ELECTRIC MARY – Mother (2019)

Créé à Melbourne en 2003, Electric Mary est un groupe rare, qui ne sort que son quatrième album studio, huit ans après l’excellent III. Dans cet intervalle, notons quand même la parution des EP : From the Vault (2012) et The Last Great Hope (2014) ainsi que du live Alive in Hell Dorado (2016). Mais tout cela se fait de manière peu compréhensible, sur plusieurs labels, et souvent, ces parutions ne sont disponibles qu’en import. C’est bien dommage, car Electric Mary œuvre dans un hard rock teinté de classic rock, à mi-chemin entre AC/DC à ses débuts et Cold Chisel, pour rester dans les références des Antipodes. Les riffs sont donc bourrés de groove, souvent plaqués, directs et basés sur des accords de blues. Quant à la voix de Rusty, elle est puissante, éraillée, chargée d’émotion lorsque nécessaire, et agressive dès que le tempo s’accélère. Les paroles tournent la plupart du temps autour du sexe et des dérives du quotidien.

L’album s’ouvre sur l’entêtant « Gimme Love », un brûlot résolument rock, au riff répétitif, qui s’accroche à vous comme un morpion et permet au chant, lui aussi enivrant, de ne plus vous quitter. On pense à AC/DC, mais aussi à ce groupe éphémère que fut My Little Funhouse. Après cette superbe entrée en matière, « Hold Onto What You Got » accélère le rythme pour nous asséner un hard rock épais, saturé et distordu, qui donne envie de secouer la tête en cadence. On comprend que le groupe plonge ses racines dans le blues et le boogie, nous offrant des sonorités parfois voisines du southern rock comme sur l’excellent et très américain « How Do You Do It ». La paire de guitaristes s’en donne à cœur joie, se livrant à des échanges acérés, pour mieux nous montrer peu après son toucher. C’est d’ailleurs ce qui est fait sur la ballade « Sorry Baby », un magnifique blues taillé pour la voix de Rusty et qui renvoie au « Ride On » d’AC/DC, aussi bien dans sa construction que dans le son des guitares.

La seconde partie de l’album démarre sur « The Way You Make Me Feel », un boogie dévastateur, en douze mesures, dont le riff sautillant s’efface parfois pour ne laisser que la section rythmique. Véritable perle de cet excellent Mother, cette chanson possède tous les atouts nécessaires pour retourner les foules. En trois minutes, le déluge est passé, pour nous laisser avec « It’s Alright », sorte de croisement entre Thin Lizzy et Cold Chisel, dominé par une basse inspirée et des guitares abreuvées au blues-rock, jusqu’à ce refrain fédérateur, comme on savait en faire dans les années 1970. Plus étonnant, « Long Long Day » évoque les titres lents de Soundgarden dont il cultive la pesanteur, ainsi que les sons de guitares. Moins convaincant à mon goût, ce long titre de plus six minutes trente vaut surtout pour les émotions qu’il transmet, mais dénote dans l’ensemble. Heureusement, l’album se termine sur le hard rock « Woman », pour lequel le groupe avait déjà enregistré une vidéo en 2017. Titre idéal pour clore l’aventure, beaucoup trop courte, il permet de se quitter en bons termes avec Electric Mary et de remettre le couvert en se jetant sur les autres productions du groupe.

  • 1. Gimme Love
  • 2. Hold Onto What You Got
  • 3. How Do You Do It
  • 4. Sorry Baby
  • 5. The Way You Make Me Feel
  • 6. It’s Alright
  • 7. Long Long Day
  • 8. Woman
  • Rusty – Chant
  • Pete Robinson – Guitares, chœurs
  • Brett Wood – Guitares, chœurs
  • Alex Raunjak – Basse
  • Davey Porter – Batterie

Label : Listenable

FAITH NO MORE – We Care a Lot (1985)

Le groupe est formé en 1979 par Billy Gould, Mike Bordin, et Roddy Bottum sous le nom de Sharp Young Men, avant de plusieurs fois changer de nom pour devenir Faith No Man puis finalement Faith No More. Dans le même temps, il change de chanteur à plusieurs reprises (on note notamment la présence de Courtney Love à ce poste) jusqu’à l’arrivée de Chuck Mosley que Billy Gould avait rencontré en 1977. La musique du groupe, déjà bien en place, mêle diverses influences qui vont du rock au punk, du metal au funk, du rap au jazz. Incapables de le classer dans une case, les labels lui tournent le dos. C’est donc avec leurs propres deniers que les musiciens financent un single en 1983 (avec le chanteur Mike Morris), puis ce premier album.

