KIX – Cool Kids (1983)

Deuxième album de Kix, Cool Kids est entièrement dirigé par la maison de disques du groupe qui l’oblige à se séparer de Ronnie « 10/10 » Younkins pour le remplacer par Brad Divens (Wrathchild America) et conduit le groupe à faire trois reprises. La première est « Body Talk » écrite par Nick Gilder, clairement pop-glam, et qui sortira en single avec son clip plein de filles en justaucorps. Si le refrain est enjoué, il y manque la folie du premier album. Autre reprise, le « Burning Love » de Spider, arrangé à la mode disco-rock, avec ses horribles sons de claviers et qui est à peine plus puissant que l’original. Troisième reprise, « Cool Kids » de Franne Golde, qui en plus, donne son titre à l’album. Etrangement, ces trois morceaux ont des originaux très récents et sonnent plus pop que hard rock et, globalement sont plutôt médiocres. Le pire, c’est que ces trois titres sont situés dans les quatre premières pistes de l’album. Un comble et une erreur.

Il reste donc sept morceaux composés par le groupe que la production de Peter Solley (ex Procol Harum et Whitesnake) émascule en grande partie. « Love Pollution » est un titre sympathique, au riff proche de ceux d’AC/DC, mais que les arrangements et la production adoucissent. Il en va de même pour le rapide « Mighty Mouth » qui est un vrai rock, dont l’énergie est gommée par la production. Ainsi, lorsque le groupe cherche à faire du glam metal comme sur son premier album, ses efforts sont réduits à néant. L’enjoué « Get Your Monkeys Out » devient presque une bluette des années 1960, tandis que l’excellent « Restless Blood », proche de « Yeah, Yeah, Yeah », passe quasiment inaperçu pour les mêmes raisons.

Que dire alors des titres plus calmes ? « Loco-Emotion » devient une médiocre chanson disco dominée par des claviers dépassés qui sonnent faux. « Nice on Ice » qui aurait pu être un morceau à la AC/DC se transforme en pop rock poussif. Quant à la ballade acoustique « For Shame », on a l’impression qu’elle traduit les pensées du groupe. Mélange de country et de pop, elle ne passe par vraiment l’épreuve du temps.

Plus mauvais album de Kix, Cool Kids m’avait fortement déçu à l’époque, tant je n’avais rien compris à la démarche du groupe. Avec le recul, je le trouve encore pire que dans mes souvenirs, parce que je saisis, à présent, qui est à l’origine de ce massacre.

  • 1. Burning Love
  • 2. Cool Kids
  • 3. Love Pollution
  • 4. Body Talk
  • 5. Loco-Emotion
  • 6. Mighty Mouth
  • 7. Nice on Ice
  • 8. Get Your Monkeys Out
  • 9. For Shame
  • 10. Restless Blood

  • Steve Whiteman : chant
  • Brad Divens : guitares, chœurs
  • Brian « Damage » Forsythe : guitares
  • Donnie Purnell : basse, chœurs, claviers
  • Jimmy « Chocolate » Chalfant : batterie, chœurs

Production : Peter Solley

Label : Atlantic

KIX – Kix (1981)

Le groupe se forme fin 1977 dans le Maryland sous la houlette de Ronnie Younkins, Brian Forsythe et Donnie Purnell, rapidement rejoints par Steve Whiteman et Jimmy Chalfant. Kix mêle alors son hard rock à la AC/DC et Aerosmith à des motifs glam qui donnent à sa musique une allure festive. Chez eux, les accords majeurs dominent, ainsi que les mélodies enjouées et les arrangements joyeux. Dès ce premier album, frais et dynamique, le style du groupe est facilement reconnaissable. Produit par Tom Allom pour Atlantic, il propose neuf chansons évoquant l’amour, le sexe et la musique. Le quintet est là pour entraîner l’auditeur dans une ronde amusante et ne s’en cache pas : « Kix Are For Kids » ou la folie « Yeah, Yeah, Yeah » qui clôt l’album dans une ambiance de concert.

