HEADPINS – Turn It Loud (1982)

Monté par Brian MacLeod et Ab Bryant comme un projet parallèle à leur groupe de rock progressif Chilliwack, Headpins voit le jour en 1979. Il subit plusieurs changements de personnels avant de se stabiliser avec Darby Mills au chant. Choriste pour plusieurs groupes canadiens, cette dernière se fait remarquer par sa voix puissante et éraillée, capable de s’adapter à tous les registres. Et pour cela, elle peut compter sur Brian MacLeod qui va composer des titres carrés, puissants, nourris au hard rock et bien plus directs que ce qu’il fait avec Chilliwack. Les guitares sont donc omniprésentes, mais laissent aussi la place à ce chant si caractéristique qui nous vrille immédiatement les oreilles et nous colle au siège.

Dès « Turn It Loud », l’auditeur est happé par l’énergie communicative, le son énorme et ce refrain, simple, direct, mais ô combien addictif. Un hit est né ! Et ce n’est pas le seul, car en huit titres, Headpins ne fait aucune faute de goût. Tout d’abord, il livre des compositions gorgées de groove qui renversent tout sur leur passage, comme le rock rapide qu’est « People », sur lequel Brian MacLeod nous offre un superbe solo blues-rock. Moins enlevé, « You Can’t Have Me » s’appuie sur un rythme binaire qui donne envie de secouer la tête en cadence, tandis que le mid-tempo « Breakin’ Down » propose un riff irrésistible et un refrain à hurler avec le groupe.

En complément de ces compositions ancrées dans le hard rock, Headpins flirte avec le blues, sur le superbe « Keep Walkin’ Away », en nous prouvant que Darby Mills fait passer de réels sentiments dans sa voix. Sur ce tempo lent, elle nous cajole et nous envoûte. Elle le fait également sur le très beau « Winnin’ », qui propose un hard FM de qualité. Dans la lignée de Pat Benatar et des morceaux les plus lents c’AC/DC, cette chanson joue avec nos émotions, en nous conduisant dans un univers mélodique du plus bel effet. Plus puissant, « Don’t Ya Ever Leave Me » s’inscrit entre le hard rock et le rock FM, en mêlant riffs épais et refrain mélodique, faisant de cette chanson l’une des plus belles compositions de cet opus et assurément une pépite hard FM.

Trente-huit ans après, Turn It Loud demeure un chef-d’œuvre incontestable qui trouva d’ailleurs son public à l’époque et devrait se trouver dans toute bonne discothèque.

  • 1. Turn It Loud
  • 2. Keep Walkin’ Away
  • 3. Don’t Ya Ever Leave Me
  • 4. People
  • 5. Don’t It Make Ya Feel
  • 6. Winnin’
  • 7. You Can’t Have Me
  • 8. Breakin’ Down
  • Darby Mills – Chant
  • Brian MacLeod – Guitares
  • Ab Bryant – Bass
  • Bernie Aubin – Batterie

Label : Solid Gold Records, Atco/Atlantic

QUARTZ – Stand Up And Fight (1980)

Groupe atypique de la New Wave Of British Heavy Metal, Quartz sort son deuxième album studio trois ans après le premier. Mais après le départ de Geoff Nicholls pour Black Sabbath, la musique évolue pour s’inscrire dans un heavy metal puissant et mélodique, porté à la fois par les guitares acérées de Mick Hopkins et la voix unique de Mike Taylor. Il faut dire que ce dernier possède un timbre assez particulier, légèrement chevrotant, qui donne à chaque chanson une couleur singulière. Signé sur MCA qui croit beaucoup en ce groupe, Stand Up And Fight séduit immédiatement par son mélange d’influences issues des années 1970, sa mélodicité et sa puissance. Cet équilibre, très difficile à trouver, surtout à cette époque, confère à cet opus une aura particulière qui m’avait séduit à l’époque et qui subsiste aujourd’hui encore.

En huit morceaux, Quartz envoûte l’auditeur depuis le puissant « Stand Up And Fight » qui ouvre les hostilités avec une énergie et une justesse rare, jusqu’au mélodique « Can’t Say No To You » qui s’affiche comme une énorme réussite addictive. Le groupe est, en effet, capable de jouer sur différents registres, aussi bien en proposant des parties calmes, presque progressives : « Revenge » que des titres déjantés, comme l’excellent « Questions » qui donne envie de secouer la tête et de taper du pied. Bien en avance sur son temps, Quartz n’est pas un groupe monochrome et s’inscrit, dès 1980 parmi les formations les plus douées de son époque. Mick Hopkins propose des riffs inventifs qui ne cessent de tourner dans la tête dès qu’on les a entendus une fois, tandis que Mike Taylor tisse des lignes vocales irrésistibles. « Stocking Up the Fires of Hell » en apporte une preuve évidente.

