Mis en avant

WHISKEY MYERS – Whiskey Myers (2019)

L’album alterne différentes ambiance avec un réel talent. On y découvre ainsi des compositions bourrées de groove comme l’entêtant « Gasoline » au riff épais, le puissant « Die Rockin » qui ouvre les hostilités avec une indéniable réussite et un swing soul ou le beau « Kentucky Gold » qui rappelle le Rossington Collins Band avec ses chœurs mixtes. Les hommages aux anciens se multiplient tout au long des 57 minutes que dure ce disque. « Mona Lisa » est une bombe de southern rock teintée au soleil de l’Alabama. Plus blues « Hammer » explore les sentes ouvertes par le Creedence Clearwater Revival, avec des petits côtés Aerosmith dans la gestion des riffs. On pense à Little Caesar par ce fin mélange des genres.

Créé en 2007, Whiskey Myers est un groupe de southern rock originaire du Texas, qui mêle éléments country et rock à la manière d’un Lynyrd Skynyrd ou de The Outlaws. Ce cinquième album, qui a atteint la première place des charts de country aux Etats-Unis, est une vraie réussite. Savant mélange de grosses guitares, de riffs endiablés, de refrains fédérateurs et de ballades comme seuls les Américains savent en faire, il offre un superbe chaînon manquant entre le southern rock traditionnel et le rock contemporain. En quatorze morceaux, le groupe balaie un spectre assez impressionnant sans jamais perdre le fil conducteur d’une musique qui donne envie de taper du pied et de secouer la tête en cadence.

La country est également au rendez-vous, avec ses rythmes traditionnels, comme l’enlevé « Rolling Stone » et sa batterie qui swingue, son incontournable harmonica et ce refrain chanté avec des intonations nasales. Le sautillant « Houston County Sky » joue avec les codes du genre, pour nous livrer un morceau classique, mais qui fait mouche grâce à un entrain communicatif. Tout aussi attendu, mais ô combien efficace, « Little More Money » est teinté d’une nostalgie évocatrice, qui nous entraîne au cœur des vastes étendues texanes. Les ballades country ne sont pas oubliées. « Bury My Bones » est appuyée par un banjo et un violon qui lui donnent des connotations folkloriques du plus bel effet en accentuant ses côtés mélancoliques, tandis que la plus moderne « California to Caroline » saupoudre la country de rock et de blues. L’album se clôt sur « Bad Weather », un slow à l’ancienne, soutenu par des chœurs féminins dignes de ma Motown.

Malgré toutes ces références au passé, Whiskey Myers n’hésite pas à incorporer des touches plus modernes dans sa musique, comme sur l’excellent « Bicth » qui évoque un croisement entre ZZ Top et Rage Against The Machine. Le riff est énorme, la voix clamée et le rythme infernal. On n’est pas loin des premiers Shaka Ponk, voire de Beasto Blanco, avec une touche glam dans la manière de traiter ce boogie endiablé. Le lancinant « Glitter Ain’t Gold » joue la carte du southern blues lent que viennent illuminer des arrangements savoureux et des guitares inspirées.

Whiskey Myers est un grand album qui transcende les genres et qui mérite une vraie écoute et un véritable accueil en France.  

  • 1. Die Rockin
  • 2. Mona Lisa
  • 3. Rolling Stone
  • 4. Bitch
  • 5. Gasoline
  • 6. Bury My Bones
  • 7. Glitter Ain’t Gold
  • 8. Houston County Sky
  • 9. Little More Money
  • 10. California to Caroline
  • 11. Kentucky Gold
  • 12. Running
  • 13. Hammer
  • 14. Bad Weather
  • Cody Cannon – Chant, guitare acoustique
  • John Jeffers – Guitares, chant
  • Cody Tate – Guitares, chœurs
  • Jamey Gleaves – Basse
  • Jeff Hogg – Batterie
  • Tony Kent – Percussions

Label : Wiggy Thump Records

Mis en avant

FAIRYLAND – Of Wars in Osyrhia (2003)

Formé à Nice sur les bases de Fantasia, Fairyland livre son premier album dont on retrouve certains morceaux déjà parus en démo en 2000 sous ce précédent patronyme. Dès les premières notes de l’introduction « And so came the storm », les Français de Fairyland annoncent la couleur : ce sera du métal mélodique d’inspiration heroïc fantasy. Bruitages de jungle, orage, claviers symphoniques, pluie qui tombe, voix déclamant une histoire et chœurs d’opéra : nous sommes immédiatement dans l’ambiance de leur univers de légendes. Cela se confirme avec « Ride with the sun », dont les cavalcades, proches de Rhapsody, mettent en place Osyrhia, un monde de « magie, de funeste innocence et de mensonges ». L’ensemble est compact, bien construit, subtilement arrangé, ce qui permet à la voix d’Elisa, par ailleurs chanteuse des Espagnols de Dark Moor, de venir s’y poser avec classe. On ne peut que louer ce choix qui apporte une couleur particulière à la musique de Fairyland et leur permet de se démarquer de leurs influences italiennes.

 Dès le deuxième morceau, la musique se fait encore plus éloquente, pour conter les aventures de Doryan, venu sauver le pays des périls qui le menacent. Le speed métal est de rigueur, mais modulé par d’incessants changements de rythmes, par des chœurs omniprésents et par une profondeur étonnante pour un si jeune groupe. Cela se confirme sur le mid tempo d’essence médiévale qu’est « The storyteller » où d’Elisa montre toute l’étendue de son talent. « Fight for your king » relance le rythme, sur une base de claviers qui assure une épaisseur à la musique de Fairyland.

Chaque morceau acquiert ainsi une couleur particulière sur laquelle se tissent des riffs et des solos de guitares, incisifs et mélodiques. Cela est remarquable sur « On the path to fury » et «The fellowship ». Si Rhapsody et les bandes originales de films ont influencé la musique, les paroles plongent au cœur de l’univers de Tolkien et de la fantasy classique. On y trouve des dragons sur « Rebirth » et « The fellowship », de la magie, des batailles, tout cela appuyé par une musique épique d’excellente tenue. Un album à acquérir au plus vite qui soutiendra toute lecture de fantasy, de Robert Howard à David Gemmell. En cadeau, une superbe pochette de Hervé Monjeau qui renvoie immédiatement à un univers de jeux de rôle et de féerie.

A noter que le groupe partira en tournée française avec Sonata Arctica et Kamelot fin Mai 2003 et fera une apparition au Rotonde Festival d’Hirson, cette même année.

  • 1. And so came the storm
  • 2. Ride with the sun
  • 3. Doryan the enlightened
  • 4. The storyteller
  • 5. Fight for your king
  • 6. On the path to fury
  • 7. Rebirth
  • 8. The fellowship
  • 9. Of dark omen
  • 10. The army of the white mountains
  • 11. Of wars in Osyrhia

  • Elisa C. Martín – Chant
  • Willdric Lievin – Batterie, Guitares, Basse, chœurs
  • Philippe Giordana – Claviers, chœurs
  • Anthony Parker – Guitares

Label : NTS/Wagram

Mis en avant

VADER – Thy Messenger (2019)

Valeur sûre du death metal, Vader nous propose un EP cinq titres après deux années de silence total pour mieux nous faire patienter jusqu’à leur prochain album en cours d’enregistrement. En 13 minutes, les Polonais nous assènent une musique brutale, directe, nourrie au death des années 1980, mais avec une touche de heavy qui les démarque de la concurrence. Avec ses trois inédits, sa réécriture de « Litany » et sa reprise du « Steeler » de Judas Priest, le groupe nous démontre qu’il n’a rien perdu de sa puissance et de sa folie communicatrice.

Ainsi, dès « Grand Deceiver », le ton est donné. Le rythme effréné écharpe l’auditeur pour le laisser exsangue. Et pourtant, au milieu de ce déferlement, superbement bien produit et équilibré, surnage une réelle science de la mélodie. Dans son sillage, la réécriture de « Litany » apparaît plus heavy et mélodique que la version d’origine parue sur l’album éponyme. Le son est plus clair, plus tranchant et la voix est, étonnamment plus agressive. Suit « Emptiness », un mid tempo martial à la Bathory, avec ses touches thrash et ses passages pesants. Dommage que le morceau soit aussi court, car il aurait pu développer certains de ses thèmes un peu plus longtemps. Mais on le sait, Vader n’est pas adepte des morceaux trop longs.

C’est d’ailleurs le cas sur le true death « Despair » qui propose un riff tourbillonnant qui déferle durant un peu plus d’une minute. Pas transcendant, mais efficace. Là encore, la déferlante est un peu courte. Mais ne boudons pas notre plaisir, car cet EP se termine sur la reprise de Judas Priest auquel les Polonais font honneur. Sans trahir l’original, ils parviennent à en offrir une version habile et efficace, qui mêle éléments heavy et apports death pour une des meilleures reprises que je n’ai jamais entendue des Anglais.

Malgré le côté très court de cet EP (mais n’oublions pas qu’un album comme Litany ne fait que 30 minutes), l’achat en vaut la peine.

  • 1. Grand Deceiver
  • 2. Litany
  • 3. Emptiness
  • 4. Despair
  • 5. Steeler

  • Peter : guitares, chant
  • Spider : guitares
  • Hal : basse
  • James : batterie

Label : Nuclear Blast

Mis en avant

SEVEN WITCHES – Passage to the Other Side (2003)

(Chronique écrite à la sortie de l’album) Ce nouvel album de Seven Witches est une véritable bombe ! Non seulement, c’est le meilleur du groupe, mais c’est aussi l’un des meilleurs albums de heavy metal sorti ces dernières années. Et je pèse mes mots. Une pêche en pleine gueule. L’album qu’aurait dû sortir Judas Priest depuis des années. Les clins d’œil lancés par Jack Frost et sa bande à leurs illustres aînés sont d’ailleurs nombreux : le chanteur James Rivera (Helstar, Destiny’s End) roule les « r » comme Rob Halford sur « Mental Messiah » et le riff de « Nature’s Wrath » nous ramène à « Rapid Fire ».

Mais ne nous y trompons pas, Passage to the other side est bien un album original, plein de fougue, de trouvailles, d’arrangements, de puissance. La rythmique est aussi puissante qu’Annihilator « Apocalytic dreams » (bravo à la paire Vera/Craig), les guitares incisives « Dance with the dead », la voix déchire tout sur son passage « Mental Messiah » ou sait se faire émouvante « Passage to the other side ». Un pur plaisir pour les oreilles qui nous entraîne vers des rivages étonnants, comme l’atteste cette reprise vitaminée de Def Leppard : « Wasted » chantée en duo par Rivera et Frost. Seven Witches a trouvé son équilibre. Un équilibre dévastateur : « Fever in the city », qui aborde les thèmes de la mort « Dance with the dead », de la perte d’un être cher (le frère de Jack Frost est décédé peu avant l’enregistrement de l’album) « Passage to the other side », de la vengeance « Betrayed », du mal sous toutes ses formes « Mental messiah », « Fever in teh city », de la folie « Johnny ».

Chaque morceau est une petite pépite, qui explore les rives du speed « Dance with the dead », du thrash « Mental messiah », du heavy « Betrayed », s’appuyant sur des rythmes syncopés « Apocalytic dreams », tout en faisant des clins d’œil à tous les grands du metal. On a parlé de Judas Priest, d’Annihilator, de Def Leppard, on peut également citer Iron Maiden sur « Johhny » où la basse omniprésente de Joey Vera et le refrain nous ramènent aux grandes heures de la Vierge de Fer. Au final, un disque monumental qui ravira tous ceux qui aiment la musique métallique et qui ont envie de (re)découvrir un groupe plein de talent qui a su digérer ses influences pour les transcender.

  • 1. Dance With The Dead
  • 2. Mental Messiah
  • 3. Johnny
  • 4. Apocalyptic Dreams
  • 5. Fever In The City
  • 6. Betrayed
  • 7. The Last Horizon
  • 8. Nature’s Wrath
  • 9. Wasted (Duet with Jack Frost)
  • 10. Passage To The Other Side
  • Jack Frost – Guitares
  • James Rivera – Chant
  • Brian Craig – Batterie
  • Joey Vera – Basse

Label : Noise/Wagram

Mis en avant

IRON SAVIOR – Condition Red (2002)

Un an après Dark Assault, Iron Savior sort son quatrième album. Le style a peu évolué, puisque nous nous trouvons toujours dans un heavy carré très germanique, dominé par des tempos rapides. Les influences sont nombreuses, allant de Judas Priest à Accept, en passant par Helloween et Gamma Ray et ce, malgré le départ de Kai Hansen. Ce mélange de puissance et de mélodies est porté par un enthousiasme communicatif qui permet à l’auditeur d’explorer divers univers. En dépit d’un manque d’originalité évident, l’amateur de heavy speed passera outre et se laissera aller à taper du pied ou à chanter en compagnie du groupe.

Dès « Titans of our Time », on comprend que l’album va être dominé par des tempos rapides, ce qui est la marque de fabrique des Allemands. Les riffs sont énormes et le travail des guitaristes vraiment efficace. On perçoit une volonté de tout emporter sur leur passage, comme sur le monstrueux « Ironbound » aux chœurs énormes. La double grosse caisse est de sortie, comme sur « Walls of Fire » qui laisse plus de place à la section rythmique à la manière d’un Helloween ou sur « Condition Red » qui emprunte certains de ses éléments à Judas Priest.

Si le style ne semble pas avoir varié, on ressent néanmoins un retour aux influences des années 80 comme sur « Protector », mélange de Judas Priest et d’Accept, dont le « Protectors Of Terror » n’est pas loin, d’ailleurs… Développant toujours des hymnes guerriers « Warrior », « Titans of our time », l’entraînant « Tales of the Bold », Iron Savior nous conduit dans ses habituelles épopées cosmiques, riches en changements de rythmes, en accélérations et en mélodies soutenues par des chœurs puissants. Çà et là, on découvre pourtant de nouveaux horizons à la fois plus torturés, comme sur « Mindfeeder » proche de Gamma Ray et plus mélodiques, tel que le beau « Paradise ». En résumé, un disque à posséder pour tout amateur de heavy à l’allemande. Plusieurs versions sont sorties, dont une possédant deux bonus dont une étonnante reprise de Seal « Crazy » qui tient la route et une version japonaise avec une reprise du « Living After Midnight » de Judas Priest, peut-être un peu trop accélérée.

  • 1. Titans of our Time
  • 2. Protector
  • 3. Ironbound
  • 4. Condition Red
  • 5. Warrior
  • 6. Mindfeeder
  • 7. Walls of Fire
  • 8. Tales of the Bold
  • 9 I Will be There (bonus)
  • 10. No Hero
  • 11. Paradise
  • 12. Thunderbird
  • 13. Crazy (bonus)
  • 14. Living After Midnight (bonus Japon)
  • Piet Sielck – Chant, guitares, chœurs
  • Joachim « Piesel » Küstner – Guitares, chœurs
  • Andreas Kück – Claviers, chœurs
  • Jan-Sören Eckert – Basse, chœurs
  • Thomas Nack – Batterie, percussions

Label : Noise/Wagram

Mis en avant

RAGE – Unity (2002)

Un an après Welcome to the Other Side, Rage publie un nouvel album sans avoir changer de personne. Derrière l’incontestable leader Peavy Wagner, dont le chant s’est encore amélioré, on retrouve une nouvelle fois le guitariste virtuose Victor Smolski et ce monstre de batteur qu’est Mike Terrana (Malmsteen, Beau Nasty, Metalium…). Construit comme un florilège de toutes les facettes du talent du groupe, Unity allie mélodies, puissance et technicité, posant les bases d’un heavy metal de qualité capable d’intéresser le plus grand nombre. On retrouve, en effet, les bases carrées de la première partie de carrière du groupe auxquelles s’ajoutent les qualités techniques de Victor Smolski et de Mike Terrana. Sur cette assise solide, le trio pose des lignes mélodiques qui emportent l’auditeur dans un univers passionnant.

 Comment ne pas se laisser emporter par les mélodies communicatives de « Down » ou « All I Want » ? L’énergie que dépense le groupe est irrésistible sur ces titres. Avec « Dies irae », le métal de Rage se colore de chœurs baroques qui viennent appuyer un mid-tempo lyrique et mélodique du plus bel effet. Nous transportant aux limites des sphères classiques, ce morceau est ciselé de mains de maîtres, comme en atteste entre autres le solo de guitare. Plus directs, sans être basiques, plus rapides également, des morceaux tels que « Seven Deadly Sins » ou « Insanity » nous renvoient aux origines du groupe, mais dans un style plus travaillé, plus accompli, montrant les énormes progrès accomplis depuis Prayers of steel (1986). Il faut avouer que depuis les arrivées de Smolski en 1999 et Terrana en 2001, le groupe n’est plus le même. Peavy peut enfin développer ses idées sans être bridé par le manque de qualité de ses musiciens.

Avec ce formidable duo, il peut laisser toute la puissance de son metal chauffé à blanc comme sur « World of Pain » dominé par des riffs épais ou sur le torturé « Living my Dream » au refrain subtil qui tranche avec des guitares hallucinées et un batteur monstrueux, comme à son habitude. L’aisance technique du trio est évidente sur des compositions comme « Set this world on fire », le néo-classique « You Want it, You’ll Get It » qui évoque Malmsteen, mais aussi « Unity », l’instrumental d’anthologie qui clôt l’album. Mené par la guitare de Smolski, ce morceau explore toutes les facettes de ce groupe, passant de moments speed à des plages plus intimistes où la guitare pleure littéralement. Les bases néo-classiques voisinent avec des apports de jazz fusion, pendant que la section rythmique assure un train d’enfer.

Petite perle sous-estimée, Unity est un album à (re)découvrir, tant il raconte une époque révolue que Rage ne retrouvera plus.

  • 1. All I Want
  • 2. Insanity
  • 3. Down
  • 4. Set this World on Fire
  • 5. Dies Irae
  • 6. World of Pain
  • 7. Shadows
  • 8. Living my Dream
  • 9. Seven Deadly Sins
  • 10. You Want it, You’ll Get It
  • 11. Unity
  • Peter « Peavy » Wagner – Chant, basse
  • Victor Smolski – Guitares
  • Mike Terrana – Batterie

Label : SPV/Wagram

Mis en avant

MURDERDOLLS –Beyond the Valley of the Murderdolls (2002)

Avant de poser cette rondelle sur ma platine en 2002, je dois avouer que j’étais plutôt dubitatif. Un projet parallèle d’un membre de Slipknot associé à un autre de Static X ! Je m’attendais à tout. Sauf… à cette claque si rafraîchissante. Et quelle claque ! Les Murderdolls (mot à mot les Poupées Tueuses) ont inventé un nouveau style musical : le glam-métal tendance gore ! Et quel pied ! Comme si Alice Cooper, Marilyn Manson et Rob Zombie avaient accouché d’un monstre surdoué. A l’heure où certains groupes sont plutôt neurasthéniques, les Murderdolls nous livrent une musique à la fois entraînante et pleine d’énergie que viennent relever des paroles plongeant tête la première dans des sujets gores. Formé autour de Wednesday 13 et de Joey Jordison, Murderdolls s’appuie sur des compositions écrites pour Frankenstein Drag Queens from Planet 13, le précédent groupe de Wednesday 13.

Chaque titre est une petite perle d’humour noir, comme en atteste le délirant « Die My Bride », dans lequel le chanteur explique qu’il préférerait éventrer sa femme et répandre ses boyaux sur le capot de la voiture plutôt que de couper la pièce montée. A la manière d’un film d’horreur de série B auquel le titre « B-Movie Scream Queen » rend hommage, les Murderdolls développent tous les poncifs de ce genre : psychopathes sur « Kill Miss America », morts-vivants sur « She was a teenage zombie », SF délirante dans le style du retour de Jason avec « 197666 », voire épouvante dans « Love at first fright ». Les références sont donc nombreuses et les paroles souvent décalées, ce qui n’est pas pour me déplaire.

Côté musique, leur metal teinté de glam fait mouche, grâce à une musique irréprochable. Ainsi, « Slit My Wist » pulse une énergie dingue, tandis que le punk metal « Love at First Fright » donne envie de hurler avec le groupe et que le jouissif « She Was a Teenage Zombie » file la patate à tout le monde. La voix, déformée comme le genre l’affectionne, propose des refrains fédérateurs : « Dead in Hollywood » ou encore « Mother F**ker I Don’t Care ». Les riffs sont simples, mas efficaces, comme sur le carré « Kill Miss America » ou « Twist My Sister ». Beyond the Valley of the Murderdolls nous apporte une bonne bouffée d’humour, de riffs incisifs, de refrains implacables qui devrait plaire aux fans de tous styles, tant ce disque transcende les genres. Véritable camouflet à l’Amérique bienpensante, au politiquement correct et aux musiques calibrées pour les supermarchés, cet album est la bonne surprise de cette rentrée métallique. A noter qu’une version étendue est sortie avec six morceaux bonus.