Débutant par le groovy « We Care a Lot », cet opus marque par sa guitare funk-rock, ses nappes de claviers envoûtantes et ses vocaux hurlés, plus proches du rap que du metal, avant des lignes vocales évoquant plutôt la new wave. La voix de Chuck Mosley se révèle d’ailleurs rapidement pénible, en raison de sa monotonie et de son incapacité à moduler des mélodies. Cela est criant sur « Mark Bowen », un morceau tout en ambiances qui aurait certainement acquis davantage d’épaisseur avec un autre chanteur. L’auditeur s’extasie néanmoins sur l’inventivité des musiciens, capables d’offrir un titre acoustique d’obédience classique comme « Jim » pour, plus loin, nous asséner l’instrumental « Pills For Breakfast », au riff épais et à la basse vrombissante.

Assez décousu, We Care a Lot laisse toutefois percer les intentions du groupe qui, on le comprend, est bridé par son chanteur, comme sur « Arabian Disco » qui ne parvient pas à aller au bout de ses idées. Les lignes vocales sonnent très new wave, tandis que la guitare, assez mal mixée, développe des riffs épais, assistés par une section rythmique complexe. Le constat est quasiment le même sur le lourd « The Jungle » aux influences punk, metal et rock et sur « Greed » au rythme syncopé. Même si on perçoit le potentiel du groupe, l’amateur de metal peine à saisir la quintessence de cette musique.

Etrange carte de visite d’un groupe en pleins balbutiements, We Care a Lot ne vaut que pour les fans désireux de posséder toute la discographie de cet énorme groupe que va devenir Faith No More.

  • 1. We Care A Lot
  • 2. The Jungle
  • 3. Mark Bowen
  • 4. Jim
  • 5. Why Do You Bother
  • 6. Greed
  • 7. Pills For Breakfast
  • 8. As the Worm Turns
  • 9. Arabian Disco
  • 10. New Beginnings
  • James B. Martin : Guitare
  • Chuck Mosley : Chant
  • Mike Bordin : Batterie
  • Roddy Bottum : Claviers
  • Bill Gould : Basse

TESTAMENT – The Ritual (1992)

Cinquième livraison de Testament, The Ritual est certainement l’album le plus controversé du groupe, alors qu’il est celui qui a atteint la meilleure position dans les charts US (avant que Dark Roots Of Earth ne fasse mieux en 2012). Il dérange par sa volonté d’offrir des compositions fouillées, mélodiques et envoûtantes, qui tranchent avec le reste de la discographie des Américains. Ce désir de marcher sur les traces de Metallica est évidente sur des chansons comme « So Many Lies », l’étrange « Deadline » aux influences issues de la New Wave Of British Heavy Metal ou « As The Season Grey » qui aurait presque pu atterrir sur Ride The Lightning. Le succès des Four Horsemen avait semble-t-il poussé Testament à marcher sur les mêmes sentiers, à moins que ce ne fût une volonté de la maison de disque de l’époque.

Pourtant, The Ritual n’est pas un clone et propose de vraies réussites, somme toute, bien éloignées de The Legacy ou de The New Order, les premiers albums de Testament, mais qui méritent d’être (re)découvertes. « Electric Crown », qui ouvre le bal, s’inscrit comme un pur moment de thrash mid-tempo, aux arrangements subtils et aux lignes mélodiques impeccables, sur lesquelles Chuck Billy pose une voix maîtrisée et qui brille également par les soli d’Alex Skolnick, qui co-signe sept morceaux, et qui claquera la porte peu après, en compagnie du batteur Louie Clemente. Autre moment de bravoure, l’inquiétant « The Ritual », aux ambiances sabbathiennes, qui plonge l’auditeur dans un univers sombre et lui prouve que le groupe est capable d’offrir autre chose que des cavalcades. Tout au long de ses 7 minutes 34, les émotions engendrées par ce titre méritent à elles seules l’achat de l’album. Alex Skolnick nous propose en prime un solo jazz-metal du plus bel effet.

Avec « Let Go of My World » et « The Sermon », Testament pose les bases d’un heavy thrash ciselé, aux riffs sournois et aux lignes de chant imparables. Le refrain du premier, simple, mais efficace, crache une violence qui ne peut plus se contenir, tandis que sur le second le groupe propose un ensemble plus complexe, aussi bien dans la construction de ses riffs que dans ses étonnantes lignes de chant. Plus puissant et plus proche de ce que le groupe a déjà offert à ses fans, « Agony » bénéficie d’un son épais et de changements de rythmes incessants qui aboutissent à un refrain hurlé. Étrangement, c’est peut-être le titre le moins réussi de l’album, en dépit de l’envolée médiane.

L’album se clôt sur deux chansons surprenantes. La power ballad « Return to Serenity » qui fait figure d’ovni dans la carrière du groupe et lui offrira une plus grande visibilité en entrant dans les charts de l’époque. Il faut dire que son refrain à plusieurs voix est une franche réussite et que Skolnick y montre une nouvelle fois tout son talent. Enfin, « Troubled Dreams » assène un dernier coup de thrash mid-tempo à la manière d’un Metallica, tout en conservant la patte Testament.