Aucun temps mort sur cet album qui se termine sur le mid-tempo « Wildfire » qui permet à la basse de Dek Arnold de montrer qu’elle compte aussi dans la musique du groupe. Assez proche de ce que pouvait proposer Iron Maiden à l’époque, tout en étant plus inventif, Quartz possède un réel groove : le très bon « Charlie Snow », mais aussi une réelle capacité à créer des ambiances, comme sur le nuancé « Rock’n’Roll Child ». Stand Up And Fight est un vrai chef-d’œuvre et un des meilleurs albums de cette année 1980. A noter que la version japonaise contient le bonus « Circles » qui apparaît notamment sur la version CD sortie en 2018.

Un album incontournable de cette époque qui doit se retrouver dans toute bonne discothèque d’un fan de metal.

  • 1. Stand Up And Fight
  • 2. Charlie Snow
  • 3. Can’t Say No To You
  • 4. Revenge
  • 5. Stocking Up the Fires of Hell
  • 6. Rock’n’Roll Child
  • 7. Questions
  • 8. Wildfire
  • Mike Taylor – Chant
  • Mick Hopkins – Guitares
  • Dek Arnold – Basse, chant
  • Malcolm Cope – Batterie, percussion

Label : MCA records

ALTHERYA – New Dawn (2019)

La France du metal est riche de talents à découvrir. Originaire de Colmar, Altherya est une formation œuvrant dans un metal progressif puissant et mélodique qui doit autant à Epica qu’à Arch Enemy, à Symphony X qu’à Porcupine Tree. Autant dire que le spectre de leurs compositions est large, permettant à l’auditeur de passer d’un monde à l’autre avec autant de bonheur. Chaque titre, développé la plupart du temps sur plus de cinq minutes, permet de mettre en place une atmosphère unique et de proposer des structures complexes, mais jamais rébarbatives. En effet, le groupe sait construire des titres variés qui s’appuient sur des riffs épais, à l’accordage très heavy, comme sur le nuancé et entêtant « Between Sun And Moon » qui n’a rien à envier aux meilleures compositions du genre.

Bénéficiant d’une production à la fois fine et dynamique, New Dawn permet un voyage agréable dans un univers savamment construit. On sent que chaque instrument est à sa place et que chaque note a été pensée avec soin. Les deux guitaristes nous livrent ainsi des partitions et des duels que ne renierait pas Iron Maiden. C’est le cas sur le très beau « Sulphur Island », aux riffs très britanniques et sur lequel la basse s’octroie aussi une place de choix. Ces apports issus de la New Wave Of British Heavy Metal font d’Altherya un groupe original dans le monde du metal progressif souvent tourné vers les Etats-Unis. Des apports venus du death mélodique sont également décelables sur certaines parties de l’énorme « The Edge Of Life » qui ouvre le bal. Celles-ci sont tempérées par le chant de Lorena Marino qui n’en fait jamais trop, même lorsque sa voix est doublée. Ce contraste entre l’accordage bas et sa voix féminine est un plus pour des morceaux qui donnent aussi envie de secouer la tête en cadence avant de nous prendre aux tripes, comme sur l’énorme « Embrace Of Death » qui apparaît comme l’enfant d’Arch Enemy et d’Epica. A la fois étonnant et terriblement addictif. A l’instar de tout cet album.

Le groupe sait à la fois accélérer le rythme comme sur l’orientalisant « Sands Of The East » et jouer sur un registre plus mélancolique : « In Flanders Fields ». Il le fait souvent dans le même morceau, en jouant avec différentes tonalités. La pièce maîtresse qu’est « Disillusion » en apporte une preuve indéniable en développant ses ambiances sur plus de neuf minutes, sans jamais nous lasser. L’auditeur averti y décèlera une construction issue du metal progressif, avec des riffs death et des passages beaucoup plus planants, tandis que le fan se laissera porter par ses différents mouvements. Dans les deux cas, chacun y reconnaîtra la patte des grands. Dans un genre différent, « In Memory » est également un grand moment, à la fois nostalgique et magique, sur lequel la voix de Lorena occupe une place importante en sachant s’adapter à chaque moment avec la même pertinence.

