ARTILLERY – Deadly Relics (2019)

Groupe danois de thrash metal, Artillery s’est formé en 1982, enregistrant quatre démos avant de publier son premier album. Deadly Relics rassemble les deux démos de 1984, ainsi que le 45 t « Khomaniac/Don’t Believe » (1989) et deux chansons issues de la démo préparatoire à leur premier album Fear Of Tomorrow. Autant dire que cette compilation est destinée aux fans, mais également à ceux qui s’intéressent à l’histoire du metal. Le produit proposé par Mighty Music est d’ailleurs de qualité. Le travail de production a été soigneusement réalisé, afin que le son soit écoutable de nos jours, sans pour autant gommer toutes les imperfections, et notamment ces voix caractéristiques de l’époque. Il est à noter que cette version est différente de celle déjà publiée en 1998 par le label, notamment en raison du nombre de morceaux et surtout par le son.

Sinon, on retrouve un thrash classique, qui déboule à cent à l’heure, en flirtant                avec le speed metal allemand : « Out of The Sky » qui rappelle Living Death ou les premiers Helloween, avec une touche d’Overkill. L’ensemble n’est pas toujours du meilleur goût et laisse apparaître pas mal de lacunes, comme sur le brouillon et amusant « Deeds Of Darkness » au rythme pesant et aux changements de rythmes pas toujours maîtrisés. On pense parfois à Exodus : notamment sur « Time Has Come » et « Too Late To Regret », qui évoquent le premier album des Californiens. Mais tout cela n’est pas encore parfaitement en place à cette époque chez les Danois.

On comprend surtout qu’en cinq ans le groupe a réalisé de gros progrès. Que de chemin parcouru entre le pénible « Time Has Come », sur lequel le chant de Carsten Lohman est insupportable et le solo approximatif et le plus sérieux « Khomaniac » qui présente un groupe en pleine possession de ses moyens ! En plus de ce titre, quelques autres morceaux sortent aussi du lot, comme le brûlot « Fear Of Tomorrow » aux riffs épais, le sombre « Deserter » qui propose plusieurs idées pertinentes ou encore le nuancé « Don’t Believe ».

Deadly Relics est une compilation inconstante qui vaut par son côté historique et permet de plonger dans les archives d’un groupe toujours en activité.

  • 1. Intro (1999)
  • 2. Khomaniac (1989)
  • 3. Don’t Believe (1989)
  • 4. Out of The Sky (1985)
  • 5. Fear Of Tomorrow (1985)
  • 6. Deeds Of Darkness (1984)
  • 7. Too Late To Regret (1984)
  • 8. Deserter (1984)
  • 9. Hey Woman (version 1) (1984)
  • 10. Time Has Come (1984)
  • 11. All For You (version 2) (1984)

  • 1984-1985**
  • Carsten Lohman – chant
  • Jørgen Sandau – guitares
  • Michael Stützer – guitares
  • Morten Stützer – basse
  • Carsten Nielsen – batterie
  • 1985 -1990***
  • Flemming Rønsdorf – chant
  • Morten Stützer – guitares
  • Michael Stützer – guitares
  • Peter Thorslund – basse
  • Carsten Nielsen – batterie

Label : Mighty Music

WARRIOR SOUL – Rock’n’Roll Disease (2019)

Deux ans après Back on the Lash, Warrior Soul nous revient avec un nouvel album studio et de nouveaux musiciens, ce qui est assez habituel puisque Kory Clarke pratique un renouvellement régulier de ses troupes. Il en va de même pour sa musique qui, cette fois, puise au cœur du rock’n’roll dès « Up The Dose » qui s’appuie sur un riff gorgé de groove, coincé quelque part entre AC/DC et Motörhead. Cela nous donne un bon coup de pied aux fesses dès le départ, surtout que la voix de Kory, plus éraillée qu’à son habitude, booste l’ensemble. Plus insidieux est le bien nommé « Rock N Roll Disease » qui m’évoque les Finlandais de Peer Günt à leur meilleure époque avec son riff répétitif et hargneux, sa batterie binaire et les hurlements hallucinés de Kory.