The Ritual est un album surprenant, produit par Tony Platt, qui séduit par son côté moins direct que les autres opus du groupe et nous montre que le thrash peut se conjuguer autrement. Dénigré par une partie des fans, il offre pourtant une alternative à Souls of Black, au son plat et aux compositions plus directes et va permettre au groupe de changer de direction avec Low, qui lorgne du côté de Pantera.

  • 1. Signs of Chaos
  • 2. Electric Crown
  • 3. So Many Lies
  • 4. Let Go of My World
  • 5. The Ritual
  • 6. Deadline
  • 7. As the Seasons Grey
  • 8. Agony
  • 9. The Sermon
  • 10. Return to Serenity
  • 11. Troubled Dreams
  • Chuck Billy : chant
  • Eric Peterson : guitares
  • Alex Skolnick : guitares
  • Greg Christian : basse
  • Louie Clemente : batterie

Production : Tony Platt

Label : Atlantic, Megaforce

KIX – Thunderground (2004)

Compilation non officielle de démos, Thunderground sort au moment où le groupe se reforme sans Donnie Purnell après une séparation de plus de sept ans. Issus des sessions de Show Business, ces douze titres sont agrémentés de deux morceaux live et d’une introduction vraiment dispensable. Le son est correct, même si on ne trouve pas d’arrangements de qualité, comme cela aurait été le cas si ces morceaux avaient vraiment été produits. Comme ce sont des chutes et des chansons écartées, tout n’est pas à garder, mais tout n’est pas non plus à jeter. Etant donné que le groupe s’est rapidement séparé après Show Business, certains de ces titres auraient pu atterrir sur l’album suivant.

On trouve, tout d’abord des démos de chansons présentes sur Show Business dans des versions moins travaillées. Ainsi, « Ball Baby » est un bon titre dans la lignée de ce que nous a déjà proposé Kix, à savoir un glam enjoué, construit sur un riff à la AC/DC. Il en va de même pour « Baby Time Bomb » au riff très australien et au refrain bien glam qui donne envie de taper du pied et de chanter à tue-tête. « Fireballs » est un titre un peu convenu qui évoque du mauvais AC/DC et dont la version officielle n’est finalement pas bien éloignée de celle-ci.

Pour les inédits, on retrouve des morceaux glam metal comme on en attend du groupe. « I Drank Too Much of You » est un excellent titre rapide, groovy et teinté de glam qui aurait eu tort de demeurer inédit. « Thunderground » est un mid-tempo entraînant et dont le refrain est irrésistible. Le punk glam « Geisha House » mérite aussi le détour (mais qui a ajouté une intro en arabe totalement incongrue vu les ambiances japonaises ?), avec ses petites trouvailles qui pouvaient être développées. Mention bien aussi au rapide « Ring My Bell » qu’il est étonnant de trouver sur cette compilation, tant il possède toutes les qualités pour se trouver sur un album officiel : un riff entraînant, un refrain qui claque et une joie communicative. Les deux extraits en concert sont de bonne qualité et valent le détour, même s’il est possible de les trouver sur des bootlegs.

En ce qui concerne les surprises, bonnes et moins bonnes, « Baby Blues » sonne presque comme une ballade grunge, avec sa mélancolie ambiante et ses lignes mélodiques pathétiques. Le pop glam « Hot Pants Cold Feet » évoque un titre de Warrant, surtout sur le refrain. On peine à y reconnaître Kix, surtout sur le premier. Plus dispensables sont les morceaux « Screw the Screws », au son atroce, mais qui aurait certainement pu faire un bon titre une fois retravaillé et le passable « Screamer » qui ne contient aucune trace de glam et s’appuie sur un riff à la AC/DC. Quant à « No Business, Like Show Business », ce n’est qu’une farce de beuverie sans doute enregistrée pour rire et sans aucun intérêt.

Une compilation à réserver aux fans absolus de Kix. Show Business étant loin d’être le meilleur album du groupe, ses chutes de studio sont encore en deçà.