New Dawn est une agréable découverte qui devrait ravir les amateurs de metal progressif, aussi exigeants fussent-ils. Pour ma part, je suis totalement sous le charme de ce groupe que j’ai découvert par hasard.

  • 1. The Edge Of Life
  • 2. Between Sun And Moon
  • 3. Sands Of The East
  • 4. Sulphur Island
  • 5. In Memory
  • 6. Embrace Of Death
  • 7. Disillusion
  • 8. In Flanders Fields
  • Lorena Marino – Chant
  • Chris Ghilardi – Guitares
  • Nicolas Weigel – Guitares
  • Chris Wurcker – Basse
  • Gael Tardio – Batterie

OMEGA ANIMA – Matices de Realidad (2020)

Omega Anima est un groupe mexicain de Monterrey, formé en septembre 2014 et qui œuvre dans un metal symphonique mélodique, dominé par la voix de la chanteuse Pamela Jasso et les claviers d’Abraham Mirazo. L’ensemble est de bonne facture, bien écrit et joliment arrangé. Les influences du groupe semblent nombreuses, Epica et Rhapsody en tête, et si l’on perçoit la présence de motifs propres au genre, des touches de rock progressif sont également discernables, notamment dans l’utilisation des claviers. Cela nous donne un mélange original, chanté en espagnol, qui apporte un peu d’exotisme dans ce courant musical souvent trop codifié. Cet album est donc un creuset dans lequel se mêlent de nombreux motifs qui ouvrent les portes d’un univers riche et envoûtant.

Dès « Volver a Volar », on comprend que le groupe privilégie les compositions alertes, mélodiques, dont les différentes strates forment des ambiances magiques, capables d’envoûter l’auditeur pour ne plus le lâcher. Les claviers sont omniprésents, mais le guitariste propose de beaux riffs soutenus par une section rythmique efficace. Chaque titre bénéficie d’un profond travail sur les arrangements, aussi bien dans les chœurs « Ley del Dolor », que dans l’équilibre entre les différents instruments : l’excellent « En el Abismo » qui évoque Symphony X. La dimension épique est d’ailleurs fortement développée, renvoyant parfois au travail de Rhapsody Of Fire ou de Therion. Omega Anima propose, en effet, une musique très visuelle : le superbe « Magia », presque cinématographique, qui s’inspire aussi de la musique classique, notamment de l’époque baroque comme le montrent l’instrumental « La Disputa » ou le néo-classique et poignant « A Tu Lado ».

La présence de Pamela Jasso est particulièrement intéressante, parce que son chant rock se démarque de la majorité de ses consœurs œuvrant dans le metal symphonique. En cela, elle se rapproche de celui de Capri (Amberian Dawn), Simone Simons (Epica) ou d’Anette Olzon (The Dark Element, ex-Nightwish), comme sur « Heridas de Ayer ». Avec trois instrumentaux sur dix titres, sa place est un peu restreinte, mais elle est un atout indéniable pour le groupe. Même lorsque le rythme s’accélère sur « Shejina », elle maîtrise parfaitement ses lignes vocales qui s’appuient sur une musique sombre et attachante.

Matices de Realidad est un très bon album, original, plein de jolies trouvailles, et qui nous fait découvrir un groupe pétri de talent. Espérons qu’un label européen aura l’idée de distribuer cet album.

  • 1. Volver a Volar
  • 2. Magia
  • 3. Cosmos
  • 4. En el Abismo
  • 5. Ley del Dolor
  • 6. La Disputa
  • 7. A Tu Lado
  • 8. Heridas de Ayer
  • 9. Para Decirte Adios
  • 10. Shejina
  • Pamela Jasso – Chant
  • Adrian Pacheco – Guitares
  • Daniel Acosta – Basse
  • Abraham Mirazo – Claviers
  • Bernardo Alfaro – Batteríe

YNGWIE MALMSTEEN – Blue Lightning (2019)