Warrior Soul n’ayant jamais fait les choses comme les autres, son rock est dépouillé des oripeaux dorés dont certains aiment l’affubler afin de ne conserver que l’essentiel d’une musique qui frappe à l’estomac, comme c’est le cas sur « Going Mental » qui vire au punk rock sur la fin, à la manière d’un Rose Tattoo, la slide en moins. Cette parenté est encore plus évidente sur « After The Show » qui propose un riff direct, épais, distordu, ainsi qu’un chant passionné, transformant, une nouvelle fois Kory Clarke en prophète moderne. Sa manière de déclamer ses couplets n’est évidemment pas étrangère à cette impression. Même lorsqu’il chante, sa diction particulière, appuyée par des riffs hypnotiques, entraîne l’auditeur dans un univers parallèle, comme sur l’illuminé « Melt Down » qui, lui, évoque les premières chansons du groupe.

Le compositeur a voulu plonger dans ses racines afin de nous livrer sa vision contemporaine d’un rock teinté de blues, de boogie et de hard. « Rock On » en apporte une preuve flagrante en puisant dans des thèmes classiques, tout en les passant à la moulinette d’un hard gras, comme aurait pu le faire les MC5 s’ils étaient encore là. La basse, énorme et omniprésente, teinte l’ensemble. Ces influences protopunks sont d’ailleurs présentes sur « Off My Face » dont les guitares distordues à l’extrême renvoient aux années 1970, tandis que le refrain rock punk évoque une urgence et une rage que l’on sait présente chez le chanteur depuis Last Decade Dead Century (1990). Si la musique que le groupe proposait à l’époque a, en partie, disparu, il en reste quelques traces, notamment dans l’inquiétant « War Ride Children », dont les dissonances nous prouvent que Warrior Soul est toujours une formation sur laquelle il faut compter, car elle est capable de se réinventer en permanence.

  • 1. Up The Dose
  • 2. Rock N Roll Disease
  • 3. Off My Face
  • 4. Melt Down
  • 5. Rock On
  • 6. War Ride Children
  • 7. Going Mental
  • 8. After the Show
  • Kory Clarke : Chant/Batterie
  • Adam Arling : Guitare/Basse/Chœurs
  • John Polachek : Guitare
  • Dennis « El Guapo » Post : Guitare/Chœurs
  • Christian Kimmett : Basse/Chœurs
  • Ivan Tambac : Batterie/Chœurs
  • John Besser : Batterie

Label : Livewire/Cargo Records UK

DEREK SHERINIAN – Black Utopia (2003)

Avec ce deuxième album solo, Derek Sherinian frappe très fort et ce, dès « The sons of Anu », qui voit s’affronter deux guitaristes de légende aux styles totalement différents : le jazzy Al DiMeola et le métallique Yngwie Malmsteem. La rencontre, peu probable, se révèle cependant excellente et l’on ne peut qu’applaudir des deux mains (et se gratter la tête en se demandant comment ils font pour jouer comme ça). Tout l’album est du même style. S’inspirant de thèmes mythologiques : « The Sons of Anu », fantastiques « Axis of Evil », « Nightmare Cinema » ou S-F : « Star Cycle », « Black utopia », le claviériste de génie nous fait passer de l’autre côté du miroir, là où tout est possible. Même Zakk Wylde donnant à réplique à Yngwie Malmsteem, ou Al DiMeola flirtant avec ce même Suédois. Les frissons nous prennent lorsque le clavier majestueux du maître Derek vient y ajouter sa patte magique.

Cela donne lieu à des envolées lyriques qui dépassent de beaucoup ce que l’on a pu entendre ces derniers temps. Tout cela se fait avec une telle facilité et un tel talent qu’il faut admirer cela comme une œuvre, au sens littéral du terme. Tout est fait pour retenir l’auditeur. Chaque morceau propose d’ailleurs une atmosphère différente qui rend l’ensemble fort harmonieux. La rythmique très lourde de « Nightmare Cinema » introduit le jeu reconnaissable de Zakk Wylde, très à l’aise sur ce morceau digne d’un film d’épouvante. Un hommage au père Ozzy, sans doute. Cela se confirme sur « Axis of Evil ». Derek Sherinian a choisi les guitaristes en adéquation totale avec l’ambiance des morceaux.