  • 1. No Business
  • 2. Thunderground
  • 3. Geisha House
  • 4. I Drank Too Much of You
  • 5. Baby Blues
  • 6. Ball Baby
  • 7. Screw the Screws
  • 8. Hot Pants Cold Feet
  • 9. Screamer
  • 10. Fireballs
  • 11. Ring My Bell
  • 12. Baby Time Bomb
  • 13. No Business, Like Show Business
  • 14. Blow My Fuse (Live Tokyo)
  • 15. Cold Blood (Live)
  • Steve Whiteman : Chant, harmonica, saxophone
  • Ronnie « 10/10 » Younkins : Guitares
  • Brian « Damage » Forsythe : Guitares
  • Donnie Purnell : Basse, claviers, chœurs
  • Jimmy « Chocolate » Chalfant : Batterie, chœurs

KIX – Live (1993)

Enregistré lors de la tournée Hot Wire, ce live condense la première partie de carrière de Kix et marque, mais le groupe ne le sait pas encore, un vrai tournant. En pleine invasion grunge, le heavy rock, le hard FM et le glam rock n’ont plus la cote. Aussi, lorsque sort cet album en 1993, celui-ci n’intéresse plus grand monde aux Etats-Unis dont l’industrie musicale fonctionne toujours par mode. Les chemises à carreaux et la neurasthénie générale de la génération X balaient la joie de vivre des baby-boomers qui, entrés dans la vie active, se passionnent moins pour le rock. Aussi, malgré la grande qualité de ce concert capté à l’université du Maryland, cet album ne rencontre qu’un succès très relatif, bien en deçà des attentes du groupe et de sa maison de disques.

Pourtant, Kix a mis toutes les chances de son côté pour emporter l’adhésion de ses fans. Il commence par asséner trois extraits de son dernier disque en date. L’enchaînement de la bombe « Hot Wire », du glam rock « Same Jane » et de l’entraînant « Rock and Roll Overdose » est irrésistible. La voix de Steve Whiteman est au top et son harmonica fait des merveilles. De cet album, on note aussi la présence de « Girl Money » qui permet au chanteur de faire preuve de toute sa gazouille. Kix y ajoute la ballade « Tear Down the Walls » au milieu du set, afin de calmer les esprits, surtout qu’auparavant le groupe a quand même dégainé « Sex » (extrait de Midnite Dynamite) qui permet de faire chanter le public, ainsi que le sautillant « The Itch » issu du premier album et qui prend toute sa force en concert.

Evidemment, Kix n’oublie pas Blow My Fuse, son plus gros succès, en jouant le titre éponyme qui parait quand même un peu léger dans sa version live, ainsi que leurs tubes « Cold Blood » dont le riff conquiert le public et la ballade « Don’t Close Your Eyes ». On peut s’étonner de ne trouver que trois extraits de cet album. Où sont « Red Lite, Green Lite, TNT », « She Drop Me The Bomb » premier single de cet album ou le rapide « Dirty Boy » ? A la place, Kix joue « For Shame », une ballade de Cool Kids vraiment dispensable. Cela fait donc trois ballades pour un live de rock en pleine période grunge, grosse erreur. Heureusement que l’album se termine par la bombe « Yeah, Yeah, Yeah », dont les 13 minutes de folie font hurler le public. Sans doute aurions-nous préféré un développement moins long pour entendre « Atomic Bomb » ou « Kix Are For Kids » à la place.

Témoignage d’une époque révolue, Live est un bon condensé des cinq premiers albums studio du groupe. Il signe pourtant la fin de sa collaboration avec Atlantic dont les décideurs préfèrent les riffs désaccordés, les récits de viol et de suicide.

  • 1. Hot Wire
  • 2. Same Jane
  • 3. Rock and Roll Overdose
  • 4. Sex
  • 5. The Itch
  • 6. For Shame
  • 7. Tear Down the Walls
  • 8. Blow My Fuse
  • 9. Girl Money
  • 10. Cold Blood
  • 11. Don’t Close Your Eyes
  • 12. Yeah, Yeah, Yeah
  • Steve Whiteman : Chant, harmonica, saxophone
  • Ronnie « 10/10 » Younkins : Guitares
  • Brian « Damage » Forsythe : Guitares
  • Donnie Purnell : Basse, claviers, chœurs
  • Jimmy « Chocolate » Chalfant : Batterie, chœurs
  • Producteur : Donnie Purnell

Label : Atlantic

KIX – Hot Wire (1991)

Après le carton de Blow My Fuse qui est devenu disque de platine (plus d’un million d’exemplaires vendus) et a atteint la 46ème place du Bilboard, Kix tente de reproduire la même réussite. La production et une partie de l’écriture sont confiées à Taylor Rhodes qui avait co-écrit le succès « Cold Blood » pour le groupe sur l’album précédent. Avant cela, il avait collaboré avec Loverboy, Cheap Trick et Y & T. Compositeur à succès, il sera à l’origine de certains hits d’Aerosmith comme « Cryin’ » ou « Blind Man », d’Ozzy Osbourne : « Back on Earth » ou de Céline Dion. Comme sur les deux précédents albums, John Palumbo et Bob Halligan Jr viennent aussi épauler Donnie Purnell qui est l’unique musicien du groupe crédité sur les chansons.