Le premier morceau nous met d’ailleurs dans l’ambiance, avec son rock alerte, soutenu par un riff irrésistible. Emporté par la voix aigüe et chevrotante de Steve Whiteman, « Atomic Bombs » est un titre intelligemment construit, produit de main de maître, dont le refrain donne envie de chanter avec le groupe. Autre titre rapide, « Kix Are for Kids » est une bombe heavy glam, construite sur un boogie douze mesures, qui rappelle Slade en plus puissant. Les guitares sont incisives, le rythme effréné et le chant halluciné. Kix apparaît comme un groupe pétri de talent, capable de nous offrir des chansons pleines de groove. « Poison » se base sur un rythme sautillant qui ouvre sur un refrain tout aussi bondissant. Il en va de même pour l’excellent « Contrary Mary » dominé par une batterie inspirée. Kix a tout compris au glam, sans oublier d’y insuffler une vraie dose de hard rock puissant. Toutes les compositions sont écrites pour faire taper du pied. Ainsi « The Kid » aux influences clairement glam pulse une joie de vivre communicative.

Même lorsque le rythme ralentit, comme sur « Love at First Sight », les mélodies et le rythme emportent l’auditeur dans une ronde folle. Le groupe innove, ose, proposant des chansons étranges, teintées de pop, comme « Heartache », basée sur une narration qui lorgne parfois vers Blondie, parfois vers le rock des années 50, voire vers le reggae. Il en va de même pour « The Itch », tout en ambiances, avec ses arrangements pop, ses claquements de mains et sa montée en puissance jusqu’au refrain. La fraîcheur de ces chansons les rend intéressantes et participe à l’ambiance générale. Le final en apothéose avec l’énergique « Yeah, Yeah, Yeah » en est un bon exemple. Ce faux live s’appuie sur des paroles simplistes et un rythme furieux.

Ce premier album est une vraie réussite, dont l’énergie gomme certaines imperfections de jeunesse. Bien meilleur que les premières œuvres de la plupart des groupes du genre à cette époque, il est toujours d’actualité.

  • 1. Atomic Bombs
  • 2. Love at First Sight
  • 3. Heartache
  • 4. Poison
  • 5. The Itch
  • 6. Kix Are for Kids
  • 7. Contrary Mary
  • 8. The Kid
  • 9. Yeah, Yeah, Yeah
  • Steve Whiteman – lead vocals, harmonica, saxophone
  • Ronnie Younkins – guitars
  • Brian Forsythe – guitars
  • Donnie Purnell – bass, backing vocals, keyboards
  • Jimmy Chalfant – drums, backing vocals, percussion

Production : Tom Allom

Label : Atlantic

BLACKFOOT – Marauder (1981)

Après l’excellent Tomcattin’, Blackfoot durcit son southern rock pour le tourner vers le hard rock et offrir à ses fans, sans doute le meilleur album de sa discographie. Produit par Al Nalli et Henry Weck, cet album pousse la musique du quatuor dans ses derniers retranchements, en lui offrant un son énorme, à la fois clair et puissant. On sent le groupe à son sommet, non seulement dans sa manière de nous asséner des titres carrés que dans ses excursions vers des rives plus nuancées. Les guitares sont omniprésentes et la voix de Rickey Medlocke n’a jamais été aussi éraillée et gorgée de feeling.

Dès le début de cet opus, l’auditeur est saisi à la gorge par le furieux « Good Morning » qui réveillerait un mort. Propulsé par une section rythmique dynamique et par des riffs entraînants, cette chanson possède tous les atouts pour devenir un classique, ce qui n’a d’ailleurs pas manqué. Tout aussi puissant, « Too Hard To Handle » est une vraie pépite hard rock, nourrie au boogie et qui voit Rickey nous offrir des lignes vocales hallucinées. Il faut avouer que ce mélange de rock sudiste et de hard rock est irrésistible lorsque le groupe nous livre des titres médiums gorgés de feeling, comme l’excellent « Dry County » qui permet à chaque musicien de tirer son épingle du jeu. Les guitaristes s’en donnent d’ailleurs à cœur joie, en battant ZZ Top sur ses propres terres. Enorme !