  • 1. Slit My Wist
  • 2. Twist My Sister
  • 3. Dead in Hollywood
  • 4. Love at First Fright
  • 5. People Hate Me
  • 6. She Was a Teenage Zombie
  • 7. Die My Bride
  • 8. Grave Robbong U.S.A.
  • 9. 197666
  • 10. Dawn of The Dead
  • 11. Let’s go to War
  • 12. Dressed to Depress
  • 13. Kill Miss America
  • 14. B-Movie Scream Queen
  • 15. Mother F**ker I Don’t Care
  • Wednesday 13 – Chant, basse, guitares
  • Joey Jordison – Guitares, basse, batterie, percussion, claviers, piano, chœurs
  • Tripp Eisen – Guitares, chœurs

Label : Roadrunner

Mis en avant

SYMPHONY X – The Odyssey (2002)

Sixième album pour les Américains de Symphony X qui ont mis en place un concept autour de l’Odyssée d’Homère en huit mouvements d’un metal progressif de haute volée. Autant le dire tout de suite, cet opus est une véritable réussite, tant musicalement, que dans le développement de ce concept particulièrement délicat. Dix-huit après, il apparaît comme l’une des pierres angulaires de la discographie du groupe, comme le montrent les fans. Dès « Inferno (Unleash the fire) », on saisit les l’évolution du groupe depuis V – The New Mythology Suite. Ici, le propos est plus riche, passant d’un heavy épais proche de Nevermore à des envolées progressives qui viennent aérer le propos. Les riffs sont incisifs, la rythmique soutient l’édifice de main de maître et le chant de Russell Allen sait varier les effets, ce qui convient à merveilles aux paroles qui oscillent entre une fantasy de péplum et des thèmes proches du fantastique.

Les compositions s’enchaînent sans jamais lasser tant elles savent varier les ambiances. C’est le cas notamment du titre « Incantations of the Apprentice » qui incorpore des éléments martiaux à son metal afin d’illustrer ce récit de magie divine. Les claviers, savamment dosés, apportent une touche inquiétante du plus bel effet. Le morceau qui suit, « Accolade II », œuvre clairement dans le progressif, passant d’une introduction acoustique à l’exploration d’un récit guerrier se déroulant sur un champ de bataille. On entend presque les dieux chanter près des héros. L’auditeur se retrouve plongé dans des ambiances qui varient d’un titre à l’autre.

« King of Terrors », clairement inspiré de la nouvelle « Le puits et le pendule » d’Edgar Poe, emprunte à l’auteur américain la lourde atmosphère et une évocation du monde des ténèbres parfaitement rendue. Le reste n’est encore que purs moment de délices. « The Turning » flirte avec le heavy classique de Malmsteen, tandis qu’« Awakenings » calme le jeu un instant avant de redémarrer en trombe et de se calmer. Il le faut, car le morceau de bravoure s’annonce : « The Odyssey ». 24 minutes de génie qui nous démontrent toute l’étendue du talent de ces américains. Michael Romeo y prouve qu’il est non seulement un grand technicien, mais qu’il sait également charmer les oreilles de ses fans. Il serait impossible de décrire en détails les sept mouvements de ce long morceau qui prouve que le metal sait s’élever au rang des plus grands compositeurs.

Tout au long de ce voyage en terres fantastiques et merveilleuses, Symphony X tissent de magnifiques mélodies qui prouvent tout le talent de ses musiciens. La version japonaise incorpore deux morceaux bonus : « Masquerade 98 » (une réécriture d’un titre issu de leur premier album) et « Frontiers » (un morceau inédit dans la lignée de l’album précédent).

  • 1. Inferno (Unleash the fire)
  • 2. Wicked
  • 3. Incantations of the apprentice
  • 4. Accolade II
  • 5. King of Terrors
  • 6. The Turning
  • 7. Awakenings
  • 8. The Odyssey
  • Russell Allen – Chant
  • Michael Romeo – Guitares, claviers, production
  • Michael Pinnella – Claviers, piano
  • Jason Rullo – Batterie
  • Michael Lepond – Basse

Labels : InsideOut-NTS/Wagram

Mis en avant

EDGUY – Superheroes (2005)

Edguy nous revient avec un EP 5 titres + 1 (une autre version du titre phare) en parallèle avec un DVD qui devrait inclure clips, extraits live, interviews et reportages. Pas de profonds changements pour Edguy, mais quelques innovations néanmoins. Le ton est plus enjoué que sur leur dernier album : « Spooks In The Attic » est un très bon titre entraînant, au refrain qui se retient facilement. Les rythmes sont variés, les ambiances également. Ainsi, « Superheroes » nous emmène dans un faux univers de comics, sur un mid-tempo dont la basse rappelle le gimmick de James Bond. Un bon titre d’introduction qui sera repris en chœur en concert.

« Blessing In Disguise » est une ballade sombre, tout en ambiances, aux arrangements soignés qui apporte de la profondeur à l’œuvre du groupe allemand tandis que : « Judas At The Opera » est un speed d’apparence plus classique pour le groupe avec ses nombreux changements de rythmes. Il incorpore des arrangements étonnants, un break joué par un orchestre et un refrain très grandiloquent, mais ô combien agréable. Un morceau qui croise Queen, The Who et Alice Cooper. Le « Bohemian Rhapsody » d’Edguy à travers un clin d’œil au classique de la littérature fantastique : Le Fantôme de l’Opéra.

Quant à « The Spirit », c’est un morceau très médiéval, plutôt agréable, à dominante acoustique, avec quelques interventions électriques et un orgue très chaud. Plus hard rock que métal, très surprenant chez Edguy, mais bien construit. Il faut dire que c’est une reprise d’une chanson du groupe Magnum extraite de Chase The Dragon (1982). Pour finir, une version au piano du morceau titre. Pour emballer une fille. Au final, un EP intéressant sur lequel le groupe s’est fait plaisir en incluant des titres et des ambiances qu’on ne lui connaissait pas. La présence en guest de Michael Kiske, décidément bien actif en ce moment. Quant à la pochette très différente, elle met en valeur l’humour du groupe qui n’est pas inconnu des fans du groupe. Un bel EP à conseiller !

  • 1. Superheroes
  • 2. Spooks In The Attic
  • 3. Blessing In Disguise
  • 4. Judas At The Opera
  • 5. The Spirit
  • 6. Superheroes (epic version)
  • Tobias Sammet – Chant
  • Tobias « Eggi » Exxel – Basse  
  • Jens Ludwig – Guitares   
  • Dirk Sauer – Guitares  
  • Felix Bohnke – Batterie

Label : Nuclear Blast

Mis en avant

SLOUGH FEG – Atavism (2005)

D’abord appelé The Lord Weird Slough Feg, Slough Feg est un groupe de Pennsylvanie formé en 1990. Avec Atavism, il sort son cinquième album studio dans une indifférence quasi générale, sauf pour les amateurs de heavy metal traditionnel. Il serait temps de lui redonner un peu de visibilité, surtout que sa musique, alerte, puissante, peut se classer entre Iron Maiden, Running Wild et Manilla Road. Vous aimez le heavy pur et dur ? Atavism est donc fait pour vous.

Cet album est plein d’envolées lyriques, de duels de guitares, de rythmes effrénés : « High Season V », de refrains entraînants qui donnent envie de secouer la tête et de riffs communicatifs « Agnostic Grunt ». Dominé par des parties instrumentales de qualité : « Portcullis », Atavism renvoie aux anciens Iron Maiden dans cette manière très particulière d’utiliser les harmonies de guitares : « Hiberno-Latin Invasion » ou de donner de l’importance à la basse comme sur « Curse Of Athena »). On pense aussi parfois au Running Wild de débuts : « Climax Of A Generation », à Manilla Road : « I Will Kill You/You Will Die » voire à Thin Lizzy : « Agony Slalom ». Il nous donne également sa propre vision du boogie avec un : (« Starport Blues ») qui sert de point de jonction entre ZZ Top et Iron Maiden.

Le groupe sait aussi calmer le rythme : « Atavism », « Man Out Of Time », ce qui permet d’apporter quelques pauses au milieu de ces déferlements de riffs. Slough Feg est peut-être un groupe résolument underground mais qui sait jouer un métal entraînant, qui nous entraîne dans un voyage à travers le temps, non seulement le temps musical avec ces influences 70 et 80, mais également le temps littéraire puisque ses textes évoquent la préhistoire : « Robustus » et « Atavism », les mythes grecs : « Curse Of Athena », la SF : « Starport Blues » ou « Man Out Of Time ». La production est volontairement un peu datée, claire, tout en étant de qualité, comme si le Killers d’Iron Maiden ou Chinatown de Thin Lizzy étaient enregistrés au vingt-et-unième siècle. Un album sympathique pour les fans du genre qui y trouveront leur compte.

  • 1. Robustus
  • 2. I Will Kill You/You Will Die
  • 3. Portcullis
  • 4. Hiberno-Latin Invasion
  • 5. Climax Of A Generation
  • 6. Atavism
  • 7. Eumaeus The Swineherd
  • 8. Curse Of Athena
  • 9. Agnostic Grunt
  • 10. High Season V
  • 11. Starport Blues
  • 12. Man Out Of Time
  • 13. Agony Slalom
  • 14. Atavism II
  • Adrian Maestas – Basse  
  • Mike Scalzi – Chant, Guitares
  • Greg Haa – Batterie
  • John Cobbett – Guitares

Label : Cruz del Sur

Mis en avant

MERCYFUL FATE – Mercyful Fate (1982)

Formé à Copenhague sur les cendres de Brats par Hank Shermann et King Diamond, Mercyful Fate met en place un heavy metal original, dominé par la voix de King Diamond et par des constructions progressives. Le groupe subit de nombreux changements de musiciens qui ne l’empêchent pas d’enregistrer quatre démos. Celles-ci donneront naissance à leur premier EP, tandis que certains autres titres se retrouveront sur Return Of the Vampire (1992). Suivi par Brian Slagel, c’est finalement chez les Hollandais de Rave-On Records que signe Mercyful Fate, alors qu’on l’attendait sur la compilation Metal Massacre II. Enfin, stabilisé autour de sa paire de guitaristes et son chanteur, il entre au Stone Studio, à Roosendaal aux Pays-Bas, pour enregistrer et mixer quatre titres en deux jours durant septembre 1982.

Le premier titre démarre sur les chapeaux de roues avec des envolées de guitares, suivies d’un riff furieux. Lorsque la voix aigue de King Diamond cueille l’auditeur, ce dernier se dit qu’il a affaire à un tout nouveau style. Cela se confirme tout au long des presque sept minutes que dure « A Corpse Without Soul », une composition complexe, aux nombreux changements de rythmes, qui installe des ambiances angoissantes. Le travail sur les lignes vocales est hallucinant. Plus classique, « Nuns Have No Fun » et son thème transgressif nous plonge dans un univers pesant, qui doit autant à Black Sabbath qu’à la New Wave Of Heavy Metal. Malgré quelques imperfections dans les solos, l’ensemble est puissant, assez énigmatique et surprend par son inventivité.

Plus furieux, « Doomed by the Living Dead » est une pièce rapide qui emporte tout sur son passage. La section rythmique livre un travail efficace qui soutient des murs de riffs et des duels de guitares novateurs. Très différents, Hank Shermann et Michael Denner entretiennent un son unique qui permet aux paroles de King Diamond de développer ses thématiques occultes. Ancré dans les années 1970 avec ses harmonies de guitares, « Devil Eyes » s’appuie sur un rythme sautillant bourré de groove. En dépit du thème abordé, cette chanson est presque joyeuse et annonce par certains côtés le groove metal des années 2000.

Devenu presque immédiatement culte, sous une pochette d’assez mauvais goût, et pas très professionnelle, cet EP est une superbe entrée dans l’univers de Mercyful Fate et apparaît comme une avancée majeure du metal. Si certains y voient les prémices du black, en raison des thèmes abordés, ce groupe joue un pur heavy metal au carrefour de plusieurs genres.

  • 1. A Corpse Without Soul
  • 2. Nuns Have No Fun
  • 3. Doomed by the Living Dead
  • 4. Devil Eyes
  • King Diamond – Chant
  • Hank Shermann – Guitare
  • Michael Denner – Guitare
  • Timi Hansen – Basse
  • Kim Ruzz – Batterie

Label : Rave-On Records

Mis en avant

FAITH NO MORE – Album Of The Year (1995)

Sixième album studio de Faith No More, Album of the Year est aussi le premier avec le guitariste Jon Hudson et le dernier avant la longue séparation du groupe. Il marque donc la fin d’une époque, une époque d’ailleurs très troublée étant donné les dissensions entre les musiciens. Le guitariste Dean Menta vient d’être viré parce que ses compositions ne correspondaient pas au style du groupe. L’enregistrement ne se passe d’ailleurs pas dans les meilleures conditions. Non seulement les musiciens sont occupés ailleurs (Mike Patton avec Mr Bungle notamment), mais le producteur Roli Mosimann veut absolument se servir de ProTools, ce qui ne plaît pas au groupe qui ne retrouve pas le son espéré. Tout cela donne un album moins inventif et moins complexe que les précédents. Sans doute moins bons également.

Si elles ne sont pas mauvaises, les compositions apparaissent comme étant très linéaires : « Collision » et « Naked in Front of the Computer » sont construites sur des motifs assez simples par exemple, moins inventives que d’habitude, même si elles conservent toute leur agressivité : « Mouth to Mouth » et ses couplets déclamés. Malheureusement, la magie semble avoir disparu. « Ashes to Ashes » renvoie à des titres d’Angel Dust, sans parvenir à les égaler. Et même si Mike Patton se donne à fond sur ce titre, les riffs épais de John Hudson peinent à convaincre, en dépit des références à Led Zeppelin. La production y est certainement pour quelque chose. Les fans du groupe retrouvent évidemment le côté crooner de Patton sur « Helpless » et « She Loves Me Not », mais il manque un petit quelque chose à la recette. Le second titre n’aurait même pas dû apparaître sur l’album.  

Il demeure quelques inventions qui mettent le feu aux poudres, comme sur le puissant et torturé « Got That Feeling » ou le classique « Stripsearch » qui s’inclut dans ce que nous a déjà proposé Faith No More. Retenons aussi le beau « Pristina » qui clôt l’album sur une note mélancolique, après l’angoissant « Home Sick Home » au riff répétitif et au chant halluciné de Patton qui se montre plutôt sobre sur le reste de l’album, bien loin de ses démonstrations habituelles. L’ensemble manque donc d’imagination et d’investissement, ce qui ne surprend pas vraiment ceux qui suivent la vie de Faith No More. Trois singles en sont extraits dont « Last Cup of Sorrow » qui est certainement l’un des bons morceaux de l’album, tandis que le groupe part en tournée avec Limp Bizkit en première partie, ce qui n’a pas vraiment plu à Roddy Bottum. Faith No More se sépare avant la sortie du quatrième single.

  • 1. Collision
  • 2. Stripsearch
  • 3. Last Cup of Sorrow
  • 4. Naked in Front of the Computer
  • 5. Helpless
  • 6. Mouth to Mouth
  • 7. Ashes to Ashes
  • 8. She Loves Me Not
  • 9. Got That Feeling
  • 10. Paths of Glory
  • 11. Home Sick Home

12. Pristina

  • Mike Bordin – batterie
  • Roddy Bottum – claviers
  • Bill Gould – basse
  • Mike Patton – chant
  • Jon Hudson – guitare

Producteurs : Roli Mosimann, Bill Gould & Faith No More

Label : Slash Records

Mis en avant

BOW WOW – Telephone (1980)

Sorti en septembre, Telephone est le second album des Japonais de Bow Wow de cette année 1980. Plus court que Glory Road, qui a bien marché au Japon, il propose une musique enjouée, basée sur des riffs et des rythmes rock, avec cette touche si particulière mise par le groupe dans sa musique. Dominées par les guitares, les compositions savent aussi faire de la place à des lignes vocales destinées à apporter de la joie et à faire chanter le public, en japonais, évidemment. Résolument ancré dans les années 1970, Telephone propose néanmoins des expérimentations intéressantes et des clins d’œil à la pop, comme savent si bien le faire les Japonais pour qui les frontières entre les genres sont assez poreuses.

L’album démarre par deux titres forts : l’enlevé « Hot Rod Tornado » au riff épais et sautillant, sorte de croisement entre Status Quo et le rock des années 1960 (on pense à The Crystals), avec une touche toute nippone dans les lignes de chant. Vient ensuite « Good Tim’s R & R », un hommage au rock au refrain fédérateur et au rythme alerte. On retrouve ces ambiances au début de la face B, avec « Keep On Rockin’ » qui évoque une nouvelle fois Status Quo, avec un côté pop rock. Ce mélange donne envie de taper du pied et de chanter avec le groupe. Kyoji Yamamoto semble aimer le rock, comme le prouve « Rolling Night », vibrant hommage à cette musique, avec ce mélange de thèmes des années 1960 et 1970.

Bow Wow a aussi d’autres ambiances à nous faire découvrir, notamment inspirées par le blues. « Lonesome Way » est ainsi un titre surprenant, qui respire l’ouest américain, avec son introduction lente, ses éléments acoustiques et son solo électrique. Une pièce étonnante, mais moins que « Carnival ». Démarrant comme un boogie rock, ce morceau possède un réel charme, avec son petit côté désuet, ses gammes majeures et son entrain pop. Plus nostalgiques, les deux pièces que sont les ballades « Lullaby Of Jenny » et « Tomorrow In Your Life », toutes deux joliment orchestrées, nous dévoilent des moments intimistes particulièrement réussis, avec de beaux refrains, des interventions de guitares soignées et une belle gestion des intensités.

Album sympathique, Telephone n’est sans doute pas le meilleur de Bow Wow, mais reste agréable à écouter, tant il renferme des morceaux de qualité.

  • 1. Hot Rod Tornado
  • 2. Good Tim’s R & R
  • 3. Lullaby Of Jenny
  • 4. Carnival
  • 5. Keep On Rockin’
  • 6. Lonesome Way
  • 7. Rolling Night
  • 8. Tomorrow In Your Life
  • 9. Short Piece

  • Kyoji Yamamoto – Guitares, Chant
  • Mitsuhiro Saito – Guitares  
  • Kenji Sano – Basse
  • Toshihiro Niimi – Batterie

Label : Sounds Marketing System

Mis en avant

ANGEL WITCH – AngelWitch (1980)

Formé en 1977 sous le nom de Lucifer, Angel Witch publie deux démos en 1978 et 1979. Son titre « Baphomet » apparaît l’année suivante sur la compilation Metal For Muthas aux côtés d’Iron Maiden, Samson et Praying Mantis. Quelques mois plus tard sort le 45 t « Sweet Danger »/« Flight Nineteen » sur EMI. Mais le label finit par rompre le contrat en raison des mauvais chiffres de vente du single. Bronze records récupère le groupe qui enregistre dix titres aux Roundhouse Studios avec Martin Smith. L’univers teinté d’occultisme du groupe évoque Black Sabbath, mais la musique est plus alerte, plus légère, et se base sur des rythmes en phase avec son époque. La formation en power trio accentue ces atmosphères étranges que la voix de Kevin Heybourne rend plus étrange encore et permet aux guitares d’être sur le devant de la scène.

Le premier titre, « Angel Witch » nous fait entrer dans le vif du sujet, avec cet hymne imparable, rapide, aux vocaux hallucinés et au refrain fédérateur. Les guitares tissent des riffs originaux que supporte une section rythmique efficace sans être géniale. L’univers occulte est développé à l’envi, comme sur le pendant « White Witch », sorte de cavalcade illuminée et fantastique, qui narre un étrange récit sur fond de changements de rythmes et de riffs épais. Plus lourd, « Gorgon » est un titre complexe, finement construit, avec ses changements de rythmes et sa gestion des intensités. Réenregistré, l’inquiétant et original « Sweet Danger » s’appuie sur des riffs dissonants qui concourent à donner une image troublante de ce groupe. Tout l’album s’inscrit dans ces climats noirs, que l’on dirait construits pour un film fantastique, comme sur le sombre « Angel of Death », porté par la voix de Kevin Heybourne qui évoque Manilla Road, dont le premier album sort la même année.

Si Angel Witch s’inscrit dans la New Wave Of British Heavy Metal, il est de loin son groupe le plus mystérieux et occulte, en donnant vraiment l’impression d’y croire. « Atlantis » plonge dans les mythes et légendes pour nous livrer un morceau de heavy metal rapide et puissant. Plus ancrés dans les années 1970, « Confused » et « Free Man » ouvrent des portes sur un ailleurs ténébreux. C’est le cas également du torturé « Devil’s Tower », un instrumental d’ambiance, qui était très apprécié à l’époque et qui clôt ce disque avec bonheur pour donner l’envie de remettre l’autre face. Il rappelle d’ailleurs « Sorcerers », une composition pleine de finesse, dont les nombreux changements de rythmes permettent d’installer un univers occulte, savamment distillé, qui est la marque de fabrique du groupe.