Et lorsque Lukather s’y met sur « Stony Days » on se dit que le monde du rock tout entier voulait être de la partie. L’ambiance se calme donc, ce qui permet d’admirer le travail du bassiste Tony Franklin, tandis que le guitariste fait pleurer son instrument. Avec « Star Cycle », la musique lorgne vers un jazz rock progressif de bon aloi, tandis que « Gypsy Moth » est éclairé par la guitare sèche d’Al DiMeola, un piano et un superbe violon, juste en filigranes. Pour clore l’album, le morceau d’anthologie qu’est « Black Utopia », absolument idéal pour soutenir une lecture de 1984 ou du Meilleur des mondes. Que dire de plus ? Achetez-le. Et pas uniquement si vous êtes musicien !

  • 1. The Fury
  • 2. The Sons of Anu
  • 3. Nightmare Cinema
  • 4. Stony Days
  • 5. Star Cycle
  • 6. Axis of Evil
  • 7. Gypsy Moth
  • 8. Sweet Lament
  • 9. Black Utopia 

  • Derek Sherinian – Claviers
  • Steve Lukather – Guitares (4) (5) (8)
  • Zakk Wylde – Guitares (3) (6) (9)
  • Yngwie Malmsteen – Guitares (1) (2) (6)
  • Al DiMeola – Guitares (2) (7)
  • Brian Tichy – Guitares (2) (3) (6) (9)
  • Jerry Goodman – Violon (2) (3) (6) (7) (8) (9)
  • Tony Franklin – Basse
  • Simon Phillips – Batterie
  • Billy Sheehan – Basse (2) (6) (9)

Label : Inside Out/Wagram

THERAPY ? High Anxiety (2003)

Je dois avouer que j’avais perdu la trace de Therapy ? depuis leur album Troublegum (1992) que j’avais vraiment apprécié. Eh bien, j’avais tort ! Ou plutôt, j’ai mille fois raison de les retrouver aujourd’hui car High Anxiety est une véritable tuerie rock, qui lorgne tantôt sur le hard : « Hey Satan – You Rock », « Limbo », tantôt sur le rock burné : « Who Knows » ou mélodique « Nobody Here But Us », tantôt sur le punk rock : « My Voodoo Doll », « Watch You Go », voire sur le neo-metal : « Stand In Line ».  Autant dire que cet opus est très varié et nous offre une palette d’ambiances et de motifs vraiment diversifiée. Ces chemins si divers ne sont pas si répandus dans notre univers formaté et ouvrent sur des paysages bien différents, à la fois riches et surprenants.

Le duo basse/batterie, à la fois fluide, sobre et implacable, permet aux riffs de guitares de soutenir une voix chaude qui sait distiller à la perfection des mélodies entêtantes : « Hey Satan – You Rock », « Who Knows », « Nobody Here But Us », « My Voodoo Doll ». Therapy ? est vraiment un groupe unique, qui allie la puissance d’un Motörhead à la fougue d’un Rose Tattoo, rappelant des riffs issus du grunge sur « Who Knows » en clin d’œil à ces acheteurs versatiles de leur époque « MTV ». Il serait sans doute temps que le grand public et sans doute les critiques oublient qu’ils ont trusté les charts il y a quelques années. Car Therapy ? est un vrai groupe de rock capable de vous scotcher à votre fauteuil tout en vous hypnotisant. Les paroles, souvent répétitives, s’attaquent à tout ce qui ne fonctionne pas dans notre société en utilisant des motifs fantastiques transgressifs sur « Hey Satan – You Rock », « Limbo » ou « My Voodoo Doll », rappelant que le rock est une musique transgressive et non une ode pour bobos en mal de sensations. Le premier morceau est un modèle du genre, puisque sous couvert de couplets habiles, le groupe nous délivre un message s’attaquant aux gens qui ne voient dans le rock qu’une musique satanique.