Mais que dire de la bombe « Rattlesnake Rock’n’roller », introduite au banjo par Shorty Medlocke le grand-père de Rickey ? En quatre minutes, le groupe parvient à capturer l’esprit du sud. C’est simple, tous les ingrédients sont présents sur cette chanson pour nous rappeler ce qu’est le rock : un riff simple mais puissant, un piano, un harmonica et une énergie à toute épreuve. Le reste de l’album est à l’avenant, mais dans des styles différents. « Fire Of The Dragon » est un mélange de hard rock et de rythmes amérindiens. D’apparence anecdotique, ce titre est en fait très subtil, non seulement dans sa construction, mais aussi dans ses arrangements.

Les touches southern rock sont évidemment présentes, comme sur le magnifique « Diary Of A Workingman » aux racines country ou le classique et entêtant « Fly Away », avec son banjo et ses riffs soignés. Ces deux chansons, comme « Searchin’ » évoquent Lynyrd Skynyrd et les débuts de Blackfoot. Les fans du groupe s’y retrouvent donc facilement. Plus mélodique, et préfigurant l’album suivant, « Payin’ For It » s’inscrit dans son époque, avec son riff simple et son refrain chantant. Les apports blues apportent de la couleur à l’ensemble, mais Blackfoot nous laisse néanmoins entendre une inflexion musicale à laquelle personne ne s’attend.

Marauder est un album incontournable, certainement l’un des meilleurs de cette année 1981. Aujourd’hui encore, il s’inscrit parmi les albums à posséder absolument.

  • 1. Good Morning
  • 2. Payin’ For It
  • 3. Diary Of A Workingman
  • 4. Too Hard To Handle
  • 5. Fly Away
  • 6. Dry County
  • 7. Fire Of The Dragon
  • 8. Rattlesnake Rock’n’roller
  • 9. Searchin’
  • Rickey Medlocke – Chant, guitares
  • Charlie Hargrett – Guitares
  • Greg T. Walker – Basse, claviers, chœurs
  • Jakson Spires – Batterie, percussions, chœurs

Label : Atco

BLACKFOOT – Siogo (1983)

Après Marauder, son album le plus puissant et le plus hard rock, Blackfoot opère un virage à quatre-vingt dix degrés pour abandonner ses racines southern rock et publier un album typiquement hard FM, un genre très en vogue à l’époque (Molly Hatchett s’y mettra l’année suivante). Bien des fans ne comprennent pas ce qui se passe, surtout que cet album voit l’arrivée du claviériste Ken Hensley qui a écrit ou co-écrit la plupart des hits d’Uriah Heep, un groupe dans lequel il a œuvré de 1970 à 1982. C’est d’ailleurs lui qui compose le beau « Send Me an Angel », dans un style hard FM qui surprend. Sans être désagréable, bien au contraire, cette chanson inscrit le groupe dans un nouveau courant où on ne l’y attendait pas. La patte Hensley apparaît notamment dans les refrains, bien plus mélodiques que sur les albums précédents. C’est le cas sur « Run for Cover » qui voit Medlocke chanté de manière plus aigue que d’habitude, ou sur « Sail Away » dominé par les claviers d’Hensley. Ce tempo médium sonne davantage comme du Uriah Heep que du Blackfoot.

Les principaux compositeurs de Blackfoot s’inscrivent dans cette mouvance, notamment en livrant un étonnant « Teenage Idol » au refrain communicatif et qui s’avère l’une des vraies pépites de cet album ou le dispensable « Goin’ In Circles ». Même la reprise du « Heart’s Grown Cold » de Zal Cleminson (guitariste du Sensationnel Alex Harvey Band) et déjà chantée par Nazareth inscrit Blackfoot dans la mouvance hard FM et non plus sudiste. Cette version, plus puissante et rapide que l’originale, est sublimée par des chœurs savamment orchestrés. Autre étonnement en découvrant « Crossfire », un bon titre d’AOR qui ravira les amateurs du genre.

Pour ceux qui se demandent où est passée la folie de Marauder, le groupe n’oublie heureusement pas qu’il possède une âme de rocker. Elle apparaît au détour de « We’re Goin’ Down », un pur moment de hard rock, au riff énorme, soutenu par un orgue chaud. Quelques traces de rock sudistes persistent même dans l’excellent « White Man’s Land » aux racines blues qui jure avec le reste de l’album et sur le superbe « Drivin’ Fool » qui clôt l’ensemble de belle manière sur un rythme endiablé, et qui rappelle un album comme Tomcattin’.