Les recettes qui ont fait le succès du groupe sont toujours au rendez-vous. Sur la base de riffs hard rock proches de ceux d’AC/DC, Kix vient greffer des lignes mélodiques agréables et des refrains originaux et enjoués propres au glam : l’amusant « Bump the La La », l’hymne « Luv-a-Holic » construit sur un néologisme ou le puissant glam rock « Hee Bee Jee Bee Crush » capable d’emporter tout un stade dans sa sarabande. Il n’y aucun doute possible, nous sommes bien dans un album de Kix. La joie de jouer est communicative. Des clins d’œil apparaissent même çà et là, comme sur « Pants on Fire (Liar, Liar) » dont le riff évoque aussi bien « You Really Got Me » que des morceaux du premier album.

On comprend que le groupe et ses compositeurs cherchent moins à inventer de nouveaux motifs qu’à reproduire ceux qui ont fonctionné. « Hot Wire » est un glam metal sautillant au refrain irrésistible, comme c’est également le cas pour « Rock & Roll Overdose » qui claque et donne envie de secouer la tête. Il n’y a donc rien à jeter sur cet album. « Girl Money » est un hymne mid tempo enjoué comme seul Kix sait en proposer, et sur lequel Steve Whiteman joue avec l’auditeur. Il en va de même pour le plus rapide « Same Jane » destiné à taper du pied et à chanter en chœur. Plus mélancolique, « Cold Chills » puise dans la country et le blues pour nous offrir un vrai moment de poésie, tandis que « Tear Down the Walls » est une ballade acoustique comme on en faisait beaucoup à l’époque.

Quatre singles seront tirés de cet album qui atteindra la 64ème place du Bilboard, mais ne se vendra qu’à 200 000 exemplaires. La montée du grunge et le changement d’époque sont sans doute à l’origine de cette baisse sensible. Pourtant, avec le recul, il n’y a rien à jeter sur cet album.

  • 1. Hot Wire
  • 2. Girl Money
  • 3. Luv-a-Holic
  • 4. Tear Down the Walls
  • 5. Bump the La La
  • 6. Rock & Roll Overdose
  • 7. Cold Chills
  • 8. Same Jane
  • 9. Pants on Fire (Liar, Liar)
  • 10. Hee Bee Jee Bee Crush
  • Steve Whiteman : Chant, harmonica, saxophone
  • Ronnie « 10/10 » Younkins : Guitares
  • Brian « Damage » Forsythe : Guitares
  • Donnie Purnell : Basse, claviers, chœurs
  • Jimmy « Chocolate » Chalfant : Batterie, chœurs

Producteur : Taylor Rhodes

Label : East West

BLÜE ÖYSTER CULT – Hard Rock Live Cleveland 2014 (2020)

Dernier live en date dans la riche carrière de Blüe Öyster Cult, ce Hard Rock Live Cleveland nous présente la dernière incarnation du groupe américain, dans un double album qui alterne des classiques et des compositions moins attendues. Dès le départ, on comprend que la magie des premiers temps a en grande partie disparu et qu’il ne faut pas s’attendre à la retrouver. Il ne serait pas convenable de s’attarder sur le line-up, néanmoins, force est de constater que la folie des débuts a disparu.

Malgré cela, l’auditeur est heureux de redécouvrir un titre comme « Shooting Shark » du mésestimé The Revölution by Night (1983), très progressif, et que le groupe étend sur plus de neuf minutes. Seul véritable surprise de cet album qui ne reprend quasiment que des compositions des années 1970, il nous change de la plupart des concerts captés de manière officielle et permet aux guitares de se livrer à de magnifiques duels. Sinon, pour le reste des demi-surprises, notons la présence d’une jolie version de « The Vigil », extrait de Mirrors (1979) qui arrive à éclipser certains classiques, ou d’une étonnante adaptation de « Then Came The Last Days Of May », un extrait du premier album, qui est développée sur plus de dix minutes. Mention assez bien à « Career Of Evil », de Secret Treaties, qui sauve un peu les meubles. Dans une moindre mesure, on peut aussi retenir « I Love The Night », même si les voix ne sont pas toujours au top.

En effet, c’est justement sur le mixage de celles-ci que le bât blesse à plusieurs reprises. L’esprit protopunk du MC5 est bien respecté sur « The Red And The Black », tant le chant est crade, ce qui convient assez bien au morceau. Il en va de même sur le rock « Harvester Of Eyes », finalement assez cru, mais sur lequel les lignes vocales pêchent à plusieurs reprises. « Hot Rails To Hell » semble presque enregistré dans un petit club, tant il sonne direct et sans fioritures. On est loin de la superbe version d’On Your Feet On Your Knees.