Toutes les compositions sont du même acabit, puisqu’elles jouent sur le symbolisme afin de nous faire réfléchir sur certains travers de notre monde, comme sur « Who Knows» ou de nous-même « If It Kills Me ». La mort, la solitude, le rejet, la déchéance, sont autant de thèmes abordés par une musique tout en nuances, qui sait se montrer angoissante « Not In Any Name » ou renversante « My Voodoo Doll », selon le besoin. Assis à mon bureau, en plein travail, je me suis surpris plusieurs fois à taper du pied ou à secouer la tête. Une bonne cure de jouvence que ce High Anxiety. Allez, je me remets à chanter : « Venom on the jukebox Postcards to hell, hey Satan – you rock »…

  • 1. Hey Satan – You Rock.
  • 2. Who Knows
  • 3. Stand In Line
  • 4. Nobody Here But Us
  • 5. Watch You Go
  • 6. If It Kills Me
  • 7. Not In Any Name
  • 8. My Voodoo Doll
  • 9. Limbo
  • 10. Last Blast
  • 11. Rust
  • 12. Never Ending
  • Andy Cairns – Chant, guitares
  • Michael McKeegan – Bass, chœurs
  • Neil Cooper – Batterie
  • Martin McCarrick – Guitares, violoncelle, chœurs

Label : Spitfire/BMG

KREATOR – Hordes Of Chaos (2005)

Après le furieux et encensé Enemy Of God paru l’année précédente, Kreator avait la pression et se devait de surprendre son monde. C’est exactement ce qui se passe avec Hordes Of Chaos, un album subtil, insidieux, furieux et intelligent. En quelques mots, l’album que personne n’attendait de la part de ce groupe de thrash allemand que la plupart pensaient incapables d’un tel exploit. Pour s’en convaincre, il suffit de poser une oreille sur l’étonnant « Amok Run » qui débute par une voix narrée, avant de lâcher les chevaux à travers de multiples changements rythmes. Le déferlement de violence est terrible, supporté par des rythmes syncopés propres au genre et des hurlements hystériques d’un Millie au meilleur de sa forme. A ses côtés, Sami Yli-Sirniö place des solos de haute volée, tandis que la section rythmique écrase tout sur son passage.

Dès « Hordes Of Chaos (A Necrologue For The Elite) », l’auditeur comprend qu’il ne va pas se remettre de cette nouvelle escapade germanique. Débutant par une envolée heavy, ce morceau nous entraîne sur des sentes thrash symbolisées par des changements de rythmes qui passent de syncopes classiques à des ralentissements angoissants. La construction est fine, intelligente et complexe. Plus directe, « Radical Resistance » nous renvoie aux racines mêmes du genre, avec son déferlement de violence et sa rage contrôlée. Dans la même lignée, « Warcurse » nous cueille aux tripes, en nous donnant envie de secouer la tête en cadence à nous en décrocher les cervicales. C’est furieux, puissant, produit avec soin, comme sur le break heavy qui permet une fausse respiration. « Demon Prince » joue dans la même cour, en proposant un thrash direct, carré, efficace, qui lorgne sur le heavy metal lors de son break. Autant dire que ces morceaux nécessitent plusieurs écoutes avant de les apprivoiser. Sami Yli-Sirniö s’y montre à la fois technique et subtil, prouvant une nouvelle fois qu’il est une recrue de premier plan pour Kreator.

Cela se confirme sur l’étonnant « Escalation », une pépite qui mêle riffs bourrés de groove, section rythmique raffinée et chant recherché. Quant à Sami, il orne l’ensemble d’interventions qui donnent à l’ensemble une délicate tenue. Ce travail est encore plus probant sur le heavy thrash « Destroy What Destroys You » destiné à headbanguer, mais dont on ne peut se détourner, tant il nous cueille avec ingéniosité pour ne plus nous lâcher. On peine à reconnaître le Kreator de Pleasure to Kill, tant les changements sont profonds et complexes. Malgré ça, l’ADN du groupe est toujours présent, comme sur l’excellent « Absolute Misanthropy », dont les riffs classiques sont ornés de voluptueuses interventions de guitares qui ne dénaturent jamais l’ensemble ni n’altèrent la puissance. On sent que le groupe a voulu se renouveler sans pour autant rejeter tout ce qu’il a créé en vingt ans.

Avec « To The Afterborn », il insuffle une bonne dose de metal moderne dans son thrash, construisant même un refrain heavy et un break qui évoque Iron Maiden pour passer à Nuclear Assault. Du grand art. L’instrumental atmosphérique « Corpses Of Liberty » ne fait qu’accentuer les effets de surprise, avant que « Demon Prince » ne vienne clore ce magnifique opus qui apparaît comme l’une des meilleures réalisations des Allemands. Même quinze ans après, Hordes Of Chaos demeure un album résolument intelligent et actuel.