Même si cet album fut reçu de manière mitigée par la critique et les fans, cela ne signifie pas que Siogo soit un mauvais album, il est juste différent et représentatif d’une époque. Avec le recul, il se laisse écouter et propose même d’excellentes chansons, même si l’ensemble est inégal. Les fans ne s’y tromperont pas, puisqu’il se vend moins bien que Marauder.

  • 1. Send Me an Angel
  • 2. Crossfire
  • 3. Heart’s Grown Cold
  • 4. We’re Goin’ Down
  • 5. Teenage Idol
  • 6. Goin’ In Circles
  • 7. Run for Cover
  • 8. White Man’s Land
  • 9. Sail Away
  • 10. Drivin’ Fool
  • Rickey Medlocke – chant, guitare
  • Jakson Spires – batterie, chœurs
  • Greg T. Walker – basse, chœurs
  • Charlie Hargrett – guitare
  • Ken Hensley – claviers

Label : Atco

BLACKFOOT – No Reservations (1975)

Blackfoot se forme à Jacksonville, en Floride, sous l’instigation de Rickey Medlocke et Greg T. Walker qui officièrent un temps dans Lynyrd Skynyrd, le premier au poste de batteur, d’ailleurs. Comptant en ses rangs trois véritables Amérindiens, le groupe propose un southern rock puissant, nourri aussi bien au blues, qu’à la country, et au rock qu’au hard rock. On peut s’en rendre compte dès le morceau « Railroad Man » qui mêle une introduction country, un rythme sautillant à de grosses guitares. Cela sent bon l’Amérique profonde, les terres arides, les saloons et les hobos. On peut aussi s’apercevoir que Medlocke est un guitariste doué, capable de nous livrer d’excellents riffs et des solos très fluides. Il est parfaitement secondé par Charlie Hargrett avec lequel il forme une vraie paire de guitaristes à la manière des groupes de hard rock.

Ces influences country sont aussi palpables sur « Take a Train », mais elles sont contrebalancées lors des breaks par un riff puissant, issu du hard rock. Cela colore l’ensemble de manière très particulière et va devenir la marque de fabrique du groupe, comme nous le confirme l’excellent « Born to Rock & Roll » bien plus nuancé et subtil que son nom pourrait l’indiquer, et qui s’appuie sur un riff entraînant.

Car il ne fait aucun doute que Blackfoot joue un southern rock pétri dans un creuset de hard rock, comme sur « Big Wheels » qui pulse une énergie communicatrice, ou sur « Indian World » qui s’inscrit comme un plaidoyer pour la nation indienne, tout en s’offrant un pont typiquement rock sudiste. Ces nombreuses influences construisent le son Blackfoot. Ainsi le blues et la soul sont à l’honneur sur « Not Another Maker », tandis qu’on plonge en pleine ballades southern rock avec « Stars » et « I Stand Alone », deux chansons qui permettent à Medlocke de nous montrer ses talents de chanteur et à Jackson Spire, qui écrit tous les morceaux, sauf « Railroad Man », de s’inscrire comme un excellent compositeur. A ce sujet, la seconde version de « Railroad Man » est jouée par Shorty Medlocke, le grand-père de Rickey.

Ce premier album, loin d’être une simple mise en bouche, est déjà une superbe démonstration d’un groupe en pleine possession de ses moyens.

  • 1. Railroad Man
  • 2. Indian World
  • 3. Stars
  • 4. Not Another Maker
  • 5. Born to Rock & Roll
  • 6. Take a Train
  • 7. Big Wheels
  • 8. I Stand Alone
  • 9. Railroad Man
  • Rickey Medlocke – chant, guitare
  • Jakson Spires – batterie, chœurs
  • Greg T. Walker – basse, chœurs
  • Charlie Hargrett – guitare

Label : Antilles

BLACKFOOT – Flyin’ High (1976)

Un an après No Reservations qui a suscité quelque intérêt, Blackfoot signe chez Epic et sort ce deuxième album sans changer sa musique, mais en optant cette fois pour un véritable travail de composition en commun. Ainsi, Jackson et Spires coécrivent tous les titres, aidés par Hargrette sur trois d’entre eux. Malgré cela, la recette demeure inchangée. Le southern rock du groupe est toujours teinté de country comme sur « Feelin’ Good » qui ouvre le bal. Le rythme est alerte, le son toujours aussi clair et puissant, et cela augure d’un bon album, ce qui s’avère exact.