L’album reçoit des louanges dans la presse spécialisée, faisant d’Angel Witch l’un des grands espoirs de cette nouvelle vague. Malheureusement, les nombreuses dissensions dans le groupe ne lui permettent pas de confirmer ces attentes. Kevin Heybourne compose et écrit tous les titres, mais semble ne pas conserver longtemps ses musiciens. L’album a été réédité plusieurs fois. La version du 30ème anniversaire est composée de deux CD, contenant quatre morceaux issus de sessions à la BBC, sept démos, le titre « Baphomet », ainsi que huit chansons tirées des singles de l’époque. Une version indispensable.

  • 1. Angel Witch
  • 2. Atlantis
  • 3. White Witch
  • 4. Confused
  • 5. Sorcerers
  • 6. Gorgon
  • 7. Sweet Danger
  • 8. Free Man
  • 9. Angel of Death
  • 10. Devil’s Tower
  • Kevin Heybourne – Chant, guitares
  • Kevin « Skids » Riddles – Bbasse, claviers, chœurs
  • Dave Hoog – Batterie, percussions

Label : Bronze records

Mis en avant

LOUDNESS – Soldier Of Fortune (1989)

Après le semi-échec commercial de Hurricane Eyes, le producteur Max Norman suggère à Loudness d’engager un chanteur maîtrisant la langue de Shakespeare. Minoru Niihara est donc remercié pour être remplacé par Mike Vescera qui faisait partie d’Obsession. Si les qualités vocales de ce dernier sont indéniables, la patte Loudness s’estompe pour faire entrer le groupe dans les cases imposées par le business américain. On peine donc à reconnaître Loudness tant les titres, plutôt bons au demeurant, ressemblent à tout ce qui se fait à l’époque et sonnent à la manière MTC. Seule la guitare d’Akira, en partie domestiquée, donne encore des envie de grands espaces.

Le heavy metal présent sur les précédents opus laisse place à un heavy rock américain calibré, aseptisé, lissé et poli à l’extrême. Ainsi, l’enlevé « You Shook Me », le FM « Danger Of Love » qui rappelle TNT, « 25 Days from Home » ou encore la ballade « Lost Without Your Love » sont bien écrits, superbement interprétés, produits avec finesse, mais ne laissent rien dépasser. Pourtant, comme à son habitude, Loudness débute son album avec un titre hargneux. Certes, « Soldier of Fortune » est étalonné pour ne pas choquer le public américain, malgré cela, il est entraînant, servi par un riff efficace et chanté avec talent. « Demon Disease », qui clôt cet opus, est bien plus heavy et méchant, avec son rythme rapide, ses descentes de manche et sa rythmique énergique, nous rappelant que Loudness aime lâcher les chevaux.

Entre ces deux morceaux, plusieurs titres sortent du lot, comme le mid tempo « Red Light Shooter » au refrain fédérateur, ou le très beau « Faces in the Fire » aux riffs complexes et aux changements de rythmes incessants. Ce titre étonnant, peu en accord avec le reste de l’album, propose des arrangements subtils qui font la part belle aux guitares et à la basse, tout en renvoyant à ce qui passait à la radio à l’époque. Ne comportant aucune mauvaise chanson, Soldier Of Fortune propose même de magnifiques compositions, comme « Long After Midnight » dont le refrain est finement travaillé ou « You Shook Me » qui donne envie de taper du pied et qui sortira en single.

Malgré cette indéniable réussite artistique, les fans boudent en grande partie cet album parce qu’il ne correspond pas à l’image du groupe. L’échec commercial est d’ailleurs plus important encore qu’avec le précédent, preuve, s’il en est, qu’il ne faut pas se moquer du public. Mike Vescera en fait des tonnes, aussi bien vocalement, que lorsqu’il apparaît dans les clips du groupe ou sur scène.

  • 1. Soldier of Fortune 
  • 2. You Shook Me 
  • 3. Danger of Love
  • 4. 25 Days from Home 
  • 5. Red Light Shooter 
  • 6. Running for Cover 
  • 7. Lost Without Your Love 
  • 8. Faces in the Fire
  • 9. Long After Midnight
  • 10. Demon Disease 
  • Mike Vescera : Chant
  • Akira Takasaki : Guitares 
  • Masayoshi Yamashita : Basse 
  • Munetaka Higuchi : Batterie

Label : Atco Records

Mis en avant

TRUST – Trust (1979)

Formé dans la région parisienne en 1977 par Bernie Bonvoisin et Norbert « Nono » Krief, en pleine période punk, le groupe publie un premier 45t « Prends pas ton flingue »/« Paris by night » quelques mois plus tard sur le label Pathé Marconi. Le groupe écume toutes les salles parisiennes de l’époque dont le Golf Drouot. Un contrat est ensuite signé avec CBS qui sort leur premier album en 1979. La direction musicale y est très variée, puisqu’on y trouve des morceaux hard rock, des influences rock 70, une énergie punk et des touches de variété et des arrangements que l’on retrouve habituellement dans le funk. L’alliance entre les guitares inspirées de Nono et les paroles revendicatrices de Bernie, en accord avec l’ambiance de l’époque, semble toucher les jeunes de l’époque, notamment dans les banlieues, tout en intéressant un plus large public.

L’album s’ouvre sur un hard rock carré, « Préfabriqué » qui dénonce certains travers de la société. Le riff est entraînant, annonciateur des années 1980. On comprend aisément qu’on tient là un grand guitariste, ce qui se vérifie sur le solo. En revanche, la voix est hurlée, punk, et renvoie plus à Paul DI’Anno qu’à Robert Plant. Cette dichotomie est sans doute ce qui a attiré des fans vers Trust. Bernie se veut le porte-parole d’un prolétariat exploité, comme dans « Toujours pas une tune », un titre peu marquant avec son ambiance 1970 et surtout « Bosser huit heures », un rock enlevé dont les paroles, simples, directes, sont crachées plutôt que chantées. Ces morceaux frappent par leurs revendications, mais sont dépassées par « L’Elite », un vrai hit en puissance, tenu à bout de cordes par Nono. La section rythmique assure, sans être de grande qualité. Les influences de Led Zeppelin et Black Sabbath sont évidentes dans la manière qu’a Nono de construire ce morceau en jouant sur les ambiances. Le solo, majestueux, éclaire l’ensemble. Après les patrons, Bernie s’en prend à la police dans « Police Milice ». Les paroles, comme pour les titres précédents, sont pleines de récriminations et finalement très basiques, ce qui permet aux auditeurs de comprendre ses messages. Plus proche du hard rock des années 1970, le riff de base est assez simple, les bruits de sirènes apportent un peu de réalisme à l’ensemble.

Le rock des années 1970 est omniprésent sur ce disque qui se trouve à une année charnière pour la musique. J’ai cité « Toujours pas une tune », on peut aussi évoquer « Le matteur », dont le saxophone allège l’ensemble avec ses ambiances funk, ou « Palace », avec son introduction assez proche du rock variété de cette époque et son rythme disco funk. Plus intéressant grâce à un riff digne de Frank Marino, « Comme un damné » propose un mix entre boogie et rock, un peu gâché par un son de batterie trop léger. On comprend que le groupe hésite entre plusieurs directions. Tiré vers le punk par son chanteur, vers le hard rock par son guitariste et freiné par une section rythmique poussive, ce qui est criant sur « H & D », un des meilleurs morceaux de l’album grâce à sa construction intelligente et ses riffs accomplis. Les effets sur le chant sont les bienvenus, ce qui rend la voix de Bernie moins directe. La reprise du « Ride On » d’AC/DC marque les esprits et attire au groupe des fans qui ne les auraient certainement pas remarqués, même si « Paris by Night », adaptation de « Love at First Feel ».

Symbole des années Giscard, comme Téléphone ou Renaud, Trust parle à une jeunesse populaire qui ne se retrouve pas dans cette société et qui va vouloir un changement de politique en 1981 (en se faisant royalement entuber). Il incarne une époque où le rock était la voix des banlieues et des laissés-pour-compte, place que lui a ravi le rap. Dans un sens, Trust préfigure Rage Against The Machine. Le succès de cet album qui va s’écouler à un million d’exemplaires surprend son label qui avait plutôt misé sur Téléphone.

  • 1. Préfabriqués
  • 2. Palace
  • 3. Le matteur
  • 4. Bosser huit heures
  • 5. Comme un damné
  • 6. Dialogue de sourds
  • 7. L’élite
  • 8. Police-milice
  • 9. H & D
  • 10. Ride On
  • 11. Toujours pas une tune
  • Bernie Bonvoisin – Chant
  • Norbert Krief – Guitare
  • Raymond Manna – Basse
  • Jean-Emile Hanela – Batterie

Label : CBS

Mis en avant

IMPELLITTERI – Eye Of The Hurricane (1997)

Un mois après l’EP Fuel For The Fire sort Eye Of The Hurricane qui démarre par son titre éponyme, dont le riff heavy et le chant mélodique nous montrent qu’Impellitteri a définitivement trouvé son style. Toujours aussi techniques, les morceaux se développent autour de riffs efficaces, de solos toujours aussi inventifs et de refrains soignés, le tout soutenu par la paire Pulli/Mary qui assure une assise impeccable. L’auditeur a donc droit à ses titres de metal mélodique de haute volée comme l’excellent « Shed Your Blood » au groove imparable, l’excellent « Fuel For The Fire » déjà entendu sur l’EP et dont le riff irrésistible emporte tout sur son passage ou encore le contrasté « Master Of Disguise » qui démarre lentement avant de lâcher les chevaux. Ces trois morceaux prouvent toute la diversité des ambiances proposées par le groupe qui ne se contente pas des lauriers amassés sur ses albums précédents.

Une nouvelle fois, le groupe explore différents univers, mêlant le metal à la Dio à un refrain néo-classique sur « Bleed In Silence », jouant avec des thèmes hard rock sur la power ballade « Paradise » ou s’essayant à la ballade acoustique à la Mr Big avec l’étonnante « One And On » que l’on n’attendait pas sur un album d’Impelliterri. Par contraste, le riff pesant du heavy rock « Everything Is You » nous emporte dans un monde étrange coincé entre Mötley Crüe, Enuff Z’Nuff et Van Halen avec le son d’un groupe de heavy metal à la Holy Mother. Avec Impellitteri, on sait qu’on peut s’attendre à tout, et pourtant, à chaque fois, le groupe parvient à nous surprendre. C’est encore le cas sur « Kingdom Fighter » qui démarre comme un morceau de heavy metal assez classique pour le groupe, avant de nous offrir un refrain savoureux.

Evidemment, ce ne sont pas les deux instrumentaux qui pourraient nous étonner. « Race Into The Light » est une pure envolée néo-classique sur laquelle le shred est à l’honneur, tandis que « Halloween » est une incursion dans le heavy metal qui offre de nouvelles possibilités à Chris Impellitteri de nous montrer tout son talent, comme c’est le cas sur tout cet album d’excellente facture.

  • 1. Eye Of The Hurricane
  • 2. Shed Your Blood
  • 3. Fuel For The Fire
  • 4. Race Into The Light (Instrumental)
  • 5. Bleed In Silence
  • 6. Master Of Disguise
  • 7. On And On
  • 8. Everything Is You
  • 9. Kingdom Fighter
  • 10. Halloween (Instrumental)
  • 11. Paradise
  • Ed Roth : Claviers 
  • James Amelio Pulli : Basse 
  • Rob Rock : Chant 
  • Chris Impellitteri : Guitares 
  • Ken Mary : Batterie

Label : Victor

Mis en avant

CHASTAIN – For Those Who Dare (1990)

Après quatre albums qui ont inscrit Chastain comme une valeur sure du heavy metal américain, For Those Who Dare semble, pour la première fois, marquer le pas. Tout d’abord, la section rythmique a été changée, ce qui marque un indéniable changement dans le son et la dynamique des morceaux. John Luke Hebert manque d’une réelle classe à la batterie et son jeu, sans relief, ne convient pas à ce metal torturé. Quant à David Harbour, il n’a pas encore trouvé sa place, même s’il nous montre de belles choses notamment sur « For Those Who Dare » ou « Night of Anger », mais ce n’est rien comparé à ce qu’il propose sur les albums solos de David T. Chastain. Le manque de cohésion est donc criant.

Malheureusement, le principal problème ne vient pas de là, mais de la qualité des morceaux. En pleine vague grunge, Chastain s’accroche à un heavy metal classique, dont il a enlevé le côté mélodique si plaisant sur The 7th Of Never. Evidemment, il demeure des titres sympathiques, comme « Please Set Us Free », la reprise de Heart « Barracuda » ou encore « Light in the Dark », mais cela fait assez peu par rapport à d’habitude. L’ensemble est assez plat et fade. Même le furieux « Secrets of the Damned » pêche par des maladresses dans la mise en place des arrangements vocaux.

Et que dire de titres dispensables comme « The Mountain Whispers », « One Before » que l’on ne sait pas par quel bout prendre ou « I Am the Rain » au refrain totalement raté. Le problème avec Chastain, c’est sa chanteuse Leather Leone qui, sur de bons morceaux, est enrobée dans l’ensemble mais qui, sur des titres médiocres, accentue la noyade en raison d’une voix criarde et sans relief. Sur « I Am the Rain », elle semble moins inspirée que d’habitude.

Même si David T. Chastain nous livre de beaux solos, force est de constater que For Those Who Dare se présente comme le moins bon album du début de carrière du groupe. Il faudra attendre cinq ans pour en avoir un nouveau.

  • 1. The Mountain Whispers
  • 2. For Those Who Dare
  • 3. Please Set Us Free
  • 4. I Am the Rain
  • 5. Night of Anger
  • 6. Barracuda (Heart cover)
  • 7. Light in the Dark
  • 8. Secrets of the Damned
  • 9. Not Much Breathing
  • 10. Once Before
  • Leather Leone – chant
  • David T. Chastain – guitares, claviers, chœurs
  • David Harbour – basse
  • John Luke Hebert – batterie

Label : Leviathan

Producteur : David T. Chastain

Mis en avant

UDO – Animal House (1987)

Suite à Metal Heart et Russian Roulette, qu’Udo Dirkschneider juge trop mélodiques pour son style, le chanteur quitte Accept afin de poursuivre une carrière solo. Wolf Hoffmann et sa femme Deaffy qui écrit les paroles pour le groupe lui offrent tout un album. Selon le guitariste, Udo étant incapable de composer, c’était un remerciement pour les années passées dans Accept. Ces titres, qui sonnent comme les anciens morceaux du groupe, ont été composés assez rapidement par les membres d’Accept. Ce retour aux sources permet au chanteur de trouver aisément une maison de disques. Il rassemble donc des musiciens pour aller enregistrer cet album aux Dierks studios de Cologne sous la direction de Mark Dodson.

Dès les premiers accords, les fans d’Accept se retrouvent en terrain connu. « Animal House » aurait pu, en effet, atterrir sur Balls to the Wall, tant les recettes utilisées par Wolf Hoffman sont éprouvées. Cet hymne, mené par des cavalcades de guitares, conduit à un refrain fédérateur, et reprend des sonorités propres à Accept. Ces procédés se retrouvent tout au long de l’album. Ainsi « Black Widow » s’appuie sur des riffs classiques, dont une partie est plaquée, et renvoie à « Love Child » en plus simple. Udo y met toute son âme, comme sur « Lay Down the Law », à l’esprit plus rock’n’roll, mais dont les chœurs graves sont du pur Accept.

Le groupe propose des morceaux plus enlevés, comme le heavy « Go Back to Hell » sur lequel Udo module sa voix comme jamais. Le refrain est classique, avec la phrase titre répétée deux fois pour mieux l’appuyer. Presque speed, « We Want It Loud » explore des sphères plus en phase avec l’époque et la nouvelle vague de groupes allemands. Les deux guitaristes, efficaces sans être géniaux, délivrent une bonne prestation, mais usent un peu trop du vibrato. Néanmoins, la chanson claque et entraîne l’auditeur dans sa gigue. Pourtant, on peut lui préférer le rapide et mélodique « Coming Home », au clin d’œil évident à Scorpions, qui associe des riffs rapides à des ponts plus affinés.

Tous les titres ne sont pas aussi bons. « Warrior » s’enlise dans un tempo lent qui plaît sans doute aux fans germaniques, mais qui paraît très daté, comme le pesant « Run for Cover », très binaire et, finalement assez bateau. Plus subtil, « They Want War » joue avec les intensités sur un rythme un peu plus sautillant et nous montre qu’il est possible d’écrire de beaux morceaux lents. Il en va de même pour le surprenant « In the Darkness », sorte de fausse ballade comme Accept en composait dans la première partie de sa carrière.

Comme on pouvait s’y attendre, Animal House est un bon album, mais qui ressemble à un worst of d’Accept. Il permet de lancer la carrière d’Udo qui, rapidement, change une bonne partie de ses musiciens que l’on ne sent pas tous très investis. Les solos sont, en effet, assez pauvres et l’on aurait pu s’attendre à davantage d’énergie sur certains titres. UDO fera bien mieux par la suite. L’album sort en CD avec le bonus « Hot Tonight » et ressort en 2013 avec des extraits de concerts.

  • 1. Animal House
  • 2. Go Back to Hell
  • 3. They Want War
  • 4. Black Widow
  • 5. In the Darkness
  • 6. Lay Down the Law
  • 7. We Want It Loud
  • 8. Warrior
  • 9. Coming Home
  • 10. Ru for Cover
  • Udo Dirkschneider – Chant
  • Mathias Dieth – Guitares
  • Peter Szigeti – Guitares
  • Frank Rittel – Basse
  • Thomas Franke – Batterie

Producteur : Mark Dodson

Label : RCA

Mis en avant

KILLERS – …Fils de la haine (1985)

Formé à Bardos dans les Pyrénées Atlantiques, Killers enregistre subit plusieurs changements de personnel avant de se stabiliser en 1984. Œuvrant dans un heavy metal carré, direct, assez peu technique, le quintet lorgne parfois sur le speed metal, tout en proposant des plages plus calmes. Deux démos voient le jour en 1984. La première, de quatorze titres et la seconde de sept, montrant que les musiciens composent énormément. Lorsqu’ils entrent en studio en 1985 pour enregistrer leur premier album, il y a donc l’embarras du choix. Au final, dix titres sont gravés pour former Fils de la haine qui sort sur le label Devil’s Records. La réception critique est plutôt bonne au moment où la vague française arrive à son acmé, juste avant de sombrer.

Non exempt de défauts, ce premier album démarre sur les chapeaux de roue avec le rapide « Le Fils de la haine », marqué par une production mal équilibrée, une voix haut perchée et éraillée et un son de batterie assez catastrophique. Mais l’ensemble est frais, énergique, piochant à la fois dans le heavy et le speed. Cette tendance à pousser l’accélérateur au maximum est encore plus présent sur « Pense à ton suicide », sans doute l’un des titres les plus rapides de cette époque. La diction de Patrice Le Calvez est impressionnante, tandis que le son est bien meilleur que sur la première chanson. Si les paroles ne volent pas haut, Killers développe des thématiques guerrières, comme sur « Mercenaire », un bon titre rapide aux riffs inspirés par Judas Priest période « Rapid Fire ». Dans un style plus épique et nuancé, « Chevaliers du déshonneur » fait le pont avec les morceaux heavy, comme le très bon « Sacrifice » qui alterne couplets rapides et refrain fédérateur.

Cette attirance pour les hymnes metal se confirme sur « Killers », chanté d’une voix plus grave qui démarre lentement avant d’accélérer sur un refrain simple. Assez original, ce titre souffre sans doute de défauts de construction et d’interprétation. On sent que le groupe veut bien faire et s’enthousiasme, comme sur l’instrumental « Le Magicien d’Oz », exercice quasiment obligatoire à l’époque. Pourtant, on lui préférera « Heavy Metal », pas pour ses paroles mais plus pour sa volonté de faire soulever les poings. Même chose pour « Au nom du rock’n’roll », faux live, dont les paroles sont simplistes. Ces deux chansons devaient entraîner les fans dans la fête. Ce qui n’est pas du tout le cas du poignant « Rosalind » qui narre une perte sur fond de sorcellerie. Pour une fois, les paroles sont soignées et les arrangements de qualité.

Après sa sortie, le groupe donne des concerts avec Vulcain puis participe au France festival de Choisy-le-Roi en 1985. Son succès d’estime lui permet de conquérir de nouveaux fans, même si les ventes ne sont pas fabuleuses pour l’époque.