  • 1. Hordes Of Chaos (A Necrologue For The Elite)
  • 2. Warcurse
  • 3. Escalation
  • 4. Amok Run
  • 5. Destroy What Destroys You
  • 6. Radical Resistance
  • 7. Absolute Misanthropy
  • 8. To The Afterborn
  • 9. Corpses Of Liberty
  • 10. Demon Prince
  • Mille Petrozza – chant, guitares
  • Sami Yli-Sirniö – guitares
  • Christian Giesler – basse
  • Ventor – batterie

Producteur : Moses Schneider

Label : SPV/Steamhammer

THE TREATMENT – Power Crazy (2019)

A l’instar de Rival Sons, The Answers ou encore Bad Touch, The Treatment appartient à cette nouvelle vague de groupes qui remettent le hard rock (ou classic rock) à la mode, avec un talent indéniable. Pour ce quatrième album, les Britanniques nous offrent une musique nourrie aux racines du blues et du boogie, comme le font AC/DC ou Status Quo depuis leurs débuts. Il est donc normal de retrouver des similitudes entre certains titres de Power City et ceux des Australiens.

C’est évident sur les deux chansons d’ouverture : le mid-tempo « Let’s Get Dirty » qui donne envie de secouer la tête en cadence et l’énergique « Rising Power » dont la rythmique pulse une folle envie de taper du pied, tandis que le refrain possède toutes les qualités pour être hurlé en concert. Une superbe entrée en matière, qui se poursuit avec le blues/boogie « On The Money » qui évoque ZZ Top, le feeling compris. Le duo de guitaristes fournit un travail énorme, tout en proposant de nombreux clins d’œil à ses aînés. Un titre à coller des frissons.

Vient ensuite, « Bite Back » un nouveau mid-tempo gorgé de blues et de hard rock, aux arrangements très australiens, et au riff implacable. Cette fois, c’est le fantôme de Bon Scott qui plane sur ce morceau, non pas que Tom Rampton tente de l’imiter, il n’en a pas besoin, mais tout simplement parce que cet extraordinaire chanteur parvient à y mettre les mêmes sentiments que son regretté collègue. Cette proximité des talents se confirme sur le blues « Luck Of The Draw » qui parvient à s’élever au même niveau que « Ride On ». L’amour de The Treatment pour le blues se retrouve plus loin avec « Waiting For The Call », une pure pépite aux guitares enjôleuses et aux lignes de chant enivrantes.

Après une telle pause émouvante, « Hang Them High » relance la machine, grâce à un riff implacable, destiné au headbanging et à un refrain simple dont les chœurs renvoient aux premiers AC/DC. C’est direct, efficace, mélodique et d’une rare efficacité. Mais ne vous y trompez pas, The Treatment ne copie pas et propose, au contraire, une vision actuelle d’une musique atemporelle. Ainsi, en puisant aux mêmes sources que Starfighters sur « Scar With Her Name », il redonne à la Grande-Bretagne une place de choix dans les pays adeptes du hard rock, une place qu’elle n’aurait pas dû perdre. Ce constat est encore plus flagrant sur « King Of The City », un titre plus subtil qu’il n’y paraît, avec son rythme endiablé, son refrain mélodique, ses influences metal et hard rock, et sa construction en crescendo. Une surprise qui témoigne de l’énorme talent de ce groupe.

L’album se conclut sur un étonnant trio de chansons. Tout d’abord « Laying It Down », un brûlot dans la plus pure tradition hard rock, au rythme de batterie binaire, mais aux riffs ciselés qui conduisent à un refrain répété à l’envi. Vient ensuite, « The Fighting Song », un mid-tempo évoquant Krokus, mais dont le traitement est novateur, grâce à un refrain énorme, sorte de mélange entre metal et hard rock des années 1970, pour un résultat étonnant et réussi. L’hymne de cet album ! « Falling Down » clôt Power City avec un boogie à la Status Quo, superbement construit et d’une efficacité indéniable.

En douze morceaux, The Treatment affirme sa place parmi les leaders de la scène hard rock britannique actuelle. Un album à ne pas manquer.