Blackfoot n’oublie pas pour autant son amour des titres puissants, nourris au hard rock. Ainsi « Stranger on the Road » s’appuie sur un riff énorme, avant d’incorporer un piano typiquement southern rock et des duels de guitares. « Save Your Time » se place dans la même lignée, avec son riff entêtant et sa basse vrombissante. Jouant sur une ambiance inquiétante qui évoque le temps qui passe, cette chanson est assez atypique et révèle une autre face du groupe. Plus hard rock que sudiste, elle rend difficile le classement du groupe dans un ou l’autre genre. C’est encore plus évident sur « Dancin’ Man » au rythme torturé et au riff épais issu du blues sur lesquels s’appuie la voix habitée de Medlocke.  Plus puissant encore est « Island of Life » qui lorgne parfois sur le hard rock et parfois sur le southern rock, comme si le groupe ne pouvait pas choisir entre les deux.

Les influences amérindiennes sont omniprésentes, sans doute davantage encore que sur le premier album. On les retrouve dans le riff même de l’excellent « Flyin’ High », mais aussi dans le thème du superbe morceau qu’est « Madness » et dont le riff renvoie aux sonorités de la musique indienne. Ces deux morceaux, assez différents l’un de l’autre, passent en revue plusieurs genres musicaux, pour nous offrir un melting-pot à l’image du groupe.

Deux ballades viennent également alléger l’atmosphère de cet album puissant et très rock. Tout d’abord, la très southern rock « Try a Little Harder » qui permet aux guitares de s’en donner à cœur joie, mais aussi l’acoustique « Mother » qui referme doucement ce deuxième album. En jouant avec des motifs plus légers, Blackfoot vit avec son époque et balaie un large spectre musical. Il apparaît alors comme un véritable leader de cette scène southern rock en pleine effervescence.

  • 1. Feelin’ Good
  • 2. Flyin’ High
  • 3. Try a Little Harder
  • 4.  Stranger on the Road
  • 5. Save Your Time
  • 6. Dancin’ Man
  • 7. Island of Life
  • 8. Junkie’s Dream
  • 9. Madness
  • 10. Mother
  • Rickey Medlocke – chant, guitare
  • Jakson Spires – batterie, chœurs
  • Greg T. Walker – basse, chœurs
  • Charlie Hargrett – guitare

Label : Epic

BLÜE OYSTER CULT – Cult Classic (2020)

Sorti initialement en 1994 sur un autre label, ce Cult Classic porte parfaitement son nom, puisqu’il propose une vue d’ensemble de la discographie de ce groupe hors du commun à travers douze titres incontournables (ou presque). On retrouve ainsi la plupart des hymnes que le groupe joue toujours en concert, à commencer par le subtil « (Don’t Fear) The Reaper » qui ouvre les débats avec bonheur. Derrière sa construction pleine de nuances et son refrain insidieux se cache une chanson incontournable. Issue de l’excellent Agents Of Fortune (1976), comme le groovy « E.T.I. (Extra Terrestrial Intelligence) » qui le suit et dont le riff est irrésistible, ainsi que le puissant « This Ain’t The Summer Of Love », elle marque l’âge d’or du groupe.