En revanche, plusieurs classiques ne sont pas à la fête. « Me262 » sonne comme du Alice Cooper, pendant que « Black Blade » est très mal mixé, que « Godzilla » est étendu sur plus de 12 minutes en raison d’un (trop) long solo de batterie et que « Cities On Flame With Rock And Roll » sonne vraiment trop fin de concert. Si le public est heureux de chanter en chœur avec les musiciens, on note de nombreuses imperfections dans le déroulement du morceau. Heureusement qu’il reste de belles versions de « Buck’s Boogie » qui voit le groupe montrer une réelle cohésion et de « (Don’t Fear) The Reaper », même si les harmonies vocales n’égalent pas les anciennes versions.

Le fan aurait aimé davantage de prises de risques et le critique, un son bien meilleur. Pour contrebalancer cet avis mitigé, reconnaissons que c’est un concert entier qui a été capté et pas une compilation de tournée. Hard Rock Live Cleveland 2014 n’est pas mauvais, loin de là, il est juste inférieur à de nombreux live publiés par le groupe. Le côté positif, c’est un DVD accompagne ce double CD et qu’on peut assister au concert, comme si on y était.

  • CD1
  • 1. Od’d On Life Itself
  • 2. The Red And The Black
  • 3. Golden Age Of Leather
  • 4. Burnin’ For You
  • 5. Career Of Evil
  • 6. Shooting Shark
  • 7. The Vigil
  • 8. Me262
  • 9. Buck’s Boogie
  • 10. Black Blade
  • CD2
  • 11. Then Came The Last Days Of May
  • 12. Godzilla
  • 13. (Don’t Fear) The Reaper
  • 14. Harvester Of Eyes
  • 15. I Love The Night
  • 16. Hot Rails To Hell
  • 17. Cities On Flame With Rock And Roll
  • Donald « Buck Dharma » Roeser – Guitares, chant
  • Eric Bloom – Chant, guitares
  • Richie Castellano – Claviers, guitares, chœurs
  • Jules Radino – Batterie, percussions
  • Kasim Sulton – Basse, chœurs

Label : Frontiers

BLACK SABBATH – Black Sabbath (1970)

Originaires de Birmingham, les quatre membres fondateurs de Black Sabbath font leurs armes dans différents groupes locaux avant de former Earth. Après une excursion dans Jethro Tull, Tony Iommi revient au bercail. Sous l’impulsion de Geezer Butler, le groupe se tourne alors vers le fantastique et l’occulte. Il écrit la chanson « Black Sabbath » après avoir vu le film Les Trois Visages de la peur de Mario Bava, avec Boris Karloff. Peu de temps après, Earth change de nom puis entre en studio le 16 octobre 1969 afin d’enregistrer son premier album.

Dès l’introduction du morceau éponyme, l’auditeur se retrouve dans un univers sombre, inquiétant, marqué par des sons angoissants. Le riff est écrasant jusqu’à la douleur, la section rythmique implacable et la voix hallucinée : le heavy metal est né. Les changements de rythmes dans le dernier tiers du titre rattachent encore le groupe aux années 1960, tout en annonçant les années 1970. Plus ancré dans le blues avec cet harmonica entêtant, « The Wizard » s’appuie sur un riff lancinant pour mieux nous conduire dans un titre étonnement bourré de groove, même si la rythmique est en béton et que Bill Ward s’en donne à cœur joie sur ses toms. Profondément heavy, « Behind the Wall of Sleep » annonce déjà la musique qui va faire la notoriété du quatuor. La basse, omniprésente, érige un mur de son sur lequel la guitare de Tony Iommi peut tisser ses riffs et ses mélodies. La voix d’Ozzy, déjà au top, est parfois doublée afin de passer en stéréo. En trois chansons, Black Sabbath a lancé la machine pour mieux nous cueillir avec le futur classique « N.I.B. » dont le riff est incontournable et les lignes vocales irrésistibles. Jouant sur des variations d’intensités, « N.I.B. » pose les bases du heavy metal.

La face B débute par « Evil Woman » une reprise d’un titre du groupe de blues rock américain The Crow. Plus sombre que la version originelle, tout en la respectant dans son ensemble. Le côté répétitif de sa structure permet au groupe de l’aménager à sa sauce. Il tranche néanmoins avec « Sleeping Village », une composition très psychédélique à laquelle Black Sabbath ajoute une atmosphère angoissante et qui semble être une excuse pour développer des parties instrumentales sans doute improvisées. Un peu anecdotique, il ouvre sur « Warning », une autre reprise cette fois de The Aynsley Dunbar Retaliation que Black Sabbath étire sur plus de dix minutes, soit trois fois plus que la version originale. De la même manière, l’orgue est remplacé par une guitare accordée très bas, tandis que la fin du morceau n’est qu’une longue jam qui se termine par la reprise du refrain.