Treize ans après Inspiration, sur lequel il rendait déjà hommage à ses maîtres, Deep Purple et Jimi Hendrix en tête, Yngwie Malmsteen revient avec un album consacré au blues, qui regroupe compositions originales et reprises. Cette façon de mêler passé revisité et présent permet de découvrir le guitariste, et le chanteur, sous un jour nouveau. Ainsi, dès les premières notes de « Blue Lightning », une de ses nouveautés, l’auditeur comprend que le musicien a mis tout son cœur dans cet opus. Non seulement sa voix est bien mieux en place qu’auparavant, mais son écriture s’est épurée, sans pour autant laisser de côté sa technique. Il se donne au blues avec joie, nous rappelant parfois Joe Bonamassa grâce à sa capacité à rendre le blues plus moderne.  Autre nouveauté, «1911 Strut » propose un boogie instrumental qui devrait plaire à tous les guitaristes désireux de réviser le « 12 mesures » et de se frotter aux soli du maître. L’ensemble est fluide, magistral et imparable, une vraie ode au british blues. Avec « Sun’s Up Top’s Down », il revient aux racines du blues américain en développant un thème classique sur lequel il peut donner libre cours à son talent. Une vraie réussite gorgée de mélancolie et de lumière. Car Malmsteen possède cette particularité d’apporter un peu de soleil et de légèreté dans ses chansons. On retrouve cela dans « Peace, Please », un instrumental dans lequel les soli néoclassiques teintent ce blues lent avec bonheur. Aucune faute de goût côté nouveautés.

Côté reprises, on redécouvre « Demon’s Eye » de Deep Purple, dans une version gorgée de guitares jusqu’à plus soif et le tube « Smoke on the Water », mais aussi de nouvelles interprétations de « Foxey Lady » et « Purple Haze », deux classiques de Jimi Hendrix. Aucune surprise donc dans le choix de ces titres. Sauf qu’avec Malmsteen, rien n’est jamais fait de manière attendue. Ainsi, le blues-rock d’Hendrix est perfusé de thèmes néo-classiques, comme sur « Foxey Lady ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça fonctionne. Certes, le rock gras des années 1960 est traversé de soli fluides et alertes, mais cela ne se fait pas au détriment de l’ensemble. En effet, le guitariste apporte le plus grand respect dans sa relecture de ce classique. Il en va de même pour « Purple Haze », déjà joué en concert, et qui se termine sur une longue improvisation maîtrisée. Rares sont les guitaristes à pouvoir rivaliser avec Hendrix sans le copier.

Les deux chansons de Deep Purple, quant à elles, sont totalement dépoussiérées, et permettent à Malmsteen de poursuivre le travail de Blackmore, l’un de ses maîtres. Il modifie ainsi de nombreux arrangements sur « Smoke On The Water », laissant ensuite sa Fender chanter le blues. On le sent alors dans son élément, à tel point que certains passages ajoutés sonnent réellement comme du Deep Purple de l’époque. Mais c’est certainement « Demon’s Eye » qui se voit la mieux réinterprétée. Issue de l’excellent Fireball, et moins connue que « Smoke On The Water », elle se révèle excellente sous les doigts du maître suédois qui se laisse aller à de monstrueux soli, pétris de talent et de feeling. Les initiés vont me rétorquer qu’elle était déjà présente sur Inspirations… Et ils auront raison et tort. Car c’est une nouvelle version qui nous est proposée, une version largement meilleure et moins metal que la précédente… Comme quoi, même Malmsteen peut se relire et gommer ses erreurs.

Ne nous y trompons pas, et quoi qu’en disent les jaloux, Malmsteen possède un toucher inimitable et un sens aigu du lyrisme, comme il le montre sur « While My Guitar Gently Weeps », un titre des Beatles qui est entièrement relooké pour l’occasion, ainsi que sur « Blue Jean Blues » extrait de l’album Fandango de ZZ Top où il prouve qu’il possède une vraie âme de bluesman en rendant un hommage sincère au trio texan. Sans doute la plus belle preuve de l’implication du guitariste dans ce disque dont l’enregistrement a pris une dizaine de mois.  

Mais que dire de « Forever Man », la chanson d’Eric Clapton (en fait écrite par Jerry Lynn Williams) qui est totalement métamorphosée sous les doigts du guitariste ? En effet, son côté jazzy est gommé pour faire apparaître un groove plus prononcé et la rendre plus atemporelle, moins datée années 1980. Du grand art. Certains seront certainement plus dubitatifs quant à la version de « Paint it Black », l’un des classiques des Rolling Stones. Il faut, en effet, plusieurs écoutes pour en découvrir toutes les subtilités. A mes oreilles, c’est cependant le titre le moins réussi en dépit d’arrangements intéressants. Mais nous n’allons pas bouder pour une petite baisse de régime après un repas aussi exceptionnel.  

