 4. Pense à ton suicide
  • 5. Au nom du rock’n’roll
  • 6. Killers
  • 7. Mercenaire
  • 8. Le Magicien d’Oz
  • 9. Heavy Metal
  • 10. Chevaliers du déshonneur
  • Patrice Le Calvez – Chant
  • Bruno Dolheguy – Guitares
  • Didier Deboffe – Guitares   
  • Pierre Paul – Basse  
  • Michel Camiade – Batterie

Label : Devil’s Record

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