Album fondateur du heavy metal, Black Sabbath n’est pas exempt de longueurs, mais celles-ci sont volontaires et permettent de poser les bases d’un style que le groupe va affiner et affirmer sur l’album suivant : Paranoïd. Une version remasterisée et augmentée de bonus est sortie dans la collection Deluxe edition, et contient la face B « Wicked World » qui aurait mérité d’apparaître sur l’album, ainsi que des versions différentes de chaque titre. Sachant que le groupe n’a eu qu’une seule journée pour enregistrer tout cela, et une autre pour le mixage, on se dit que les musiciens n’ont pas chômé. Glissé sous une pochette énigmatique, qui va également participer à sa légende, cet album est indispensable.

  • 1. Black Sabbath
  • 2. The Wizard
  • 3. Behind the Wall of Sleep
  • 4. N.I.B.
  • 5. Evil Woman
  • 6.  Sleeping Village
  • 7.  Warning
  • Ozzy Osbourne – Chant, harmonica sur « The Wizard »
  • Tony Iommi – Guitares
  • Geezer Butler – Basse
  • Bill Ward – Batterie

Label : Vertigo

ULI JON ROTH – The Best Of (2006)

Après cinq albums sous son nom, trois avec Electric Sun, plus des DVD, Uli Jon Roth sort un double CD retraçant toute sa carrière post Scorpions. Cela permet à l’auditeur de jeter une oreille sur cette deuxième partie de carrière qui est passée par de nombreuses voies. On a donc droit à sa période classique, avec ou sans orchestre, qui proposent des adaptations de morceaux de Vivaldi (le superbe « The Tempest » sur lequel le guitariste nous montre toute sa technique, « War of the Winds »), Puccini (le poignant « Bridge to Heaven » extrait de Sky of Avalon et le lyrique « E lucevan le stelle » qui voit la guitare de l’Allemand littéralement pleurer), mais également Chopin avec « Sehnsucht-Mazurka » et cet hommage intitulé « The Heart of Chopin ». Ajoutons à cela, le célèbre « Rondo alla turca » de Mozart et « Air de Bach » dont se sont déjà emparés d’autres guitaristes.

En parallèle, l’auditeur peut aussi se jeter sur sa période « Jimi Hendrix avec deux reprises des standards que sont les superbes « Voodoo Chile » et « Little Wing ». Uli Jon Roth n’a jamais caché son amour pour ce maître de la guitare auquel il rend hommage, aussi bien en reprenant ses parties de guitares que de chant. Ces influences se ressentent dans plusieurs de ses autres titres qui sont fortement inspirés par ce guitariste révolutionnaire. En premier lieu, citons « Still so man lives away » au riff nourri au blues rock, l’enjoué « Fire Wind » aux ambiances hispanisantes ou le plus nuancé « Burning Wheels Turning »). Dans le même esprit, évoquons « White Room » une belle reprise de Cream qui ravira les fans.

Tout cela est parfaitement interprété (à part peut-être le chant sur ses premiers albums) et l’on peut louer le feeling et le talent d’Uli Jon Roth même lorsque les morceaux partent dans des délires hippies et psychédéliques. « Why ? » débute au piano avant que la guitare ne vienne prendre la relève jusqu’à un refrain halluciné, très années 1970. Tout aussi hippie, « I’m a river » vaut surtout pour ses parties de guitares très fluides, tandis que la fausse ballade « I’ll be there » devient quasiment hallucinogène. Les développements néo-classiques sont également d’excellent niveau, comme le prouve des morceaux tels que « Cry of the night », « Dance of the water spirits » ou « Venga la vita »). On regrettera l’absence d’inédits, même si la vidéo de : « Cry of the night » apporte un léger plus. Cela va permettre à ceux qui ne le connaissent pas de saisir les multiples facettes du guitariste et aux guitaristes de reprendre certains plans.

  • CD 1
  • 1. The Tempest
  • 2. Bridge to Heaven
  • 3. Pegasus
  • 4. Tod und Zerstörung
  • 5. E lucevan le stelle
  • 6. War of the Winds
  • 7. Thunder cadenza
  • 8. Cry of the night
  • 9. Starlight
  • 10. Air de Bach
  • 11. Why?
  • 12. I’m a river
  • 13. I’ll be there
  • 14. Sehnsucht-Mazurka
  • 15. The Heart of Chopin
  • 16. Dance of the water spirits
  • 17. Transfiguration
  • 18. Venga la vita
  • 19. Aqua vitae
  • 20. Cry of the night [Video]
  • CD 2
  • 1. Still so man lives away
  • 2. Winter Days
  • 3. Burning Wheels Turning
  • 4. Fire Wind
  • 5. Hiroshima today?
  • 6. Voodoo Chile
  • 7. Little Wing
  • 8. White Room
  • 9. Sky overture
  • 10. Rondo alla turca
  • 11. Aquila: The eagle and the rainbow
  • 12. Lethe: River of oblivion