Egalement beaucoup représenté sur cette anthologie, Secret Treaties (1974) permet de redécouvrir le planant « Astronomy », l’excellent boogie « Harvester Of Eyes », l’entraînant rock à la Who « ME 262 » et le plus pop « Flaming Telepaths ». En s’invitant à la fête, ces morceaux nous font comprendre que le groupe possède d’innombrables cordes à son arc et qu’il est capable de réussir sur tous les terrains. On peut ainsi taper du pied, chanter à tue-tête ou se laisser aller en écoutant un seul album

Autre incontournable, l’entêtant « Godzilla » (extrait de Spectres en 1977) nous renvoie à ce subtil mélange de hard rock, de rock progressif et de pop qui fait la singularité du groupe. Si le refrain reste dans la tête un long moment, il ne faut pas oublier que ce titre est avant tout porté sur les guitares. On en redemande. En passant, où est « Nosferatu » ? Tout aussi indispensable, le rock « Cities On Flame With Rock ‘N’ Roll » nous rappelle les débuts de Blüe Öyster Cult. Présent sur le premier album en 1972, il nous prouve que les compositions étaient déjà au point à cette époque.  C’est pareil pour le moins reconnu « O.D.’d On Life Itself » de Tyranny and Mutation (1973). Personnellement, j’aurais préféré trouver « The Red and the Black », mais chacun ses goûts. Montrant la face la plus énergique du groupe, « O.D.’d On Life Itself » est un bon uppercut au foie qui agit à retardement.

Alors que tous les morceaux choisis dates d’avant 1978, « Burning For You » est l’unique chanson des années 1980, puisqu’elle a été enregistrée sur Fire of Unknown Origin (1981). Plus commerciale, c’est une petite pépite qui donne envie de chanter. Sa présence est étonnante si l’on pense que cette compilation retrace les années 1970, mais elle l’est moins que l’absence de compositions issues de Mirrors par exemple. On se consolera avec ce « Buck’s Boogie » joué en live depuis les débuts du groupe, mais présent ici en version studio et les deux remix de « (Don’t Fear) The Reaper » et « Godzilla ».

Une compilation de bonne facture, inutile pour le fan, indispensable pour celui qui veut découvrir le groupe.

  • 1. (Don’t Fear) The Reaper
  • 2. E.T.I. (Extra Terrestrial Intelligence)
  • 3. ME 262
  • 4. This Ain’t The Summer Of Love
  • 5. Burning For You
  • 6. O.D.’d On Life Itself
  • 7. Flaming Telepaths
  • 8. Godzilla
  • 9. Astronomy
  • 10. Cities On Flame With Rock ‘N’ Roll
  • 11. Harvester Of Eyes
  • 12. Buck’s Boogie
  • 13. (Don’t Fear) The Reaper (TV Mix)
  • 14. Godzilla (TV Mix)
  • Allen Lanier– Claviers, guitares
  • Donald « Buck Dharma » Roeser – Guitares, chant, claviers
  • Eric Bloom – Chant, guitares, claviers
  • Joe Bouchard – Basse, chœurs
  • Albert Bouchard – Batterie, percussions, chœurs

Label : Frontiers

SWARM – Anathema (2019)

Formé à Antibes en 2014, Swarm œuvre dans un metal fusion extrême, aux confluents du death, du hardcore, du thrash et du groove. S’appuyant sur un son énorme et des riffs dévastateurs, les compositions renvoient autant à Pantera qu’à Hatebreed, Lamb Of God que Biohazard, Chimaira que Rage Against the Machine. Autant dire que le groupe laisse peu de place à la bluette et préfère développer des titres dévastateurs plutôt que de mettre en place des atmosphères feutrées. Chaque titre déboule comme un char d’assaut afin de tout écraser sur son passage. On pense évidemment au Far Beyond Driven de Pantera dans la manière de mettre en place une rythmique marteau-pilon destinée à supporter des riffs accordés bas et un chant hurlé, comme sur le monstrueux « Frontiers » ou l’entêtant « Life on Hold ».

Pourtant, cette capacité à asséner des titres oppressants est tempérée par une volonté d’apporter un réel groove dans les morceaux. « The Deed is Done » titillent ainsi nos nerfs en nous donnant envie de secouer la tête en cadence tandis que les riffs nous frappent au foie. Sur « Deaf Blind Silent », le flow du chant fait penser à Prophets of Rage ou Powerflo, tandis que les riffs,  plus lourds et plus metal nous conduisent sur des rives extrêmes. Plus insidieux encore, « Intifada » se construit sur des répétitions pour mieux nous entraîner sur des chemins plus mélodiques que vient éclairer un beau solo de guitare. Il en va de même sur le heavy « Pyroclastic Flow », aux influences thrash dont il est difficile de ressortir indemne, tant la construction est insidieuse et parvient à nous conduire dans un univers en clair-obscur où les mélodies jouent avec la puissance.