  • 1. Le fils de la haine
  • 2. Sacrifice
  • 3. Rosalind
  • 4. Pense à ton suicide
  • 5. Au nom du rock’n’roll
  • 6. Killers
  • 7. Mercenaire
  • 8. Le Magicien d’Oz
  • 9. Heavy Metal
  • 10. Chevaliers du déshonneur
  • Patrice Le Calvez – Chant
  • Bruno Dolheguy – Guitares
  • Didier Deboffe – Guitares   
  • Pierre Paul – Basse  
  • Michel Camiade – Batterie

Label : Devil’s Record

Mis en avant

HEAVY PETTIN – Lettin Loose (1983)

Formée en 1981 à Glasgow, sur les cendres de Wheeper, par le batteur Gary Moat, Heavy Pettin doit son nom à l’album No Heavy Petting de UFO sorti en 1976. Les racines du groupe plongent donc dans le hard rock des années 1970 plutôt que dans le heavy metal comme la plupart des groupes de la New Wave Of British Heavy Metal. Rassemblant autour de lui le guitariste Gordon Bonnar et le bassiste Brian Waugh, Gary Moat se lance dans la production d’une démo trois titres : « Love Times Love », « Speed Kills » et « Hell Is Beautiful ». Avec elle, il va démarcher Neat Records qui publie le 45T « Roll The Dice »/« Love Times Love », mais ce sera finalement Polydor qui va signer le premier album des Ecossais. C’est Brian May, le guitariste de Queen et Reinhold Mack (producteur de Queen et Electric Light Orchestra) qui prennent en charge l’enregistrement de Lettin Loose. Difficile de commencer sous de meilleurs auspices. L’album se révèle évidemment très léché. Les arrangements sont soignés et le travail des guitaristes est au-dessus de la moyenne.

Œuvrant dans un style plus américain que britannique, Heavy Pettin évoque parfois Def Leppard, comme sur « In and out of Love » qui ouvre le bal avec un mid-tempo au refrain communicatif. Le chanteur Hamie, à la voix un peu éraillée, sied parfaitement à l’ensemble, tandis que les riffs, assez simples, permettent de mettre en avant les couplets et de magnifiques chœurs. Dans un esprit assez similaire, « Love Times Love » est un beau hard rock aux consonances FM auquel il est aisé de s’identifier. Ces influences américaines se retrouvent également sur le binaire « Rock Me » taillé pour faire chanter les fans et sur « Shout It Out » qui, par certains côtés, lorgnent également du côté de UFO, notamment grâce à un subtil travail des guitaristes qui multiplient les arrangements et les interventions. La patte de Brian May n’y est certainement pas étrangère. Tout aussi fignolé, « Devil in Her Eyes » se développe autour de couplets alertes qui conduisent à un refrain assez simple, à la manière américaine. A noter un beau solo, plein de finesse. C’est un peu moins le cas de « Broken Heart », un peu moins efficace et sans doute trop répétitif.

Un peu plus rock, « Love on the Run » s’appuie sur des guitares qui se répondent avant d’accélérer et d’emporter l’adhésion du public sur un refrain bien énergique. Plus rapide encore, « Victims of the Night » est une vraie réussite, grâce à une construction unique, qui fait la part belle à la section rythmique et à des riffs évoquant Krokus. Le travail sur les chœurs y est assez remarquable et élève cet album au-dessus de la masse des disques sortis à la même époque. L’album se clôt sur « Hell Is Beautiful », un heavy rock rapide, dominé par des guitares incisives qui nous délivrent plusieurs solos. L’ensemble se rapproche de ce que propose Tokyo Blade, c’est-à-dire une musique plus directe et plus simple que ce qui est livré sur le reste de Lettin’ Loose.  

L’album reçoit un bon accueil critique. Dans le même temps, le groupe participe au festival de Reading avec Black Sabbath, Marillion, Stevie Ray Vaughan, Suzi Quatro, Anvil, Magnum, Mama’s Boys et Lee Aaron. Puis, il s’embarque l’année suivante en support d’Ozzy Osbourne et de Kiss. La réédition en CD par Majestic Rock en 2008 s’accompagne de deux inédits « Roll The Dice » et « Shadows Of The Night ». Le premier est un heavy rock direct, déjà paru en 45T en 1983, tandis que le second est un hard rock bien léché et énergique qui apparaît en face B du single « Rock Me ». Cet album est à (re)découvrir et pose des questions sur les erreurs commises par la suite.

  • 1. In and out of Love
  • 2. Broken Heart
  • 3. Love on the Run
  • 4. Love Times Love
  • 5. Victims of the Night
  • 6. Rock Me
  • 7. Shout It Out
  • 8. Devil in Her Eyes
  • 9. Hell Is Beautiful
  • Hamie – Chant
  • Punky Mendoza – Guitares
  • Gordon Bonnar – Guitares
  • Brian Waugh – Basse
  • Gary Moat – Batterie

Producteurs : Brian May et Reinhold Mack

Label : Polydor records

Mis en avant

STARFIGHTERS – Starfighters (1981)

Formé fin 1979 à Birmingham sous le nom de Savage par Stevie Young et Spencer Scrannage, le groupe change rapidement de chanteur et de patronyme pour enregistrer le 45T « Heaven and Hell »/« I’m Falling » sur le label Motor City Rhythm Records. Starfighters est ensuite signé par Jive Records et enregistre un premier album de hard rock chaud, teinté de boogie, dont les morceaux sont propulsés par des riffs épais. Durant cette période, le groupe ouvre pour AC/DC sur la tournée Back in Black. Le neveu Stevie Young y rejoint donc ses oncles Angus et Malcolm. Même si Starfighters semble plus proche de Rose Tattoo, la proximité musicale avec AC/DC est assez étroite.

Fort de cette expérience et de cette petite notoriété, l’album sort dans de bonnes conditions et reçoit un bon accueil critique et enthousiasme les amateurs de grosses guitares et de voix puissante. Dès « Alley Cat Blues », les Anglais donnent le ton en nous assénant un mid-tempo gorgé de feeling, porté par le chant de Steve Burton et par le riff très australien de Stevie Young. Plus rapide, « Devil’s Driving » est taillé pour la scène et pour conduire les fans à secouer la tête en cadence. Ce hard rock joue dans le jardin de Rose Tattoo, mais pas autant que le punk rock « Don’t Touch Me » qui emporte tout sur son passage grâce à sa fougue et à la gouaille de Steve Burton. Les influences australiennes sont nombreuses, car c’est du côté de The Angels que nous emmène le bouillant « Eyes Tellin’ You » et le plus fin « Silver Lady » dont la montée en puissance est savamment distillée par des guitares insidieuses. On retrouve même un mélange de ces trois grands sur « Killing Time » qui est un peu le « Ride On » ou le « The Butcher And Fast Eddy » de ces Anglais, avec son rythme lancinant, ses riffs blues et le chant narré de Burton.

Mais Starfighters lorgne également vers l’Amérique, avec ses touches de country dans « Trigger Happy », ses airs de southern rock et de proto-punk sur le superbe « Power Crazy » qui évoque par moments Molly Hatchet sur ses couplets et les MC5 sur le refrain. Etrange mélange qui fonctionne néanmoins. Le blues n’est d’ailleurs jamais loin, comme en atteste le poignant « Help Me » au beau refrain ou le nuancé « Night After Night » dont l’urgence conduit même la voix de Steve Burton à dérailler à plusieurs reprises. Les guitares y sont émouvantes, même si aucun des deux guitaristes n’est réellement un soliste accompli. La production de Tony Platt, parfaitement adaptée à ce style, porte l’album d’un bout à l’autre, avec suffisamment d’écho sur la voix de Steve Burton pour y apporter la profondeur nécessaire.

Cette très bonne mise en bouche sera suivie d’un second album deux ans plus tard. Placé sous de bons auspices, cet album fait parler de lui, notamment « Alley Cat Blues » qui passe même dans les émissions spécialisées à l’époque. Un EP trois titres sort à cette époque, contenant « Alley Cat Blues », « Don’t Touch Me » et l’inédit « Rock’ em Dead », un rock vitaminé à la Rose Tattoo.

  • 1. Alley Cat Blues
  • 2. Devil’s Driving
  • 3. Don’t Touch Me
  • 4. Eyes Tellin’ You
  • 5. Help Me
  • 6. Power Crazy
  • 7. Silver Lady
  • 8. Trigger Happy
  • 9. Night After Night
  • 10. Killing Time
  • Steve Burton – Chant
  • Pat Hambly – Guitares
  • Stevie Young – Guitares
  • Doug Denni – Basse
  • Spencer Scrannage – Batterie

Producteur : Tony Platt

Label : Jive Records

Mis en avant

ALLY VENABLE – Texas Honey (2019)

Guitariste et chanteuse, Ally Venable sort déjà son troisième album à tout juste vingt ans. Autant dire que la valeur n’attend pas le poids des années avec elle. Car à l’écoute des onze titres qui composent cet excellent Texas Honey, on peut se rendre compte que la jeune femme maîtrise à la fois la guitare et le chant. Son blues rock, plus proche du british blues que du delta blues, puise dans les grands classiques de cette musique pour nous livrer une musique intemporelle et pourtant parfaitement inscrite dans notre époque. Sous forme de power trio, elle met en place un blues alerte, puissant, mélodique, pulsé par une guitare à la fois technique et gorgée de feeling, que soutient une section rythmique en béton et qu’éclaire une voix affirmée.

Démarrant par un « Nowhere To Hide » bourré de groove, cet album donne immédiatement la pêche, entraînant l’auditeur à taper du pied et à secouer la tête. Les riffs sont sautillants et le solo plein de finesse. L’intérêt ne faiblit pas avec l’excellent « Broken », au superbe refrain et au riff entêtant. On touche au sublime dans la manière qu’a cette musicienne de jouer avec les intensités pour nous déposer ensuite un solo savamment dosé. L’ombre de Stevie Ray Vaughan plane sur certaines de ses parties, ce qui n’est pas étonnant puisqu’elle reprend « Love Struck Baby » avec une réelle maestria, en s’appropriant ce morceau pour en livrer une version toute personnelle. Ce rock qui puise aux racines du genre convient parfaitement au jeu d’Ally. Plus épais et plus sombre, « White Flag » flirte avec le hard rock grâce à un chant agressif, des guitares saturées, ainsi qu’une maîtrise des intensités. Ce désir de jouer avec les nerfs de ses fans est évident sur le lourd « Come And Take It » que vient animer Eric Gales, à la voix comme à la guitare. L’alliance de ces deux musiciens crée une magie qui transporte ce morceau vers les sommets.

Plus proche du southern rock, avec des touches dignes de Creedence Clearwater Revival, « Running After You » propose une composition mélodique, éclairée par la voix d’Ally et un refrain mélodique qui donne envie de chanter avec elle. Ce côté plus léger se retrouve sur le beau « One Sided Misunderstanding », aux nombreux changements de rythmes et d’intensité, qui permet aux riffs distordus d’être traversés par des arrangements plus clairs. Mike Zito vient y poser une jolie slide, tandis qu’un solo planant, aux ambiances psychédéliques, rappelle Jimi Hendrix. Aux confins des années 1970, « Long Way Home » s’appuie sur un douze mesures classiques, que ne renierait pas Joe Bonamassa, pour nous entraîner dans un boogie rock plein de nostalgie, un peu plus léger que le génial « Texas Honey », sur lequel Ally Venable montre aussi un talent certain pour l’écriture et la composition. Les riffs sont complexes, le chant est bien en place, et le solo est d’une pure beauté. Il est aisé de se laisser transporter par ce futur classique du blues rock.

Ally Venable est aussi capable d’alléger son propos en proposant une belle reprise du « Careless Love », un classique chanté notamment par Ray Charles, Bessie Smith, Fats Domino voire Johnny Cash, ainsi qu’un blues lent, avec le poignant « Blind To Bad Love » qui me rappelle l’excellent et éphémère groupe Jumpin’ the Gun, auteur d’un fabuleux Shades Of Blue en 1993. Porté par une section rythmique de qualité et une production fine et dynamique, Texas Honey sait varier les plaisirs pour le plus grand bien de nos oreilles.

En onze titres, Ally Venable nous propose un album majeur de cette année 2019 et s’inscrit déjà comme une valeur sûre du blues.

  • 1. Nowhere To Hide
  • 2. Broken
  • 3. Texas Honey
  • 4. Blind To Bad Love
  • 5. Come And Take It
  • 6. Love Struck Baby
  • 7. One Sided Misunderstanding
  • 8. White Flag
  • 9. Long Way Home
  • 10. Running After You
  • 11. Careless Love
  • Ally Venable – Chant, guitares
  • Bobby Wallace – Basse
  • Elijah Owings – Batterie, percussions
  • Eric Gales – Chant, guitares
  • Mike Zito – Guitares

Label : Ruf records

Mis en avant

PRETTY MAIDS – Maid In Japan Back to the Future World (2020)

Enregistré lors de la tournée célébrant les trente ans de la sortie de Future Wolrd (1987), Maid in Japan Back to the Future Wolrd nous offre un superbe instantané sur un groupe qui n’a jamais démérité. Depuis 1984, les Danois nous régalent avec des albums qui oscillent entre le très bon et l’excellent, et qui peuvent donc s’enorgueillir de ne jamais avoir déçu leurs fans. Les quatorze chansons composant cet album live peuvent en témoigner puisqu’aucun titre ne fait baisser le rythme. Et pourtant, Pretty Maids a décidé de reprendre la totalité de la version américaine de Future World, y ajoutant cinq morceaux plus récents. Certes, cela donne un set qui oublie volontairement quelques classiques du groupe, mais l’ensemble est cohérent et irréprochable.

La première partie du concert se penche sur les neuf compositions de l’album célébré. « Future Wolrd » ouvre les hostilités avec la puissance qu’on lui connaît, renversant tout sur son passage et permettant à l’auditeur de constater que Ronnie Atkins n’a pas perdu sa voix. « We Came To Rock », supporté par des claviers indispensables, comme le plus mélodique « Love Games », nous entraîne dans un mid-tempo qui donne envie de chante en chœur et de taper du pied. Ces deux morceaux se succèdent avec bonheur pour ouvrir sur l’étonnant « Yellow Rain », repris par le public que Ronnie Atkins tient dans la paume de la main. Retrouver ce morceau en concert est étonnant mais nous montre toute l’étendue du talent de ce groupe. Le rythme s’accélère avec l’épais et rapide « Loud’N’ Proud » dont l’équilibre entre guitares et claviers, puissance et mélodies, est à l’image de la musique de Pretty Maids.

Le quintet sait varier les plaisirs. Le subtil « Rodeo » est suivi de l’énorme « Needles In The Dark » sur lequel on peut apprécier le travail de la section rythmique et de la production. Je dois avouer que je redécouvre ces deux titres, pourtant maintes fois écoutés dans leur version studio. Adaptés à notre époque, ils semblent d’une étonnante modernité. La ballade « Eye Of The Storm », sur laquelle les claviers virevoltent et le public réagit, poursuit le concert avec beaucoup d’émotion et de classe tandis que « Long Way To Go » clôt cette première partie de set sur un rythme médium destiné à faire chanter tout le monde.

La seconde partie débute par « Mother Of All Lies » extrait de Motherland (2013) en faisant un peu baisser le rythme en raison d’une trop longue introduction et d’une interprétation (trop) fidèle à la version studio. Peut-être la seule baisse de régime de cet album. Suivent deux extraits de Kingmaker (2016). Tout d’abord, l’énorme morceau éponyme qui rend le précédent titre encore plus fade et qui est soutenu par une section rythmique une nouvelle fois irréprochable. Le superbe « Bull’s Eye », magnifié par son adaptation à la scène, fait encore monter la pression avant l’excellent « Little Drops Of Heaven » présent sur Pandemonium (2010). Le disque se clôt sur le classique « Sin-Decade » qui fait le lien entre le passé et le présent de Pretty Maids.

Maid In Japan Back to the Future World est un album indispensable pour tout fan de Pretty Maids et pour tous les amoureux de metal mélodique et puissant.

  • 1. Fw30 (Intro)
  • 2. Future World
  • 3. We Come To Rock
  • 4. Love Games
  • 5. Yellow Rain
  • 6. Loud ‘N’ Proud
  • 7. Rodeo
  • 8. Needles In The Dark
  • 9. Eye Of The Storm
  • 10. Long Way To Go
  • 11. Mother Of All Lies
  • 12. Kingmaker
  • 13. Bull’s Eye
  • 14. Little Drops Of Heaven Pandemoniuù
  • 15. Sin-Decade
  • Ken Hammer – Guitares
  • Ronnie Atkins – Chant
  • Chris Laney – Claviers/guitares
  • Rene Shades– Basse
  • Allan Sorensen – Batterie
Mis en avant

CHASTAIN – We Bleed Metal (2015)

Il n’aura fallu que deux ans pour voir paraître un nouvel album de Chastain, qui plus est, avec le même line-up que pour le précédent, ce qui n’était pas arrivé depuis 1988. L’orientation musicale est toujours la même, comme le clame Leather Leone dès le premier morceau, « We Bleed Metal » qui donne d’ailleurs son titre à l’album. Le son est épais, les riffs toujours aussi carrés et originaux, et cela donne une belle envolée dès cette entame destinée à secouer la tête en cadence. S’inscrivant dans la lignée de Surrender To No One, avec cependant moins de morceaux rapides, ce nouvel opus propose une belle variété de chansons qui alternent les tempos et les ambiances.

Le speed « All Hail the King » montre la cohésion de la section rythmique qui coule une assise impressionnante sur laquelle vient s’appuyer le mur de riffs tissé par David T. Chastain qui mène à un refrain fédérateur. Leather Leone chante toujours d’une voix éraillée, mais semble moins la pousser, ce qui lui permet de moduler ses effets.  Sur l’oriental « Search Time for You », elle transmet ses émotions en calant une partie de ses lignes vocales sur les lignes de guitares. L’ensemble met en place une atmosphère mystérieuse qui nous transporte dans des pays écrasés de soleil. Ce jeu d’ambiances est également présent sur « Secrets » qui clôt l’album sur un titre plein de nuances et d’arrangements originaux. Les changements de rythmes et les apports orientaux sont complétés par des solos bourrés de feeling.

Les influences heavy thrash sont toujours présentes, comme sur le puissant « Against All the Gods » au rythme complexe ou sur le torturé « Don’t Trust Tomorrow » qui débute par plusieurs descentes de manche impressionnantes ou encore le puissant « Evolution of Terror » au rythme écrasant. Ces morceaux, construits sur de nombreux changement de rythmes, offrent, comme souvent de brillants solos de guitare qui viennent alléger l’ensemble et prouver que David T. Chastain sait se renouveler et construire des ambiances étonnantes. Les contrastes entre la voix éraillée et la fluidité des solos enrichissent chaque composition. « The Last Ones Alive » s’inscrit dans cette même veine de titres puissants, mais joue sur une opposition entre une introduction acoustique, soutenant un chant plein d’émotion et des couplets épais.

Sans doute un peu moins étincelant que Surrender To No One, We Bleed Metal s’avère néanmoins être un bon album, aux titres variés et puissants.

  • 1. We Bleed Metal 
  • 2. All Hail the King 
  • 3. Against All the Gods 
  • 4. Search Time for You 
  • 5. Don’t Trust Tomorrow 
  • 6. I Am a Warrior 
  • 7. Evolution of Terror 
  • 8. The Last Ones Alive 
  • 9. Secrets 
  • Stian Kristoffersen : Batterie 
  • Mike Skimmerhorn : Basse 
  • David T. Chastain : Guitares, Chœurs 
  • Leather Leone : Chant 

Label : Leviathan – Pure Steel records

Producteur : David T. Chastain

Mis en avant

LOUDNESS – Spiritual Canoe (2001)

Treize ans après sa dernière apparition sur Jealousy et après son éviction au profit de Mike Vescera, Minoru Niihara revient au bercail en remplacement de Masaki Mayada qui avait chanté sur les cinq albums précédents. Les fans espéraient donc un retour au style des débuts. Malheureusement pour eux, Loudness évolue dans un heavy metal sous accordé, basé sur des lignes vocales angoissantes et des riffs épais. « The Winds of Victory » instaure une ambiance sombre, sorte de mélange entre le metal moderne américain et le post-grunge, qui fait la part belle à un chant hurlé. Les morceaux sont torturés, comme c’est le cas pour « How Many More Times », qui annonce les nouveaux groupes japonais tels MUCC ou Despair’s Ray. Il faudrait sans doute s’interroger sur cette vague de metal sombre qui envahit le Japon à l’époque. Toujours est-il que le retour de leur chanteur original ne correspond pas avec un retour aux sources. Dès « The Winds of Victory », les guitares mettent en place des riffs poignants que viennent appuyer une basse toujours aussi inspirée.

Les tempos sont souvent lents ou médiums, évoquant parfois des morceaux de Testament : « The Seven Deadly Sins », sans pour autant oublier le sens du groove qui est la marque de fabrique du metal contemporain comme c’est le cas sur « A Stroke of the Lightning », au refrain étrange. Loudness nous surprend à chaque piste, comme avec l’étonnant et mélodique « Never Forget You » qui rappelle leur période américaine. Chaque piste dérange, détonne, étonne.

Certains autres titres sortent également du lot comme le magnifique « The End of Earth », à la construction plus alerte et au refrain percutant ou encore le heavy « Stay Wild » dont le riff plonge au cœur d’un metal moderne enjoué. L’enchaînement de ces deux titres conduit l’auditeur dans un univers metal contemporain, plein de rage, mais dont la technicité permet de dépasser le simple coup de gueule. Toujours à la hauteur, Minoru Niihara délivre une prestation de premier plan, comme sur le puissant « Climaxxx » ou le psychotique « The Hate That Fills My Lonely Cells » qui glace le sang.