Au final, Yngwie Malmsteen propose un album surprenant, d’une réelle vigueur, comme si ce retour aux sources lui avait redonné une nouvelle jeunesse. Une indéniable réussite qui me réconcilie avec lui après quelques albums un peu poussifs à mon goût.

  • 1. Blue Lightning
  • 2. Foxey Lady
  • 3. Demon’s Eye
  • 4. 1911 Strut
  • 5. Blue Jean Blues
  • 6. Purple Haze
  • 7. While My Guitar Gently Weeps
  • 8. Sun’s Up Top’s Down
  • 9. Peace, Please
  • 10. Paint It Black
  • 11. Smoke On The Water
  • 12. Forever Man

Yngwie Malmsteen : Guitares, basse, production

Mascot Records

THE DAMNED – Black in the Night : The Definitive Anthology (2019)

Alors qu’on vient d’apprendre le départ du batteur Pinch, The Damned publie cette anthologie regroupant une grande partie de ses singles ainsi que d’autres titres incontournables, dont certains remasterisés. Sur deux CD ou quatre LP, les fans peuvent donc retrouver toute l’histoire de la musique de ces punks aux tendances gothics depuis leurs débuts avec « New Rose » (1976), un punk rock direct, présenté dans une version moins brute que l’originale, jusqu’à « Standing On the Edge of Tomorrow » (2018), un titre goth rock, plus policé, aux ambiances presque space rock. On comprend alors le chemin parcouru par ces Anglais qui ont traversé les modes et sont devenus cultes. L’une des preuves évidentes est la présence de davantage de compilations et d’albums live que d’albums studio.

Tout au long de ces trente-cinq titres qui balaient toutes les époques, cette anthologie dresse un panorama intéressant et presque exhaustif du groupe. Ainsi, l’auditeur peut se replonger dans la première période de The Damned et (re)découvrir « Sick of Being Sick », une version un peu lissée de « Born to Kill », l’incontournable « Problem Child » qui montrait déjà que le groupe se démarquait des autres formations du même genre, mais également le contestataire « Antipope » issu de Machine Gun Etiquette (1979), avec son break de percussions ou l’étonnant et mélodique « Melody Lee » paru sur le même album (qui est très bien représenté avec entre autre le quasi progressif « Smash It Up, Parts 1 & 2 » et ses nombreux changements de rythmes et d’ambiances).

On retrouve également le côté un peu plus gothic rock de Strawberries avec le mélancolique « Generals », le sautillant « Ignite » ou l’orientalisant « Under The Floor Again » et ses sonorités de sitar. Le sombre The Black Album est aussi de la fête avec « Dr Jekyll & Mr Hyde » qui servit à promouvoir le groupe aux Etats-Unis, le punk rock « Wait for the Blackout » ou le radiophonique : « The History of the World, Pt. 1 ». Evidemment, « Eloise », le hit single de 1986, est présent dans la version qui a fait son succès à l’époque, de même que « White Rabbit », la reprise du Jefferson Airplane ou « Fun Factory », sorti en EP lors de la reformation du groupe en 1990.

On peut regretter que la période post 2000 soit bien peu représentée. « Democracy? » et « Standing On the Edge of Tomorrow » sont associés au single « Neat, Neat, Neat » qui a servi de BO au film Baby Driver. Mais c’est bien peu. Où sont donc « Little Miss Disaster », « Look Left », « Procrastination » ou encore « A Nation Fit for Heroes » ?

Malgré ces manques, Black in the Night apparaît comme une compilation indispensable pour ceux qui désirent prendre le pouls de cette formation incontournable de la scène rock britannique.