Avec « Spoutnik Explorer », Swarn ralentit le rythme et allège son propos, nous montrant qu’il est capable de s’inviter sur les terres de Rage Against The Machine pour passer ensuite à Machine Head. On en redemande tant le professionnalisme et l’inventivité du groupe saute aux oreilles. Les guitaristes se livrent ensuite à de magnifiques envolées. Swarm nous prouve qu’il possède de nombreux atouts à faire valoir et qu’il n’est pas qu’un énième clone de groupes américains. Sur « Simple Automata (Return at home) », il parvient à glisser de beaux arrangements vocaux, tout en conservant un réel groove et une force indéniable.

Anathema est un grand album de metal extrême, inventif, groovy, puissant, qui possède tous les atouts nécessaires pour devenir une référence dans notre pays. Et pourquoi pas ailleurs ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

  • 1. New Sun
  • 2. Frontiers
  • 3. Intifada
  • 4. The Deed is Done
  • 5. Spoutnik Explorer
  • 6. Deaf Blind Silent
  • 7. Life on Hold
  • 8. Simple Automata (Return at home)
  • 9. Legacy of Misery
  • 10. Five
  • 11. Pyroclastic Flow
  • Rémy Pauck – Chant
  • Antoine Chapet – Guitares
  • Matt Bankowski – Guitares, chant
  • Mikael Gentili – Basse, chœurs
  • Anthony Trillaud – Batterie

DIONYSUS – Sign of Truth (2002)

Formé en 1999, par Ronny Milianowicz, ancien batteur de Sinergy et Johnny Öhlin, ancien guitariste de Nation, Dionysus œuvre dans un métal mélodique influencé par les anciens albums d’Helloween et la vague allemande menée par Edguy ou Freedom Call. Cette parenté apparaît clairement dès le premier morceau « Time will tell » qui démarre sur les chapeaux de roue, ou dans les envolées lyriques du mid-tempo « Pouring rain » aux influences néo-classiques. Les guitares sont à la fois incisives et mélodiques, ce qui permet de soutenir le chant clair d’Olaf Hayer, chanteur de Luca Turilli. L’ensemble est agréable, bien produit (on note Tobias Sammet d’Edguy à la co-production) et permet de passer de bons moments, comme sur le lent « Anthem (For the Children) » qui privilégie les ambiances inquiétantes, rappelant certains titres d’Yngwie Malsteen.

Les chants, guerriers, s’ouvrent sur un futur possible « Time Will Tell », évoquant un monde de justice « Sign of Truth » où quelqu’un serait capable d’apporter le salut au peuple « Bringer of Salvation » (sans doute l’un des titres les plus aboutis de l’album). Comme beaucoup de formations de ce style, les thèmes sont inspirés par une fantasy épique teintée parfois de magie. La pochette guide d’ailleurs le fan dans cette direction. Néanmoins, les titres étant assez justement écrits, ils permettent d’extrapoler les interrogations à notre monde actuel.

Si le groupe a moins de trois ans d’existence lors de l’enregistrement de cet album, sa cohésion apparaît comme une indéniable force, notamment grâce à une assise rythmique impeccable sans être envahissante. Le duo basse/batterie permet aux guitares et aux claviers de développer arpèges et harmonies avec aisance, ce que montre parfaitement d’ailleurs le titre d’inspiration néo-classique « Holy War » qui décrit une bataille magique contre les forces du Mal. Si ce premier album fait la part belle aux morceaux rapides, il n’en oublie pas de glisser une ballade, « Don’t Forget », bien tournée, avec intro à la guitare sèche. Le chant sait s’y faire accrocheur, modulant des effets qui permettent de donner une chaude couleur à l’ensemble. Avec « Walk on Fire » le groupe explore des contrées différentes, sur un rythme syncopé, très influencé par les années 80 (on pense à 220 Volt), il développe une nouvelle évocation de la magie que mettent en avant des guitares très inspirées. Les deux derniers morceaux « Never Wait » et « Loaded Gun », taillés pour la scène, nous rapprochent de Stratovarius, la virtuosité des claviers en moins.