Déroutant, contemporain, sombre et novateur, avec le recul, Spiritual Canoe s’avère d’une richesse étonnante et mérite qu’on se repenche dessus.

  • 1. The Winds of Victory 
  • 2. The Hate That Fills My Lonely Cells 
  • 3. The End of Earth 
  • 4. Stay Wild 
  • 5. The Seven Deadly Sins 
  • 6. Picture Your Life 
  • 7. How Many More Times 
  • 8. Touch My Heart 
  • 9. Climaxxx 
  • 10. A Stroke of the Lightning 
  • 11. Never Forget You 
  • 12. Spiritual Canoe 
  • 13. The Power of Love 
  • Minoru Niihara : Chant
  • Akira Takasaki : Guitares 
  • Masayoshi Yamashita : Basse 
  • Munetaka Higuchi : Batterie

Label : Nippon Columbia

Mis en avant

CHEAP TRICK – At the Budokan (1979)

Lorsque Cheap Trick enregistre cet album live au Japon, le groupe n’a que deux albums studio à son actif, et un succès tout relatif aux Etats-Unis. Le pays du Soleil levant apparaît donc comme une sorte d’El Dorado. Pourtant, tout commence assez mal, puisque des protestations accueillent la venue des Américains dans cet ancien dojo consacré au Sumo. Est-ce pour cela que l’atmosphère y est si électrique ? La magie opère immédiatement dès les premières notes de « Hello There », un brûlot rock destiné à saluer le public présent, un public que l’on entend durant tout ce concert au son compact, aux harmonies soignées et aux interventions de Rick Nielsen si éclatantes. Il faut dire que les musiciens se donnent à fond et qu’ils transcendent des titres jugés parfois trop propres dans leur version originale.

Pour s’en convaincre, il suffit de placer l’énorme « Big Eyes » sur la platine. Issu de l’excellent In Color (1977), il est magnifié par la voix habitée de Robin Zander et taillé dans du rock par une section rythmique au sommet de son art. Il en va de même sur le puissant « Come On, Come On », aux accents punk rock qui ouvre de nouveaux horizons au quatuor. Trois autres titres sont issus du même album, de loin le mieux représenté sur ce concert. Il s’agit de « I Want You to Want Me », « Clock Strikes Ten » et « Hello There » déjà cité. Ils donnent une couleur toute particulière à l’ensemble, même si le mélodique et pop rock « I Want You to Want Me » aère cette performance grâce à ses lignes vocales entraînantes et son rythme sautillant, tandis que « Clock Strikes Ten » clôt ce show avec une fureur boogie glam rock détonante. On en redemande, notamment grâce à la frappe de Bun E. Carlos et aux interventions de Rick.

Le reste de l’album est évidemment lui aussi au top, puisque le groupe n’hésite pas à proposer trois inédits, dont le superbe « Surrender » à paraître sur Heaven Tonight quelques mois plus tard et qui sera le premier single du groupe à entrer dans le Bilboard. Une version de plus de neuf minutes de « Need Your Love » voit également le jour alors qu’elle ne sera posée sur album studio qu’avec Dream Police (1979). On le comprend aisément, le groupe est en pleine phase créatrice et prend des risques en proposant cet étonnant choix de chansons. L’autre morceau inédit, « Look Out », bien qu’enregistré en studio, ne verra pas le jour sur un album, même s’il en traîne une version sur des bootlegs ou des compilations.  

Les deux derniers morceaux sont déplacés sur l’album par rapport au show donné ce soir-là. Il faut dire que ce disque est amputé de neuf chansons que l’on retrouvera sur Budokan II. « Goodnight Now » avait l’habitude de clore les concerts du groupe, en étant une réponse à « Hello There » et était précédé de la reprise de Fars Domino : « Ain’t That a Shame ». Ces deux titres forment normalement un tout, ce qui n’est pas évident sur cette version de l’album. Malgré cela, At the Budokan est véritable réussite qui a marqué son époque et a fait exploser la popularité du groupe aux Etats-Unis. Plusieurs versions sont ensuite sorties en CD, avec les titres disparus entre temps, mais aussi avec : « Stiff Competition », « On Top of the World » et « How Are You ? » enregistrés en 1979. Pour les fans, At Budokan : The Complete Concert et la version 30th Anniversary avec un DVD capté par la télévision jponaise sont à favoriser.

  • 1. Hello There
  • 2. Come On, Come On
  • 3. Lookout
  • 4. Big Eyes
  • 5. Need Your Love
  • 6. Ain’t That a Shame
  • 7. I Want You to Want Me
  • 8. Surrender
  • 9. Goodnight Now
  • 10. Clock Strikes Ten
  • Robin Zander – Chant, guitares
  • Rick Nielsen – Guitares, chœurs
  • Tom Petersson – Basse, chœurs
  • Bun E. Carlos – Batterie

Label : Epic

Mis en avant

CHASTAIN – The 7th Of Never (1987)

Ce troisième album de Chastain marque un changement important dans la carrière du groupe. En effet, si les quatre musiciens sont toujours les mêmes, David T. Chastain a décidé de créer son propre label afin de rester libre de sa direction artistique. En France, c’est l’excellent label Black Dragon qui publie cet opus, avec une magnifique pochette, largement supérieure à celle, très médiocre, de la version américaine. Si le groupe manque de goûts picturaux, il se rattrape largement sur les deux faces de cet album en nous proposant neuf morceaux d’un metal mélodique, puissant, gorgé de guitares et servi par des musiciens de grande qualité : « Feel HIs Magic » qui porte bien son nom. Si David T. Chastain délivre des riffs très lourds et des solos fluides et techniques, il peut se le permettre grâce au travail énorme de sa section rythmique. C’est indéniable sur l’instrumental néo-classique et jazzy « 827 » qui voit les trois musiciens se livrer à une démonstration bluffante de fluidité et de mélodicité.

Cette nouvelle tendance, déjà bien entamée sur le précédent album, se confirme tout au long des 42 minutes que dure cet album. L’introduction de chaque titre est soignée : « We Must Carry On », « The Wicked Are Restless » ou encore « Forevermore », installant immédiatement des ambiances particulières proches du metal progressif : le magnifique et poignant « It’s Too Late For Yesterday ». Chastain a progressé dans l’écriture de ses morceaux. Ainsi, « Take Me Back In Time » parvient à faire la jonction entre le metal américain et le hard rock de Led Zeppelin, ne serait-ce qu’en proposant une atmosphère orientalisante et lancinante comme les affectionnait le quatuor anglais.

L’auditeur se laisse alors emporter part cette guitare enjôleuse avant de se faire cueillir par un riff puissant : l’excellent heavy thrash « The 7th of Never » sur lequel Ken Mary nous prouve une nouvelle fois qu’il est un des meilleurs batteurs du monde et que ce titre est un des meilleurs du groupe. Et pourtant, cet album en contient de nombreux très bons, notamment « We Must Carry On » qui ouvre les hostilités avec son speed metal porté par la voix éraillée de Leather Leone ou encore le furieux « Paradise » aux riffs écrasants, sans oublier « The Wicked Are Restless ».  

Pierre angulaire de la discographie de Chastain, The 7th Of Never est un album indispensable pour tout amateur de heavy metal.

  • 1. We Must Carry On
  • 2. Paradise
  • 3. It’s Too Late For Yesterday
  • 4. 827
  • 5. The Wicked Are Restless
  • 6. The 7th of Never
  • 7. Take me Back in Time
  • 8. Feel His Magic

9. Forevermore

  • Leather Leone – Chant
  • David T. Chastain – Guitare
  • Mike Skimmerhorn – Basse
  • Ken Mary – Batterie

Labels : Leviathan – Black Dragon Records

Producteur : David T. Chastain

Mis en avant

LOUDNESS – 2-0-1-2 (2012)

Vingt-cinquième album studio de Loudness, 2-0-1-2 montre un groupe en pleine possession de ses moyens et désireux de faire évoluer sa musique, comme c’est le cas depuis ses débuts. L’auditeur se retrouve donc face à un mur de guitares heavy qui nous délivrent un metal racé, puissant, moins sombre qu’à l’époque de Spiritual Canoe, qui doit autant à la vague américaine qu’aux spécificités japonaises : le superbe « Behind the Scene » sur lequel Akira et Masayoshi abattent un travail phénoménal. Ainsi, « The Stronger » écrase tout sur son passage avec son riff meurtrier, sa section rythmique implacable et ce chant halluciné de Minoru Niihara qui n’a rien perdu de sa puissance. Le ton est donc mis. Arch Enemy n’est pas loin sur certains passages de « 2012 – End of the Age », tandis que l’ombre du néo métal plane sur « Driving Force », notamment grâce à la présence d’une basse vrombissante et d’un riff tourbillonnant. Si cela peut surprendre le fan du groupe, il est indéniable que ce morceau possède une vraie originalité et d’indéniables qualités.

C’est d’ailleurs ce qui prédomine sur cet album étonnant, car le groupe explore différents courants du metal, n’hésitant pas à nous proposer des morceaux de heavy thrash comme le puissant « Bang ‘Em Dead » dont on a envie de crier le refrain, ou de pur heavy metal comme sur le pesant « Who the Hell Cares », voire de metal progressif avec « Memento Mori » au riff complexe et aux arrangements qui flirtent avec le jazz rock. Chaque piste est un vrai voyage. Ainsi « Break New Ground » est un hymne déclamé, au refrain destiné à être chanté en concert, et sur lequel la guitare tisse des riffs assez classiques avant de nous offrir un nouveau solo d’une rare technicité.   

2-0-1-2 est un excellent album qui montre un groupe capable d’évoluer et de se renouveler, et qui possède de superbes morceaux, même s’ils diffèrent de ce que Loudness proposait vingt ans auparavant. Si cela peut dérouter les fans de la première heure, force est de constater que les Japonais savent se réinventer, ce qui n’est pas le cas de la majorité des groupes. A noter l’hommage à Ronnie James Dio sur « The Voice of Metal », à la fois mélodique et poignant.

  • 1. The Stronger 
  • 2. 2012 ~ End of the Age
  • 3. Break New Ground 
  • 4. Driving Force 
  • 5. Behind the Scene 
  • 6. Bang ‘Em Dead 
  • 7. The Voice of Metal (Song for RJD) 
  • 8. Who the Hell Cares 
  • 9. Spirit from the East 
  • 10. Memento Mori 
  • 11. Out of the Space

  • Masayoshi Yamashita : Bass 
  • Akira Takasaki : Guitars, Vocals (additional) (track 6) 
  • Minoru Niihara : Vocals, Lyrics 
  • Masayuki Suzuki : Drums 

Label : Tokuma Japan

Mis en avant

TEN YEARS AFTER – Ssssh (1969)

Quelques mois à peine après Stonedhenge, Ten Years After publie Ssssh, un album enregistré dans des conditions quasiment live. Il sort en juin, alors que le groupe s’apprête à jouer à Woodstock deux mois plus tard. Les retombées de ce concert donné le 17 août seront énormes pour le groupe, puisque cela va le propulse dans les premières places du Bilboard et lui permettre d’être enfin connu par le grand public. Il faut dire que Ssssh est un vrai chef-d’œuvre, composé de petits brûlots de blues-rock épais, tels que l’excellent « Bad Scene » qui ouvre le bal avec énergie et classe, ou le furieux « Stoned Woman » qui possède des accents southern rock avec sa basse énorme et son groove irrésistible. Le quatuor est plus proche de Jimi Hendrix que des Doors sur cet album, ce qui est évident « Good Morning Little Schoolgirl », la reprise vitaminée de Sonny Boy Williamson que ne renieraient pas des groupes de stoner actuels. Aussi puissant et groovy est l’excellent « The Stomp » qui puise aux mêmes racines du douze mesures qu’un « La Grange » de ZZ Top. Autant dire que cet album pulse dans tous les coins et qu’aucun temps mort n’est laissé à l’auditeur.

Même lorsque le tempo ralentit, comme sur « Two Time Woman », on sent l’âme blues emplir l’atmosphère afin de capter celle de l’auditeur. La voix d’Alvin Lee se fait captivante, tandis qu’elle est émouvante sur « If You Should Love Me », un rock tirant sur la pop, et bien plus chantant que ce que le groupe nous avait proposé jusqu’alors. Un beau moment qui nous fait découvrir une nouvelle facette du groupe. Il en va de même sur « I Don’t Know That You Don’t Know My Name » nourri de folk et de blues, joué entièrement en acoustique, avec des percussions et des instruments qui épousent les lignes vocales. L’album se clôt sur l’épais blues rock « I Woke Up This Morning », à la guitare distordue et au chant halluciné, soutenus par un orgue judicieux qui se fond dans le rythme pour ensuite se transformer en piano sur le solo. Un des meilleurs titres de cet album, même si on perçoit quelques pains qui n’ont pas été corrigés. La magie du live.

Avec le recul, Ssssh est vraiment un incontournable du rock que chacun doit posséder dans sa discothèque et qui, cinquante ans après, n’a pas pris une ride. A l’époque déjà, il marque le public puisqu’il reste une trentaine de semaines dans le Hit Parade français.  

  • 1. Bad Scene
  • 2. Two Time Mama
  • 3. Stoned Woman
  • 4. Good Morning Little Schoolgirl (Sonny Boy Williamson I)
  • 5. If You Should Love Me
  • 6. I Don’t Know That You Don’t Know My Name
  • 7. The Stomp
  • 8. I Woke Up This Morning

  • Alvin Lee – guitare, chant
  • Leo Lyons – basse
  • Chick Churchill – claviers
  • Ric Lee – batterie

Producteur : Ten Years After

Label : Deraim

Mis en avant

CHASTAIN – Ruler of the Wasteland (1986)

Un an après Mystery Of Illusion, Chastain revient avec un album plus puissant, mieux produit et plus abouti. L’apport de Ken Mary à la batterie n’est sans doute pas étranger à cela, tant le musicien assure un socle impressionnant aux envolées lyriques du guitariste. Cela est évident sur l’excellent « One Day to Live » que le batteur éclabousse de toute sa classe. Sans faire injure à Fred Coury, il est évident que ce changement est profitable au groupe. Les autres musiciens sont au niveau d’ailleurs. Ainsi sur le pesant « The King Has the Power », c’est Mike Skimmehorn qui nous montre sa technique, formant de ce fait une paire impressionnante avec Ken Mary. Cela permet à David T. Chastain de partir dans des solos toujours aussi étonnants et variés.

Si le groupe œuvre toujours dans un metal puissant, certaines traces de mélodies apparaissent çà et là, ce qui n’était pas le cas sur le précédent opus. « Fighting to Stay Alive » s’appuie sur un beau refrain, tandis que les influences britanniques sont à nouveau présentes. Il en va de même sur le superbe « The Battle of Nevermore », plein de finesses et, aux solos bourrés de feeling. Avec « Angel of Mercy », le groupe parvient même à mettre en place des ambiances fantastiques, qu’accentuent les chœurs et l’introduction acoustique. David T. Chastain flirte même avec le néo-classique sur certaines parties de solos, avant de revenir à un metal plus épais. Sur le mid-tempo « Children of Eden », il insuffle un vent oriental, avant d’incorporer un narrateur en plein milieu du morceau. Etonnant et plutôt bien mené, même s’il est nécessaire de l’écouter plusieurs fois afin de tout saisir.

Evidemment, les morceaux rapides ne sont pas oubliés. « Living in a Dreamworld » et « There Will Be Justice » sont là pour nous apporter notre dose de folie contrôlée. Le premier est un pur hymne speed metal comme savent les composer les groupes américains, alors que le second est plus dans un esprit New Wave Of British Heavy Metal, avec des touches jazz fusion et néo-classiques mélangées. Autant dire que David T. Chastain s’amuse à parcourir de nombreux spectres musicaux.

Avec Ruler of the Wasteland, Chastain signe un album plus mature, mieux construit et mieux écrit. Pourtant, il marque la fin de la collaboration avec Shrapnel, car Chastain va créer son propre label afin de publier ses albums suivants.

  • 1. Ruler of the Wasteland
  • 2. One Day to Live
  • 3. The King Has the Power
  • 4. Fighting to Stay Alive
  • 5. Angel of Mercy
  • 6. There Will Be Justice
  • 7. The Battle of Nevermore
  • 8. Living in a Dreamworld
  • 9. Children of Eden

  • Leather Leone – chant
  • David T. Chastain – guitares
  • Mike Skimmerhorn – basse
  • Ken Mary – batterie

Producteurs : David Chastain, Steve Fontano

Labels : Shrapnel, Roadrunner

Mis en avant

LOUDNESS – Hurricane Eyes (1987)

Toujours tourné vers le marché américain, Loudness enregistre son septième album studio sous la houlette d’Eddie Kramer, tandis que deux morceaux sont confiés à Andy Johns. Chanté en anglais par Minoru Niihara qui a fait quelques progrès dans cette langue, mais sans doute pas suffisamment aux yeux de certains responsables de leur label, il reçoit un accueil mitigé, même s’il entre dans le Bilboard pour y rester quatre semaines, ce qui est moins bien que les deux précédents. Il faut dire que « S.D.I. », son titre d’ouverture, n’a rien de très américain et sonne plutôt comme un hymne speed européen. Avec sa rythmique écrasante, son riff qui lamine tout sur son passage, il est étonnant de le voir arriver en premier. Il sera d’ailleurs repoussé à la fin sur la version japonaise.

La suite s’inscrit pourtant dans la droite ligne des productions américaines de l’époque, notamment avec le bon heavy rock « Rock ‘n’ Roll Gypsy » sur lequel Greg Giuffria vient poser des claviers, la ballade « In My Dreams », un peu mièvre ou le presque FM « Rock This Way » qui sont calibrés pour le marché américain. Même si le premier titre est excellent, on sent le groupe tout en retenue, ce qui est encore plus flagrant sur « Rock This Way » qui aurait pu être joué par Kick Axe ou Helix. Autant dire que cela manque de personnalité. Evidemment, les solos d’Akira rattrapent un peu cela, notamment sur « In This World Beyond », lui aussi destiné au marché américain, avec son refrain simpliste répété à l’envi.

Heureusement, il demeure quelques bons titres sur cet opus, comme l’excellent « Take Me Home », avec son rythme enlevé, son riff tournoyant et son refrain qui claque et permet de chanter avec le groupe. Les chœurs, soignés, apportent une touche supplémentaire à ce morceau heavy. La face B débute par « Strike Of The Sword », une petite bombe déchaînée qui jure avec le reste de l’album en déboulant sans retenue. Si ce morceau ne restera pas comme l’un des meilleurs du groupe, il prouve néanmoins que Loudness en garde sous la pédale, un peu trop d’ailleurs. Car les musiciens veulent jouer du heavy metal alors que leur maison de disques désire les voir envahir les ondes. L’épais « Hungry Hunter » en apporte une nouvelle preuve avec ses références presque sabbathiennes, son rythme lent et son refrain hurlé. A l’opposé, le magique « So Lonely » démontre que les Japonais sont capables de faire preuve de lyrisme en nous proposant une ballade imparable, éclairée par la guitare d’Akira.

Dernier disque « américain » avec Minoru Niihara, Hurricane Eyes est un bon album, mais en deçà de ce que le groupe a proposé jusqu’alors.

  • 1. S.D.I.
  • 2. This Lonely Heart
  • 3. Rock ‘n’ Roll Gypsy
  • 4. In My Dreams
  • 5. Take Me Home
  • 6. Strike Of The Sword
  • 7. Rock This Way
  • 8. In This World Beyond
  • 9. Hungry Hunter
  • 10. So Lonely
  • Minoru Niihara : Chant
  • Akira Takasaki : Guitares 
  • Masayoshi Yamashita : Basse 
  • Munetaka Higuchi : Batterie

Producteur : Eddie Kramer et Andy Johns

Label : Atco Music

Mis en avant

CJSS – World Gone Mad (1986)

Alors que son groupe, Chastain sort son deuxième album Ruler of the Wasteland, David T. Chastain publie ce premier opus de CJSS au sein duquel on retrouve son complice Mike Skimmerhorn, ainsi que le chanteur David Jinkens et le batteur Les Sharp. Si la musique proposée est toujours ancrée dans le metal, ce dernier est adouci par des mélodies plus accrocheuses que dans son autre groupe et par le timbre beaucoup plus accessible de David Jinkens. La reprise du « Communication Breakdown » de Led Zeppelin, auquel il n’est pourtant pas aisé de s’attaquer, en apporte une magnifique preuve.

Malgré cela, CJSS s’avère être un groupe de heavy metal, capable de nous asséner des titres rapides et imparables comme « Hell On Earth » dominé par un riff tourbillonnant qui emporte tout sur son passage. Comme à son habitude, David T. Chastain nous délivre des solos fluides et techniques qui le placent parmi les meilleures guitaristes du genre. Cela se confirme sur le furieux « The Gates To Eternity » qui est traversé par des interventions lumineuses ou sur le magnifique « Purgatory – Living In Exile », dont les arrangements basse/batterie et les harmonies permettent de magnifier un titre complexe sur lequel le guitariste laisse libre cours à son inspiration. Chaque titre est ainsi ciselé, écrit avec soin et non pas improvisé comme c’est parfois le cas pour certains musiciens doués. Ici, chaque note semble choisie avec soin et, si l’on peut percevoir des influences de la New Wave Of British Heavy Metal, CJSS les mélange à son metal typiquement américain.