  • Love Song
  • Wait for the Blackout
  • Generals
  • I Just Can’t Be Happy Today
  • Bad Time for Bonzo
  • Democracy?
  • White Rabbit
  • Antipope
  • Ignite
  • Melody Lee
  • Smash It Up, Parts 1 & 2
  • New Rose (2017 Remastered)
  • Neat Neat Neat (2017 Remastered)
  • Stretcher Case Baby
  • Sick of Being Sick
  • Born to Kill (2017 Remastered)
  • Rabid (Over You)
  • Problem Child
  • 1 of the 2 (2017 Remastered)
  • So Messed Up (2017 Remastered)
  • Machine Gun Etiquette
  • Disco Man
  • Fan Club (2017 Remastered)
  • Suicide
  • Eloise (Single Version)
  • Plan 9 Channel 7
  • Grimly Fiendish
  • The Shadow of Love
  • Dr Jekyll and Mr Hyde
  • Street of Dreams
  • The History of the World, Pt. 1
  • Curtain Call
  • Alone Again Or
  • Lively Arts
  • Standing On the Edge of Tomorrow
  • Stranger on the Town
  • Fun Factory
  • Under the Floor Again
  • Black Is the Night

SLIPKNOT – All Hope Is Gone (2008)

Acteur incontournable de la scène metal, Slipknot a grandi à chaque nouvel album dans le cœur des amateurs de metal, tout en gagnant petit à petit de nouveau de nouveaux fans. En 2008, alors que sort All Hope Is Gone, le groupe de Des Moines est auréolé du succès de Vol 3: The Sublimal Verse qui a cartonné à travers le monde et qui a été suivi de l’excellent 9.0. live. Le groupe devait donc confirmer ses progrès mélodiques et nous prouver sa capacité à offrir des titres plus variés, sans pour autant tomber dans la soupe emocore qui se déversait à l’époque outre-Atlantique. Après les ventes importantes de ses précédents opus, Slipknot aurait pu se laisser aller à la facilité ou se laisser griser par le succès.

Dès les premières notes de « Gematria » et « Sulfur », on comprend qu’il n’en est rien. Le ton est donné : Slipknot n’a nullement abandonné sa pesanteur musicale, déversant toujours autant de décibels dans nos enceintes, tout en y incorporant une certaine dimension martiale comme sur le monstrueux « Psychosocial ». Le son est énorme et aucune concession n’est faite à la légèreté, encore moins à la bienpensance. « Wherein Lies Continue » frappe là où ça fait mal. L’assise rythmique est impeccable, tandis que les vocaux claquent. On sent d’ailleurs que les neuf musiciens se sont fait plaisir en incorporant de nouvelles influences dans leur musique teintée de hardcore, de death et de thrash, ce qui donne à des titres comme « This Cold Black » ou « Butcher’s Hook » une puissance phénoménale. Le groupe se permet aussi de faire référence à ses aînés. Ainsi, on sent percer dans « Vendetta » une touche de Black Sabbath, qui n’est pas désagréable.

Mais le groupe n’oublie pas ses apports mélodiques déjà entrevus sur le précédent album comme nous le montrent des titres poignants comme « Dead Memories » et « Gehenna » qui entraînent le groupe dans des directions nouvelles. Plus étonnant encore, des ambiances issues du grunge planent sur « Gehenna », pendant que l’équilibre entre puissance et mélodies transpire dans « This Cold Black ». On le sent, Slipknot a encore progressé, insufflant une nouvelle finesse dans sa musique, comme le montre l’excellent et très surprenant « Snuff » qui va surprendre les fans les plus hardcore du groupe. Un bel album, central, qui a marqué un nouveau tournant dans la carrière du groupe.

  • 1. Execute
  • 2. Gematria
  • 3. Sulfur
  • 4. Psychosocial
  • 5. Dead Memories
  • 6. Vendetta
  • 7. Butcher’s Hook
  • 8. Gehenna
  • 9. This Cold Black
  • 10. Wherein Lies Continue
  • 11. Snuff
  • 12. All Hope is Gone
  • (#8) Corey Taylor – Chant
  • (#7) Mick Thomson – Guitares
  • (#6) Shawn Crahan – Percussions, chœurs, batterie sur « Vermilion Pt. 2 » (Bloodstone mix) et « Til We Die »
  • (#5) Craig Jones – Claviers
  • (#4) Jim Root – Guitares
  • (#3) Chris Fehn – Percussions, chœurs
  • (#2) Paul Gray – Basse, chœurs
  • (#1) Joey Jordison – Batterie, percussion sur « Vermilion Pt. 2 » (Bloodstone mix) et « ‘Til We Die »

(#0) Sid Wilson – Samples, claviers, chœurs

Label : Roadrunner

BLESSED BY A BROKEN HEART – Pedal To The Metal (2008)