Label : SPV

THE STALK-FORREST GROUP – The Stalk-Forrest Group (1970-2017)

Formé en 1969 sur les cendres de Soft White Underbelly, The Stalk-Forrest Group, qui préfigure Blüe Öyster Cult, enregistre cet album en 1970 pour le label Elektra. Malheureusement, mécontent du résultat, le label casse le contrat passé avec le groupe et cet album ne sort finalement qu’en 2001 dans une double version, avec des mixages différents, puis en 2017 dans cette version proche de celle qui devait paraître à l’époque. L’auditeur accompli trouvera sans problème des proximités avec Blüe Öyster Cult. En effet, « I’m on the Lamb » va être modifié pour finir sur le premier album du groupe, puis à nouveau sur Tyranny & Mutation dans la version survitaminée de « The Red And The Black ». Il est également aisé de retrouver des mesures de « Gil Blanco County » sur le tube « (Don’t Fear) The Ripper », tandis que certaines parties d’« Arthur Comics » annoncent l’instrumental « Buck’s Boogie ». Autant dire que les quatre musiciens de The Stalk-Forrest Group n’ont pas oublié leurs racines lorsqu’ils ont créé Blüe Öyster Cult.

« What Is Quicksand ? » est un morceau léger, basé sur une rythmique blues rock alerte, qui n’est pas sans rappeler le southern rock, avec des touches psychédéliques et des lignes vocales proches des Who. Ce mélange peut surprendre l’auditeur, mais pas le futur fan de BÖC qui connaît une version démo de ce morceau. Plus puissant, « I’m On The Lamb » n’est pas inconnu et sonne d’ailleurs mieux que sur le premier album de BÖC. Dans un style assez proche, le country-rock « Gil Blanco County » permet aux guitaristes de montrer toute leur technique et leur science de l’arrangement, avec ce passage hispanisant au milieu de ces arpèges de guitares. Plus psychédélique et encore bien ancré dans les années 1960, « Donovan’s Monkey » sent bon Woodstock, avec ses délires de guitares soutenus par un claviers omniprésent. Le chant est halluciné, sans réellement accrocher l’auditeur. Si ce morceau n’est pas mauvais, il est très daté, en dépit d’une production contemporaine qui l’a magnifié. Influencé par la scène anglaise, « Ragamuffin Dumplin’ » renvoie à The Who, voire à The Animals, en basant tout sur la guitare, même les lignes de chant qui suivent la musique. Les changements d’intensité ne sont pas mauvais et ouvrent sur une longue partie instrumentale.

Totalement déboussolant, « Curse Of The Hidden Mirrors » tient plus du pop rock que du hard rock. Les éléments progressifs sont également assez nombreux. Une nouvelle fois, nous sommes dans la musique anglaise des années 1960, plutôt que dans les expérimentations postérieures. « Arthur Comics » s’inscrit dans une veine un peu plus 1970, avec son solo de claviers, son riff distordu, ses improvisations instrumentales et sa basse omniprésente. Les motifs psychédéliques sont nombreux et font de ce morceau un cousin de ceux des premiers Deep Purple. « A Fact About Sneakers », que les fans de BÖC connaissent pour être apparu dans un coffret avec « Donovan’s Monkey » et « What Is Quicksand ? », nous proposent les prémices des compositions progressives du groupe. L’ensemble est assez planant, avec de belles parties instrumentales, très jazz fusion. L’album se clôt sur « St Cecilia », une belle chanson bourrée de feeling et d’arrangements originaux. Les guitares se taillent une nouvelle fois la part du lion.

Assez éloigné des standards auxquels Blüe Öyster Cult va nous habituer, The Stalk-Forrest Group (en version simple, ou en version double sous le titre St. Cecilia, Elektra Recordings paru en 2001) mérite qu’on jette une oreille attentive dessus. Sa valeur historique est indéniable puisque plusieurs morceaux préfigurent les premiers albums de BÖC.

  • 1. What Is Quicksand ?
  • 2. I’m On The Lamb
  • 3. Gil Blanco County
  • 4. Donovan’s Monkey
  • 5. Ragamuffin Dumplin’
  • 6. Curse Of The Hidden Mirrors
  • 7. Arthur Comics
  • 8. A Fact About Sneakers
  • 9. St Cecilia
  • Jesse Python (Eric Bloom) – Chant, guitares
  • Donald Roeser (Buck Dharma) – Chant, guitares
  • Andy Panda – Basse
  • Prince Omega (Albert Bouchard) – Batterie
  • La Verne (Allen Lanier) – Claviers, guitares

Label : Rhino

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