Ce constat est aisé à faire sur le méchant « No-Mans-Land », à la construction torturée et au refrain à chanter en chœur. Mike Skimmerhorn épaule son leader avec brio, tandis que les parties lourdes alternent avec des passages plus légers. C’est justement cette alternance entre titres pesants (l’excellent et toujours d’actualité « Word Gone Mad » ou l’écrasant « Welcome To Damnation ») et chansons plus aérées (la fausse ballade « Run To Another Day » qui se transforme en cavalcade à la Iron Maiden) qui définit le style de CJSS.

Contrairement à ses albums solos, David T. Chastain laisse de côté ses influences jazz rock et lorgne plus du côté du néo-classique (l’introduction de « No-Mans-Land ») ou carrément classique comme sur « Run To Another Day ». Cela donne un côté plus accessible à sa musique et aurait dû propulser le groupe vers les sommets. Car ce premier album est une véritable réussite qui, plus de trente ans après, possède toujours un son énorme et des compositions envoûtantes.

  • 1. Hell On Earth
  • 2. No-Mans-Land
  • 3. Communication Breakdown
  • 4. World Gone Mad
  • 5. Run To Another Day
  • 6. The Gates Of Eternity
  • 7. Destiny
  • 8. Welcome To Damnation
  • 9. Purgatory-Living In Exile
  • David T. Chastain – Guitares
  • Russell Jinkens – Chant
  • Mike Skimmerhorn – Basse
  • Les Sharp – Batterie
Mis en avant

BLACK SABBATH – Paranoid (1970)

Sorti quelques mois après Black Sabbath, Paranoid pose définitivement les bases du heavy metal en évacuant presque toutes les influences psychédéliques qui couraient encore dans les tentures du premier opus. On en retrouve néanmoins sur certaines parties de « War Pigs », « Electric Funeral » ou encore « Planet Caravan », mais elles sont digérées et intégrées au creuset metal de l’ensemble afin de constituer un alliage unique. Alignant huit pépites, ce deuxième album ne souffre d’aucune faute de gout. Bénéficiant d’une excellente production pour l’époque, Paranoid frappe par son unité et sa direction artistique qui donne naissance à un nouveau style.

La bombe « War Pigs » cueille l’auditeur qui ne s’y attend pas, avec son introduction pesante, évoquant les jungles du Vietnam, avant que ce riff assassin ne vienne tendre l’atmosphère, soutenu par la voix hallucinée d’Ozzy. La machine est lancée. Aujourd’hui encore, on s’étonne de cette construction millimétrée qui tient du génie. Il en va de même pour le mythique « Paranoid », épais, méchant, quasiment dépourvu de refrain, mais qui emporte tout sur son passage. Le heavy metal dans toute sa splendeur, illuminé par ce solo distordu et inspiré. En moins de trois minutes la messe est dite et une composition majeure de la musique est livrée. Autre titre incontournable, l’écrasant « Iron Man » démontre que la section rythmique du quatuor est diablement efficace. Sur une construction assez simple, dans laquelle les mélodies de guitares et de voix sont calquées l’une sur l’autre, Black Sabbath parvient à nous proposer un morceau envoûtant qui s’accélère en son milieu pour laisser les instruments se livrer à une superbe démonstration bourrée de feeling. Dans un style assez proche, « Electric Funeral » évoque tout d’abord « Black Sabbath » par son ambiance angoissante, avant de se développer sur un rythme sautillant et de revenir aux riffs lourds des couplets.

Plus groovy, « Fairies Wear Boots » clôt les hostilités en nourrissant son heavy metal d’un rythme issu du blues rock et d’un solo plein de feeling. En effet, n’oublions pas que la musique de Black Sabbath n’explore pas qu’un unique chemin. Les musiciens possèdent des bases musicales variées. Ainsi, « Hand Of Doom » est une vraie alchimie entre les riffs lourds, le rythme lent et des ambiances planantes. Les influences issues du rock de la fin des années 1960 sont encore présentes et s’entendent aussi sur « Rat Salad », un instrumental qui permet à Bill Ward de nous proposer un court solo de batterie. Les nombreuses variations permettent à ce morceau de ne jamais être ennuyeux. Il en va de même pour « Planet Caravan », une chanson étonnante, qui emprunte son atmosphère et ses sonorités à la musique psychédélique, avec une fausse légèreté et des sonorités orientales. Etrange moment de calme au milieu du déferlement de riffs, elle est appréciée des fans et continue à faire parler d’elle, comme la totalité des morceaux de cet album mythique.

Cinquante ans après sa parution, Paranoid reste un des dix albums de metal à posséder et sans doute un des dix meilleurs albums de rock de tous les temps (mais c’est un jugement personnel). Si Black Sabbath avait creusé les fondations du genre, Paranoid en est la dalle sur laquelle repose le genre et ses nombreux dérivés comme le stoner ou le sludge. L’album a été réédité dans une version deluxe qui inclut des versions alternatives ou instrumentales des morceaux.

  • 1. War Pigs
  • 2. Paranoid
  • 3. Planet Caravan
  • 4. Iron Man
  • 5. Electric Funeral
  • 6. Hand Of Doom
  • 7. Rat Salad
  • 8. Fairies Wear Boots
  • Ozzy Osbourne – Chant, harmonica sur « The Wizard »
  • Tony Iommi – Guitares
  • Geezer Butler – Basse
  • Bill Ward – Batterie

Label : Vertigo

Mis en avant

ADX – Exécution (1985)

Formé dans l’Oise en 1981 par Didier Bouchard et Hervé Tasson, ADX œuvre dans un speed metal mélodique, fortement teinté de heavy metal. Après l’arrivée en 1982 de Pascal Collobert et Frédéric Deuchilly, puis de Philippe Grelaud, la formation prend réellement son envol. Pourtant, elle n’enregistre sa première démo « Le Fléau de Dieu » qu’en 1984. Composée de « Déesse du crime », « L’étranger », « Le fléau de Dieu » et « Caligula », elle annonce déjà le premier album. Mais, déçu par le son, le groupe décide de repartir en studio pour donner naissance à une vraie démo sur laquelle on retrouve alors une « Introduction », ainsi que l’instrumental « Exécution ». Cette cassette lui permet de se faire remarquer des fans ainsi que de la presse spécialisée et le conduit à signer pour Devil’s Records.

Malgré un son qui manque un peu d’épaisseur, mais qui se montre supérieur à bien des productions de ce label français, Exécution marque immédiatement les esprits. Il faut avouer que l’ouverture « Déesse du crime » emporte tous les suffrages, grâce à une énergie débordante, des riffs ultra rapides, un chant habité et une fraîcheur communicative. Passionné d’histoire, le groupe puise ses thèmes dans les grands personnages en évoquant Attila dans le furieux « Le fléau de Dieu » sur lequel les guitares sont énormes et la section rythmique écrasante ou « Caligula » pour un final dantesque, porté par la voix aigüe de Phil et les duels de guitares de Marquis et Betov. Plus mélodique, et s’inspirant du mythe fantastique, « Vampire » propose une construction plus complexe, ainsi que des envolées de guitares qui tranchent avec les autres groupes du même genre. Car ADX n’est pas une formation comme les autres. En effet, contrairement à la vague allemande, il explore différents horizons.

Ainsi, « L’étranger » est un mid tempo groovy qui donne envie de secouer la tête. Son heavy metal carré s’accélère dans la deuxième partie du morceau en se rapprochant de ce que pouvaient proposer Sortilège ou Blasphème à la même époque. Dans une ambiance plus noire encore « Prière de Satan » est un titre mélodique qui fait la part belle aux harmonies et à la basse. Contrairement à « L’étrange », il ralentit en son milieu pour mieux nous surprendre. C’est également la basse qui se taille la part du lion sur « Prisonnier de la nuit », grâce à un jeu riche et efficace. En s’appuyant dessus, la cavalcade des riffs entraîne l’auditeur dans sa course.

Si ce premier album n’est pas exempt de maladresses, notamment sur l’instrumental « Exécution », un peu décousu, il n’en demeure pas moins indispensable et va conduire ADX à devenir une des pierres angulaires du metal français.

  • 1. Déesse du crime
  • 2. Prisonnier de la nuit
  • 3. L’étranger
  • 4. Exécution (Instrumental)
  • 5. Le fléau de Dieu
  • 6. Prière de Satan
  • 7. Vampire
  • 8. Caligula
  • Philippe « Phil » Grelaud – Chant
  • Hervé « Marquis » Tasson – Guitare
  • Pascal « Betov » Collobert – Guitare
  • Frédéric « Deuch » Deuchilly – Basse
  • Didier « Dog » Bouchard – Batterie

Label : Devil’s Records

Mis en avant

Y & T – Earthshaker (1981)

Troisième album des Américains de Y&T, et le premier sous ce patronyme qui est la contraction de Yesterday And Today, Earthshaker est aussi le premier pour A&M records. Proposant un hard rock puissant et mélodique, le quatuor se démarque immédiatement de la concurrence par un sens inné de la mélodie et du riff, un mélange détonnant qui fait de cet album un incontournable de son époque. Servi par une production pleine de dynamisme qui, aujourd’hui encore donne tout son potentiel, cet opus entre de plein fouet dans les années 1980 en se démarquant du son et des ambiances de la décennie précédente. Ainsi, les titres puissants sont plus concis, les riffs plus incisifs et les guitares, omniprésentes, soutiennent un chant habité, sans pour autant oublier d’y inclure un réel feeling.

Dès « Hungry for Rock », un mid-tempo destiné à secouer la tête en cadence, Y&T marque les esprits. Les riffs claquent, le chant de David Meniketti oscille entre envoutement et puissance, avec ce tremolo caractéristique qui en fait tout le charme. Les solos ne sont pas en reste, et c’est d’ailleurs une des forces de cet album, comme on peut le constater sur le furieux « Shake It Loose », un rock réactualisé, qui déboule avec ardeur pour mieux entraîner l’auditeur dans une gigue folle. Le rythme saccadé qui épouse les paroles est une vraie réussite. Plus rapide encore, le superbe « Squeeze » évoque Ted Nugent, avec ses riffs énormes, ce chant déjanté et la puissance qui se dégage de l’ensemble. On comprend alors que Y&T n’invente sans doute rien, mais sait parfaitement faire progresser le hard rock en puisant dans ses racines. Ce constat est évident sur l’excellent « Knock You Out » qui revisite le hard rock des années 1970 pour l’adapter à son époque, en alliant mélodies, rythme endiablé et énergie.

Véritable petite bombe, « Hurricane » met tout le monde d’accord, grâce à une construction intelligente, des couplets qui montent en puissance jusqu’à un refrain pas aussi simple qu’il n’y paraît. Une fois encore, les guitares sont impeccables et nous emportent, tandis que Leonard Haze soutient l’ensemble. Avec « Young and Tough », le groupe dresse un pont entre le hard rock et le hard FM, en construisant un titre autour d’un refrain mélodique qu’il adosse à des riffs entraînants. Sans doute moins remarquable, car plus simple que les autres morceaux, « Let Me Go » est pourtant un beau titre, gorgé de mélodies, aussi bien vocales qu’instrumentales.

Y&T sait également jouer la carte de la finesse, comme sur « Dirty Girl », une chanson pleine de nuances, qui débute lentement pour mieux nous conduire au refrain, grâce à une montée en puissance et des riffs bourrés de groove. Se basant sur une construction semblable, « Rescue Me » débute par une partie lente, avant d’accélérer le tempo jusqu’au refrain plein d’émotion. Une des pierres angulaires de cet album et de la carrière du groupe. L’album se clôt sur la magnifique ballade « I Believe in You » qui s’étire sur plus de sept minutes sans jamais lasser l’auditeur. Symbole d’une époque où les groupes de hard rock composaient les plus beaux slows, elle offre des moments d’intimité qui équilibrent parfaitement l’énergie dépensée sur cet opus.

Considéré comme un chef d’œuvre, cet album n’a pas pris une ride et s’écoute toujours avec bonheur.

  • 1. Hungry for Rock
  • 2. Dirty Girl
  • 3. Shake It Loose
  • 4. Squeeze
  • 5. Rescue Me
  • 6. Young and Tough
  • 7. Hurricane
  • 8. Let Me Go
  • 9. Knock You Out
  • 10. I Believe in You
  • Dave Meniketti : Guitars, chant (sauf 4)
  • Joey Alves : Guitares, chœurs
  • Phil Kennemore : Basse, chœurs, chant (sur 4)
  • Leonard Haze : Batterie, chœurs

Label : A&M records

Mis en avant

AC/DC – Flick Of The Switch (1983)

Sorti à une époque où il est de bon ton de descendre AC/DC pour mieux mettre en avant les nouveaux groupes, Flick Of The Switch ne reçoit pas de bonnes critiques et reste, de nos jours, souvent décriés par beaucoup. Pourtant, à son écoute, il est évident qu’il possède d’excellents titres et que son côté « brut de décoffrage » est une vraie réussite. Arrivant après les gros succès de l’époque Brian Johnson que sont Back in Black et For Those About To Rock, cet album est aussi enregistré dans une période difficile pour le groupe. En effet, Phil Rudd et Macolm Young entrent en conflits ce qui conduit à l’éviction du second, en partie remplacé par B.J. Wilson (Procol Harum). Meme si, officiellement, les parties de batterie de ce dernier n’ont pas été utilisées, certains doutes persistent. Cela conduit certains fans à s’éloigner d’AC/DC pour se tourner vers la nouvelle vague.

L’album débute par « Rising Power », un mid-tempo bourré de groove qui donne envie de secouer la tête en cadence et de taper du pied. Rythmé, binaire, et tout à fait dans l’esprit des premiers morceaux du groupe, ce titre est une bonne surprise, sans sortir de la norme. Plus complexe, « This House Is On Fire » renvoie au meilleur du groupe, avec ce riff caractéristique, ces sonorités héritées du blues et ce refrain simple et efficace. Le solo d’Angus est sans doute trop simple, tout en s’inscrivant dans l’esprit. Sur un rythme en douze mesures, « Flick Of The Switch » est un boogie chaud et entraînant qui est sorti en single. Dominé par son riff et son solo, il voit aussi Brian Johnson livrer une belle prestation avec sa voix éraillée si caractéristique. Excellent blues rock lent, « Nervous Shakedown » s’appuie sur un refrain mélodique appuyé par des chœurs typiques d’AC/DC. On y retrouve l’enthousiasme des débuts, sans aucune recherche mercantile. Le quintet se fait plaisir et donne envie aux fans de chanter à tue-tête. Moins connu, « Landslide » est un boogie furieux, teinté de hard rock, qui aurait dû avoir le même parcours que « Rocker ». Le riff est superbe, le chant est déjanté et les changements de rythmes judicieux. Une des chansons d’AC/DC injustement sous cotée, surtout qu’Angus Young se prend pour Ted Nugent sur ses interventions.

La seconde face débute par le single « Guns For Hire », sans doute le morceau le plus connu de cet album. Construit sur une base classique pour les Australiens, il évoque les titres de Highway To Hell, en s’appuyant sur un riff carré, un refrain soutenu par des chœurs hurlés et un solo de grande tenue. Véritable hymne à hurler en concert, il a malheureusement disparu des listings du groupe avant d’être en partie réhabilité sur la BO Iron Man 2. Plus dispensable, parce que répétitif, « Deep In The Hole » est un morceau lent au riff déjà entendu qui pêche par son manque de puissance et d’énergie. Ce n’est pas le cas de « Bedlam In Belgium », qui donne envie de taper du pied, avec sa construction aboutie, ses riffs bourrés de groove. Apprécié par les tribute bands, ce titre est une belle réussite, grâce aussi à son refrain et à ses lignes de chant. Comme beaucoup d’autres morceaux de cet album, « Badlands » est assez méconnu et mérite une réhabilitation. Hérité des blues rock de Chuck Berry, il est construit sur un riff classique, assez lent, qui permet au refrain de donner toute sa puissance. Plus enjoué, « Brain Shake » propose un riff original sur un rythme rapide, qu’un refrain trop simpliste dessert un peu, ce qui est bien dommage. Néanmoins, on se laisse aisément emporté par son groove et charmé par son riff.

Si Flick Of The Switch n’est pas le meilleur album du groupe, il est loin d’être la catastrophe évoquée par nombre de magazines de l’époque. Plusieurs de ses morceaux méritent une nouvelle écoute et pourraient réintégrer la set-list d’AC/DC en concert, si celui-ci était prêt à prendre un peu de risques.

  • 1. Rising Power
  • 2. This House Is On Fire
  • 3. Flick Of The Switch
  • 4. Nervous Shakedown
  • 5. Landslide
  • 6. Guns For Hire
  • 7. Deep In The Hole
  • 8. Bedlam In Belgium
  • 9. Badlands
  • 10. Brain Shake
  • Brian Johnson – Chant
  • Angus Young – Guitares
  • Malcolm Young – Guitares
  • Cliff Williams – Basse
  • Phil Rudd – Batterie
  • B.J. Wilson – Batterie

Label : Atlantic records

Mis en avant

HELIX – Walkin’ The Razor’s Edge (1984)

Quatrième album des Canadiens d’Helix, Walkin’ The Razor’s Edge marque une réelle percée du groupe dans les charts. Proposant une musique calibrée pour les médias de l’époque, et notamment pour MTV, cet album contient deux reprises « Gimme Gimme Good Lovin’ » du groupe de pop Crazy Elephant et « (Make Me Do) Anything You Want » d’A Foot In Coldwater, ainsi que « Rock You », un morceau signé Bob Halligan Jr qui a déjà écrit à l’époque pour Judas Priest ou Kix (et qui le fera pour Kiss, Blue Öyster Cult ou Bonfire). En dix titres, Helix nous invite dans un univers coloré, chaud, enthousiasmant et entraînant. Chacunrésume parfaitement l’insouciance de cette époque, avec des paroles simples, évoquant le rock, les filles et la fête.

La partie commence avec « Rock You », une chanson de big rock capable de faire se soulever un stade avec son refrain fédérateur, ses chœurs énormes et cette introduction typiquement américaine à la manière des cheerleaders qui épellent les lettres de leur équipe. Suivent plusieurs titres irrésistibles, comme le groovy « Animal House », au riff sautillant hérité du boogie et au refrain à chanter à tue-tête. Plus rapide, « When The Hammer Falls » mêle un riff très australien à un refrain glam qui emportent tout sur leur passage. Les influences glam sont également présentes sur « Six Strings, Nine Lives » qui est portée par la voix éraillée de Brian Vollmer. Dans un registre plus hard rock « You Keep Me Rockin’ » renvoie plutôt à Def Leppard, aussi bien dans ses riffs que son refrain.

La palette des Canadiens est donc assez variée, le glam enlevé de « Young & Wreckless » côtoie le big rock lent de « My Kind Of Rock ». Pourtant, on reconnaît immédiatement le groupe grâce à une production très dynamique, des effets sur les chœurs, des guitares saturées mixées un peu en retrait de la voix et des arrangements assez fins. Dans ces conditions, « Feel The Fire », bien qu’assez convenue, permet de passer un bon moment, tandis que « Gimme Gimme Good Lovin’ » devient un véritable hymne boogie-rock, certes, un peu répétitif à la fin, mais qui marque les esprits. Deux clips seront tournés pour cette chanson, dont un interdit aux mineurs. La ballade « (Make Me Do) Anything You Want » offre une plage plus calme au milieu de ce déferlement, avec ses instruments acoustiques et son solo plein de finesse.

Walkin’ The Razor’s Edge est un superbe album de hard rock, avec des touches de FM et de glam. Représentatif d’une époque enjouée qu’il rappelle avec nostalgie, il s’écoute toujours avec plaisir.

  • 1. Rock You
  • 2. Young & Wreckless
  • 3. Animal House
  • 4. Feel The Fire
  • 5. When The Hammer Falls
  • 6. Gimme Gimme Good Lovin’
  • 7. My Kind Of Rock
  • 8. (Make Me Do) Anything You Want
  • 9. Six Strings, Nine Lives
  • 10. You Keep Me Rockin’
  • Brian Vollmer – Chant
  • Brent « The Doctor » Doerner – Guitares, chœurs
  • Paul Hackman – Guitares, chœurs
  • Daryl Gray – Basse, chœurs
  • Greg « Fritz » Hinz – Batterie

Label : Capitol Records

Mis en avant

PANZER – Al Pie Del Cañón (1982)

Premier album des Espagnols de Panzer, Al Pie Del Cañón propose une sympathique carte de visite influencée par le hard rock des années 70, comme le montrent les claviers de José Segura qui seront remplacés par une seconde guitare dès l’album suivant. L’ombre d’Uriah Heep plane sur des morceaux tels que l’hymne « El Rock Es Tu Guerra » qui ouvre le bal de belle manière ou le rock « Tú Te Rebelarás » qui emporte tout sur son passage. L’équilibre guitare/orgue est intéressant, même si l’ensemble sonne un peu daté pour l’époque, en raison notamment des claquements de mains au milieu ou de la montée en puissance de la fin. Avec « Gedeón », le groupe lorgne sur les groupes hard rock américains, avec un côté FM plutôt bien senti et un refrain assez simple à chanter à tue-tête.