Rentrée 2008, je prends une claque en recevant et écoutant ce deuxième album des Canadiens de Blessed By A Broken Heart, à tel point que j’en fais mon coup de cœur. Qu’en reste-t-il en 2020 ? Déjà, le groupe n’a pas résisté aux tensions et au succès. Après un troisième album, lui aussi de qualité, le groupe s’est séparé pour se reformer de manière épisodique. Il demeure néanmoins cet étonnant mélange de glam, de nu-metal et de heavy qui propulse les dix titres de cet extraordinaire Pedal To The Metal. Alors qu’une montagne d’albums nous tombait dessus à l’époque, ce groupe inconnu s’octroyait la plus belle baffe du mois de septembre. Aujourd’hui encore, alors que je le remets sur ma platine, il me procure les mêmes sensations, la même pêche et le même enthousiasme.

Produit par G.G. Garth, qui a su capter tout le talent et toute la folie de ces Québécois, Pedal To The Metal mêle allégrement un glam rock enjoué à la Mötley Crüe ou The Knack, à un hard mélodique proche de Journey voire des premiers Bon Jovi. Le tout est emballé dans un heavy mélodique que ne renierait pas Malmsteen comme sur « Ride into the night », tout en empruntant des motifs au metalcore et au nu-metal : « She Wolf ». Ce mélange détonnant n’est pas sans rappeler la démarche des Français d’Ufych Sormeer ou d’Andrew WK, une dose de folie et de mélodies en plus. Certains titres renvoient à Faith No More comme le puissant « Doing it », tandis que d’autres lorgnent sur la dance music « Move Your Body ». Blessed By A Broken Heart est un groupe talentueux qui sait faire parler la poudre, sans jamais oublier de nous livrer des refrains aisément reconnaissables : l’enjoué « She wolf », le savoureux et groovy « Move your body », le nuancé « Blood on your hands ».

Chaque titre est une savoureuse pépite qui déboule à cent à l’heure : « Show me what you got », le metalcore « She’s dangerous » ou l’énorme « Don’t stop ». A d’autres moments, le groupe sait prendre son temps pour s’insinuer en nous et y demeurer : « To be young ». Ajoutons à cela, un guitariste surdoué, qui déverse un flot incroyable de solos dans chaque morceau et vous aurez un aperçu de ce que peut donner ce petit chef d’œuvre. A l’époque j’avais conclu par : un grand groupe est né… Malheureusement, ce groupe s’est transformé en auberge espagnole pour ne nous laisser que ces trois albums à (re)découvrir d’urgence.

  • 1. Intro
  • 2. She wolf
  • 3. Show me what you got
  • 4. Move your body
  • 5. She’s dangerous
  • 6. To be young
  • 7. Doing it
  • 8. Blood on your hands
  • 9. Don’t stop
  • 10. Carry on
  • 11. Ride into the night
  • Tony Gambino – Chant
  • Sean « Shred » Maier – Guitares
  • Robbie Hart – Guitares, chœurs
  • Tyler Hoare – Basse, chœurs
  • Simon Foxx – Claviers, Guitares
  • Frank « Da Bird » Shooflar – Batterie

Label : Century Media

GERNOTSHAGEN – Märe aus Wäldernen Hallen (2007)

Gernotshagen est une formation allemande originaire de Thuringe qui sévit depuis 1999, mais ne publie des albums que de manière très épisodique, puisqu’il n’existe actuellement que trois opus sortis. Cette deuxième parution voit le jour en 2007 et œuvre dans un pagan black, fortement teinté de folk. Les paroles sont chantées en allemand, ce qui apporte une couleur toute particulière à ces compositions à la fois inquiétantes et mélancoliques. Tout cela est à l’image de la pochette : étrange et brumeux.

Dès les premiers accords de Märe aus Wäldernen Hallen, l’auditeur est plongé dans un univers mythologique qui le conduit immédiatement vers des rivages guerriers, contenant une bonne dose d’épopée. Tout cela confère à l’ensemble une belle tenue. Les amateurs du genre vont être ravis. En neuf morceaux, les Allemands parviennent à donner un beau successeur à Wintermythen paru en 2004. L’ensemble est très typé, non seulement en raison des influences ethniques et antiques « Märe aus wäldernen Hallen », mais aussi à cause de ce chant en allemand qui pourrait rebuter certains auditeurs.