  • 1.Let’s Get Dirty
  • 2.Rising Power
  • 3.On The Money
  • 4.Bite Back
  • 5.Luck Of The Draw
  • 6.Hang Them High
  • 7.Scar With Her Name
  • 8.King Of The City
  • 9.Waiting For The Call
  • 10.Laying It Down
  • 11.The Fighting Song
  • 12.Falling Down
  • 13.Bite Back (Acoustic) (Bonus Track Physical)
  • Tom Rampton – Chant
  • Tagore Grey – Guitares
  • Tao Grey – Guitares
  • Dhani Mansworth – Batterie
  • Rick ‘Swoggle’ Newman – Basse

Label : Frontiers

MANIGANCE – Ange ou démon (2002)

Premier véritable album pour les français de Manigance qui nous livre en 2002 un superbe Ange ou démon alliant à la fois technicité et mélodie, puissance et inventivité. Chanté en français, ce qui nous change des livraisons anglo-saxonnes, cet album renoue avec les plus belles heures du hard français des années 1980. On pense évidemment à Sortilège, mais également à Satan Jokers. A ce sujet, il faut noter le soin apporté aux textes qui sont d’excellente qualité, c’est assez rare pour le souligner. Abordant des thèmes universels sous le couvert d’un symbolisme fantastique, « En mon nom », « Ange ou démon » ou encore « Comme une ombre » sont autant de récits passionnants qui permettent une immersion de l’auditeur dans ces univers en clair-obscur.

Cette écriture dans la langue de Molière est associée à des lignes vocales soignées. Les mélodies des refrains entrent ainsi facilement dans la tête, soutenues par une section rythmique sans failles et des guitares à la fois techniques et bourrées de toucher. On peut aisément s’en rendre compte sur « En mon nom » qui ouvre cet album ou sur « L’ultime seconde », une composition pleine de nuances qui multiplie les tonalités. Les références littéraires sont nombreuses : « Utopia », « Fleurs du mal », montrant que les textes (et les titres) sont aussi importants que la musique.

De ce côté, le groupe semble très perfectionniste. Les arrangements sont finement travaillés, colorant chaque morceau de manière unique. Plutôt axées sur des tempos moyens, les compositions nous entraînent dans des univers teintés de mélancolie « L’ultime seconde », « Fleurs du mal » que mettent en avant d’intelligents changements de rythmes. Il demeure néanmoins quelques titres enlevés, comme « Ange ou Démon » et « Dès mon retour » qui permettent de pulser davantage d’énergie encore dans cet album. Plus mélodique, et presque FM « Nomade » propose un titre plus rock qui pourrait faire un indéniable single. On peut également noter la reprise de « Messager », une chanson de Sortilège dont le rythme est accéléré et que le groupe agrémente de claviers. C’est osé mais plutôt réussi, comme l’ensemble de cet album.

  • 1. En mon nom
  • 2. Comme une ombre
  • 3. L’ultime seconde
  • 4. Utopia
  • 5. Ange ou démon
  • 6. Fleurs du mal
  • 7. Dernier hommage
  • 8. Dès mon retour
  • 9. Intégrité
  • 10. Nomade
  • 11. Désobéis
  • 12. Messager
  • François Merle – Guitares
  • Didier Delsaux – Chant
  • Marc Duffau – Basse
  • Bruno Ramos – Guitares
  • Daniel Pouylau – Batterie
  • Florent Taillandier – Claviers

Label : NTS

SOUL DOCTOR – That’s Live (2008)

Les Allemands de Soul Doctor sortent leur premier album en public après quatre albums studios de bonne facture qui oscillent entre un hard rock proche d’AC/DC et des tonalités plus chaudes que ne renieraient pas Deep Purple. Le mélange de ces styles rend ce concert bien agréable, en alternant mélodies et énergie. Les guitares, à la fois épaisses et enjôleuses, soutiennent une musique puissante et mélodique, capable de nous entraîner dans un univers coloré au blues et au hard rock. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de voir le groupe en concert, cette captation live est un régal qui permet d’écouter un groupe soudé, capable de partir dans des improvisations à la manière des formations des années 1970, comme c’est le cas sur l’excellent « Soul Doctor » qui dure près de neuf minutes et permet à Chris Lyne de montrer tous ses talents de guitariste, tandis qu’Alexander Strauch habille l’ensemble de magnifiques interventions à l’orgue.