Changement d’ambiance avec « Los Grilletes De La Represión » qui annonce l’album suivant en offrant un heavy metal racé, basé sur une cavalcade qui voit les claviers et la guitare soutenir ensemble le rythme. Un beau titre, assez original, par son mélange des genres. Il en va de même pour l’étonnant « Al Pie Del Cañón » qui semble vouloir marier Black Sabbath et Deep Purple à la New Wave Of British Heavy Metal pour un rendu complexe, haut en couleur et pour le moins inhabituel.

Suit « Panzer », sans doute l’un des premiers titres écrits par le groupe, ce qui se ressent malheureusement tant ce pseudo hymne est plat, pauvre et finalement vite oublié. Il est à noter que le groupe l’a toujours joué en concert, mais en accélérant le rythme et en modifiant quelques passages pour le moderniser. « Solitario », qui suit, est assez amusant, avec une construction plus rock/pop que metal, renouant avec les influences des années 70. On passe ensuite à « Buenas Noches Míster Rock », sur un rythme quasi identique, mais avec une ambiance plus bluesy. En grande partie instrumental, ce morceau permet de longs duels guitare/claviers par toujours réussis.

Les deux derniers tirs oscillent entre hard rock rapide « Rata De Alquitrán » à la mode Deep Purple, inondé par des nappes de claviers peu inspirées qui gâchent l’ensemble et metal : « Perro Viejo », ce qui permet de mieux comprendre les changements qui vont intervenir l’année suivante. Car sur cet album, il ne fait aucun doute que Panzer se cherchait. Quelques chansons sortent du lot, mais certaines s’oublient assez vite. Il n’en demeure pas moins que ce premier opus est symptomatique d’une époque.

  • 1.El Rock Es Tu Guerra
  • 2. Tú Te Rebelarás
  • 3. Gedeón
  • 4. Los Grilletes De La Represión
  • 5. Al Pie Del Cañón
  • 6. Panzer
  • 7. Solitario
  • 8. Buenas Noches Míster Rock
  • 9. Rata De Alquitrán
  • 10. Perro Viejo
  • Juan Leal – Guitares   
  • Carlos Pina – Chant 
  • Fernando Díaz-Valdés – Basse 
  • José Segura – Claviers 
  • Rafael Ramos – Batterie 
Mis en avant

LOUDNESS – Early Singles (1989)

Le fonctionnement du marché du disque japonais est très différent du nôtre. Tous les artistes sortent des singles ou des EP et ce, depuis des décennies, conduisant souvent ces morceaux à ne pas paraître sur album. Le fan européen, désespéré, doit fouiller Internet pour faire venir à prix d’or ces deux titres ou s’arracher les cheveux de ne pas les posséder. Dans les années 1980, Loudness n’échappait pas à la règle. Quelle n’était pas la surprise du non-initié de découvrir alors des inédits sur ses albums live en se demandant d’où ils pouvaient sortir. C’est notamment le cas pour « Road Racer » ou « Burning Love » apparus sur Live Loud Alive Loudness in Tokyo. Avec cette compilation Early Singles, il est donc enfin possible d’avoir accès à ces titres en version studio.

Le voyage débute par le rapide « Burning Love » sorti en 1982 entre les deux premiers albums. Ce rock énervé au refrain à hurler en concert, voit Akira Takasaki sortir un riff plein de pêche, avant un refrain d’une grande technicité. Issu du même single, « Bad News » est un mid-tempo mélodique qui met un peu de temps à entrer dans la tête, mais qui se révèle une surprise teintée de hard rock des années 1970 un peu à la manière du groupe japonais Bow Wow avec ses apports dissonants issus du jazz rock.

Viennent ensuite les excellents « Geraldine », sans doute l’un des meilleurs singles du groupe avec son refrain soigné et enlevé qui nous entraîne sur un terrain très américain et « In the Mirror », une petite pépite qui prend toute sa saveur en concert. Sorti en 1983, comme le single suivant, ce 45 tours est une vraie merveille qui montre toutes les facettes d’un groupe en pleine explosion après le superbe album The Law Of Devil’s Land qui a vu sa musique évoluer vers un metal moins sombre. Le second morceau est d’ailleurs issu de cet opus. Avec « Roadracer » on perçoit davantage encore cette évolution qui va conduire à Disillusion. Sur un rythme de cavalcade, le groupe construit une pièce épique de grande valeur au refrain original magnifié par le chant de Minoru Niihara. « Shinkiro » est un autre titre rapide, au son plus heavy qui renvoie aux premiers albums, mais que le refrain mélodique qui suit la guitare éclaire avec brio.

« Crazy Night » et « No Way Out », issus de l’album Thunder in the East (1984) sont deux excellents titres, mais absolument pas inédits pour le fan européen. Avec un mid-tempo lourd qui donne envie de secouer la tête en cadence, « Crazy Night » s’attaque aux marchés occidentaux. Plus torturé, « No Way Out » nous montre tout le talent d’Akira qui se livre à un solo magnifique, tandis que le refrain jazz rock peu surprendre.

« Gotta Fight » sorti en 1985, propose une chanson enjouée, agréable, extraite d’un trois titres dont font partie les deux morceaux suivants. « Odin », une power ballade typée années 1980, avec quelques touches 1970, assez anecdotique pour nous, mais qui doit plaire aux Japonais et l’instrumental « Flash Out » qui prouve une nouvelle fois quel extraordinaire guitariste est Akira Takasaki.

L’album est paru en CD et a même été inclus dans une box. A se procurer pour tout fan de Loudness.

  • 1. Burning Love 
  • 2. Bad News 
  • 3. Geraldine 
  • 4. In the Mirror 
  • 5. Roadracer 
  • 6. 蜃気楼 (Shinkiro)
  • 7. Crazy Night 
  • 8. No Way Out
  • 9. Gotta Fight 
  • 10. Odin 
  • 11. Flash Out
  • Minoru Niihara – Chant
  • Akira Takasaki – Guitares
  • Masayoshi Yamashita – Basse
  • Munetaka Higuchi – Batterie

Label : Nippon Columbia

Mis en avant

LOUDNESS – Devil Soldier (1982)

Après le single « Burning Love/Bad News », Loudness publie un deuxième album au son un peu plus clair et à l’orientation musicale légèrement différente. En effet, si les influences sont toujours multiples, elles se fondent un peu mieux dans ce heavy enlevé, mélodique et technique. Dès « Lonely Player », les arrangements vocaux sont plus travaillés et la voix de Minoru sonne plus juste. La cohésion du groupe est toujours présente et permet de poser de belles mélodies sur une assise solide. Evidemment, le japonais peut rebuter certaines personnes, mais le titre s’inscrit dans l’air du temps, avec son heavy puissant, enlevé et percutant. Inspiré par Budgie, « Angel Dust » fait le pont entre l’Orient et l’Occident, en proposant un hard rock au riff assez classique, mais efficace. On sent que le groupe cherche à se faire plus accessible et y parvient. C’est aussi le cas avec « Rock the Nation », aux ambiances très seventies, qui donne envie de taper du pied ou « Loving Maid » aux tonalités proches des premiers albums de Scorpions, en plus sombre, et qui voit le groupe épurer son style tout en conservant ses changements de rythmes.

Malgré cette ouverture, Loudness nous offre aussi des titres plus complexes, comme l’étonnant « Girl » aux touches jazz, qui n’est pas sans rappeler leurs compatriotes de Bow Wow ou le torturé « Hard Workin’ » qui évoque l’album précédent avec son mélange des genres. A chaque fois, Akira se fend de solos inspirés qui font de lui un guitar hero au style assez singulier, mais qui apporte une vraie fraîcheur dans le milieu. Plus heavy « Devil Soldier » clôt l’album sur des cavalcades maîtrisées qui offrent une alternative à la scène britannique dominante de l’époque. Les guitares s’y montrent limpides et particulièrement savoureuses. Et même si Loudness s’essaie à la ballade, avec « After Illusion », il demeure néanmoins un vrai groupe de heavy metal déjà capable d’enflammer les foules. Comme son prédécesseur, Devil Soldier trouve son public, pourtant, l’explosion ne viendra qu’avec l’album suivant.

  • 1. Lonely Player 
  • 2. Angel Dust 
  • 3. After Illusion 
  • 4. Girl 
  • 5. Hard Workin’ 
  • 6. Loving Maid 
  • 7. Rock the Nation 
  • 8. Devil Soldier
  • Minoru Niihara – Chant
  • Akira Takasaki – Guitares 
  • Masayoshi Yamashita – Basse 
  • Munetaka Higuchi – Batterie

Label : Nippon Columbia

Mis en avant

CHASTAIN – Mystery Of Illusion (1985)

En ce milieu des années 1980, Mike Varney déniche et produit les guitaristes les plus rapides et novateurs de la planète metal (Yngwie Malmsteen, Tony McAlpine, Jason Becker, Marty Friedman, Vinnie Moore…). Il était donc assez évident qu’il donne sa chance à David T. Chastain même si, rapidement, les amateurs comprendront que ce dernier est moins influencé par la musique classique que par le jazz fusion. Ainsi, dès ce premier album, son groupe nous livre des morceaux torturés qui tranchent avec les productions habituelles de l’époque et du label Shrapnel. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter une oreille sur « Mystery of Illusion » au riff hypnotique, qui développe des breaks étranges, nourri au jazz, et sur lequel, la voix de Leather Leone semble vouloir nous déchirer les oreilles.

Le groupe explore de nombreux thèmes du metal, notamment le speed avec le furieux « I’ve Seen Tomorrow » au riff, aux harmonies et aux solos à faire pâlir la plupart des guitaristes. Cela déboule à deux cents à l’heure, soutenu par la batterie de Fred Coury (futur London, Cinderella et Ozzy Osbourne) et la basse toujours impeccable de Mike Skimmerhorn. Les morceaux sont épais, agressifs : « When the Battle’s Over », et laissent peu de place aux mélodies sucrées, tant Leather hurle : « I Fear No Evil ». Cela tranche avec les solos souvent très clairs et d’une étonnante fluidité. Les fans découvrent alors un guitariste hyper doué, capable de descentes de manche ahurissantes. Cette impression se confirme sur les cavalcades de « We Shall Overcome » qui s’inscrivent dans un esprit proche d’Iron Maiden, avec une réelle volonté de surprendre, notamment grâce aux solos. Ces influences anglaises se retrouvent également dans l’introduction de « The Winds Of Change », aux sonorités orientales.

Chastain propose aussi des chansons plus lentes, comme la pesante « Night of the Gods », assez dispensable d’ailleurs, ou la ballade « Endlessly », seul moment de calme dans cet univers surchargé de notes et de hurlements. Le groupe fait alors preuve d’un étonnant feeling, que l’on retrouve sur « The Winds Of Change », dans un genre très différent. Pour un premier album, Chastain s’en tire plutôt honnêtement, même si on peut se demander quelle mouche a pu piquer leur maison de disque pour mettre « Black Knight » au début de l’album. Apparemment, ce titre plaît davantage aux Américains qu’aux Européens.

Cet album propose une belle entrée en matière dans l’univers de Chastain, grâce à des titres variés et une approche toute personnelle du metal.

  • 1. Black Knight
  • 2. When the Battle’s Over
  • 3. Mystery of Illusion
  • 4. I’ve Seen Tomorrow
  • 5. Endlessly
  • 6. I Fear No Evil
  • 7. Night of the Gods
  • 8. We Shall Overcome
  • 9. The Winds of Change
  • Leather Leone – chant
  • David T. Chastain – guitares
  • Mike Skimmerhorn – basse
  • Fred Coury – batterie

Producteur : Mike Varney

Label : Shrapnel

Mis en avant

H-BOMB – Coup de Métal (1983)

Formé en 1982 par Fermando Fereirra et Philippe Garcia dans l’Essonne, H-Bomb publie son premier album six titres l’année suivante sur le label hollandais Rave-On records. Précurseur du speed metal en France, le quintet livre un condensé de fureur et d’énergie, porté par des paroles guerrières, pas toujours originales, mais qui cherchent à faire sonner notre langue. La voix de Didier Izard, aigue et puissante, porte ces compositions taillées pour la scène. Les riffs sont acérés, la section rythmique efficace, donnant à l’ensemble une folie communicative qui fait de ce groupe l’un des fers de lance du genre en Europe.

Le premier morceau donne d’ailleurs le ton, avec son rythme endiable, son thème lié au patronyme du groupe et ses riffs destructeurs. « H-Bomb » est une excellente entrée en matière qui sert d’hymne fédérateur. Plus subtil, « Dans les griffes d’Attila » développe une thématique historique en s’appuyant sur des riffs mélodiques. Le groupe se montre plus fin que certains pourraient le penser. On perçoit l’influence de Judas Priest, notamment dans le morceau « Chasseur de frime » qui voit les guitaristes se livrer à de beaux duels. La production, qui manque un peu de dynamisme, ne rend pas vraiment hommage aux différentes accélérations, meme si elle est bien meilleure que beaucoup d’autres de cette époque.

La seconde face débute par « Le Loup », un titre énorme, au refrain qui reste longtemps dans la tête. Une nouvelle fois, les riffs sont acérés et possède un certain groove que met en avant un rythme saccadé et entraînant. Gerard Michel y abat un travail colossal, tandis que les guitaristes montrent de la finesse lors d’un break permettant une respiration bienvenue. Ce n’est pas de refus, car H-Bomb ne relâche jamais le rythme. « Condamne à mort » déboule comme un mort de faim, dévastant tout sur son passage. La section rythmique et les riffs sont énormes, même si les lignes de chant sont plus attendues que sur les titres précédents. L’influence de Judas Priest est perceptible, même si le groupe ne se limite pas à un unique rythme et alterne riffs plaqués et d’autres moins simples. Si les guitaristes ne sont pas de grands techniciens, ils nous assènent des parties efficaces. C’est d’ailleurs ce qui évident sur « Coup de métal », aux nombreuses nuances, qui mêle motifs issus du metal et d’autres plus hard rock, donnant à l’ensemble un côté groovy vraiment sympathique.

Devenu culte parmi les amateurs de metal français, Coup de Métal est une belle entrée en matière avant le très bon Attaque.

  • 1. H-Bomb
  • 2. Dans les griffes d’Attila
  • 3. Chasseur de frime
  • 4. Le Loup
  • 5. Condamne à mort
  • 6. Coup de métal
  • Didier Izard – Chant
  • Christian Martin – Guitares  
  • Armando Ferreira – Guitares  
  • Philippe Garcia – Basse
  • Gerard Michel – Batterie

Label : Rave-On Records

Mis en avant

DEMON – Night Of The Demon (1981)

Formé en 1979 à Leek, en Angleterre, par le chanteur Dave Hill et le guitariste Mal Spooner, Demon est un groupe de la New Wave Of British Heavy Metal qui commence par surfer sur la vague occulte avant de changer ses thématiques. Après un premier « Liar »/« Wild Woman » en 1981, le groupe nous livre cet album l’année suivante. Sous une pochette horrifique du plus bel effet, Night Of The Demon accueille dix compositions léchées, inspirées par la musique des années 1970 et le shock rock. Le chant de Dave Hill, mélodique et charismatique, attire immédiatement l’attention, tandis que les arrangements de guitares, léchés et subtils, entraînent l’auditeur dans un univers coloré, vaguement fantastique. On pense alors à Black Sabbath, mais aussi aux premiers Judas Priest, ainsi qu’à The Who et Alice Cooper. Ce mélange raffiné donne une saveur toute particulière à ce premier opus qui propose, de plus, des chansons de grande qualité.

Débutant par une introduction inquiétante, héritée des films d’horreur des années 1950/1960, « Night Of The Demon » nous accueille dans ce heavy metal léché, dominé par un refrain fédérateur et des arrangements de guitares envoûtants. Immédiatement ce titre fait mouche et conduit le fan à poursuivre son écoute avec le groovy « Into the Nightmare » sur lequel la basse se taille la part du lion. Une nouvelle fois, le refrain est soigné, comme les lignes vocales. Demon se révèle être un groupe plus fin que ne le laisserait penser la pochette de cet album. Le groupe prend, en effet, un grand soin à nous proposer des compositions qui tiennent la route. Ainsi, « Ride The Wind » est un rock proche de The Who, avec un riff bourré de groove, et un refrain qui donne envie de chanter. Le single « Liar » nous emporte dans sa gigue infernale, porté par un beau riff appuyé sur une section rythmique pleine de feeling. Plus inquiétant, « One Helluva Night » est un pur titre heavy metal, appuyé sur un riff implacable qui donne envie de secouer la tête en cadence. Immédiatement addictif, ce morceau clôt l’album avec bonheur.

Avant cela, plusieurs chansons nous ont accroché l’oreille. « Father Of Time », avec ses touches progressives évoquant Blue Öyster Cult et certains morceaux de Judas Priest, nous surprend par sa justesse, tandis que l’enjouée « Decisions » lorgne du côté du hard FM avec ses arrangements et ses chœurs. Très éloignée de ce que proposait les groupes anglais de l’époque, elle montre toute l’étendue du talent de Demon. La ballade « Fool to Play the Hard Way » s’inscrit dans cette même voie, grâce à un refrain typé années 1970 et ses guitares veloutées. On se rend compte alors que Mal Spooner est un guitariste au toucher fin. Plus rock, « Big Love » s’éloigne de l’atmosphère horrifique pour proposer un titre teinté de blues, dans la lignée du southern rock de l’époque.

Premier album d’un groupe important de cette vague anglaise, Night of the Demon est un chef-d’œuvre qui n’est pas reconnu à sa juste valeur.

  • 1. Full Moon
  • 2. Night of the Demon
  • 3. Into the Nightmare
  • 4. Father of Time
  • 5. Decisions
  • 6. Liar
  • 7. Big Love
  • 8. Ride the Wind
  • 9. Fool to Play the Hard Way
  • 10. One Helluva Night
  • Dave Hill – Chant
  • Mal Spooner – Guitares  
  • Les Hunt – Basse, guitares
  • Chris Ellis – Basse
  • John Wright – Batterie

Label : Carrere

Mis en avant

LOUDNESS – Live-Loud-Alive Loudness in Tokyo (1983)

Après un troisième album qui trouve son public, et plusieurs singles qui entrent dans les charts, Loudness investit le Nakano Sun Plaza de Tokyo le 24 septembre 1983 pour y enregistrer ce double album live. A noter que la VHS portant le même nom, mais avec des titres un peu différents, est enregistrée au Shibuya Kōkaidō, de Tōkyō le 2 novembre 1983. Dès le titre d’ouverture, le ton est donné : ce concert va faire la part belle aux morceaux du dernier album en titre, The Law Of Devil’s Land, avec pas moins de cinq extraits (« In the Mirror », « Black Wall », « Mr. Yes Man », « Sleepless Night » et « Speed »), mais aussi des singles inédits sur album (« Road Racer », « Shinkiro », « Burning Love »), et deux nouveaux titres uniquement présents sur ce live (« I Was The Sun », « Fly Away »). Autre surprise, la reprise de « Tusk Of Jaguar » extrait de l’album solo d’Akira. Seul le titre « Loudness » est sauvé des deux premiers albums. On comprend donc le changement d’orientation du groupe.

Dès « In the Mirror », on sent le groupe en forme. Le son est énorme, le rythme est accéléré par rapport à la version studio et le public est déchaîné. Akira, au sommet de sa forme, dévale son manche avec dextérité, tandis que la section rythmique écrase tout sur son passage. Quant à Minoru Niihara, malgré quelques imperfections, il s’acquitte de sa tâche avec efficacité. C’est d’ailleurs lui qui mène la danse sur « Road Racer », un titre percutant, au rythme saccadé qui aurait mérité d’atterrir sur un album studio. Mais le marché japonais est ainsi fait qu’il dévore les singles. Après une telle entrée en matière surprenante, mais ô combien efficace, Loudness nous livre deux inédits. Tout d’abord l’écrasant « I Was the Sun » que n’aurait pas renié Black Sabbath, puis « Fly Away », un morceau subtil, qui calme le rythme et qui ne tient que grâce à un refrain intéressant et au solo d’Akira. On peut s’étonner du choix de ces deux titres qui n’apparaîtront jamais ailleurs. Mais les Japonais sont friands de ce genre de manœuvre.