Mais tout cela tient la route, supporté par des claviers omniprésents, des chœurs guerriers et des guitares plutôt aérées. Cela sent bon les vastes étendues nordiques, les chevauchées dans la neige et la vie en forêt. On y sent un groupe investi corps et âme, qui cherche à retranscrire des idées et des émotions empruntes de mélancolie « Schlachtensang der Einherjer » ou « Der alte Wald ». La construction des morceaux est intéressante, aussi bien lors des passages rapides fortement influencés par le black comme sur « Dem Skirnir zu Ehren » ou « Vali » que dans les titres plus heavy et plus lents : « Widars Klagesturm » ou « Skaid ». Cela nous donne un album varié, qui plaira aux fans de pagan et qui parvient à s’extirper de la masse, même si l’ensemble aurait mérité davantage de folie.

  • 1. Märe aus wäldernen Hallen
  • 2. Der alte Wald
  • 3. Dem Skirnir zu Ehren
  • 4. Widars Klagesturm
  • 5. Dragadhrond 
  • 6. Der Ruf des Heimdalls
  • 7. Schlachtensang der Einherjer
  • 8. Vali
  • 9. Skaid
  • Murry – Basse
  • Maik Pomplun – Guitares
  • Dainmonicon – Guitares
  • Sebastian Jung – Claviers
  • Askan – Chant
  • Tobias Völker – Batterie

Label : Trollzorn/Underclass

MOTORJESUS – Deathrider (2006)

Originaire de Mönchengladbach en Allemagne, Motorjesus est un quintet qui œuvre dans un hard’n’roll épais, abreuvé au Jack Daniel’s qui lorgne du côté des Backyard Babies, auquel s’ajoutent des accents prononcés de heavy metal. Avec ce deuxième album qui déboule à cent à l’heure, le groupe nous prend immédiatement à la gorge et aux tripes pour ne plus nous lâcher du groovy « Legion Of Rock » à l’entraînant « The Evil ». Si vous aimez vous faire peur la manette des gaz bloquée à fond, ou en faisant du wheeling, optez pour Motorjesus, un groupe qui sent bon l’huile de moteur, l’adrénaline et la sueur. Avec ce groupe, aucun masque, aucune fioriture, le rock est joué à fond, avec une authenticité rafraîchissante.

Sa musique explore différents paysages et de nombreux motifs capables de ravir n’importe quel amateur de riffs épais. « Distortion Sleep » s’appuie sur un riff répétitif, alors que « The Howling » lâche les chevaux pour un hard rock déjanté, comme les rapides « Black Fuel Domination » et « Death Hammer Overload » qui développent des thématiques mêlant heavy metal et hard rock. A l’oppasé, le monstrueux « Destroyer » écrase tout sur son passage en empruntant sa pesanteur à Motörhead. Plus contemporain, « Invisible Man » lorgne vers le metal alternatif avec des touches de Danko Jones. Ces accents plus modernes se retrouvent également sur « Deathrider » et « Legion Of Rock ». Leur metal se fait alors plus sombre sur « The Undertaken » un tempo lent et mélancolique.

La voix semble avoir été passée à la râpe à bois, les guitares sont épaisses comme de la poix et la section rythmique offre une assise en béton armé. Certains titres optent pour des tempos médiums sans pour autant perdre leur énergie : l’excellent « 10 Feet Under Ground », mais aussi « Distortion Sleepe » et « Hellmachine ». On pense au Warrior Soul de la meilleure époque et ce n’est pas un mince compliment ! L’ensemble tient parfaitement la route et nous offre de plus des thèmes fantastiques ou liés à l’imaginaire qui ne sont pas déplaisants. On n’attendait pas ce Deathrider en si bonne place, il est dans le peloton de tête des excellentes surprises de l’année 2006 en nous offrant un chapelet de titres d’excellente facture.

  • 1. Legion Of Rock
  • 2. Destroyer
  • 3. 10 Feet Under Ground
  • 4. Deathrider
  • 5. Distortion Sleep
  • 6. The Howling
  • 7. The Undertaken
  • 8. Hellmachine
  • 9. Invisible Man
  • 10. Black Fuel Domination
  • 11. Death Hammer Overload
  • 12. The Evil
  • Christoph Birx – Chant
  • Guido Reuss – Guitares
  • Andreas Peters – Guitares
  • Oliver Beck – Batterie
  • Mark Neschen – Basse

Label : Underclass

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