En résumé, un bon album qui s’élève au-dessus de la moyenne des productions de cette année-là. Un bon investissement capable de vous arracher au climat actuel.

  • 1. Time Will Tell
  • 2. Sign of Truth
  • 3. Brinher of Salvation
  • 4. Pouring rain
  • 5. Anthem (For the Children)
  • 6. Holy War
  • 7. Don’t Forget
  • 8. Walk on Fire
  • 9. Never Wait
  • 10. Loaded Gun (bonus)
  • Olaf Hayer – Chant
  • Johnny Öhlin – Guitares
  • Magnus « Nobby » Noberg – Basse
  • Ronny – Batterie
  • Joakim Floke – Claviers

Label : AFM/Wagram.

DRAGONFORCE – Valley of the Damned (2002)

Dragonforce est un groupe de power metal mélodique multiculturel formé de membres venus de Hong Kong, d’Angleterre, d’Afrique du Sud, de France et d’Ukraine. Un étonnant melting-pot qui semble fonctionner puisque ce premier album nous offre de belles cavalcades menées par les guitaristes Herman Li et Sam Totman. Dès la première chanson « Valley of the Damned », l’auditeur se retrouve plongé en plein cœur d’une bataille « A warrior with sword in hand/Travels fast across the land/For freedom he rise », ouvrant les portes d’une fantasy épique qui ne se démentira pas tout au long des morceaux suivants : « Black Fire » et « Evening Star ». « Black Winter Night » joue d’ailleurs sur les mêmes éléments, évoquant la folie de la guerre, l’espoir qui s’échappe et la puissance de l’épée.

On le saisit rapidement l’univers de Valley of the damned développe deux idées majeures : la guerre et l’hiver, ce qui renvoie immanquablement aux mythes scandinaves ou à certains aspects de l’œuvre de Robert E. Howard. Si la vitesse est le fer de lance du groupe, il sait également calmer le jeu, comme en atteste « Starfire » qui débute par une introduction au piano de Vadim Pruzhanov avant d’évoquer la fraternité guerrière sous la lumière des étoiles. La voix de ZP Theart sait se faire accrocheuse, tandis que des chœurs l’appuient sans être trop envahissants. Seul temps calme, il permet de respirer avant le déluge de « Disciples of Babylon » au rythme saccadé et aux arrangements plutôt originaux. S’éloignant du thème guerrier, cette chanson montre la peur ressentie par quelqu’un face au mal qui rôde. Certainement, la meilleure composition de l’album qui sait changer de rythmes, passant du speed metal au rock sudiste (superbe break piano/guitares) et au jazz rock.

Sans doute une direction à prendre ! C’est d’ailleurs ce que montrent les morceaux suivants : « Revelations » qui commence comme un speed classique, avant de flirter avec le prog métal. Le thème est moins glorieux, puisque ce sont plutôt les horreurs de la guerre et des charniers qui l’accompagnent dont on parle ici. L’album se clôt sur un épique « Heart of a Dragon » sorte de croisement entre Virgin Steele et Helloween, avec des chœurs énormes et les déboulés de batterie de Didier Almouzni. Produit par Tommy Hansen, Karl Groom et le guitariste du groupe Herman Li, Valley of the Damned n’est certes pas l’album de l’année, mais pour un premier album, il permet de passer de bons moments et nous révèle un groupe à suivre qui pourra sans doute prendre un peu plus de risques en s’appuyant sur des compositions comme « Disciples of Babylon » et « Heart of a Dragon ». Allez, encore quelques déboulés de guitares et une ou deux envolées lyriques avant de s’endormir en rêvant de glorieuses batailles !

  • 1. Invocation of the Apocalyptic Evil
  • 2. Valley of the Damned
  • 3. Black Fire
  • 4. Black Winter Night
  • 5. Starfire
  • 6. Disciples of Babylon
  • 7. Revelations
  • 8. Evening Star
  • 9. Heart of a Dragon
  • ZP Theart – Chant
  • Herman Li – Guitares
  • Sam Totman – Guitares
  • Diccon Harper – Basse
  • Didier Almouzni – Batterie
  • Vadim Pruzhanov – Claviers

Label : Noise/BMG.

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