Après ces inédits qui, il faut le reconnaître, ont fait baisser le niveau, survient « Black Wall » dont la puissance et l’efficacité se révèlent sur ce double album. En entendant l’énergie déployée par les musiciens, on saisit aisément le caractère indispensable de ce titre. Il en va de même pour l’hymne « Loudness » rallongé et accéléré pour ce concert et qui apparaît comme un plébiscite du groupe à en croire l’hystérie du public. Il en sera de même pour le monstrueux « Speed » qui voit Munetaka Higuchi marteler ses fûts comme il l’a déjà fait sur son solo de batterie. Le son est épais, le rythme soutenu, et Minoru se prend pour Klaus Meine. Même « Sleepless Night » bénéficie d’un relooking heavy, en étant proposé sous une forme plus rapide et plus lourde, ce qui permet d’emporter l’adhésion d’un public que l’on entend hurler en chœur avec le groupe.

Pour alléger également l’atmosphère, Loudness propose aussi une superbe version de « Mr Yes Man » qui permet aux musiciens de prouver qu’ils savent aussi se montrer subtils sur scène. Hymne aux guitares heavy, comme le prouvent les instrumentaux « Tusk Of Jaguar »’et « Exploder », l’album se termine sur le magnifique « Shinkiro », sorti en single juste après l’album The Law Of Devil’s Land et sur le rapide « Burning Love » qui surprend le fan européen qui ne connaît pas ces titres, pourtant indispensables.

Ce Live-Loud-Alive est un album indispensable, à la fois parce que c’est le premier témoignage live de Loudness, mais aussi parce qu’il contient des titres rares ou inédits.

  • 1. Opening Theme (Mars, the Bringer of War) 
  • 2. In the Mirror 
  • 3. Road Racer 
  • 4. I Was the Sun 
  • 5. Fly Away 
  • 6. Black Wall 
  • 7. Tusk of Jaguar~Drum Solo 
  • 8. Mr. Yes Man
  • 9. Exploder~Heavenward 
  • 10. Loudness 
  • 11. Sleepless Night
  • 12. Speed 
  • 13. Shinkirō 
  • 14. Burning Love~Ending Theme (Theme of Loudness II) 
  • Minoru Niihara – Chant
  • Akira Takasaki – Guitares   
  • Masayoshi Yamashita – Basse   
  • Munetaka Higuchi – Batterie

Label : Nippon Columbia

Mis en avant

LOUDNESS – The Law Of Devil’s Land (1983)

Après deux albums assez sombres, Loudness revient en 1983 avec l’excellent The Law Of Devil’s Land qui marque un premier tournant dans la carrière du groupe. Bénéficiant d’une production plus en accord avec le statut du groupe et qui va, enfin, mettre en valeur toutes les subtilités de son metal, ce nouvel opus s’ouvre sur « Theme of Loudness Part II », un court morceau d’ambiance qui donne le ton à l’ensemble. On sent alors les Japonais prêts à déferler sur le monde, et ce n’est pas l’enchaînement « In the Mirror », « Show Me the Way » qui va me démentir. S’appuyant sur un rythme rapide « In the Mirror » déboule tous riffs dehors, en nous offrant l’un des meilleurs titres de cet album et un hymne imparable qui montrera toute sa puissance en concert. Sans ralentir le rythme, « Show Me the Way » se révèle pourtant plus insidieux, avec son refrain facile à retenir, ses cavalcades et cette section rythmique efficace. Certes, l’anglais approximatif de Minoru Niihara peut surprendre, mais c’est aussi ce qui fait le charme de ce morceau.

Après cette impressionnante entrée en matière, le groupe ralentit l’allure avec « I Wish You Were Here » qui lorgne du côté de Kiss époque Dynasty en y injectant une bonne dose de metal brûlant. Sans doute le plus américain des titres de cet album. Vient ensuite l’étrange ballade « Mr Yes Man », une ode toute japonaise qui nous entraîne dans un univers parfois dissonant, souvent envoûtant, mais toujours juste, aux influences orientales et seventies. Avec ces deux morceaux s’amorce une autre mue du groupe qui se concrétisera sur Disillusion. Comme à son habitude, Akira nous délivre un solo d’une grande majesté.

La face B débute par le titre éponyme, un heavy speed dominé par une guitare furieuse et une basse vrombissante qui emportent l’auditeur dans son univers sombre jusqu’à un refrain imparable. Surfant sur la vague sataniste, à laquelle les musiciens ne croient pas, Loudness nous offre un nouveau titre de grande classe qui ne sera, pourtant, que très peu joué en concert, au contraire de « Black Wall » la pépite suivante. Ce heavy metal tourmenté se révèle, en effet, un hymne entêtant, grâce à ses lignes vocales déclamées, sa basse omniprésente et ses riffs uniques qui permettent ensuite l’envol de solos originaux.

Les deux derniers morceaux, bien différents l’un de l’autre, finissent néanmoins cet opus en beauté. « Sleepless Night » apparaît comme une réponse au heavy américain avec son riff lourd, son rythme médium et appuyé qui donne envie de secouer la tête en cadence, ses lignes de chant hurlées et ses chœurs masculins. Ce morceau méconnu est pourtant riche en arrangements subtils, comme le montre son solo et ses relances. Enfin, comme son nom l’indique, « Speed » accélère le rythme en descendant le poids du métronome au plus bas, tout en s’appuyant sur une batterie saccadée et une voix hallucinée.

En 43 minutes, Loudness accouche d’une œuvre majeure qui va les propulser en haut des charts de leur pays, mais aussi les faire connaître en Occident.

  • 1. Theme of Loudness Part II (ラウドネス讃歌) 
  • 2. In the Mirror 
  • 3. Show Me the Way 
  • 4. I Wish You Were Here 
  • 5. Mr. Yes Man 
  • 6. The Law of Devil’s Land (魔界典章) 
  • 7. Black Wall
  • 8. Sleepless Night
  • 9. Speed 
  • Minoru Niihara – Chant
  • Akira Takasaki – Guitares    
  • Masayoshi Yamashita – Basse   
  • Munetaka Higuchi – Batterie

Label : Nippon Columbia

Mis en avant

SATAN JOKERS – Trop fou pour toi (1984)

Un an après Les Fils du metal, Satan Jokers revient avec un album ambitieux, riche, complexe, qui mêle metal, rock, éléments progressifs et même des tonalités FM sur certains morceaux. Trente-cinq ans après, ce foisonnement en fait un album exceptionnel, mais il fut loin d’être perçu de cette manière à l’époque. Certains fans ne saisirent pas les intentions du groupe, d’autres crièrent à la trahison en percevant les influences de la variété française sur une chanson comme « Infidèle », tandis que le partage du chant entre Pierre et Renaud échappa à la plupart. Les ventes ne suivirent pas et certains médias extrémistes lâchèrent même le groupe. A leur décharge, il faut avouer que personne n’avait encore entendu ça en France, et que le public, dans l’ensemble assez jeune, ne possédait pas les connaissances suffisantes pour appréhender tout cela.

Pourtant, le groupe avait prévu de satisfaire un grand nombre de fans en leur proposant notamment des titres heavy, comme le rapide « (Bienvenue Au) Sabbat », dominé par une basse énorme et dont les changements de rythmes passent en revue tous les motifs du metal. Dans un registre plus groovy, « Envie de Toi » pulse un mélange de metal et de funk, dans une explosion de bonne humeur qui évoque Mother’s Finest. On n’est pas loin non plus de ce que Jeff Scott Soto proposera vingt ans plus tard ou de ce que Trapeze avait pu produire. Evidemment, cet écart surprend, d’autant plus lorsque Satan Jokers invente le metal progressif sur son titre « La Marche Hérétique », en mêlant à son heavy des influences venues de Rush. C’est brillant, sans doute trop pour le milieu des années 1980. Pourtant, chaque composition se tient. Le pesant « Adrien » aux paroles démentielles nous entraîne dans un univers de folie qui éclaire davantage le titre de l’album.

Très différente de tout cela, « Trop Fou pour Toi », la chanson éponyme, s’éloigne du metal pour naviguer sur les rives de la variété et du rock, le tout soutenu par des claviers et des chœurs plus FM que metal. Ce ne sont pas les seules incursions aux limites du hard rock. « Infidèle » est un morceau d’AOR de grande qualité, porté par des lignes mélodiques soignées, alors que « Par Habitude » doit autant aux crooners qu’à la soul, avec des arrangements de voix jamais entendus dans la musique française. Nous ne sommes plus dans le metal, mais bien dans le rock. Il n’en demeure pas moins que cet album renferme de belles chansons, comme l’ouverture « Pas Fréquentables » au riff énorme et sautillant, qui nous prouve que Stéphane Bonneau était sans doute l’un des guitaristes les plus inventifs de l’époque. Même « Vices Privés », certainement l’une des compositions les plus absconses contient de superbes parties, faisant de cet album l’un des plus incompris du rock, ce qui est bien dommage.

  • 1. Pas Fréquentables
  • 2. (Bienvenue Au) Sabbat
  • 3. Adrien
  • 4. Infidèle
  • 5. La Marche Hérétique
  • 6. Trop Fou pour Toi
  • 7. Par Habitude
  • 8. Vices Privés
  • 9. Envie de Toi
  • Pierre Guiraud – Chant
  • Renaud Hantson – Batterie, chant
  • Stéphane Bonneau – Guitare
  • Laurent Bernat – Basse

Label : Vertigo

Mis en avant

LOUDNESS – The Birthday Eve (1981)

Formé en 1981 sur les cendres de Lazy, auquel appartenaient déjà Akira Takasaki, Masayoshi Yamashita et Munetaka Higuchi, Loudness ne perd pas de temps pour enregistrer son premier album dès l’arrivée du chanteur Minoru Niihara. En quarante minutes d’un heavy épais, qui montre déjà un groupe soudé, The Birthday Eve propulse immédiatement Loudness dans le peloton de tête des groupes japonais. En effet, cette première réalisation montre déjà toute l’étendue du talent de ces musiciens techniquement doués et capables d’écrire des hymnes que reprendra en chœur le public nippon.

Ainsi, dès la profession de foi « Loudness », l’auditeur comprend qu’il va être pris à la gorge et ne plus être lâché jusqu’à la fin du disque. La guitare incisive d’Akira tisse des riffs meurtriers avant de s’envoler lors de solos majestueux. Toujours joué, ce titre est imparable et prend d’ailleurs davantage d’ampleur en concert. Autre hymne, « Rock Shock (More And More) », qui clôt cet opus, déferle tel un torrent furieux et emporte tout sur son passage, en faisant la part belle aux guitares. Il deviendra l’une des pierres angulaires des concerts du groupe.

Ce metal épais teinte également le sombre « Street Woman » aux lignes vocales torturées qui s’appuient sur des rythmes complexes et angoissants. La section rythmique s’y montre étincelante, aussi bien lors des couplets que du break jazz metal. Encore à la recherche d’un style propre, Loudness explore différentes voies, comme le speed metal sur « I’m On Fire » qui voit Minoru pousser des hurlements afin d’impulser davantage de puissance encore à ce titre supporté par une énorme section rythmique.

Sur « High Try », Loudness mêle différentes influences qui vont de Led Zeppelin au jazz rock, en passant par Black Sabbath, pour nous offrir un melting pot étonnant aux ambiances changeantes. Le son, un peu sourd, ajoute un côté malsain à l’ensemble. Plus étonnant encore, « To Be Demon » joue avec nos nerfs en changeant plusieurs fois de rythmes pour nous emmener dans un hard rock à la fois groovy et progressif avant de finir en cavalcade.On se dit alors qu’après une telle inventivité, Loudness est promis à un bel avenir, surtout qu’il est capable de composer des chansons plus abordables comme l’envoûtante « Open Your Eyes » qui permet à Akira de prouver une fois de plus tout son talent ou l’entraînante « Sexy Woman », aux riffs originaux et au refrain entêtant.

Avec ce premier album, inégal et à la production assez moyenne, Loudness montre néanmoins toutes ses qualités et attire l’oreille des amateurs de metal.

  • 1. Loudness
  • 2. Sexy Woman
  • 3. Open Your Eyes
  • 4. Street Woman
  • 5. To Be Demon 
  • 6. I’m on Fire 
  • 7. High Try 
  • 8. Rock Shock (More and More) 
  • Minoru Niihara – Chant
  • Akira Takasaki – Guitares    
  • Masayoshi Yamashita – Basse   
  • Munetaka Higuchi – Batterie

Label : Nippon Columbia

Mis en avant

ROSS THE BOSS – Born Of Fire (2020)

Après un très bon By Blood Sworn (2018), n’en déplaise à certains pisse-froids, Ross The Boss revient avec un nouvel album épais comme du Holy Mother, moderne comme du Unleash The Archer, destructeur comme du Judas Priest et inventif comme les premiers Manowar. Epaulé par des musiciens de grand talent, le guitariste nous livre un quatrième opus au son énorme et aux riffs ingénieux, qui ne comporte aucun temps mort et qui pousse le heavy metal dans ses derniers retranchements. Le chant de Marc Lopes est tranchant, furieux et suffisamment modulable pour s’adapter à toutes les ambiances. Cela permet de propulser chaque titre vers des sommets, tandis que la section rythmique assure une assise impeccable, ce qui n’est pas étonnant avec la présence d’un bassiste comme Mike LePond (Symphony X).

Débutant par le monstrueux « Glory To The Slain » qui donne le ton, ce nouvel album nous prend à la gorge dès ses premières mesures. Les riffs de ce speed metal évoquent un croisement entre Holy Mother et Judas Priest, ce qui est également le cas du belliqueux « I Am The Sword » sur lequel le chant agressif de Marc Lopes fait de cette chanson un vrai hymne metal. Les solos et les arrangements de guitares sont à la fois subtils et acérés. C’est également le cas sur « Denied By The Cross » qui mêle rythme syncopé et refrain carré à hurler en cœur. Plus épique, avec ses couplets qui donnent envie de secouer la tête en cadence, « Godkiller » est un superbe morceau qui flirte avec le metal extrême, alors que « Waking The Moon » se construit sur un rythme lancinant qui vient supporter des lignes vocales tantôt déclamées, tantôt hurlées, tantôt chantées. Original, cette composition s’inscrit dans le metal moderne, sans oublier de puiser aux origines du genre, pour mieux nous entraîner dans un univers riche et coloré.

L’adjectif riche convient d’ailleurs parfaitement à cet album qui varie ses ambiances. « Fight The Fight » est ainsi un mid-tempo nuancé dont le refrain est destiné à être chanté lors des concerts. Tout aussi fédérateur, l’excellent « Maiden of Shadows » aux influences celtiques nous prend aux tripes, tout en nous donnant envie de secouer la tête en cadence. Portée par des riffs puissants et mélodiques, cette chanson bénéficie également d’un beau refrain étayé par des chœurs. Du grand art. Plus attendu, mais tout aussi efficace, « Shotgun Evolution » est teinté de touches orientales du plus bel effet, nous prouvant une fois de plus que Ross The Boss est un brillant compositeur, mais également que Steve Bolognese est un batteur diablement efficace.

Le reste de l’album nous conduit vers des sentes un peu différentes, avec l’ingénieux « Born Of Fire », dont le refrain mélodique tranche avec la rythmique thrash et les envolées de guitares. Dans un registre assez proche, « Demon Holiday » est un titre sans doute moins indispensable que les autres, en dépit de couplets très mélodiques. Plus sombre, le lent « The Blackest Heart » nous ramène par certains côtés à Black Sabbath, allégeant la dernière partie de l’album, avant que la chevauchée « Undying » ne relance la machine grâce à un rythme sautillant et un chant d’écorché vif.

Born Of Fire est un excellent album qui contient plusieurs chansons déjà incontournables et qui concourt déjà pour le top 20 de cette année 2020.

  • 1. Glory To The Slain
  • 2. Fight The Fight
  • 3. Denied By The Cross
  • 4. Maiden of Shadows
  • 5. I Am The Sword
  • 6. Shotgun Evolution
  • 7. Born Of Fire
  • 8. Godkiller
  • 9. The Blackest Heart
  • 10. Demon Holiday
  • 11. Undying
  • 12. Waking The Moon
  • Ross the Boss – Guitares, claviers
  • Mike LePond – Basse  
  • Marc Lopes – Chant, claviers
  • Steve Bolognese – Batterie

Label : AFM

Mis en avant

ROSE TATTOO – Outlaws (2020)

La nouvelle incarnation de Rose Tattoo, vue au Raismesfest en 2018, revisite toute l’histoire du rock des Antipodes. Outre Angry Anderson et Dai Pritchard, on retrouve Bob Spencer (ex-The Angels), Mark Evans (ex-AC/DC) et Jackie Barnes (le fils de Jimmy Barnes…), autant dire que ce n’est plus un groupe mais une page de l’histoire de notre musique préférée qui joue sur cet album un peu particulier. En effet, Outlaws n’est pas un nouvel opus comme les autres, puisqu’il reprend onze classiques de Rose Tattoo, arrangés à la sauce 2020, plus deux inédits qui s’inscrivent parfaitement dans cet univers. Quel intérêt de se réapproprier ces morceaux ? En général, il y a une question d’argent et de label derrière. En réenregistrant ces titres, le groupe les offre à son nouveau label. On peut ensuite comprendre que cette nouvelle mouture ait eu envie de nous proposer sa version de ces classiques tirés du premier album du groupe paru en 1978. Les versions sont d’ailleurs très différentes, moins folles, moins déjantées, plus carrées et à l’esprit moins punk. Il faut dire qu’à part Jackie Barnes, les autres musiciens ont plus de soixante ans, et même plus de soixante-dix pour Angry Anderson.

Débutant par « One of the Boys », dont le groupe accentue le côté boogie et sautillant, à la manière d’un Status Quo sous acide, Outlaws nous prend immédiatement à la gorge, surtout que l’inédit « Sweet Love (Rock ‘n’ Roll) » poursuit dans cette voie, avec son riff bourré de groove, son refrain idéal pour un tel groupe et sa slide qui nous arrache des frissons. Certes, la folie n’est plus là, mais la maturité et la voix d’Angry font mouche. Efficace, « Tramp » gagne en structure ce qu’il perd en démence, pour un superbe résultat. Moins connu, « Snow Queen » (écrit par Ian Riley comme « One Of the Boys » et « Stuck on You ») était disponible sur des face B et sur la version de 1990. Ce rock gras et lent permet d’apprécier le travail de Dai Pritchard. Il est suivi du hit « Rock ‘n’ Roll Outlaw », très remodelé, aussi bien dans ses lignes vocales que dans ses riffs. Plus sage, il devient certes moins méchant, mais accueille toute une partie blues qui nous le fait redécouvrir.

Suit l’histoire de « The Butcher and Fast Eddy », totalement remaniée et revue en version « Oncle Angry vous raconte… » et non plus l’écorché Angry vous prend à la gorge. Le résultat surprend, semble moins urgent, et contient une réelle nostalgie, comme si le chanteur se remémorait une époque révolue. La proximité avec les premiers albums d’AC/DC est plus évidente ici que sur l’album d’origine. L’enchaînement « Remedy » et « T.V. » relance la machine, grâce à ces deux rocks furieux qui, plus de quarante ans après, nous collent encore des claques monumentales. Ces nouvelles versions étonnent, surtout celle de « T.V. » qui métamorphose ce titre.

Moins surprenante, l’interprétation de « Stuck on You » possède toujours cette connotation exotique et sa folie douce. La slide de Dai Pritchard y fait des merveilles. On se dit que les rockers se sont assagis. Que nenni. « Astra Wally » déboule sur un mode sautillant et vrombissant qui nous montre qu’Angry est toujours un grand chanteur qui, certes crie moins, mais dont la voix est bien en place. C’est ce que confirme le moment de grâce qu’est « Bad Boy for Love » qui étend sur plus de 7 minutes sont blues rock gras et irrésistible, avec de nombreux ajouts de couplets et un break très AC/DC. Un grand moment. Même lifting pour « Nice Boys » dont la longueur est doublée pour le plus grand bonheur des fans. Le groupe le joue comme s’il était en concert, en y ajoutant des extraits de classiques du rock, comme il l’avait fait au Raismesfest. A vous en coller des frissons ! Cerise sur le gâteau, « Rosetta » est un blues inédit qui clôt cet album en douceur.

D’habitude, je n’apprécie pas trop ce genre de réenregistrement, pourtant cet Outlaws est indispensable, comme vous pourrez vous en rendre compte en l’achetant.

  • 1. One of the Boys (Re-Recorded)
  • 2. Sweet Love (Rock ‘n’ Roll)
  • 3. Tramp (Re-Recorded)
  • 4. Snow Queen (Re-Recorded)
  • 5. Rock ‘n’ Roll Outlaw (Re-Recorded)
  • 6. The Butcher and Fast Eddy (Re-Recorded)
  • 7. Remedy (Re-Recorded)
  • 8. T.V. (Re-Recorded)
  • 9. Stuck on You (Re-Recorded)
  • 10. Astra Wally (Re-Recorded)
  • 11. Bad Boy for Love (Re-Recorded)
  • 12. Nice Boys (Re-Recorded)
  • 13. Rosetta
  • Angry Anderson – Chant
  • Dai Pritchard – Slide guitare
  • Bob Spencer – Guitares
  • Mark Evans – Basse
  • Jackie Barnes – Batterie

Label : Deadline Music

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer