
Créé à Melbourne en 2003, Electric Mary est un groupe rare, qui ne sort que son quatrième album studio, huit ans après l’excellent III. Dans cet intervalle, notons quand même la parution des EP : From the Vault (2012) et The Last Great Hope (2014) ainsi que du live Alive in Hell Dorado (2016). Mais tout cela se fait de manière peu compréhensible, sur plusieurs labels, et souvent, ces parutions ne sont disponibles qu’en import. C’est bien dommage, car Electric Mary œuvre dans un hard rock teinté de classic rock, à mi-chemin entre AC/DC à ses débuts et Cold Chisel, pour rester dans les références des Antipodes. Les riffs sont donc bourrés de groove, souvent plaqués, directs et basés sur des accords de blues. Quant à la voix de Rusty, elle est puissante, éraillée, chargée d’émotion lorsque nécessaire, et agressive dès que le tempo s’accélère. Les paroles tournent la plupart du temps autour du sexe et des dérives du quotidien.
L’album s’ouvre sur l’entêtant « Gimme Love », un brûlot résolument rock, au riff répétitif, qui s’accroche à vous comme un morpion et permet au chant, lui aussi enivrant, de ne plus vous quitter. On pense à AC/DC, mais aussi à ce groupe éphémère que fut My Little Funhouse. Après cette superbe entrée en matière, « Hold Onto What You Got » accélère le rythme pour nous asséner un hard rock épais, saturé et distordu, qui donne envie de secouer la tête en cadence. On comprend que le groupe plonge ses racines dans le blues et le boogie, nous offrant des sonorités parfois voisines du southern rock comme sur l’excellent et très américain « How Do You Do It ». La paire de guitaristes s’en donne à cœur joie, se livrant à des échanges acérés, pour mieux nous montrer peu après son toucher. C’est d’ailleurs ce qui est fait sur la ballade « Sorry Baby », un magnifique blues taillé pour la voix de Rusty et qui renvoie au « Ride On » d’AC/DC, aussi bien dans sa construction que dans le son des guitares.
La seconde partie de l’album démarre sur « The Way You Make Me Feel », un boogie dévastateur, en douze mesures, dont le riff sautillant s’efface parfois pour ne laisser que la section rythmique. Véritable perle de cet excellent Mother, cette chanson possède tous les atouts nécessaires pour retourner les foules. En trois minutes, le déluge est passé, pour nous laisser avec « It’s Alright », sorte de croisement entre Thin Lizzy et Cold Chisel, dominé par une basse inspirée et des guitares abreuvées au blues-rock, jusqu’à ce refrain fédérateur, comme on savait en faire dans les années 1970. Plus étonnant, « Long Long Day » évoque les titres lents de Soundgarden dont il cultive la pesanteur, ainsi que les sons de guitares. Moins convaincant à mon goût, ce long titre de plus six minutes trente vaut surtout pour les émotions qu’il transmet, mais dénote dans l’ensemble. Heureusement, l’album se termine sur le hard rock « Woman », pour lequel le groupe avait déjà enregistré une vidéo en 2017. Titre idéal pour clore l’aventure, beaucoup trop courte, il permet de se quitter en bons termes avec Electric Mary et de remettre le couvert en se jetant sur les autres productions du groupe.
- 1. Gimme Love
- 2. Hold Onto What You Got
- 3. How Do You Do It
- 4. Sorry Baby
- 5. The Way You Make Me Feel
- 6. It’s Alright
- 7. Long Long Day
- 8. Woman
- Rusty – Chant
- Pete Robinson – Guitares, chœurs
- Brett Wood – Guitares, chœurs
- Alex Raunjak – Basse
- Davey Porter – Batterie
Label : Listenable