On retrouve ainsi des morceaux qui donnent envie de chanter avec le groupe : « Good Time Spleepin’Away », le tempo lent « Goodbye » et bien entendu cet excellent « Soul Doctor » qui est réellement un vrai moment de bravoure. D’autres titres font secouer la tête en cadence, nous montrant que le groupe sait construire de vrais morceaux de bravoure.  « Under your Skin » et « Eatin’ on Me », tous deux tirés de l’album For a Fistfull Of Dollars, sont de petites bombes nourries aux mêmes sources qu’AC/DC qui retournent les tripes, tandis que « Get It On » joue sur un registre plus heavy rock et rend particulièrement bien en concert. L’ensemble de ces titres est particulièrement bien articulé et montre un groupe au sommet de son art.

Mention spéciale aux quatre derniers titres qui explosent tout sur leur passage, et notamment à « What Do U Want » et « Just Can’t Get Over You » qui ont tout pour devenir des classiques du hard rock. Le groupe met d’ailleurs tout son cœur afin de faire passer son message auprès de ses fans, se donnant à fond sur chaque morceau. Avec ce live, Soul Doctor s’installe dans le peloton de tête des groupes du genre. Un groupe à découvrir pour ceux qui ne l’ont pas encore fait et qui s’inscrit, avec Gotthard, comme un incontournable de la scène européenne, ce que démontre ce live avec talent.

Avec le recul, puisque cette chronique a été écrite en grande partie en 2008, force est de constater que le groupe n’a pas trouvé son public, ce qui est particulièrement incompréhensible. Un unique album studio suivit ce live avant que le groupe ne s’éteigne dans l’indifférence presque générale. Il nous reste cinq albums studio de grande qualité et cet excellent enregistrement en concert.

  • 1. Blood Runs Cold
  • 2. Under your Skin
  • 3. Good Time Spleepin’Away
  • 4. Temptation
  • 5. See you in Heaven
  • 6. Eatin’ on Me
  • 7. Laugh in the Face of Danger
  • 8. Goodbye
  • 9. Unspoken Words
  • 10. Get it On
  • 11. What Do U Want
  • 12. Soul Doctor
  • 13. Just Can’t Get Over You
  • Tommy Heart : Chant
  • Chris Lyne : Guitares
  • Alexander Strauch : Claviers, orgue
  • Jogy Rautenberg : Basse
  • Michael Wolpers : Batterie

Label : Metal Heaven/Underclass

WILD AMERICA – Gasoline (2018)

Wild America est un jeune groupe américain qui œuvre dans un heavy rock proche de ce qui se faisait dans les années 1990, c’est-à-dire dans la lignée de Tattoo Rodeo, Tora Tora voire XYZ. Cela donne un mélange de gros titres rock bourrés de groove, aux riffs énormes, saturés, qui fleurent bon le blues et le boogie comme sur les excellents « Long Road » qui ouvre les hostilités ou l’éponyme « Gasoline ». Autant dire que cet album est destiné à ceux qui ont le hard rock chevillé au corps. Car Wild America sait écrire des titres diablement efficaces, nourris aussi bien à l’arena rock qu’au blues rock. Ainsi, le mid-tempo « Rockstar » s’appuie sur un refrain efficace, destiné à être repris en chœur. Soutenu par un orgue chaud qui colore l’ensemble, il fait l’effet d’une bombe mélodique nous renvoyant au siècle dernier.

Wild America sait aussi calmer le jeu, en nous offrant des moments pleins de feeling, telle que la ballade « Something Inside » chantée à deux voix. Renouant avec les grands moments du heavy rock américain, le groupe s’inscrit dans un courant atemporel et nous prouve qu’il est pétri de talent. Sa connaissance de la musique américaine est évidente, comme le prouve « Til the End », une autre ballade southern rock, aux apports issus de la country music, et sur laquelle le chant de Joe Labbadia sait se faire enjôleur. Le blues à fleur de peau, le quatuor prend l’auditeur par les sentiments, avec le lyrique « She Will » qui aurait pu être écrit par Nickleback. Le mélange entre guitares acoustiques et électriques fonctionne à merveille, alors que le refrain donne envie de chanter à tue-tête. Soignant ses arrangements, Wild America distille également des touches de soul à la Little Caesar sur l’étonnant « Bleed », illuminé par un beau solo.

Avec ce premier album, Wild America s’inscrit dans les bonnes surprises de cette année 2019, puisque le groupe autoproduit a signé avec Kivel Records. Ce mélange de mélodies et de puissance devrait ravir les amateurs de musique organique et sincère. Ecoutez « Maybe Tonight » pour comprendre ce que le groupe est capable de nous proposer. Et pour ceux qui pensent qu’il est impossible d’insuffler des mélodies et des refrains fédérateurs dans du hard rock, mettez « Is Anybody Listening » et vous comprendrez que c’est possible, car ce titre est une véritable bombe.

  • 1. Long Road
  • 2. Rockstar
  • 3. Is Anybody Listening
  • 4. Gasoline
  • 5. Something Inside
  • 6. Feet to the Fire
  • 7. Maybe Tonight
  • 8. She Will
  • 9. Bleed
  • 10. Til the End
  • Joe Labbadia : Guitares, chant
  • John Gallicano : Basse
  • Billy DiNapoli : Lead Guitar, Chœurs
  • Jason Northrop – Batterie
  • Andrew Kadin : Claviers

Label : Kivel Records

ZERO NINE – Blank Verse (1982)

Pour ceux qui ne connaissent pas Zero Nine, c’est l’un des premiers groupes finlandais de metal créé en 1982 à Kuusamo. Très actif dans les années 1980, il n’a jamais vraiment disparu de la circulation et semble toujours en activité, même si ses albums se font de plus en plus rares depuis le début des années 1990.

Œuvrant dans un hard rock soutenu par des claviers chauds et des refrains mélodiques, ce premier album s’inscrit dans les bonnes surprises de cette année 1982, même s’il passe totalement inaperçu en France. Et pourtant, il ne manque pas de qualités, avec son mélange de titres encore ancrés dans les années 1970, comme le rock « Somebody Help Me » au rythme alerte et à l’énergie communicative et de hard rock plus moderne : « I Don’t Wanna See You So Dejected » qui ouvre le bal de fort belle manière. Son duo de guitaristes abat un travail plus qu’honnête, tandis que Kepa Salmirinne montre de vraies compétences vocales. Les influences de Deep Purple sont évidentes sur ce titre ainsi que sur « It Was So Misty », sans que cela tourne au plagiat. On sent simplement que le groupe cherche ses marques.

Chaque chanson est une agréable découverte qui donne envie de secouer la tête ou de taper du pied. « Suicide » est mené par un riff saccadé et rapide que tempèrent les claviers, alors que « Fury » porte bien son nom avec son hard rock’n’roll savoureux qui évoque April Wine, comme c’est aussi le cas pour « I Won’t Miss Your Love » et sa double voix. D’autres morceaux s’ancrent plutôt dans un groove à la AC/DC, tel « Crimson Tide » et son riff blues/boogie classique que vient alléger un clavier intelligent. Sur « Rock’n Roll Tramp », les diverses influences se mêlent dans un hard rock rapide, groovy, au son épaissi par des claviers, au refrain fédérateur et à l’harmonica inattendue. Un superbe titre qui pourrait en apprendre à bien des groupes en place.

A côté de ces brûlots, Zero Nine sait aussi écrire des chansons pleines de feeling, comme la superbe « Lady on The Shore » aux parfums d’AOR ou le blues ’70 « I’ve Got Friends » qui démarre sur des couplets acoustiques avant de lâcher les chevaux.

Aucune faute de goûts sur ce premier album, qui présente un groupe déjà bien en place et sûr de lui.

  • 1. I Don’t Wanna See You So Dejected   
  • 2. Suicide 
  • 3. I Won’t Miss Your Love 
  • 4. Somebody Help Me 
  • 5. Lady on the Shore 
  • 6. Fury 
  • 7. Angel 
  • 8. Crimson Tide 
  • 9. It Was So Misty 
  • 10. I’ve Got Friends 
  • 11. Rock’n Roll Tramp 
  • Borno Korpela : Batterie 
  • Mara Mäntyniemi : Guitares 
  • Iso-T Käsmä : Guitares 
  • Iro Murtola : Claviers 
  • Kepa Salmirinne : Chant 
  • Elmo Harju : Basse

Label : Dig It

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